Alors que le ministre des Finances Carlos Leitão se prépare à faire sa mise à jour économique, la CSN lance une série de propositions pour remédier aux ratés qui se manifestent jour après jour dans le système de santé et de services sociaux. Elle demande notamment au gouvernement de réinvestir massivement dans les services à la population et l’incite également à revoir le mode de rémunération des médecins et à instaurer un régime entièrement public d’assurance médicaments. La CSN était accompagnée de l’avocat spécialisé en droit médical, Jean-Pierre Ménard.
Un consensus de plus en plus large sur les ratés de la réforme Barrette
Au courant des derniers mois, les révélations de plusieurs acteurs sont venues démontrer que la réforme du ministre Barrette n’atteint pas les objectifs qu’elle s’est fixés, notamment pour ce qui est de favoriser l’accès aux services pour la population. Aux dénonciations des organisations syndicales, communautaires et patronales et à celles de regroupements de médecins et d’usagères et d’usagers, se sont récemment ajoutés les rapports de la Protectrice du citoyen et du Commissaire à la santé et au bien-être. Force est de constater que la manière qu’a le gouvernement de gérer les finances publiques est un échec.
« La réforme Barrette qui devait, aux dires du ministre, régler les problèmes du réseau fait tout le contraire. Les délais d’attente ne se sont pas améliorés, au contraire, et le personnel est à bout de souffle comme jamais auparavant. Il faut être vraiment déconnecté pour ne pas constater l’ampleur des ratés. Cette réforme concentre de façon inquiétante les pouvoirs entre les mains du ministre et met des bâtons dans les roues du personnel qui tente du mieux qu’il peut de continuer à servir la population », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).
« La réforme Barrette et l’austérité gouvernementale, c’est notamment la fusion des laboratoires médicaux qui entraîne des risques énormes sur plusieurs plans. C’est aussi la diminution de l’accessibilité aux services sociaux dans les CLSC en raison du transfert de ressources vers les GMF et l’étouffement de la mission des centres jeunesse. Les compressions et l’hypercentralisation qui s’abattent sur le réseau viennent renforcer des problèmes qui étaient déjà criants. Ça devient invivable pour les employé-es qui tentent tant bien que mal de donner les services à la population », poursuit Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).
Solutions pour améliorer l’accès aux services à la population
En marge du congrès de la FSSS-CSN qui s’ouvre à Québec, la CSN et l’avocat Jean-Pierre Ménard mettent de l’avant des solutions pour améliorer l’accès aux services. Ces propositions émanent de nombreuses réflexions dans le réseau, notamment des Rendez-vous nationaux sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux.
- Revoir le mode de rémunération des médecins, qui exerce une énorme pression sur le réseau et dont la rémunération à l’acte est associée à des coûts élevés;
- Instaurer un régime entièrement public d’assurance médicaments, ce qui permettrait d’économiser jusqu’à un milliard de dollars en augmentant notre pouvoir de négociation sur le coût des médicaments;
- Développer des équipes interdisciplinaires autonomes pour améliorer l’offre de services de première ligne;
- Profiter des surplus budgétaires (1,8 milliard pour l’année 2015-2016, sans compter le Fonds des générations) qui ont été dégagés à la suite des compressions draconiennes des libéraux pour réinvestir massivement dans les services publics et les programmes sociaux, dont le réseau de la santé et des services sociaux qui se trouve sous une pression extrême.
« L’équilibre budgétaire étant maintenant atteint, le gouvernement doit mettre de côté son projet de diminuer les impôts et de rembourser la dette dans des délais qui s’avèrent beaucoup trop courts. S’il se contente de saupoudrer les budgets des grands réseaux de montants supplémentaires, il installera le Québec dans une austérité permanente. Pour que les services répondent aux besoins de la population et, enfin, pour régler les problèmes d’attente dans le réseau, il doit réinvestir massivement dans les services publics qui sont complètement asphyxiés. Il faut aussi lancer sans tarder les chantiers sur la rémunération des médecins et sur l’assurance médicaments, car ce sont d’autres moyens concrets d’investir directement dans les services à la population. Ne manque maintenant que la volonté politique », conclut Jacques Létourneau, président de la CSN.