Dès les premières heures, dans bon nombre de transformations historiques au Québec, la CSN est montée au front pour défendre les droits de ses membres et améliorer les conditions de travail des Québécoises et Québécois. C’est dans l’environnement politique et social du début des années 80 qu’elle a porté la revendication de l’équité salariale entre les femmes et les hommes. Deux militantes d’envergure, qui ont laissé leur marque dans le paysage syndical, féministe et politique du Québec, ont activement participé à ce combat de longue haleine : Claudette Carbonneau et Monique Simard.
Avant l’adoption de la Loi sur l’équité salariale, en novembre 1996, la discrimination salariale à l’égard des femmes était monnaie courante et les femmes québécoises gagnaient en moyenne 30 % de moins que leurs collègues masculins. « Lorsque l’on parle d’équité salariale, l’enjeu n’est pas que le salaire en soi, mais également le message qu’il envoie aux femmes sur le marché du travail », note Monique Simard, ancienne vice-présidente de la CSN (1983-1991). Son expérience en négociation lui a permis de constater que « ce qui est important, ce n’est pas tant ce que tu gagnes, que ce que tu gagnes par rapport aux autres ». L’équité salariale était ainsi synonyme de la reconnaissance de la valeur du travail de la femme sur le marché du travail, au même titre que celle de l’homme.
Une lutte épique
Pour Claudette Carbonneau, première femme élue à la présidence de la CSN, le combat pour l’équité salariale était déterminant pour l’avenir des femmes sur le marché du travail. Issue du milieu de la santé, et fière militante à la CSN depuis des années, Claudette Carbonneau savait que les gains ne seraient pas faciles à obtenir. La place des femmes au travail a souvent été mise en doute et « elles assument toujours une large part des responsabilités familiales ». Les discriminations systémiques dont elles étaient victimes brouillaient les questions d’équité entre les hommes et les femmes au travail. Il a été nécessaire de mener la bataille pour mettre fin aux iniquités salariales entre les femmes et les hommes, et pas seulement pour les travailleuses de la CSN, mais aussi pour toutes les femmes sur le marché du travail. La lutte des femmes sur cet aspect, comme sur bien d’autres, réclamait du gouvernement qu’il se tienne debout face aux employeurs sur des questions comme les salaires, l’ajustement de l’horaire aux réalités familiales, le remboursement des frais de garde, le congé de maternité, la conciliation famille-travail-études et l’amélioration des conditions de santé et de sécurité au travail.
Finalement, 20 ans après l’instauration de la Loi sur l’équité salariale, y a-t-il une évolution des mentalités et des pratiques ? Les milieux de travail de plus en plus diversifiés, dans lesquels les femmes œuvrent quotidiennement, sont-ils plus adaptés à leur réalité ? C’est une réflexion qui mérite d’être poursuivie.