Personne ne devrait être prisonnier de son employeur

Lettre de Caroline Senneville, présidente de la CSN

L’arrivée massive de personnes immigrantes sur le marché du travail québécois force la prise de conscience de nos besoins de main-d’oeuvre, mais aussi du traitement qui leur est réservé. Bienvenue en 2023 !

Le ministre du Travail Jean Boulet a admis, lors d’une conférence de presse tenue avec la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), qu’il y a une forte augmentation des accidents de travail chez les travailleuses et les travailleurs étrangers temporaires. Ensemble, ils ont annoncé des mesures visant à réduire le nombre d’accidents et à mieux protéger ce personnel qui ne parle pas toujours français et qui ne connaît aucunement la législation québécoise.

Avec l’augmentation exponentielle du nombre d’immigrantes et d’immigrants au statut temporaire dans les dernières années, le gouvernement a annoncé l’ajout de 10 employé-es à « l’escouade prévention » de la CNESST. À moins que cette escouade ne possède une baguette magique, cette mesure n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan.

Vu les milliers d’entreprises qui font appel à cette main-d’oeuvre, cet ajout est nettement insuffisant pour qu’on explique à ces personnes l’ensemble de leurs droits et de leurs recours. D’autant plus qu’elles ne connaissent ni nos lois ni nos institutions et ne maîtrisent pas encore le français. Même si l’escouade est trilingue, les documents explicatifs et les répondantes et les répondants à la CNESST le sont rarement. Il faut aussi avouer que même pour les gens nés au Québec, se dépatouiller avec la CNESST est un défi en soi.

Le ministre prétend aussi qu’il va s’assurer que les entreprises, les agences de placement et les agences de recrutement à l’étranger suivent les règles. Pourtant, plusieurs règles existent, et elles sont allègrement outrepassées par des employeurs qui n’ont aucun scrupule à utiliser des humains comme une marchandise productive.

Les exemples ont frappé l’actualité des derniers mois et ont démontré que même des multinationales lourdement subventionnées à même nos impôts ne se gênent pas pour utiliser les travailleuses et les travailleurs étrangers temporaires d’une façon que des expertes et des experts n’hésitent plus à qualifier d’esclavagisme moderne.

Plutôt que de saupoudrer quelques ressources pour essayer de cerner le problème, la CNESST doit jouer pleinement son rôle, intervenir, et faire appliquer les lois afin qu’elles aient un réel effet dissuasif sur ces employeurs qui nous font honte.

Pensons-y : ces personnes sont recrutées par des entreprises qui les font venir ici. Ces compagnies doivent s’assurer que leurs besoins de base sont comblés et que leurs droits sont respectés. Mais quels sont les recours de ces personnes si elles sont maltraitées ? Il leur est impossible de changer de travail, même pour un autre identique, puisque leur permis n’est valide que pour un seul employeur. La concurrence est inexistante entre les différents « donneurs d’ouvrage », les salarié-es sont captifs et ont souvent très peur. Peur de se faire retourner chez eux, peur de représailles.

La véritable solution passe par des permis ouverts qui permettent aux travailleuses et aux travailleurs de quitter une entreprise pour aller travailler dans une autre.

Il faut aussi que l’offre de cours de francisation soit accessible dans toutes les entreprises et pour toutes les personnes immigrantes, et ce, peu importe leur statut. C’est par le français que passe la prévention des accidents dans les milieux de travail.

Il est honteux qu’en 2023, au Québec, nous traitions des êtres humains comme une sous-classe de citoyennes et de citoyens, alors que nous en avons cruellement besoin et que nous prétendons former une société démocratique.

À cette fin, les gouvernements doivent avoir la volonté et le courage de mettre fin aux contrats de travail fermés et abolir les permis fermés, parce qu’ici, chez nous, personne ne devrait être prisonnier de son employeur.

Projet de loi 10 : Les agences de placement privées doivent cesser de cannibaliser le réseau public

La CSN se présentera aujourd’hui en commission parlementaire pour dénoncer la cannibalisation du réseau public de santé et de services sociaux par les agences de placement privées et le manque de transparence du projet de loi 10, qui est pourtant censé en restreindre l’accès. La centrale syndicale propose des moyens concrets pour mettre fin au recours aux agences. Plusieurs gouvernements, dont celui de la CAQ, ont laissé péricliter le réseau public pour justifier l’arrivée du privé. Ce petit jeu néfaste doit cesser.

« Avec les agences, nous sommes face à un véritable cercle vicieux. Le réseau agit à court terme en recourant aux agences sans s’attaquer aux conditions de travail et ce faisant, il amplifie le problème de pénurie de main-d’œuvre qui est le problème numéro un du réseau public en ce moment », explique Caroline Senneville, présidente de la CSN.

La présidente dénonce également cette injustice : « Les employé-es d’agence de placement de personnel ont bien souvent de meilleurs salaires et de meilleurs horaires que leurs collègues du public. Pour ajouter l’insulte à l’injure, il revient régulièrement au personnel du réseau public de superviser et de former les employé-es d’agences qui ne savent habituellement pas grand-chose de leur nouvel environnement de travail temporaire. »

Le problème des agences touche bien entendu les infirmières, mais aussi d’autres professions. De 2010-2011 à 2020-2021, le nombre d’heures octroyées à des agences a augmenté de 347 % pour les préposé-es aux bénéficiaires, de 601 % pour les préposé-es à l’entretien ménager, de 917 % pour les éducatrices et les éducateurs et de 326 % pour les diététistes. En 2022, c’est 960 M$ qui sont allés aux agences, en hausse de 380 % depuis 2016.

Un projet de loi qui manque de substance
La CSN estime que le gouvernement doit mettre fin à ce régime avec du personnel « à deux vitesses » le plus tôt possible. Le projet de loi 10 n’explique pas quand et comment le gouvernement compte vraiment agir. Il faudrait que le projet de loi prévoie un échéancier contraignant et pas seulement des vœux pieux. « Remettre le contenu du projet de loi à un futur règlement démontre le manque de détermination et de transparence du gouvernement », critique la présidente de la CSN. Il faudrait aussi définir le type d’organismes qui seront touchés par les restrictions dans le recours aux agences privées de placement. La CSN conseille d’exclure complètement les agences de toutes les parties du réseau public et de tous les titres d’emploi, pas seulement les infirmières dans les hôpitaux.

Pour connaître les solutions mises de l’avant par la CSN, visitez le https://www.csn.qc.ca/vraiment-public/

Grève au restaurant de l’Assemblée nationale

Les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs des restaurants de l’Assemblée nationale–CSN seront en grève pour deux jours à compter d’aujourd’hui. Leurs services regroupent le restaurant Le Parlementaire, ainsi que la cafétéria située à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Sans convention de travail depuis juin 2020, les membres réclament du sérieux dans leur négociation et une accélération dans les discussions pour en arriver enfin à une entente négociée.

La présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des restaurants de l’Assemblée nationale–CSN, Marie-Hélène Sansfaçon, dénonce le manque de collaboration de l’employeur. « Cela va bientôt faire trois ans qu’on se fait niaiser. Trois ans à attendre d’être respectés par l’employeur. On tourne en rond sans aucune proposition concrète de leur part ! Pendant ce temps-là, on continue de les servir, de leur offrir leur repas. Aujourd’hui, on leur annonce que c’est assez ! Les parlementaires ne peuvent plus continuer leur vie comme si de rien n’était. »

Le syndicat devait rencontrer l’employeur pour une première séance de conciliation le 10 mars dernier. Malheureusement, cette première séance a été annulée par l’employeur qui a jugé avoir d’autres sujets plus urgents à traiter. « On a un employeur qui se trouve à être le Bureau de l’Assemblée nationale et qui est dirigé par des député-es, qui ne juge pas prioritaire de rencontrer ses employé-es pour négocier des conditions de travail, même après trois ans. Le syndicat a pourtant déposé le 26 octobre dernier des propositions salariales. C’est regrettable, mais depuis, aucun retour concret de leur part », s’indigne Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

De son côté, François Proulx-Duperré, secrétaire général du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) revendique le respect. « J’espère que les syndiqué-es seront respectés par les parlementaires dans leur droit de grève. J’espère que nos parlementaires feront le choix juste et solidaire d’aller manger ailleurs pendant la durée du conflit. Chaque personne qui ira se procurer de la nourriture dans l’enceinte de l’Assemblée nationale aujourd’hui et demain nous indiquera à toutes et tous qu’elle n’a aucun respect pour les travailleuses et les travailleurs qui l’entourent. »

Rappelons que les membres du syndicat se sont dotés à 94 % d’une banque de journées de grève de sept jours en janvier dernier. Le syndicat espère que ces premières journées de grève historique sauront réveiller l’employeur et qu’il commencera enfin à négocier de bonne foi, et sérieusement. « Nous n’attendrons pas trois années de plus ! L’employeur a assez perdu de temps, maintenant on règle ! », d’indiquer la présidente du syndicat.

À propos
Le syndicat des travailleuses et travailleurs des restaurants de l’Assemblée nationale–CSN regroupe une trentaine de membres.

Entente de principe acceptée chez Autobus B.R. et Tremblay & Paradis

L’entente de principe intervenue le 10 mars a été adoptée à 66 % par les membres du Syndicat des employé-es de transport Autobus B.R.–CSN et à 85 % par le Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN par voie de deux scrutins secrets, tenus en assemblée générale ce 12 mars au matin.

« Chez Autobus B.R., le taux horaire maximal passe de 18,73 $ à 24,50 $ l’heure, rétroactif au début de la présente année scolaire. La garantie d’heures passera de 20 à 23 heures, suivant une hausse progressive. Au total, les membres toucheront des augmentations totales variant entre 45 et 67 % sur les 6 ans de la durée de la nouvelle convention collective. Chez Tremblay & Paradis, le taux horaire maximal passe de 21,92 $ à 27 $ l’heure, également rétroactif au début de l’année scolaire. Notre garantie d’heures passe aussi de 20 à 23 heures sur la durée de 6 ans de la nouvelle convention collective. Pour notre part, nous toucherons des augmentations totales variant entre 36 et 56 % sur la durée de notre nouveau contrat de travail », précise Hélène Thibault, présidente du Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN, porte-parole pour les deux unités.

« Nous sommes vraiment satisfaits de constater que les conductrices et les conducteurs de ces deux syndicats reçoivent enfin leur part du gâteau. Ces importantes augmentations témoignent de la reconnaissance de leur métier et de leurs nombreuses responsabilités. Ce nouveau règlement qui survient après une grève générale illimitée démontre clairement la légitimité de leurs revendications. Nous le disions depuis longtemps, le gouvernement devait obligatoirement bonifier les enveloppes budgétaires versées aux transporteurs afin de régler la question des faibles salaires dans le secteur », ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« Ces conductrices et conducteurs de véhicule scolaire ont obtenu des gains hors de l’ordinaire, parce qu’ils se sont tenus debout et ont réclamé leur dû. Nous sommes fiers d’avoir soutenu leur lutte à leurs côtés, et surtout, de constater leurs gains qui améliorent grandement leurs conditions générales d’emploi. Cette reconnaissance était attendue depuis très longtemps. Encore une fois, il s’agit d’un message très clair envoyé à tous les autres employeurs de notre région qui veulent régler leurs problèmes d’attraction et de rétention de leurs salarié-es », conclut Pierre Émond, vice-président du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

À propos

Le Syndicat des employé-es de transport Autobus B.R.–CSN regroupe une quinzaine de membres alors que le Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN en compte 70. Les deux unités sont affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

La langue devrait être maîtrisée avant les études supérieures 

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) souligne le paradoxe entre le discours officiel du gouvernement Legault qui se targue d’être un défenseur de la langue française et l’année qui s’est écoulée avant de rendre public le Rapport du comité d’expertes sur la maîtrise du français au collégial. « Pourquoi une telle attente si le français est une priorité pour le gouvernement ? A-t-il choisi de ne pas faire de vagues avant les élections de l’automne dernier ? » se questionne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.  

Ce rapport risque de choquer les membres de la FNEEQ–CSN qui enseignent la littérature au collégial. « Le rapport insinue qu’après onze années de formation au primaire et au secondaire, il faudrait repartir à zéro. C’est comme si on demandait aux profs de mathématiques d’enseigner les tables de multiplication au cégep. Quand on arrive en enseignement supérieur, il faut que la langue soit maîtrisée en amont, pour que l’on puisse bâtir sur des acquis », souligne Caroline Quesnel.  

Du même souffle, le rapport semble enfoncer des portes ouvertes en recommandant un enseignement explicite du fonctionnement de la langue en relation étroite avec la lecture et l’écriture : cela se fait déjà au quotidien dans le cadre de l’enseignement de l’analyse littéraire. 

Le numérique : obsession du premier ministre 
Le rapport, visiblement rédigé avant l’utilisation accélérée des robots conversationnels, fait écho au plan d’action numérique gouvernemental et à l’amour démesuré du premier ministre Legault pour la technologie comme gage de solution à tous les maux. « Le numérique fait partie de nos vies, mais on ne doit pas se fier qu’aux machines et aux robots pour écrire à notre place. Il faut maîtriser la langue et comprendre comment elle fonctionne. C’est capital », martèle Caroline Quesnel. 

