La CSN, qui représente plus de 150 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que des organismes gouvernementaux, est exaspérée de constater que le travail dans le secteur public n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur, une situation qui perdure depuis de nombreuses années. La centrale syndicale est très préoccupée par les données du rapport 2019 de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Les résultats de l’enquête annuelle publiée ce matin révèlent que la rémunération globale des employé-es de l’État – qui inclut le salaire, le régime de retraite et les autres avantages sociaux – accuse un retard de 6,2 % par rapport à l’ensemble des salariés québécois.
« Nous ne sommes malheureusement pas surpris, mais nous sommes inquiets. Avec des conditions de travail qui se sont gravement détériorées au cours des dernières années, les chiffres qui nous sont dévoilés aujourd’hui, à savoir que le retard de rémunération perdure et que celles et ceux qui travaillent dans les services publics ont des salaires de 13,2 % inférieurs aux autres salarié-es du Québec, n’ont rien pour nous rassurer. Si rien n’est fait pour remédier à la situation, la crise dans les réseaux publics continuera de s’aggraver », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.
Les données du rapport de l’ISQ confirment qu’un important redressement s’impose pour que les emplois dans les réseaux publics redeviennent attractifs. Dans le contexte actuel de rareté de la main-d’œuvre au Québec, la CSN considère que le retard de rémunération des travailleuses et des travailleurs des services publics est particulièrement préoccupant. « On manque déjà de monde dans tous les secteurs, alors que les besoins de la population augmentent. Ce manque de personnel dans les établissements se traduit plus souvent qu’autrement par une surcharge de travail pour celles et ceux qui sont toujours en poste. Ces travailleuses et ces travailleurs ne suffisent plus à la tâche et, trop souvent, ils en tombent malades, ce qui accentue d’autant plus le manque de personnel. C’est un cercle vicieux qu’il faut absolument briser », ajoute Mme Senneville.
La CSN rappelle qu’elle a déposé, le 30 octobre dernier, ses revendications en vue de la prochaine négociation du secteur public. « Avec le rapport qui nous est livré aujourd’hui, nous constatons que notre évaluation des besoins est juste. Une augmentation de 3 $ l’heure la première année permettrait de donner un premier coup de barre nécessaire afin que le secteur public ne soit plus à la traîne des secteurs d’emploi au Québec. »
Après avoir entendu le premier ministre Legault s’exprimer sur ses éventuelles offres aux employé-es de l’État, la CSN dit maintenant espérer que le gouvernement prenne en considération les dernières données de l’ISQ. « M. Legault a lancé à quelques reprises que les augmentations de salaire de celles et ceux qui se dévouent au quotidien pour offrir les services à la population devraient se limiter à l’inflation. Nous avons la confirmation aujourd’hui que ce n’est pas suffisant. Avec des surplus budgétaires historiques en poche, le gouvernement doit profiter de la négociation 2020 pour revaloriser les emplois du secteur public. C’est seulement de cette façon que nous pourrons nous assurer d’être en mesure d’offrir aux Québécoises et aux Québécois les services auxquels ils ont droit », conclut Caroline Senneville.