Le mot du président
Bombardier Aviation qui abolit 2500 emplois au Québec. Lowe’s qui décide de fermer une trentaine de magasins Rona. Sico se voit déménagée en Ontario au souhait des patrons de l’américaine PPG — les boss ont eu cette délicatesse de se déplacer à Longueuil et à Beauport pour l’annoncer eux-mêmes à leurs employés… en anglais s’il vous plaît. La Davie qui se meurt, boudée par Ottawa puisque les libéraux fédéraux semblent à la solde des lobbys politiques de Vancouver et d’Halifax — alors que le chantier peut accueillir près de 2000 travailleuses et travailleurs lorsqu’il fonctionne à plein régime, à peine quelque soixante employé-es sont au travail présentement. Et puis Bombardier Transport qui est en voie de perdre un appel d’offres pour le renouvellement de la flotte de trains de l’axe Québec-Windsor puisque VIA Rail lui préférerait l’allemande Siemens. Les trains seront construits en Californie plutôt qu’à La Pocatière, où travaillent près de 400 membres de la CSN.
Le Québec fait tellement rire de lui que je ne serais même pas surpris qu’une énième mauvaise nouvelle ne s’ajoute entre l’écriture de ces lignes et leur lecture.
Certes, les accords de libre-échange compliquent (c’est le cas de le dire, on y perd son latin) la capacité de nos gouvernements d’exiger que tout soit fabriqué ici. Mais ça ne veut pas dire que nous devons rester les bras croisés. Surtout lorsque les pays étrangers, le pays de Trump au premier chef, ne se gênent pas pour exiger du contenu local et mettre de l’avant des mesures protectionnistes.
Pour des emplois de qualité
Certains analystes nous rétorquent que le libre-échange profiterait au Québec. Qu’au total, il y a plus d’acquisitions étrangères effectuées par des entreprises d’ici que l’inverse. On veut bien. Nous pouvons nous réjouir qu’une multinationale implantée au Québec puisse prendre possession d’une usine en Asie. Malheureusement, ce n’est pas de cette façon que nous procurerons de l’emploi de qualité à nos concitoyennes et nos concitoyens. Faire de l’argent avec de l’argent, en transmutant les capitaux de frontière en frontière, sans égard à la valeur réelle du travail, ne signifie à long terme qu’à déposséder les travailleuses et les travailleurs de leur moyen concret à gagner leur vie et faire vivre leur famille.
Devant la volonté de François Legault de créer des « jobs à 30 $, 35 $ de l’heure », nous avons martelé tout au long de la campagne électorale qu’il serait peut-être bien de commencer par hausser le salaire minimum à 15 $. Nous sommes tentés d’ajouter, aujourd’hui, qu’il faudrait aussi commencer… par préserver les bonnes jobs qu’on a.
Il est plus que temps de responsabiliser nos sociétés d’État, nos entreprises et l’ensemble des paliers de nos gouvernements. Voilà pourquoi nous avons formellement invité le nouveau premier ministre à convoquer tous les acteurs concernés, tant patronaux que syndicaux, afin qu’ils puissent collectivement réfléchir à des mesures concrètes pour stopper cette désolante hémorragie.
Lors de sa mise à jour économique, le gouvernement de François Legault annonçait des surplus de 3,9 milliards de dollars. Nous sommes d’avis qu’après des années d’austérité, il a aujourd’hui pleinement les moyens d’améliorer les conditions de travail des salarié-es du secteur public, de rehausser l’accès aux services publics pour l’ensemble de la population, mais aussi de mettre en place des mesures structurantes afin de développer l’emploi au Québec, et cela, au bénéfice de toutes et de tous.
Nous n’avons peut-être pas une multitude d’atomes crochus avec la Coalition avenir Québec, j’en conviens. Mais pour ce qui est de la défense de l’emploi québécois, le nouveau gouvernement pourra compter sur notre pleine collaboration.