4 solutions pour réparer les services pour les personnes en perte d’autonomie

Alors que la crise de la COVID-19 met en lumière la défaillance des services donnés aux personnes en perte d’autonomie, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) propose 4 solutions pour mieux prendre soin des aîné-es et des personnes handicapées.

Les nombreux cas d’infection et de décès dans les CHSLD illustrent l’urgence d’implanter des solutions pour réparer les services pour les personnes en perte d’autonomie. Si le gouvernement Legault reconnaît maintenant l’ampleur des problèmes du secteur, ces propositions alambiquées imposées sans consultation risquent de passer à côté de l’essentiel. « Les problèmes que nous vivons avec cette crise sont la conséquence d’années de mauvaises décisions politiques. Et cela prendra plusieurs solutions ambitieuses pour réussir à réparer ce que nos gouvernements ont brisé. Mais heureusement, ces solutions existent, pour peu qu’on veuille écouter celles et ceux qui sont sur le terrain chaque jour », lance Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

  1. Effacer les traces de l’austérité libérale

Les effets des compressions budgétaires se font dramatiquement sentir ces derniers mois. Ne pas investir les montants nécessaires pour prendre soin de la population a mené à des centaines d’abolitions de postes et des coupes de services. Depuis la réforme Barrette, les gouvernements ont récupéré plus de 10 milliards de dollars dans les établissements publics. Ce manque à gagner cumulatif des établissements publics depuis 2013-2014 doit être effacé.

« La première chose que nous devons faire, c’est d’adopter un plan de sortie de l’austérité en remettant l’argent qui a été économisé sur le dos du personnel et des patient-es. On ne pourra pas réparer les services aux personnes en perte d’autonomie en essayant encore de faire le tout à coût nul. On doit se donner les moyens de nos ambitions ! », poursuit Jeff Begley.

  1. Améliorer les conditions de travail et les salaires de l’ensemble du personnel

La difficulté du réseau à faire face au coronavirus montre qu’il faut améliorer les conditions de travail et salariales du personnel surchargé. Une telle crise devrait convaincre tout le monde qu’on ne peut plus continuer de considérer le personnel du réseau comme une dépense. Pourtant, le gouvernement s’entête à proposer des mesures qui auront pour effet d’accentuer la désorganisation du réseau. Agir seulement pour les préposé-es en CHSLD ne fera qu’aggraver le manque de personnel pour d’autres titres d’emploi essentiels du réseau et du secteur privé, comme les ASSS, le personnel de l’entretien ménager et les préposé-es aux bénéficiaires des hôpitaux. Les disponibilités en tout temps exigées pour la formation accélérée de ces préposé-es sont exactement ce qui a marqué l’échec de l’ouverture des postes dans le réseau dans les derniers mois.

« Bien des gens ont appris avec désarroi à quel point les conditions sont difficiles dans le réseau. Ça fait pourtant des années qu’on s’époumone à proposer des solutions pour améliorer les choses et convaincre les gens de venir travailler dans le réseau. Et pourtant, on continue à ne pas nous écouter et à proposer des choses qui ne marchent pas. Ce n’est pas en demandant aux futurs préposé-es d’être disponibles jour, soir, nuit et fin de semaine qu’on va attirer les gens. Ce ne sont pas des robots ! », explique Jeff Begley.

  1. Réintégrer le privé dans le secteur public 

En refusant d’investir les montants nécessaires, les gouvernements ont forcé le développement du privé en santé. Le cas du CHSLD Herron montre bien l’erreur monumentale qui a été faite. À cela s’ajoute le fait que les gouvernements ont fermé les yeux sur les conditions de vie des usagères et usagers et de celles et ceux qui leur donnent les services, alors pourtant que des places au privé sont sous la responsabilité des établissements publics. La FSSS-CSN demande un espace de travail avec le MSSS pour identifier des solutions permanentes pour le personnel des centres d’hébergement privés. La FSSS-CSN propose aussi de réintégrer dans le secteur public les services qui sont donnés par le privé, aussi bien en hébergement qu’en soutien à domicile.

« Il est temps de faire le bilan d’années de privatisation de la santé. Faire des profits sur la santé des gens, ça ne nous a menés nulle part. La meilleure manière de s’assurer de la qualité et de la continuité des soins, c’est par une offre intégrée dans le public. Le Québec réalise aujourd’hui à quel point les travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement privés et du soutien à domicile sont mal payés et mal traités. Intégrons ces personnes dans notre réseau public », indique Jeff Begley.

  1. Réorganiser notre réseau en misant sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes

Mais intégrer ces secteurs dans le réseau public actuellement ne serait pas suffisant. C’est pourquoi la FSSS-CSN appelle le gouvernement à mener une réorganisation du réseau misant sur la décentralisation, la démocratisation et l’autonomie des équipes de travail. Cette réorganisation doit être menée en misant sur la participation de toutes les composantes du réseau.

« Il faut revenir à un réseau qui soigne les gens dans la communauté. Pour ça, il faut faire le constat de l’échec de la réforme Barrette et revenir à un réseau à visage humain », de conclure Jeff Begley.

Vote de grève à 99 % à l’entrepôt de Jean-Coutu à Varennes

Malgré des bénéfices en hausse pendant la pandémie, Metro, qui détient maintenant le Groupe Jean Coutu, a décidé de mettre fin à sa prime COVID-19 hier, tout en refusant de négocier sans la présence d’un conciliateur, et ce, dès la première séance entre les deux parties. Les quelque 700 membres ont donc voté un mandat de grève à 99 % à exercer au moment jugé opportun. Quelque 504 membres ont voté dans une assemblée qui se tenait dans le parking avec le son des discours dans chaque automobile.

« Nous avons été au travail tout le long de la pandémie, nous avons adopté toutes les méthodes pour limiter la propagation du virus et continuer d’assurer une part importante de l’approvisionnement en médicaments au Québec. On mérite un plus grand respect de la part de l’employeur qui doit négocier de bonne foi », affirme Audrey Benoît, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de l’entrepôt Pharmacie Jean Coutu–CSN. Cette dernière précise que même lors de la première rencontre avec le conciliateur, l’employeur n’avait toujours pas jugé bon de négocier face à face avec le syndicat et avait préféré se concerter avec le représentant du ministère du Travail.

Les travailleuses et les travailleurs du syndicat demandent notamment un plus grand respect de l’ancienneté dans l’attribution des tâches chaque jour, de meilleurs horaires de travail, une voix au chapitre pour le contrat d’assurance des employé-es, aucune sous-traitance, une amélioration du programme de retraite progressive et une réduction du ratio d’employé-es travaillant à temps partiel.

Rappelons que Metro a vu son chiffre d’affaires augmenter de 9,7 % au deuxième trimestre de 2020 comparativement à la même période l’année précédente. Les bénéfices nets ont grimpé de 45 % pour cette même période. Le secteur pharmacie du groupe (PJC et Brunet) a quant à lui vu son chiffre d’affaires augmenté de 7,9 % pour ce même trimestre.

« Il n’y a pas de raison de ne pas négocier normalement. Le respect, ça commence par une bonne écoute de nos arguments pour chacune des demandes de nos membres », ajoute Audrey Benoît, qui souhaite voir la partie patronale revenir à la table de négociation avec une réelle volonté d’avancer.

Trente-deux organisations unissent leur voix contre la nouvelle mouture du Programme de l’expérience québécoise

Plus d’une trentaine de groupes étudiants, syndicaux et communautaires expriment d’une seule voix leur opposition au projet de règlement modifiant le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

Les demandes
Selon ces organisations, la nouvelle mouture proposée par le projet de règlement va à l’encontre tant des intérêts des Québécoises et Québécois que des intérêts des candidates et candidats à l’immigration. Les revendications suivantes sont particulièrement mises de l’avant par ces groupes.

