Pas d’engagement à long terme : un manque de respect pour le personnel des services publics

– La CSN a finalement reçu la confirmation du Conseil du trésor que les primes d’attraction et de rétention ne seront pas coupées le 30 septembre 2020 (primes et montants versés aux psychologues, aux ouvriers spécialisés, aux salarié-es œuvrant auprès de personnes présentant des troubles graves de comportement ou aux salarié-es travaillant dans un CHSLD ou dans un établissement du Grand Nord). Ces primes, qui étaient intégrées aux conventions collectives, prenaient fin initialement le 30 mars dernier, mais, à la suite de représentations faites par la CSN auprès du Conseil du trésor au mois de mars, le gouvernement avait accepté de les prolonger jusqu’au 30 septembre. Il en va autrement des budgets d’encadrement et de développement de la pratique professionnelle qui n’ont pas été renouvelés au 1er avril 2020.

La CSN déplore que le Conseil du trésor refuse toujours de s’engager formellement à reconduire et à améliorer les primes dans les prochaines conventions collectives et dénonce que le prolongement temporaire du versement de ces primes se fasse, une fois de plus, comme au printemps, à la dernière minute. « Nous ne comprenons pas l’attitude du gouvernement. C’est aberrant que nous ayons eu à le convaincre de ne pas couper ces primes. Au cours des dernières semaines, nous lui avons répété à maintes reprises que, s’il décidait de réduire substantiellement la rémunération de dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur public, ce serait un profond manque de respect envers le personnel qui travaille sans relâche pour assurer les services à la population, particulièrement en cette période de pandémie », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Depuis plusieurs semaines, les travailleuses et les travailleurs de l’État membres de la CSN mènent des actions dans diverses régions du Québec pour souligner la nécessité de ne pas appauvrir le personnel alors que les pénuries de main-d’œuvre touchent maintenant l’ensemble du secteur public. La CSN demande aujourd’hui au Conseil du trésor de retirer une fois pour toutes cette épée de Damoclès qui leur pend au-dessus de la tête en s’engageant à reconduire les primes ainsi qu’à renouveler les budgets d’encadrement et de développement de la pratique professionnelle dans les prochaines conventions collectives. La CSN veut aussi que l’application de la prime aux ouvriers spécialisés soit améliorée et que cette prime soit élargie à d’autres titres d’emploi.

« Cela dit, ça ne peut pas s’arrêter là; les besoins sont immenses et urgents, tout le Québec en est témoin. Il est plus que temps que le gouvernement travaille avec nous à améliorer significativement les conditions de travail et les salaires de celles et ceux qui prennent soin de nous, que ce soit dans le réseau de la santé et des services sociaux ou dans celui de l’éducation, ainsi que dans les organismes gouvernementaux », conclut Caroline Senneville.

Demande de médiation : les négociations doivent avancer pour le bien des services publics et de la population du Québec

Près d’un an après le début du processus de négociation et alors que les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2020, l’ensemble des fédérations du secteur public de la CSN demande au ministre du Travail, Jean Boulet, de nommer des médiateurs aux tables de négociation sectorielle de la FEESPCSN, de la FPCSN et de la FSSSCSN, la FNEEQCSN ayant pour sa part fait sa demande en juillet dernier. Avec l’amorce d’une deuxième vague de la COVID-19, la CSN estime qu’il est plus que temps de mettre en place des solutions pérennes pour rebâtir les services publics.

« Les pénuries de main-d’œuvre se multiplient. Il manque de monde pour assurer les services à la population. Si on veut régler ce problème une fois pour toutes, il faut améliorer les conditions de travail du personnel des réseaux publics. Le statu quo des conventions collectives n’est pas une option », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Dans le secteur de la santé et des services sociaux, la situation est critique. Le gouvernement Legault répète sans cesse depuis quelques mois que le réseau était déjà mal en point bien avant la pandémie. Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), il est impératif de mettre en place des solutions qui répondent aux besoins réels du personnel sur le terrain et aux problèmes majeurs de recrutement de main-d’œuvre qui touchent toutes les catégories de personnel. « Nous avons mis sur la table un grand nombre de propositions concrètes pour améliorer le quotidien dans nos établissements, mais nos vis-à-vis patronaux n’ont toujours pas de mandat pour discuter de sujets importants pour nous, comme la santé et la sécurité au travail, et agir concrètement dès maintenant. C’est inconcevable, considérant que nous atteignons des taux inégalés d’absences, car le personnel est constamment en surcharge, épuisé et au bout du rouleau », souligne Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS–CSN.

La Fédération des professionnèles (FPCSN) signale que les paroles lancées cette semaine par le ministre Dubé, selon lesquelles tout le réseau de la santé et des services sociaux se trouve actuellement dans un état de fragilité extrême, doivent s’accompagner de gestes concrets pour remédier à la situation. « Bien que nous dressions des constats communs sur certaines problématiques, nous avons de la difficulté à nous entendre avec la partie patronale sur les moyens qui pourraient remédier notamment à la surcharge de travail, aux heures supplémentaires ainsi qu’à la conciliation travail et vie personnelle, affirme le vice-président de la FPCSN, Danny Roy. Nous devons innover pour répondre à la hauteur de la crise que nous traversons. Les ressources proposées actuellement à la table de négociation sont toujours insuffisantes. »

Dans les réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur aussi, la pandémie est venue révéler des failles qui doivent être colmatées pour que la population étudiante du Québec ait accès à des services de qualité. Pour la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN), il est grand temps que le gouvernement Legault envoie un signal clair et sans ambiguïté quant au réseau collégial. « Nous sommes des milliers de professeur-es à avoir tout mis en œuvre de manière à contribuer à une rentrée de qualité pour les étudiantes et les étudiants, et ce, malgré le contexte difficile et la surcharge de travail incroyable que celui-ci génère. La négociation en cours doit donc paver la voie à un réinvestissement significatif dans notre réseau et s’attaquer, entre autres choses, aux enjeux de précarité vécus par plusieurs d’entre nous. Je pense notamment à celles et ceux qui donnent des cours à la formation continue. Les cégeps ont besoin de soutien et nous sommes là pour proposer des solutions », ajoute Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQCSN.

Même son de cloche quant aux problèmes de précarité pour le personnel de soutien scolaire et dans les cégeps de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESPCSN).

« Détenir un poste de moins de 20 heures par semaine, devoir cumuler deux emplois, ne pas être remplacé en cas d’absence et être surchargé à son retour, c’est le lot du personnel de soutien en éducation depuis trop longtemps. L’élastique est tendu au maximum et il n’y a plus de marge de manœuvre pour réagir à des imprévus, encore moins à une crise de l’ampleur d’une pandémie. Des solutions doivent être rapidement mises en place et cela passe par la négociation », renchérit Nathalie Arguin, présidente de la FEESPCSN. Du côté du personnel de l’aide juridique, des traversiers et du Parc Olympique, la négociation avance à pas de tortue. « Le gouvernement doit donner un message clair à ces organismes gouvernementaux concernant le rythme des négociations et la hauteur des demandes patronales. »

Mieux protéger le personnel des CHSLD pour éviter une autre histoire d’horreur

Le rapport d’enquête sur l’éclosion de COVID-19 au CHSLD Sainte-Dorothée illustre l’ampleur des erreurs de gestion qui ont été commises durant la première vague de la pandémie. Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN), ce rapport doit mener le gouvernement à apporter les changements pour assurer la protection du personnel et des usagères et usagers.

Le rapport d’enquête cerne plusieurs problèmes dénoncés par le syndicat CSN du CISSS de Laval dans les derniers mois : manque de personnel, manque d’équipements de protection individuelle, mesures de protection et de prévention insuffisantes, déplacement du personnel et dépistage tardif du personnel et des usagers.

