Exaspérés par le manque criant d’effectifs et de véhicules d’urgence sur la route, les paramédics d’Urgences-santé réclament l’ajout immédiat et permanent de ressources ambulancières afin de répondre adéquatement aux besoins des quelque 2,3 millions de personnes vivant à Montréal et à Laval. Voilà pourquoi ils ont adopté récemment un plan d’action comportant différents moyens de pression légaux qu’ils entendent mettre en application au moment jugé opportun. Les paramédics vont ainsi refuser de faire des heures supplémentaires après un quart normal de travail pour des blocs de temps variant de une heure à quatre heures, comme cela se fait jusqu’à maintenant. Seuls les quarts de travail complet en heures supplémentaires seront comblés. Ils vont aussi refuser de répondre aux appels survenant après la fin de leur quart de travail, comme c’est le cas à l’heure actuelle. Enfin, ils vont se faire entendre par le biais de manifestations diverses pour appuyer leur demande d’ajout de ressources.
Cette exaspération s’explique par le fait que les paramédics n’arrivent plus à répondre, dans les temps requis, à 100 % des besoins identifiés en soins et services préhospitaliers d’urgence, d’où leurs craintes pour la sécurité de la population desservie et pour leur propre santé. Il manque quotidiennement de 5 à 10 véhicules d’urgences pour répondre aux besoins sur les territoires de Montréal et de Laval. Ce déficit est continuel, malgré les mesures mises en place par Urgences-santé (dont le recours aux heures supplémentaires ciblées selon le volume d’appels en attente) et en dépit de la présence des premiers répondants depuis 2009 sur l’Île de Montréal. La Ville de Laval, pour sa part, ne dispose pas de premiers répondants. En effet, les données compilées par le Syndicat du préhospitalier (CSN) montrent que la situation n’a cessé de se détériorer pour les appels de priorité 1, qui comprend les difficultés respiratoires sévères, les infarctus et les accidents de la route. Le nombre d’affectations d’ambulances est ainsi passé de 266 362 en 2005-2006 à 291 780 en 2012-13, en hausse de 9,5 %. Quant au temps de réponse moyen des paramédics pour les appels urgents, il a bondi à 9,99 minutes, comparativement à 9,01 minutes en 2005, soit une augmentation de 10,9 % ! En 2005-2006, ce temps de réponse moyen ciblé alors par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) avait été fixé à 8,59 minutes dans 90 % des cas de priorité 1. Or, les paramédics constatent aujourd’hui qu’ils ne peuvent respecter ce délai de réponse que dans plus ou moins 50 % des cas.
Pour Réjean Leclerc, président du Syndicat du préhospitalier affilié à la FSSS–CSN, « ces délais sont carrément inacceptables et mettent en péril la santé et même la vie des personnes qui nous sont confiées. Il faut que le gouvernement et Urgences-santé ajoutent rapidement des ressources. Il y a une urgence à agir ! » Au cours de derniers mois, les représentants syndicaux ont déployé maints efforts pour tenter de trouver des solutions viables et permanentes, sans toutefois parvenir à des résultats tangibles. « Il y a eu pas moins d’une vingtaine de rencontres avec la direction d’Urgences-santé entre mai et novembre dernier concernant les horaires de travail pour l’année 2014 et le manque d’effectifs, sans résultats tangibles. Et les réponses du côté du MSSS se font toujours attendre. Or, notre patience a atteint ses limites. Des vies pourraient être en danger ! », conclut Réjean Leclerc.
À propos de la CSN et de la FSSS
Le Syndicat du préhospitalier représente quelque 940 ambulanciers-paramédics. Il est affilié à la FSSS-CSN qui compte près de 130 000 syndiqués-es œuvrant dans les secteurs public et privé. Pour sa part, la CSN regroupe plus de 300 000 membres présents dans la plupart des secteurs d’activité.