Alors que les processus mis en branle par le gouvernement Couillard pour réviser les programmes et la fiscalité débutent à peine, ce dernier songerait à s’attaquer à l’un des plus appréciés des familles québécoises, les services de garde à 7 $, en envisageant de mettre fin à la tarification unique. « Si les informations du quotidien La Presse sont fondées, on peut s’interroger sur le but réel poursuivi par les libéraux. Le processus de consultation en cours serait-elle une démarche hypocrite ?, a questionné le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau. Ce gouvernement n’a certes pas été élu pour ça et nous lui demandons d’abandonner toute idée de moduler les tarifs des services de garde. »
Déjà, le 23 juillet dernier, la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève avait écrit à la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, pour s’opposer à la hausse de tarifs de 7 à 7,30 $ dans les services de garde éducatifs offerts en centres de la petite enfance (CPE), en garderies subventionnées, en milieu familial régi (RSG) et en milieu scolaire. « Nous nous opposons à de telles hausses qui auront un impact négatif sur l’accessibilité aux services de garde », avait-elle mentionné à la ministre. L’imposition de la modulation du tarif en fonction du revenu des ménages modifierait le sens de la contribution parentale en introduisant le concept de l’utilisateur payeur. Or, des services de garde éducatifs de qualité universels et accessibles à tous sont un avantage pour l’ensemble de la société québécoise. Leur financement doit reposer sur le maintien et la bonification d’un système progressif d’imposition sur le revenu.
Des chances de réussite scolaire accrues
En mettant fin à l’universalité du programme de services de garde éducatifs à contribution réduite, on diminuerait d’autant l’accès à un service qui a largement favorisé l’entrée et le maintien des femmes sur le marché du travail et donc favorisé une meilleure équité entre les femmes et les hommes. En outre, de nombreuses recherches ont démontré que la fréquentation d’un service de garde éducatif de qualité améliore le développement global et le bien-être des enfants et accroît leurs chances de réussite scolaire.
Pour tendre vers l’égalité des chances, il faut donc s’assurer que tous les enfants aient l’opportunité de fréquenter ces services. Or, le projet libéral va à l’encontre de cet objectif sociétal. « L’approche du gouvernement Couillard est idéologique, a indiqué Jacques Létourneau. On ne doit pas considérer ce service comme une dépense. ll s’agit plutôt d’un puissant instrument de solidarité qui profite à l’ensemble du Québec, en particulier aux femmes, aux familles et aux enfants. »
Des coupes importantes ont déjà été appliquées au financement des services de garde : gel des barèmes servant à établir les frais de garde et d’éducation, réductions des budgets liés aux mesures d’amélioration de la qualité des services et fin de l’allocation spéciale destinée aux services de garde en milieu défavorisé. « Le seul reproche qui peut être adressé à ce service est le manque de places et, à ce titre, le report annoncé par le gouvernement Couillard des nouvelles places pourtant promises est inadmissible », a mentionné Jacques Létourneau. Cette décision aura un impact sur les familles, notamment en milieu défavorisé où l’offre de services de garde demeure insuffisante.
Pour la CSN, l’intention maintes fois affirmée par le gouvernement Couillard de poursuivre avec les politiques d’austérité sont le prélude à une large mobilisation citoyenne pour maintenir le caractère distinctif du Québec : des services publics et des programmes sociaux accessibles et de qualité partout au Québec.
À propos
La CSN représente plus de 10 000 éducatrices, éducateurs, travailleuses et travailleurs dans les centres de la petite enfance, environ 2000 responsables en service de garde en milieu familial et plus de 4000 dans les services de garde scolaire. Fondée en 1921, elle regroupe quelque 325 000 travailleuses et travailleurs, de tous les secteurs d’activité, dans près de 2000 syndicats partout au Québec.