« En lisant ce rapport, on constate à quel point les travailleuses et travailleurs du CHSLD Sainte-Dorothée ont été laissés à eux-mêmes pour faire face à une des pires éclosions au Québec. Il faut absolument apprendre de nos erreurs et faire mieux pour la deuxième vague, notamment en misant sur la stabilité du personnel et le dépistage », explique Marjolaine Aubé, présidente du syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Laval—CSN.

Aller au bout de la logique du rapport
Le rapport d’enquête a le mérite de mettre en lumière les difficultés de gestion dans le réseau de la santé et des services sociaux, notamment en notant les nombreux paliers hiérarchiques qui freinent la prise de décision. Pour la FSSS–CSN, cela montre l’échec des méga-établissements issus de la réforme Barrette et l’urgence de revoir l’organisation du réseau pour miser sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes.

Le gouvernement doit aussi annoncer un rehaussement des mesures de protection du personnel. Il a non seulement manqué d’équipements, mais le personnel est surtout mal équipé pour faire face au virus dans les CHSLD. Cela rappelle l’importance de réformer rapidement notre régime de santé et sécurité au travail pour donner tous les moyens au réseau d’agir en prévention. La crise dans les CHSLD montre finalement la nécessité de combler le manque à gagner dans le financement du réseau depuis l’austérité libérale dès la prochaine mise à jour budgétaire.

« La pandémie a montré la faiblesse de notre réseau hyper-centralisé. Ce n’est pas en rajoutant une autre couche de cadres qu’on va tout régler par magie. Ce qu’il faut, c’est avoir le courage de décentraliser le réseau et là-dessus, le gouvernement est muet. Pour enfin régler l’enjeu du manque de personnel, il y a un chemin qui saute aux yeux et c’est d’améliorer les conditions de travail et les salaires dès maintenant. Le rapport fait une passe sur la palette au gouvernement en l’invitant à nous mettre dans le coup pour améliorer les choses. Espérons qu’il comprendra le message », de conclure Jeff Begley, président de la FSSSCSN.

À la veille d’une rencontre de médiation, les RSG en milieu familial augmentent la pression

Partout au Québec, les RSG en milieu familial membres de la CSN se mobilisent pour une grève de 24 heures, le jeudi 24 septembre. Cet ultime moyen de pression vise à envoyer un message clair au ministère de la Famille avec lequel nous avons amorcé un processus de médiation, à la fin août, à notre demande.

« Travailler dur une cinquantaine d’heures par semaine pour une paie de 35 heures, équivalant à 27 000 $ par année, c’est inacceptable, s’indigne Karine Morisseau, représentante du secteur des RSG de la FSSS–CSN. Ces conditions de travail dérisoires conduisent directement nos éducatrices à déserter la profession. Plusieurs centaines d’entre elles ont déjà cessé leurs activités. C’est à se demander si la stratégie gouvernementale, ce n’est pas de sous-payer nos éducatrices pour tuer le réseau des services de garde en milieu familial. Pourtant, ce réseau répond aux besoins des parents. »

Par ailleurs, compte tenu de la situation sanitaire qui se détériore au Québec, il serait irresponsable de rassembler les RSG en un seul lieu le 24 septembre, comme il était prévu à l’origine. Le mouvement de grève est donc localisé dans chacune des régions du Québec. N’empêche, « le contexte de pandémie ne freine pas l’ardeur de ces femmes qui se dévouent pour préparer les enfants québécois en prévision de l’école. Ces éducatrices jouent un rôle essentiel et méritent la pleine reconnaissance du gouvernement Legault », précise Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

« Enfin, rappelons que si nous avons choisi de tenir une seule journée de grève générale partout au Québec, c’est en pensant aux parents qui nous font confiance et qui sont solidaires de notre combat légitime. Les témoignages d’appui des mères et des pères forcés de trouver un plan B nous font chaud au cœur et nous rappellent pourquoi nous aimons éduquer leurs enfants », soutient en conclusion Karine Morisseau, elle-même RSG.

Les faits à propos des 3000 RSG de la CSN

  • Les RSG travaillent plus de 50 heures par semaine et ne sont payées que pour 35 heures ;
  • 27 000 $, c’est le revenu annuel moyen d’une RSG (une fois les dépenses couvertes) ;
  • Les RSG demandent une rémunération équivalente à une éducatrice en CPE, non formée, au premier échelon ;
  • Le ministère veut appauvrir les RSG avec des offres sous le taux d’inflation (7,67 % en quatre ans) ;
  • Les RSG désertent massivement la profession. Il est estimé que 12 000 places pour les enfants ont disparu depuis le début de la pandémie ;
  • Les RSG sont en négociation depuis mars 2019. Elles ont demandé et obtenu du ministère du Travail la nomination d’un médiateur, en août dernier ;
  • Les 25 et 28 septembre 2020, les RSG poursuivront leurs rencontres de médiation.

Discours du trône : les partis politiques doivent mettre de l’avant les mesures souhaitées par les travailleuses et les travailleurs

À la suite du discours du trône prononcé aujourd’hui, la CSN accueille favorablement l’annonce de plusieurs mesures souhaitées par le milieu syndical pour venir en aide aux travailleuses et aux travailleurs québécois et canadiens. En ce sens, la centrale syndicale invite les partis politiques représentés au Parlement du Canada à tout mettre en œuvre pour que ces mesures voient le jour rapidement.

« Tous les observateurs s’entendent pour dire que certains secteurs économiques seront affectés encore longtemps par la pandémie, souligne le président de la CSN, Jacques Létourneau. Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui en sont les premières victimes. »

La centrale syndicale se réjouit particulièrement de la réforme annoncée en matière d’assurance-emploi. « La crise a malheureusement fait la démonstration, une fois de plus, que les modalités actuelles du régime d’assurance-emploi abandonnent un trop grand nombre de travailleuses et de travailleurs, notamment celles et ceux qui occupent des emplois à temps partiel, saisonniers ou atypiques. Il est urgent que l’ensemble des partis politiques collaborent afin que l’assurance-emploi puisse remplir son rôle, et ce, particulièrement en temps de crise », indique Jacques Létourneau.

La CSN accueille favorablement la mise en place d’un régime universel et public d’assurance médicaments. Elle rappelle que le modèle hybride en place au Québec n’est pas une voie à privilégier par le gouvernement fédéral compte tenu des problèmes d’accessibilité et la hausse fulgurante des coûts entraînés par le régime québécois.

PL66 : une vision toujours aussi étroite de la relance

La CSN accueille favorablement l’octroi à l’Autorité des marchés publics, tel que le prévoit le projet de loi 66, de pouvoirs de contrôle et de surveillance à l’endroit des travaux d’infrastructures privilégiés par le gouvernement. Toutefois, la centrale syndicale demeure largement déçue de la vision toujours aussi étroite de la relance économique mise de l’avant par le gouvernement de François Legault.

« On dirait que le gouvernement n’a tiré que la moitié des leçons de l’échec de son projet de loi 61 en juin dernier, affirme le président de la CSN, Jacques Létourneau. Nous saluons le fait que les pouvoirs extraordinaires qui auraient été utilisés à la seule discrétion des ministres soient dorénavant assumés par un organisme de contrôle neutre, apolitique et bien établi. Toutefois, il est navrant de constater que le gouvernement entend toujours escamoter les études d’impact environnemental. Avec une vision aussi réductrice de la relance économique, le jeu n’en vaut certainement pas la chandelle. »

Depuis le dépôt du projet de loi 61, la CSN souligne que le gouvernement a une idée beaucoup plus précise des nombreux secteurs économiques touchés par la crise, que ce soit dans les secteurs du tourisme, du commerce de détail ou du transport ainsi que des populations plus affectées sur le plan de l’emploi, notamment les femmes et les communautés vulnérables.

