Prendre en main sa vie syndicale

Un désir d’autonomie et de renouveau syndical : c’est ce qui a motivé 400 employé-es de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) à entreprendre la campagne de changement d’allégeance syndicale survenue l’automne dernier.

En mai 2019, alors qu’approche la période de maraudage, une quarantaine de travailleuses et de travailleurs de BAnQ décident de s’organiser pour grossir les rangs de la CSN. À l’avant-plan des pourparlers, ressort le désir de revitaliser l’intérêt des membres pour leur syndicat et d’avoir la mainmise sur les négociations, tant en ce qui concerne les contrats d’assurance et la négociation de conventions collectives que le contrôle sur le budget ou la vie syndicale. Bref, c’est une volonté de conquérir le pouvoir d’agir qui a alors poussé les membres, affiliés au Syndicat de la fonction publique du Québec, à entreprendre cette démarche.

« On s’est rendu compte, finalement, que la plupart des gens étaient d’accord avec
nous », souligne Guylaine Vallée, vice-présidente du nouveau Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN. « On n’a pas eu à insister et à développer une grande stratégie de séduction ; nos collègues étaient déjà convaincus que c’était la bonne chose pour eux. »

Plus de 100 personnes se sont déplacées, un samedi soir à 18 h, à la première assemblée générale qui s’est tenue après la période de maraudage. Ça ne peut être plus clair : ce changement les inspire ! Ce vent de renouveau se sent d’ailleurs jusque dans les structures du syndicat. « On a beaucoup de pain sur la planche », enchaîne Guylaine Vallée. « On a créé une nouvelle structure de délégué-es pour chacune des sections. Chacun d’eux représentera une trentaine de personnes. Notre but est de nous rendre disponibles pour les membres et de faire en sorte qu’ils se sentent enfin écoutés. »

Le nouveau syndicat constitué rassemble des techniciennes et techniciens en documentation, des commis, des agentes et agents de bureau, des manutentionnaires, des secrétaires et plusieurs autres corps de métiers. Bienvenue à la CSN !

Pour la suite du monde

Cent vingt-sept jours se sont écoulés entre le moment où le Groupe Capitales Médias (GCM) s’est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers et l’acceptation du plan de reprise collective des quotidiens. Retour sur une petite révolution.

Ces 127 jours, les syndiqué-es du Soleil, du Nouvelliste, du Droit, de La Voix de l’Est, du Quotidien et de La Tribune s’en souviendront longtemps. Le 19 août dernier, ils étaient plus de 350 salarié-es au bord du gouffre. Depuis, des coopératives ont repris le bâton de pèlerin pour chacun des journaux et la voix de ces régions continuera à être portée dans le vaste discours médiatique.

Inventer un nouveau modèle
Dans cette course contre la montre, les employé-es ont proposé un modèle d’affaires novateur et une vision nouvelle pour l’avenir de la presse écrite : la propriété collective, une approche encore jamais vue étant donné l’envergure du projet. Désormais, ils pourront miser sur un niveau d’indépendance qui sera au service des communautés et représentatif de leur réalité.

Dès le départ, l’idée de reprendre les quotidiens en fondant des coopératives s’est enracinée dans les esprits des représentantes et représentants syndicaux concernés. Pour y arriver, il leur aura fallu réagir très rapidement et entamer un travail colossal.

Sacrifices et efforts collectifs
Dans les heures suivant l’annonce par les dirigeants de GCM, les syndiqué-es se sont mobilisés, avec l’appui de la CSN et de la Fédé­ration nationale des communications (FNC–CSN), afin de développer une solution de rechange viable. Les défis étaient nombreux et le temps compté. Baisser les bras n’était pas envisageable et une période très intense s’est amorcée, alors que la CSN a soutenu activement les syndiqué-es pour les aider à s’adjoindre les services de ressources appropriées, comme ceux de MCE Conseils. Quatre mois effrénés ont suivi pendant lesquels les travailleuses et travailleurs ont conçu un ambitieux plan de reprise et mené une vaste campagne de financement, tout en continuant à assurer la publication de leur quotidien.

Ce marathon en aura surpris plus d’un par son intensité. Car malgré la bonne volonté des acteurs impliqués, la partie était loin d’être gagnée. À commencer par la difficile situation financière de l’entreprise sur fond de crise générale dans la presse écrite. Rappelons ici quelques faits : lors des deux précédentes négociations, les salarié-es avaient consenti des hausses salariales de 1 %, un taux en deçà de l’inflation, dans l’espoir de maintenir à flot leurs quotidiens. Ils avaient également accepté de rendre les régimes de retraite des salarié-es actifs moins avantageux. Sans compter la diminution de la valeur des régimes de retraite, un drame qui touche tout autant les retraité-es que les travailleuses et travailleurs encore en poste.

Malgré cela, l’espoir prend le dessus. À terme, c’est une incroyable campagne de financement qui s’est déployée : en moins de trois mois, 2,5 millions de dollars sont recueillis auprès de la population. L’un des messages les plus forts de toute cette expérience est ainsi lancé : les quotidiens régionaux sont essentiels et leurs communautés sont déterminées à faire en sorte qu’ils survivent. Fort de cet important appui populaire, le projet de coopérative aura également su convaincre Fondaction (CSN), le Fonds de solidarité de la FTQ ainsi que Desjardins d’appuyer financièrement l’aventure.