  1. Annuler le prolongement des années d’expérience de travail requises pour que les candidates et candidats, étudiantes et étudiants ou travailleuses et travailleurs puissent être admis dans le PEQ: Ce prolongement enfermera plus longtemps un grand nombre de personnes dans un état précaire et vulnérable.
  2. Annuler l’exclusion des travailleuses et travailleurs occupant des emplois peu ou non qualifiés (catégories C et D selon la classification nationale des professions) : Le PEQ devrait être ouvert à toutes les personnes ayant accumulé de l’expérience au Québec, sans discrimination fondée sur le niveau de qualification professionnelle.
  3. Annuler l’allongement du délai de traitement de la demande : Le PEQ devrait demeurer une voie rapide pour les personnes qui se trouvent déjà au Québec.
  4. Annuler l’introduction d’exigences linguistiques pour les conjointes et conjoints de la demandeuse principale ou du demandeur principal : Assurer que des conditions favorables (conditions de travail convenables et accès égal aux services sociaux) permettant d’améliorer efficacement la compétence linguistique soient mises en place par le gouvernement du Québec, notamment dans les milieux de travail, et que chaque demandeuse ou demandeur, ainsi que sa conjointe ou son conjoint, reçoivent une formation de francisation de qualité leur permettant d’atteindre une compétence fonctionnelle dans un délai raisonnable.
  5. Rehausser le seuil d’immigration en accélérant le traitement des demandes, particulièrement pour les demandes faites au Québec : Considérant la présence des personnes migrantes et en demande d’asile au Québec, la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs et le déclin démographique du Québec, il faut rehausser le seuil d’immigration et accélérer le processus en tenant compte des effets de la crise sanitaire.
  6. Consulter les organisations syndicales, étudiantes et communautaires au service des personnes immigrantes sur tout projet pilote, en incluant celui visant 550 postes par année réservés aux préposé-es aux bénéficiaires et 550 postes par année réservés à l’industrie de l’intelligence artificielle et des technologies de l’information.

CITATIONS
Les positions seront présentées par quatre porte-parole représentant les milieux étudiants, syndicaux et communautaires.

« Le PEQ ne doit pas être modifié sans d’abord qu’on ait procédé à son évaluation. Il n’y a absolument aucune urgence à adopter ce règlement. La crise sanitaire actuelle ne justifie en rien une telle précipitation, au contraire. Considérant les besoins du marché du travail, le PEQ doit être maintenu et doit rendre admissibles au Certificat de sélection du Québec (CSQ) tous les immigrants détenant un permis de travail ou d’études, quel que soit leur domaine d’emploi ou d’études et quelle que soit la catégorie d’emploi occupée. Le PEQ devrait même être élargi à toutes les demandeuses et à tous les demandeurs d’asile travaillant dans les secteurs essentiels de l’économie, tels que la santé et l’agroalimentaire. »

– Véronique De Sève, vice-présidente, Confédération des syndicats nationaux (CSN)

« L’absence de la clause de droit acquis fait de la réforme du PEQ une trahison pour la communauté étudiante internationale qui souhaite faire du Québec son chez-soi. Cela détruit les projets de vie de milliers de personnes qui désirent s’installer au Québec, et c’est inadmissible. »

– Noémie Veilleux, présidente, Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

« La TCRI s’inquiète des conséquences de la nouvelle réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) présentée le 28 mai 2020. En effet, nous sommes très préoccupées par la tendance du gouvernement à favoriser l’immigration temporaire tout en réduisant les chances d’accéder à la résidence permanente. Ces mesures précarisent des milliers de travailleurs temporaires, des étudiants internationaux et leur famille, dans un contexte où la pandémie de COVID-19 les rend déjà plus vulnérables. »

– Yann Hairaud, coprésident, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)

« Le ministre lui-même avait dit que c’était injuste et irrespectueux de changer les règles quand le processus a déjà débuté. Je n’ai peut-être pas encore déposé de dossier, mais ce processus a commencé le jour où j’ai mis les pieds au Québec. »

– Loïka Beauvil, étudiante internationale à l’Université de Montréal

Groupes organisateurs et d’appui

Organisateurs

  • Campagne « Le Québec, c’est nous aussi »
  • Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
  • Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  • Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI)
  • Confédération des syndicats nationaux (CSN)
  • Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
  • Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)
  • Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
  • Union étudiante du Québec (UEQ)

Appuis

  • Afrique au Féminin
  • Association des travailleurs et travailleuses migrants du Québec (ATTMQ)
  • Association des travailleurs et travailleuses temporaires des agences de placement (ATTAP)
  • Association des travailleurs grecs du Québec
  • Association pour la Défense des Droits du Personnel Domestique de Maison et de Ferme (ADDPD)
  • Au bas de l’échelle
  • Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne (CIDIHCA)
  • Clef pour l’intégration au travail des immigrants (CITIM)
  • Comité d’action de Parc-Extension (CAPE)
  • Concertation haïtienne pour les migrant.es (CHPM)
  • Conseil central du Montréal métropolitain–CSN (CCMM-CSN)
  • Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT)
  • Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
  • Fédération du Commerce (FC–CSN)
  • Femmes du monde à Côte-des-Neiges
  • Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  • Groupe d’études et de recherches axées sur la communication internationale et interculturelle (GERACII)
  • Groupe interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS)
  • Illusion-Emploi de l’Estrie
  • Mouvement Action-Chômage (MAC) de Montréal
  • Organisation des femmes philippines du Québec (PINAY)
  • Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ)
  • Secteur Vivre ensemble/Centre justice et foi

La compassion des épiciers n’aura pas duré longtemps !

La Fédération du commerce (FC–CSN) dénonce la décision hâtive et injustifiée des grandes bannières alimentaires de couper les primes « COVID-19 » versées aux employé-es. « Alors que nos membres travaillent sans relâche depuis la mi-mars dans des conditions difficiles, voire dangereuses, les épiciers décident de mettre fin à la seule compensation qui leur était versée, et ce, même si la crise sanitaire n’est pas terminée », déplore le président de la FC–CSN, David Bergeron-Cyr.

Incohérence
Jugés essentiels par le gouvernement, les travailleuses et les travailleurs des grandes bannières — incluant les employé-es des entrepôts — ont dû se battre au début de la crise afin que des mesures de protection soient mises en place. « Au début, il n’y avait rien pour les protéger. Pas de masques, pas de gants, pas de plexiglas de protection et pas de prime. Aujourd’hui, le matériel n’est pas près de disparaitre, mais les employé-es ne peuvent plus toucher leur prime. Il y a quelque chose de complètement incohérent là-dedans, déplore Bergeron-Cyr. Pour nous, cette décision est hâtive et injustifiée. »

La FC–CSN dénonce aussi le choix de certaines bannières de transformer la prime en bonus. « Cette solution n’a pour objectif que d’économiser sur le dos des employé-es. On est déçu de constater que la reconnaissance et la compassion des patrons auront été de courte durée. »

Deuxième vague
Quotidiennement, le gouvernement et les autorités de Santé publique rappellent aux Québécoises et aux Québécois que la pandémie n’est pas terminée et que la menace d’une deuxième vague de contagion plane toujours. « Devant ces constats, les bannières doivent continuer à verser cette prime d’autant qu’elles ont connu, grâce à cette pandémie, des hausses de revenus de l’ordre de centaines de millions de dollars. Lorsque la situation se sera véritablement stabilisée et qu’un vaccin sera disponible, le retrait de la prime pourra être envisagé. »

Mieux préparer la 2e vague dans le réseau de la santé et des services sociaux

Inquiètes des graves lacunes qui perdurent en matière de santé et sécurité au travail, toutes les organisations syndicales du réseau de la santé et des services sociaux du Québec lancent à l’unisson un appel clair au gouvernement : il est impératif de corriger la situation en vue d’une deuxième vague de propagation de la COVID-19. Dans le meilleur scénario, il reste trois mois tout au plus pour les préparatifs. Ces lacunes, marquées avant la pandémie, expliquent en bonne partie le bilan sombre du Québec en fait de contaminations, de décès et d’arrêts de travail.