« Comme l’ancienne mouture, le projet de loi 66 se concentre exclusivement sur la construction d’infrastructures, un secteur grandement masculin, oubliant ainsi les travailleuses et les travailleurs d’autres types d’industrie qui auraient tout autant besoin du soutien de l’État. Rien sur l’achat local, rien sur la formation professionnelle. Sommes-nous devant un projet structurant pour l’ensemble des défis auxquels nous faisons face ? Bien sûr que non. »

Sur le plan environnemental, la CSN s’inquiète que les balises dont le Québec s’est doté au fil des années ne soient appliquées dans leur intégralité que dans certains cas, comme les milieux humides, les espèces menacées ou les sites d’enfouissement. « Il s’agit d’un recul inacceptable sur le plan environnemental, déplore Jacques Létourneau. Il s’agit d’une vision réductrice des impératifs environnementaux. Par ailleurs, on s’étonne encore que le gouvernement n’intègre nullement les nécessaires solutions pour régler la crise climatique. »

La CSN prendra le temps d’analyser en détail les différentes modalités du projet de loi 66 déposé par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, ce matin à l’Assemblée nationale. L’organisation syndicale rappelle que l’ensemble de ses recommandations en lien avec la relance en temps de pandémie se trouve dans la plateforme de développement économique qu’elle a développée avec les autres centrales syndicales du Québec.

La réforme de l’assurance-emploi, plus nécessaire que jamais

Au cours des derniers mois, des millions de personnes à travers le pays se sont butées aux nombreuses lacunes du régime d’assurance-emploi, un filet social dont les mailles ont été grandement agrandies par les réformes successives des 30 dernières années. Une part importante de ces travailleuses et travailleurs vivaient une période de chômage pour la première fois. N’eût été la mise en place rapide de la Prestation canadienne d’urgence (PCU), cette première expérience aurait été des plus brutales.

L’impossibilité pour des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs de se qualifier à l’assurance-emploi, alors qu’ils venaient d’être mis à pied par des employeurs contraints au confinement, révèle toute l’incohérence de l’actuel régime d’assurance-emploi. La nécessité même de mettre sur pied la PCU pour répondre aux besoins en contexte de pandémie témoigne à elle seule de la trop grande rigidité des critères d’admissibilité et de la couverture déficiente du régime d’assurance-emploi.

Le mouvement syndical québécois exige depuis longtemps de la part du gouvernement fédéral une réforme de l’assurance-emploi, et si la nécessité d’instaurer la PCU illustre à quel point il est nécessaire de revoir de fond en comble le système de l’assurance-emploi, nos revendications conservent toute leur pertinence. Bien sûr, les mesures de transition entre la PCU et l’assurance-emploi annoncées à la fin août par le gouvernement Trudeau sont intéressantes, surtout celles qui permettent de se qualifier aux prestations avec 120 heures travaillées, mais elles auront une durée limitée. Ce à quoi il faut penser à partir de maintenant, c’est à une réforme en profondeur du régime.

Il est urgent de ramener le plancher d’admissibilité de 700 à 420 d’heures travaillées. Les travailleuses et aux travailleurs devraient également pouvoir se qualifier après 12 semaines travaillées, afin de nous rapprocher des critères d’admissibilité qui avaient cours avant la réforme Axworthy de 1993.

Le gouvernement doit également mettre un terme à la norme variable d’admissibilité qui fait en sorte que plus le chômage régional est bas, plus le nombre d’heures d’emploi assurable requis est grand. Si, sur papier, le principe semble logique, les travailleuses et les travailleurs sont toutefois pénalisés en raison des distorsions occasionnées par les pôles urbains de leur région respective. Nous proposons plutôt une norme de 420 heures ou 12 semaines travaillées, selon ce qui est le plus favorable au prestataire. Cette formule hybride éviterait de pénaliser outre mesure les travailleurs à temps partiel, ceux-ci ayant été particulièrement happés non seulement par la crise, mais aussi par la rigidité des critères d’admissibilité actuels du régime. La norme hybride doit de plus s’appliquer à l’ensemble des régions du pays.

Le gouvernement doit également augmenter le montant des prestations reçues en période de chômage. Pour nos organisations, le taux de remplacement du salaire devrait correspondre à au moins 60 % du maximum de la rémunération assurable (plutôt que 55 %), comme c’était le cas jusqu’en 1993.

La question du travail atypique — comme les travailleurs et travailleuses autonomes ou saisonniers — devra aussi être soulevée. Exclus de l’assurance-emploi, les travailleurs et les travailleuses atypiques n’ont pu traverser la crise que par l’entremise de la PCU. Trouver une façon de les intégrer au régime d’assurance-emploi demandera à l’ensemble des intervenants de faire preuve d’imagination et de créativité, nous en convenons. Nous sommes toutefois convaincus que la société canadienne ne peut tolérer plus longtemps que ces personnes n’aient pas droit aux mêmes protections que les autres salarié-es, et ce, strictement en raison de leur statut d’emploi.

De nombreux ajustements additionnels demeurent en outre nécessaires pour améliorer la capacité de la caisse d’assurance-emploi, financée à part presque égale par les employeurs et les salarié-es, à remplir sa mission première : venir en aide aux travailleuses et aux travailleurs ayant perdu leur emploi pour des raisons dont ils n’ont, malheureusement, aucun contrôle.

Le premier ministre Justin Trudeau amorcera sous peu la nouvelle session parlementaire avec un discours du Trône devant établir les priorités de son gouvernement pour les mois à venir. Il doit saisir l’occasion pour annoncer la vaste réforme de l’assurance-emploi demandée par les organisations syndicales et les groupes de chômeurs et chômeuses depuis trop longtemps — et ce, d’un océan à l’autre.

La FSSS–CSN réclame une voie rapide pour le dépistage dans les services de garde éducatifs

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) s’étonne que le gouvernement Legault n’ait toujours pas convenu d’une voie rapide de dépistage pour les travailleuses et les enfants du réseau des services de garde éducatifs à l’enfance.

Pour faire face à la deuxième vague de la pandémie, la FSSSCSN réclame une procédure accélérée de test et un corridor de service dédié pour les CPE et les services de garde en milieu familial. Cet accès privilégié au dépistage, pourtant prévu au Plan d’action prévu en cas de deuxième vague, se fait toujours attendre. Ce secteur critique doit être mieux protégé, sans quoi des éducatrices seront en isolement pour une période plus longue que nécessaire, alors que l’on constate déjà une pénurie de personnel. Pour maintenir l’offre de services de garde aux parents, il faut pouvoir compter sur le maximum possible de personnel.

Cela est d’autant plus important alors que certains employeurs du réseau ou bureaux coordonnateurs s’entêtent encore à ne pas maintenir la rémunération du personnel en isolement. Ce sont donc actuellement les travailleuses des services de garde qui doivent payer le prix de cette situation. La FSSSCSN demande d’ailleurs depuis plusieurs semaines un engagement gouvernemental pour maintenir la rémunération des travailleuses et travailleurs en isolement, comme cela se fait dans plusieurs secteurs.

« Les travailleuses et travailleurs des CPE et les RSG sont au front depuis le début de la pandémie. Elles sont à risque et doivent pouvoir se faire dépister rapidement. C’est un moyen efficace d’éviter des éclosions dans les services de garde éducatifs », explique Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSSCSN.

