La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) est catégorique : le Regroupement québécois des résidences pour aîné-es se trompe de cible lorsqu’il dit que les résidences privées pour aîné-es peinent à trouver des préposé-es en raison de la concurrence déloyale du secteur public.
« Prétendre que le secteur public est en cause, c’est faire abstraction des très sérieux problèmes dans les centres d’hébergement privés, s’exclame le président de la fédération, Jeff Begley. Si ces centres ont du mal à recruter, il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures pour en trouver les raisons : les conditions de travail dans ces centres sont souvent mauvaises. Dans bien des endroits, la rémunération frise le salaire minimum. Et maintenant, M. Desjardins et ses membres envahissent les tribunes en se disant surpris d’avoir du mal à trouver des préposé-es ? Moi, je ne pense pas qu’ils sont à ce point surpris . Je pense qu’ils connaissent le vrai problème. »
Pour Gilles Gagné, représentant du secteur des centres d’hébergement privés à la CSN, la difficulté de ces résidences à trouver des préposé-es résulte aussi, en grande partie, de la surcharge de travail et du manque de formation du personnel. « On demande aux travailleuses et travailleurs des résidences de tout faire : une cuisinière sera appelée à remplacer à la réception, une préposée aux chambres devra servir les résidents lors des repas… Les gens courent et sont à bout de souffle. Ce n’est pas étonnant du tout que le personnel ne reste pas. Dans certaines résidences, le taux de roulement est de 100 % ! », souligne-t-il.
« La condition des aîné-es dans ces résidences s’alourdit d’année en année alors que les préposé-es ne reçoivent pas la formation nécessaire pour faire face à cette clientèle. C’est intenable », ajoute Gilles Gagné.
« Nous l’avons répété depuis le début de notre négociation coordonnée : les travailleuses et travailleurs de ce secteur méritent mieux. Beaucoup mieux. Ils travaillent à la sueur de leur front pour nos aîné-es à des conditions dérisoires. Tout au long de cette négociation, nous avons notamment revendiqué une augmentation de salaire de 1,50 $ l’heure sur trois ans, et une meilleure formation des employé-es. Bien sûr, nous avons eu gain de cause dans plusieurs endroits, mais non sans batailler ferme. Ce n’est qu’un petit pas dans la bonne direction. Les employeurs se font encore tirer l’oreille alors qu’il s’agit de demandes tout à fait raisonnables. Qu’ils cherchent donc dans leur cour les raisons de leurs problèmes de rétention de personnel, ils vont trouver les réponses », conclut Jeff Begley.