Les travailleuses et travailleurs de la santé enfin mieux protégé-es face à la COVID-19

Comme le réclame la FSSS–CSN depuis le début de la pandémie, les travailleuses et travailleurs de la santé qui travaillent auprès des patients atteints de la COVID-19 pourront utiliser des appareils de protection respiratoire N-95 ou leur équivalent pour se protéger.

Rappelant que plus de 30 000 travailleuses et travailleurs de la santé ont contracté la COVID-19 et que certains y ont laissé leur vie, la FSSS–CSN se réjouit du fait que la CNESST affirme enfin et sans ambiguïté que les appareils de protection respiratoires constituent des moyens de prévention nécessaires pour réduire les risques d’exposition des travailleurs et travailleuses de la santé œuvrant en zone chaude.

Cette nouvelle directive vient calmer l’indignation que la récente décision du comité sur les infections nosocomiales (CINQ) de l’INSPQ avait provoquée au sein du personnel du réseau. En effet, tout en indiquant vouloir protéger le personnel de la santé et leur donner accès aux masques N-95, le CINQ recommandait de ne considérer offrir ces respirateurs N-95 que dans les cas d’éclosion non contrôlée et au terme d’une longue démarche bureaucratique, ainsi que d’une série de conditions restreignant considérablement leur accès au moment opportun.

« Ça fera bientôt un an que la pandémie est en cours. Il est plus que temps que la CNESST intervienne pour s’assurer que le personnel de la santé soit bien protégé. La CNESST doit s’imposer en matière de prévention en santé et de sécurité au travail. C’est son travail, et il était impératif d’intervenir en réponse aux directives du CINQ de l’INSPQ », affirme Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

La décision de la CNESST est l’aboutissement d’une longue lutte des organisations syndicales et de certains scientifiques et professionnels de la santé qui revendiquent ce droit depuis les débuts de la pandémie. Face à la flambée des cas au sein du personnel, mais aussi de la population, tout a été mis en œuvre pour obtenir ce changement d’orientation. Des recours juridiques ont été entrepris, des représentations constantes ont été faites auprès des organisations en cause, des documents ont été déposés et les médias alertés. Ces recours multiples ont finalement fait entendre la voix de la raison. Mieux vaut tard que jamais, surtout que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux variants.

« Nous n’avons ménagé aucun effort et nous continuerons de le faire, de telle sorte à s’assurer que le personnel soit bien protégé au travail à l’avenir, mais aussi pour s’assurer qu’une telle situation, où pendant un an on met la santé et la sécurité du personnel à risque, ça ne puisse plus se reproduire », ajoute Judith Huot, première vice-présidente à la FSSS–CSN.

Cette victoire démontre, une fois de plus que la mobilisation et l’organisation sont les seuls garants de la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses.

Budget du Québec : se donner tous les moyens

Alors que la deuxième vague continue de s’abattre sur notre société, il va sans dire que les défis qui attendent le Québec sont gigantesques. Non seulement pour redémarrer l’économie, mais également pour s’assurer que nos institutions publiques, particulièrement nos réseaux de santé et d’éducation, soient en mesure de soutenir nos efforts en matière de relance économique et sociale.

Devant des défis d’une telle ampleur, il nous apparaît insensé que le Québec ne puisse compter sur l’ensemble des moyens qui sont à sa disposition. C’est en ce sens que nous interpellons aujourd’hui le ministre des Finances du Québec en vue du dépôt du prochain budget.

Le gouvernement doit rompre avec la stratégie d’austérité budgétaire qu’il poursuit depuis maintenant 25 ans. Il est aberrant que le carcan financier imposé par le retour à l’équilibre budgétaire et les versements au Fonds des générations — deux mesures adoptées dans un tout autre contexte et qui, de surcroît, avaient rempli leurs objectifs avant le début de la pandémie ! — continuent de miner notre capacité à nous sortir de la crise actuelle. Pourtant, au cours des deux dernières décennies, les finances publiques du Québec se sont grandement améliorées : la dette nette est désormais comparable à celles des gouvernements du Canada et de l’Ontario et, contrairement à celui du Québec, aucun de ces gouvernements ne détourne une part de ses revenus courants vers le remboursement de sa dette publique.

Une vaste majorité d’analystes s’entendent pour dire qu’un retour à l’équilibre budgétaire dès 2025 est irréaliste sans devoir hausser les impôts ou couper dans les dépenses publiques. Une solution souhaitable serait de repousser cette date butoir, comme le gouvernement l’a fait à la suite de la crise économique de 2008 dont l’ampleur était pourtant moins grave que celle d’aujourd’hui.

En pleine pandémie, il est inconcevable que le gouvernement s’oblige à dégager un surplus de près de 3 milliards de dollars afin de rembourser la dette publique à partir des revenus courants. Cela constitue une politique d’austérité budgétaire. L’état du ratio dette nette/PIB du Québec, inférieur à ceux de l’Ontario et de nombreuses économies de l’OCDE, milite en faveur d’une suspension des versements au Fonds des générations — tout comme la faiblesse actuelle et à venir des taux d’intérêt, et donc du service de la dette.

On s’en doute, le Québec a des besoins immédiats beaucoup plus importants, y compris pour ces « générations futures » qui, dans l’immédiat, se butent au sous-financement chronique de notre réseau d’éducation.

Bien que nous soyons entièrement d’accord avec la volonté du gouvernement du Québec de voir le gouvernement fédéral augmenter sa contribution aux coûts du système de santé, force est de constater qu’il fait piètre figure à ce chapitre : il se classe à l’avant-dernier rang des provinces en matière de dépenses en santé, accusant un écart de 333 $ par habitant sous la moyenne canadienne.

Pour nos organisations, il est urgent d’investir massivement dans le réseau de la santé et des services sociaux ainsi qu’en éducation.

Faut-il, une fois de plus, faire ici la démonstration des liens directs entre les piètres conditions de travail du secteur public et les graves problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre qui ont miné la capacité de nos services de santé et d’éducation — sans parler des services de garde, essentiels au plein emploi et à la croissance économique — à répondre aux impacts de la pandémie ?

Les conditions de travail des employé-es des services publics ne peuvent plus être la variable servant à accélérer le retour à l’équilibre budgétaire. Avant même de pouvoir envisager un règlement dans le cadre des négociations du secteur public, il revient au ministre des Finances de s’assurer que la croissance des budgets alloués aux dépenses de programmes des principales missions de l’État permette l’amélioration des conditions de travail du secteur public et l’embauche du personnel nécessaire à la prestation de ces services.

Dans son budget, le ministre des Finances devra prévoir un financement adéquat d’un plan de relance de l’économie. Dès le printemps dernier, nous demandions au gouvernement d’instaurer les bases d’un véritable dialogue social avec la société civile pour discuter des différents moyens appropriés pour appuyer les travailleuses, les travailleurs et les entreprises dans leurs efforts de numérisation, de robotisation, de formation et de transition écologique, pour ne nommer que ceux-là.

Malheureusement, cet appel ne semble pas avoir été entendu par le premier ministre. Encore moins par son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, dont la quête de « synergies » et de « pôles d’innovation » ne semble pas s’aventurer au-delà des portes closes d’un cercle restreint d’initiés.

Ce sont les membres que nous représentons, faut-il le rappeler, qui ont subi de plein fouet les impacts de la crise. Dans l’ensemble des démarches pour la relance de l’économie, nous estimons nécessaire d’instaurer ce dialogue social afin que les travailleurs et les travailleuses puissent faire valoir leurs besoins et leurs préoccupations en matière d’emploi, de formation et de transformation de leurs milieux de travail. Les organisations syndicales connaissent leurs secteurs d’activités et, en ce sens, ont un rôle de premier plan à jouer dans cette relance.

Texte signé par : Jacques Létourneau, président de la CSN, Daniel Boyer, président de la FTQ, Sonia Ethier, présidente de la CSQ, Luc Vachon, président de la CSD

Relâche scolaire : aucune considération pour le personnel de soutien scolaire

La Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN) et son secteur scolaire déplorent de ne jamais avoir été consultés pour l’organisation de la relâche scolaire par le ministère de Jean-François Roberge.

Le personnel de soutien scolaire sera en poste pour assurer le service de garde d’urgence, l’entretien et d’autres tâches. « C’est fâchant d’apprendre les modalités de la relâche pendant la conférence de presse du ministre Roberge. On se demande, par exemple, comment on pourra maintenir le travail volontaire qui a été mentionné, alors que les parents auront jusqu’au dimanche qui précède la relâche pour s’inscrire au service de garde », déplore Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN.

Cette dernière ajoute que le personnel de soutien est épuisé par les tâches supplémentaires liées à la pandémie et le manque de personnel pour lequel aucune solution efficace n’a été mise en place par le ministère de l’Éducation ou les centres de services scolaires. « Le ministre parle de son premier trio en éducation avec les enseignants, les parents et les élèves. Il oublie constamment de parler du personnel de soutien », déplore Annie Charland.