Mais de nouveaux sacrifices devront être consentis. « Nous contribuerons à la pérennité de nos quotidiens par un prélèvement de 5 % sur chacune de nos payes », explique Louis Tremblay, président des conseils d’administration de la coopérative du Quotidien et de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i). « Nous nous priverons d’augmentations salariales et de bonification de prime durant les premières années du projet. Nos communautés pourront ainsi conserver une voix. Nos enjeux, notre vie politique, sociale, culturelle et économique continueront à faire l’objet d’une couverture indépendante et professionnelle. Nous y veillerons. »

Une victoire et des luttes à venir
Le 23 décembre dernier, le plan de relance proposé par les travailleuses et travailleurs était accepté devant la Cour supérieure. Des centaines d’emplois ont été sauvegardés et la population peut espérer des jours meilleurs pour l’information régionale indépendante. Les défis à venir sont toutefois énormes et nul n’en est plus conscient que Louis Tremblay.

« Cette victoire prouve que notre mouvement peut accomplir d’immenses choses. Dans les prochaines années, nous devrons continuer d’innover. Nous devrons piloter un virage numérique et appliquer les idées phares de notre plan d’affaires pour atteindre l’équilibre budgétaire et retrouver enfin la voie de la rentabilité. Sauf que cette fois-ci, nous sommes collectivement responsables de notre destin, et nous n’aurons pas à subir les décisions arbitraires et opaques comme dans le passé. Ça va faire du bien ! »

La CAQ souhaite-t-elle asphyxier les services publics ?

Le 12 décembre dernier, la CSN a rencontré le Conseil du trésor pour recevoir les offres du gouvernement en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public.

Alors que la CAQ promettait du changement, les propositions déposées indiquent plutôt que le gouvernement Legault choisit de poursuivre sur la même voie que ses prédécesseurs libéraux en refusant de reconnaître la valeur du travail accompli par les travailleuses et les travailleurs en éducation, en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux.

Des offres salariales insultantes
Côté salaire, le gouvernement offre à ses propres employé-es de s’appauvrir. En proposant des augmentations sous le taux d’inflation – 1,75 % pour chacune des deux premières années, 1,5 % pour la troisième année et 1 % pour chacune des deux dernières années – le premier ministre Legault renie sa parole de consentir au minimum des augmentations qui couvriraient la hausse du coût de la vie. Pour les membres CSN du secteur public, cette proposition est inacceptable. Éviter de s’appauvrir en travaillant ne devrait même pas être un enjeu de négociation. C’est la base.

Le Conseil du trésor propose aussi de verser un montant forfaitaire de 1000 $ non récurrent aux personnes qui auront atteint le dernier échelon de leur échelle salariale d’ici le 30 mars 2020. Ce montant n’est que de la poudre aux yeux.

Sur le terrain, les offres salariales ont été reçues comme une véritable insulte. Pour bon nombre de travailleuses et de travailleurs des réseaux publics, le salaire actuel ne permet même pas de vivre décemment. Les besoins sont grands et les personnes qui œuvrent au quotidien à prodiguer les meilleurs services possible à la population s’attendent à plus de respect de la part de leur employeur, le gouvernement du Québec.

Négocier sans attendre
Le Conseil du trésor, dans son dépôt des deman­des à la table centrale, annonçait la création de trois forums sur ses priorités gouvernementales, soit la santé globale des salarié-es, la réussite éducative et l’accessibilité aux soins pour la clientèle en hébergement de longue durée ou recevant des soins à domicile. La CSN a annoncé en janvier dernier qu’elle ne participera pas à ces forums ; les fédérations du secteur public considèrent que les discussions sur ces enjeux cruciaux doivent se tenir aux tables de négociation, dès maintenant.

Une première séance entre la CSN et le Conseil du trésor s’est tenue le 8 janvier. Les parties ont convenu de se rencontrer régulièrement. Les pourparlers sont donc entamés sur l’ensemble de nos revendications, tant sur le salaire que sur les autres enjeux intersectoriels, soit la retraite, les disparités régionales, les droits parentaux ainsi que les assurances collectives et la protection des lanceurs d’alerte.

Des dépôts sectoriels déconnectés
Les fédérations du secteur public affiliées à la CSN (FEESP, FNEEQ, FP et FSSS) ont aussi reçu, en décembre, les propositions sectorielles des comités patronaux de négociation.

Dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi qu’en éducation, les dépôts patronaux dénotent un flagrant manque de vision. Alors que la négociation devrait servir à améliorer les conditions de travail de toutes et de tous, les patrons des réseaux semblent plutôt vouloir saisir l’occasion pour accroître le pouvoir des cadres et retirer certains droits aux salarié-es. Les dépôts comportent des éléments préoccupants pour celles et ceux qui sont en situation de précarité, particulièrement en éducation : diminution des avantages pour les employé-es à temps partiel, augmentation des délais et ajout de critères pour l’obtention de la permanence, modification des horaires à la petite semaine, etc. Avec de telles mesures, il est difficile de saisir comment les patrons pensent attirer la relève dans les écoles, les cégeps et les établissements de santé et de services sociaux.

Du côté des travailleuses et travailleurs des organismes gouvernementaux syndiqués à la CSN qui prennent part à la négociation du secteur public, seuls les membres du Parc olympique de Montréal ont déjà entamé les discussions avec la partie patronale. Les sept syndicats FEESP et FP de cet organisme ont décidé de se coordonner pour mener la présente ronde de négociation. Une décision fort stratégique compte tenu de la volonté de l’employeur de réécrire entièrement les conventions collectives, notamment en décloisonnant les horaires et en facilitant le recours à la sous-traitance. Les syndicats CSN de l’aide juridique, des traversiers et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse n’ont quant à eux toujours pas reçu les propositions patronales.

Merci, mais non merci
Absolument rien dans les dépôts du gouvernement, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, ne permet d’attirer le personnel dans le secteur public et de le retenir. Avec les coffres de l’État québécois qui débordent et une situation de rareté de main-d’œuvre qui entraîne déjà des pénuries majeures dans les réseaux, voire des bris de services, le gouvernement a les moyens et le devoir de faire mieux. C’est par leur mobilisation que les 150 000 travailleuses et travailleurs CSN du secteur public lui feront prendre conscience de l’urgence d’agir.

