Le 3 décembre dernier, deux manifestations se sont tenues devant les bureaux du député et premier ministre Philippe Couillard pour dénoncer les conséquences néfastes de l’opération de démantèlement des services de garde éducatifs en centres de la petite enfance, en milieu familial régi et en milieu scolaire, sur les travailleuses et les familles.
Des milliers de cartes ont été remises par huissier à Philippe Couillard pour réclamer la fin des compressions budgétaires, un réinvestissement majeur dans le réseau et l’abandon de la tarification modulée selon le revenu familial. Au total, près de 80 000 cartes postales ont été signées par la population et les travailleuses et travailleurs de toutes les régions depuis le lancement de la campagne de la CSN Un réseau qui fait grandir, le 28 février dernier. De ce nombre, 25 000 cartes avaient déjà été déposées à l’Assemblée nationale, le 15 mars dernier, pour réclamer du gouvernement un changement de cap.
« Le premier ministre Philippe Couillard doit se montrer sensible à cette démarche qui a permis de rejoindre un à un des parents, des salarié-es, des spécialistes et des personnalités de tous horizons et de toutes les régions, a lancé Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Deux années d’austérité ont permis au gouvernement d’engranger des surplus de 3,9 milliards de dollars en 2015-2016, en plus de 1,5 milliard versés au Fonds des générations. Il a donc amplement les marges de manœuvre pour remettre le réseau sur ses rails. »
Un réseau mis à mal
Les compressions de 300 millions de dollars imposées depuis 2014 font très mal aux enfants et aux travailleuses et travailleurs. En CPE : diminution des heures consacrées à l’alimentation, à la désinfection et à l’entretien sanitaire, à l’accompagnement des enfants aux besoins spécifiques, ainsi que le non-remplacement du personnel. En milieu familial régi : baisse des ressources dédiées à l’aide pédagogique et à l’aide aux enfants ayant des besoins spécifiques. En milieu scolaire : réduction des achats de matériel ainsi que du temps de planification et de préparation au détriment de la diversité des activités offertes aux enfants.
En outre, les gouvernements libéraux successifs ont mis en place au fil des ans des mesures pour favoriser le développement de garderies commerciales : pour certaines, en leur accordant davantage de places à contribution réduite et, pour d’autres, en bonifiant le crédit d’impôt versé aux parents pour frais de garde. En 2003, ces garderies privées représentaient 16 % du total des places, contre 35 % aujourd’hui.
À bout de souffle !
« Ça ne peut plus continuer ! », ont affirmé en chœur Lucie Longchamps, représentante du secteur des responsables de service de garde en milieu familial (RSG), Louise Labrie, représentante du secteur des CPE, toutes deux de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), et Gabrielle Messier, du Syndicat du soutien scolaire Chemin-du-Roy affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). « Tout le monde est à bout de souffle tellement on nous oblige à faire plus avec beaucoup moins. C’est sans compter les effets sur la santé physique et psychologique de nos travailleuses et de nos travailleurs de même que pour les RSG qui, dans bien des cas, sont contraintes d’abandonner leur service de garde pour aller au secteur privé », ont conclu les représentantes.