Les cols bleus de Sorel-Tracy dénoncent la campagne de peur menée par la Ville

En grève générale illimitée depuis le 17 mai, le Syndicat des employé-es municipaux de Sorel-Tracy–CSN se désole de la campagne de peur que la Ville mène auprès des citoyennes et des citoyens dans le but de discréditer les demandes salariales des cols bleus. Le Syndicat invite plutôt l’administration municipale à s’assoir à la table et à négocier de bonne foi.

« Nous, les cols bleus, souhaitons réitérer que nos demandes ne visent qu’à maintenir notre pouvoir d’achat et ne pas nous appauvrir davantage », affirme Martin Gingras, président du Syndicat des employé-es municipaux de Sorel-Tracy–CSN.

Les demandes salariales des cols bleus se basent sur l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’inflation, un argument que le maire utilisait pourtant il y a quelques mois à peine pour justifier l’augmentation de taxes. « Nous avons déjà réduit nos demandes et nous sommes prêts à dialoguer depuis 15 mois. À l’opposé, l’administration Péloquin demeure fermée et préfère discréditer nos revendications sur la place publique plutôt que de négocier avec nous », dénonce M. Gingras.

Au surplus, le maire vient d’annoncer que la Ville a engrangé de meilleurs revenus que ceux anticipés soient 5,6 M$ pour la dernière année. Les cols bleus invitent la population à questionner les dirigeants de la Ville. Ils tiennent à rappeler qu’ils ont à cœur les citoyennes et les citoyens de Sorel-Tracy. Ils souhaitent pouvoir continuer de leur offrir des services de qualité.

Comparables
Le maire de Sorel-Tracy justifie son inaction à la table de négociation notamment par l’équité avec les autres villes. « Un simple comparatif de près d’une trentaine de municipalités québécoises de tailles diverses ayant récemment renouvelé leurs conventions collectives démontre un rattrapage salarial en 2022 et/ou 2023 afin de tenir compte de l’inflation », indique Simon Mathieu Malenfant, vice-président trésorier de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

De plus, la directrice du Service des ressources humaines, madame Desbiens affirme qu’au cours des 10 dernières années, la Ville a été plus généreuse que l’IPC. Elle omet cependant de mentionner qu’en obtenant ces augmentations, les travailleuses et travailleurs ont aussi dû essuyer des reculs dans leurs avantages sociaux.

« Nous demandons aux citoyennes et aux citoyens de ne pas se laisser berner par la campagne de peur de l’administration Péloquin et plutôt d’appuyer les cols bleus dans leurs revendications. Trop de travailleurs ont quitté leur emploi à la Ville au cours de la dernière année. Travaillons ensemble pour que Sorel-Tracy redevienne un endroit où les emplois sont attrayants, en cette période de pénurie de main-d’œuvre », souligne pour sa part Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN.

De légères modifications aux statuts et règlements

Les congressistes ont adopté aujourd’hui quelques amendements aux statuts et règlements ainsi qu’au code des règles de procédure de la CSN.

En ce qui a trait aux statuts et règlements, les changements visent notamment à prévoir la possibilité de tenir un congrès ou un congrès extraordinaire en mode virtuel, en cas de force majeure. Il sera également possible, selon les statuts et règlements amendés, de tenir les élections pour les postes au comité exécutif par l’entremise d’une plateforme numérique.  

L’un des autres amendements adoptés prévoit qu’un congrès extraordinaire devra être organisé en cas de vacance au comité exécutif, sauf s’il reste moins de six mois pour terminer le mandat. Un tel congrès extraordinaire pourrait se tenir en mode virtuel.

D’autres amendements aux statuts et règlements ont été adoptés. De façon générale, ils visent à préciser certains articles déjà existants.

Procédure

Le code des règles de procédure a aussi été mis à jour, notamment pour inclure la tenue potentielle d’un congrès en mode virtuel, y compris la procédure de vote. Quelques autres mises à jour ont été effectuées.

Rappelons que les règles de procédure de la CSN sont inspirées de celles qui ont été proposées par le notaire Victor Morin, en 1938, dans son ouvrage Procédure des assemblées délibérantes, mieux connu comme le Code Morin.

La syndicaliste américaine qui veut électrifier les trains

« On vise l’électrification des trains taxis qui déplacent les wagons dans les gares de triage. Ce serait un gain du point de vue de la justice climatique, de la justice raciale et de la justice en matière de santé », mentionne Kari Thompson, responsable de la formation et de la stratégie internationale pour United Electrical (UE) des États-Unis.

En visite au congrès de la CSN, la syndicaliste américaine explique que les syndiqué-es de Wabtec ont déjà un prototype de locomotive hybride et entièrement électrique. Leur introduction réduirait la pollution pour les travailleuses et les travailleurs des gares de triage et des entreprises ferroviaires. Elle viendrait également diminuer la pollution dans les quartiers où se trouvent ces gares. Dans les grandes villes des États-Unis, ces quartiers sont souvent des endroits où résident des personnes racisées. Le gain est donc triple, pour le quartier, pour les syndiqué-es et pour l’environnement.

Le syndicat de UE ne se contente pas de fabriquer les trains électriques, il milite aussi afin de faire changer les règles qui limitent la pollution des trains de l’Environmental Protection Agency (EPA). « Des règles plus strictes sur les moteurs pourraient forcer les compagnies à acheter électrique », estime Kari Thompson, selon qui l’EPA est en voie de passer à l’action. Or, comme l’industrie ferroviaire du Canada et celle des États-Unis sont interconnectées, le lobby syndical de UE pourrait avoir un effet de notre côté de la frontière.

Solidarité internationale

Au-delà de l’exemple des trains électriques, la solidarité internationale peut s’exprimer de plusieurs façons.

« On doit mieux communiquer entre nous, fait valoir la représentante de UE. Elle précise que les gains en négociation des uns peuvent aider les autres syndicats dans les pays où cette multinationale est établie. Kari Thomson donne l’exemple de syndicats en Belgique, qui profitent de lois sur l’accès à l’information pour les entreprises et qui peuvent parfois informer les syndicats de la même multinationale dans d’autres pays.

La collaboration internationale entre les syndicats peut également s’appliquer lors de la négociation et de la mise en place des accords de commerce international. La représentante de UE rappelle que les derniers accords et programmes de soutien du secteur automobile incluent des exigences de fabrication en Amérique du Nord. Or, si les usines vont au Mexique, les conditions de travail ne seront pas les mêmes, conclut-elle.