Par ailleurs, la FNEEQ–CSN partage le constat des chercheuses avançant que la valorisation de la langue est une responsabilité partagée et l’affaire de tout le milieu, de tous les enseignantes et enseignants, peu importe la discipline. Le ministère doit fournir des données supplémentaires pour dresser un portrait plus complet et doit consulter les spécialistes de l’enseignement que sont les profs.

La Fédération, qui représente 85 % des profs de cégep, s’intéresse de près au dossier. En décembre dernier, les syndicats membres ont mandaté la fédération pour réfléchir aux moyens de valoriser la langue : le chantier en cours prévoit une consultation des membres qui enseignent en français littérature et langue seconde.  

Entente de principe chez B.R. et Tremblay & Paradis

Une entente de principe est intervenue en ce 10 mars entre le Syndicat des employé-es de transport Autobus B.R.–CSN, le Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN et leur employeur. Celle-ci sera prochainement soumise aux membres.

Aucune entrevue ne sera accordée d’ici là.

À propos

Sans contrat de travail depuis le 30 juin 2022, partageant le même établissement et les mêmes propriétaires, le Syndicat des employé-es de transport Autobus B.R.–CSN regroupe une quinzaine de membres alors que le Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN en compte 70. Les deux unités sont affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

La CSN dénonce l’austérité postpandémique dans les écoles

La CSN dénonce les compressions budgétaires que doivent effectuer plusieurs centres de services scolaires pour pouvoir payer toutes les factures de frais extraordinaires liés à la pandémie.

Dans ce contexte, il est très difficile de concevoir que le gouvernement Legault puisse accorder des baisses d’impôt tout en réinvestissant suffisamment en santé et en éducation pour assurer à la population des services de qualité. « Il vaut mieux pour le gouvernement de revenir sur sa promesse que de compromettre l’avenir de milliers d’enfants. Ce serait la chose responsable à faire », affirme la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Comme le rapporte Radio-Canada aujourd’hui, des centres de services scolaires ont diminué leurs services de soutien aux élèves, comme les services en orthopédagogie et en psychologie ou encore ceux qui sont effectués par les techniciennes en éducation spécialisée. Au CSSC, dans la Capitale, c’est près de 1,5 M$ de manque à gagner qui doivent être récupérés dans le budget existant.

« C’est inadmissible de nuire aux enfants les plus vulnérables en provoquant une sorte d’austérité postpandémique. Il faut impérativement augmenter les budgets pour éponger tous les frais imprévus liés à la pandémie et pour permettre non seulement de maintenir, mais d’améliorer les services. La pandémie a eu des effets dévastateurs sur plusieurs élèves, ce n’est vraiment pas le moment de baisser les bras ; j’espère que le ministre Drainville va pouvoir défendre son ministère adéquatement », a déclaré Caroline Senneville, présidente de la CSN. La confédération estime en outre que le déficit scolaire des élèves vulnérables est majeur.

Notons que la facture pandémique est également très lourde dans les secteurs de la santé et des services sociaux ainsi que du transport en commun, pour ne nommer que ceux-là. Ne pas tenir compte de cela équivaut à plonger plusieurs administrations publiques en période d’austérité postpandémique.

Le Front commun revendique de meilleurs salaires pour les femmes dans les services publics

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une centaine de militantes du Front commun – dont 78 % des membres sont des femmes – se sont réunies devant le Secrétariat du Conseil du trésor afin de lancer un message fort au gouvernement Legault au moment même où les discussions s’amorcent à la table de négociation en ce qui concerne les augmentations de salaire pour les prochaines conventions collectives : « Nous, d’une seule voix, résistons pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail! »

Cette prise de parole publique dénonce l’appauvrissement impliqué par l’offre soumise aux femmes et aux hommes qui donnent des services à la population par la présidente du Conseil du trésor et ancienne ministre de la Condition féminine, Sonia LeBel. En effet, alors que le gouvernement prévoit une inflation de 16,6 % sur 5 ans dans sa dernière mise à jour économique, il n’offre que 9 % d’augmentations salariales pour la même période. Quand les salaires du secteur public ne suivent pas, ce sont en grande majorité des femmes qui s’appauvrissent.

« Quand on regarde les conditions dans lesquelles travaillent les femmes pour éduquer, soigner et offrir des services à la population, on doit faire le constat qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour atteindre une pleine reconnaissance en 2023. Quand on voit un gouvernement leur demander – encore une fois – de se serrer la ceinture alors que l’inflation les frappe de plein fouet, comme tout le monde, il y a de quoi s’insurger. Boucler le budget du Québec et réduire les impôts sur le dos des femmes du Front commun, ça ne passera pas! », dénoncent vivement les porte-parole du Front commun, Magali Picard, présidente de la FTQ, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

Pour revaloriser les emplois du secteur public, le Front commun réclame un mécanisme permanent de protection contre l’inflation d’une part et, d’autre part, un enrichissement visant un rattrapage salarial général. Ainsi, il revendique 100 $ par semaine pour l’année 2023 ou l’indice des prix à la consommation (IPC) +2 % (selon la formule la plus avantageuse), l’IPC +3 % pour 2024 et, finalement, l’IPC +4 % pour 2025.

Le compte à rebours est commencé

Cette action symbolique du Front commun a lieu alors que les conventions collectives des travailleuses et des travailleurs des services publics viendront à échéance le 31 mars prochain. Pour marquer le coup, le Front commun amorce un compte à rebours sur les réseaux sociaux afin de rappeler à la présidente du Conseil du trésor que l’heure est à la négociation. Un rassemblement de militantes et militants de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS se tiendra également le 30 mars prochain, à Québec, afin de faire le point sur la négociation en cours et d’échanger sur la mobilisation à venir pour le renouvellement des conventions collectives du secteur public.

« Le temps file, nos réseaux publics ont besoin d’air. Les membres du Front commun se sont prononcés sur des propositions pour mettre fin à la pénurie de main-d’œuvre en éducation, en enseignement supérieur et dans la santé et les services sociaux. Nous demandons au gouvernement d’être actif aux tables de négociation, de travailler sérieusement et d’être à l’écoute des propositions qui viennent de celles et ceux qui sont les mieux placés pour savoir de quoi nos services ont besoin », concluent les porte-parole syndicaux.

Statistiques pour mieux comprendre les enjeux de cette négociation

  • Moyenne salariale des employées et employés du secteur public membres du Front commun : 43 916 $ ;
  • Retard salarial : -11,9 % ;
  • Retard de rémunération globale : -3,9 % ;
  • Proportion de femmes parmi les membres du Front commun : 78 %.

Pour plus d’information sur la négociation en cours : https://www.frontcommun.org/.

À propos du Front commun

Ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur.

