Dans son rapport du printemps déposé hier, le vérificateur général du Canada, Michael Ferguson, a lancé un avertissement : d’ici cinq ans, la population carcérale augmentera plus rapidement que le prévoit l’actuel plan d’agrandissement du Service correctionnel du Canada (SCC), ce qui replongera le système dans un autre cycle de surpopulation et de violence.
Pire, a observé le vérificateur général, ni le SCC ni le ministère de la Sécurité publique ne semblent avoir envisagé de solution afin de pallier au manque d’espace anticipé.
Son rapport fait mention de plusieurs lacunes que le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) a décelées depuis des années.
« Nous avons essayé d’avoir un dialogue sur les transformations de notre système pénitentiaire depuis l’adoption de plusieurs lois durcissant les peines criminelles, mais le gouvernement Harper fait la sourde oreille aux demandes de ceux et de celles qui travaillent en première ligne », mentionne le président national d’UCCO-SACC-CSN, Kevin Grabowsky.
Les effets de ce refus de consultation apparaissent clairement dans les prisons canadiennes. Le vérificateur général a d’ailleurs fait mention des conséquences des compressions budgétaires, soit le surpeuplement et la double occupation des cellules, qui causent « une augmentation des tensions, des agressions et des actes de violence. »
« Je travaille au SCC depuis 35 ans, mais je n’ai jamais vu un niveau de violence égal à celui que nous rencontrons aujourd’hui, a dit M. Grabowsky. C’est un risque énorme pour la sécurité de nos membres, mais aussi pour celle de la population du Canada. Nous n’avons pas les ressources ni les infrastructures nécessaires à une réhabilitation adéquate des détenus. Or, la plupart d’entre eux circuleront un jour dans nos quartiers. »
Malheureusement, l’agrandissement de plusieurs établissements afin de pallier l’augmentation de la population carcérale n’a pas été jumelé à une hausse de financement, et donc de services, pour les soins de santé, les unités d’isolement ou les programmes de réinsertion.
« De plus en plus de détenus subissent des pressions afin qu’ils deviennent membres de bandes criminalisées, ce qui est pour eux un moyen de protection contre l’intimidation et les assauts, a ajouté le président du syndicat. Mais ils resteront membres de ces bandes en quittant le pénitencier. Et c’est la population qui écopera. »
Finalement, M. Grabowsky lance un appel au nouveau ministre de la Sécurité publique, Stephen Blaney, afin qu’il accepte l’invitation du syndicat de discuter de l’identification des ressources nécessaires à un système pénitentiaire plus sécuritaire et efficace.