Les salarié-es de Care Montréal ont gagné leur bataille

À l’origine, CARE Montréal est une petite halte chaleur d’Hochelaga destinée à la population en situation d’itinérance. Mais rapidement, l’organisme voit son financement être bonifié par le CIUSSS du Centre-Sud : son enveloppe budgétaire bondit de 11 millions de dollars. Le nombre d’employé-es passe alors de quelques-uns à environ 200 travailleuses et travailleurs qui fournissent nourriture et abris à plus de 250 usagères et usagers.

Pour les nouveaux salarié-es, commence alors la confrontation avec un employeur difficile et des conditions de travail déplorables, même pour les standards du milieu communautaire. Manque de respect, changements de tâches arbitraires, harcèlement, népotisme, piètre qualité ou absence des équipements de protection individuelle en pleine pandémie, la liste est longue. Après une campagne de syndicalisation difficile marquée par des représailles et de l’intimidation de la part de l’employeur, le Syndicat des travailleuses et travailleurs en intervention communautaire–CSN est enfin accrédité, le 8 mars 2022. Des négociations laborieuses en présence d’une conciliatrice du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale débutent alors.

« Ce combat syndical n’a pas été facile, ça m’a rassurée de pouvoir compter sur la CSN pour m’appuyer là-dedans, de savoir que j’avais quelqu’un de mon bord », explique Selena Goudreault, ancienne déléguée syndicale.

Détournements de fonds

À la fin de 2022, Catherine Roy Goyette, alors présidente du conseil d’administration de CARE, démissionne en claquant la porte. Elle dénonce des irrégularités financières de l’ordre de 600 000 $ qui auraient été commises par le directeur général et fondateur, Michel Monette. Dans un article de La Presse publié le 17 décembre dernier, l’ex-présidente évoque « d’importants contrats signés sans l’accord du conseil d’administration avec des proches, des disparitions de grosses sommes d’argent liquide, des doubles facturations, la facturation de services personnels […] ».

Pour les employé-es, ces malversations alléguées sont le clou dans le cercueil. « On s’en doutait depuis un moment, mais là c’était clair que le fondateur n’était pas là pour les bonnes raisons. Nous, les employé-es, on était là pour aider le monde », ajoute Selena Gaudreault.

Quelques semaines plus tôt, les employé-es étaient passés à un cheveu de faire voter une fusion de l’organisme avec le CAP St-Barnabé. À la dernière minute, l’employeur avait bloqué la procédure en utilisant un droit de veto. Qu’à cela ne tienne, les employé-es n’avaient pas dit leur dernier mot.

Lorsque les bailleurs de fonds ont pris la décision d’arrêter de financer l’organisme, CARE a été forcé de mettre la clé sous la porte. Enfin, les salarié-es pouvaient se joindre à leurs collègues du CAP St-Barnabé, lequel a récupéré les locaux et les financements de CARE à la suite d’un important travail de mobilisation. Pour les travailleuses et les travailleurs, cette transition représente des gains salariaux allant jusqu’à 5 $ l’heure et une amélioration du climat de travail.

Dans le milieu du travail communautaire, rien n’est jamais facile et si la transition vers le CAP St-Barnabé représente un progrès pour les anciens de CARE, ceux-ci sont toujours aux prises avec des enjeux propres au milieu. Faute de fonds, dans les derniers mois, le CAP St-Barnabé a dû interrompre certains de ses services aux usagers.

Ces dernières années, de plus en plus de travailleuses et de travailleurs du communautaire se mobilisent et adhèrent au mouvement syndical. En soutien à ce mouvement croissant, le STTIC–CSN, créé en 2003, est passé d’environ 7 sections en 2019 à presque 20 en 2023.

En collaboration avec la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux, le Conseil central de Montréal, le STTIC et ses membres continueront leurs luttes syndicales pour défendre et améliorer les droits des travailleuses et des travailleurs du communautaire que ce mouvement a mis en lumière.

L’oxygène du mouvement

Les agentes et agents multiplicateurs sont des militantes et des militants engagés sur le terrain afin d’établir des contacts et de développer la syndicalisation. Ils œuvrent dans des territoires inconnus et souvent hostiles. Les AMS sèment l’autonomie, la démocratie et la solidarité qui font la force de la CSN. Ces valeurs sont déterminantes pour l’organisation de milieux de travail non syndiqués.

Pour être efficace, une ou un AMS a besoin de préparation, de discernement et parfois d’un peu de chance.

Choisir son terrain pour s’en rendre maître

Les agentes et agents multiplicateurs en syndicalisation agissent près des milieux de travail pour des prises de contact, la distribution de contenus informatifs, la signature de cartes. La maîtrise du terrain consiste donc à repérer les zones à risque (propriété privée), celles qui sont exposées (entrée du site de travail) ou publiques (le Tim Horton au coin de la rue). Chacun de ces espaces possède ses propres règles du jeu. Une fois la question du terrain résolue par un repérage minutieux se pose la question de quand passer à l’action.

L’art subtil de se faire des camarades au travail

Les abus d’un employeur, la réputation de la CSN et ses victoires ne suffisent pas toujours à aller chercher de nouveaux membres. Convaincre du bien-fondé du syndicalisme est avant tout affaire de stratégie et de présence sur le terrain. La syndicalisation n’est pas nécessairement le premier réflexe pour régler ses problèmes au travail. Les AMS propagent par leurs actions la volonté de s’organiser dans nos régions. Ils sont un complément essentiel aux salarié-es du Service de syndicalisation de la CSN.

Le rôle infime, mais décisif de la chance

C’est souvent le manque de respect de l’employeur (sur le plan humain, organisationnel ou de la rémunération) qui agit en tant que force numéro 1 guidant l’adhésion syndicale. Toute campagne part d’un mécontentement profond et généralisé. Il faut donc trouver la bonne personne, au bon moment et au bon endroit. Il s’agit d’une part d’aléatoire non négligeable essentielle pour démarrer une campagne. Comme la présentation de l’action de syndicalisation de la CSN de mercredi l’a montré, la route est semée d’embûches antisyndicales : de l’envie de se syndiquer à l’accréditation, le travail d’AMS est parfois difficile et ingrat.

Mais ce que nous apprend l’histoire de la CSN depuis 1921, c’est qu’un combat juste doit toujours être mené.

Ces nouveaux syndicats qui joignent la CSN

Les témoignages présentés par vidéo au congrès sont accablants. « On était vraiment isolés. Parfois, on travaillait de longues journées et on n’était pas rémunérés, car on est payés à l’image », explique Calvin Brett, professionnel de l’animation 2D, pour décrire les conditions prévalant avant la syndicalisation de son milieu de travail.

