« Quand c’est rendu que l’employeur appelle ton syndicat pour avoir des conseils pour congédier quelqu’un, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, c’est le monde à l’envers. C’est pourquoi nous avons choisi la CSN », raconte Dominique Soucy, président de l’Association des chauffeurs d’autobus scolaires matanais, le nom que porte encore le syndicat, affilié pendant 17 ans à la Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA).
«Avec la FISA, il fallait être débrouillard, car on devait tout payer de notre poche ! Ça, c’est difficile pour un petit syndicat d’une cinquantaine de membres. En plus, le bureau de la FISA était à Québec, à quatre heures de route d’ici, ça posait un autre gros problème. Avec la CSN les bureaux sont à une heure seulement. On a maintenant un conseiller dévoué et un meilleur rapport de force », renchérit Dominique Soucy.
En février 2015, après mûre réflexion, les 49 chauffeurs d’autobus scolaires qui travaillent pour Autobus Matanais ont choisi de se tourner vers la CSN. Un vote historique, presque unanime. « Un vote à 93 % », insiste Richard Leclerc, vice-président du syndicat.
« Ça n’a pas été dur de se séparer de la FISA, ça a été un mouvement spontané. Ce syndicat-là nous a presque été imposé par le patron en 1998. Il fallait aller vers un syndicat plus fort, capable de nous représenter, parce que le manque de représentation était flagrant. Le lien de confiance avait disparu. Le patron et le représentant syndical étaient presque devenus des grands chums. Quand le côté patronal assiste à tes assemblées syndicales ou que le représentant syndical descend de Québec dans la même auto que le patron, il y a de quoi se poser des questions. Il fallait changer de syndicat, on ne pouvait pas s’en aller vers pire, le pire on l’avait », poursuit Richard Leclerc.
La liberté syndicale
Pour Donald Gauthier, secrétaire-trésorier, « l’événement déclencheur est arrivé le 9 janvier 2013, quand on a eu une diminution de salaire de 4 %. Le patron était là, il nous a annoncé une baisse de salaire et le représentant syndical n’a même pas parlé, sinon pour dire de voter pour ça, si on ne voulait pas perdre nos jobs. Dans la même soirée, on s’est retrouvés avec une diminution de la masse salariale de 90 000 $. C’est là qu’on a réalisé que la FISA ne nous défendait pas ».
Les chauffeurs d’autobus scolaires matanais ont pris tout leur temps pour choisir, comme l’explique Richard Leclerc : « On s’est préparés pendant deux ans à cette désaffiliation. On a eu des contacts avec d’autres syndicats, on sentait qu’ils voulaient venir chercher notre argent, mais ne nous offraient pas de liberté syndicale comme la CSN. Aujourd’hui, on a notre propre comité exécutif à Matane, on décide ce qu’on veut en assemblée pour le fonctionnement de notre syndicat ». Les chauffeurs d’autobus scolaires matanais devront cependant attendre environ deux ans pour profiter totalement de leur adhésion à la CSN, puisque leur contrat de travail actuel ne prendra fin qu’en 2017.
Mais d’ici là, ils ont beaucoup de pain sur la planche, reconnaît Dominique Soucy : « Il faut se préparer à négocier notre contrat de travail en 2017. On veut être capables de placer les bonnes personnes pour avoir une négociation et un contrat sans aller en grève. On ne veut plus jamais passer par où on est passés et se ramasser avec une baisse salariale. On sait que la CSN n’appuiera pas ça. C’est ça notre grand enjeu : conserver nos emplois et s’en aller vers le mieux ».
La confiance de Dominique Soucy en la CSN ne fait aucun doute : « On a une grande confiance dans notre centrale et on doit une fière chandelle à Yves Lévesque, conseiller syndical au Service d’appui à la mobilisation et à la vie régionale de la CSN dans le Bas-Saint-Laurent. Il a été très disponible, la fin de semaine, les soirs. Il nous a appuyés dans tous les dossiers. J’aimerais lui lever mon chapeau, il fait partie de notre réussite ».