Les infirmières et infirmières auxiliaires d’Héma-Québec, en grève le 10 mars

Le vendredi 10 mars, le Syndicat des infirmières et infirmières auxiliaires d’Héma-Québec–CSN tiendra une journée de grève. Pour l’occasion, il n’y aura aucun prélèvement de sang des groupes B Rh -, AB Rh -, B Rh+ et AB Rh+, tant en centres Globules que dans les cliniques mobiles. De même, il n’y aura pas de prélèvement de plasma durant cette journée. Héma-Québec devra contacter toutes les personnes qui ont un rendez-vous pour le 10 mars afin de le déplacer un autre jour.

La convention collective est échue depuis le 31 mars 2019. Un seul élément demeure en litige : alors que les infirmières et les infirmières auxiliaires ont toujours bénéficié d’une parité salariale avec les professionnel-les en soins infirmiers du réseau public, Héma-Québec veut maintenant leur imposer une nouvelle échelle salariale pour mettre fin à cette parité. Trois journées de conciliation sont prévues les 13, 15 et 16 mars.

« Le 17 février, nous avons exercé une grève de quatre heures, rappelle la présidente du syndicat, Vanessa Poirier. Vendredi, presque un mois plus tard, nous ferons grève durant une journée complète. Personne ne pourra dire qu’on ne donne pas toutes les chances à la négociation. Nous sommes toutefois déterminées. Pour nous, remettre en question la parité, c’est vraiment un énorme manque de respect à notre égard. Nous avons un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée. Nous sommes prêtes à nous rendre jusqu’où il le faudra pour obtenir le respect que nous méritons. »

Héma-Québec joue à la cachette
La conclusion d’une entente sur le maintien des services essentiels n’a pas été de tout repos. Le 28 février, le syndicat a dû demander l’intervention du Tribunal administratif du travail afin de forcer Héma-Québec à s’assoir avec la partie syndicale pour négocier ces services. Le TAT a donné raison au syndicat et a ordonné à l’employeur, séance tenante, de remplir son obligation de négocier l’entente, et ce, avec diligence.

« Héma-Québec est un organisme public en situation de monopole, rappelle la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN, Lucie Longchamps. Il est complètement anormal que nous devions nous battre pour obtenir des informations de base comme l’état des réserves de sangs. C’est majeur, parce que c’est ce qui nous permet de nous assurer que les moyens de pression auront un impact sur Héma-Québec sans toucher à la santé et à la sécurité du public. Il nous fallait ces informations pour déterminer, par exemple, que la grève ne touchera pas les prélèvements auprès de donneurs de type O et A, parce que dans ces cas, les réserves d’Héma-Québec sont actuellement en deçà des objectifs. »

La parité, une question de principe
« Nous appuierons jusqu’au bout les infirmières et les infirmières auxiliaires d’Héma-Québec, ajoute la présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches – CSN, Barbara Poirier. Il est inconcevable qu’elles doivent exercer la grève simplement pour conserver ce qu’elles ont déjà, après quatre ans de négociation ! Héma-Québec connaît déjà des difficultés d’attraction et de rétention de son personnel, dans une période où tous les secteurs économiques sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre comme on en a rarement vu. En ces temps d’inflation galopante, Héma-Québec se distingue comme l’un des seuls employeurs du Québec qui demande à son personnel de diminuer sa rémunération ! Pourtant, il s’agit bien d’un service des plus névralgique. À quoi joue Héma-Québec ? »

Rappelons que les infirmières et les infirmières auxiliaires d’Héma-Québec de la région de Québec, affiliées à la CSN, ont conclu une alliance avec celles de Montréal, affiliées à la CSQ, car elles refusent également de mettre fin à la parité avec les professionnel-les en soins du réseau public.

12e et 13e ententes dans les centres d’hébergement privés

Les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement de la Vallée-de-l’Or–CSN ainsi que leurs camarades de la section Villa du Boisé du Syndicat régional des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement du Centre du Québec–CSN viennent d’adopter à l’unanimité l’entente de principe pour le renouvellement de leur convention collective respective.

Les deux nouvelles conventions correspondent à tous les paramètres de la plateforme commune de la négociation coordonnée des centres d’hébergement privés (CHP), dont l’échéance au 31 mars 2025 et le salaire de 18 $ l’heure dès l’embauche. Cette dernière demande répond aux objectifs de la CSN et de la Coalition Minimum 18 $, lesquelles font valoir qu’un salaire minimum de 18 $ l’heure s’avère essentiel pour contrer les conditions de pauvreté auxquelles sont soumis les travailleurs et les travailleuses des CHP.

Ces deux nouvelles ententes représentent les 12e et 13e de la négociation coordonnée des CHP. Depuis le début du mois de mars seulement, trois ententes ont été conclues.

Vote de grève dans le transport scolaire à Lotbinière

Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du transport scolaire de la région de Lotbinière–CSN a adopté une banque de 14 jours de grève à 77 % par voie de scrutin secret lors d’une assemblée générale qui s’est tenue ce mercredi 1er mars au soir.

« Les salaires qui nous sont versés dans le transport scolaire ne sont pas à la hauteur de nos responsabilités. Notre métier doit être valorisé et nos salaires doivent reconnaître le fait que nous conduisons un véhicule lourd, que nous avons des horaires coupés qui nous font travailler de très tôt le matin à tard en fin de journée, sans compter que nous avons jusqu’à 72 élèves derrière nous selon le type de véhicule, avec tout ce que ça implique. Nous nous sommes serré la ceinture depuis trop longtemps et nous voulons notre part des nouveaux budgets qui viennent d’être octroyés à notre employeur », déclare Serge Robitaille, président du syndicat.

« Lors de leurs récentes négociations avec le gouvernement, les transporteurs scolaires ont reçu des bonifications importantes de l’ordre de 15 à 30 % de leurs contrats, ce qui leur donne une nouvelle capacité de bien payer leurs conductrices et leurs conducteurs. Notre secteur vit toujours avec de graves problèmes d’attraction et de rétention, ce qui menace toujours le service de transport aux élèves que nous offrons tous les jours. Il est temps que ça cesse et la seule solution, c’est de verser de bons salaires qui attireront des travailleuses et des travailleurs dans notre secteur », souligne Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« Dans le transport scolaire, les boss ont très longtemps misé sur le fait qu’on pouvait engager du monde sans bonifier leurs conditions de travail de manière à bien rémunérer les salarié-es. Ils ont fait beaucoup d’argent sur leur dos et, actuellement, on voit très bien que cette vision à court terme nous a menés à la rareté de main-d’œuvre que nous connaissons et aux bris de services que nous observons partout au Québec. Pour régler le problème, c’est simple : payez bien votre monde et vous allez en avoir, des candidatures », conclut Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

À propos
Sans contrat de travail depuis le 30 juin 2022, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du transport scolaire de la région de Lotbinière–CSN regroupe environ 30 membres qui sont affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP–CSN).