Andréanne Girard, intervenante en maison d’accueil pour sans-abris, renchérit : « Il y avait du favoritisme et beaucoup d’injustices, on n’avait pas de sécurité d’emploi, on pouvait travailler à temps plein une semaine et seulement huit heures la semaine d’après ». Elle ajoute : « Quand j’ai demandé pourquoi les employé-es d’agence étaient mieux payés que nous, on m’a répondu que j’étais un leader négatif. Et que les leaders négatifs, ils seraient renvoyés », se rappelle Philippe Couture, Sauveteur et Poteau au Village Vacances Valcartier.

On ne naît pas syndicaliste, on le devient. Et trop souvent, ce sont les abus d’un employeur ou sa cupidité qui poussent à s’unir pour se faire respecter.

Un plan commun de syndicalisation
Sans le travail formidable de l’équipe de syndicalisation de la CSN et des agentes et agents multiplicateurs en syndicalisation (AMS), il aurait été impossible d’atteindre ces nouveaux camarades, a rappelé David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN. « Toutes les luttes que nous menons ensemble inspirent des milliers de travailleuses et de travailleurs et les incitent à joindre notre mouvement », résume-t-il. Lors de sa présentation mercredi portant sur les nouveaux syndicats affiliés à la CSN, il a évoqué le plan commun de syndicalisation animé par une coordination nationale et ses excellents résultats. David a évoqué l’objectif majeur d’augmentation du taux d’adhésion syndical au Québec pour augmenter le rapport de force face aux employeurs.

Le symbole Amazon
La multinationale, symbole de tous les excès du capitalisme et deuxième employeur le plus important des États-Unis, est pour David Bergeron-Cyr un enjeu mondial. La moitié des accidents de travail dans les entrepôts aux États-Unis se produisent d’ailleurs chez Amazon. Partout dans le monde, les employé-es de cette multinationale s’organisent pour se syndiquer et pour contester la gestion brutale et inhumaine de son PDG plein aux as – sa richesse personnelle représente un tiers du PIB du Québec.

Après le succès inspirant des employé-es d’Amazon à Staten Island, en banlieue de New York en janvier dernier (la toute première accréditation syndicale d’Amazon en Amérique du Nord), il est légitime pour la CSN d’appuyer la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs des entrepôts du Grand Montréal et d’ailleurs.

Le rapport de force, pourquoi et comment l’exercer ?

À la question portant sur la cohésion entre les orientations des organisations formant la CSN, plusieurs participantes et participants ont évoqué l’importance de « partir de la base ».

« Faut que ça parte du plancher et non le contraire », ont affirmé certains. « J’ai quitté une autre organisation exactement pour ça : on était gérés. On n’avait aucun contrôle sur notre syndicat ». D’autres ont toutefois nuancé. « Lorsqu’une organisation – un conseil central par exemple – se vote des orientations, ça vient des membres. Les syndicats ont aussi le devoir de faire vivre ces orientations, de les redescendre sur le plancher et d’y mener les débats. Ça part de la base, ça remonte, et ça doit redescendre. »

Sur l’éternel défi de favoriser la participation des membres, plusieurs ont souligné l’importance d’une communication efficace. Par efficace, on a sous-entendu « qui provoque l’écoute et engendre un dialogue ». D’autres ont évoqué la nécessité de bien comprendre la réalité des membres. Dans plusieurs syndicats, rejoindre les travailleuses et les travailleurs étrangers constitue un beau défi. « Chez nous, c’est 30 à 40 % de notre effectif. On a donc modifié nos méthodes pour aller vers une approche plus familiale, plus communautaire et ça fonctionne ! » Certains ont précisé avoir fait une place au sein du comité exécutif aux travailleuses et aux travailleurs d’origines diverses. « On n’a pas attendu qu’ils viennent à nous. On a pris les devants. Leur apport est précieux. »

À propos de ce que devrait être la priorité des actions politiques qui dénoncent les injustices vécues par les travailleuses et les travailleurs, le partage plus efficace de la richesse a largement été revendiqué. « Les plus riches de ce monde font 300 fois plus que nous autres. Y’en a de l’argent, de ce côté-là de la clôture. Ils ne veulent juste pas la partager. » Certains ont évoqué l’importance de partager non pas pour remettre aux individus, mais plutôt au collectif. « Dans les CPE, on a de plus en plus d’enfants à défis particuliers. On a besoin d’aide, on a besoin de soutien. Le partage de la richesse, ça doit servir au collectif aussi. »

Concernant la tenue d’éventuels états généraux sur le syndicalisme, la plupart étaient en faveur de ce genre d’exercice. Bien sûr, la délicate question de l’image médiatique du syndicalisme a fait réagir. « On est montré comme des chialeux, alors qu’on représente les solutions. Faut que le monde comprenne ça. » Toutefois, l’importance de la relève syndicale s’est démarquée comme l’un des enjeux prioritaires. « Si on est capables

d’attirer la relève, de convaincre de plus en plus de gens, il va en rester moins pour médire à propos des syndicats. La relève, c’est la clé. »

Finalement, l’analyse, le développement et l’exercice du rapport de force ont été ciblés comme étant prioritaires. Certains ont mis l’accent sur l’importance de bien calculer l’atterrissage suivant l’exercice musclé d’un rapport de force. « Quand ton rapport de force est très solide, les membres le savent et s’attendent à des résultats de même envergure. Il faut que le deal soit fort, sinon tes membres vont être déçus. De là toute l’importance d’analyser finement l’évolution de la conjoncture tout au long d’une négociation. »

Les résolutions seront débattues et soumises au vote demain.

Là où le mot « nation » prend tout son sens

Ce n’est pas d’hier que la CSN entretient des liens étroits avec les représentantes et les représentants du syndicat basque ELA (Solidarité travailleurs basques). À preuve, le premier contact entre la CSN et Amaia Muñoa, l’actuelle secrétaire générale adjointe du syndicat présente au congrès de la CSN, remonte à 2001, au Sommet des Amériques à Québec. Amaia venait alors tout juste d’être élue trésorière de ELA.