Les syndicats précisent que cet automne, le Québec devra absolument éviter un nouvel enchaînement de contaminations et d’arrêts de travail du côté du personnel, déjà gravement fragilisé par les répercussions de la première vague. Alors que le gouvernement garde certains chiffres confidentiels, des données obtenues sur le terrain laissent présager que des situations difficiles persistent dans certains établissements ou certaines régions.

Revendications
La première phase de la crise de la COVID-19 a été un échec. En plus d’avoir coûté la vie à six personnes salariées du réseau de la santé et des services sociaux, elle a mis en lumière les lacunes en prévention dans les milieux de travail, comme en témoigne le fait que 5000 travailleuses et travailleurs ont été infecté.e.s. C’est pourquoi les organisations syndicales présentent les demandes suivantes :

  1. Avoir des données fiables sur le nombre de membres du personnel infectés par établissement, par mission, par service, par centre d’activités et par titre d’emploi pour mieux planifier les ressources disponibles.
  2. Avoir l’heure juste sur l’état des stocks d’équipements de protection individuelle (ÉPI) pour assurer un approvisionnement adéquat et le plus haut niveau de protection pour le personnel du réseau.
  3. Avoir des moyens de faire de la prévention sur le terrain pour limiter le nombre d’infections.
  4. Appliquer d’urgence l’intégralité des quatre mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et la sécurité du travail, dans l’ensemble des établissements du réseau, à commencer par l’identification d’un représentant à la prévention. Cette mesure devra être suivie par l’instauration de programmes de prévention et de programmes de santé ainsi que la mise sur pied de comités de santé et sécurité.

Citations

« La prévention en santé et sécurité au travail est déficiente dans le réseau et la pandémie nous le montre comme jamais. Il faut renverser la vapeur et se donner les moyens de protéger le personnel en vue de la deuxième vague. Et pour ça, il faut que le gouvernement fasse ce qu’il faut pour identifier un représentant à la prévention dans chaque installation. Cette personne doit avoir les pouvoirs nécessaires pour faire fonctionner la prévention au plus vite », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

« Dès le début de la pandémie, on a pu constater que les recommandations de l’INSPQ étaient guidées par le peu d’équipements de protection individuelle en stock. Le Québec a commencé cette crise mal préparé, mal équipé, avec un réseau de la santé déjà à bout de souffle. Le gouvernement Legault a refusé de nous informer correctement sur les inventaires d’ÉPI disponibles et plusieurs résidences et CHSLD ont souffert d’un approvisionnement insuffisant. Le personnel de la santé a été mis à risque par absence de prévention. On n’acceptera pas ça pour la deuxième vague! », a averti Linda Lapointe, vice-présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ.

« Après bientôt trois mois de crise, c’est inacceptable qu’on ne parvienne toujours pas à obtenir un portrait clair de la situation. Pour préparer adéquatement le réseau à la deuxième vague, il nous faut une vue d’ensemble pour comprendre ce qui nous attend. Il est urgent d’avoir un rapport statistique clair et précis permettant d’établir combien de personnes salariées ont été infectées », souligne Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

« La toute première étape, urgente, doit être de nommer des représentants à la prévention dans chacun des milieux de travail, avec tous les pouvoirs prévus dans les règlements de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Ces personnes impartiales et autonomes auront tous les pouvoirs pour inspecter et prescrire des correctifs sans délai. C’est un moyen très rapide et extrêmement efficace pour nous sortir du chaos actuel », a déclaré Benoit Bouchard, président de la division québécoise du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec).

« Depuis le début de la crise, à travers les établissements, les comités et ressources en matière de santé et sécurité qui existaient déjà ont été réduits au minimum. Ça n’a aucun sens! Il faut maintenant faire machine arrière et multiplier les travaux de prévention. Ce sont des moyens extrêmement utiles en temps normal, alors en temps de pandémie, c’est une question de vie et de mort », selon Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ.

« La première vague de COVID-19 a mis en lumière un nombre considérable de lacunes dans les établissements de santé. La ministre elle-même a reconnu que les exigences croissantes de mobilité imposées depuis la création des mégas structures, le recours à la main-d’œuvre indépendante des agences de placement privées et les nombreux déplacements du personnel d’un établissement à l’autre ont agi comme vecteur de propagation de la COVID-19. En plus du matériel adéquat, la stabilité des équipes de soins doit être prioritaire, non seulement en termes de ratios, mais également en termes d’équipes dédiées permettant de développer et de consolider les expertises requises. Il faut que des actions soient mises de l’avant dès maintenant et rapidement » – Claire Montour, présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ).

« Nous sommes conscients qu’il y a une forte demande pour les ÉPI à travers le monde. Toutefois, nous avons l’impression que les directives sanitaires varient en fonction des stocks disponibles et nous doutons grandement de l’efficacité de certains ÉPI fournis au personnel. Il n’est donc pas étonnant de voir autant de travailleurs et travailleuses infectés ou décédés. Nous croyons même que le personnel immunodéprimé ou qui a une maladie chronique en réaffectation est plus en danger qu’il ne le pense », soutient Christian Naud, Responsable du dossier politique de la santé et sécurité au travail à la Fédération des professionnèles (FP-CSN).

PL61 : la relance ne peut se faire sur le pilote automatique ni de façon autocratique, plaide la CSN

Paraissant en commission parlementaire sur le projet de loi 61 aujourd’hui, la CSN a défendu l’objectif du gouvernement de soutenir la relance économique et la création d’emplois en intensifiant le déploiement de projets d’infrastructure. Toutefois, s’inquiète la centrale syndicale, le gouvernement ne peut faire l’économie d’une réflexion impliquant la société civile quant aux orientations à donner à la reprise, encore moins en déréglementant tous azimuts les mécanismes de contrôle politiques, civiques et environnementaux dont le Québec s’est doté pour baliser de tels projets d’infrastructure.

En ce sens, le projet de loi 61 portant sur la relance de l’économie du Québec doit être profondément revu avant son adoption, estime la CSN.

« Oui, le gouvernement doit investir massivement pour relancer l’économie. Maintenant, ce n’est pas parce que nous sommes d’accord sur le principe que nous allons cautionner la façon de faire rétrograde qui est envisagée par le gouvernement », a plaidé le président de la CSN, Jacques Létourneau.

« Nous sommes devant un curieux paradoxe, a soulevé le porte-parole syndical. D’un côté, le gouvernement désire à ce point relancer l’économie qu’il trouve approprié de suspendre toute forme de contrôle parlementaire, de minimiser les obligations de reddition de compte et de saccager les règles en matière d’environnement et d’octroi de contrats publics. De l’autre, il reprend intégralement ses engagements électoraux, sans aucune forme de consultation de la population, ni même un semblant de réflexion quant aux mesures qui pourraient être les plus appropriées pour faire face aux nombreux défis économiques et sociaux engendrés par la crise. Alors que nous avons une occasion en or de mettre de l’avant un développement économique axé sur une nécessaire transition énergétique, le gouvernement se met en mode « business as usual ». Pour le dialogue social pourtant demandé par la quasi-totalité de la société civile, on repassera ! »

À cet égard, le président de la CSN se désole de constater que les projets de construction et de rénovation bénéficieront principalement aux travailleurs masculins. « Les femmes ont été les plus touchées par la crise, note Jacques Létourneau. Les pertes d’emploi ont été catastrophiques pour les personnes qui occupent des postes précaires et à temps partiel, parmi lesquelles les femmes sont nettement surreprésentées. Le projet de loi sur la relance n’apporte pas non plus de réponse pour les travailleuses et les travailleurs des secteurs culturel et touristique, durement affectés par la crise. »

La CSN s’inquiète grandement du manque flagrant de contrôle parlementaire prévu par le projet de loi, notamment par la promulgation d’un état d’urgence sanitaire quasi permanent. « Dans un état de droit, le recours à un décret sanitaire doit servir à répondre à des impératifs de santé de la population. Pas à enfreindre l’obligation de rendre des comptes aux parlementaires et à la population ni à outrepasser les règles environnementales. En ce sens, le projet de loi 61 fait sérieusement reculer le Québec, dont le destin ne peut être dicté à coups de décrets ministériels. Il y a lieu de s’inquiéter d’une telle volonté de bafouer nos institutions démocratiques », de conclure le président de la CSN.