À propos de la FSSS-CSN 

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSSCSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

Après avoir touché toutes les régions, la grève tournante se conclut à Montréal et Laval

Les responsables de service de garde (RSG–CSN) en milieu familial de la région de Montréal et de Laval ferment aujourd’hui leurs portes pour une journée complète. Il s’agit d’un moyen de pression ultime dans le cadre d’une grève tournante qui a touché l’ensemble des régions du Québec dans la semaine du 14 au 18 septembre 2020. Environ 250 RSG de Montréal et de Laval se sont données rendez-vous devant les bureaux du ministère de la Famille, dès 9 h 45, d’où est partie une marche en direction de l’intersection de l’avenue De Lorimier et de la rue Notre-Dame.

 « Ce n’est pas de gaieté de cœur que les RSG déclenchent une grève de 24 heures. Elles savent que les parents ont besoin de leurs services. Cependant, ces pères et ces mères sont solidaires et comprennent que les conditions de travail des RSG en milieu familial sont inacceptables », précise Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN. 

Les RSG en milieu familial travaillent une cinquantaine d’heures par semaine afin de s’adapter aux horaires des parents. Dans les faits, le ministère de la Famille ne les paie que 35 heures par semaine. Résultat ? Ces RSG gagnent en moyenne 27 000 $ par année, après avoir couvert toutes les dépenses. « Personne n’accepterait un salaire aussi bas pour autant d’heures travaillées. C’est pourquoi des centaines de femmes désertent la profession et ferment définitivement leur service de garde à la maison », s’attriste Karine Morisseau, représentante du secteur RSG de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN et elle-même RSG en milieu familial.

Propos méprisants du gouvernement

À l’initiative de la CSN, un médiateur va tenter de favoriser une reprise des négociations avec le gouvernement du Québec. Cependant, à la table de négociation, plusieurs déclarations des vis-à-vis gouvernementaux ont laissé entrevoir le mépris pour les demandes légitimes des RSG. « Quand on nous répète que l’on amuse les enfants dans nos maisons et que l’on travaille moins fort à certains moments parce qu’ils ne sont pas tous là en même temps, c’est insultant et dégradant », s’insurge Fatiha Benzama, présidente du Syndicat des RSG de Montréal-Est–CSN.

Il faut que le gouvernement Legault admette que les RSG en milieu familial sont des professionnelles de la petite enfance, qu’elles sont essentielles et qu’elles méritent un salaire équitable qui équivaut aux emplois comparateurs.

RQAP : un projet de loi prometteur

La CSN accueille favorablement certaines avancées contenues dans le projet de loi 51 venant modifier le Régime québécois d’assurance parentale. La bonification du revenu qui peut être cumulé, la prolongation de la période pour se prévaloir des congés et les semaines additionnelles accordées au père sont autant de mesures réclamées par la centrale syndicale. Néanmoins, pour assurer l’équité envers les mères biologiques, la CSN demande à ce que celles-ci ne soient plus tenues de mettre un terme à leur retrait préventif quatre semaines avant la date prévue d’accouchement.

« Le retrait préventif n’est pas un “congé”, rappelle la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville. Il s’agit d’une mesure de prévention pour protéger la travailleuse et son enfant à naître des risques reliés à son travail. Nous ne voyons pas pourquoi les travailleuses enceintes qui sont en retrait préventif devraient commencer à gruger des semaines de congé parental avant la date de l’accouchement, contrairement aux mères adoptives. »

La vice-présente de la CSN a indiqué, en commission parlementaire aujourd’hui, que puisque les mères biologiques sont souvent obligées de prendre des semaines de congé sans leur enfant (arrêt anticipé du travail dû à la grossesse, complications lors de l’accouchement ou concernant l’état de santé de l’enfant, etc.), la durée du temps passé en présence de l’enfant est rarement de 55 semaines. Dans les amendements proposés par le ministre, le gouvernement introduit des semaines additionnelles qui accordent aux parents adoptants le droit d’être avec leur enfant pour une période de 55 semaines. Nous demandons au gouvernement de trouver des solutions pour assurer l’équité avec les parents biologiques, notamment par le retrait de la disposition qui oblige les mères biologiques à débuter leurs prestations quatre semaines avant la date prévue de leur accouchement lorsque ces dernières sont en retrait préventif.

Par ailleurs, la CSN est en accord avec la mesure volontaire contenue dans le projet de loi qui consiste à octroyer quatre semaines additionnelles au père si chacun des parents utilise au moins 10 semaines de ce congé. Cette mesure encourage la présence des pères en favorisant le partage du congé parental.

La CSN accueille favorablement le prolongement des périodes pour se prévaloir des différents congés et la bonification du montant qu’il sera possible de cumuler. Cela permettra aux parents qui le souhaitent de reprendre progressivement le travail au cours des dernières semaines de leur congé. Par ailleurs, l’utilisation de cette mesure devra rester volontaire et les employeurs ne devront pas faire pression sur les parents pour qu’ils retournent plus rapidement au travail.

Pour un enseignement universitaire de qualité à l’UQAM

Les membres du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM-CSN) manifestent ce midi afin de dénoncer les conditions d’enseignement qui prévalent pour les chargées et chargés de cours qui dispensent plus de 50 % des cours de 1er cycle à l’UQAM.

Pour Olivier Aubry, président du Syndicat SPPEUQAM-CSN, « un fossé important demeure entre la position de la direction de l’UQAM et les revendications du Syndicat en ce qui a trait à la surcharge de travail occasionnée par l’enseignement en non présentiel, à l’inexistence de rémunération pour l’adaptation des cours qui se donnent maintenant en non présentiel et à la taille souvent démesurée des groupes-cours ».

En situation d’enseignement en non présentiel, le SPPEUQAM-CSN désire limiter la taille des groupes à 40 étudiant.e.s pour permettre un meilleur encadrement, favoriser la qualité des apprentissages, réduire le décrochage, bref il importe d’avoir des groupes à taille humaine comme cela se fait déjà à l’Université du Québec en Outaouais. À titre d’exemple, à l’UQAM, 60 % des cours offerts par le département de Communication sociale et publique dépassent le nombre de 40 étudiant.e.s par groupe. Toujours à l’UQAM, au département de Sociologie, 62 % des cours dépassent ce seuil et en Science politique, on atteint 85 %. On est loin de permettre un enseignement de qualité en mode non présentiel !

Quant à Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), elle est d’avis que « le maintien de l’enseignement en mode non présentiel nécessite l’investissement de nouvelles ressources financières pour assurer les meilleures conditions d’apprentissage, pour compenser le travail supplémentaire requis et pour donner aux enseignantes et aux enseignants des conditions de travail convenables ».

Dominique Daigneault, présidente du Conseil central métropolitain de Montréal de la CSN, affirme, pour sa part, que « Les revendications des membres du SPEEUQAM sont tout à fait justifiées et la direction doit y répondre favorablement et ce, le plus rapidement possible. Il faut permettre aux chargées et chargés de cours d’enseigner dans des conditions adéquates tout en assurant aux étudiantes et aux étudiants des conditions d’apprentissage dignes de ce nom. »

Si la direction de l’UQAM croit faire des économies en mettant en place des « amphithéâtres en ligne», cette vision amènera plutôt le décrochage et la défection étudiante, entraînant ainsi inévitablement une baisse des revenus. Le Gouvernement du Québec et la direction de l’UQAM doivent reconnaître le caractère exceptionnel de la situation et investir dans des mesures qui permettront d’offrir un enseignement universitaire de qualité.

En pleine pénurie de personnel, appauvrir les travailleuses et les travailleurs serait catastrophique

« Nous ne laisserons pas ce gouvernement plumer les services publics », ont clamé des travailleuses et des travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation membres de la CSN lors d’une action d’éclat qui s’est déroulée à Québec ce matin. Des sacs de plumes ont été soufflés tout d’abord à l’intérieur des bureaux du Conseil du trésor, puis devant l’édifice, afin d’illustrer le plumage en règle que le gouvernement s’apprête à faire subir à des dizaines de milliers de personnes œuvrant dans les services publics en mettant fin, le 30 septembre prochain, à plusieurs primes d’attraction et de rétention.