Le Syndicat des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud accepte l’entente à 72 %

Le Syndicat des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud (CSN) a accepté à 72 % l’entente de principe présentée en assemblée générale. La présente convention collective se terminera le 31 décembre 2027. Elle inclut des modalités encadrant la fin de la sous-traitance sur le territoire ainsi qu’une augmentation du nombre de postes permanents.

« Nos demandes ont toujours été claires, mettre fin à la sous-traitance et l’augmentation du nombre de postes permanents. Aujourd’hui on est fiers d’avoir obtenu les gains recherchés. On a 15 postes permanents de plus et une confirmation que le contrat de sous-traitance a une date d’expiration prévue à la convention » se félicite Alain Audet, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud.

« La ville de Lévis fait un premier pas dans la bonne direction pour redresser son réseau de transport en commun. La situation actuelle au Québec traçait déjà la voie pour des investissements importants en transport. On espère que la ville de Lévis gardera le cap et augmentera substantiellement le financement de son réseau de transport. Les citoyennes et les citoyens de Lévis le méritent! », souligne Barbara Poirier, présidente du Conseil central de QuébecChaudière-Appalaches.

Un rattrapage salarial aura aussi lieu pour éviter un trop grand appauvrissement des chauffeurs. « On a une hausse salariale la première année qui permet un rattrapage, suivi de hausses qui offrent une protection contre l’inflation à nos membres si elle devait rester aussi élevée qu’actuellement. Dans l’environnement économique actuel, ces augmentations étaient essentielles pour s’assurer que les chauffeurs ne s’appauvrissent pas aujourd’hui ni dans le futur », indique Simon Mathieu Malenfant, vice-président et trésorier de la Fédération des employées et employés de services publics.

Pour le syndicat, moins de postes occasionnels aura des effets positifs sur l’attractivité de nouvelles et de nouveaux employés. Le président du syndicat, Alain Audet termine d’ailleurs en indiquant : « Rares sont les personnes qui acceptent aujourd’hui des postes occasionnels sans aucune garantie d’heures en situation de pénurie de main-d’œuvre. Pour être de nouveau attractif, modifier cette condition de travail était indispensable! La survie de notre réseau de transport en dépendait. »

La signature de cette entente met donc fin à la grève générale illimitée. Le service reprendra donc dès demain, samedi 24 février. Toutes les lignes normalement assurées par la StLévis reprendront leur service selon l’horaire habituel.

Des emplois durables, oui, mais pas sans une transition juste

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) se réjouit du lancement aujourd’hui par le gouvernement fédéral du Programme pour des emplois durables, qui conjugue finalement environnement et emploi, mais se questionne sur l’absence de mesures touchant à la transition juste. En rappel, la transition juste, économique et écologique, consiste à assurer que les travailleuses et les travailleurs œuvrant dans les secteurs touchés par les changements climatiques aient une place à la table pour élaborer des solutions durables quand il est question de leur travail.

Pour la CSN, bien que les objectifs du programme soient tout à fait louables et qu’elle accueille favorablement l’approche tripartite des ministères concernés, la décision d’écarter la transition juste met en péril son succès.

« Ça fait maintenant plus de vingt ans que les syndicats parlent de la transition juste, économique et écologique. Le gouvernement Trudeau ne peut pas faire l’autruche sur ces enjeux, déplore Caroline Senneville, présidente de la CSN. Il sait très bien qu’il est primordial que les travailleuses et les travailleurs aient une place à la table pour décider de l’avenir des secteurs d’activités touchés par les bouleversements climatiques, en plus de leur offrir des formations et des garanties de revenus adéquats pour les aider à faire la transition vers de nouveaux secteurs plus écologiques. »

La confédération applaudit le programme qui vise la création de milliers d’emplois durables dans les prochaines années et qui ouvre la porte à un dialogue constructif entre les gouvernements, les employeurs, et le mouvement syndical. La CSN insiste pour que le gouvernement, dès le lancement du programme, mette en place des mesures qui impliqueront directement le personnel des secteurs visés.

« Le gouvernement Trudeau est doué pour fixer des objectifs ambitieux qui semblent bien beaux sur papier, mais il oublie souvent de nous donner les moyens de les atteindre. Il nous paraît irréaliste de promettre la création d’autant d’emplois durables sans passer par une transition juste des travailleuses et des travailleurs des secteurs qui sont affectés par les changements climatiques, » conclut la présidente.

Les syndicats des autobus B. R. et Tremblay et Paradis déclenchent une grève générale illimitée

En ce matin du 16 février à 6 h, les membres du Syndicat des employé-es de transport Autobus B.R.–CSN et du Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN ont déclenché la grève générale illimitée. Le 3 février dernier, les deux syndicats ont respectivement voté à 100 % et à 96 %, par voie de scrutin secret, en faveur d’un mandat de grève générale illimitée à déclencher au moment jugé opportun.

« Nous rappelons qu’au début du mois de février, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est lui-même intervenu sur la place publique afin d’appuyer les revendications du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN en soulignant que les chauffeurs doivent avoir leur juste part, précise Josée Dubé, présidente de ce secteur. Les salarié-es de chez B.R. et de Tremblay et Paradis font partie d’un mouvement de travailleuses et de travailleurs qui n’ont pas hésité à recourir à la grève pour justement aller chercher leur juste part et nous allons être à leurs côtés jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. »

« L’employeur ne peut ignorer les nouvelles données salariales qui sont en vigueur depuis peu dans le secteur du transport scolaire. Celles-ci reconnaissent enfin le difficile travail des conductrices et des conducteurs. Tous les employeurs ont reçu une bonification variant entre 15 et 30 % de la valeur de leurs contrats et cet argent doit se rendre dans les poches de celles et de ceux qui conduisent les autobus, ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Si l’employeur veut régler l’actuel conflit, il sait très bien ce qu’il a à faire. Et j’ai de bonnes nouvelles pour lui : en donnant plus à son monde, il va également régler ses problèmes d’attraction et de rétention de ses travailleuses et de ses travailleurs et ça aussi, il le sait très bien. »

« En moins de 48 heures, nous avons deux syndicats de la CSN de la région de Lanaudière qui ont obtenu des majorations salariales de plus de 40 % sur la durée de leur nouveau contrat de travail. Il y a donc un mouvement clair, net et précis dont nous faisons aussi partie qui vise à bonifier substantiellement les salaires dans le secteur. Malgré cette évidence, l’employeur tient actuellement tête au syndicat. Vu le contexte de rareté de main-d’œuvre, il met en péril sa propre capacité à garder ses salarié-es à son emploi et donc, à respecter les contrats qu’il a signés avec ses clients », conclut Pierre Émond, vice-président du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

À propos

Sans contrat de travail depuis le 30 juin 2022, partageant le même établissement et les mêmes propriétaires, le Syndicat des employé-es de transport Autobus B.R.–CSN regroupe une quinzaine de membres alors que le Syndicat des employé-es du transport scolaire Tremblay et Paradis–CSN en compte 70. Les deux unités sont affiliées à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

La StLévis cherche la confrontation par son inaction!