Les profs de cégep préoccupés par la rentrée de l’automne 2020

Les enseignantes et les enseignants des cégeps affiliés à la FNEEQ-CSN préparent la rentrée de l’automne 2020 avec comme préoccupations principales la réussite et la persévérance scolaire des étudiantes et des étudiants ainsi que l’accueil de celles et ceux qui arriveront du secondaire. « La session d’hiver a pu se terminer sans trop de heurts grâce à la rigueur et au travail important d’adaptation que le personnel enseignant a su faire dans l’urgence, malgré des contraintes importantes », explique Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Cependant, le personnel enseignant a constaté que le glissement vers le mode virtuel a un effet délétère sur la motivation de plusieurs étudiantes et étudiants. « L’encadrement pédagogique et la relation maître-élève jouent un rôle fondamental dans la persévérance scolaire. Malheureusement, la communication à distance a des limites : elle rend beaucoup plus difficile l’encadrement, ce qui n’est pas sans conséquence pour les étudiants et étudiants, en particulier pour ceux qui vivent des difficultés particulières », affirme Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ–CSN.

C’est dans cette optique que les délégué-es des cégeps de la FNEEQ-CSN demandent que, pour les cours de la session d’automne, l’enseignement en présence soit privilégié par rapport au mode virtuel afin d’établir une relation pédagogique significative et stable. Cela, bien sûr, sans perdre de vue la santé et la sécurité dans la mesure où les recommandations de la santé publique le permettraient. On pourrait par exemple utiliser pour des groupes plus grands des salles de cinéma, des centres communautaires, des églises ou d’autres installations assez vastes pour assurer la distanciation physique. Il s’avérerait même possible de donner des cours dehors par beau temps !

Il faut veiller en particulier à offrir les laboratoires et les stages en présence puisqu’ils sont incontournables pour le développement de savoir-être et de savoir-faire impossibles à développer de façon virtuelle. « Si l’éducation est réellement une priorité, le gouvernement doit nous octroyer les moyens et les ressources pour assurer des conditions d’enseignement et d’apprentissage optimales, car nous formons, pandémie ou non, le Québec de demain », conclut Yves de Repentigny.

 

Formation pour devenir préposé-e en CHSLD : un plan gouvernemental sans les principales concernées

La FSSS–CSN, qui représente 75 % des préposé-es aux bénéficiaires du secteur public, réagit à l’annonce gouvernementale de la formation pour devenir préposé aux bénéficiaires (PAB).

Former rapidement, mais former bien
Lors de sa conférence de presse, le premier ministre a indiqué qu’il recevrait probablement des critiques concernant sa proposition sur les PAB de la part des syndicats. Comment peut-il savoir ? La FSSS–CSN n’a pas été consultée pour la mise en place de cette formation. Si les besoins sont grands dans le secteur depuis plusieurs années, il faut s’assurer que cette formation permettra aux futurs préposé-es aux bénéficiaires de bien intégrer le réseau de la santé. La volonté gouvernementale d’attirer du personnel est louable, mais comme elle est implantée de manière unilatérale, la FSSS craint que les résultats ne soient pas au rendez-vous.

« Tant mieux si le gouvernement se réveille et agit pour augmenter le personnel dans les CHSLD. Ça fait des années qu’on intervient pour ça ! Mais la manière d’y parvenir pose bien des problèmes. Imposer du haut vers le bas sans consulter personne, c’est ce qu’on fait dans le réseau depuis longtemps. Si ça marchait, on serait au courant ! Depuis l’annonce de la formation, nous recevons bien des commentaires de nos membres qu’il aurait été intéressant de prendre en considération. Mais pour ça il faut écouter les principales concernées et encore une fois le gouvernement passe à côté de ça », lance Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

Encore une fois, le gouvernement veut régler la situation sans mettre dans le coup les principaux concernés. Il l’a fait il y a quelques mois avec le dépôt de son plan pour l’attraction et la rétention des PAB et des ASSS, déposé sans aucune consultation. Les éléments de ce plan n’avaient d’ailleurs pas permis de régler la pénurie dans ce secteur. Pourtant, la FSSS–CSN a indiqué à plusieurs reprises sa disponibilité pour proposer des solutions pour améliorer la situation avec les PAB. La vaste étude menée par la FSSS sur la réalité des PAB avait permis de recueillir plusieurs propositions. L’invitation de la FSSS est restée lettre morte.

Le gouvernement a réitéré son intention d’augmenter davantage la rémunération des préposé-es aux bénéficiaires en CHSLD. « Le gouvernement sème les graines de la prochaine crise dans le réseau. En s’attardant uniquement aux CHSLD alors que c’est l’ensemble du réseau qui vit une crise inégalée dans les dernières années, nous ne faisons que déplacer le problème. Si le gouvernement s’entête, on va se retrouver bien vite avec une pénurie aggravée dans les hôpitaux, dans les soins à domicile et dans les plusieurs secteurs du réseau et des centres d’hébergement privés », explique Jeff Begley.

La FSSS–CSN s’adresse à la Santé publique pour rehausser les mesures de protection

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) s’adresse à la Santé publique pour qu’elle annonce un rehaussement des mesures de protection du personnel du réseau alors que nous devons nous préparer à affronter la deuxième vague du coronavirus.

Appliquer le principe de précaution pour protéger le personnel
Cette semaine, la FSSS–CSN a transmis une lettre au Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) de la santé publique, au directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, et à la CNESST, comme le révèle ce matin un article de La Presse. L’objectif de cette démarche est de demander à la santé publique de revoir sa position sur la protection du personnel du réseau, alors que plus de 5000 travailleuses et travailleurs ont été infectés. Depuis le début de la pandémie, la FSSS–CSN réclame un rehaussement des mesures de protection, particulièrement dans les CHSLD, les soins à domicile et les résidences privées pour aîné-es, là où se trouve le plus grand nombre de cas de personnel et d’usagers infectés. Pour la FSSS–CSN, il faut notamment rendre disponible le masque N95 dans ces secteurs névralgiques.

Il n’y a actuellement pas de consensus scientifique sur le mode de transmission du virus. S’il est avéré que le virus se transmet par gouttelettes, plusieurs experts avancent que le virus se transmet aussi par aérosol. En l’absence de consensus, la FSSS–CSN demande à la santé publique d’appliquer le principe de précaution pour assurer la sécurité des travailleuses et travailleurs au front. Pour ce qui est de la CNESST, la FSSS–CSN demande que ses équipes d’inspection-prévention soient appelées sans tarder à appliquer le principe de précaution.

« Il faut se préparer dès maintenant pour la deuxième vague. La protection du personnel dans la première vague, on l’a complètement échappée. La santé publique doit appliquer le principe de précaution et augmenter la protection des travailleuses et travailleurs », lance Judith Huot, vice-présidente de la FSSS–CSN.

« Le premier ministre a beau déplorer chaque jour qu’il manque du monde sur le plancher, mais pour l’instant on ne fait pas tout pour les protéger. Les travailleuses et travailleurs sont au front depuis plus de deux mois et voient sans arrêt de leurs collègues tomber au combat. Il faut replacer au plus vite ! », explique Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

N’attendons pas la prochaine crise

Plus d’une centaine de travailleuses et de travailleurs du secteur public se sont rassemblés aujourd’hui à Montréal devant les bureaux du premier ministre François Legault. Tous munis d’un couvre-visage et respectant la distanciation physique, des membres de la CSN œuvrant dans les réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation ainsi que dans les organismes gouvernementaux ont manifesté leur mécontentement quant au déroulement de la négociation actuelle et ont indiqué au gouvernement que l’offre globale qu’il propose est insuffisante tant sur le plan des conditions de travail que sur celui des salaires.

