Les travailleuses des CPE accentuent la mobilisation pour faire avancer leur négociation avec le gouvernement. Dans le contexte où le réseau des CPE a de plus en plus de mal à attirer et à retenir le personnel, les travailleuses proposent des solutions pour améliorer la situation. Incursion dans le quotidien de ces femmes qui, chaque jour, changent concrètement la vie de milliers d’enfants
Une profession en manque de valorisation
Chaque matin, des milliers de parents se déplacent vers les CPE. Il suffit de passer un peu de temps dans un centre pour réaliser à quel point c’est un travail inspirant, mais exigeant. Les travailleuses et les éducatrices, en passant par les responsables de l’alimentation et le personnel des bureaux, veillent du mieux qu’elles peuvent au développement des enfants. Elles le font à travers les cris incessants, les pleurs et l’agitation des petits. Mais aussi à travers l’amour débordant des enfants à leur égard.
« Quand on décide de travailler en CPE, on fait le choix d’une profession marquante pour nos tout-petits. Mais rapidement, on réalise que les conditions dans lesquelles on doit effectuer notre travail sont loin d’être optimales. C’est pour ça que si peu de personnes font le choix de s’inscrire en technique d’éducation à l’enfance. Ça nous préoccupe beaucoup. On espère que notre négociation entraînera des modifications qui convaincront la relève de rejoindre le réseau », explique Stéphanie Vachon, représentante des CPE de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).
Les travailleuses des CPE syndiquées à la CSN ont tenu trois jours de grève nationale à travers le Québec entre la fin janvier et le début mars. Elles seront également en grève les 18 et 19 mars prochains pour protester contre le peu d’égards du gouvernement envers leur métier.
Le gouvernement se traîne les pieds
La négociation des CPE avance lentement. Le gouvernement propose des reculs. Il réclame davantage d’heures de travail, alors que les éducatrices sont déjà à bout de souffle. Ces dernières ont donc pris la décision de lancer un mouvement de grève national. La CSN, qui représente 80 % des CPE syndiqués, a une force de frappe impressionnante dans le secteur. Depuis la fin janvier, des journées de grève nationale ont lieu dans toutes les régions du Québec. Les quelque 13 000 travailleuses se mobilisent pour freiner la pénurie de personnel et valoriser leurs emplois. Grâce à la mobilisation, ça bouge enfin à la table de négociation.
Les travailleuses ne sont pas seules. Des milliers de parents témoignent de leur appui aux demandes du personnel. Récemment, plus de 300 conseils d’administration de CPE ont transmis une lettre au gouvernement pour appuyer les éducatrices.
« Le réseau des CPE, on y tient vraiment. Et on sait que les parents aussi. Ils sont à même de voir à quel point nous jouons un rôle important pour leurs tout-petits. Quand ils quittent le CPE le matin, ils savent que leur enfant est entre de bonnes mains. Et quand leur enfant raconte toutes ses activités de la journée, ils réalisent que les CPE jouent un rôle clé dans le développement des tout-petits », poursuit Stéphanie Vachon.
Des places qui se font attendre
Le gouvernement Legault fait face à des critiques répétées de la part de milliers de familles qui attendent impatiemment une place dans un CPE. Tout près de 30 000 enfants patientent pour une place dans le réseau. La stratégie de négociation du gouvernement freine l’ouverture des places nécessaires. En effet, pour réussir à combler les besoins, il faut d’abord et avant tout s’assurer d’avoir des travailleuses et des travailleurs qui donneront les services aux enfants.
« Si, collectivement, on veut offrir le meilleur à nos enfants, toutes les études montrent qu’il faut pouvoir compter sur le réseau des services de garde éducatifs. Le gouvernement doit cesser de miser sur le privé et doit mettre ses énergies là où les meilleurs services sont donnés. C’est pourquoi il est d’autant plus important d’améliorer les conditions de travail et les salaires des travailleuses des CPE », conclut Lucie Longchamp, vice-présidente de la FSSS–CSN.