Le contenu de la mise à jour économique a été éclipsé par la démission fracassante de la ministre Freeland, mais nous croyons qu’il est utile et nécessaire d’y revenir. L’économie canadienne est plus importante que le jeu politique actuel. L’arrivée prochaine de Trump à la Maison-Blanche exige de ne négliger aucune mesure préventive pertinente.
L’énoncé, qui contient 21,1 milliards de dollars sur six ans de nouvelles dépenses, consacre pas moins de 17,4 milliards de dollars de celles-ci à un allégement fiscal pour les entreprises afin de leur permettre l’achat d’équipement en vue d’augmenter la productivité. Cette mesure a déjà été utilisée et n’a jamais fait ses preuves. Les investissements des entreprises dépendent beaucoup plus de la vigueur du marché que du soutien gouvernemental.
Pendant ce temps, le monde syndical demandait de maintenir les transferts pour soutenir la formation des travailleuses et des travailleurs. Absente de l’énoncé économique, cette mesure de 625 millions de dollars par an est pourtant beaucoup moins dispendieuse. S’assurer d’une main-d’œuvre qualifiée pour les nouvelles technologies est pourtant essentiel à la productivité du pays. Celle-ci ne passe pas seulement par les machines, mais aussi par des humains bien formés.
Autre abonnée absente de l’énoncé économique, la réforme de l’assurance-emploi qui était promise depuis 2015 et soutenue par un projet de loi du Bloc québécois. Pire, la mesure, qui permettait de prolonger de quatre semaines les prestations des travailleuses et des travailleurs saisonniers, n’a pas été renouvelée. Or, différents secteurs risquent de souffrir des tarifs douaniers annoncés par le nouveau président américain Donald Trump. On aurait souhaité une plus grande prévoyance du gouvernement du Canada.
Les secteurs de l’aluminium, de l’acier, de la forêt, de l’agroalimentaire et de la culture seront probablement aux premières loges du conflit commercial à venir. Où est le plan du gouvernement fédéral pour soutenir ces secteurs et leurs emplois ?
Plusieurs critiques de l’énoncé économique portaient sur le déficit important pour l’année dernière (61,9 milliards de dollars en 2023-2024). Or, ces nouvelles mesures budgétaires ne représentent pas la seule explication de ce déficit. Les revendications autochtones, tout à fait légitimes, ont eu un impact financier auquel aucun gouvernement, quel qu’il soit, n’aurait pu échapper. Pour les prochaines années, on dénote peu de changement lorsque l’on compare la taille du déficit ou celle de la dette à la taille de l’économie canadienne.
Il y aurait certes des économies à faire dans cet énoncé économique, comme de couper toutes les formes de soutien à l’industrie pétrolière. Il faut néanmoins conserver notre calme sur les finances publiques. La dette canadienne est la plus basse des pays du G7. Notre voisin américain, par exemple, se dirige vers un déficit budgétaire de plus de 7 % du produit intérieur brut alors que celui qui est prévu au Canada en 2024-2025 ne représente que 1,6 % du PIB. Les cadeaux fiscaux annoncés par Trump pour les plus riches et les entreprises risquent d’ailleurs d’accroître encore davantage le déficit américain.