La Confédération des syndicats nationaux (CSN) qualifie d’extrêmement décevant le budget présenté par le ministre Leitão pour l’année 2016-2017. « Le ministre et son gouvernement ont tout en main pour administrer un électrochoc au Québec, a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau. Nous constatons malheureusement qu’ils maintiennent les services publics, les programmes sociaux et l’emploi dans un état de torpeur. Le cap aurait dû être mis sur la suspension des versements au Fonds des générations pour se donner de véritables moyens de relance. »
Pour la CSN, le budget ne trouve aucune solution aux problèmes quotidiens et immédiats causés aux familles, aux aîné-es, aux femmes et aux régions par deux années d’austérité. « Depuis la reprise du pouvoir par les libéraux, en avril 2014, les mesures restrictives du gouvernement Couillard n’ont cessé de frapper la classe moyenne, les plus démunis et en particulier les femmes, a poursuivi Jacques Létourneau. Avec le retour de l’équilibre budgétaire, nous étions en droit de nous attendre à un réinvestissement majeur dans l’ensemble des services publics et des programmes sociaux. Ce qui n’est pas le cas, au contraire. »
Dans la santé et les services sociaux, par exemple, bien qu’on constate une hausse des dépenses par rapport aux deux derniers budgets avec un accroissement de 2,4 % pour 2016-2017, elle est loin de couvrir les coûts de système établis à 4,5 % annuellement. « Le réseau de la santé demeurera sous pression après des années de sous-financement et de compressions, a mentionné le président de la CSN. La qualité et l’accessibilité des services continueront de se dégrader, tout comme les conditions de travail, et ce sans compter qu’une part importante de ces sommes sera accaparée par l’augmentation de l’enveloppe dédiée à la rémunération des médecins et à la hausse du coût des médicaments. Le gouvernement a pourtant les moyens de faire autrement. »
Dans le secteur de l’éducation, la CSN salue l’accroissement des dépenses, en particulier pour les infrastructures, qui ont été particulièrement négligées au cours des 20 dernières années. Cependant, la hausse des dépenses de 3 % pour 2016-2017 couvre à peine les coûts de système. C’est vraiment bien peu pour un gouvernement qui se targue de faire de l’éducation une priorité.
En outre, pour une deuxième année consécutive, le gouvernement diminue les charges fiscales des entreprises sans aucune obligation de leur part, se privant ainsi d’importantes sources de revenus. Avec la baisse de la cotisation au Fonds des services de santé, les PME verront donc leur fardeau fiscal diminuer de 385 millions de dollars par année, somme qui s’ajoute à la baisse des cotisations aux normes du travail, au Régime québécois d’assurance parentale, à la CSST, à l’assurance-emploi. Jacques Létourneau : « Il est déplorable de constater tous les détours que prend ce gouvernement pour éviter de rechercher de nouvelles sources de revenus. Il poursuit donc inexorablement son processus de démantèlement de l’État, sans consultation préalable ni mandat. »
Pour Jacques Létourneau le contexte de croissance anémique prévue de 1,5 % pour la prochaine année et de 1,6 % pour l’année suivante constitue sans aucun doute l’abdication des libéraux de relancer l’emploi et le développement des régions, pourtant un engagement de la dernière campagne électorale. Elle commande des actions beaucoup plus vigoureuses pour stimuler l’économie et financer adéquatement les programmes sociaux et les services publics. Ainsi, si certaines mesures proposées répondent à nos préoccupations, comme le soutien à certains créneaux économiques, « nous déplorons que le budget annonce des mesures qui s’échelonneront sur plusieurs années, soit trois ou cinq ans alors que les politiques d’austérité ont frappé partout et ont eu des effets immédiats, a indiqué Jacques Létourneau. C’est pourtant maintenant que le gouvernement doit agir. C’est trop peu, trop loin. »