Le gouvernement bâillonne le parlement

Quelques centaines de syndiqué-es de la CSN en colère ont manifesté le 6 février à Montréal. Leur but : exhorter le gouvernement du Québec à laisser le processus démocratique suivre son cours et s’opposer au bâillon concernant le projet de loi 40 sur la gouvernance scolaire. Malheureusement, le couperet du bâillon est tombé dans la nuit du 6 au 7 février, interrompant abruptement les travaux parlementaires portant sur le projet de loi.

Tout juste avant de recourir au bâillon, le gouvernement a déposé 82 amendements. Ceux-ci n’ont jamais pu être étudiés par les parlementaires. Plusieurs représentantes de la CSN présentes à la manifestation se sont indignées de cette approche autoritaire du gouvernement Legault dans ce dossier. « Le gouvernement devrait avoir appris qu’il ne gagne rien à agir dans la précipitation. À présent, on se retrouve avec un projet de loi mal ficelé. Ce sont les employé-es, les élèves ainsi que leur famille qui risquent d’en payer le prix », a souligné la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

La présidente du secteur scolaire de la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN), Annie Charland, n’en revenait pas elle non plus. « Le ministre parle souvent de consulter celles et ceux qui connaissent les enfants par leur nom. C’est le cas des membres du personnel de soutien scolaire qui travaillent dans plus de 1600 écoles du Québec, tous les jours. Mais ni M. Legault ni le ministre Roberge n’ont daigné consulter ces personnes », s’insurge-t-elle.

Participant également à la manifestation, Nathalie Arguin, présidente de la FEESP–CSN, a tenu à commenter l’odieux bâillon. « Quand un projet de loi compte plus de 300 articles et modifie plus de 80 lois, cela dépasse l’abolition des élections scolaires. Au fond, le gouvernement a choisi la facilité pour faire taire toutes les voix contraires à la sienne. Cette façon de procéder est extrèmement inquiétante. »

Une histoire inspirante

Il a fallu attendre cinquante ans pour que naisse le projet d’écrire l’histoire de la FNEEQ–CSN. D’étape en étape, l’entreprise est passée d’une simple volonté de présenter chronologiquement des faits marquants au projet beaucoup plus ambitieux de créer un récit, tout en mettant l’accent sur certains épisodes qui ont façonné la vie de la fédération. Le titre, 50 ans à faire école par nos luttes, résume bien l’activisme et le pragmatisme de ses membres. Lutte pour la place des femmes dans la fédération, lutte pour l’accessibilité à l’éducation, lutte pour la reconnaissance des personnes chargées de cours, lutte pour le maintien des établissements en région, lutte pour l’autonomie professionnelle et pour la liberté d’expression : les causes défendues et les victoires obtenues sont inspirantes.

Le lancement du livre s’est déroulé au début du mois de décembre en présence des militantes et militants, des élu-es, des salarié-es et des retraité-es de la FNEEQ–CSN qui ont fait de la fédération l’organisation syndicale unique qu’elle est aujourd’hui et qu’elle sera encore demain. C’est grâce à leurs écrits et à leurs souvenirs qu’ils ont si généreusement partagé l’histoire de la fédération sans complaisance, avec moult détails et anecdotes. Encore une fois, mille mercis !

Ces témoignages ainsi que les archives ont fourni une abondante matière pour composer ce premier essai basé sur la mémoire collective. Plus de 430 journaux et bulletins, dont certains datent de 1941, ont été numérisées et sont désormais accessibles sur le site de la FNEEQ–CSN. Un véritable trésor syndical offert à toutes et à tous.

Bien sûr, on ne saurait passer sous silence le travail des photographes et des équipes de rédaction, de conception graphique et de révision linguistique. C’est grâce à leur professionnalisme que ce recueil d’une grande qualité a pu voir le jour.

Ce livre nous permet en outre de tirer des leçons du passé et de nous projeter vers l’avenir. Souhaitons que sa lecture inspire la relève militante dans la défense des valeurs et des progrès de la société québécoise.

Qu’on nous pince…

Texte signé par Jacques Létourneau, président de la CSN, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, et Sonia Ethier, présidente de la CSQ

Dans les pages de La Presse, Alexandre Taillefer nous a demandé récemment de remettre en question nos pratiques.

M. Taillefer se défend de vouloir casser du sucre sur le dos des organisations syndicales. On le comprend : il lui semble beaucoup plus facile de répandre les stéréotypes, les demi-vérités et les propos erronés auxquels nous sommes malheureusement habitués.

Ainsi, l’homme d’affaires affirme sans ambages que « le capitalisme aura été, plus que n’importe quel autre système auparavant, celui qui aura réduit les écarts entre les plus riches et les plus pauvres ».

Qu’on nous pince.

Faut-il rappeler à M. Taillefer que les écarts entre les riches et les pauvres n’ont cessé de s’accentuer au cours des 40 dernières années ?

Que malgré les hausses constantes de la productivité des entreprises, le pouvoir d’achat des travailleuses et des travailleurs aura, au mieux, stagné au cours de cette même période ?

Alexandre Taillefer déplore que les organisations syndicales aient délaissé leur mission première qu’est la défense des moins nantis. Il est vrai qu’avec une telle vision enchantée du système capitaliste, on puisse être poussé à croire que ce dernier aura résolu, à lui seul, des siècles d’injustice. À quoi bon avoir des organisations pour défendre la classe ouvrière, pardi ?