Ces primes, qui étaient intégrées aux conventions collectives, prenaient fin le 30 mars dernier. À la suite de représentations faites par la CSN auprès du Conseil du trésor au mois de mars, le gouvernement avait accepté de les maintenir jusqu’au 30 septembre. Maintenant, il semble bien décidé à les abolir à la fin du mois. « En pleine pandémie et avec toutes les difficultés qu’on a à attirer et à retenir le personnel dans les services publics, ça n’a aucun sens d’appauvrir des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Celles et ceux qui se verront privés d’une partie de leur revenu sont des ouvriers spécialisés, des psychologues, des salarié-es œuvrant auprès de personnes présentant des troubles graves de comportement ainsi que des salarié-es travaillant dans un CHSLD ou dans un établissement du Grand Nord. Pour certaines de ces personnes, comme les psychologues, la perte de revenu pourrait s’élever à 7000 $ par année. Pour d’autres travailleurs, comme les ouvriers visés par la prime, la décision du gouvernement les privera de 10 % de leur revenu, ce qui pourrait signifier jusqu’à 5000 $ de moins par année. « Quand on sait que les ouvriers spécialisés du secteur public gagnent déjà jusqu’à 32 % de moins que ceux qui travaillent dans les autres secteurs, on se demande bien qui va encore vouloir occuper ces emplois dans nos réseaux », ajoute Caroline Senneville.

La CSN revendique que les primes en question soient reconduites dans les nouvelles conventions collectives et que la prime des ouvriers spécialisés soit élargie à d’autres titres d’emploi, notamment les mécaniciens d’entretien (millwrights), les ébénistes et les soudeurs, qui sont tous des titres d’emploi pour lesquels la CSN a identifié des problèmes de recrutement.

« Le Conseil du trésor doit bien mesurer les conséquences que pourraient avoir ces économies de bout de chandelle sur le dos du personnel. En appauvrissant les travailleuses et les travailleurs, c’est un bien mauvais message que le gouvernement envoie dans les réseaux et, ultimement, ce sont les services à la population qui perdront des plumes », conclut Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN).

« Le 12 août, j’achète un livre québécois » et j’appuie les libraires de Raffin

Des négociations rompues depuis près de deux mois, une précarité d’emploi qui s’aggrave et une rémunération qui frôle le salaire minimum : voilà les raisons qui poussent les libraires de Raffin à manifester leur ras-le-bol face à un employeur insensible à leurs conditions de travail.

 « Malheureusement, Raffin rime avec Séraphin ! En ce 12 août, nous voulons encourager les auteur-es d’ici, mais nous recherchons également un appui pour les libraires sous-payés », explique Delphine Naum, membre du Syndicat des employé-és de la Librairie Raffin Plaza St-Hubert–CSN, regroupant une vingtaine de personnes.

 La grande majorité des membres gagnent 13,39 $ l’heure ou moins, ce qui les place pratiquement au salaire minimum, sans considération de leur expérience et de leurs études. De plus, cinq libraires sur six travaillent à temps partiel avec des horaires instables. L’employeur refuse de discuter, malgré une convention collective échue depuis mai 2019.

 

Remercier et récompenser la clientèle qui nous appuie

Nous invitons les clientes et les clients à venir parler aux employé-es et à compléter le jeu-questionnaire à l’entrée de la succursale Raffin Plaza St-Hubert. Ils courent la chance de gagner l’une des deux cartes-cadeaux d’une valeur de 50 $ à cette même succursale.

 « Cette mobilisation n’est pas organisée pour créer du tort à Raffin, au contraire ! Nous croyons que des employé-es mieux traités seront davantage motivés à transmettre leur passion pour la littérature », précise Delphine Naum.

 

À propos  

Le Syndicat des employé-és de la Librairie Raffin Plaza St-Hubert–CSN est membre de la Fédération du commerce (FC–CSN) qui compte près de 30 000 membres, regroupés au sein de 330 syndicats.

Loi 15 sur les régimes de retraite : jugement très décevant pour les employé-es du secteur municipal

La Cour supérieure vient de rendre une décision qui confirme plusieurs dispositions de la loi 15 qui a permis de sabrer les droits acquis des travailleuses et des travailleurs du secteur municipal pour leur retraite. Seul point positif de la présente décision, les retraité-es n’auront pas à concéder de droits pour financer les déficits des caisses de retraite municipales. C’est tout le contraire qui attend celles et ceux qui sont encore actifs.

Rappelons que la loi 15, votée en 2014, a eu des conséquences dramatiques pour certains employé-es municipaux qui ont parfois perdu jusqu’à 40 % de leur rente de retraite en étant forcés de céder des droits sur le passé. Après la loi 15, plusieurs syndiqué-es ont été forcés de payer 50 % des déficits de leur régime de retraite, même si les conventions collectives convenaient d’un autre arrangement plus favorable envers les travailleuses et travailleurs. À la CSN, c’est quelque 8000 membres qui sont touchés par cette décision. Au Québec, on parle de plusieurs dizaines de milliers d’employé-es des municipalités ou des sociétés de transport en commun.

La CSN dénonce l’attaque que ce jugement du 9 juillet porte aux droits des associations et à leur capacité de négocier. Le juge Benoit Moulin confirme plusieurs effets néfastes de la loi 15. Selon la centrale syndicale, cette orientation est contraire à des arrêts passés de la Cour suprême. Cette loi permet en effet de revenir sur des droits déjà négociés et impose des limites pour la négociation du financement des régimes de retraite dans le futur. Selon la jurisprudence, revenir de façon substantielle sur les droits passés n’est pas constitutionnel. C’est une entrave sérieuse au droit d’association.

La CSN analysera rigoureusement ce jugement du 9 juillet 2020 afin de décider si elle le porte en appel.

Formation abrégée des préposé-es en CHSLD : une opération improvisée menant à une vague de déception

Les employeurs du réseau ne sont pas en mesure de promettre des postes à temps plein aux futurs préposé-es qui débutent leur formation cette semaine. Et ces étudiant-es apprennent que le salaire promis est loin d’être garanti, alors qu’il inclut des primes temporaires. La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) a eu cette confirmation aux tables de discussions avec des représentants du gouvernement. Cela vient jeter une douche froide sur l’opération improvisée du gouvernement.

Dès l’annonce de la formation abrégée des préposé-es, le premier ministre Legault a répété à de nombreuses reprises que les travailleuses et travailleurs auront accès à des postes à temps plein et à un salaire de 26 $ de l’heure. 10 000 personnes ont répondu à l’appel sur cette base et apprennent maintenant qu’on ne leur a pas tout dit. Pour la FSSSCSN, il aurait été possible d’éviter cette vague de déception en se mettant à l’écoute dès le départ des préposé-es aux bénéficiaires et de notre organisation syndicale qui représente la très grande majorité des préposé-es aux bénéficiaires.

Pas de temps plein automatique
Dans les récents échanges avec la partie patronale, la FSSSCSN a eu la confirmation que les futurs préposé-es n’auront pas automatiquement accès à des postes à temps plein. Ils devront néanmoins garder une disponibilité pour du temps plein durant une année, sans savoir à l’avance s’ils pourront effectivement travailler à temps plein. Cela était à prévoir. Depuis des années, nous intervenons auprès des employeurs pour rehausser des postes à temps plein. Nous avons même obtenu un engagement de leur part dans le cadre de la dernière convention collective. Ils ont tellement tardé qu’il y a encore trop peu de postes à temps plein.

