À compter du 30 janvier, le Québec connaîtra la plus importante période de changement d’allégeance syndicale de son histoire. Près de 200 000 travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux devront voter par scrutin postal pour l’une des organisations syndicales en lice dans leur tout nouveau mégaétablissement.
En effet, lorsqu’en février 2015, le ministre Barrette a déposé le projet de loi 10 visant à fusionner les 182 centres de santé et de services sociaux avec les centres jeunesse et les centres de réadaptation pour former plus d’une trentaine de structures mammouths, il mettait aussi en branle un non moins gigantesque processus de fusion des accréditations syndicales. Une attaque pure et simple au droit d’association.
Il y a deux ans, nous avons dénoncé haut et fort ces fusions forcées. Depuis lors, il ne se passe pas une semaine sans qu’un syndicat de la CSN ne s’élève contre ces réformes. Avec la campagne Ma place en santé, j’y tiens !, la CSN a mis à la disposition de ses membres tous les moyens nécessaires pour faire entendre leur voix et mobiliser la population sur l’avenir du réseau.
En plus de dénaturer sa mission sociale, la réforme Barrette ouvrira plus grande encore la porte à la privatisation des services. Il s’agit d’une autre des multiples couleurs de l’austérité du gouvernement Couillard, son arme pour démanteler l’État social québécois. Les prochaines années s’annoncent tumultueuses au regard de l’emploi dans le réseau, des conditions de travail et des services à la population. Dans ce contexte, l’intérêt des travailleuses et des travailleurs est certes de se donner les meilleures conditions pour se faire respecter et pour porter un projet rassembleur qui profite à toute la population.
Une force incontournable
Depuis les dernières semaines, les organisations syndicales présentes dans les établissements de santé et de services sociaux s’activent pour inviter les travailleuses et les travailleurs du réseau à se joindre à elles. Il est consternant de constater que l’un des arguments forts soulevés par certaines de ces organisations est de vanter les vertus qu’aurait une basse cotisation syndicale ou un coût moins élevé du régime d’assurance.
Le syndicalisme au Québec se résume-t-il à cela ? La première raison qui amène des travailleurs et des travailleuses à unir leurs forces dans un syndicat n’est pas le coût de la cotisation syndicale. Ils veulent d’abord se faire respecter. Ils cherchent à établir des règles équitables pour renverser l’arbitraire patronal dans l’organisation du travail. Ils veulent se donner une voix pour obtenir plus de dignité au travail.
Dans ce contexte, le type de syndicalisme pratiqué est fondamental. À la CSN, l’autonomie du syndicat, la participation des membres, la solidarité, sont des valeurs essentielles qui guident notre action. Ainsi, le combat mené par des travailleuses et des travailleurs pour se faire respecter devient celui de tous les syndicats de la CSN. Cette solidarité concrète prend forme dans les moyens déployés pour soutenir leur action : dans leur établissement, devant leur employeur ; avec les autres syndicats d’une même région, au sein des conseils centraux; avec les syndicats du même secteur professionnel ou sectoriel dans les fédérations ; et avec l’ensemble des syndicats réunis dans la confédération elle-même. Cette solidarité entre tous les membres d’une centrale syndicale active dans toutes les sphères d’activité et dans toutes les régions a permis des avancées extraordinaires dans les milieux de travail et dans la société québécoise. À la CSN, un syndicat n’est jamais seul.
Certains peuvent trouver réconfortant de s’isoler dans une organisation syndicale corporatiste qui ne vise qu’à tenter de défendre les intérêts d’une seule catégorie d’emploi. Au fond, et l’histoire du syndicalisme québécois des 50 dernières années en témoigne, il s’agit d’une illusion. Les syndicats indépendants et non affiliés à une centrale syndicale ont montré les limites de leur action.
La CSN est une organisation de combat. Cette volonté de placer en avant les revendications des membres est, pour ainsi dire, dans nos gènes. Depuis plus de 95 ans, les militantes et les militants des syndicats affiliés modèlent leur organisation pour qu’ils soient en mesure de recevoir l’appui et l’expertise dont ils ont besoin dans ce désir d’améliorer leurs conditions de travail et de vie.
C’est la manière CSN : celle de tout mettre en œuvre pour appuyer les revendications et les luttes des membres sur tous les fronts : dans leur milieu de travail et dans la société. La CSN, une force incontournable.