« Ce qui est sur la table actuellement ne répond pas aux besoins du personnel des services publics et, malheureusement, avec les problèmes catastrophiques d’attraction et de rétention dans les réseaux, on constate aujourd’hui les conséquences graves de ne pas agir en ce sens », a affirmé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

La CSN a tenu à rappeler qu’il y a plusieurs mois, elle sonnait déjà l’alarme sur l’état préoccupant de nos services publics après des années de négligence institutionnelle. Pour l’organisation syndicale, l’absence de volonté réelle du gouvernement d’améliorer les conditions de travail de tout le personnel qui assure les services à la population est à la fois incompréhensible et inacceptable. « Les réseaux étaient mal en point bien avant la pandémie. Les problèmes ne disparaîtront pas dans les prochains mois, bien au contraire. La négociation en cours, bien qu’elle se fasse dans une période de crise sans précédent, doit absolument permettre d’améliorer significativement le sort des travailleuses et des travailleurs des services publics », a ajouté Caroline Senneville.

Dans son projet d’offre globale, le gouvernement fait la sourde oreille à bon nombre d’enjeux soulevés par la CSN. Parmi ceux-ci, on trouve notamment la nécessité d’assurer une immunité aux lanceurs d’alerte. « Les travailleuses et travailleurs des réseaux publics doivent pouvoir dénoncer des situations inacceptables sans craindre des représailles. Pour mettre fin à l’omerta une fois pour toutes, il faut reconnaître ce droit dans nos conventions collectives, comme nous le demandons depuis le début de la négociation. Dans le contexte actuel, c’est particulièrement choquant que le gouvernement s’entête à refuser cette demande on ne peut plus légitime. »

Pour Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN), il est clair que le gouvernement doit prendre acte du message porté par les militantes et les militants qui se sont rassemblés aujourd’hui. « Malgré toutes les contraintes qui résultent de la crise sanitaire, plus d’une centaine de personnes ont tenu à venir ici, devant le bureau du premier ministre, pour réclamer des services publics plus humains tant pour celles et ceux qui y travaillent au quotidien que pour l’ensemble de la population. Ces personnes se font la voix de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui se dévouent comme jamais pour le Québec. Elles doivent être entendues. »

Alors que le gouvernement ne cesse de répéter publiquement qu’il souhaite parvenir rapidement à des ententes avec les organisations syndicales, il ne démontre pourtant pas cet empressement à négocier en bonne et due forme. C’est d’ailleurs sur un appel clair à la négociation que la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville, a souhaité conclure le rassemblement. « M. Legault, nous avons, ensemble, la responsabilité de regarder les problèmes en face, de réparer ce qui est brisé et de redonner aux Québécoises et aux Québécois les services publics auxquels ils ont droit. Venez vous asseoir aux tables de négociation; c’est là que sont les solutions. N’attendons pas la prochaine crise. »

Agents de prévention en milieu de travail : la CSN demande que les syndicats soient aussi consultés

La CSN se réjouit de l’annonce du ministère du Travail qui redéploiera 1000 agents de prévention issus de la fonction publique pour faire la promotion des mesures de santé et de sécurité en lien avec le déconfinement graduel des entreprises. Toutefois, la centrale syndicale demande à ce que les syndicats soient également consultés dans l’évaluation des mesures de prévention mises en place pour chacun des milieux de travail.

Comme l’a indiqué le ministère du Travail ce matin, en collaboration avec la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), des équipes de prévention composées de personnel de différents ministères et organismes publics seront également responsables d’évaluer les mesures mises en place dans différents milieux de travail. Ceux-ci pourront communiquer avec les employeurs, mais aucune forme de consultation auprès des travailleuses et des travailleurs n’est actuellement prévue.

« Toute la Loi sur la santé et la sécurité du travail repose sur le paritarisme, rappelle le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Ces agents de prévention sont appelés à être les yeux et les oreilles de la CNESST. Il tombe sous le sens que ceux-ci doivent être habilités à consulter l’ensemble des parties pour établir un portrait approprié de la situation dans chaque entreprise. Il en va de la santé et de la sécurité des travailleuses et des travailleurs. Si on veut prendre tous les moyens pour réduire la propagation du virus, il faut s’assurer que les milieux de travail s’ajustent correctement. En ce sens, la participation des syndicats est primordiale. »

La centrale syndicale demeure très préoccupée par le manque d’inspecteurs et d’inspectrices en prévention au sein de la CNESST. « Déjà, avant la crise, nous étions inquiets des conséquences du manque de ressources pour inspecter les milieux de travail et apporter les correctifs appropriés. La situation ne s’est pas améliorée avec la crise de la COVID-19. Redéployer 1000 fonctionnaires pour faire la promotion de la prévention, c’est un bon pas en avant. Mais on doit s’assurer que les travailleuses et les travailleurs sont partie prenante de l’évaluation des mesures mises en place. C’est ce que nous demandons à la CNESST et au ministre du Travail Jean Boulet », mentionne Jean Lacharité.

Faut qu’on se parle

Depuis le début de la pandémie, on mesure chaque jour l’ampleur de la crise économique à laquelle devra faire face le Québec dans les prochaines années. Plusieurs croient, une fois la pandémie maîtrisée, que le monde reprendra son cours normal. Nous ne sommes pas d’accord avec cette lecture. En plus des victimes de la pandémie, il y aura de nombreuses fermetures d’entreprises, une augmentation importante du chômage, des pans entiers de l’économie à reconstruire, des déficits budgétaires considérables. Malgré le caractère tragique de la crise, nous sommes de celles et de ceux qui y voient l’occasion d’effectuer un virage en matière de stratégie de développement économique. Toutefois, cette stratégie doit être réfléchie, planifiée et mise en œuvre dès maintenant avec tous les partenaires de la société québécoise. Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement de François Legault de mettre rapidement en place les balises permettant un véritable dialogue social avec l’ensemble des acteurs concernés.

Nous n’avons certainement pas toutes les réponses, mais nous connaissons quelques questions qui méritent d’être posées. Nous avons également des propositions à mettre de l’avant. Bref, nous voulons être partie prenante de cette relance.

D’emblée, il nous apparaît tristement évident que des milliers de travailleuses et de travailleurs ne retrouveront pas l’emploi qu’ils détenaient il y a maintenant deux mois. D’autres, que ce soit en culture ou dans le secteur touristique, ne le reverront pas de sitôt. Le Québec devra, collectivement, traverser une importante réorganisation de son marché du travail.

La pandémie a révélé le rôle incontournable des services publics et des programmes sociaux. Cependant, cette dernière a aussi révélé à quel point les années d’austérité ont affaibli les réseaux de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la petite enfance. De façon plus particulière, le regard lucide que pose chaque jour le premier ministre sur le sort réservé aux aîné-es confirme nos revendications des dernières années et l’urgence de revoir collectivement l’état de l’ensemble du réseau de la santé. Des réinvestissements sont toujours nécessaires, au premier chef pour consolider le réseau de la santé sur le plan des acquisitions, de l’organisation du travail, des conditions de travail, des façons de s’occuper des personnes âgées et vulnérables et des immobilisations.

Nous saluons la décision du gouvernement de contribuer activement à la reprise économique en accélérant de nombreux projets d’infrastructures, notamment en matière de transport collectif. Toutefois, cette décision, seule, n’est pas garante du succès de la relance. De nombreux secteurs auront des besoins particuliers. Des choix importants seront à faire pour soutenir la création d’emplois dans des milieux innovateurs et la nécessaire transition écologique de l’économie.

Ces choix collectifs devront être accompagnés de mesures concrètes qui permettront de soutenir nombre de travailleuses et de travailleurs dans l’acquisition de connaissances en période de transformation du marché de l’emploi. On ne s’invente pas technicien en bâtiment ou électricien du jour au lendemain. Que ce soit en matière de formation continue ou de développement professionnel, l’adéquation du marché du travail ne peut être abandonnée aux seules lois du marché. L’État québécois aura un rôle à jouer à cet égard, particulièrement par l’entremise de son réseau public d’éducation et d’enseignement supérieur — sans sous-estimer le rôle crucial que le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale ainsi que le ministère de l’Économie et de l’Innovation auront à jouer.