Les membres du Syndicat des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud (CSN) s’indignent face à la perte de temps orchestrée par la StLévis dans les négociations. La nouvelle journée de négociation d’aujourd’hui n’aura pas permis de faire avancer le dossier d’un centimètre.

Le président du syndicat des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud, Alain Audet, dénonce cette attitude. « L’employeur arrive continuellement sans mandat pour négocier et aucune idée d’où se diriger. On s’assoit avec lui et on perd notre temps. C’est comme ça depuis trop longtemps maintenant. »

Le syndicat a soumis à l’employeur la semaine dernière des propositions pour continuer de négocier. L’employeur a demandé plusieurs jours pour se pencher sur la situation, car le jour même, le directeur général n’était pas présent et le reste du comité de négociation patronale n’avait pas le mandat pour se pencher sur les propositions. Le syndicat a attendu jusqu’à samedi avant d’avoir un retour. Au moment de se rejoindre samedi, l’employeur a fait savoir au syndicat qu’il n’était pas disponible pour négocier plus de 2 heures.

« On n’arrête pas de nous dire du côté de la ville qu’on fait confiance au comité de négociation et que les choses vont bien se dérouler. Comment on peut croire ça quand on a un comité de négociation qui ne planifie que deux heures dans son horaire pour essayer de régler un dossier 2 jours avant une grève? », scande Barbara Poirier, présidente du Conseil centrale de Québec–Chaudière-Appalaches CSN.

À la suite de la rencontre de samedi, l’employeur a de nouveau demandé quelques jours au syndicat pour planifier son retour. Malheureusement, le retour aujourd’hui était pitoyable. « L’employeur nous demande 4 jours pour faire ses devoirs, et quand on se revoit on n’a encore rien de fait, et on n’a rien à proposer. Rendu là, on pourrait leur laisser encore 1 an et on n’aurait pas avancé. Le maire dit garder confiance, mais je suis désolé de lui apprendre que son comité de négociation ne travaille pas. Il ne fait pas ses devoirs et perd son temps même quand on est tous à table », s’indigne Simon-Mathieu Malenfant, vice-président et trésorier de la Fédération des employées et employés de services publics.

« On a été de bonne foi depuis la première journée de négociation. On laisse la chance aux négociations et on reste sympathique envers notre interlocuteur. Malheureusement, aujourd’hui, c’était la goûte de trop. On ne peut plus faire comme si tout allait bien, ça ne va pas bien, car ça ne travaille pas, et c’est comme ça depuis des semaines! », déplore Alain Audet.

Le syndicat continuera de se présenter à la table de négociation avec des propositions et fera ses devoirs entre les rencontres pour essayer de mettre fin au conflit de travail actuel. Rappelons que le syndicat a déclenché une grève générale illimitée le lundi 13 février dernier après 13 mois de négociations infructueuses.

Un pas dans le bon sens… sans grande audace

L’idéal d’un système VRAIMENT public commande l’affranchissement du réseau public de toute dépendance à l’égard de l’entreprise privée à but lucratif. La première mesure pour redevenir un employeur de choix est d’abolir les agences de personnel et de mettre fin à la concurrence qui prévaut actuellement entre les conditions du secteur public et celles des agences. En outre, il est crucial d’assurer au personnel du réseau public de bonnes conditions de travail et de rémunération pour y ramener les travailleuses et les travailleurs et retenir celles et ceux qui y sont demeurés.

La CSN aurait voulu que le gouvernement fasse preuve de plus d’audace en s’engageant dès maintenant dans un plan visant le rapatriement de l’ensemble des ressources dans le secteur public. Elle invite donc le gouvernement de la CAQ à aller plus loin pour éradiquer complètement les recours aux entreprises de placement de main-d’œuvre en santé et services sociaux.

« Pour mettre fin définitivement aux recours aux agences privées, il lui faudra travailler avec nous, les organisations syndicales, souligne la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Redevenir un employeur de choix, comme réseau public, constitue la pierre angulaire de toute solution à long terme. Pour cela, ce que nous demandons, c’est que le gouvernement soit en mode écoute. Parce que des solutions, le personnel du réseau en a tout plein. Elles sont concrètes et réalistes, mais trop souvent ignorées. »

La CSN réitère la nécessité d’avoir un échéancier indiquant clairement les étapes pour s’affranchir complètement et définitivement de cette dépendance envers l’entreprise privée à but lucratif, parce que l’heure est grave. En définitive, il faudra voir le règlement qui sera adopté par le gouvernement pour savoir si on assiste à un véritable changement de cap.

Un problème généralisé
Le recours à des agences de placement de personnel crée aussi de l’instabilité pour les équipes de travail et nuit à la sécurité et à la qualité des soins et des services. Les agences sont dorénavant partout dans le réseau ! Dans les soins infirmiers, chez les préposé-es aux bénéficiaires, dans les services alimentaires, dans les services sociaux…  Bref, le problème touche plusieurs titres d’emplois et il a également pris beaucoup d’ampleur dans le secteur des centres d’hébergement privés ces dernières années. Là aussi, il faut agir, sinon on ne fait que déplacer le problème.

Pour la CSN, cette situation de dépendance doit alerter toute la population quant aux conséquences réelles de la privatisation en santé et services sociaux, et ce, même quand les frais sont couverts par l’assurance maladie publique. Elle entraîne inévitablement la fuite des ressources et de l’expertise du secteur public vers des entreprises à but lucratif dont l’objectif premier est de réaliser des profits. Des groupes de médecine familiale et centres médicaux spécialisés aux centres d’hébergement privés, aucun exemple de privatisation en santé et services sociaux n’a permis à l’État de payer moins cher que dans le secteur public tout en atteignant les objectifs, notamment en matière d’accessibilité.

Pour connaître les solutions mises en avant par la CSN, visitez le https://www.csn.qc.ca/vraiment-public/

Un chantier maritime historique grâce à l’action syndicale

Le chantier maritime Davie a été fondé en 1887 pour la construction de navires, bien avant l’arrivée de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), ancêtre de la CSN ; et il existe encore aujourd’hui en bonne par­tie grâce à ses syndicats CSN.

