Portrait | Centres jeunesse

Entre ombre et lumière

«J’ai toujours aimé travailler auprès des jeunes et j’ai milité dans le mouvement communautaire, notamment au FRAPRU. J’ai choisi ce métier non seulement parce qu’il me permettait de continuer dans cette voie, mais aussi parce que j’aime aider les gens. Le dévouement et l’empathie sont des conditions importantes pour exercer notre profession. Mais surtout, il faut croire en la capacité des gens à changer. »

Ombre

Les travailleuses et les travailleurs qui œuvrent dans les centres jeunesse, qu’ils soient techniciennes ou techniciens en assistance sociale, éducatrices ou éducateurs, travailleuses sociales ou travailleurs sociaux ou psychoéducatrices ou psychoéducateurs pour ne nommer que ceux-là, côtoient inévitablement la souffrance humaine. Les problèmes de santé mentale, tant chez les enfants que chez les parents, sont nombreux. « On en voit de toutes sortes. Heureusement, on réussit à se désensibiliser un peu, sinon, il serait très difficile de travailler efficacement. Il faut laisser tomber nos préjugés. Il faut voir les parents non pas comme des gens mal intentionnés, mais plutôt comme des êtres vulnérables et mal outillés. En même temps, il faut s’avouer que tous n’ont pas les mêmes capacités à évoluer dans le sens qu’on souhaiterait. Nos interventions ont des limites, on doit l’accepter. »

Mais il serait faux de croire que la souffrance n’est que l’affaire des familles desservies par les centres jeunesse. Les intervenants aussi peinent devant autant de besoins. « On dit que 50 % des intervenants quittent les centres au cours des deux premières années de pratique. Il y a un grand roulement de personnel et beaucoup de cas d’épuisement professionnel. Ajoutez à cela la surcharge de travail de plus en plus grande — une augmentation de 8 % à 10 % de signalements par année — et vous comprendrez que la détresse est très présente chez les travailleuses et les travailleurs des centres jeunesse », note Kevin Newbury, qui milite dans son syndicat depuis maintenant sept ans.

Lumière

Photo : Alain Décarie
Photo : Alain Décarie

Comment tirer son épingle du jeu quand jour après jour on côtoie pauvreté, maladie mentale et souffrance ? En gardant toujours en tête que les gens peuvent évoluer, qu’ils peuvent changer. « Savoir qu’on peut “sauver” des enfants, faire cheminer des adolescents et mieux outiller des parents, c’est ce qui permet de tenir le coup. Parfois, on croise une ancienne famille d’accueil, par hasard. Ça fait toujours extrêmement plaisir de se faire dire que “nos enfants” sont rendus au cégep, ou ailleurs, qu’ils ont trouvé leur place. On joue un rôle significatif dans leur vie et c’est ce qui nous fait le plus de bien », explique Kevin.

Rendre le monde meilleur

Malgré une couverture médiatique qui a tendance à relater davantage les ratés que les bons coups, les travailleuses et les travailleurs des centres jeunesse demeurent passionnés et les cas de réussite sont nombreux. « Chaque année, au Centre jeunesse de Lanaudière, les intervenants donnent des sous et de leur temps pour compléter les paniers de Noël destinés aux familles de la région. Travailler en centre jeunesse, c’est avoir à cœur le bien-être des enfants, bien au-delà de la paye, tout en rendant le monde un peu meilleur. »

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