Un vent nouveau souffle sur le Québec ces jours-ci. Nous sommes nombreux à le sentir, et c’est heureux. C’est à l’automne dernier que s’est annoncée l’aventure Faut qu’on se parle, telle une bouffée d’air frais qui allait réchauffer les cœurs québécois : un collectif (Aussant, Côté, Labrecque-Saganash, Lanctôt, Mayrand, Nadeau-Dubois, Prosper, Vadeboncœur, et autres) souhaitait « délier » les langues pour permettre le dialogue sur ce qui nous lie et nous unit, pour jaser de notre bien commun. L’appel à la forme impérative s’inspire de « cette injonction douce mais sérieuse qu’on adresse à nos aimés quand la situation mérite une vraie grosse mise au point ». En effet, il faut aimer le Québec et avoir confiance en son peuple pour proposer une démarche qui interpelle si intimement ses concitoyens.
Le collectif a imaginé une action fort simple, rassembleuse et un brin audacieuse : mobiliser les communautés, dans leur coin de pays, les faire se réunir pour débattre, ensemble, des grandes questions qui occupent souvent l’espace public, alors que jamais le monde ordinaire n’y est convié. Ainsi, près d’une vingtaine de consultations publiques en milieu urbain, des assemblées de cuisine ou de salon — surtout en région, se sont tenues. En guise de balises, dix questions-thèmes pour circonscrire et animer les échanges. Vous les connaissez, elles sont au cœur de nos préoccupations : démocratie, économie, région, éducation, Premiers peuples, santé, climat, etc. Vous le savez maintenant, la démarche a été un franc succès et la réponse a largement dépassé les attentes. Aujourd’hui, la publication du livre-bilan Ne renonçons à rien donne une idée de la teneur des débats et des propositions soumises. Mais son grand intérêt est ailleurs : l’expérience semble confirmer l’hypothèse émise par le collectif selon laquelle le peuple québécois a soif de s’impliquer pour changer les choses, et pour le mieux, qu’il a des solutions de remplacement à ce qui est décidé par nos gouvernements.
L’ensemble de l’initiative avait l’ambition de réconcilier citoyen-espace public et politique, de « créer du sens, mais surtout du mouvement ». Parions qu’on réclame déjà de renouveler l’expérience, tant celle-ci a touché l’essentiel pour remettre en phase les Québécoises et Québécois, et leur devenir. Ne renonçons à rien… sauf au cynisme.
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