Au lendemain du débat des chefs au cours duquel fut abordée la situation du français dans les milieux de travail de Montréal, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) tient à déplorer la banalisation de la problématique faite par le chef du Parti libéral du Québec, monsieur Philippe Couillard. Ce dernier s’est montré complaisant quant à l’exigence du bilinguisme pour des emplois ne nécessitant pas cette qualification et qui, en plus de restreindre l’accès au marché du travail pour bon nombre de Québécois, vient également envoyer un message peu cohérent par rapport aux efforts de francisation des nouveaux arrivants. Pire encore, ses propos démontrent le peu de considération que Philippe Couillard porte à la langue nationale, de même que sa méconnaissance de la situation du français en milieu de travail.
Pourtant, les faits sont clairs : le français recule. La CSN constate que, selon les données de l’OQLF de 2012, la proportion de personnes travaillant généralement en français (90% ou plus du temps) a considérablement diminué au cours des dernières années, passant de 73% à 66% entre 1989 et 2010. Un taux similaire à ce qui existait avant l’adoption de la Charte de la langue française. Dans le Grand Montréal, cette proportion est passée de 56% en 1989 à 51% en 2010. Dans les entreprises du secteur privé, le phénomène est encore plus inquiétant. Le taux de la main-d’œuvre travaillant généralement en français à l’échelle du Québec s’élevait à 70,8% en 1989 pour diminuer à 68,4% en 1997, puis à 59,7% en 2010. Pour le Grand Montréal, la proportion des personnes travaillant généralement en français est passée de 51,4% en 1997 à 44,6% en 2010.
Philippe Couillard peut-il ignorer ces données? La maison brûle, le travail s’anglicise. « Travailler en français ? Why ? » s’interroge le chef du Parti libéral du Québec. Quel aveuglement ! La Charte de la langue française doit être renforcée et le français reprendre la place qui lui revient, c’est-à-dire celle de « la » langue commune du Québec, dans la rue comme au boulot.
À propos de la CSN
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.