Ce qui nous amène à réfléchir aux défis que le gouvernement du Québec aura à relever au cours des prochaines années en matière de finances publiques. Jusqu’à maintenant, il annonce qu’il n’est pas dans son intention de résorber le déficit qui résultera des mesures d’aide aux personnes et de soutien aux entreprises par de subséquentes mesures d’austérité. Par ailleurs, nous devrons soupeser la pertinence de maintenir les transferts au Fonds des générations. Les objectifs de réduction de la dette prévus pour 2026 étant déjà atteints, la crise actuelle nous force notamment à revoir ce choix.

Les mesures temporaires d’appui aux travailleuses et aux travailleurs affectés par la crise, jusqu’ici largement assumées par le gouvernement fédéral, ne seront pas éternelles. Il y aura plusieurs laissés-pour-compte et nous devrons réfléchir à la façon de bonifier le filet de sécurité sociale.

Le gouvernement dévoilera en partie les stratégies qu’il mettra de l’avant lors de sa mise à jour économique prévue pour juin prochain. Malheureusement, rien ne nous indique qu’une véritable consultation des partenaires socioéconomiques du gouvernement québécois ne l’aura précédée.

Le premier ministre du Québec doit indiquer rapidement de quelle façon il entend poser les fondements d’un réel dialogue social avec les acteurs socioéconomiques pour s’assurer d’une véritable adhésion du plus grand nombre de Québécoises et de Québécois.

Faut qu’on se parle. De notre avenir à toutes et à tous.

Daniel Boyer, président de la FTQ
Jacques Létourneau, président de la CSN
Sonia Ethier, présidente de la CSQ
Luc Vachon, président de la CSD

RSG : la réouverture qui change tout

Qu’est-ce qui a changé ? Après une semaine de réouverture des services de garde en milieu familial (à l’extérieur de la Communauté métropolitaine de Montréal), on pose la question à des responsables de service de garde (RSG) et la réponse est sans ambages : tout !

Comment s’opère la distanciation dans un milieu de vie où la proximité fait partie de l’ADN même du service de garde ? Comment exprimer de la douceur et de la chaleur envers les enfants tout en portant une visière, un masque et des gants ?

Une chose est certaine, il s’écrit, dans des milliers de milieux familiaux partout au Québec, une histoire faite de petits et de grands gestes qui n’ont qu’un seul objectif : un retour bienveillant pour les enfants.

« Une chose que j’ai vite comprise, c’est que nous devions préparer les enfants… et les parents ! », souligne d’entrée de jeu Marylin Potvin, RSG au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

« Quelques jours avant la réouverture, j’ai contacté les parents et je leur ai expliqué les changements apportés au milieu de garde ainsi que les protocoles à respecter de part et d’autre. Mais le plus important pour moi, c’était de parler aux enfants avant la rentrée. On a fait cela par appels vidéo et j’ai pu leur montrer l’équipement, la visière, les gants et les sensibiliser afin qu’ils ne soient pas trop déstabilisés le lundi matin. »

Même son de cloche pour Mélanie Dion, RSG de la même région. « Ce qui fait la beauté de nos milieux de garde, c’est justement tout l’aspect familial ! C’est un vrai défi de conserver ce caractère avec l’équipement de protection individuelle, les mesures de distanciation, les limitations multiples pour respecter les consignes. Il faut faire preuve d’imagination et je me suis assurée de préparer mon milieu afin de rendre plus fluides certaines nouvelles réalités. Il faut travailler en amont avec les parents, car c’est ensemble que nous pouvons espérer faciliter l’adaptation des enfants », ajoute-t-elle.

Les deux RSG font état d’une sensibilité accrue par rapport aux besoins des enfants, dans un contexte où les milieux et les règles qu’ils connaissent sont passablement chamboulés. « Dès la première journée, j’ai fait un atelier avec les enfants afin de leur apprendre à décoder les émotions de quelqu’un qui porte un masque. J’ai enfilé le mien et nous avons joué à deviner si j’exprimais de la joie, de la tristesse, un questionnement et tout plein d’autres expressions faciales qui nous permettent de communiquer ensemble au quotidien. En apparence banal, cet exercice leur permet de participer et d’intégrer la nouvelle réalité », mentionne Marylin Potvin.

« Il faut tout adapter, même notre posture physique, s’exclame Mélanie Dion. Je m’assois moins par terre pour éviter que les enfants se rapprochent trop, je privilégie les chaises, par exemple. Ça change une dynamique, mais c’est une raison de plus pour développer d’autres trucs afin de montrer aux enfants que nous sommes tout autant
là. »

Les deux femmes sont unanimes : les enfants sont très résilients. En écoutant ces RSG nous confier leurs observations, nous aurions aussi le goût d’ajouter qu’il s’agit d’une résilience nourrie par leur propre bienveillance à l’égard des tout-petits.

Des personnes en renfort qui seront mieux payées que le personnel en place

En raison d’une pénurie de personnel, des renforts dans les CPE seront nécessaires dans plusieurs établissements, mais il faut éviter de créer une injustice entre ces personnes et les travailleuses qui ont maintenu les services de garde d’urgence depuis le début de la crise. Dans certains cas, des étudiantes gagneront plus que du personnel déjà en place.

« Nous réclamons une prime en lien avec la crise actuelle depuis la fin mars. Non seulement nous n’avons encore aucune nouvelle, mais les nouvelles directives vont créer une injustice envers celles qui prennent soin des enfants des anges gardiens depuis le début de la pandémie. Le ministre Lacombe a affirmé à plus d’une reprise combien il a à cœur son réseau. Il doit intervenir avec plus de fougue et de détermination auprès du Conseil du trésor pour qu’enfin, cette demande aboutisse dans les poches des travailleuses. Rendre les emplois en CPE plus attractifs était et demeure une nécessité, mais ça ne doit pas se faire au prix d’injustices », soutient Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN, qui représente plus de 10 000 travailleuses en CPE partout au Québec. « Pour attirer plus de candidates, on bonifie le salaire des étudiantes, mais on ne fait rien pour aider à retenir celles qui sont déjà dans le réseau », ajoute Lucie Longchamps.

L’arrêté ministériel du 9 mai ouvre la porte à de nouvelles travailleuses qui seront considérées comme qualifiées même si elles n’ont pas terminé leurs études dans un secteur lié à l’éducation. Par cette mesure exceptionnelle, elles gagneront cependant plus qu’une partie du personnel non diplômé en place depuis longtemps, ou autant que des éducatrices qui ont terminé leur formation collégiale. L’échelle salariale des éducatrices qui ne sont pas diplômées commence en effet à 16,75 $ l’heure.

Par ailleurs, le ratio d’éducatrices qualifiées passe de deux sur trois à un sur trois, de façon temporaire. La porte est donc ouverte pour engager plus d’éducatrices non qualifiées. Avec l’arrêté, celles-ci pourront désormais provenir des camps de jour.

Précédent dangereux
« Il est très important qu’on ne perde pas de vue le rôle éducatif du réseau des CPE, qui est une fierté pour le Québec. La baisse du ratio d’éducatrices formées et la baisse des exigences de formation doivent absolument être temporaires et ne pas se prolonger lorsque l’urgence sanitaire sera terminée », insiste Louise Labrie, représentante des CPE à la FSSS–CSN. Cette dernière déplore par ailleurs que bon nombre d’éducatrices d’expérience qui ne peuvent prendre le risque de travailler en ce moment en raison d’une santé vulnérable soient dirigées par les employeurs et le ministère de la Famille vers la Prestation canadienne d’urgence (PCU), qui pourrait être un cul-de-sac pour plusieurs d’entre elles.

