Bilan et perspectives 2015

La machine humaine a ses limites

L’intensification du travail et la précarité de l’emploi s’accentuent dans nos milieux de travail, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, parfois au point de mettre en danger la santé et la sécurité des employé-es.

Le colloque Bilan et perspectives, tenu en novembre dernier sur le thème « La machine humaine a ses limites », a permis à quelque 350 militantes et militants de la CSN de mesurer les conséquences néfastes de l’accélération du travail et de partager leurs bons coups pour protéger leurs collègues de cette course à la productivité. Ainsi, une pléiade de conférenciers a guidé les discussions et aidé à dégager des pistes de solution.

Plus que jamais, les syndicats doivent agir

« Il faut s’impliquer, il faut mettre de la pression sur les employeurs, il faut créer des comités et négocier des clauses de convention collective », déclare Frédéric Gervais. Le président du Syndicat des travailleurs des Épiciers Unis Métro-Richelieu (FC-CSN) parle par expérience. Un système d’organisation du travail basé sur une étude de temps et mouvements a été imposé à l’entrepôt flambant neuf de Laval. Le syndicat a dû mettre son pied à terre pour faire valoir l’intérêt des membres auprès du géant de l’alimentation, afin d’atténuer les effets de la nouvelle technologie instaurée pour accroître la productivité.

Nicole Vézina, professeure au Département des sciences de l’activité physique de l’UQAM, confirme l’importance d’agir pour les syndicats. « Les représentants syndicaux sont les mieux placés pour repérer les cas d’intensification du travail, les décrire, les mettre en évidence et les apporter aux tables des comités paritaires. » De son côté, le Syndicat national des travailleurs des pâtes et papiers d’Alma (FIM-CSN) connaissait une relation harmonieuse avec l’employeur en matière de santé et sécurité du travail, avant que Produits forestiers Résolu ne mette un frein à la collaboration syndicale patronale en 2010. « Avant, les gens étaient contents de travailler dans l’usine. Aujourd’hui, ils attendent leur retraite », observe le président du syndicat, Jean-Pierre Lebel, déçu de la tournure des événements dans son milieu de travail. « Mais je suis venu dire que, même si on a tout perdu à cet égard, ça vaut la peine d’établir un partenariat. »

Conséquences sur la santé et la sécurité du travail

L’inertie devant des situations excessives d’intensification du travail peut s’avérer dévastatrice. Par exemple, l’effet des horaires atypiques et allongés vient s’ajouter aux difficultés de la conciliation famille-travail dans certains milieux. « On parle de troubles du sommeil et de l’alimentation, d’effets sur le cancer du sein et sur le diabète », affirme Mélanie Lefrançois, doctorante au programme interdisciplinaire en santé et société de l’UQAM. L’inertie devant des situations excessives d’intensification du travail peut s’avérer dévastatrice. Par exemple, l’effet des horaires atypiques et allongés vient s’ajouter aux difficultés de la conciliation famille-travail dans certains milieux. « On parle de troubles du sommeil et de l’alimentation, d’effets sur le cancer du sein et sur le diabète », affirme Mélanie Lefrançois, doctorante au programme interdisciplinaire en santé et société de l’UQAM.

Les incitations pour augmenter la cadence proviennent de partout. Le gouvernement impose l’austérité à ses employé-es, obligés de faire toujours plus avec moins. Dans le secteur privé, la mondialisation et la financiarisation de l’économie génèrent de fortes pressions sur les entreprises pour réduire les coûts et accroître le rendement. Ce sont des économies à très court terme qui engendrent des coûts humains importants à plus long terme.

Déjà, chaque année au Québec, il y a des dizaines de milliers de personnes accidentées et malades en raison du travail. Plus de 130 personnes en meurent. L’intensification du travail pourrait augmenter ce bilan. « On perd notre vie à la gagner. Ça n’a pas de bon sens, pas plus que de se rendre malade à travailler. Nous avons le devoir d’agir », conclut Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

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