« Si on crée des postes à temps plein, il y a de bonnes raisons de penser que bien des gens actuellement à l’emploi seront preneurs. On ne pouvait donc pas promettre aux nouveaux que ce serait le cas pour eux. Je ne serais pas surpris que le premier ministre fasse comme depuis le début de la crise et tente de nous mettre la faute sur le dos. Mais s’il avait été à l’écoute, c’est le genre de problèmes qu’on aurait pu éviter. Nous avons besoin de la relève, mais il faut leur donner l’heure juste », explique Jeff Begley, président de la FSSSCSN.

Des fausses promesses sur le salaire
Le salaire promis par le gouvernement dans cette opération inclut des primes temporaires et conditionnelles. C’est donc dire que bien des futurs préposé-es n’auront pas accès à un salaire de 26 $ de l’heure, par exemple si la personne travaille dans un CHSLD où il n’y a pas de cas de COVID. Pendant ce temps, le gouvernement tarde toujours à régler la question de la rémunération des préposé-es aux bénéficiaires, des ASSS et de l’ensemble du personnel en respect de la Loi sur l’équité salariale.

« Cette opération ne fait que créer de la déception, aussi bien chez les futurs préposé-es que chez les gens qui sont à l’emploi. Non seulement celles et ceux qui sont dans le réseau n’ont pas eu accès à cette formation, mais en plus rien n’est prévu pour aider le personnel à orienter les nouveaux. On court après le trouble. Mais il y a moyen de corriger le tir rapidement. Pour y arriver, le gouvernement doit s’asseoir avec nous afin de trouver des solutions durables qui vont assurer que cette démarche donne des résultats positifs sans effets secondaires nocifs », de conclure Jeff Begley.

Des projections urbaines pour réclamer des investissements dans les services publics

Ce soir, dès la tombée du jour, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN utiliseront des projections urbaines dans le centre-ville de Montréal pour envoyer un message clair au gouvernement de la CAQ, en vue de l’énoncé économique qui sera déposé demain : Le Québec doit faire mieux et investir massivement dans les services publics.

« La crise actuelle met en lumière les dégâts causés par des années de compressions et de mesures d’austérité. Dans bien des secteurs, la situation était déjà critique avant la pandémie; et ça ne va pas en s’améliorant. Ça prend des investissements importants pour mettre en place des mesures structurantes, pas de simples pansements », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Pour la CSN, ces investissements dans les services publics doivent permettre d’améliorer à la fois les salaires et les conditions de travail. L’organisation syndicale rappelle qu’en novembre dernier, l’Institut de la Statistique du Québec confirmait à nouveau que le personnel des services publics était moins bien rémunéré que le reste des salariés québécois. « Il faut briser cette spirale qui tire tout le secteur public vers le bas : des salaires insuffisants qui n’attirent plus, des pénuries de personnel qui se multiplient, des surcharges de travail qui entraînent des maladies professionnelles, de nouvelles pénuries qui s’ajoutent… Ça ne peut plus continuer comme ça ».

Les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN sont conscients que le Québec doit faire des choix. Ils demandent aujourd’hui à la CAQ de choisir le bien-être de la population.

« La négligence des derniers gouvernements envers les besoins criants des réseaux publics a rendu l’attraction et la rétention du personnel extrêmement difficiles. Le gouvernement de la CAQ a maintenant le devoir de réparer ce qui a été brisé pour que la population du Québec puisse bénéficier des services auxquels elle a droit », conclut Caroline Senneville.

Repenser et relancer le Québec

La fin abrupte du projet de loi 61 aura eu le mérite de démontrer deux choses. D’un côté, bien que nous ayons accueilli positivement la volonté du gouvernement d’investir massivement pour relancer l’économie, la reprise économique du Québec ne peut se limiter aux seuls travaux d’infrastructure. Une telle approche exclut les femmes de la relance, tout comme des pans entiers de l’économie. De l’autre, elle ne peut s’effectuer sans une véritable concertation de l’ensemble des acteurs socioéconomiques et sans réflexion sur la nature de tels projets — encore moins en saccageant les règles élémentaires en matière de contrôle démocratique et environnemental.

C’est dans cet esprit que nos organisations syndicales ont développé une série de propositions [consulter la plateforme des centrales syndicales sur l’économie du Québec] basées sur le renforcement de la résilience de notre économie nationale qui pourront, nous le croyons, alimenter la réflexion quant au développement socioéconomique qui devrait prévaloir au Québec.

La crise de la COVID-19 aura mis en évidence plusieurs défaillances au sein de notre économie. Les nombreux problèmes d’approvisionnement de certains produits de base, constatés dans plusieurs économies mondiales, reposent en bonne partie sur la lente délocalisation de la production et sur des chaînes d’approvisionnement qui reposent sur de longs circuits de production répartis sur différents territoires. Il est possible de faire mieux.

Pour une réindustrialisation du Québec
Pour nous assurer que la reprise économique pourra bénéficier au plus grand nombre et diminuer les impacts potentiels de crises similaires dans le futur, nous croyons qu’il est nécessaire de réduire notre dépendance envers la production hors de notre territoire en stimulant une réindustrialisation du Québec afin de renforcer la résilience de son économie. Consommer local, c’est bien. Produire au Québec, c’est mieux ! Il tombe sous le sens que la chaîne de production agroalimentaire, qui a sérieusement été testée lors de la pandémie, tout comme la chaîne pharmaceutique et celle d’équipements médicaux, pour ne nommer qu’elles, se doivent d’être activement soutenues.

En ce sens, l’État québécois ne peut se contenter du rôle de donneur d’ouvrage ou de facilitateur des initiatives du secteur privé. Il doit favoriser la restructuration, la diversification et le dynamisme technologique du tissu industriel. Le gouvernement doit adopter une politique industrielle plus interventionniste et assumer un rôle central dans la coordination et la planification stratégique de la relance. Pour ce faire, il doit agir par l’entremise de ses politiques économiques, notamment par ses politiques budgétaires et fiscales, d’emploi et de main-d’œuvre, commerciales, scientifiques et d’innovation, etc.

De telles politiques économiques se doivent d’être structurantes : elles doivent viser à consolider et à diversifier le tissu productif en soutenant le renforcement des filières industrielles existantes, l’expansion d’activités connexes à ces filières et la création de nouveaux pôles de développement.

Le gouvernement a multiplié les mesures d’urgence à l’intention des entreprises pour traverser la crise. Cela allait de soi. Il est essentiel que le soutien aux entreprises se poursuive encore plusieurs mois et qu’une attention particulière soit apportée aux PME : souvent fortement ancrées dans leur communauté, elles font tourner l’économie locale et ont un impact structurant sur le tissu industriel des régions.

Aucune injection de capitaux par l’État ne doit être un chèque en blanc. Chaque dollar investi doit revenir, d’une forme ou d’une autre, à la communauté. L’aide financière devra être accordée en contrepartie de résultats en matière de création d’emplois et d’investissements sur le territoire. Il nous apparaît évident que ce soutien étatique ne doit pas être octroyé aux entreprises pratiquant l’évasion fiscale ni leur permettre de procéder à des rachats d’actions ou à des bonifications de la rémunération de leurs dirigeants. Des contreparties environnementales nous apparaissent également incontournables : le Québec peut exiger des plans de décarbonisation des entreprises ciblées par ses programmes.

Pour déployer une telle stratégie structurante de reprise économique, le gouvernement peut compter sur un grand nombre d’instruments stratégiques. Les espaces de concertation déjà en place doivent être mobilisés pour développer les politiques d’emploi et de main-d’œuvre sectorielles appropriées. Le ministère de l’Économie et de l’Innovation, Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec se doivent d’appuyer le secteur manufacturier, source majeure d’innovation et de gains de productivité. Le Québec dispose également d’un écosystème financier solide et diversifié formé par le Capital régional et coopératif Desjardins, le Fonds de solidarité de la FTQ et le Fondaction de la CSN, entre autres. Ces instruments de financement constituent des leviers essentiels d’une stratégie cohérente de développement économique et de création d’emplois.