Une amitié tissée serrée
Malgré les images brouillées par les gaz lacrymogènes qui demeurent à l’esprit de bien des gens, les souvenirs que garde Amaia de cet événement demeurent limpides : « Je m’en souviens comme si c’était hier. Bien sûr, il y avait beaucoup d’agitation parmi les manifestantes et les manifestants et les affrontements avec les forces de l’ordre étaient particulièrement musclés. Mais ce qui m’a le plus marquée à l’époque, c’est cet accueil si chaleureux que nous avait réservé la CSN. C’est comme si nos partenaires de ce mouvement s’étaient fait un devoir de nous protéger dans tout le tumulte ambiant. C’est là que j’ai tissé mes premiers liens d’amitié avec le Québec et la CSN ».

Nations sans État et convergence des luttes
Lorsqu’on questionne Amaia et son collègue Unai Oñederra – lui aussi délégué de ELA présent au congrès de la CSN – sur la nature des liens qui unissent les deux organisations syndicales, les deux répondent du tac au tac : « Nous sommes deux grandes organisations syndicales évoluant au sein de nations sans État. Nous avons une histoire et un passé similaires, traversés par plus d’un siècle de luttes pour l’amélioration des conditions de travail de nos membres, mais aussi pour l’émancipation de nos nations respectives. Nous avons beaucoup appris de nos expériences mutuelles et avons encore beaucoup à apprendre de nos défis communs. »

Unai est aussi directeur de la Fondation Manu Robles-Arangiz créée par ELA en 1991 afin de promouvoir et de développer les valeurs du mouvement syndical basque. Pour lui, ces deux luttes, nationale et syndicale, sont indissociables : « La lutte pour l’amélioration des conditions de travail et des conditions de vie de nos compatriotes va de pair avec celle pour l’indépendance du Pays basque. Il s’agit des deux côtés de la même médaille », insiste-t-il.

Syndicalisme de combat
En plus de ces traits de convergence historiques, le style de syndicalisme même que pratique ELA s’apparente à celui de la CSN. « Pour faire face aux enjeux actuels et aux nombreux défis auxquels nous sommes tous collectivement confrontés, ça prend du nerf et de la détermination, explique Amaia. C’est ce que j’ai toujours aimé à la CSN, cette combativité dans le militantisme. On l’a vu encore dans la rétrospective des luttes présentée lors de la journée d’ouverture du congrès. C’est là qu’on voit tous les gains concrets qu’on peut réaliser lorsqu’on se mobilise avec pugnacité. »

50 ans de luttes conjointes : les syndicats demandent toujours le respect

La négociation du secteur public battant son plein, la CSN a voulu souligner les 50 ans du premier Front commun de 1972 par une courte rétrospective de cette négo au fil des ans. La projection du documentaire s’est close avec une ovation et des chants solidaires qui ont ouvert la troisième journée du rassemblement.

Dans la conjoncture politique du moment, les troupes se mobilisent devant un gouvernement qui « tend vers un appauvrissement des conditions de travail dans le secteur public », soutient François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Pour le responsable de la négociation des secteurs public et parapublic, « les travailleuses et les travailleurs, comme en 1972 avec Robert Bourassa, considèrent que le gouvernement Legault a peu de respect pour leur profession. C’est pour ça que le monde se mobilise. » Pour une huitième fois au cours de l’histoire québécoise, les trois grandes centrales syndicales, accompagnées cette fois de l’APTS, ont décidé de se réunir à la table des négociations.

« Le Front commun, c’est super important. On est toutes et tous dans le même bateau, on a besoin du plus de bras possible pour assurer une bonne mobilisation et pour que le message passe », avance Yves Sabourin, vice-président à la vie syndicale, à la mobilisation et à l’information du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux de l’Outaouais–CSN.

En 1972, la revendication principale était de 100 $ minimum par semaine. « En 2023, la moyenne de la demande salariale du Front commun équivaut, pour la première année, à 100 $ de plus par semaine. Le gouvernement dit que ça n’a pas de bon sens, mais en même temps, les député-es vont se voter dans quelques jours une augmentation de 30 %, ce qui équivaut à 582 $ par semaine. C’est rire de nous autres », affirme François Enault. Pour la majorité des élu-es, l’indemnité annuelle de base passerait à 131 766 $, à laquelle s’ajoutent des primes dans la plupart des cas.

Une privatisation accélérée

La sauvegarde des services publics est le nerf de la guerre dans la bataille de l’heure, pour les militantes et les militants du secteur. Avec le dépôt du projet de loi 15 et l’objectif d’implanter la mégastructure que sera l’agence Santé Québec, le mouvement vers la privatisation se fera en accéléré et ce sont les contribuables qui « risquent d’en payer la facture ». Pour le premier vice-président de la CSN, « la vraie bataille est celle du maintien des services publics forts au Québec. Il faut s’adresser à l’ensemble du monde, pour que le message soit bien compris par toute la population. Ce n’est pas vrai qu’on va laisser le gouvernement nous pousser vers une privatisation de plus en plus grande », ajoute-t-il dans son discours d’aujourd’hui.

Annoncer des reculs acquis au terme de longues batailles a habituellement un effet mobilisateur. Dans son dépôt de décembre dernier, la CAQ proposait des reculs dans les

régimes de retraite. Pour le Comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP), le gouvernement utilise comme prétexte les départs hâtifs à la retraite provoqués par la récente bonification du Régime des rentes du Québec (RRQ). Il cherche ainsi à réduire la rente et à reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre, alors que le régime est en pleine santé. « Un des avantages que les travailleuses et les travailleurs du secteur public ont, c’est bien le régime public de retraite. Ça mobilise notre monde que le gouvernement touche à ça », estime François Enault.

Ensemble, la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur. Cinquante ans après le premier Front commun, les centrales unissent une fois de plus leurs forces pour la ronde de 2023.

Pareils, mais différents

« Nos organisations mènent des luttes similaires, dont celle contre ce que nous appelons la digitalisation du travail, une dévalorisation qui se manifeste par l’absence ou le manque de créativité, les tâches répétitives, bref, par une perte de sens au travail. Cette perte de sens est accentuée par l’inégalité des statuts d’emploi qui implique forcément une inégalité des salaires versés. Alors que le secteur public tirait les conditions de travail vers le haut avec des emplois dits statutaires (permanents), nous constatons que le privé ne fait pas mieux et que même dans le public, les conditions sont tirées vers le bas avec la création de postes plus précaires.

« Les travailleuses et travailleurs sans-papiers vivent aussi de la discrimination similaire à celle contre laquelle vous luttez ici. Plus précaires, ils acceptent souvent des postes mal payés que d’autres refusent, des emplois peu valorisants. Nous militons donc pour qu’il y ait une régularisation de leur statut, ce qui amènerait automatiquement un rehaussement important de leurs conditions de travail afin de tirer ces salarié-es vers le haut et de contrer la dévalorisation du travail.