Avant la construction de navires, en 1829, la famille Davie réparait des navires dans la paroisse de Pointe-Lévy. Quelques années après la 2e Guerre mondiale – période pendant laquelle le chantier a tourné à plein régime –, les travailleurs décident de délaisser les accréditations syndicales internationales par métiers. La raison est simple et légitime : ils veulent être réunis sous un même syndicat. Il faut dire que les salaires ne suffisent plus à payer les loyers qui avaient monté en flèche – jusqu’à 45 $ par mois – à la fin de la guerre à Montréal. Ce sera l’entrée en scène du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (STCNL–CSN) en 1949, qui réalisera un gain important grâce à une grève conjointe avec le chantier naval Vickers de Montréal dès 1951. La lutte se poursuivra en 1958 avec une grève de deux mois.

Vue de la première cale sèche de la compagnie George T. Davie & Sons,
août 1903.

« Depuis les années 80, c’est le STCNL–CSN qui fait en sorte que le chantier reste ouvert », raconte le président du syndicat, Jean Blanchette, en entrevue avec Le Point syndical. Les propriétaires et les gros contrats se succèdent, mais il y a en effet des périodes creuses où le syndicat est pratiquement le seul à bord du chantier Davie. De 2010 à 2013, il n’y a que deux travailleurs sur le chantier, simplement pour maintenir les installations.

« J’ai connu l’achat par Marine Industries à la fin de 1988. Ils ont fermé les chantiers de Montréal et de Sorel-Tracy », se souvient le président du syndicat. Il faut dire que Jean Blanchette est entré à la Davie en 1981 !

En 1996, le travail sur les frégates est terminé et un creux se fait sentir jusqu’en 2000. « On tombait dans des faillites », explique-t-il.

En 2007, le chantier est vendu à des Norvégiens qui font faillite. Les membres du STCNL–CSN restent trois ans à la maison.

En 2011, une convention collective est signée pour faciliter l’arrivée d’un acheteur italien, Ficantieri, le même constructeur à l’origine du traversier F.-A.-Gauthier. Malgré une baisse de 4 $ l’heure et la perte de certains métiers, les membres acceptent, il faut sauver le chantier. « Les Italiens décident de ne pas acheter en fin de compte, par manque de contrats fédéraux », précise Jean Blanchette. C’est finalement Upper Lake, en Ontario et SNC-Lavalin qui acquièrent Davie. « Les gars voulaient travailler, ils ont accepté ces mêmes conditions », précise le président.

Le chantier est finalement vendu à Inocea en 2012. Les propriétaires actuels entrent en scène : Alex Vicefield et James Davies. Un rappel au travail intervient en 2013, un navire hauturier est fabriqué pour Cecon et deux traversiers pour le Québec.

Stratégie nationale de construction navale
Le STCNL–CSN s’attend à l’inclusion prochaine de Davie dans la Stratégie nationale de construction navale. Une fois confirmée, cette inclusion, au même titre que les chantiers de Halifax et de Vancouver, permettra d’importantes mises à niveau du chantier, à hauteur de 750 M $, dont un important prêt du gouvernement du Québec. Davie serait alors en mesure d’entreprendre de très importants chantiers, notamment sur les brise-glaces de la garde côtière. « En faisant partie de la Stratégie nationale, on peut avoir des contrats directement du fédéral », explique Jean Blanchette en ajoutant que plusieurs anciens du chantier ne croient toujours pas à cette bonne nouvelle, tant ils ont été échaudés par le passé. « À partir du moment où on va être nommé, il y aura un bel avenir pour les plus jeunes », croit néanmoins Jean Blanchette.

Jean Blanchette, président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon–CSN, 2023. // Pascal Ratthé

« On a négocié notre convention comme si on était le troisième chantier de la Stratégie nationale », poursuit-il en parlant des gains de novembre 2021, qui incluent notamment un rattrapage salarial de 25,5 % à la signature, le 18 avril 2022.

Dans toute cette saga, il faut souligner l’apport des deux autres syndicats de la CSN présents à la Davie, le Syndicat des employé-es du corps de sécurité de Davie–CSN et le Syndicat des employé-es de bureau du chantier naval de Lévis–CSN. Leur rôle essentiel auprès de leurs membres a certainement contribué à faire du chantier ce qu’il est aujourd’hui.

Connaître le passé
« Il faut connaître le passé pour savoir pourquoi les choses se font d’une certaine façon », estime le président du STCNL–CSN. Ce dernier conseille d’ailleurs de choisir des dirigeants syndicaux qui « montent tranquillement » dans l’organisation, afin d’assurer une connaissance et une continuité. Ça n’a pas toujours été le cas à Davie, ce qui a mené à des chicanes, car beaucoup de choses avaient été oubliées. « Le matin, on va souvent sur le chantier et les membres l’apprécient », conclut Jean Blanchette qui a fait son bout de chemin pour assurer quelques décennies de plus à ce chantier plus que centenaire.

 

Prendre la route, tout ce temps

Chauffeuse d’autobus depuis vingt ans, Hélène Fortin n’a pas connu toutes les tempêtes rencontrées par son syndicat au fil des ans. Cela dit, elle incarne à merveille l’intelligence collective qui s’est développée au sein de son groupe. « À l’époque, on était sur des tramways et on va y retourner bientôt. C’est beau, cette roue qui tourne. On retire une grande fierté de traîner toute cette histoire avec soi », témoigne la présidente du Syndicat des employé-es du transport public du Québec métropolitain–CSN.

Faire partie du plus vieux syndicat de la CSN ne rend pas les batailles faciles pour autant. Le projet de tramway est sans cesse menacé par l’humeur politique, souligne Hélène Fortin, tout de même encouragée par l’appui renouvelé du maire de Québec, Bruno Marchand. Or, même si les recours juridiques d’un groupe citoyen voulant voir ce projet enterré ont échoué, les sondages d’opinion hésitent. L’issue demeure donc incertaine, malgré l’urgence.

Pour apaiser les taxis floués par Uber, souligne aussi Hélène, Québec a modifié la Loi sur les transports. La promesse était de les mettre à contribution pour raccorder les banlieues au réseau de transport public. Mais le projet a tôt fait de prendre le pli individualiste. En parallèle avec le réseau d’autobus, des jeunes vont en taxi à l’école. Des gens prennent aussi ce moyen pour se rendre au travail. « Le privé est partout, sur les mêmes routes que nous ! On nous disait que les taxis allaient amener du monde sur nos lignes alors qu’ils ramassent plutôt les gens à nos propres arrêts », regrette la chauffeuse.