Alors que le gouvernement incite la population à mettre du Québec dans son panier bleu, nous croyons qu’il devrait lui-même prêcher par l’exemple. Le gouvernement doit considérer une utilisation plus étendue de l’effet de levier qu’est l’approvisionnement public afin de maximiser les occasions d’investissement et la création d’emplois au Québec. Un cadre législatif « Achetons Québec », semblable au Buy America Act, doit contraindre les entreprises publiques, minimalement, à s’approvisionner au Québec et à ainsi accroître la capacité de fabrication québécoise — qu’on pense aux produits pharmaceutiques, aux équipements médicaux et aux autres biens essentiels consommés par le réseau de la santé et des services sociaux, par exemple. Cela dit, au-delà des accords commerciaux, le gouvernement a la responsabilité d’examiner ce qui peut être fait chez nous en matière de préférence nationale.

Mobiliser les ressources budgétaires du Québec
L’ampleur des moyens à mettre en oeuvre pour garantir le succès de la reprise économique post-COVID démontre à elle seule que la relance ne peut se faire sur le pilote automatique. En ce sens, il serait plus que malhabile de restreindre cette relance à la seule accélération de projets d’infrastructure existants sans une nécessaire réflexion quant aux choix de société à privilégier.

Le Québec doit également s’assurer de pouvoir mobiliser les ressources financières nécessaires au redémarrage de l’économie et au soutien à des créneaux d’innovation riches en valeur ajoutée et en création d’emplois. En ce sens, bien que difficile, la situation nous apparaît moins dramatique qu’il n’y paraît.

Le ministre des Finances, Éric Girard, devrait confirmer aujourd’hui, lors de sa mise à jour économique, que le déficit anticipé du Québec s’élèvera à 15 milliards de dollars. Nous saluons son intention, déjà exprimée, d’utiliser la réserve de stabilisation dont bénéficie actuellement le gouvernement. Héritée des larges surplus budgétaires successifs engendrés par l’État québécois, celle-ci s’élève à 13,9 milliards de dollars. Le recours à la réserve de stabilisation permettra de financer sinon la totalité, du moins une bonne partie du déficit attendu pour l’année en cours.

Mais le ministre des Finances peut aller plus loin : il doit suspendre le versement prévu des 2,7 milliards de dollars au Fonds des générations. Ces sommes doivent être réorientées vers les besoins immédiats.

Consacrer près de trois milliards de dollars au Fonds des générations n’a aucune utilité à court terme, à moins que la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui gère ce fonds, ne s’en serve pour investir dans des entreprises québécoises afin de soutenir la relance économique. Malheureusement, nous n’avons aucune indication en ce sens.

Alors qu’une sévère récession engendrée par la crise sanitaire plombe l’économie québécoise, le gouvernement doit cesser de mettre en œuvre cette politique d’austérité qu’est le remboursement de la dette. La politique monétaire étant inopérante en raison de la faiblesse des taux directeurs, la politique budgétaire et fiscale du gouvernement doit faire le maximum pour soutenir et relancer l’économie.

Il faut noter ici que l’obsession du remboursement de la dette publique, partagée par de nombreux gouvernements successifs, n’est pas étrangère au fait que le Québec se classe au dernier rang des provinces en matière de dépenses en santé par habitant et en queue de peloton pour ce qui est de l’éducation et de l’enseignement supérieur. À la lumière de l’hécatombe constatée dans nos CHSLD, il serait pour le moins approprié de se garder une petite gêne lorsque vient le temps de célébrer notre capacité à atteindre l’équilibre budgétaire année après année.

En raison de la réduction significative de son taux d’endettement au cours des dernières années, le Québec dispose sans contredit de la marge de manœuvre nécessaire pour traverser la crise et financer la relance économique. Il serait irresponsable, collectivement, d’agir autrement, d’autant plus que la crise aura révélé les graves lacunes de nos services publics et de notre filet de sécurité sociale, particulièrement au sein du réseau de la santé et des services sociaux.

De manière générale, il faudra investir davantage dans les services publics, notamment en santé, en augmentant les effectifs dans les résidences pour aîné-es, en améliorant la rémunération des personnes qui y travaillent et en développant au maximum les services de soins à domicile pour les gens en perte d’autonomie. Les réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur devront également être mis à contribution afin de soutenir les efforts de requalification de la main-d’œuvre de certains secteurs plus sévèrement affectés par la pandémie.

Pour un véritable dialogue social
La lutte sanitaire démontre, jour après jour depuis le début de la crise, que les Québecoises et les Québécois ont une formidable aptitude à travailler ensemble. Il faut s’en inspirer, car un immense effort de mobilisation sera nécessaire pour redonner à l’économie du Québec tout l’élan dont elle a besoin.

Les réflexions qui concernent l’avenir du Québec ne peuvent se faire en vase clos sans entraîner un important déficit démocratique. Espérons que le gouvernement saura tirer les leçons qui s’imposent de la courte vie du projet de loi 61 et qu’il mettra en branle une table nationale de concertation ainsi que des structures régionales et locales, comme le revendiquent les organisations de la société civile.

Nous avons aujourd’hui l’occasion d’effectuer un virage en matière de stratégie développement économique : celle-ci doit être réfléchie, planifiée et gérée de manière socialement responsable dès maintenant, et ce, avec tous les partenaires de la société québécoise, dans le cadre d’un dialogue ouvert et constructif. Les acteurs socioéconomiques sont des alliés qui permettront de mieux concilier des objectifs de soutien à la vitalité économique des entreprises avec ceux de justice sociale pour les citoyennes et les citoyens. Ce n’est qu’en procédant ainsi que nous pourrons bâtir une économie résiliente et durable.

Des essentiELLEs dans l’ombre

C’est sous le thème « Des essentiELLEs dans l’ombre » que la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) lancent cette semaine une campagne de sensibilisation pour appuyer les animatrices de francisation et les agentes d’intégration des immigrant-es des cégeps de Saint-Laurent et Bois-de-Boulogne. Bien qu’étant employées par des établissements publics d’enseignement, ces femmes n’ont pas droit aux mêmes conditions de travail que leurs collègues. Leurs fonctions sont méconnues bien qu’elles soient essentielles pour l’intégration des immigrantes et des immigrants à la société québécoise.

Cette campagne qui se poursuivra à l’automne vise aussi à appuyer ces femmes qui se battent depuis plus de douze mois pour obtenir le respect et leur première convention collective. Malgré la présence d’un conciliateur du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, on dénote très peu d’avancées significatives à la table de négociation. « Ces femmes se dévouent pour aider les néo-Québécoises et les néo-Québécois à sortir de la précarité alors qu’elles-mêmes se trouvent dans une situation fragile, sans aucune reconnaissance de leur précieux apport à la société.

L’intégration et la francisation des personnes immigrantes sont pourtant déterminantes pour le développement du Québec. », souligne Dominique Daigneault, présidente du CCMM-CSN. Alors que les autres salarié-es de ces cégeps relèvent du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, les animatrices de francisation et les agentes d’intégration sont rattachées au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

« Leurs conditions de travail sont toutefois négociées avec le Comité patronal de négociation des Collèges qui refuse jusqu’ici de leur accorder les mêmes conditions de travail qu’il a pourtant consenties aux autres employé-es de ces collèges. Est-ce que le ministre Simon Jolin-Barrette s’oppose à l’équité pour ces travailleuses qui favorisent et oeuvrent à l’apprentissage du français et facilitent l’inclusion des immigrantes et des immigrants », questionne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN.