Rappelons tout de même à M. Taillefer que le salaire annuel moyen de 1,2 million de membres que nous représentons, avant impôts, se situe sous la barre des 40 000 $. En plein dans la « vraie classe moyenne » que M. Taillefer nous exhorte à protéger.

Le péché originel des syndicats aura été d’introduire des clauses de disparité de traitement dans les conventions collectives, selon M. Taillefer. Bien entendu, celui-ci tait la longue bataille que nous avons menée pour interdire ces clauses dites orphelin. Malgré une première pièce législative qui excluait les régimes de retraite de cette définition, nous avons continué la lutte pour forcer le gouvernement à interdire les régimes de retraite à deux vitesses. Nous nous sommes même opposés à l’amnistie accordée par le précédent gouvernement à ces régimes hybrides et attendons impatiemment un projet de loi visant à les interdire totalement, comme l’a annoncé l’actuel ministre du Travail.

Que certains syndicats aient tenté de sauver les meubles, nous en convenons. Parlez-en aux travailleuses et aux travailleurs d’ArcelorMittal à Contrecoeur-Ouest, forcés d’accepter une telle concession après avoir été mis en lock-out par leur employeur alors que l’entreprise était rentable. Sans parler des salariés de Groupe Capitales Médias qui n’ont pas eu cette « chance », un gouffre de 65 millions hérité de l’époque Desmarais, avant leur transaction avec Martin Cauchon, forçant leur nouvelle coopérative à mettre un terme définitif à leur régime de retraite.

Il est aujourd’hui de bon ton de décrier le retard salarial des employés du secteur public – sans jamais omettre de mentionner que leur régime de retraite compenserait amplement cette iniquité. Or, les faits prouvent le contraire : même en tenant compte de leur régime de retraite et de l’ensemble de leurs avantages sociaux, les salariés des réseaux de la santé et de l’éducation ont une rémunération globale de 6,2 % inférieure aux autres salariés québécois, tel que l’a constaté encore une fois l’Institut de la statistique du Québec en novembre dernier.

Quant à l’affirmation voulant que les enseignants exigent une parité avec leurs collègues de l’Ontario, elle est tout simplement fausse. Cette stratégie aura été payante pour les médecins, grand bien leur fasse, mais n’aura jamais servi d’argumentaire pour les membres que nous représentons.

Nous aurions aimé compter sur la présence de M. Taillefer il y a quelques jours lors d’un colloque intersyndical portant sur la numérisation et la robotisation du monde du travail.

Il aurait pu constater que nous sommes à pied d’œuvre pour développer des pratiques qui font la promotion de la formation continue et de la requalification des travailleurs, notamment dans une perspective de transition énergétique juste et équitable. Il s’agit là de notre façon à nous de préserver des emplois. Nous accuser de nous opposer à de telles transformations inévitables de nos milieux de travail relève, malheureusement, de la simple ignorance.

Nous conviendrons toutefois avec lui qu’il demeure difficile de défendre les intérêts des travailleurs autonomes, par définition moins susceptibles de se regrouper au sein d’organisations syndicales. C’est néanmoins en pensant à eux, ainsi qu’aux chômeurs, aux personnes précaires et aux retraités que les centrales syndicales sont parvenues à resserrer les différentes mailles du filet social dont nous nous sommes collectivement dotés – qu’on pense au Régime des rentes du Québec, au Régime québécois d’assurance parentale (qui inclut un congé parental consacré aux hommes, M. Taillefer) et à notre système public d’éducation et de santé et de services sociaux.

Alors que le Québec tout entier demeure inquiet face à la situation pour le moins préoccupante que traverse Bombardier, résultat de décisions d’affaires pour le moins mal avisées, quelle heureuse diversion que de rendre responsables les syndicats de tous les maux qui nous affligent !

Si M. Taillefer souhaite réellement « un dialogue constructif entre les employeurs et les employés » afin d’atteindre le bien commun, comme il le prétend, force est d’admettre qu’il s’y prend bien mal.

Un dépôt patronal qui ne passe pas

Même si les notes sont remises depuis maintenant plusieurs semaines, les profs de cégep membres de la FNEEQ-CSN ont tenu à corriger une copie supplémentaire : les demandes patronales pour la prochaine négociation.

La note « 0 » a été décernée par plusieurs syndicats de partout au Québec. La grille de correction comprenait plusieurs critères, comme la reconnaissance par la partie patronale que « les conditions de travail sont aussi les conditions d’enseignement ».

« Nous avons déjà remis nos notes il y a quelques semaines à nos étudiantes et étudiants, mais nous tenions quand même à corriger une dernière copie : le document contenant les demandes de nos patrons. Il y a des problèmes urgents à régler dans le réseau collégial, mais le souhait de nos directions semble plutôt être d’accroître leur pouvoir de gestion. » – Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ-CSN.

En période de surplus, pourquoi demander des reculs dans les conditions de travail ?
À la FNEEQ-CSN, on trouve plutôt curieux que le dépôt patronal ne propose aucun ajout d’argent neuf dans le réseau collégial dans un contexte où le gouvernement affiche d’importants surplus budgétaires. « Notre réseau collégial est sous-financé depuis des années, alors que notre tâche et les besoins des étudiantes et étudiants augmentent. Nous avons dans cette négociation une occasion d’améliorer les conditions dans lesquelles nous donnons nos cours, ce qui aura un effet certain sur la réussite étudiante », affirme Yves de Repentigny, vice-président de la fédération.

Il s’agit d’une première action de mobilisation collective pour les enseignantes et enseignants du réseau collégial. Dans les prochains jours et les prochaines semaines, le comité de négociation et de mobilisation de la FNEEQ-CSN travaillera à présenter ses solutions pour le réseau collégial à la table de négociation nationale.