Et différents

« Notre organisation regroupe 1,5 million de membres, y compris les sans-emploi affiliés que nous représentons et à qui notre organisation verse les indemnités de chômage que nous recevons de l’État. Plus besoin de déclarer ses semaines au gouvernement, le versement se fait plus rapidement, plus facilement et nous soutenons leurs efforts pour retrouver un emploi, pour refaire leur CV, etc. Les sans-emploi sont membres à part entière et participent à tous nos congrès.

Contrer l’ubérisation et la précarisation du travail

« Nous travaillons aussi à la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs de plateforme, de celles et de ceux, par exemple, qui livrent des repas via des applications, les faux indépendants qui ont le même employeur, afin d’élever leurs conditions de travail. On veut assurer leur santé et leur sécurité au travail tout en leur donnant accès aux protections sociales. Nous avons récemment vu, au Brésil, des applications pour obtenir les services d’un avocat payé à l’acte et donc précarisé, et nous devons organiser ces nouvelles formes d’accès au travail afin de leur garantir de bonnes conditions d’exercice.

« Nous travaillons également sur la mise en place de lois qui imposeraient un devoir de vigilance. Cela impliquerait que les maisons-mères des multinationales soient responsables et redevables pour toute la chaîne de production, du producteur de cacao en passant par celui qui le transforme pour le consommateur. Nous avons d’ailleurs tissé des liens avec la CSN lors de la courte grève des salarié-es de Barry Callebaut, en septembre 2019. Puisque nous avons la transparence financière en Belgique, nous avons divulgué les renseignements financiers nécessaires à la négociation des salarié-es de Saint-Hyacinthe.

« Finalement, comme vous, nous vivons une montée de l’extrême droite et nous sommes très vigilants à cet égard. Les élections européennes arrivent chez nous en 2024, à tous les niveaux de pouvoir du pays, et cela coïncide aussi avec les élections syndicales qui ont lieu tous les quatre ans. Nous avons des règles concrètes afin d’éjecter tout délégué-e affichant de telles postures politiques. Il n’est pas question pour nous de laisser l’extrême droite prendre place dans des organisations qui luttent pour la solidarité, l’entraide et la justice sociale. »

Une première série d’ateliers portant sur la transformation et la protection de nos emplois

Deux propositions du comité exécutif sont soumises aux membres en atelier avant d’être débattues en plénière jeudi après-midi. Retour sur la première série qui s’est déroulée ce matin et qui abordait le thème de la transformation et de la protection de nos emplois.

Mise au jeu de la première thématique

Un premier panel composé d’Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat chez Nature Québec et de Bruno-Pierre Gauthier, président du secteur transport à la FEESP–CSN, a abordé les défis liés à la transition énergétique à partir de l’exemple de l’électrification des transports collectifs. Les panélistes ont mis l’accent sur « l’importance d’écouter les gens qui sont au cœur de la machine » pour s’assurer d’une transition durable et juste qui ne laisse personne derrière.

En plus des impacts de la crise climatique, la proposition du comité exécutif aborde les conséquences sur la transformation de nos emplois des changements démographiques, des progrès technologiques, de la robotisation des entreprises, de l’intelligence artificielle ou de la délocalisation de nos emplois. Face à ces réalités complexes, la CSN souhaite entendre ses membres pour mieux orienter ses actions dans les années à venir.

Une formule revisitée

Pour ce 67e congrès, davantage d’espace a été prévu afin que les membres puissent échanger en petits groupes et s’approprier les enjeux avant de débattre plus formellement des propositions en plénière. Trente et un ateliers composés d’une quarantaine de personnes ont permis aux membres d’échanger sur les impacts de ces transformations dans leurs milieux, à partir d’une diversité de réalités tant sectorielles que régionales.

Les délégué-es ont parlé des emplois menacés par les progrès technologiques, dans les secteurs du commerce et de l’industrie, mais également dans les milieux moins affectés par ces changements historiquement, tels que les services de santé et l’éducation. La déshumanisation du travail inquiète pour ses effets sur les services et ses répercussions sur la santé mentale des salarié-es : « Les êtres humains ont appris à travailler ensemble, mais on n’a pas encore appris à télétravailler sans que ça génère une forme ou une autre de détresse psychologique ». On souligne que ces progrès peuvent aussi être à l’avantage des travailleuses et des travailleurs s’ils permettent d’améliorer la qualité des services et de leur vie au travail. Mais pour cela, les salarié-es doivent être au cœur des discussions, ce sont les vraies personnes expertes de l’organisation du travail.

On réclame plus de moyens pour accompagner les travailleuses et les travailleurs dans ces transformations : « Lorsqu’on constate que 70 % de la pollution est produite par les grandes entreprises et les industriels, il faut que la responsabilité soit également partagée. Les employé-es ne peuvent pas être les seuls à porter la responsabilité d’opérer une transition juste. ». L’inaction actuelle des gouvernements contribue grandement à la privatisation des profits et à la socialisation des coûts, notamment en matière de santé publique.

La dévitalisation des régions a aussi fait l’objet de nombreuses interventions ce matin, lesquelles ont souligné les disparités qu’elle entraîne. « Le fly-in fly-out provoque de sérieux effets secondaires. Les entreprises offrent des conditions de travail bonifiées afin que les salarié-es acceptent d’aller en région éloignée. Ironiquement, les travailleuses et les travailleurs locaux ne peuvent en bénéficier et les gens doivent à leur tour s’expatrier pour avoir droit à de meilleures conditions, vidant ainsi la région en question de sa main-d’œuvre. »

« Nous devons apprendre à vivre avec la planète au lieu de seulement l’exploiter. »

La configuration des salles en cercle dans les ateliers a favorisé l’écoute face aux diverses réalités. Il en ressort que ces changements affectent les travailleuses et les travailleurs de manière bien différente. Pour assurer une transition juste, écologique et équitable, les délégué-es ont rappelé que la solidarité doit rester au cœur de l’action de la CSN sur ces enjeux. Ils invitent aussi à développer des liens avec d’autres mouvements sociaux.

Ces discussions mettent la table aux délibérations qui se dérouleront lors de la plénière de jeudi après-midi. D’ici là, un deuxième chantier de discussion sera mis au jeu demain matin : celui de la construction de notre rapport de force collectif et solidaire.