Les ressources de type familial laissées à elles-mêmes

Le confinement et les mesures de protection imposées par la Santé publique durant la pandémie de COVID-19 représentent leur lot de défis pour n’importe quelle famille. Alors songez un peu à ce que cela peut impliquer pour les familles qui accueillent chez elles des personnes présentant un handicap physique ou intellectuel.

« Imaginez un petit comportement agaçant de votre conjoint. Imaginez maintenant 100 fois pire, 24 heures sur 24, multiplié par 6 », illustre Valérie Charest. Elle et son conjoint, Frédéric, partagent leur résidence du Bas-Saint-Laurent avec leurs trois enfants et six pensionnaires qui sont aux prises avec des déficiences intellectuelles sévères, des troubles du spectre de l’autisme, des troubles obsessifs compulsifs ou d’autres troubles du comportement.

« Depuis la mi-mars, il n’y a que mon conjoint qui sort. Avant, certains usagers allaient voir leur famille toutes les deux semaines, d’autres allaient à l’école aux adultes ou au centre d’activités de jour. C’est sûr que leurs activités leur manquent. Mes enfants ne retourneront pas à l’école ce printemps pour ne pas risquer de contaminer tout le monde. Maintenant, tout le monde est ici tout le temps. »

Même si elle se considère comme chanceuse et avoue que posséder une grande maison et une grande cour aide à alléger le confinement, Valérie admet que le défi reste imposant.

« C’est toute la gestion du quotidien qui est compliquée, explique-t-elle. C’est vraiment difficile de mettre en place des mesures d’hygiène et de distanciation. J’ai des usagers qui ont des troubles sensoriels et qui ne veulent pas mettre les mains sous l’eau ; d’autres qui ont des troubles de comportement et qui n’écoutent pas les directives dès que j’ai le dos tourné. »

Étant donné ces circonstances difficiles, on pourrait s’attendre à ce que Valérie accueille le déconfinement entamé dans la plupart des régions du Québec avec un certain soulagement. Malheureusement, le manque de clarté des communications gouvernementales semble plutôt engendrer de la confusion et du scepticisme.

« Au début de la crise, le gouvernement nous a dit que si on avait un cas de COVID, il faudrait que les usagers restent dans leur chambre pendant 14 jours. Je ne suis même pas capable de les faire rester dans leur chambre pendant 24 heures quand ils ont la gastro ! s’exclame-t-elle. Depuis que le déconfinement a été annoncé, on n’a jamais eu de nouvelles du gouvernement à savoir si on avait le droit d’envoyer les enfants à l’école ou non. On n’a pas eu de signal pour nous dire qu’on pouvait sortir, donc le déconfinement, ça ne change rien dans ma vie en ce moment. »

Construction : prendre tous les moyens pour éloigner le virus

Ça y est. Les travaux ont repris sur les chantiers de construction au Québec. Et les travailleurs sont contents.

« Les gens sont heureux de reprendre la vie normale et de recommencer à toucher leur salaire, souligne le manœuvre spécialisé et représentant de la CSN–Construction à Québec, Alexandre Mailhot. Bien sûr, il y a plusieurs mesures de protection à respecter, mais ils savent que c’est important et que s’ils ne suivent pas les consignes, les chantiers pourraient fermer à nouveau. Et ils ne veulent pas ça. »

Alexandre est à pied d’œuvre sur les chantiers, comme tous les autres représentants et directeurs d’associations de métiers et d’occupations de la CSN–Construction, pour s’assurer que les mesures d’hygiène sont en place. « Les associations syndicales et patronales ont produit des recommandations pour les chantiers, de concert avec la CNEESST, et ces recommandations doivent être respectées par les entrepreneurs. On veille à ça », souligne pour sa part le président de la CSN–Construction, Pierre Brassard.

Les recommandations ne doivent pas être prises à la légère, sans quoi tout le monde va être pénalisé. « Dans plusieurs métiers de la construction, c’est le cas pour les plombiers, les manœuvres et les charpentiers, par exemple, les gens sont appelés à travailler à deux. Ils doivent avoir accès à des lunettes, à des masques et à des gants pour se protéger mutuellement », explique le président de la fédération qui ajoute : « Dans une tour à habitation, ils peuvent se retrouver 150, 175 voire 200 travailleurs en même temps. Il n’y a pas de chance à prendre. On veut s’assurer que tout le monde est à l’aise dans son environnement de travail pour éviter des éclosions de COVID et permettre au monde de travailler. »

Mieux en temps de COVID
Alexandre Mailhot fait même remarquer qu’à certains endroits, les installations sont plus adéquates en période de crise qu’à l’ordinaire. « La semaine dernière, on a dû intervenir parce qu’il manquait une toilette sur un chantier. Le lundi matin, elle était là. »

Rappelons qu’à partir de 25 travailleurs sur un chantier, les entrepreneurs ont l’obligation d’installer une toilette à chasse. Il faut aussi qu’il y ait assez de toilettes à chasse pour le nombre de personnes sur le chantier en question. « Habituellement, ces obligations sont loin d’être respectées partout. Mais en ce moment, ils ont déjà tellement de retards qu’ils ne veulent pas risquer de faire en sorte que les travaux arrêtent. Ils prennent donc tous les moyens pour éloigner le virus », renchérit Mailhot.

Un entrepreneur rencontré récemment, raconte le représentant syndical, a pris la peine d’apporter un gros cruchon et du savon dans un quartier résidentiel où il n’y avait aucune eau courante et où chaque maison fonctionnait avec un puits artésien. « En temps normal, il n’aurait jamais fait ça. Dans le résidentiel léger, parfois, il n’y a même pas de toilettes. Bien entendu, on condamne ces manquements à la CSN–Construction. Mais si les entrepreneurs sont capables d’être exemplaires et de fournir l’essentiel sur le plan sanitaire en temps de COVID, ils vont être capables de l’être après la COVID. On va surveiller ça de très près », conclut-il.

Le secteur scolaire de la FEESP–CSN réitère ses inquiétudes

En cette journée de réouverture des écoles à l’échelle du Québec, excluant la communauté du Montréal métropolitain, le secteur scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) tient à réitérer ses inquiétudes concernant les impacts sur le personnel de soutien scolaire.

« Le personnel de soutien a passé les dernières semaines à préparer les écoles pour la réouverture en tenant en compte des règles de distanciation sociale. Si en théorie ces règles sont applicables, nous sommes anxieux de voir comment elles s’appliqueront lorsque les élèves seront de retour dans les écoles », de souligner Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN.

« Même si nous avons eu la confirmation du ministère de l’Éducation que du matériel de désinfection et de l’équipement de protection individuel seront fournis dans toutes les écoles, il n’en demeure pas moins que nous avons des inquiétudes sur les quantités fournies et la disponibilité réelle dans les écoles. On ne voudrait pas se retrouver dans une situation de manque de matériel dès la réouverture ! », ajoute Mme Charland.

Le secteur scolaire de la FEESP–CSN tient également à rappeler aux employeurs d’être conciliants avec les employé-es ayant des craintes pour la santé de leurs proches. Rappelons à cet effet qu’aucune règle d’exemption n’a été mise en place pour le personnel dont les proches sont plus vulnérables à la COVID-19.

Journalistes : la rigueur au temps de la colère

Leur travail aura permis de mettre en lumière la troublante réalité derrière les portes closes du CHSLD Herron. Il nous permet d’obtenir quotidiennement des réponses aux questions que nous nous posons durant cette crise sans précédent. En temps de confinement et de mesures exceptionnelles, l’accès à l’information rigoureusement validée est une nécessité. Une nécessité à laquelle répond le travail des journalistes et des équipes de production médiatique.

Or, la crise de la COVID-19 semble avoir exacerbé une appréciation inverse de leur travail, puisque la cyberintimidation envers les journalistes atteint des sommets depuis quelques semaines. « Nous constatons que depuis le début du confinement, les messages et commentaires que nous recevons sont plus violents. Nous avons vraiment remarqué une amplification d’un problème qui était pourtant déjà bien présent », explique Marie-Ève Martel, journaliste et présidente du syndicat de La Voix de l’Est.