Hélène Fortin, présidente du Syndicat des employé-es du transport public du Québec métropolitain–CSN // Photo : Pascal Ratthé

« On nous a menti. Il ne devait pas y avoir de coupes de services en banlieue alors qu’on voit des départs de lignes être retirés. Des services flexibus être élargis. Des zones être fusionnées pour permettre les longs déplacements, ce qu’on disait vouloir éviter ! »

À la trace
Il y a aussi cette fâcheuse habitude de vouloir savoir précisément quand l’autobus se pointera. Le système de géolocalisation indique aux usagères et aux usagers, à la seconde près, l’heure de passage des lignes. Cette heure se déploie en direct sur les écrans du centre de contrôle de l’administration. Des messages électroniques sont ainsi envoyés en temps réel pour signaler les moindres retards. De la même façon, des appels ordonnent aux chauffeurs et aux chauffeuses de se ranger lorsqu’ils sont trop en avance sur l’horaire prévu – comme si le chantier qui s’en venait n’avait pas été prévu par la personne au volant de l’autobus. En outre, la direction peut imposer une rencontre avec l’employé-e en défaut.

Entre deux runs, l’employeur a aussi réduit le temps à rien, l’autobus devant poursuivre sans arrêt son chemin. « La cadence des lignes, c’est l’enfer. On n’a pas le temps d’aller pisser. Si on le fait, on se met dans le trouble pour le reste de la journée. »

Une trentaine d’employé-es ont récemment démissionné. « On voyait pas ça avant. Des gens avec dix-neuf, vingt ans d’ancienneté… Ils sont pu capables ! » Alors, le monde s’organise. « Les jeunes sont présents dans les assemblées, au conseil syndical, au comité de mob… Ils sont partout, je les aime d’amour. » Quelque 700 t-shirts rouges ont été épuisés en deux jours et ont pris d’assaut les routes de Québec. Tous les membres les portent pour conduire leur autobus, arborant à l’épaule un gros 99,4 % : le score du vote de grève pris avant Noël.

« On s’est délogués il n’y a pas longtemps, ajoute la présidente du syndicat. La clientèle ne pouvait pas nous suivre. C’était pas où est Charlie, c’était où est la 58 ? Et pourtant, on a donné exactement le même service qu’à l’habitude. »

Les horaires et la sous-traitance figurent au cœur du projet de négociation. « Pis les salaires, surtout ! Avec l’inflation, on a vraiment l’impression d’avoir reculé dans le temps. »

En dépit de son âge respectable, le plus vieux syndicat de la CSN vit encore des premières. « On est trois femmes sur le comité exécutif. On est enfin majoritaires. On a pris le contrôle ! », lance-t-elle par bravade, ricaneuse.

Ça, mettons que ça a pris un peu trop de temps.

Un mariage heureux

Au cours de ses 100 ans d’action collective, la CSN a pu compter dans ses rangs des femmes d’exception qui ont fait avancer la cause syndicale.

En 1921, lors de la fondation de la CSN, connue alors comme la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), les femmes sont relativement peu nombreuses sur le marché du travail. Néanmoins, l’un des premiers grands combats de la CTCC sera mené par les allumettières de la compagnie Eddy Match. Depuis 1921, la centrale est passée « d’une approche défensive et paternaliste à l’égard des syndiquées à un engagement actif et militant envers l’égalité », souligne Claudette Carbonneau dans un récent article du Bulletin d’histoire politique. Il s’agit d’un parcours qui, bien qu’ayant grandement subi l’influence de l’Église, a su s’adapter à l’évolution de la société québécoise.

Celle qui a dirigé la CSN de 2002 à 2011 se remémore des « grèves courageuses et historiques » menées à la CTCC/CSN par des femmes, comme celles du textile et de la chaussure. Fatiguées d’être méprisées par leur employeur qui leur accorde un salaire de misère, les employées de Dupuis frères mènent la grève en 1952. Leur lutte bénéficiera à toutes les travailleuses des autres grandes enseignes. L’histoire se rappellera également les infirmières de l’hôpital Sainte-Justine en 1963. Épuisées et inquiètes de la qualité des soins offerts, elles déclenchent la grève et forcent « la Reine à négocier avec ses sujets », pour paraphraser l’ancien premier ministre du Québec, Jean Lesage.

Assemblée des travailleuses de garderies, années 1970. // Archives CSN

Au sein même de la centrale, un comité féminin sera mis en place en 1953. Les femmes veulent qu’on cesse de voir leurs problèmes comme des « affaires de bonnes femmes » !

Dans les années 1990, peu de femmes occupent des postes de responsabilités à la CSN. « Au comité exécutif, je trouvais que ça n’avait pas de bon sens d’être la seule femme sur six personnes, alors que 50 % de nos effectifs sont des femmes ! » L’ancienne présidente de la CSN évoque la « conviction profonde et la mobilisation des femmes » qui ont mené les batailles pour les centres de la petite enfance, les congés parentaux et l’équité salariale. Ce dernier enjeu, une véritable saga, a entraîné les militantes à multiplier les manifestations. Face aux stratagèmes juridiques et gouvernementaux, la CSN a porté à bout de bras ce dossier devant les tribunaux, et la bataille pour l’équité salariale se poursuit.

Viser la parité
Le comité exécutif de la CSN est aujourd’hui à parité. « Ça prêche par l’exemple », fait valoir la secrétaire générale de la CSN, Nathalie Arguin. Au milieu des années 90, la cigarette est toujours autorisée dans les lieux publics. Son syndicat du Casino de Montréal se bat pour que les employées enceintes puissent bénéficier du retrait préventif ». « Je suis bien fière de cette lutte qui a contribué, avec le soutien d’autres organisations, à faire changer les choses. » D’un point de vue militant, la touche féminine, tout comme la diversité en général, « amène une meilleure action syndicale et crée moins d’angles morts. »

Agir pour l’avenir
L’intersectionnalité, c’est lorsqu’une même personne subit une accumulation de discriminations en lien avec son origine, son sexe, son âge, sa religion, son orientation sexuelle, sa classe sociale ou ses capacités physiques. Ramatoulaye Diallo, trésorière du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN, peut en témoigner. À son arrivée au Québec dans les années 90, la Guinéenne envoie plusieurs curriculums vitae pour tenter de décrocher un poste de technicienne de laboratoire. Cette diplômée universitaire en microbiologie ne reçoit même pas un appel !

« Il y a des alliances à faire avec d’autres mouvements sociaux pour lutter contre les systèmes qui nous oppriment », note pour sa part Emilia Castro, militante depuis plus de 30 ans et ex-vice-présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

Au dernier congrès de la CSN, une proposition demandant l’engagement de la CSN pour un modèle inclusif et intersectionnel des milieux de travail a été adoptée. Il y a de l’espoir !