« Sans nous, les services publics sont HORS SERVICE »

C’est habitée par un réel sentiment d’urgence que la CSN lance aujourd’hui la campagne HORS SERVICE. « Après plusieurs séances de négociation, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, il est maintenant on ne peut plus clair que le gouvernement de François Legault ne saisit pas l’ampleur de la crise qui sévit dans nos réseaux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Après avoir tenté par tous les moyens, et ce, depuis l’élection de la CAQ, de faire prendre conscience au gouvernement Legault que rien ne va plus dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que dans les organismes gouvernementaux, la CSN choisit maintenant de s’adresser directement aux Québécoises et aux Québécois qui sont plus d’un million et demi à utiliser, chaque jour, les services publics. « Notre message est simple : sans de meilleures conditions de travail, il n’y aura plus de travailleuses et de travailleurs. Et sans les travailleuses et les travailleurs, il n’y a pas de services publics. Nous ne sommes pas alarmistes, nous sommes réalistes », ajoute Mme Senneville. « Il manque de ressources, les charges de travail sont insoutenables, les cas d’épuisement professionnel se multiplient, alors il manque encore plus de ressources… Il faut à tout prix briser ce cercle vicieux. »

De plus, c’est avec une grande inquiétude que la CSN constate que le Conseil du trésor n’envoie pas de signaux positifs aux tables de négociation, comme en témoigne son refus d’hier à maintenir en place jusqu’à la conclusion de nouvelles ententes des primes d’attraction et de rétention ainsi que certains budgets de formation et d’encadrement. « Le gouvernement opte pour des économies de bouts de chandelle sur le dos des travailleuses et travailleurs au lieu de saisir la chance de valoriser le personnel. La CSN ne baissera pas les bras et les discussions se poursuivent afin de les maintenir au-delà du 30 mars. »

Puisque le gouvernement ne reconnait pas la nécessité de donner un sérieux coup de barre dès maintenant pour améliorer les conditions de travail et de pratique et les salaires dans les réseaux, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN considèrent qu’il est aujourd’hui de leur devoir d’informer la population de l’état de la situation sur le terrain. « Les bris de services sont à nos portes. De nombreux secteurs et départements sont constamment en sous-effectifs, ce qui nuit grandement à l’accessibilité et à la qualité des services. »

La CSN rappelle que, depuis plus de deux mois, elle se présente aux tables de négociation avec des solutions concrètes qui répondent aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux; des solutions qui permettraient au secteur public de redevenir attractif et ainsi de réduire les problèmes de pénurie de main-d’œuvre qui aggravent actuellement la situation dans les établissements. « Pendant que nous mettons des propositions solides sur la table, le gouvernement, de son côté, ne semble pas vouloir travailler à améliorer les conditions de travail du personnel. De plus, il nous confirme à travers le budget qu’il souhaite appauvrir les travailleuses et les travailleurs du secteur public en offrant des hausses de salaire sous l’inflation. N’est-il pas indécent que le président du Conseil du trésor, millionnaire de surcroît, propose d’appauvrir celles et ceux qui se consacrent au quotidien à offrir des services à la population? »

Avec comme objectif de parler à l’ensemble de la population, la campagne HORS SERVICE se déploiera dans toutes les régions du Québec. Des actions sont prévues dès aujourd’hui dans plusieurs villes.

« Si rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail du personnel des réseaux, il n’y aura plus de services publics. N’attendons pas que ça arrive! », conclut Caroline Senneville.

Grève générale illimitée à la Coop du Collège de Maisonneuve

Réunis en assemblée générale le 6 février dernier, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Coop du Collège de Maisonneuve–CSN ont voté à l’unanimité en faveur d’un mandat de grève générale illimitée après avoir rejeté l’offre globale qualifiée de « finale » par l’employeur, du jamais vu à la Coop du cégep Maisonneuve.

« Ce que tente de nous imposer l’employeur, c’est ni plus ni moins qu’un retour en arrière, avec des demandes de recul à tous les niveaux. C’est absolument inacceptable!, a déclaré le président du syndicat, Jean-Sébastien Provencher. En déclenchant la grève générale illimitée, notre message à la partie patronale est sans équivoque : pas question de négocier sur des bases régressives, que ce soit sur le plan de nos conditions de travail que sur celui de notre salaire! »

Négociation : deux visions qui s’opposent
Alors que le syndicat défend le modèle de gestion collaborative qui a prévalu pendant de nombreuses années à la Coop, la partie patronale prône plutôt une gestion verticale de la Coop, où l’employeur dicte unilatéralement la marche à suivre à ses employé-es. « En tentant de renverser le modèle de cogestion qui a longtemps fait ses preuves à la Coop du Collège de Maisonneuve, l’employeur ne fait que creuser l’écart qui s’était créé entre les parties lors de la dernière négociation en 2017. Plutôt que de s’entêter à imposer un cadre autoritaire à la Coop, celui-ci devrait plutôt revenir aux valeurs qui animent normalement les entreprises coopératives, telles que l’équité, la solidarité et la démocratie », a affirmé Alexandre Giguère, vice-président de la Fédération du commerce de la CSN.

Menace de fermeture du café étudiant
Lors de la dernière séance de négociation, l’employeur a menacé de fermer le café étudiant du Collège, géré par la Coop, où travaille plus de la moitié des quelque 30 membres du syndicat. Ce n’est pas la première fois que l’employeur menace de mettre la clé sous la porte en évoquant le café étudiant. Mais de l’avis de la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN), Dominique Daigneault, cette tactique s’apparente davantage à une méthode d’intimidation pour décourager les grévistes. « Face à l’attitude générale de l’employeur depuis le début de la négociation, on est en droit de se demander si la partie patronale n’essaie pas de faire peur à ses employé-es en brandissant la menace de fermeture du café étudiant. Dans tous les cas, le Conseil central du Montréal métropolitain demeurera aux côtés des employé-es de la Coop pour mener la lutte jusqu’au bout afin que l’ensemble des travailleuses et travailleurs puissent obtenir une convention collective juste, respectueuse et avantageuse, à la hauteur de ce qu’ils et elles méritent ».