Rappelons que le gouvernement provincial exige la réussite d’un examen de français comme préalable à l’obtention du Certificat de sélection du Québec. Depuis le début de la pandémie, sans aucun répit, les animatrices de francisation et les agentes d’intégration ont poursuivi leurs activités en ligne supportant aussi les immigrantes et les immigrants dans la compréhension des directives de la santé publique.

Le personnel du Carrefour Providence a besoin de ses vacances d’été

Les travailleuses et travailleurs du Carrefour Providence ont manifesté ce midi pour réclamer leurs vacances estivales. Après plus de 3 mois de pandémie à œuvrer auprès des sœurs de cette institution religieuse, le personnel est épuisé et doit pouvoir se reposer cet été.

 

Les travailleuses et les travailleurs se sont rassemblés ce midi devant la Maison Mère des Sœurs de la Providence pour demander qu’on respecte la convention collective et qu’on accorde les vacances estivales. Alors que le réseau de la santé vit des difficultés chaque été lors de la période des vacances en raison du manque de personnel, cela n’a jamais été le cas au Carrefour Providence. La COVID est venue changer ce portrait. Plusieurs salarié-es travaillaient à deux endroits différents puisque la majorité du personnel est à temps partiel. Avec la pandémie, ils ont dû choisir un seul établissement, en plus d’attendre des semaines avant d’obtenir une prime COVID de la part du gouvernement. Cela a mené certains à quitter l’emploi et est venu chambouler le quotidien du personnel, qui doit maintenant pouvoir se reposer cet été.

 

« Nous avons mis tous les efforts dans les dernières semaines pour garder la COVID à l’extérieur des murs de l’institution. Il n’y a pas de cas de coronavirus depuis 5 semaines maintenant. Nous faisons tout pour nous protéger et protéger les sœurs, mais là nous sommes fatigués. Il faut respecter le droit aux vacances pour permettre au personnel de se reposer », explique Farid Larab, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Carrefour Providence — CSN.

 

« Depuis le début de la pandémie, nous avons demandé au gouvernement d’agir pour ne pas oublier les travailleuses et travailleurs des institutions religieuses. Ils sont au front et il faut les reconnaître ! Le gouvernement vient enfin d’annoncer qu’ils auront droit à la prime. Il faut maintenant faire ce qu’il faut pour qu’ils puissent avoir leurs vacances », poursuit Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

 

« Les derniers mois ont été particulièrement éprouvants ! Ces travailleuses et travailleurs sont épuisés et ont besoin des vacances d’été ! Ils et elles lancent aujourd’hui un message clair : si on veut être prêt à affronter une deuxième vague à l’automne, ça nous prend nos vacances estivales », de conclure Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN).

4 solutions pour réparer les services pour les personnes en perte d’autonomie

Alors que la crise de la COVID-19 met en lumière la défaillance des services donnés aux personnes en perte d’autonomie, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) propose 4 solutions pour mieux prendre soin des aîné-es et des personnes handicapées.

Les nombreux cas d’infection et de décès dans les CHSLD illustrent l’urgence d’implanter des solutions pour réparer les services pour les personnes en perte d’autonomie. Si le gouvernement Legault reconnaît maintenant l’ampleur des problèmes du secteur, ces propositions alambiquées imposées sans consultation risquent de passer à côté de l’essentiel. « Les problèmes que nous vivons avec cette crise sont la conséquence d’années de mauvaises décisions politiques. Et cela prendra plusieurs solutions ambitieuses pour réussir à réparer ce que nos gouvernements ont brisé. Mais heureusement, ces solutions existent, pour peu qu’on veuille écouter celles et ceux qui sont sur le terrain chaque jour », lance Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

  1. Effacer les traces de l’austérité libérale

Les effets des compressions budgétaires se font dramatiquement sentir ces derniers mois. Ne pas investir les montants nécessaires pour prendre soin de la population a mené à des centaines d’abolitions de postes et des coupes de services. Depuis la réforme Barrette, les gouvernements ont récupéré plus de 10 milliards de dollars dans les établissements publics. Ce manque à gagner cumulatif des établissements publics depuis 2013-2014 doit être effacé.

« La première chose que nous devons faire, c’est d’adopter un plan de sortie de l’austérité en remettant l’argent qui a été économisé sur le dos du personnel et des patient-es. On ne pourra pas réparer les services aux personnes en perte d’autonomie en essayant encore de faire le tout à coût nul. On doit se donner les moyens de nos ambitions ! », poursuit Jeff Begley.

  1. Améliorer les conditions de travail et les salaires de l’ensemble du personnel

La difficulté du réseau à faire face au coronavirus montre qu’il faut améliorer les conditions de travail et salariales du personnel surchargé. Une telle crise devrait convaincre tout le monde qu’on ne peut plus continuer de considérer le personnel du réseau comme une dépense. Pourtant, le gouvernement s’entête à proposer des mesures qui auront pour effet d’accentuer la désorganisation du réseau. Agir seulement pour les préposé-es en CHSLD ne fera qu’aggraver le manque de personnel pour d’autres titres d’emploi essentiels du réseau et du secteur privé, comme les ASSS, le personnel de l’entretien ménager et les préposé-es aux bénéficiaires des hôpitaux. Les disponibilités en tout temps exigées pour la formation accélérée de ces préposé-es sont exactement ce qui a marqué l’échec de l’ouverture des postes dans le réseau dans les derniers mois.

« Bien des gens ont appris avec désarroi à quel point les conditions sont difficiles dans le réseau. Ça fait pourtant des années qu’on s’époumone à proposer des solutions pour améliorer les choses et convaincre les gens de venir travailler dans le réseau. Et pourtant, on continue à ne pas nous écouter et à proposer des choses qui ne marchent pas. Ce n’est pas en demandant aux futurs préposé-es d’être disponibles jour, soir, nuit et fin de semaine qu’on va attirer les gens. Ce ne sont pas des robots ! », explique Jeff Begley.

  1. Réintégrer le privé dans le secteur public 

En refusant d’investir les montants nécessaires, les gouvernements ont forcé le développement du privé en santé. Le cas du CHSLD Herron montre bien l’erreur monumentale qui a été faite. À cela s’ajoute le fait que les gouvernements ont fermé les yeux sur les conditions de vie des usagères et usagers et de celles et ceux qui leur donnent les services, alors pourtant que des places au privé sont sous la responsabilité des établissements publics. La FSSS-CSN demande un espace de travail avec le MSSS pour identifier des solutions permanentes pour le personnel des centres d’hébergement privés. La FSSS-CSN propose aussi de réintégrer dans le secteur public les services qui sont donnés par le privé, aussi bien en hébergement qu’en soutien à domicile.

« Il est temps de faire le bilan d’années de privatisation de la santé. Faire des profits sur la santé des gens, ça ne nous a menés nulle part. La meilleure manière de s’assurer de la qualité et de la continuité des soins, c’est par une offre intégrée dans le public. Le Québec réalise aujourd’hui à quel point les travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement privés et du soutien à domicile sont mal payés et mal traités. Intégrons ces personnes dans notre réseau public », indique Jeff Begley.

  1. Réorganiser notre réseau en misant sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes

Mais intégrer ces secteurs dans le réseau public actuellement ne serait pas suffisant. C’est pourquoi la FSSS-CSN appelle le gouvernement à mener une réorganisation du réseau misant sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes de travail. Cette réorganisation doit être menée en misant sur la participation de toutes les composantes du réseau.

« Il faut revenir à un réseau qui soigne les gens dans la communauté. Pour ça, il faut faire le constat de l’échec de la réforme Barrette et revenir à un réseau à visage humain », de conclure Jeff Begley.