Menaces de mort, commentaires dénigrants sur l’apparence physique, insultes de tous genres sont ainsi devenus le lot des boîtes courriels, des messageries Facebook et de la section commentaires de plusieurs journalistes. La journaliste de Granby s’inquiète d’ailleurs de la perception que les gens ont des médias d’information.

« Le caractère des commentaires que nous recevons traduit un soupçon envers les médias. On nous accuse de manipuler les gens, on nous associe à des théories du complot. C’est comme si les gens n’étaient plus en mesure de distinguer une source d’information légitime d’une lubie lancée par quelqu’un quelque part sur le Web », explique-t-elle.

Selon la journaliste, la situation est d’autant plus inquiétante que nous faisons face, collectivement, à une croissance de la désinformation. Les plateformes de partage telles que Facebook, Twitter ou Reddit, sont des chambres d’amplification donnant audience et portée à des propos et articles non fondés sur la vérification des faits. Les médias d’information subissent ainsi la comparaison avec tous ces contenus et motivent certains lecteurs et commentateurs à accuser les journalistes de ne pas faire leur travail, d’être complaisants ou, tout simplement, de ne pas dire la vérité. Paradoxale époque, alors que depuis le début de la crise, ils sont au front et veillent à produire l’information nécessaire à notre compréhension collective des enjeux liés à la COVID-19.

« Un collègue d’un autre média s’est fait accuser d’être incapable de penser par lui-même. Son erreur, selon le commentateur : avoir cité des spécialistes dans l’article en question. Des exemples comme ceux-là, nous en avons quotidiennement, c’est la triste réalité », se désole Marie-Ève Martel.

Rareté de main-d’œuvre en santé et services sociaux : un problème structurel qu’il faut régler

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN), l’annonce d’une prime temporaire à une partie du personnel du réseau révèle à quel point le sous-financement des services a mis à mal notre système public de la santé et des services sociaux. La FSSSCSN invite le gouvernement à concentrer les énergies à la recherche de solutions durables et permanentes.

« Cela fait des années que nous nous battons pour améliorer les salaires ainsi que les conditions de travail et de pratique dans le réseau, explique le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley. C’est clair qu’avec des salaires beaucoup trop bas, les établissements ont de la misère à attirer et à retenir du personnel. Si l’actuelle pandémie révèle ces difficultés au grand jour, ce serait une grave erreur de penser qu’elles disparaîtront avec le coronavirus ; c’était le cas bien avant l’état d’urgence. Par ailleurs, il faudra aussi s’attaquer aux conditions de travail, tant en termes de charge de travail que de prévention en santé et sécurité du travail. Or, nous sommes aux tables de négociation actuellement. C’est le temps de trouver des solutions durables, mais on nous offre actuellement des miettes pour les salaires et très peu de perspectives quant à l’amélioration des conditions de travail de l’ensemble du personnel. »

Une prime imprécise
Ne disposant que des informations données par le premier ministre François Legault en point de presse aujourd’hui, la FSSS–CSN n’est pas en mesure à ce moment-ci d’analyser adéquatement toutes les implications de cette annonce. Il semble qu’elle ne visera qu’une partie des travailleuses et travailleurs à risque de contracter la COVID-19 dans le réseau public. De plus, une partie de la prime ne s’appliquera que pour la région métropolitaine.

En ce qui concerne les centres d’hébergement privés et les ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF), la FSSS–CSN fera les suivis avec les employeurs pour s’assurer que le personnel ait accès à cette prime. La FSSS–CSN déplore de plus que la prime laisse plusieurs secteurs dans l’oubli : le secteur préhospitalier, les services de garde éducatifs, les institutions religieuses et les organismes communautaires.

Personnel à temps plein
La FSSS–CSN travaille depuis longtemps à la recherche de solutions pour favoriser l’occupation de poste à temps plein dans le réseau public. Cependant, une partie de la solution se trouve dans les établissements qui refusent souvent de créer des postes intéressants à temps plein. Si elle partage l’objectif du gouvernement, la FSSS–CSN prévient qu’on risque ainsi de déplacer le problème vers d’autres services qui connaissent aussi des difficultés de main-d’œuvre où le personnel n’est pas visé par la prime.

Rehausser les mesures de protection
Pour parvenir à attirer et retenir le personnel durant la pandémie, il faut certainement des solutions du côté salarial, mais il faut aussi s’intéresser aux équipements de protection individuelle. Depuis des semaines, la FSSS–CSN demande au gouvernement de rehausser les mesures de protection dans les CHSLD, les soins à domicile et les résidences privées pour aîné-es.

« À voir la quantité de travailleuses et travailleurs infectés, c’est certain que les mesures de protection sont insuffisantes. Bien des gens viendraient donner un coup de main, mais veulent être protégés pour le faire. Non seulement l’accès aux équipements est à géométrie variable, mais le gouvernement refuse toujours de rehausser les mesures de protection. Il faut agir rapidement là-dessus ! », poursuitJeff Begley.

Pour des solutions durables
« Nous attendons depuis une dizaine de jours la réponse du gouvernement à une réponse fort simple : quelle est son évaluation actuelle de la valeur de l’emploi d’une préposée aux bénéficiaires ou d’une auxiliaire aux services de santé et sociaux, poursuit Jeff Begley. Nous avons joué cartes sur table : nous considérons que ces travailleuses devraient recevoir un salaire de 25,27 $ au sommet de leur échelle salariale. Qu’en pense le gouvernement ? Ces dossiers d’équité salariale traînent depuis 2010 et 2015. Si les gouvernements n’avaient pas balayé ce dossier sous le tapis ; s’ils avaient accepté de négocier des augmentations de salaire réalistes dans le passé plutôt que nous imposer des mesures d’austérité, on peut penser que nous serions en bien meilleure posture aujourd’hui pour faire face à la pandémie ».

La CSN déplore le manque de protection des travailleurs vulnérables et la confusion du gouvernement à cet égard

La CSN déplore vivement la confusion généralisée à l’égard des travailleuses et des travailleurs de 60 ans et plus ainsi que des personnes vulnérables dans un contexte de déconfinement, qui semble de plus en plus improvisé. La centrale syndicale exige du gouvernement des consignes claires à l’endroit des employeurs, notamment dans le secteur public, afin que tout soit mis en œuvre pour protéger leur santé et leur sécurité.

« Lundi, François Legault indiquait que toute personne âgée de 60 ans et plus devait demeurer confinée. Hier, la vice-première ministre déclarait que celles-ci sont aptes à retourner au travail. Rien pour rassurer les travailleuses et les travailleurs », dénonce Jacques Létourneau. Le président de la CSN rappelle que les directives du ministère de l’Éducation en date de vendredi dernier étaient claires à cet égard, avant qu’elles ne soient changées du tout au tout mercredi matin.

« Malgré les appels à la flexibilité et à l’ouverture lancés par le premier ministre, la confusion règne au sein des établissements de santé, d’éducation et de services de garde, constate Jacques Létourneau. Qu’il s’agisse d’une travailleuse enceinte ou d’une personne immunosupprimée ou à la santé fragile en raison de son âge, c’est une bataille de tous les instants pour exiger d’être retiré du milieu de travail. La confusion qui règne au sein du Conseil des ministres n’aide en rien cette situation. »

« Nous ne voulons pas prêter de mauvaises intentions au gouvernement, de poursuivre M. Létourneau. Mais devant la confusion des messages et les changements de cap du gouvernement, on se demande si le déconfinement des écoles et des services de garde n’est pas d’abord au service d’une relance économique précipitée, et ce, au détriment de la santé et de la sécurité de la population. »

La CSN exige ainsi du gouvernement qu’il transmette une consigne claire aux employeurs du secteur public et également à ceux du secteur privé. Toute personne craignant pour sa santé ou sa sécurité devrait pouvoir être exclue de son milieu de travail. Pour la CSN, le libre arbitre des employeurs locaux, qui a clairement démontré ses limites et ses contradictions, doit cesser.