Des ambulanciers tiennent ce matin des actions de visibilité aux abords de quatre ponts menant à Montréal et à Laval ainsi que des stations de métro. Ils vont y déployer de larges banderoles et distribuer des milliers de feuillets d’information aux citoyens. Ils réclament un ajout immédiat de ressources ambulancières sur les routes alors que les paramédics arrivent très difficilement à répondre aux appels de détresse dans des délais médicalement requis.
De l’argent pour les cadres, mais pas pour les services
Pour les paramédics, cette demande est d’autant plus justifiée qu’Urgences-santé n’a toujours pas fait ses devoirs, soit de réduire le nombre de ses cadres qui s’est accru de 15 % en une seule année ! En effet, en mai 2013, la direction générale d’Urgences-santé a confirmé devant la Commission de l’administration publique avoir embauché 12 cadres supplémentaires en 2011-2012, passant de 80 en 2010-2011 à 92 cadres. Or, en mai 2013, les paramédics demandaient expressément à Urgences-santé un ajout de ressources sur les routes pour pallier déjà au manque d’ambulances. Depuis, la corporation fait toujours la sourde oreille en arguant ne pas avoir les moyens financiers pour améliorer les services à la population. « Jusqu’à présent, affirme Réjean Leclerc, président du Syndicat du préhospitalier (CSN), nous avons eu droit à des reports par-dessus reports des autorités qui semblent se terrer dans le silence et l’inaction, en dépit de la dégradation de la situation et malgré nos appels à l’aide. Comme professionnels des soins préhospitaliers, mais aussi comme citoyens responsables, nous lançons à nouveau un cri d’alarme pour éviter le pire. Il y a urgence d’agir ! »
Des délais inacceptables
En raison du manque criant d’ambulances et de la hausse du nombre d’appels, les paramédics disent en effet ne plus être en mesure d’arriver à temps pour les cas de priorité 1. Ceux-ci comprennent les accidents de la route, les polytraumatisés aux causes multiples, les infarctus et les difficultés respiratoires graves. Malgré la présence de premiers répondants à Montréal seulement, ils font valoir que chaque minute de retard des paramédics peut être très dommageable, voire fatale pour une personne en détresse. Celles qui sont, par exemple, en arrêt cardiaque survenant hors de l’hôpital ont un faible taux de survie. Quant au pourcentage de succès d’une réanimation, il diminue jusqu’à trois fois chaque minute. Le syndicat rappelle deux cas récents qui illustrent bien la gravité de la situation des services préhospitaliers. Un premier appel pour un arrêt cardiaque est entré à 4 h 39 du matin. Les paramédics sont arrivés sur les lieux à 4 h 56 avec un délai de 17 minutes, soit bien au-delà de la norme médicalement requise fixée à 8 minutes 59 secondes par le MSSS en 2005. L’autre cas concerne une personne aux prises avec un problème diabétique sévère. L’appel est entré à 5 h 37, mais l’ambulance n’est arrivée sur les lieux que 27 minutes plus tard. Le syndicat a répertorié plus de 300 cas du genre en moins d’une année.
Poursuite des moyens de pression
« Les actions d’aujourd’hui s’inscrivent dans une gradation des moyens d’action durant les semaines à venir, ajoute Réjean Leclerc. Nous espérons que notre message soit clairement entendu par les décideurs. Nous souhaitons surtout qu’ils puissent profiter d’une rencontre expresse prévue le 17 février prochain pour apporter, enfin, des solutions viables et rassurantes pour les populations de Montréal et de Laval, soit l’ajout immédiat et permanent de ressources ambulancières sur les routes. » Depuis mai 2013, le Syndicat du préhospitalier a multiplié les démarches auprès d’Urgences-santé et du MSSS sans résultats jusqu’ici. Un plan de moyens de pressions a même été adopté en décembre dernier, qui comprend notamment des actions de visibilité et une série de moyens dits administratifs, comme l’arrêt du travail en heure supplémentaire après un quart normal de travail de même que le refus de répondre à des appels après la fin d’un quart.
À propos du syndicat
Le Syndicat du préhospitalier représente tous les ambulanciers-paramédics à l’emploi de la Corporation d’Urgences-santé, qui sont au nombre de 950. Il est affilié à la FSSS-CSN qui compte près de 130 000 syndiqués-es œuvrant dans les secteurs public et privé. Pour sa part, la CSN regroupe plus de 300 000 membres présents dans la plupart des secteurs d’activité.