Depuis un an, la Commission scolaire des Chênes met tout en oeuvre pour privatiser son service de la reprographie, sans véritable débat. Pis encore, la stratégie pour y arriver soulève des questions fondamentales de transparence.
Le 18 mars dernier, la commission scolaire a dévoilé au syndicat le résultat d’un appel d’offres pour assurer l’impression de ses documents pour la prochaine année, tâche présentement effectuée par ses employé-es syndiqués.
L’ensemble des commissaires, les gestionnaires et le syndicat s’étaient rencontrés lors d’un comité de travail le 20 janvier afin de discuter des coûts d’impression à l’interne, établis à 418 967 $ par année. Or, à la suite de l’appel d’offres, le plus bas soumissionnaire, la compagnie Buropro de Drummondville, a déposé une offre d’à peine 75 $ en-dessous de ce qu’il en coûte actuellement.
Le président des commissaires, Jean-François Houle, a admis avoir quitté le processus d’appel d’offres après avoir su que Buropro, dirigée par son ami personnel Dave Morin, était le plus bas soumissionnaire. « Pour éviter l’apparence d’une intervention et d’un possible conflit d’intérêt, le commissaire Houle aurait dû quitter le processus bien avant », tranche sans détour le vice-président de la FEESP, Yvon Godin.
25 000 $ de moins à la commission scolaire voisine
Le Syndicat des travailleuses et travailleurs du personnel de soutien de la Commission scolaire des Chênes déplore également que l’offre de gré à gré de la commission scolaire voisine des Bois-Francs (25 000 $ moins cher) n’ait pas été considérée, sous prétexte qu’elle a été déposée trop tard. « Au nom de la saine gestion des finances publiques, dont ils se réclament, les dirigeants de la Commission scolaire des Chênes doivent revoir le processus. Sinon, ils confirmeront agir en conformité avec l’idéologie imposée par le gouvernement Couillard de faire de plus en plus de place au privé dans nos services publics », dénonce Yvon Godin.
Le syndicat se questionne aussi quant aux méthodes de gestion à la Commission scolaire des Chênes. Si une autre commission scolaire peut déposer une offre beaucoup plus basse, tout en assurant à ses employé-es des conditions de travail similaires aux nôtres, il est clair que la Commission scolaire des Chênes devrait être concurrentielle en revoyant ses façons de faire.
Moins cher à l’interne
Le syndicat croit qu’il faudrait acheter de nouvelles imprimantes et ainsi diminuer les coûts d’entretien liés au vieil équipement. « Les chiffres sont surévalués, ce qui gonfle artificiellement les coûts à l’interne pour les prochaines années », déplore Kevin Malenfant, président par intérim du Syndicat des travailleuses et travailleurs du personnel de soutien de la Commission scolaire des Chênes.
Le syndicat demande aux commissaires qui se réuniront le 28 avril de stopper le processus de privatisation et d’exiger que la Commission scolaire des Chênes trouve une solution en collaboration avec ses travailleurs et travailleuses syndiqués.
« Privatiser le service de la reprographie serait une grave erreur. À long terme, la commission scolaire perdrait l’expertise de la main d’oeuvre et perdrait le contrôle sur le coût d’impression des documents scolaires », conclut Kevin Malenfant.
À propos
Le secteur scolaire de la FEESP-CSN regroupe 37 syndicats qui représentent environ 30 000 employé-es de soutien présents dans 31 commissions scolaires francophones et deux commissions scolaires anglophones. Le Secteur soutien cégeps de la FEESP-CSN regroupe quant à lui plus de 4500 membres répartis dans 34 établissements collégiaux et deux centres informatiques, situés dans 11 régions administratives du Québec.