Le mot du président
Un triste constat se dégage depuis l’arrivée au pouvoir des caquistes : ils n’écoutent pas la population. Les innombrables critiques qui se soulèvent chaque fois qu’ils sortent de leur chapeau idéologique un projet de loi mal ficelé en témoignent. Dans son discours du trône, François Legault disait vouloir faire preuve d’humilité. Pourtant, lui et quelques-uns de ses ministres influents s’entêtent, dans un manque navrant de transparence et de consultation, à braquer les gens avec la mise en œuvre précipitée, voire irréfléchie, de certaines promesses électorales.
En novembre dernier, un sondage Léger nous apprenait que le projet phare de la CAQ sur les maternelles 4 ans ne récolte qu’à peine 29 % d’appui. En désaccord avec ce projet, la CSN revendiquait plutôt un réinvestissement dans les services de garde, qui ont fait leurs preuves, ainsi que dans le réseau de l’éducation, pour améliorer l’accès des enfants aux services spécialisés. Trop sûr de son coup et malgré la masse de critiques qui lui tombaient dessus, le gouvernement a choisi de faire fi de ces doléances. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a ainsi persisté à vouloir créer de nouvelles classes de maternelles 4 ans, même si celles-ci coûteront six fois plus cher que ce qui avait été promis en campagne électorale. Un tel entêtement continuera à déstabiliser le réseau actuel de la petite enfance ; celui-ci se verra soutirer des éducatrices qui seront embauchées comme enseignantes au sein de ces classes dans un contexte alarmant de pénurie de main-d’œuvre.
Et que dire de la volte-face de la CAQ sur sa réforme bâclée du programme d’immigration visant les étudiants et les travailleurs étrangers temporaires ? Après être demeurés insensibles devant le cri du cœur de personnes menacées de renvoi, après avoir vu les groupes de tous les horizons dénoncer cette réforme, le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, et le premier ministre Legault n’ont eu d’autre choix que d’accorder un droit acquis aux actuels bénéficiaires du programme. Ils ont ainsi démontré à quel point ils sont parfois déconnectés de la réalité en termes de besoins de main-d’œuvre et de respect de la parole donnée.
Les employé-es de soutien des écoles auraient, pour leur part, souhaité être consultés avant le dépôt par le ministre Roberge – encore ! – du projet de loi 40 sur l’abolition des commissions scolaires. En faisant cavalier seul une fois de plus, le gouvernement, dans une grande opacité, désire abolir leurs fondements démocratiques pour centraliser les pouvoirs auprès du ministre, réduisant par le fait même le poids des régions tout en aggravant les iniquités déjà présentes au sein du réseau. Pour faire taire les critiques, il a abandonné son intention de procéder par bâillon. Mais le projet de loi ne saurait être adopté sans une réelle consultation publique.
Le secteur public sur le qui-vive
Après ce tour d’horizon des façons de faire pour le moins discutables de la CAQ, on peut s’interroger sur la négociation qui se profile avec les travailleuses et travailleurs du secteur public. Inutile de rappeler que ceux-ci ont été terriblement affectés par des années de compressions budgétaires, mais François Legault s’est déjà mis un pied dans la bouche en affirmant que les surplus doivent revenir dans les poches des Québécoises et des Québécois et non dans celles des syndicats. Aux dernières nouvelles, les 500 000 employé-es du secteur public sont bien québécois, eux aussi. Faut-il plutôt comprendre des propos du premier ministre que les coffres leur seront fermés au moment de négocier avec eux ?
Si le gouvernement de la CAQ compte échapper à la nécessité d’améliorer leurs conditions de travail, il se fourvoie encore. La CSN lui rappellera qu’il devra reconnaître le travail essentiel des personnes qui soignent, accompagnent, entretiennent, réparent, soutiennent, surveillent, enseignent et protègent, répondant ainsi aux besoins de la population du Québec. C’est toute la CSN qui soutiendra leur lutte pour des conditions de travail dignes de ce nom