Dès son arrivée en poste, Frédéric St-Hilaire, agent syndical du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CHU de Québec–CSN, a compris que la cohabitation des deux urgences causait des problèmes importants. « J’ai visité les lieux dès mon second jour d’implication au syndicat et je suis arrivé au moment où un patient en psychose, complètement nu, courait dans les locaux en lançant des plateaux aux personnes qui tentaient de le calmer. J’ai tout de suite saisi le problème de cohabitation des deux urgences et les importants risques liés à la situation. »
Frédéric entreprend alors le travail afin de mieux faire face à ce genre de situation. « Dès 2019, nous avons interpellé l’employeur afin de trouver des pistes de solutions, souligne la présidente du syndicat, Caroline Verret. On constatait que la violence augmentait de jour en jour, qu’elle touchait désormais tout le monde et que, malgré nos interventions répétées auprès de la direction, aucune mesure importante n’était prise pour s’attaquer aux problèmes. »
Le 9 décembre 2021, un patient en crise s’égorge avec une arme contondante devant 39 personnes, dont 18 enfants. Cet événement extrême pousse le syndicat à exiger un cheminement distinct pour chaque urgence, à interpeller la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et à demander du soutien et des outils à la CSN. Dès ce moment, à leur demande, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN ainsi que le Service de santé-sécurité et d’environnement de la CSN épauleront les deux unités syndicales concernées par ce problème qui mine la santé physique et psychologique de leurs membres et qui devient un enjeu de santé publique.
Deux employeurs impliqués
« Il faut comprendre que l’urgence générale relève du CHU alors que l’urgence psychiatrique, qui occupe un espace loué au CHU, relève du CIUSSS. Les problèmes d’aménagement sont donc complexes à gérer à cause de cette dynamique de location des lieux, précise Jean-Renaud Caron, vice-président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale–CSN. Or, lors de la dernière négociation, nous avons obtenu des budgets en santé globale pour répondre à ce type de problèmes en santé et sécurité du travail (SST). Nous avons donc utilisé ce forum afin de monter un projet de prévention adapté à la situation. »
À la suite d’une consultation de l’ensemble des préposé-es aux bénéficiaires des deux urgences pour bien comprendre les problèmes auxquels ils faisaient face, deux projets en prévention de la SST ont été mis en œuvre en vertu d’une lettre d’entente qui a été négociée à cet effet.
Un plan d’action collé sur les risques
« Mon rôle fut de concevoir un plan d’action visant à renforcer la formation et l’utilisation des équipements de protection individuelle afin d’agir en prévention, explique Laurence Baron, agente syndicale du CIUSSS de la Capitale-Nationale. On a donc évalué tous les risques sur lesquels nous avions du contrôle afin de se doter des outils adéquats pour y faire face. Nous sommes très fiers que notre plan d’action englobe l’ensemble des salarié-es, même celles et ceux qui font partie des autres organisations syndicales présentes dans nos milieux de travail. »
« On ne peut pas réduire le risque lié à la situation des patients que nous recevons à l’urgence, mais nous pouvons toutefois cerner tous les autres risques sur lesquels il est possible d’agir, et c’est exactement ce que nous avons fait. Ce fut un travail d’équipe très stimulant qui démontre qu’en prenant en charge les situations problématiques en matière de SST, on peut assainir nos milieux de travail », conclut Laurence Baron.
Lien pour la version vidéo.