Même si d’importants écueils subsistent à la table de négociation, le syndicat a réitéré son ouverture à discuter avec l’employeur pour que soient trouvées des solutions satisfaisantes pour toutes et tous. Deux dates de négociation sont d’ailleurs prévues en février.

Syndicat des employées et employés de la SQDC–CSN (Rivière-du-Loup)

Le Syndicat des employées et employés de la Société québécoise du cannabis – CSN a été accrédité le 20 janvier 2020, pour représenter :

« Tous les salariés au sens du Code du travail, à l’exclusion des agents de sécurité, des assistants-directeurs et des directeurs à l’emploi de l’établissement. »

Les travailleuses et travailleurs de la succursale de Rivière-du-Loup ont choisi de rejoindre la CSN pour son expertise dans les sociétés d’État, sa combativité et pour la force du syndicat régional. Ce groupe constitue la 11e succursale de la SQDC qui opte pour la CSN.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des employées et employés des services publics, au Conseil central du Montréal métropolitain et bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Syndicat des employées et employés de la SQDC–CSN (Sorel)

Le Syndicat des employées et employés de la Société québécoise du cannabis – CSN a été accrédité, le 30 janvier 2020, pour représenter :

«Tous les salariés au sens du Code du travail, à l’exclusion des agents de sécurité, des assistants-directeurs et des directeurs à l’emploi de l’établissement. »

Les travailleuses et travailleurs de la succursale de SOREL ont choisi de rejoindre la CSN pour son expertise dans les sociétés d’État, sa combativité et pour la force du syndicat régional. Ce groupe constitue la 9e succursale de la SQDC qui opte pour la CSN, permettant de briser leur isolement, de discuter de leurs réalités et de partager l’information, augmentant ainsi leur rapport de force face à leur employeur.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des employées et employés des services publics, au Conseil central du Montréal métropolitain et bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Syndicat des employées et employés de la SQDC–CSN (Grande-Rivière)

À la suite du dépôt de la requête en accréditation, le 17 décembre 2019, le Syndicat des employées et employés de la Société québécoise du cannabis – CSN a été accrédité pour représenter :

« Tous les salariés au sens du Code du travail, à l’exclusion des agents de sécurité, des assistants-directeurs et des directeurs à l’emploi de l’établissement. »

Les travailleuses et travailleurs de la succursale de GRANDE-RIVIÈRE ont choisi de rejoindre la CSN pour son expertise dans les sociétés d’État, sa combativité et pour la force du syndicat régional. Ce groupe constitue la 10e succursale de la SQDC qui opte pour la CSN.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des employées et employés des services publics, au Conseil central du Montréal métropolitain et bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Les syndiqué-es de l’Université Concordia manifestent en appui aux employé-es des bibliothèques en grève

Les membres de plusieurs syndicats de l’Université Concordia se sont rassemblés sur la place Norman-Bethune mercredi pour démontrer leur soutien aux membres du Syndicat des employé-es des bibliothèques de l’Université Concordia (FEESP–CSN), qui ont fait la grève sur l’heure du dîner.

« Les négociations sont au point mort depuis le début de l’année, affirme le président du syndicat, Kent Cluff. On espère que ça va débloquer maintenant que la direction peut constater que toute la communauté de Concordia est derrière nous. »

« Je suis vraiment fière de voir tous ces gens qui se sont déplacés ici pour soutenir leurs camarades, s’est réjouie la vice-présidente de la CSN, Véronique de Sève. On voit encore une fois à quel point on se serre les coudes dans la grande famille de la CSN. »

C’est la deuxième fois en moins d’un mois que les employé-es des bibliothèques, dont le contrat de travail est expiré depuis presque deux ans et demi, font la grève. Ils avaient voté en faveur d’un mandat de grève de huit heures et de la création d’un fonds de soutien financier pour les grévistes en novembre dernier lors d’une assemblée générale.

« Ce n’est jamais facile quand une négociation s’étire sur une aussi longue période, explique Bertrand Guibord, secrétaire général du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN). La solidarité est cruciale dans ces moments, car c’est souvent ce qui donne le courage de continuer à se battre. Il faut que les membres sachent qu’ils ont l’appui des autres syndicats de l’université et de la CSN. »

« Ça fait un an que les négociations stagnent en raison de l’entêtement de l’employeur, rappelle le vice-président et trésorier de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Jean-Pierre Bourgault. Il est temps que l’employeur mette de l’eau dans son vin et démontre une réelle envie d’en venir à un accord. »

Les travailleuses et travailleurs encaissent le choc

Les travailleuses et travailleurs ont appris le 28 janvier la fermeture de la Maison mère des Sœurs de Miséricorde. Après des années de loyaux services, le personnel se retrouve devant l’incertitude. Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), ce triste événement doit entraîner une réflexion collective sur l’avenir des institutions religieuses.

La cinquantaine d’employé-es qui donnaient depuis plusieurs années des services aux sœurs ont appris hier leur licenciement collectif. Le 31 mars prochain, l’ensemble des sœurs aura déménagé et le personnel se retrouvera sans travail.

Le cauchemar pour ces employé-es a débuté lorsque l’entreprise propriétaire de l’immeuble où résident les Sœurs de Miséricorde a déclaré faillite en octobre dernier. Dans les semaines précédant la déclaration de faillite, l’entreprise a prélevé plusieurs montants auprès des travailleuses et travailleurs. Elle a conservé ces sommes sans respecter les droits du personnel. C’est le cas notamment de sommes pour les assurances collectives, le régime de retraite et les cotisations syndicales.

