À l’occasion de la Journée internationale des femmes, une manifestation organisée par le comité de la condition féminine du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN) s’est tenue ce matin à la sortie du pont Jacques-Cartier, à Montréal, pour revendiquer une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure.
« Malgré les luttes menées depuis des décennies pour atteindre l’égalité, les femmes sont plus durement touchées par la pauvreté, les inégalités de revenus et la précarisation des emplois », soutient Suzanne Audette, vice-présidente responsable de la condition féminine du CCMM–CSN. « Les écarts salariaux entre hommes et femmes demeurent élevés et ce sont les femmes les plus marginalisées – peu diplômées ou immigrantes – qui vivent les plus grandes disparités de revenus », se désole la féministe syndicaliste. Les femmes non diplômées ne gagnent que 70 % du salaire des hommes non diplômés; lorsqu’elles sont détentrices d’un diplôme, leur rémunération atteint 80 % de celui des hommes dans la même situation, selon une étude publiée en mai dernier par le Conseil du statut de la femme (Portrait statistique Égalité femmes-hommes : ensemble du Québec).
Pour le CCMM–CSN, une augmentation substantielle du salaire minimum constitue une mesure concrète pour sortir les femmes de la pauvreté, puisqu’elles sont surreprésentées dans les emplois au salaire minimum. En fait, depuis 1997, la proportion des femmes dans les emplois au salaire minimum se situe autour de 60 %. Le salaire minimum est un déterminant important dans la société, puisque lorsqu’il est augmenté, on observe un impact bénéfique sur les travailleuses et travailleurs dont la rémunération est tout juste au-dessus du salaire minimum, ce qui touche environ 20 % des salarié-es. À ce titre, le CCMM–CSN estime que la hausse de 50 cents prévue au 1er mai prochain ne règle en rien la situation de précarité dans laquelle les femmes se retrouvent.
« La pauvreté engendre stress, angoisse, insécurité et isolement. Devant l’incapacité de tout payer, les femmes doivent faire des choix difficiles dans les priorités de base que sont la nourriture, le logement ou l’électricité », affirme madame Audette. « Nul doute que la situation des femmes monoparentales est pire encore. »
Non seulement les personnes au salaire minimum sont-elles faiblement rémunérées, mais elles ont aussi des conditions de travail difficiles. Rarement syndiquées (une personne sur dix), elles ne bénéficient pas d’avantages sociaux, ont moins accès à des formations et ont des horaires atypiques.
Soirée-conférence Les femmes et le salaire minimum
En plus de la manifestation de ce matin, le comité de la condition féminine organise une soirée-conférence ayant pour thème Les femmes et le salaire minimum, le mercredi 15 mars, avec Ruth Rose, économiste féministe, Mélanie Gauvin, coporte-parole de la campagne 5-10-15[1], et Malouise Aridou, une travailleuse à bas salaire qui témoignera de sa situation. Cette conférence portera sur la revendication d’un salaire minimum à 15 $ et dressera un portrait des femmes sur le marché du travail (scolarisation, inégalités de revenus, retraite et discriminations en fonction de l’appartenance à des groupes minoritaires, etc.).
À propos du CCMM–CSN
Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN) regroupe près de 106 000 membres des secteurs public et privé, répartis au sein de près de 400 syndicats à Montréal, à Laval, au Nunavik et à la Baie James.
[2] Lancée le 7 octobre 2016 et menée par des groupes de défense des travailleuses et travailleurs non syndiqués, des organismes de lutte à la pauvreté et des organisations syndicales, dont la CSN, la campagne 5-10-15 revendique le droit d’obtenir son horaire de travail 5 jours à l’avance, le droit de disposer de 10 jours de congé payé par année pour maladie ou responsabilités familiales et le droit de gagner un salaire minimum de 15 $ l’heure.