La CSN était invitée au 8e congrès de l’UGT Sario, mouvement syndical du peuple sahraoui, dont le territoire, le Sahara occidental, est occupé par le Maroc depuis 40 ans. Des dizaines de milliers de Sahraouis ont fui vers l’Algérie et vivent désormais dans des camps de réfugié-es près de la ville de Tindouf.
C’est à Bojador que nous avons été reçus avec plusieurs dizaines d’invité-es internationaux pour témoigner de notre solidarité avec ce peuple qui réclame toujours son droit à l’autodétermination. Dans la foulée des mouvements de décolonisation africains, des Sahraouis forment le Front Polisario en 1973 afin de se libérer de la domination espagnole. À l’agonie, le régime franquiste organise relativement rapidement son retrait et met en place un processus devant mener à un référendum d’autodétermination. Reniant ses engagements, l’État espagnol fait volte-face et s’entend en novembre 1975 sur un partage du territoire avec le Maroc et la Mauritanie. S’ouvre alors une période de lutte armée. Sous les assauts du Front Polisario, la Mauritanie se retire dès 1979 et cède ses territoires. Mais le Maroc continue son avancée, reprend ces territoires et érige progressivement un mur qui divise le pays en deux : les territoires occupés, à l’ouest, avec les terres les plus fertiles et un accès à la mer et aux importantes réserves de phosphates ; et les territoires libérés, à l’est, dans le désert, difficiles d’accès et très peu développés. Le mur est en fait un rempart de sable de deux mètres, complété de millions de mines antipersonnel. Les victimes de ces mines se comptent par milliers.
En 1991, le Front Polisario et le Maroc signent un accord de cessez-le-feu. Les Nations Unies créent alors la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) dont la fonction est de procéder à l’organisation d’un référendum d’autodétermination, conformément à la décision du conseil de sécurité de l’ONU, dans un délai de six mois.
Les Sahraouis vivant dans les territoires occupés subissent plusieurs discriminations et violences, allant d’un accès inégal à l’emploi, à des répressions violentes, à l’emprisonnement pour raisons politiques, à la torture. Dans ce contexte, l’UGT Sario opère dans la clandestinité, elle recueille des informations sur les agissements des entreprises et du royaume marocain en vue de faire avancer sa lutte et de susciter le soutien des alliés. Il est d’ailleurs très difficile pour les mouvements de solidarité de se rendre dans les territoires occupés.
Aide internationale à la rescousse
Voilà pourquoi les principales organisations de la société civile comme l’UGT Sario, l’Union nationale des femmes de même que le Front Polisario opèrent à partir des camps de réfugié-es. Les personnes y survivent grâce à l’aide internationale, majoritairement européenne et particulièrement espagnole, basque, galicienne, italienne, mais aussi cubaine et vénézuélienne. Il y a très peu d’emplois, mais tout le monde semble occupé entre les tâches politiques, administratives, d’accueil des délégations étrangères (nous avons tous logé, mangé et bu le thé chez des familles), les troupes militaires, etc. Les gens n’ont généralement pas de salaire, sinon de vagues compensations qui permettent de compléter les maigres rations distribuées chaque mois : huile, riz, lentilles, farine, sucre.
Si difficiles que soient les conditions de vie dans les camps où le désert interdit toute culture, avec des pénuries d’eau en été et des chaleurs de 50 °C, les Sahraouis gardent, malgré tout, l’espoir de pouvoir un jour retrouver leur territoire, qu’une majorité croissante des 40 ans et moins n’a jamais connu. Ce peuple qui existe encore, envers et contre tout, démontre que surmonter le quotidien peut aussi être, en soi, une forme de résistance.