Le problème de manque de personnel de soutien scolaire existait avant la pandémie, mais son impact se fait encore plus sentir depuis le début de la crise. « Les conditions de travail et la précarité ont empiré depuis la pandémie. Le programme de recrutement “Je réponds présent” ne donne aucun résultat concret sur le terrain. Comment des emplois occasionnels, à temps partiels et temporaires de surcroît, pourraient être attractifs ? », affirme Nathalie Arguin, présidente de la FEESP–CSN. À moyen terme, ce n’est qu’avec une amélioration des heures travaillées et des salaires que le secteur du soutien scolaire pourra jouer pleinement son rôle et permettre aux écoles de fonctionner dans les meilleures conditions possible.

 

La santé des salarié-es fait encore les frais de l’incohérence du ministre Dubé

D’une voix commune, les présidentes et présidents des organisations syndicales du réseau de la santé et des services sociaux (APTS, FIQ, FIQP, FSQ-CSQ, FSSS-CSN, FP-CSN, SCFP, SQEES-FTQ) dénoncent haut et fort les directives du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) par lesquelles il refuse toujours l’accès au masque N-95 pour les salarié-es qui travaillent auprès des patient·e·s porteur·euse·s, ou suspecté·e·s de l’être, de la COVID-19, et ce, malgré le fait que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ait reconnu, avec des mois de retard sur d’autres organisations sanitaires, que le virus se propageait par aérosol.

« Sur la place publique, le ministre Christian Dubé n’arrête pas de mentionner ses inquiétudes pour la santé physique et psychologique des personnes salariées du réseau, mais dans la réalité les directives soutenues par son ministère font plutôt grimper leur niveau d’anxiété quant à leur propre sécurité et celle de leurs proches. Le ministre doit faire preuve de cohérence et rappeler à l’ordre le ministère pour qu’il autorise le port du masque N-95 lorsque le personnel est en contact avec des usager·ère·s atteint·e·s de la COVID-19 ou suspecté·e·s de l’être », ont déclaré les chef·fe·s syndicaux·les.

Dans un avis publié plus tôt cette année, l’INSPQ a reconnu la propagation par aérosol de la COVID-19. Toutefois, faisant fi du principe de précaution et sapant toute mesure de prévention, il recommande le port du masque N-95 seulement lorsqu’une éclosion devient hors de contrôle. Plutôt que de suivre la procédure (algorithme décisionnel) complexe de l’INSPQ, les organisations syndicales proposent que les personnes salariées utilisent leur jugement professionnel pour décider du port du N-95.

« Comment peut-on promouvoir l’usage d’un équipement de protection uniquement après une éclosion hors de contrôle? Est-ce qu’un pompier attend que le feu soit hors de contrôle pour mettre son appareil respiratoire? Est-ce qu’une soldate part au front sans casque de protection? Et ce n’est pas une question de rareté du N-95, le ministre a indiqué plusieurs fois qu’on n’en manquait plus. Ajoutons que le MSSS vient d’accorder un contrat de gré à gré de 330 millions de dollars pour en assurer l’approvisionnement. Ce que l’on comprend des décisions du ministère, c’est que la santé de nos membres est le cadet de ses soucis. C’est odieux », ont ajouté les représentant·e·s des organisations syndicales.

Depuis le début de cette crise, le gouvernement fait appel à la collaboration des organisations syndicales pour passer au travers de la pandémie. Cette collaboration semble toutefois unidirectionnelle, car chaque fois que les représentant·e·s syndicaux·les tentent d’obtenir une amélioration des conditions de santé et de sécurité dans lesquelles travaillent leurs membres, ils et elles se voient opposer une fin de non-recevoir.

« Le ministre Dubé a l’occasion de prouver qu’il a vraiment à cœur la santé et la sécurité des salarié·e·s du réseau. Il doit faire preuve de leadership et respecter le principe de précaution en matière de prévention et de contrôle des infections. L’avis de l’INSPQ ne peut servir d’excuse à son inaction », ont conclu les personnes représentantes syndicales.

Les Gaspésiens, otages de Keolis – La réaction du CCGÎM–CSN

La décision de Keolis qui interrompt ses dessertes en Gaspésie, et ce, à partir du 7 février 2021, est une situation très inquiétante pour la population gaspésienne. Rappelons que cette interruption de services concerne également la plupart des régions du Québec.

Ce n’est pas la première fois que Keolis diminue ses services en région. Comme dans d’autres secteurs du transport régional, Keolis utilise les menaces et profite de son monopole pour obtenir du financement en échange du maintien d’un service déjà indigne dans notre région. Les Gaspésiens sont les otages de cette entreprise. Malheureusement, les gouvernements se prosternent devant cette compagnie qui, rappelons-le, a obtenu l’exclusivité du service de transport par autobus pour le corridor Montréal-Québec. En contrepartie, elle devait desservir certaines régions éloignées du Québec.

Le transport régional, une priorité pour le CCGÎM–CSN

À la vielle du 28e congrès CCGÎM–CSN, soit le 11 juin 2019, le conseil central a tenu la journée thématique sur le transport et le développement économique en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. Les élus étant inquiets de l’avenir du transport dans la région, cette journée était un complément des orientations prises lors du précédent congrès du CCGÎM–CSN en 2016. Les craintes du conseil central se sont avérées fondées. À la suite du départ d’Air Canada, le principal transporteur aérien de notre région, c’est au tour des autocars d’Orléans.

«Qu’entend faire le gouvernement pour que les habitants des régions puissent avoir accès à des services de transport efficaces et libres des caprices des compagnies comme Keolis ou Air Canada? L’autobus est essentiel pour plusieurs régions du Québec. C’est un stress supplémentaire à la population puisque pour certains, c’est le seul moyen de transport pour se rendre à des rendez-vous médicaux hors de la région. Ce sont aux élus municipaux ainsi qu’aux MRC de faire pression auprès du gouvernement québécois et auprès de Keolis. Cette pression rétablirait et maintiendrait ce service essentiel pour l’ensemble de la population.», d’affirmer Serge St-Pierre, président du CCGIM–CSN.

Lors du 28e congrès CCGÎM–CSN, une proposition fut adoptée par les membres, soit de faciliter l’accessibilité des moyens de transport pour le mieux-être de la population qui y demeure.

«Vivre dans l’incertitude et ne pas pouvoir contrôler régionalement les transports auxquels nous avons droit doivent cesser. Une importance réflexion régionale doit être enclenchée pour arriver à un service de qualité. Keolis devait desservir les régions en échange de l’exclusivité du corridor Montréal-Québec. Keolis a brisé cette entente. Quelle garantie avons-nous que le service revienne à celui avant la pandémie? Un service qui est déjà déficient et insuffisant. Keolis n’a-t-elle pas obtenu de l’aide du gouvernement fédéral en temps de pandémie?», de conclure Serge St-Pierre.

Projet de loi 59 : ne pas reproduire les erreurs de la réforme Barrette

La FSSS–CSN a rencontré le cabinet du ministre du Travail aujourd’hui afin d’insister sur la nécessité de modifier substantiellement le projet de loi 59 et que le nouveau régime puisse protéger les travailleuses et les travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux et des services de garde éducatifs à l’enfance.

Complémentaires au mémoire présenté par la CSN et portant spécifiquement sur le volet prévention, les commentaires formulés par la FSSS–CSN et déposés lors de cette rencontre concernaient des problématiques spécifiques à ces deux secteurs.

La FSSS–CSN a rappelé qu’une importante crise de la santé et de la sécurité au travail a actuellement cours dans le secteur de la santé et des services sociaux qui représente 9,8 % des établissements, mais 18 % des lésions professionnelles au Québec! La situation s’aggrave d’année en année et la COVID n’a évidemment rien fait pour aider la situation. La réforme à venir doit pouvoir mettre un terme à cette crise en permettant d’améliorer rapidement l’efficacité de la prévention.

La FSSS–CSN a fait valoir que la réforme Barrette a créé des méga-établissements, qui opèrent maintenant sur d’immenses territoires. Cette hypercentralisation a eu pour effet de démanteler les structures de proximité en prévention, alors que l’on sait pourtant que la prévention doit être organisée de telle sorte qu’elle puisse tenir compte des particularités de chaque milieu pour être efficace. Or, la réforme proposée, au lieu de corriger la situation, perpétuerait l’erreur commise avec la réforme Barrette, en donnant aux employeurs la possibilité d’imposer une organisation de la prévention sur un modèle multi établissements. « C’est impossible de faire de la prévention en santé et sécurité au travail (SST) dans une mégastructure comme celle des CISSS et de CIUSSS et sur d’aussi vastes territoires. Il faut absolument prévoir une organisation décentralisée et paritaire pour s’assurer d’agir efficacement en prévention », explique Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

Un projet de loi qui pénalise les femmes

Le projet de loi 59 ne tient pas compte des conditions de travail des femmes et des risques particuliers dans les métiers du secteur de la santé, des services sociaux et des services de garde éducatifs à l’enfance. La FSSS constate un biais qui défavorise les femmes dans l’évaluation des niveaux de risque et un affaiblissement des mécanismes de prévention qui sont proposés pour les milieux à prédominance féminine. Rappelons également que le projet de loi 59 va compliquer le retrait préventif des femmes enceintes en faisant en sorte que l’avis du médecin traitant ne soit plus le seul qui soit considéré. De plus, il y a de quoi s’interroger quand on constate qu’au moment même où on s’apprête à déployer les mécanismes de prévention dans les secteurs à prédominance féminine, on réduit les moyens consentis pour faire fonctionner ces mécanismes tout en faisant reculer le paritarisme. « Si le gouvernement Legault voulait un projet de loi féministe, il reste du chemin à faire », insiste Judith Huot, vice-présidente de la FSSS–CSN.