Le secteur du papier commence sa transition

La baisse de consommation de papier de toutes sortes est constante depuis longtemps. Même si cette réalité est connue depuis des années, la transition commence à peine à se montrer le bout du nez.

« On développe la nanocellulose, notre employeur a décidé d’aller là », indique Gilles Vaillancourt, président du Syndicat national des travailleuses et travailleurs de Kénogami–CSN. Un projet pilote est en place depuis un mois et demi et la production annuelle prévue est de 125 tonnes en 2023. Cette nouvelle fibre peut servir à plein d’endroits, pour solidifier le béton, faire des pare-chocs ou encore des pellicules transparentes qui remplacent celles qui sont faites en plastique de pétrole. « Il n’y a pas encore de clients, mais plusieurs acheteurs potentiels font des tests en ce moment », précise Gilles Vaillancourt.

La fin du plastique à usage unique a été annoncée par le gouvernement Trudeau, mais l’entrée en vigueur se fait de façon très progressive. Une accélération de cette réglementation aiderait grandement la transition du secteur du papier.

« Le marché mondial du papier baisse de 10 % à 14 % par an mondialement. On se tire d’affaire, notamment avec les magazines qui passent maintenant du papier couché au papier calandré, un papier moins dispendieux que nous produisons », ajoute Gilles Vaillancourt, lequel estime que son usine n’est pas en mauvaise posture étant donné les récents investissements de 38 M$ à l’usine Résolu de Kénogami sur le papier calandré et la nanocellulose.

Manque d’investissement à Alma
La situation est moins reluisante à l’usine de Résolu d’Alma. « La machine numéro 9 est en arrêt à cause du supposé manque de commandes », lance Jean-Pierre Rivard, président du Syndicat national des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers d’Alma–CSN, qui craint la perte d’une machine si aucun investissement ne survient dans les années à venir.

L’usine d’Alma produit du papier pour les imprimantes ou les livres de poche ainsi que du papier journal. Il y a eu des essais de production de papier d’emballage pour le secteur alimentaire, mais les commandes ne suivent pas. « Ils disent que le marché va là, mais ils ne prennent pas le risque », analyse Jean-Pierre Rivard. Selon lui, l’usine est victime de son succès, puisque le patron affirme constamment que la production de papier va bien et que l’usine est payante. Le président ajoute que le prix du papier a tout de même augmenté de 300 $ la tonne en un an. Les derniers investissements datent cependant de 2004 à Alma.

Incertitude avec Paper Excellence
Le gros point d’interrogation pour les travailleuses et les travailleurs de Résolu est la direction que prendra l’entreprise depuis son achat par la multinationale indonésienne Paper Excellence. Tous les syndiqué-es se demandent s’il y aura des investissements et une transition claire dans les usines qui appartenaient à Résolu ou si la philosophie de pressage de citron de l’ancien propriétaire va perdurer. Des rumeurs veulent que l’usine de Gatineau passe à la production de carton ondulé, mais rien n’est encore certain, compte tenu des nouveaux patrons qui n’ont pas encore rencontré les employé-es.

Entente de principe acceptée à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

L’entente de principe intervenue entre le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec–CSN et l’employeur a été acceptée à 77 % en assemblée générale ce lundi soir 15 mai.

« Sur une entente de six ans, nous avons obtenu 2 % d’augmentation pour 2020, 2021 et 2022 et une clause de parité liée à la négociation du secteur public avec une garantie d’un minimum de 1 % pour 2023, 2024 et 2025. Nous avons également obtenu une majoration salariale pour les plus bas salarié-es et nous toucherons divers montants forfaitaires pour les années 2020 et 2021. Nous avons triplé la contribution de l’employeur à nos assurances collectives, nous avons bonifié diverses primes et nous avons notre propre structure salariale qui diffère de celle du secteur public. Seul bémol, nous n’avons pas reçu de sommes compensatoires à la hauteur de ce que l’exercice du maintien de l’équité salariale nous aurait permis d’obtenir. Malgré tout, dans le contexte actuel, nous sommes satisfaits des gains obtenus. Il va sans dire que dans le cadre de notre prochaine négociation, nous allons revenir à la charge afin d’obtenir de meilleures conditions pour toutes et tous », déclare Sylviane Cossette, présidente du syndicat.

« Nous saluons la mobilisation des membres du syndicat qui leur a permis d’aller chercher des gains satisfaisants pour la majorité d’entre eux. Rappelons que les salarié-es de BAnQ partaient de loin : ils touchaient les salaires parmi les plus bas dans le domaine des bibliothèques et archives du Québec. Rappelons également que les budgets de BAnQ ne sont pas indexés et que l’établissement assume un déficit constant qui augmente chaque année, ce qui affecte directement ses opérations. Tant que le gouvernement ne corrigera pas ce sous-financement chronique, il sera difficile d’obtenir de meilleures conditions de travail pour celles et ceux qui protègent pourtant notre culture collective », ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans 13 établissements de BAnQ.

 

 

Crise de l’information : un avenir en demi-teinte

La transition vers une information hybride, parfois papier, parfois entièrement numérique, ne s’est pas faite sans heurts pour les médias québécois. Comme partout dans le monde, la recherche d’un modèle de revenus qui assurerait la pérennité de l’information s’est faite au rythme des mises à pied et des fermetures des salles de presse.

C’est une génération entière de nouveaux journalistes qui ont été préparés à la précarité professionnelle dès les bancs d’école. Or, la situation économique de certains médias semble enfin se stabiliser. La pandémie a eu des retombées positives dans les salles de presse et a amené un afflux de lectrices et de lecteurs, de même que de nouveaux revenus publicitaires, notamment des différents paliers gouvernementaux.

« Je suis très optimiste en ce qui concerne le futur du Devoir, j’ai l’impression que la volonté gouvernementale est là. Les gens comprennent l’importance de la liberté de la presse », explique Andréanne Bédard, présidente du syndicat de la rédaction du Devoir.

Même son de cloche du côté de La Presse, qui a amorcé quant à elle l’année 2023 avec des bénéfices évalués à 11 millions de dollars.

Le chemin a toutefois été long pour que le gouvernement agisse concrètement afin d’assurer la viabilité et l’indépendance des médias d’information, et c’est notamment la pression mise par la Fédération nationale de la culture et des communications–CSN qui a permis d’obtenir la mise en place d’un crédit d’impôt remboursable de 35 % pour la masse salariale des salles de nouvelles.