« Cela fait des semaines que les travailleuses et travailleurs subissent un grand stress. Et maintenant, ils viennent d’apprendre que leur employeur va fermer ses portes. Ce qui se passe actuellement chez les Sœurs de Miséricorde risque fort bien de se reproduire ailleurs. Les communautés religieuses sont en décroissance et des dizaines d’employé-es leur donnent des services. Il y a des questions à se poser pour agir en amont », lance Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Une réflexion collective sur l’avenir des institutions religieuses

Le drame vécu par les travailleuses et travailleurs des Sœurs de Miséricorde ne doit pas rester sous silence. Non seulement les bâtiments des institutions religieuses ont une valeur patrimoniale, mais les besoins de places d’hébergement de soins de longue durée sont en croissance au Québec. Pour la FSSS–CSN, le gouvernement Legault doit se saisir du dossier et intervenir. « En agissant auprès des communautés religieuses, le gouvernement peut à la fois s’assurer que des soins de qualité continuent de leur être donnés par un personnel qualifié et combler une partie du manque de places en CHSLD », de conclure Lucie Longchamps.

La CSN déplore l’attitude de la Société de transport de Montréal

Le président du Syndicat du Transport de Montréal, Gleason Frenette, dénonce l’attitude provocatrice de la Société de Transport de Montréal (STM) et examine ses possibles recours légaux à la suite de la divulgation publique d’informations personnelles et confidentielles dont certaines proviennent de son dossier d’employé.

Le syndicat a tenu des activités de mobilisation dans la semaine du 20 janvier afin de dénoncer le fait que la STM avait recours au privé pour l’entretien d’autobus. Les membres du syndicat ont alors visité certains lieux de travail durant les heures de pause afin de faire connaître leur mécontentement.

Toutes ces activités se sont déroulées sans accrocs, sauf une lors de laquelle deux gestionnaires sont venus confronter les employé-es qui manifestaient. Une joute verbale est alors survenue entre M. Frenette et un de ces gestionnaires, qui a même initié un contact physique avec le président du syndicat.

« La STM m’a suspendu sans entendre ma version des faits, car la direction a refusé de reporter la rencontre disciplinaire et l’agent syndical mandaté pour me représenter n’était pas disponible à la date indiquée dans la convocation, car il témoignait en arbitrage », explique M. Frenette, qui déposera un grief pour contester sa suspension.

Ce dernier ajoute que ce n’est pas surprenant, car la STM procède continuellement à des avis disciplinaires, des suspensions et des congédiements en se fiant uniquement à la version des gestionnaires et sans même prendre la peine de parler aux salarié-es.

« Quand les plaintes visent des salarié-es, la STM est tellement pressée de sévir qu’elle bâcle les enquêtes, affirme-t-il. Pendant ce temps, des employé-es qui se plaignent de harcèlement de la part de gestionnaires doivent patienter des années avant que leur dossier ne soit réglé. »

Pour la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN), Dominique Daigneault, cet épisode est symptomatique du climat de travail toxique qui règne à la STM depuis plusieurs années.

« La direction méprise les travailleuses et les travailleurs syndiqués et se range systématiquement du côté des gestionnaires en cas de différends et ça doit cesser rapidement », argue Mme Daigneault.

À la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), on trouve inacceptable qu’un organisme public se comporte avec aussi peu d’égards envers ses salarié-es.

« En tant qu’organisme financé en grande partie par des fonds publics, la STM doit rendre des comptes sur sa gestion devant les instances appropriées, rappelle Jean-Pierre Bourgault, vice-président et trésorier de la fédération. Il est temps que les acteurs politiques exigent de la direction de la STM qu’elle mette fin à cet acharnement envers les travailleurs et qu’elle s’efforce d’installer un climat de travail décent. »

Une première journée de grève à la Coop du Collège de Maisonneuve

Les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Coop du Collège de Maisonneuve–CSN exerceront aujourd’hui leur première journée de grève à compter de 10 h. Les employé-es feront du piquetage devant les bureaux de la Coop, à l’intérieur du collège, de 10 h à 17 h. Un barbecue est également prévu à l’heure du midi, devant le cégep, sur la rue Sherbrooke.

« Nous invitons les étudiantes et étudiants du collège, de même que les professeur-es, à se joindre à nous pour témoigner de leur solidarité envers les employé-es de la Coop en grève aujourd’hui. Cette journée de débrayage vise à envoyer un message clair à notre employeur quant à notre volonté de combattre les demandes de recul qu’il souhaite nous imposer une fois de plus, tant sur le plan salarial que sur celui des conditions de travail », a affirmé le président du syndicat, Jean-Sébastien Provencher.

Cette situation n’est pas sans rappeler la dernière négociation qui remonte à 2017. « On dirait que l’employeur a la mémoire courte ! Il y a à peine deux ans, les travailleuses et travailleurs de la Coop du Collège de Maisonneuve avaient dû exercer leur droit de grève pendant deux jours pour manifester leur mécontentement devant l’intransigeance de l’employeur. Cette année, les membres sont tout aussi déterminés à refuser ces demandes de recul et à se faire respecter une fois pour toutes ! », a ajouté David Bergeron-Cyr, président de la Fédération du commerce de la CSN.

En plus de l’appui de la Fédération du commerce–CSN, les quelque 40 employé-es de la Coop bénéficieront également du soutien du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN). « Tant qu’il le faudra, nous serons aux côtés des travailleuses et travailleurs de la Coop du Collège de Maisonneuve pour les appuyer dans leur lutte et leur mobilisation. Bravo pour votre détermination ! », a déclaré Dominique Daigneault, présidente du CCMM–CSN.