Des établissements oubliés

Après 40 ans d’attente d’une réforme en SST, nous aurions espéré que tous les secteurs de la santé et des services sociaux soient encadrés par la Loi sur la santé et sécurité du travail (LSST). Or, des secteurs sont encore exclus comme les ressources de type familial (RI-RTF) et les responsables d’un service de garde en milieu familial (RSG). La FSSS–CSN estime qu’on ne doit pas prétexter que le statut de travailleurs et surtout de travailleuses autonomes empêche de bénéficier des dispositions de la LSST. Ces milieux de travail sont d’ailleurs encadrés par le réseau de la santé ou par des bureaux coordonnateurs qui devraient récupérer des responsabilités en prévention. 

La CSN appuie la demande des médias d’avoir accès aux hôpitaux et aux CHSLD

Pour la Confédération des syndicats nationaux, il est inacceptable que les médias se voient refuser systématiquement l’accès aux installations des hôpitaux et des CHSLD. La CSN revendique une plus grande transparence des établissements depuis longtemps. D’ailleurs, elle demande l’introduction d’une clause de convention collective pour protéger les travailleuses et les travailleurs qui dénoncent publiquement des situations inacceptables dont ils sont témoins. Ils ont tellement peu d’écoute des établissements que c’est parfois leur ultime recours pour faire en sorte que l’inacceptable soit corrigé.

« Pour les travailleuses et les travailleurs du réseau, au premier front de la crise depuis le début, les médias doivent pouvoir témoigner de la réalité telle qu’elle est vécue sur le terrain. Ça peut donner des images difficiles, présenter des faits inconfortables, mais c’est important que les Québécoises et les Québécois puissent voir de leurs yeux comment ça se passe dans leurs services publics. C’est contre-productif d’essayer de cacher la crise, explique la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Par ailleurs, la CSN souligne que l’accès des journalistes à l’information est une condition essentielle permettant aux médias de jouer leur rôle primordial dans une société libre et démocratique et qu’il en va du droit du public à une information de qualité.

La CSN dénonce depuis des années la culture d’opacité qui a pris forme dans les services publics. Avec les fusions, les centralisations, il est de plus en plus difficile, même pour les syndicats, d’obtenir les informations nécessaires pour comprendre et analyser les décisions prises par les dirigeantes et les dirigeants.

La loi de l’omerta est toujours bien présente dans le secteur public. Les salarié-es qui parlent à une ou un journaliste peuvent recevoir de lourdes sanctions. C’est une des raisons pour laquelle la CSN revendique l’introduction d’une clause de convention collective protégeant les lanceurs d’alerte. De son côté, le gouvernement n’y a toujours pas répondu de façon satisfaisante.

Le gouvernement ne met pas en place les conditions gagnantes

Au cours des derniers jours, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN (FSSS–CSN) reçoit des échos fort préoccupants des salarié-es de divers établissements quant à la campagne de vaccination en cours dans le réseau. En effet, plusieurs salarié-es souhaitant être vaccinés se voient forcés d’y renoncer à cause des conditions mises en place, notamment les coûts que cela engendrerait pour eux.

Selon les règles édictées par le gouvernement et les responsables patronaux des établissements, les travailleuses et les travailleurs du réseau peuvent recevoir le vaccin durant leur temps de travail et ne pas perdre de rémunération. Cependant, du même coup, ils offrent la possibilité aux employeurs de mettre en place divers autres scénarios et cela laisse place à des iniquités entre les membres du personnel d’un même établissement et entre les établissements. Par exemple, pour obtenir le vaccin, des personnes doivent, en plus de leur journée de travail, voyager plusieurs heures pour recevoir le vaccin à un point de service éloigné de leur lieu de travail habituel, sans aucune autre compensation, ni en temps, ni en frais de déplacement. Cela met en péril le succès de la campagne de vaccination.

La FSSS–CSN a interpellé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, à ce sujet de même que les représentantes et les représentants patronaux. La solution proposée est simple : dédommager pleinement les salarié-es qui doivent recevoir le vaccin, tant en ce qui a trait aux frais de déplacement qu’au temps requis pour recevoir le vaccin. Si l’on veut favoriser et faciliter la vaccination, il est important de mettre en place des conditions équitables pour toutes et tous.

« À la FSSS–CSN, nous souhaitons que cette campagne de vaccination fonctionne et que les salarié-es y adhèrent largement, si l’on veut se donner les meilleures chances de protéger rapidement les usagères et les usagers, la population et le personnel, explique le président de l’organisation, Jeff Begley. Depuis le début de cette crise, le gouvernement mise sur l’engagement, la passion et le professionnalisme du personnel pour qu’il tienne le fort dans des conditions inacceptables. Il refuse de verser des primes COVID à une écrasante majorité du personnel au front depuis le début de la crise. Il refuse également de rendre disponibles les équipements de protection individuels nécessaires. Il laisse traîner les négociations du secteur public tout en formulant des promesses en conférence de presse qui sont en complet décalage avec ce qu’il offre à la table de négociation. Il ne faut pas s’étonner ici que plusieurs salarié-es calculent que se faire vacciner leur coûterait beaucoup trop cher actuellement. »

Le CRTC ne doit pas assouplir les conditions imposées à Radio-Canada

Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (STTRC) et la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), qui se présentent aujourd’hui devant le CRTC dans le cadre du renouvellement de la licence de Radio-Canada, demandent à l’organisme réglementaire de ne pas assouplir les conditions de licence de la télévision traditionnelle.

« Les engagements de Radio-Canada pour la diffusion de contenus en ligne sont pour le moment insuffisants pour justifier toute forme d’assouplissement des exigences sur les autres plateformes », soutient le président du STTRC, Pierre Tousignant. Ce dernier demande également au CRTC d’intervenir pour que les Normes et pratiques journalistiques en place s’appliquent de la même façon sur les plateformes numériques que dans les services déjà réglementés.

La mission d’information locale, régionale et internationale est primordiale pour Radio-Canada. La fermeture du bureau des Îles-de-la-Madeleine l’année dernière n’est pas une décision rassurante en ce sens. Les signaux ne sont guère plus encourageants pour la couverture des nouvelles internationales d’un point de vue canadien. Les importantes coupes à Radio-Canada international (RCI) indiquent en effet un virage vers une mise en valeur du multiculturalisme canadien plutôt qu’une information internationale destinée à l’ensemble de l’auditoire national.

« Le CRTC doit imposer un contenu minimal de nouvelles locales aux stations de télévision de même que le maintien d’une présence locale », affirme Pierre Tousignant. La production interne d’émissions devrait par ailleurs être un objectif.

Avec le projet de loi C-10, une volonté de réglementer l’ensemble des acteurs de la radiodiffusion semble acquise, mais le détail de son application est encore flou. « Le CRTC doit porter une attention particulière au diffuseur public national dans cet important exercice de modernisation. Il faut un financement public stable et établi sur plusieurs années », insiste Annick Charrette, secrétaire générale de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC).

À propos
Le syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (STTRC, ancien SCRC) compte plus de 2500 membres au Québec et à Moncton. Il est affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et à la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN).

Appel à l’action en clôture du congrès de la CSN

C’est sur une note d’espoir et un appel à l’action que le 66e Congrès de la CSN, auquel ont pris part en mode virtuel 2000 participantes et participants provenant de plus de 400 syndicats, s’est conclu aujourd’hui.

« En ces temps difficiles, les syndicats de la CSN ont démontré toute leur pertinence pour défendre les droits des travailleuses et des travailleurs », a indiqué Jacques Létourneau, dont le mandat à la présidence de la centrale a été reconduit par les délégué-es pour les trois prochaines années. « Plus que jamais, le travail de nos 300 000 membres s’est avéré crucial pour assurer le maintien des activités essentielles au Québec, mais également pour diminuer l’impact de la pandémie sur l’ensemble de notre société, notamment en matière de santé et de sécurité au travail. »

Constatant l’épuisement entraîné par la pandémie de nombreux travailleurs et travailleuses, particulièrement ceux et celles œuvrant dans les services publics, le président de la CSN a appelé le premier ministre François Legault à consacrer les prochains mois au nécessaire renforcement de nos services publics. « François Legault doit s’attaquer à l’hécatombe que nous constatons dans le réseau de la santé et en éducation. Il doit recourir à toutes les marges de manœuvre qui sont à sa disposition pour appuyer une relance économique et sociale au bénéfice des travailleuses et des travailleurs. Pour ce faire, il doit mettre un terme à l’austérité budgétaire que constituent les versements au Fonds des générations et un retour trop rapide à l’équilibre budgétaire, et ce, dès le prochain budget du Québec. »

De meilleurs moyens pour mener les luttes
Les délégué-es participant à ce congrès ont adopté une résolution visant à bonifier le Fonds de défense professionnelle de la CSN, outil financier unique du milieu syndical québécois en appui aux négociations et aux luttes menées par l’ensemble des syndicats de la centrale. Les prestations lors d’une grève ou d’un lock-out ont été haussées à 300 $ par semaine (un montant pouvant aller jusqu’à 400 $ en fonction de la durée des conflits de travail) et l’admissibilité à celles-ci a de plus été accélérée.

Les congressistes ont de plus entériné les orientations du prochain mandat de la CSN. À l’image de la crise actuelle, celles-ci prioriseront la santé et la sécurité au travail, la vie syndicale et la mobilisation, les droits du travail et la relance sociale et économique post-covid.

En plus du renouvellement du mandat de Jacques Létourneau à la présidence, les délégué-es ont réitéré leur confiance en Jean Lortie, secrétaire général, et en Caroline Senneville au poste de première vice-présidente.

En fonction des départs du trésorier sortant, Pierre Patry, du deuxième vice-président, Jean Lacharité, et de la troisième vice-présidente, Véronique de Sève, trois nouvelles personnes font leur arrivée au comité exécutif de la CSN. Comptable à la firme MCE Conseils, Yvan Duceppe a été élu trésorier de la confédération. Il agissait jusqu’à maintenant à titre de trésorier de la Fédération des professionnèles (FP–CSN). Membre du Syndicat des travailleuses et travailleurs de PJC entrepôt–CSN et président de la Fédération du commerce (FC–CSN), David Bergeron-Cyr a été élu à titre de deuxième vice-président de la CSN. Enfin, la présidente du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ–CSN, Katia Lelièvre, a été élue troisième vice-présidente de la centrale syndicale.

Les congressistes saluent le départ de trois membres du comité exécutif de la CSN

Le 66e Congrès de la CSN marque le départ de trois membres du comité exécutif qui se sont investis sans ménager leurs efforts pour la défense des droits des travailleuses et des travailleurs. Tous trois ont saisi chacune des occasions qui se sont présentées afin d’œuvrer à l’amélioration des conditions de travail et de vie des membres de la CSN et de promouvoir une société québécoise plus juste et plus égalitaire.

Jean Lacharité

Militant de longue date, Jean Lacharité a enseigné durant de nombreuses années au Cégep de Sherbrooke où il est parvenu, en travaillant d’arrache-pied, à rallier son syndicat CSQ à la CSN. Jean a su faire profiter le comité exécutif et le mouvement CSN tout entier de son bagage syndical, acquis en coopération et en solidarité internationales d’abord, puis au Conseil central de l’Estrie, à titre de secrétaire, de 1997 à 2004 et de président, de 2004 à 2011. Arrivé à la vice-présidence de la CSN en 2011, il a toujours mis sa détermination et sa fougue légendaires au service de la base, notamment en santé et sécurité du travail et en syndicalisation. C’est ainsi qu’il s’est fait un devoir de visiter régulièrement les syndiqué-es aux quatre coins du Québec qui luttaient pour de meilleures conditions de travail. Orateur né, tribun déchaîné à ses heures, il savait leur transmettre un souffle mobilisateur pour les aider à tenir la minute de plus. Après toutes ces années d’engagement, on aura sûrement l’occasion de croiser Jean là où on l’attend le plus : sur le chemin de la défense des gens qui se battent pour faire avancer la cause syndicale au Québec. Un grand merci à Jean pour tout le travail qu’il a accompli.

Véronique De Sève

Féministe engagée, militante syndicale coriace, Véronique De Sève a toujours fait de l’égalité entre les femmes et les hommes une valeur fondamentale. Tout au long de son parcours, elle s’est battue pour faire avancer leur cause. Elle n’a eu de cesse de les inciter à s’investir dans la sphère publique, notamment dans le milieu syndical. Cette travailleuse acharnée et infatigable a fait ses débuts comme syndicaliste en tant qu’éducatrice au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval et a occupé, de 2003 à 2013, le poste de vice-présidente du Conseil central de Montréal métropolitain–CSN avant d’en être élue secrétaire générale, en 2013. En 2014, elle fait son entrée au comité exécutif de la CSN en tant que vice-présidente, où elle a notamment été responsable du Service d’appui aux mobilisations et à la vie régionale, des dossiers de développement territorial, des dossiers de la pauvreté, de la politique familiale et des droits de la personne ainsi que des comités confédéraux. Véronique s’est toujours attelée avec aplomb à la défense et au soutien des membres qu’elle représentait. On la remercie pour cette énergie débordante qu’elle a déployée au service de la cause syndicale et de la cause des femmes du Québec et on lui souhaite bonne chance dans son nouvel univers chez Fondaction.

Pierre Patry

C’est en 1983 que Pierre Patry a amorcé sa carrière d’enseignant au cégep de Saint-Félicien. Épris de justice, il a rapidement occupé des fonctions syndicales pour représenter ses camarades, notamment comme vice-président et président de son syndicat. En 1989, il est élu secrétaire général de la FNEEQ–CSN et en 1997, il en devient le président. En 2004, Pierre Patry est promu à la trésorerie de la CSN. Grand pédagogue, il parvient à défendre ses propositions budgétaires avec rigueur et conviction et à en expliquer brillamment le bien-fondé aux membres dans le but de les faire adopter. Sa logique implacable fait de lui un militant syndical aguerri doué d’une fine capacité d’analyse. Ces atouts lui ont permis de mettre de l’avant des solutions concrètes, toujours dans le but de faire avancer la cause des travailleuses et des travailleurs. Avec Pierre Patry, la gestion des finances de la CSN, l’environnement et le développement durable, les finances publiques et la fiscalité, pour ne nommer que ces dossiers dont il a eu la charge, ont été servis de main de maître. Merci, Pierre, d’avoir utilisé tes compétences pour le rayonnement du syndicalisme et du bien commun et d’en avoir fait un engagement de tous les instants.

Trois nouvelles personnes au comité exécutif de la CSN

Réélu par acclamation, Jacques Létourneau était déjà président de la Confédération des syndicats nationaux depuis 2012. « En fonction des défis qui nous attendent, nous devons nous assurer que le Québec ne retourne pas en austérité budgétaire », a-t-il déclaré tout de suite après son élection en promettant un « leadership fort » pour le « renouveau syndical », plus nécessaire que jamais.

Pour sa part, Jean Lortie est syndiqué à la CSN depuis la fondation de son syndicat à l’Hôtel Gouverneur Place Dupuis Montréal, en 1981, et secrétaire général de la centrale depuis 2011. « Je veux développer une plus grande cohésion pour une plus grande cohérence dans notre action syndicale », a-t-il affirmé après la confirmation de son élection par acclamation.

Le nouveau trésorier est Yvan Duceppe qui était trésorier de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) depuis 2000. Il est comptable de profession et provient de MCE Conseils, où il a conseillé de nombreux syndicats dans leurs négociations et pour préserver des emplois. « Les ressources financières doivent être au service des combats syndicaux », a déclaré Yvan Duceppe au moment de son élection.

Caroline Senneville a été reconduite à la première vice-présidence qu’elle occupait depuis le congrès de 2017. La vice-présidente a mentionné vouloir être près des membres qui sont la « raison d’être de la CSN ». Caroline Senneville veut également que le premier ministre Legault entende le message de la CSN concernant l’importance de « relever les secteurs publics ».

David Bergeron-Cyr a pour sa part été élu comme deuxième vice-président de la CSN. Ce dernier quittera donc son poste de président de la Fédération du commerce (FC–CSN) qu’il occupait depuis 2009. « Il nous faut combattre l’apathie et le cynisme ambiants en redonnant du pouvoir aux travailleuses et aux travailleurs », a-t-il affirmé.

Enfin, Katia Lelièvre a été élue troisième vice-présidente de la confédération. Elle était la présidente du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ–CSN. « Nous devons oser, innover, fracasser les barrières en faisant preuve de courage. Je propose de travailler avec toutes les composantes du mouvement afin d’établir des stratégies qui vont ébranler nos employeurs ainsi que les décideurs politiques », a affirmé la nouvelle vice-présidente.

La CSN exige des modifications en profondeur pour vraiment protéger tout le monde

Dans un mémoire étoffé, présenté en commission parlementaire cet après-midi, la CSN exige une bonification importante du projet de loi 59 du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet. « Ça fait des dizaines d’années que la CSN demande une nécessaire révision des vieilles lois en santé-sécurité. Au nom de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs québécois, nous n’avons pas le droit de rater ce rendez-vous et de bâcler la réforme », martèle d’emblée Jacques Létourneau, président de la CSN.

La confédération reconnaît certaines avancées dans le texte déposé par le gouvernement de François Legault. Mais, elle dénonce aussi les importants reculs. « Au lieu d’étendre à tout le monde les succès enregistrés au fil des ans par les groupes prioritaires en matière de prévention — comme dans le secteur de l’industrie lourde —, le gouvernement coupe dans leurs droits. C’est reçu comme une gifle », s’indigne Jacques Létourneau. En effet, dans ces milieux, PL-59 réduira les pouvoirs et le temps alloué aux représentants à la prévention pour procéder aux inspections et aux enquêtes.

En contrepartie, dans les milieux jugés à risque faible, comme l’éducation ou certains secteurs de la santé — majoritairement féminins — les minutes octroyées à la prévention seront nettement insuffisantes. La détermination des niveaux de risque doit d’être revue. « En ces temps de pandémie, qui au Québec croit sérieusement que celles et ceux qui accompagnent les jeunes dans nos écoles ou qui soignent les patients dans nos hôpitaux sont à risque faible? C’est absurde », selon M. Létourneau.

L’épuisement professionnel : grand oublié de PL-59

Si les risques psychosociaux et le stress post-traumatique sont enfin reconnus, le projet de loi ne va pas assez loin en matière de santé psychologique. Rien n’est prévu concernant le « mal du siècle » : l’épuisement professionnel. On sait que cette forme d’épuisement résulte souvent d’une organisation du travail déficiente ou de pratiques de gestion malsaines. Le gouvernement doit adapter sa réforme pour reconnaître cette réalité.

Accroissement inquiétant des pouvoirs de la CNESST

La CNESST disposerait d’un pouvoir réglementaire additionnel pour restreindre les soins et les moyens à déployer afin de permettre la réadaptation entière d’une ou d’un accidenté-e du travail. Cette mesure ouvre-t-elle la porte à la réalisation d’économies sur leur dos?

Aussi, PL-59 apporte des changements qui affectent particulièrement le retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui allaite. Le gouvernement veut-il limiter la portée de cette avancée pour les femmes en restreignant les risques pour lesquels le retrait préventif serait applicable? Il faut rappeler que cette mesure permet de prendre acte des risques du milieu de travail et de s’y attaquer. Ce qui en fait une mesure de SST essentielle et non une mesure sociale, comme le prétendent certains employeurs.

Mobilisation et campagne publicitaire

La CSN et ses organisations affiliées partout au Québec réclament une bonification importante du PL-59. « Nos membres se mobilisent pour que le Québec cesse d’être dernier de classe en santé-sécurité au travail. La réforme aura un impact majeur sur la vie des travailleuses et des travailleurs. Le gouvernement serait irresponsable d’en oublier en chemin », conclut Jacques Létourneau.

La CSN a créé le site SSTvraiment.org afin de vulgariser et d’expliquer comment la réforme du gouvernement doit être bonifiée afin de vraiment protéger tout le monde. Une vaste campagne publicitaire dans chaque région du Québec est également en cours afin de sensibiliser les travailleuses et les travailleurs québécois aux manquements de cette réforme.

Les finances de la CSN résistent à la crise

Malgré la crise sans précédent que nous vivons, la CSN a bien tenu le coup financièrement et les délégué-es réunis en congrès ont adopté le budget pour les années 2020-2023, le 20 janvier. Le nouveau budget a même permis d’adopter de nouvelles mesures de solidarité comme l’amélioration des prestations de grève ou de lock-out.

« On pense que le nombre de membres va remonter, même si ce sera lent pour certains secteurs comme la culture ou le tourisme », explique Pierre Patry, trésorier de la CSN, en entrevue. Au plus fort de la crise, plusieurs milliers de membres ont perdu temporairement leur travail. La relance est cependant amorcée, mais le nombre de membres demeure en deçà de celui de février 2020.

« C’est conjoncturel, ce n’est pas structurel », indique le trésorier en précisant que le déficit budgétaire sera tout de même « assez important » en raison principalement des effets temporaires de la COVID. La CSN a notamment mis en place une péréquation extraordinaire de 1 M$ pour ses fédérations plus lourdement affectées par la pandémie. Celle-ci s’ajoute à la péréquation habituelle calculée selon les règles établies.

Rappelons que la cotisation à la CSN, qui représentent 0,72 % de la masse salariale brute, se divise en trois fonds distincts : le Fonds de défense professionnelle (FDP), le budget de fonctionnement (BF) et le Fonds de soutien extraordinaire (FSE). Pour l’ensemble de ces fonds, les revenus anticipés pour 2020-2023 sont de 260 M$.

Un autre changement majeur va affecter le budget de la CSN : les modifications importantes pour bonifier les prestations de grève et de lock-out du Fonds de défense professionnelle (FDP). Le montant reçu passera de 275 $ à 300 $ par semaine et les grévistes auront droit à une prestation plus rapidement, après trois jours de conflit. Le montant reçu sera également majoré progressivement pour les longs conflits de travail, jusqu’à 400 $ par semaine après six mois. Cette bonification est rendue possible par la « très bonne santé » financière du FDP, qui dispose d’un actif de 74 M$, dont 41,25 M$ sont réservés pour rendre disponibles 150 000 prestations.

Après plus de 16 ans en poste comme trésorier, Pierre Patry retient la nécessité de prendre du recul avant de prendre des décisions : « Les finances de la CSN sont très fluctuantes selon la conjoncture. Il faut lire les tendances et se placer dans une perspective historique. »

L’envers du décor d’un congrès virtuel

Nous sommes le 4 mars 2020. Les responsables des équipes de travail chargés de la préparation du 66e Congrès de la CSN en sont à leur quatrième rencontre avant l’ouverture de cette instance historique qui doit lancer les célébrations du 100e anniversaire de l’organisation. Le début du congrès est alors prévu pour le 25 mai. On sent la fébrilité dans l’air, avec la part de stress que l’organisation d’un tel rassemblement implique. Puis, à peine huit jours plus tard, le gouvernement de François Legault annonce les premières mesures de confinement en lien avec la pandémie de COVID-19 qui allait mener, quelques semaines plus tard, à la mise sur pause du Québec en entier.

Pour Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, c’est la catastrophe : « Tout le temps et les efforts que nous avions investis jusqu’ici pour préparer ce congrès historique venaient de tomber à l’eau, le temps d’une conférence de presse. Réservations de salles, préparation des contenus, impression des documents, communications avec les délégué-es, logistique, technique, etc. : tout venait de s’effondrer en l’espace de quelques minutes à peine. » Pour celui qui en est à l’organisation de son troisième congrès de la CSN, c’est tout un choc. « Personne n’avait vu venir ce coup-là. Il fallait se revirer de bord très rapidement. C’était un véritable saut dans l’inconnu. »

Peu de temps après cette fameuse annonce du 12 mars 2020, le bureau confédéral confiait un mandat au comité exécutif de la CSN pour reporter le congrès à une date ultérieure, en rejetant l’idée de l’annuler complètement. Toutes les options ont alors été évaluées : tenir un congrès en présentiel à l’automne, opter pour un format exclusivement virtuel, imaginer une formule hybride, etc. Mais au rythme où évoluaient les choses, il était difficile de se faire une idée claire et d’arrêter une décision finale.

S’adapter constamment
Naviguant en terrain inconnu au beau milieu d’une crise sanitaire planétaire sans précédent, l’équipe responsable de préparer le congrès devait s’adapter constamment à l’évolution de la situation au Québec. « Il fallait tenir compte des décrets ministériels qui s’accumulaient et qui changeaient de semaine en semaine. C’était un véritable casse-tête, considérant tout ce que nous devions revoir et les impacts financiers et logistiques qu’un tel revirement engendrait », nous confie Marie Claude Hachey, responsable de la logistique du 66e congrès.

Dans l’espoir d’un retour rapide à la normale, la possibilité de tenir un congrès à l’automne en présence demeurait encore malgré tout sur la table. Mais dès la fin du mois d’août, voyant qu’une deuxième vague de COVID-19 se profilait à l’horizon, le comité exécutif a finalement tranché en faveur de la tenue d’un congrès exclusivement virtuel dans la semaine du 18 janvier 2021. Le bureau confédéral lui a alors donné le mandat d’établir des paramètres de fonctionnement pour l’organisation et la tenue des instances démocratiques de la CSN en mode virtuel.

Un imposant mémoire préparé par le secrétaire général et son équipe a ensuite été déposé lors d’un bureau confédéral extraordinaire en octobre 2020, expliquant toutes les modalités de la tenue du congrès en mode virtuel : le programme, l’interprétation des statuts et règlements, le mode de délibération, les procédures de vote, etc. « Il ne s’agissait pas de tout changer la marche à suivre, mais bien de l’adapter à la nouvelle réalité », explique Jean Lortie.

Les défis et les contraintes d’un congrès virtuel
Il va sans dire, l’organisation d’un premier congrès en format exclusivement virtuel pose des défis considérables, notamment en matière de sécurité et de protection de la vie privée, mais aussi sur le plan de la littératie numérique. « Comme c’était une première en mode virtuel, nous ne savions pas comment allaient réagir nos membres. Vont-ils accepter ce nouveau pacte que nous faisons avec eux par cette nouvelle formule ? » se questionne le secrétaire général.

Conséquemment, plusieurs tutoriels ont été développés pour aiguiller tant les délégué-es officiels que les salarié-es dans l’utilisation des nouvelles plateformes numériques qui allaient être utilisées pour la tenue du congrès. Mais là encore, il y avait un enjeu d’accessibilité, tant au niveau de la connexion Internet que sur le plan des équipements informatiques. Afin de limiter la consommation de la bande passante pour les participantes et participants au congrès, il a été décidé de circonscrire les plages horaires du congrès à deux blocs de 2 h par jour qui se dérouleraient sur la plateforme Digicast développée par une entreprise 100 % québécoise qui répondait à tous les critères.

Les défis étaient également nombreux sur le plan des contenus. « Malgré le fait que les thématiques initialement retenues entourant les transformations du travail étaient toujours d’actualité, le contexte de pandémie mondiale nous a vite rattrapés. Avec les impacts importants que cette crise a engendrés dans nos milieux de travail et dans notre quotidien, nous devions revoir nos priorités et retourner sur le terrain pour prendre le pouls de nos membres », explique Josée Lamoureux, responsable du contenu du 66e congrès.

C’est ainsi qu’une tournée régionale virtuelle a été organisée aux mois d’octobre et novembre auprès de l’ensemble des syndicats de la CSN. Le constat flagrant qui en est ressorti est le suivant : les gens étaient débordés par la gestion des contraintes de la pandémie. Il a donc fallu rapidement ajuster le contenu du congrès en fonction des préoccupations des membres. « Mais le plus grand défi demeurait de réconcilier une forme minimale de débat et de prise de parole avec le format virtuel et la distance physique, ce qui a été fait grâce à l’organisation d’ateliers via la plateforme Zoom », poursuit Josée Lamoureux.

Enfin, d’un point de vue logistique, là aussi, l’adaptation était de mise. « Par le passé, presque tout passait par le papier : les inscriptions, les invitations, les convocations, les lettres de créance, et j’en passe. Aujourd’hui, tout se fait de façon numérique, par courriel, ce qui impliquait un changement considérable dans nos manières de procéder », ajoute Marie Claude Hachey. Ses deux plus grands défis : l’inscription en ligne, plus spécifiquement l’obtention des adresses courriel uniques des délégué-es pour l’obtention des accès au vote électronique, ainsi que le choix de la plateforme virtuelle pour opérer un congrès avec assemblées délibérantes et un droit de vote distinct, ce que permettait Digicast.

« Nous avons dû nous adjoindre les services techniques de deux autres compagnies québécoises afin de dynamiser ce congrès virtuel. Luc Bessette, qui pilote la technique avec brio, a réussi à trouver les meilleurs de l’industrie », ajoute Jean Lortie, en référant à Solotech et à Lambert Distributions, qui ont contribué à la mise en scène, à l’éclairage et à tout ce qui touche à la technique dans ce qu’on a appelé « le studio du congrès », et à Mathieu Bessette, intégrateur vidéo et opérateur Watch Out, qui a contribué notamment à la projection d’images et de vidéos sur les murs intérieurs de la CSN.

En somme, c’est tout un défi qu’ont relevé les équipes responsables de concocter cette toute première édition d’un congrès virtuel. Mais malgré l’excellence du résultat dans les circonstances, toutes et tous s’accordent pour dire que rien ne remplace le contact humain propre au mouvement syndical. « Vous savez, ce sentiment qu’on ressent quand on entre dans une salle bondée, avec plus de 2000 délégué-es… On sent qu’on fait partie de quelque chose de plus grand que nous, qui nous dépasse. Donc c’est certain qu’avec le format virtuel, il y a une part de deuil que l’on vit, mais il faut se dire que c’est pour mieux se retrouver en personne, et ce, le plus tôt possible ! », conclut Jean Lortie.

En route vers le FDP du centenaire !

C’est avec grand enthousiasme que Pierre Patry, trésorier de la CSN, a présenté cet après-midi aux quelque 2000 congressistes les conclusions contenues dans le rapport du comité de révision des règles du Fonds de défense professionnelle (FDP) de la CSN, outil phare de solidarité créé il y a bientôt 70 ans.

Ce comité, mis sur pied à l’issue du 65e congrès de la Confédération, avait pour mandat de renouveler les règles d’application du FDP afin qu’elles tiennent compte des nouvelles réalités du travail et des nouveaux types de conflits existants, en insistant sur des critères comme l’équité ainsi que l’accessibilité au Fonds, et ce, pour l’ensemble des membres de la CSN.

C’est ainsi qu’après plus de 18 mois de travaux, le comité a déposé son rapport dans lequel sont formulées une vingtaine de recommandations. Quelques-unes d’entre elles concernent des modifications aux statuts et règlements du FDP par le congrès, alors que d’autres portent sur la révision ou l’adoption de nouvelles politiques par le bureau confédéral. D’autres encore concernent l’amélioration de certaines pratiques ou le développement de certains outils.

Deux recommandations majeures
De toutes ces recommandations, deux retiennent particulièrement l’attention : d’abord, la volonté de rehausser le montant des prestations de grève ou de lock-out de sorte qu’il passe de 275 $ à 300 $ par semaine d’ici 2023, en plus de bonifier ces prestations en fonction de la durée du conflit. Cette proposition est d’ailleurs intégrée dans les prévisions budgétaires sur lesquelles les délégué-es devront se prononcer demain après-midi lors de la présentation du budget pour l’exercice 2020-2023. La seconde vise à revoir les conditions d’acquisition du droit à une première prestation lorsqu’un conflit est déclenché de manière à en améliorer l’accessibilité.

Proposition phare adoptée !
C’est d’ailleurs cette seconde recommandation qui était au cœur de la proposition soumise cet après-midi par le comité précongrès aux délégué-es présents et qui a fait l’objet de nombreux échanges. À l’issue de ces discussions, les congressistes ont adopté à 96,2 % la proposition modifiant l’article 13 des statuts et règlements du FDP portant sur le droit aux prestations et établissant qu’une personne est désormais admissible au versement d’une première prestation hebdomadaire après le troisième jour ouvrable de conflit — plutôt qu’au huitième jour, comme c’était le cas jusqu’à ce jour. La proposition stipule également que le droit à cette prestation n’est plus tributaire d’autres sources de revenus au moment du déclenchement du conflit.

Un gain majeur pour les travailleuses et les travailleurs
Pour le trésorier de la CSN, il s’agit là d’un gain majeur qui répond aux nouvelles réalités du travail. « Ce qu’on a constaté au cours des dernières années, c’est qu’il y avait de plus en plus de conflits de travail de courte durée et qu’en raison du délai de carence de sept jours ouvrables qui était alors prévu, plusieurs membres se voyaient privés des prestations de grève ou de lock-out. En donnant maintenant accès à ces prestations dès la première semaine de conflit, on rend notre Fonds de défense professionnelle beaucoup plus accessible, et surtout, mieux adapté à la réalité du travail d’aujourd’hui, ce qui, en soi, constitue une belle victoire pour les travailleuses et les travailleurs que nous représentons », a déclaré Pierre Patry.

Outre la diminution du délai de carence, le fait de ne plus tenir compte, désormais, des revenus d’autres sources au moment du déclenchement d’un conflit vient également témoigner de la volonté réelle de la CSN de s’adapter aux nouvelles réalités du travail. « Il fut un temps où les gens occupaient souvent le même emploi à temps complet, et ce, durant toute leur vie, alors qu’aujourd’hui, à l’ère de la précarité d’emploi, les personnes qui cumulent deux, parfois trois emplois, sont de plus en plus nombreuses. Cette réalité les restreignait dans l’accessibilité aux prestations de soutien du FDP, ce qui devait être corrigé », a-t-il poursuivi.

Les délégué-es ont également voté en faveur d’une proposition de renvoyer au conseil confédéral la responsabilité de statuer sur les nouveaux textes des statuts et règlements du FDP, et ce, en conformité avec les orientations adoptées par le 66e Congrès.

Le témoignage touchant d’un travailleur de Demix Béton Saint-Hubert
Depuis 1952, les travailleuses et les travailleurs syndiqués à la CSN ont pu bénéficier du soutien du FDP dans leurs luttes pour améliorer leurs conditions de travail. Seulement dans le dernier mandat, ce sont près de 400 syndicats issus de tous les secteurs d’activité qui ont pu se prévaloir de ce soutien, que ce soit sous forme de prestations ou d’allocations de grève, d’achat de publicité, de soutien à la mobilisation ou encore de services juridiques.

Il s’agit d’un outil indispensable de solidarité, comme en témoigne Martin Fournier, opérateur de bétonnière et membre du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Demix Béton de Saint-Hubert–CSN, qui a vécu à l’automne dernier, avec ses collègues de travail, un lock-out de plus de deux mois. « Honnêtement, une chance que le FDP était là. Les prestations qui nous ont été versées tout au long de notre conflit nous ont été franchement utiles. Si on n’avait pas pu bénéficier de ce montant-là, je ne suis pas certain que les membres auraient pris la décision d’aller en grève contre une compagnie de l’envergure de Demix. Lorsqu’on déclenche une grève, avec un lock-out de l’employeur par-dessus le marché, on ne sait pas combien de temps ça va durer. En ce sens, le soutien financier du FDP nous a réellement permis de nous battre et d’aller jusqu’au bout de nos convictions. C’est vraiment ce qui fait toute la différence et qui témoigne de la solidarité à la CSN », a déclaré M. Fournier.

À l’aube du centenaire de la CSN
À la veille du 100e anniversaire de la CSN, ces propositions et les importantes modifications à venir au cours des prochains mois viennent concrétiser le souhait de la CSN d’offrir à ses membres les outils les mieux adaptés à leur réalité en constante évolution. « Nous sommes appelés à continuer l’œuvre des syndicats qui ont mis sur pied le FDP afin qu’il incarne encore longtemps la solidarité́ telle que nous la concevons à la CSN. Et tout comme les militantes et les militants qui nous ont précédés, nous devons prendre grand soin de ce fonds propre à notre mouvement, ce joyau qui, une fois bonifié, deviendra pour les organisations affiliées et les syndiqué-es de la CSN, le FDP du centenaire ! », de conclure Pierre Patry.

La santé et la sécurité toujours au cœur des préoccupations des membres

Le thème de la santé et de la sécurité du travail s’est retrouvé une fois de plus au cœur des échanges qu’ont eus les quelque 2000 participantes et participants au congrès de la CSN qui, cet avant-midi, étaient réunis en ateliers virtuels pour discuter des quatre grandes orientations mises au jeu par le comité exécutif de la centrale.

L’objectif de ces ateliers, qui fait suite à une consultation régionale des syndicats réalisée l’automne dernier, était de dégager des consensus autour des priorités à adopter lors de la mise en œuvre de ces quatre orientations au cours du prochain mandat.

Secoués par une crise sanitaire sans précédent depuis bientôt un an, les congressistes ont réitéré de façon peu surprenante l’importance capitale de préserver et d’améliorer la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs dans leur quotidien. Parmi les enjeux abordés au cours des ateliers, on retrouve, entre autres, le déploiement des réseaux d’entraide, notamment en lien avec l’augmentation des problèmes de santé mentale et de détresse psychologique, le maintien et le respect des mesures sanitaires dans le contexte actuel de pandémie, la poursuite de l’offensive pour apporter des modifications au projet de loi n59 — qui vise à moderniser le régime québécois de santé et de sécurité du travail — ainsi que la prépondérance des revendications en matière de SST dans la négociation des conventions collectives.

Plusieurs interventions concernaient l’importance de doter les travailleuses et les travailleurs d’équipements appropriés et ergonomiques, qui favorisent notamment une bonne posture, afin de maintenir la santé et la sécurité des membres dans un contexte de télétravail. Cette nécessité n’est pas toujours facile à mettre en œuvre, compte tenu de la résistance de certains employeurs et du manque de couverture de ces enjeux par bon nombre de conventions collectives.

Pour une membre du syndicat des professionnel-les de la Capitale-Nationale, il s’agit là, effectivement, d’une nécessité. « Depuis le début de la pandémie, plusieurs membres nous ont fait part de problèmes musculo-squelettiques qu’ils ont développés en raison du télétravail. Ce devrait être une priorité, dans les circonstances actuelles, de tabler rapidement sur des mesures de SST à domicile ». Une autre déléguée, cette fois du syndicat du CIUSS de l’Est de Montréal, abonde dans le même sens : « Il faut que les syndicats puissent participer concrètement et rapidement à l’élaboration de politiques en matière de santé et de sécurité, en balisant notamment les temps de pause et en misant sur l’ergonomie des postes de travail. »

D’autres, comme un membre du syndicat des travailleuses et des travailleurs de l’Estrimont, ont également insisté sur l’importance de mettre les meilleures ressources à la disposition des membres afin de contrer l’isolement et la détresse psychologique. « L’écoute, c’est ce qu’il y a de plus important. Ensuite, il faut savoir orienter les membres vers les bonnes ressources. Les conseils centraux de la CSN ont déjà les listes de ces ressources. C’est primordial pour développer des réseaux d’entraide efficaces. »

Même son de cloche d’une représentante du syndicat du CISSS de Lanaudière : « La santé psychologique est devenue un véritable fléau et je ne sens pas que je suis très outillée pour appuyer les membres sur ce plan. Ça nous prendrait plus d’outils, plus de ressources pour les guider. Mon président a pris l’initiative de produire régulièrement des capsules vidéo pour tenter d’atteindre le plus de membres possible et de les tenir informés des derniers développements. Ça aide à baisser le stress. »

Sans surprise, plusieurs interventions concernant la réforme du projet de loi n59 étaient au cœur des débats de la matinée, comme celle d’un représentant du Conseil central de la Montérégie selon lequel il faudrait insister, dans le projet de loi, pour augmenter le nombre d’inspecteurs à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). « Beaucoup de gens disent, à propos du PL59, que le système coûte trop cher, mais on apprend que les mesures ne sont pas respectées et que les inspecteurs ne peuvent pas faire leur travail. Oui, on veut que les balises soient meilleures et qu’on reconnaisse la santé psychologique, mais il faut aussi améliorer l’application des mesures, ce qui signifie des investissements pour embaucher plus d’inspecteurs à la CNESST. »

Un autre membre, cette fois du syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ, a également affirmé qu’il y avait un problème d’équité à régler avec la réforme du projet de loi du ministre Boulet. « L’employeur semble toujours magasiner sa réponse entre la Santé publique et la CNESST, selon ce qui va lui coûter le moins cher. Finalement, ce sont les travailleuses et les travailleurs qui écopent. »

En plus du thème de la santé et de la sécurité du travail, les délégué-es ont pu débattre en ateliers de vie syndicale et de mobilisation, de droits du travail ainsi que de relance post-COVID, qui constituent les trois autres grandes orientations soumises par le comité exécutif de la Confédération.

Se frotter aux nouvelles réalités du travail

Plusieurs constats se dégagent depuis les débuts de la COVID-19, mais pour une organisation syndicale comme la nôtre, il est impossible de passer à côté du fait que cette pandémie est venue complètement chambouler le monde du travail, surtout en ce qui a trait au du télétravail. Avant la pandémie, entre 10 % et 15 % de la main-d’œuvre avait recours au travail à domicile, mais avec les mesures de confinement, ce taux aurait bondi à plus de 40 %. Il s’agit ainsi d’un changement d’une ampleur que nous n’avons jamais vue dans l’histoire du travail et qui impose à son tour tout un lot de nouveaux défis pour les travailleuses et les travailleurs de notre mouvement.

Bien que le travail à domicile vienne avec certains avantages, il peut aussi être synonyme d’isolement, d’augmentation des heures de travail, d’alourdissement des tâches, des troubles musculosquelettiques, de difficulté à séparer le travail de la vie personnelle et d’atteinte au droit à la vie privée.

À ce titre, le comité de coordination générale de négociation a produit un guide de négociation sur le télétravail. Et à entendre les participantes et participants du
66e Congrès de la CSN lors des ateliers sur les orientations du mouvement, ce guide risque d’être fort utile pour aider les syndicats à se négocier de bonnes conditions de télétravail.

Lors de ces échanges, plusieurs militantes et militants ont souligner l’importance de négocier des lettres d’entente pour baliser le télétravail et de lutter contre des politiques unilatérales imposées par les employeurs. Ces politiques ont comme effet de démobiliser les membres et de réduire la représentation syndicale. Il faut effectivement veiller à ce que les travailleuses et travailleurs ne consentent pas à n’importe quoi dans le but d’accepter le télétravail. Un consensus s’est notamment dégagé sur l’importance de bloquer les efforts des employeurs de réduire leurs coûts de fonctionnement en s’appuyant sur les économies engendrées par le télétravail. S’il doit y en avoir, des économies, celles-ci devront servir avant tout à améliorer les salaires et les conditions de travail.

Le cadre légal
En accentuant la fragmentation des lieux de travail, le télétravail pose d’importants défis de mobilisation, d’exercice du droit de grève ou de possibilités de syndicalisation.

Au cours du dernier mandat, plusieurs lois ou programmes touchant le travail ont été modifiés. Mentionnons, entre autres, la Loi sur les normes du travail (2018), la Loi sur l’équité salariale (2019), le Code du travail en lien avec les services essentiels dans les services publics (2019), le Régime québécois d’assurance parentale (2020), la Loi sur les régimes complémentaires de retraite (2020), le Code canadien du travail (2019), etc.

À chaque occasion, la CSN a fait entendre sa voix. Certains des changements vont dans le sens de nos revendications. Cela dit, trop de personnes restent mal protégées, notamment les travailleuses et les travailleurs autonomes.

La solidarité : un attrait incontournable pour la syndicalisation
Les défis du monde du travail exigent la présence d’organisations syndicales fortes. Sans organisation syndicale, il ne reste que les gouvernements ou le rapport de force individuel.

Il faut reconnaître que les nouvelles réalités du travail et de l’emploi ne facilitent pas la syndicalisation, du moins pas dans sa forme traditionnelle. La diversité des relations d’emploi, la diminution de la taille des entreprises, l’éclatement des collectifs de salarié-es, tant sur le plan du lieu de travail que sur celui des horaires, sont autant de défis avec lesquels il faut composer.

D’ailleurs, les congressistes ont applaudi les efforts récemment déployés par la Fédération du commerce (FC–CSN) et la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) afin de bâtir un modèle de syndicalisme permettant de regrouper plusieurs salarié-es travaillant pour différents employeurs au sein du même syndicat. Un modèle inspirant qui a même inspiré une déléguée provenant de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine à évoquer la possibilité de l’appliquer aux travailleuses et aux travailleurs des petites municipalités des régions éloignées.

Pour plusieurs congressistes, la solidarité doit être au cœur de nos efforts de syndicalisation. Plus les membres s’appuient dans leurs luttes respectives, plus les gens verront l’importance d’appartenir à un grand mouvement qui se tient ensemble, toutes régions et tous secteurs confondus. Parce qu’au fond, la solidarité, ce n’est pas que mobilisant, c’est aussi très rassurant. Et les gens ont besoin d’être rassurés ces jours-ci.

En fin de compte, bien que les obstacles à la syndicalisation soient nombreux, ils ne sont pas insurmontables. Ils doivent nous pousser à redoubler d’efforts et à innover. Les participantes et participants au 66e Congrès de la CSN semblent très prêts à relever le défi.

Éviter la crise après la crise

La crise sanitaire entourant la pandémie de COVID-19, qui a pris d’assaut notre monde et bouleversé l’ordre normal des choses, est omniprésente dans les discussions ayant cours à ce 66e Congrès de la CSN, et pour cause. L’ampleur de ses dégâts et les moyens à mettre en place pour y pallier ne pouvaient être pleinement anticipés. Or, si la crise a pris tout le monde par surprise, l’après-crise peut et doit être planifié et préparé.

Logiquement ciblée comme l’une des quatre grandes thématiques proposées par le comité exécutif pour encadrer les débats au cours du congrès, la relance post-COVID a suscité des échanges passionnés et productifs parmi les quelque 2000 participantes et participants aux ateliers de mardi matin.

Non à l’austérité
L’inquiétude était palpable parmi les intervenants. La grande majorité des congressistes craignent de voir nos gouvernements, endettés après avoir mis en place de nombreuses mesures d’urgence nécessaires pour faire face à la crise, effectuer un retour vers des politiques d’austérité afin de renouer avec l’équilibre budgétaire le plus tôt possible. La nécessité de contrer cette tendance et de militer pour un réinvestissement dans les services publics faisait l’unanimité.

« C’est comme un cercle vicieux, a expliqué une employé-e de soutien du cégep de Drummondville. On coupe dans les services publics, ce qui fait en sorte qu’on presse le citron et les conditions deviennent moins attrayantes. Ce faisant, on a du mal à attirer et à retenir la main-d’œuvre, ce qui fait qu’on manque de personnel, et donc qu’on doit couper encore dans les services. »

Soulignant les coupes considérables déjà faites avant la crise par le gouvernement du Québec dans le financement des centres et des organismes communautaires, une militante des Laurentides s’inquiétait particulièrement du sort des personnes les plus vulnérables de notre société, notamment les femmes victimes de violence.

Une autre, œuvrant dans le domaine de la santé et des services sociaux, a pris en exemple la situation du réseau des services de garde, lequel a été déserté par un grand nombre de travailleuses en raison de ses piètres conditions de travail. « Pour que les femmes travaillent, il faut qu’elles aient accès à des services de garde de qualité, a-t-elle expliqué. On va se réveiller demain matin et il va y avoir un manque de places pour les enfants dans les services de garde. Encore une fois, ce seront les femmes qui en paieront le prix. »

Un chargé de cours de l’Université Laval a, quant à lui, tenu à souligner que le ratio dette/PIB au Québec et au Canada était loin d’être dans un état critique et que les gouvernements ont toute la marge de manœuvre nécessaire pour passer à travers la crise sans avoir à sabrer dans les services ensuite.

Oui à une transition juste…
Plusieurs délégué-es participant au dialogue ont également tenu à insister sur la nécessité de saisir l’occasion sans précédent dont bénéficient les gouvernements en ce moment pour opérer une transition juste vers une économie durable. Certains ont proposé de rendre l’accès aux programmes d’aide publique pour les entreprises conditionnel à l’adoption de mesures visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

« Les enjeux environnementaux devront absolument faire partie d’une relance post-COVID, a tonné un enseignant. C’est primordial et incontournable en 2021. »

« C’est une occasion en or, s’est exclamé un militant de Joliette. Tant qu’à faire une relance, aussi bien en profiter pour bâtir une économie durable, créer des emplois verts et changer complètement le visage du Québec sur le plan environnemental. »

… partout !
Si toutes et tous se sont entendus pour dire qu’un retour au mode présentiel était souhaitable le plus tôt possible, plusieurs ont toutefois manifesté la volonté que certaines des nouvelles méthodes mises en place pendant la crise perdurent après celle-ci.

Le mode virtuel comporte des avantages que certains congressistes n’ont pas hésité à mentionner. « La pandémie nous a fait accélérer l’utilisation de ces outils et je crois que ça va durer, a souligné une élue d’un conseil central. Plusieurs régions couvrent des territoires qui sont immenses et le recours au mode virtuel a facilité la participation de membres et de syndicats que l’on voyait rarement auparavant. »

Le caractère inéquitable de ce mode de communication a toutefois été relevé à de maintes reprises au cours des échanges, l’accès à un service Internet à haute vitesse étant souvent très dispendieux, voire carrément inaccessible dans certaines régions plus éloignées. Un grand nombre de participantes et de participants ont donc exprimé le souhait que la CSN fasse pression sur les gouvernements afin que l’ensemble de la population puisse accéder à un service Internet abordable et efficace.

Une travailleuse de l’aide juridique dans le Bas-St-Laurent a fait un plaidoyer particulièrement éloquent à ce sujet. « C’est aussi une question d’accès à la justice. Les tribunaux nous imposent de travailler avec des plateformes de visioconférence. Il faut qu’on ait les moyens de se faire entendre. Je ne veux plus jamais voir des parents devoir contester le placement de leur enfant en famille d’accueil par téléphone ! », a-t-elle conclu.

Trouver un équilibre entre le virtuel et le présentiel

Réussir à maintenir une vie syndicale active représente depuis toujours un défi majeur pour les organisations syndicales. Malheureusement, le contexte particulier de pandémie, avec son lot d’interdictions et de mesures sanitaires, est venu complexifier davantage la réalisation de ce défi. Comment maintenir une mobilisation active de nos membres en ces temps si particuliers ? Les nouvelles technologies sont-elles un frein à notre vie syndicale ou plutôt une occasion à saisir ?

Pour la plupart des participantes et des participants aux ateliers, les nouvelles technologies (plateformes de réunions virtuelles, réseaux sociaux, etc.) sont une occasion à saisir. Pour certains, il était même temps que la CSN s’ouvre à ces nouvelles façons de faire. « Cela permet une plus grande participation aux instances, notamment pour les pères ou les mères monoparentales qui ne pouvaient se déplacer », explique un travailleur du secteur privé. De plus, nombreux ont dit souhaiter recevoir du soutien de la CSN en matière de nouvelles technologies. « Ça va prendre de la formation pour nous aider à gérer adéquatement ces technologies. On sait que c’est une solution qu’il faut mettre de l’avant, mais on va devoir être appuyés, tant technologiquement qu’en ce qui concerne les stratégies à adopter afin d’éviter que ça dérape. »

Concilier deux réalités
Un membre travaillant dans le milieu de la santé explique qu’il faudra éviter toutefois de privilégier un groupe plutôt qu’un autre. « J’ai des jeunes qui sont à l’aise avec la technologie, alors que les plus anciens ne sont pas au même niveau. Je dois m’assurer que tous y trouvent leur compte », relate le représentant syndical. De plus, la question de l’accessibilité aux technologies représente un défi pour plusieurs membres. « Certains n’ont pas d’ordinateur, ou pas d’accès à Internet haute vitesse, ou même à Internet tout court. »

Pouvoir décrocher
Même si plusieurs voient d’un bon œil l’utilisation de ces outils, ils sont tout de même conscients des désavantages qu’elle comporte. « On s’est rendu compte que le travail à distance, notamment la gestion des réseaux sociaux, ça épuise. La déconnexion est de plus en plus difficile et cela a un impact sur la santé psychologique. Notre comité exécutif s’est penché sur la question, et il est primordial de s’en occuper. La CSN devra aussi outiller les syndicats là-dessus », note pour sa part une présidente de syndicat.

Vie syndicale sur le terrain
Pour certains, même s’il est dorénavant impossible de faire fi des technologies nouvelles, la présence sur le terrain demeure primordiale. « Il ne faudrait pas négliger le travail terrain auprès des membres des syndicats, car la technologie ne pourra jamais remplacer le contact humain. » Il faudrait pouvoir trouver une solution hybride. Un équilibre entre le présentiel et le virtuel.

D’autres ont témoigné par contre de la difficulté à maintenir une vie syndicale active sur le terrain, car l’accessibilité aux budgets de mobilisation demeure difficile. « Il faudrait tenter d’assouplir les règles pour obtenir plus aisément de l’aide financière afin d’aller voir notre monde. C’est particulièrement difficile sur de grands territoires », note un représentant syndical du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Finalement, certains ont souligné l’importance de publiciser ce qui se passe dans la grande CSN. « La vie syndicale, la compréhension du rôle des syndicats et l’importance de l’implication de nos membres sont des enjeux quotidiens. Il faut qu’on puisse savoir quelles sont les luttes en cours, quels sont les conflits, mais aussi les réussites. C’est comme ça qu’on va développer un sentiment d’appartenance et faire la démonstration que la mobilisation, c’est payant. »