La question de la violence obstétricale a fait l’objet de plusieurs conférences lors du congrès de l’Association canadienne des sages-femmes. À ce sujet, Lorraine Fontaine, coordonnatrice de la Coalition pour la pratique sage-femme du Québec (CPPSFQ), s’est montrée sans équivoque : une pratique sage-femme qui privilégie la continuité des soins par la même professionnelle durant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale, est un moyen pour contrer le problème de violence obstétricale qui peut prendre plusieurs formes. Le problème est mis en évidence par plusieurs organisations et rapporté par bon nombre de femmes qui accouchent au Québec.
La violence obstétricale, rappelle-t-elle, constitue les mauvais traitements subis par des femmes lors de la grossesse et de l’accouchement. Pour en souligner l’importance, Lorraine Fontaine souligne que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis une déclaration en septembre 2014 à l’assemblée générale de l’ONU sur la prévention et l’élimination du manque de respect et des mauvais traitements lors de l’accouchement dans les établissements de soins.
« Par ailleurs, bien des femmes vivent de véritables épreuves lors de l’accouchement, notamment en raison de la surmédicalisation. La pratique sage-femme est résolument axée sur les besoins des femmes, favorisant ainsi une relation égalitaire. La recherche démontre que cela réduit les interventions obstétricales », ajoute aussi Lorraine Fontaine.
Dans tous les pays, la surmédicalisation de la grossesse et de l’accouchement menace le bien-être des femmes et de leurs familles, selon le journal médical The Lancet. Le recours aux interventions non nécessaires et souvent non fondées sur des données probantes, incluant entre autres la césarienne, l’induction, les entraves à la mobilité pendant le travail et l’épisiotomie, peuvent avoir des effets dévastateurs à long terme que le Ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS) ne peut ignorer. « La CPPSFQ veut des engagements concrets de la part du ministère de la Santé pour qu’il reconnaisse l’existence de la violence obstétricale, en lien avec la déclaration de l’OMS et en cohérence avec ses propres engagements », renchérit la coordonnatrice de la Coalition.
Rappelons que le déploiement des services de sage-femme et des maisons de naissance a fait l’objet au printemps 2015 du lancement d’un cadre de référence par le MSSS qui reconnaît le rôle des usagers et des comités de parents dans le développement des projets. Un rôle que la Coalition pour la pratique sage-femme, lieu de concertation entre les femmes et les sages-femmes unique au Canada, reconnaît également.
« La pratique promue par les sages-femmes est respectueuse des choix des femmes et agit en prévention de la violence envers toutes les femmes qui accouchent. Pour cette raison, les sages-femmes doivent être présentes dans les lieux de dialogues et de concertation en santé et avoir la possibilité de participer aux débats. La violence obstétricale doit préoccuper l’ensemble des professionnel-les de la santé, incluant les sages-femmes », conclut Lorraine Fontaine.