La conciliatrice du ministère du Travail a convoqué les parties à quatre dates de négociation en février.

Rappelons que le 7 janvier dernier, les membres du Syndicat de la Coop du Collège de Maisonneuve, réunis en assemblée générale, se sont dotés d’une banque de 72 heures de grève à être utilisée au moment jugé opportun.

Réforme du mode de scrutin : des modifications s’imposent

Appuyant l’objectif général d’une réforme du mode de scrutin, la CSN estime néanmoins que des modifications doivent être apportées au projet de loi déposé par la ministre Sonia LeBel afin de mieux représenter la volonté populaire. C’est ce qu’a défendu la centrale syndicale, aujourd’hui, lors de la commission parlementaire portant sur le projet de loi 39.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, a d’abord souligné que les parlementaires détenaient toute la légitimité pour adopter une réforme du mode de scrutin sans avoir à passer par voie référendaire. « Une forte majorité de députés provient de partis politiques qui se sont clairement engagés à réformer le mode de scrutin avant les élections de 2022, a-t-il rappelé. C’est un enjeu beaucoup trop important pour être abandonné aux considérations partisanes d’une campagne électorale. Il est quelque peu surréaliste de constater que le gouvernement de la CAQ dépose aujourd’hui un projet de loi qui l’empêcherait lui-même de militer en sa faveur lors d’un éventuel référendum. Mais si le gouvernement tient mordicus à soumettre la question dans le cadre d’un référendum, celui-ci doit se tenir avant les élections de 2022. »

La centrale syndicale a émis de sérieuses réserves quant à la formule de compensation privilégiée par le gouvernement, qui ne prend en considération que la moitié des circonscriptions gagnées dans une région. « L’objectif d’un mode de scrutin proportionnel est de trouver un juste équilibre entre le nombre de voix exprimées et le nombre de sièges accordés aux différents partis. Ce n’est certainement pas de récompenser en double le parti qui a remporté un siège de circonscription avec une minorité du suffrage ! En ce sens, la “prime au vainqueur” que comporte le projet de loi n’a aucune raison d’être », a indiqué le président de la CSN.

La CSN s’inquiète également du trop grand nombre de régions prévu par le projet de loi 39. « Nous appuyons l’objectif du gouvernement de conserver un volet de représentation régional au sein du mécanisme de compensation proportionnelle, a souligné Jacques Létourneau. Toutefois, le nombre élevé de régions, 17, fait en sorte que les régions moins populeuses se voient désavantagées et dilue considérablement le mode compensatoire. »

Par ailleurs, la centrale syndicale souhaite que le projet de loi oblige les partis politiques de présenter entre 45 % et 55 % de candidatures féminines pour les sièges de circonscription ainsi qu’une alternance femmes-hommes sur les listes des partis, dont la moitié débuterait par une femme. La CSN demande également que soit abaissé à 5 % le seuil national pour qu’un parti puisse bénéficier des mécanismes de compensation, plutôt que 10 %.

Enfin, le président de la CSN a rappelé aux membres de la commission parlementaire que le Québec ne peut se permettre de reporter aux calendes grecques une réforme tant attendue par la population. « Le parti au pouvoir tient à cette réforme. Trois des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale sont clairement en faveur de son adoption. Toutes les conditions sont réunies pour que le Québec se dote d’un mode de scrutin moderne, juste et foncièrement démocratique », a-t-il mentionné.

La FNEEQ-CSN dénonce une vision réductrice de l’expertise des profs de cégep

C’est avec beaucoup d’étonnement que la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) a pris connaissance des positions mises de l’avant par la Fédération des cégeps à l’occasion des consultations prébudgétaires que tient actuellement le ministre des Finances du Québec. Pour la FNEEQ-CSN, la Fédération des cégeps fait fi de l’expertise des 20 000 professeur-e-s de cégep en demandant au gouvernement de renier leur appartenance à l’éducation supérieure et en envoyant au rebut des pans entiers de leur convention collective. Alors que débutent les négociations nationales, une telle attitude de la part d’une organisation représentant les directions d’établissement ne peut qu’attiser la colère du personnel enseignant.

La convention collective prévoit déjà que l’assemblée départementale est responsable de la qualité des cours, du choix des méthodes pédagogiques et de l’assistance professionnelle. « Ajouter une équipe multidisciplinaire qui viendrait superviser les professeurs ou les départements, c’est attaquer l’autonomie professionnelle des enseignantes et des enseignants, lesquels possèdent déjà un savoir-faire disciplinaire et pédagogique incontournable. Ce savoir-faire représente la pierre angulaire des programmes et, plus largement, de la vie éducative. Penserait-on engager des profs-ressources dans les universités pour dire aux autres comment enseigner ? », questionne Yves de Repentigny, vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.

Bien que l’objectif d’augmenter le taux de diplomation soit universellement partagé par les départements, ce n’est pas en balayant du revers de la main les lieux de collégialité et d’expertise collective que constituent ceux-ci qu’on y parviendra. Qui plus est, la formation et le niveau élevé de scolarité du personnel enseignant ainsi que les fonctions des assemblées départementales sont des atouts qui ancrent solidement le réseau collégial dans l’enseignement supérieur.

Ironiquement, la Fédération des cégeps admet dans son mémoire que les cégeps ont fait des miracles durant les dernières années en maintenant le taux de diplomation malgré une augmentation substantielle d’étudiants et d’étudiantes en difficulté et des compressions budgétaires draconiennes. « On pourrait en faire bien davantage si les conditions de travail s’amélioraient et si les cégeps pouvaient bénéficier des mêmes investissements que ceux qui ont été consentis durant les derniers mois au réseau des commissions scolaires, » précise pour sa part Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN.