Visages de l'austérité

Nora Loreto

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« Personne ne veut se retrouver à l’hôpital. C’est l’endroit où nous vivrons probablement nos moments les plus pénibles, mais nous y vivrons également des moments de renouvellement et de guérison. Quand les gouvernements considèrent le réseau de la santé et des services sociaux comme une source pour équilibrer leur budget, ils s’attaquent carrément au cœur de notre société. La réforme libérale du secteur de la santé déstabilisera un réseau sous-financé déjà en situation précaire, et ce, sans compter le manque de consultation des travailleurs, des patients et de la communauté.

Depuis la 20e semaine de ma grossesse, j’ai visité l’hôpital si fréquemment que les réceptionnistes et les infirmières me reconnaissent. Le système pourrait s’améliorer dans certains domaines, mais il reste indispensable dans les situations d’urgence. Les interventions d’urgence durant les derniers moments de ma grossesse étaient essentielles pour assurer le bien-être de mon fils et de ma fille.

Les nouvelles compressions en santé et les fusions annoncées diminueront-elles le temps d’attente, ou nuiront-elles plutôt à un système déjà dépourvu de ressources ? Pour ma famille, l’USIN est devenu notre maison pendant que mes bébés luttaient pour leur vie. Comment un tel saccage d’un réseau public, indispensable pour la santé du Québec, pourrait-il « réparer » le Québec? Ne serait-ce pas plutôt une attaque idéologique menée par des docteurs à cravate très distancés de la population contre les principes mêmes de notre réseau de santé, de son accessibilité et de son universalité ?

La semaine dernière nous avons passé quatre jours à l’hôpital avec mon garçon. Même les plus petits conforts prennent une réelle importance pour un petit garçon enfermé dans sa chambre d’hôpital. La nourriture, les jouets et les soins attentionnés des infirmières et du personnel font toute la différence. Mais est-ce que je peux vraiment m’attendre à un dévouement de quelqu’un qui est forcé de travailler un quart de 16 heures parce qu’il n’y a personne d’autre disponible ? »

– Nora Loreto, écrivaine, mère de jumeaux

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