« Les patrons québécois ont raison d’être euphoriques, ils ont trouvé un gouvernement à leur main, a réagi le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau, au budget présenté par le ministre Leitão. À la lecture du Plan économique du Québec, on voit de quelles affaires se préoccupe le ministre. En fait, il n’en a que pour le monde des affaires, il ne s’occupe pas des affaires du monde. »
Selon le porte-parole de la CSN, le gouvernement favorise outrancièrement les entreprises par d’importantes réductions d’impôt et allègements fiscaux, alors qu’il laisse en plan les citoyennes et les citoyens qui vivront des compressions encore plus importantes que celles imposées par le premier budget Leitão, en juin dernier. « Le gouvernement va beaucoup plus loin que les coupes draconiennes qui continuent de frapper les services publics et les programmes sociaux, a poursuivi Jacques Létourneau. L’austérité se poursuit à la vitesse grand V. »
Et les revenus ?
La CSN estime que le gouvernement Couillard continue de se priver d’importantes sources de revenus et, malgré ses prétentions, rien ne garantit que les allègements fiscaux dont bénéficieront les sociétés et les PME assureront la création d’emplois. « Le budget ne prévoit aucune mesure en ce sens, et l’histoire économique récente du Québec nous enseigne que les patrons n’investissent pas suffisamment dans leurs entreprises, ne créent pas assez d’emplois ; ils sont nombreux à engranger des profits ou à les transférer dans des paradis fiscaux », dénonce le président de la CSN, qui rappelle que les allègements prévus au budget totaliseront plus de 2,5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Après moins d’un an de pouvoir, les ministres Leitão et Coiteux font aujourd’hui montre d’une arrogance affichée en montrant un tel parti pris en faveur des entrepreneurs du secteur privé. En outre, les mesures d’allègement qui sont proposées pour les particuliers sont pour le moins faméliques. « L’abolition graduelle de la contribution santé dans deux ans et la mise en place d’un bouclier fiscal sont de bonnes mesures, mais nettement insuffisantes en comparaison des nombreux et importants avantages qui sont consentis sans réserve aux sociétés. »
L’hécatombe des services publics
Le budget fait odieusement porter le poids des compressions dans les services publics sur le dos des citoyennes et des citoyens. Jacques Létourneau : « Le budget précédent avait prévu une hausse de 3 % des dépenses en santé et de 2,2 % en éducation, soit beaucoup moins que les coûts de système qui s’établissaient autour de 4,5 % dans la santé. Or, tous les établissements de santé et d’éducation ont dû couper dans des services directs à la population, a mentionné Jacques Létourneau. Le budget qui nous est présenté aujourd’hui va beaucoup plus loin dans les mesures austères avec une hausse des dépenses en santé de 1,4 %, de 0,2 % en éducation et une diminution 1,1 % pour tous les autres programmes. C’est l’hécatombe dans nos réseaux publics et il sera impossible de répondre aux besoins de la population. Tout est en place pour provoquer une récession économique, mais aussi sociale. » La CSN tient à dénoncer le peu de considération dont continue de faire preuve le gouvernement Couillard à l’égard des travailleuses et des travailleurs du secteur public québécois dans ce budget. « Je rappelle au ministre que la négociation est en cours. En martelant des positions inacceptables, il pave la voie à une intensification des moyens de pression. La perte du pouvoir d’achat depuis des années et l’alourdissement des conditions de travail des employé-es de l’État commandent du gouvernement qu’il fasse preuve de beaucoup plus d’ouverture », a souligné le président de la CSN.
Fusions d’organismes : les missions en péril
Concernant les fusions et des réorganisations d’organismes gouvernementaux, la CSN s’inquiète de leur capacité réelle de préserver les missions qui leur sont propres, en particulier en regard des travailleuses et des travailleurs non syndiqués. Rappelant que plusieurs des organismes visés ne sont pas financés par le gouvernement, le président de la CSN a appelé le gouvernement à la prudence et lui a demandé de reconsidérer cette mesure.
La CSN représente plus de 325 000 travailleuses et travailleurs dans tous les secteurs d’activité partout au Québec, dont 170 000 dans la santé, les services sociaux, l’éducation et les organismes gouvernementaux.