Pour se donner une idée, seulement 5 % d’entre eux pratiquent le covoiturage, et 13 % ont recours au transport collectif. Considérant les cibles ambitieuses de réduction de gaz à effet de serre (GES) et le fait que le transport représente une part titanesque de ses émissions annuelles, n’est-il pas temps que le Québec fasse rouler l’économie autrement ?
Marilène Bergeron est porte-parole de la campagne Transport écologique d’Équiterre, un organisme à but non lucratif qui œuvre depuis 1993 à inciter la population québécoise à faire des choix écologiques et solidaires. Détentrice d’une formation universitaire de deuxième cycle en environnement, elle milite pour Équiterre depuis dix ans afin de sensibiliser les Québécoises et les Québécois aux enjeux du transport collectif, actif, durable et électrique.
Bien que l’utilisation du transport collectif soit en croissance depuis l’entrée en poste de madame Bergeron, cela n’a pas freiné celle de l’automobile. À une exception près : une hausse marquée des déplacements par transport collectif engendrée par le prolongement de la ligne de métro à Laval en 2007. Les habitants de la Rive-Nord de Montréal demeurent les seuls à freiner la tendance à la dépendance à l’automobile et pour qui le boom de déplacements par transport collectif dépasse la hausse de l’utilisation de l’auto en solo. Force est de constater que l’investissement dans le transport collectif est une solution à privilégier pour soutenir la mobilité durable.
Un « cocktail transport »
Malgré une stagnation dans l’utilisation du transport collectif par rapport à la voiture, Marilène Bergeron se dit encouragée par l’arrivée d’une panoplie d’offres de transport dans les grands centres urbains. « On ne parle plus juste de la voiture versus le transport collectif. On a tout un arsenal de services, que ce soit des véhicules et des vélos en libre-service, l’autopartage traditionnel ou entre voisins ou le covoiturage, il y a beaucoup plus de possibilités qui viennent bonifier le “cocktail transport”. »
L’idée derrière le « cocktail transport » d’Équiterre est de profiter des différentes méthodes de transport qui nous sont offertes et de combiner ses choix en fonction « d’où on doit se rendre, de notre budget, de notre humeur du jour ».
L’heure de couper les moteurs
D’ici 2024, le gouvernement québécois envisage d’investir 90,3 milliards de dollars dans les infrastructures, dont une portion importante dans le réseau routier du Québec. Pour l’instant, le gouvernement mise sur l’électrification des véhicules individuels, plutôt que sur le transport collectif, une stratégie critiquée par plusieurs groupes, incluant l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).
Dans sa note socioéconomique Le transport en commun comme solution à la relance économique et à la crise environnementale au Québec, le chercheur Bertrand Schepper de l’IRIS constate qu’il sera plus porteur d’investir dans l’industrie florissante du transport collectif au Québec que dans la fabrication de voitures à l’extérieur du Québec. Après tout, chaque million de dollars investi dans le transport collectif crée deux fois plus d’emplois que dans l’industrie automobile.
Tant pour la vitalité de nos territoires que pour la santé publique, le peuple québécois se doit d’instaurer de nouvelles façons de faire qui suscitent l’envie de diminuer l’utilisation de la voiture. La CSN invite donc ses syndicats à donner l’exemple en revendiquant auprès des employeurs des moyens pour inciter à l’utilisation des transports collectifs et actifs : l’instauration de mesures favorisant le covoiturage et le transport collectif, l’installation de supports à vélo, et l’installation de bornes pour voitures électriques.
Chose certaine, il y a de quoi stimuler l’imagination.