La mise aux enchères d’un pourcentage des travaux sylvicoles réalisés dans la forêt publique continue de provoquer une détérioration majeure des conditions des sylviculteurs qui travaillent souvent depuis des années dans un même territoire.
Rexforêt, qui gère l’attribution de ces travaux pour le gouvernement, a finalement octroyé 365 hectares à de nouveaux joueurs, ce qui provoque cette année la perte de 12 emplois de membres du Syndicat national de la sylviculture (SNS-CSN), soit plus de 25 % des syndiqué-es dans la section Groupement du Kamouraska.
Rexforêt confiera les travaux sylvicoles de ces lots à de nouveaux joueurs (Aménagement MYR de Dolbeau et Durafor de Laval) qui ont soumissionné à si bas prix que leurs futurs travailleurs devraient recevoir de 15 % à 25 % de moins que ce que prévoit les grilles négociées par le SNS-CSN. Il est inadmissible que les conditions négociées par un syndicat ne suivent pas avec le nouvel employeur qui fait exactement le même travail !
Or, le SNS, qui regroupe près de 500 membres dans 11 sections locales, cherche déjà par tous les moyens à améliorer le sort de ses membres qui doivent encore fournir leur propre équipement et ne sont pas payés pour les distances à parcourir pour se rendre aux lieux de travail en forêt.
« Le gouvernement libéral promettait récemment 42 M$ de plus pour la sylviculture et on constate, comme on le redoutait, que rien n’est prévu pour améliorer le sort des sylviculteurs », lance René Martel, président du SNS-CSN. Ce dernier est furieux du fait que rien n’ait changé, malgré les promesses de revoir le nouveau régime forestier. Tous les acteurs du milieu et les élus disaient pourtant vouloir atténuer ou éliminer les impacts négatifs de ce régime tant sur les travailleurs que sur l’industrie forestière.
Notons par ailleurs que ce n’est pas la première fois que les conditions de travail des sylviculteurs sont amoindries à cause des enchères gérées par Rexforêt. En effet, en 2013, pas moins de trois sections du SNS avaient été forcées de diminuer leurs conditions de travail de 20 % à 25 % afin de conserver leurs emplois jusqu’à la fin de la saison dans le nouveau contexte où la compétition entre entrepreneurs forestiers se fait sur le dos des sylviculteurs. Au final, c’est une perte de retombées régionales relatives aux travaux sylvicoles.
Une certaine ouverture
Le SNS-CSN a rencontré les attachés politiques du ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, Jean D’Amour, et du député de Côte-du-Sud, Norbert Morin, en date du 20 juin pour leur expliquer ce problème.
« On a demandé que les soumissions pour les travaux sylvicoles soient réalisées par des entreprises de la même région où se trouve la forêt », a expliqué René Martel, qui a ajouté qu’il faut également faire respecter un plancher dans les conditions de travail des sylviculteurs. Il est évident qu’il faudra ajuster les crédits disponibles pour tenir compte de ces demandes et pour permettre aux travailleurs de continuer leur travail.
Notons que la Fédération des organismes de gestion en commun du Bas-Saint-Laurent réclame de son côté un moratoire sur les enchères relatives aux travaux sylvicoles le temps de convenir d’une solution.
À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.