Sur le plan canadien, les travailleuses et les travailleurs du domaine de l’information devraient bientôt pouvoir compter sur l’adoption de la loi C-18 qui forcerait les Google et Facebook de ce monde à négocier des ententes d’indemnisation équitables avec les médias pour le partage de leurs contenus journalistiques, un autre gain de la FNCC–CSN.

Une réalité en demi-teinte

La situation semble plus difficile du côté de la nouvelle Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i) qui rassemble une série de quotidiens régionaux (Le Soleil, Le Droit, Le Quotidien, La Voix de l’Est, La Tribune et Le Nouvelliste). Alors qu’ils avaient réussi à conserver l’édition papier de leurs journaux jusqu’à maintenant, ils se voient finalement forcés de transitionner totalement vers le numérique. Sur le banc des accusés, le coût toujours plus élevé de la production et de la distribution du papier. Cette transition s’accompagne de compressions d’une centaine d’emplois, soit près du tiers des effectifs de la coopérative.

À Montréal, la situation est précaire pour l’information locale, alors que la trentaine d’artisanes et d’artisans derrière le journal Métro et de ses hebdos de quartier pourraient bientôt perdre leur emploi. Métro Média attend toujours l’aide promise par l’administration Plante pour faire face à l’arrêt de la distribution des Publisac et à la perte draconienne de revenus publicitaires.

« Une vraie inquiétude règne au sein de la rédaction depuis quelque temps. On a tous conscience qu’il y a une crise dans l’industrie depuis plusieurs années, on sent que notre domaine d’emploi est précarisé », explique Zoé Magalhaes, présidente du syndicat montréalais de l’information qui représente les employé-es du Métro.

Ainsi, si la situation semble bonne dans certains grands médias, la santé financière est loin d’être au rendez-vous pour toutes et tous. Récemment, Québecor annonçait la suppression de 240 postes, dont 140 directement à TVA. De ces coupes, la majorité ne semble pas affecter les postes de journalistes, mais Pierre Karl Péladeau envisage de nouvelles compressions.

Du côté de Radio-Canada, c’est le spectre de Pierre Poilievre et du Parti conservateur qui angoisse. Ce dernier a récemment réitéré sa proposition de privatiser CBC/Radio-Canada s’il est porté au pouvoir lors des prochaines élections.

Les médias sont donc loin d’être sortis du bois et si certains font preuve d’optimisme, la majorité d’entre eux continuent de faire face aux défis que suppose la transformation en profondeur de leur modèle économique. La fin du modèle papier continue de s’imposer, mais bien futé celui ou celle qui prédira jusqu’où ira ce changement.

Transformation du monde du travail et beaucoup d’émotions

C’est au palais des congrès de Montréal que s’ouvrait ce matin le 67e Congrès de la CSN, où près de 2 000 participantes et participants se sont déplacés. Ce rassemblement permet aux centaines de syndicats présents de se prononcer démocratiquement sur les grands thèmes qui orienteront les actions de la centrale syndicale au cours des trois prochaines années.

Dans son allocution d’ouverture, la présidente de la centrale, Caroline Senneville, a souligné à grands traits les bouleversements profonds qui frappent le monde du travail. « La pandémie a laissé des traces. Nous nous sommes démenés pour que les services soient maintenus, pour que les industries roulent, pour que les biens soient transportés, les personnes logées, les bâtiments construits. Maintenant, nous devons nous adapter au télétravail, à la robotisation, à la numérisation, à l’intelligence artificielle, à la transition verte, aux impacts de la pénurie de main-d’œuvre et à l’inflation, notamment. »

La transformation des emplois – tout comme leur protection – est effectivement l’une des deux grandes orientations qui seront mises au jeu cette semaine. « À la CSN, on souhaite trois choses : tout d’abord, que nos syndicats soient alertés, qu’ils interpellent leur employeur sur ces enjeux et qu’ils soient mis au jeu pour orienter les transformations en cours dans leur milieu. Ensuite, comme centrale, c’est notre rôle d’outiller nos membres. Enfin, nous devons transmettre un message clair aux gouvernements pour qu’ils soutiennent ces transformations : si vous parlez aux patrons, vous devez parler aux syndicats. Toujours. »

Un nombre de conflits et un budget de soutien records

L’ouverture du congrès a également été l’occasion de souligner le nombre record de luttes qui se sont tenues au cours du dernier exercice. Ce sont d’ailleurs plus de 26 millions de dollars qui ont été remis aux grévistes CSN entre 2020 et 2023 en prestations de grève. Du jamais vu. « La CSN est la seule centrale syndicale qui s’est dotée de ce type de fond de grève, afin que nos membres gardent la tête haute… et hors de l’eau. La preuve que nous soutenons concrètement notre monde dans leur lutte pour obtenir des conditions de travail intéressantes ».

Des moments touchants

En conclusion de cette première journée, les ex-politiciennes Françoise David et Véronique Hivon sont venues parler aux participantes et aux participants de leur engagement militant et de la façon dont elles ont su rallier autour d’elles les personnes et les moyens nécessaires pour mener à bien les projets qui leur tenaient à cœur.

Le dernier acte du lundi fut sans doute le moment le plus émouvant et le plus attendu par les congressistes : la projection d’une vidéo retraçant l’ensemble des conflits du dernier mandat. Portées par la voix de la comédienne et dramaturge Évelyne de la Chenelière, les images de travailleuses et de travailleurs en conflit ont su tirer des larmes à de nombreuses personnes sur place.

Les congressistes seront en atelier demain avant-midi sur la question de la transformation des emplois. Les médias sont cordialement invités à y participer. Le congrès de la CSN se poursuit jusqu’au vendredi 19 mai.

Envoi de l’avis de grève pour Transco, division berlines

À la suite du vote de grève de ce samedi 13 mai, le syndicat de Transco, division berlines, a envoyé son avis de grève au ministère du Travail afin de déclencher un arrêt de travail le 26 mai prochain.

Le transporteur par berlines dessert environ 500 élèves handicapés des centres de services scolaire de Montréal et Marguerite-Bourgeoys.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus/Berline–CSN regroupe environ 135 membres affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN).

Déclaration de reconnaissance territoriale autochtone de la CSN

De nombreuses organisations débutent leurs rencontres officielles par une brève déclaration reconnaissant le territoire autochtone où elles se trouvent réunies. Pour certaines organisations, c’est un effet de mode, mais pour d’autres, c’est loin d’être le cas.

La CSN s’est rangée publiquement en faveur des droits des peuples autochtones dès 1973 et elle vient d’adopter un nouveau plan d’action en ce sens. Pour la CSN, la reconnaissance du lien qui unit les Autochtones au territoire n’est donc pas un simple geste pour faire bonne figure. Il s’agit plutôt d’un acte d’éducation à l’endroit des personnes réunies et d’un engagement organisationnel en faveur de la vérité et de la réconciliation.

De nos jours, il ne fait aucun doute que toutes les Amériques ont été peuplées par diverses nations autochtones depuis des millénaires et que nous vivons sur leurs territoires ancestraux. Un territoire ancestral est la zone géographique identifiée par une première nation comme la terre occupée et utilisée par ses ancêtres, dont elle est gardienne jusqu’à aujourd’hui.

Ces nations habitent le continent depuis la dernière période glaciaire, il y a 15 000 ans. Les Premiers Peuples sont arrivés sur le territoire désigné aujourd’hui comme le Québec il y a 12 000 ans, lorsque les eaux glaciaires de la mer de Champlain se sont retirées. Quand les Européens sont arrivés à leur tour, il y a cinq siècles, les Amériques étaient habitées par les Autochtones depuis déjà 150 siècles.

On dit souvent que les territoires autochtones sont « non cédés », ce qui signifie qu’aucune entente ni aucun traité n’a été signé pour officialiser l’abandon définitif et le transfert des droits territoriaux vers les colons par les Autochtones au sens de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, c’est-à-dire par un consentement libre, préalable et éclairé (CLPÉ). Le congrès de la CSN a endossé la déclaration en 2008, le Québec en a appuyé les principes en 2019 et le Canada en a fait une loi en 2021.

Une partie importante du territoire du Québec n’a jamais été cédée par les Autochtones, sauf les territoires qui sont touchés par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois signée en 1975 et ceux touchés par la Convention du Nord-Est québécois signée avec la Nation naskapie en 1978 à laquelle, par ailleurs, la nature du consentement au sens de l’ONU ne fait pas l’unanimité aujourd’hui.

La recherche historique démontre que les territoires peuvent avoir été occupés par plus d’un peuple autochtone au fil du temps. Il importe donc de bien s’informer avant de citer un territoire comme étant celui d’un peuple ou d’un autre, lors d’une rencontre dans une région ou une autre.

Entente de principe à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Une entente de principe est intervenue entre le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec–CSN et l’employeur.

Le contenu de l’entente sera présenté sous peu aux membres en assemblée générale. Aucune entrevue ne sera accordée d’ici là.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans 13 établissements de BAnQ.

Entente de principe acceptée à l’unanimité dans le transport scolaire à Charlevoix-Est

Réunis en assemblée générale le 13 mai au matin, les membres du Syndicat du transport scolaire de Charlevoix-Est–CSN a adopté à l’unanimité, par voie de scrutin secret, l’entente de principe intervenue le 11 mai. La grève qui était prévue le 15 mai prochain est donc annulée.

« À partir du 1er juillet 2023, c’est 800 $ que les conductrices et les conducteurs vont obtenir par paie au dernier échelon. C’est une différence majeure et de gros gains qui vont améliorer les conditions de vie de nos membres. Cela représente une augmentation de 24 % à la signature. Par la suite, le salaire sera ajusté au même niveau que l’indexation reçue des centres de service scolaire. Les membres sont très fiers du résultat obtenu aujourd’hui ! », déclare le président du syndicat, Jean-Albert Gaudreault.

« On a un grave problème de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur et des ententes comme aujourd’hui sont les premières étapes pour venir contrer le problème. Ça fait des années que la fédération le scande sur tous les toits. Il faut réinvestir dans le salaire des conductrices et des conducteurs pour enfin reconnaître leur travail à sa juste valeur et s’assurer d’être attractif. Les gains majeurs réalisés dans les dernières semaines donnent le ton aux autres transporteurs de la province », ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« Encore un autre message clair dans la région pour le transport scolaire. Les travailleuses et les travailleurs ont assez payé. C’est à leur tour de récolter les fruits de leur dur labeur. Ils n’hésiteront pas à se faire entendre pour être reconnus. Aujourd’hui, on a un groupe qui peut crier victoire haut et fort et qui peut être fier de s’être tenu debout », conclut Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

À propos

Le Syndicat du transport scolaire de Charlevoix-Est–CSN regroupe une quinzaine de membres.

Vote de grève chez Transco, division des berlines

Réunis en assemblée générale le samedi 13 mai au matin, les membres du syndicat de Transco, division berlines, ont adopté à 92 % une banque de sept jours de grève à exercer au moment jugé opportun.

« Alors qu’actuellement, nous touchons à peu près le salaire minimum, nous revendiquons une bonification notable de nos salaires. Notre employeur a reçu des sommes du gouvernement et nous voulons donc une garantie de recevoir ces sommes qui proviennent de fonds public et qui pourraient être injectées en cours de convention. Nous voulons également une garantie d’heures et de jours afin de pouvoir compter sur un revenu stable assuré. Nous ne demandons pas la lune, mais l’employeur a simplement décidé de garder entièrement la bonification des budgets qu’il a reçue du gouvernement », déclare Aline Roy, présidente du syndicat.

« Lors de leurs récentes négociations avec le gouvernement, les transporteurs scolaires ont reçu des bonifications importantes de l’ordre de 15 à 30 % de leurs contrats, ce qui leur donne une nouvelle capacité de bien payer leurs conductrices et leurs conducteurs. Celles et ceux qui conduisent des berlines sont les moins bien payés du transport scolaire et ça doit changer. Notre secteur vit toujours avec de graves problèmes d’attraction et de rétention de main-d’œuvre, ce qui menace le service de transport aux élèves que nous offrons tous les jours. La seule solution, c’est de verser de bons salaires qui attireront des travailleuses et des travailleurs dans notre secteur », souligne la vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN, Stéphanie Gratton.

« La question des salaires est au cœur de toutes les négociations actuelles dans le transport scolaire. Les boss ont très longtemps misé sur le fait qu’on pouvait engager du monde pour pas cher sans bonifier leurs conditions de travail. Les transporteurs ont fait beaucoup d’argent sur le dos des conductrices et des conducteurs et actuellement, on voit très bien que cette vision à court terme nous a menés à des salaires dérisoires, à de la rareté de main-d’œuvre et aux bris de services que nous observons partout au Québec. Or, il y a une solution et c’est de bonifier les salaires », conclut Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus/Berline–CSN regroupe environ 135 membres affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN).