Budget : le ministre des Finances entend en partie raison

La CSN constate que le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a finalement mis le dogmatisme de côté et entendu raison, en partie, quant au report de deux ans du retour à l’équilibre budgétaire. Cette flexibilité, souhaitée par la centrale syndicale, permettra au gouvernement d’éviter les coupes draconiennes dans les principales missions sociales de l’État.

« On ne peut nier les efforts consentis par le ministre des Finances quant à la croissance des dépenses de programmes, reconnaît le président de la CSN, Jacques Létourneau. Mais il reste tellement de manque à gagner pour rattraper les effets dévastateurs des années d’austérité que nous avons connues, il reste tant de besoins de la population auxquels nos réseaux publics sont incapables de répondre que nous sommes en droit de nous demander si les investissements seront suffisants. D’autant plus que l’on poursuivra les versements au Fonds des générations, même dans un contexte déficitaire. Juste pour l’année qui se termine, c’est une somme de trois milliards, dont nous aurions eu grandement besoin. C’est un non-sens complet que le gouvernement envisage de se priver de ce même montant pour l’année qui s’amorce. »

Haro en santé et en éducation
Pour la CSN, la croissance anticipée des dépenses en santé et en services sociaux ne permettra pas de mettre un frein à l’effritement de plusieurs missions fondamentales de l’État. « Lorsqu’on retire toutes les mesures devenues nécessaires strictement en raison de la pandémie, on constate une stagnation, voire une régression de certains budgets, notamment dans les services sociaux. Malheureusement, malgré les histoires d’horreur que nous entendons chaque jour, que ce soit en santé mentale, à la protection de la jeunesse ou encore dans les soins pour les aînés, dans les faits, le budget présenté aujourd’hui laisse entrevoir une réduction du panier de services. Et pas seulement en 2022 », souligne Jacques Létourneau.

Le gouvernement demeure muet quant au renouvellement des conventions collectives du secteur public, déplore la centrale syndicale. « On le sait et le gouvernement le sait aussi : le principal obstacle à la dispensation des services de santé et d’éducation, c’est le manque criant de main-d’œuvre dans nos réseaux publics, rappelle le président de la CSN. Et tout le monde le reconnaît, la principale raison de ce manque de main-d’œuvre, ce sont les mauvaises conditions de travail du secteur public, tant sur le plan des salaires que de la charge de travail. Or, le budget ne contient aucune indication laissant envisager le nécessaire coup de barre que nous attendions de la part du gouvernement. »

Des sommes nettement insuffisantes pour les femmes victimes de violence
La CSN déplore vivement les sommes faméliques réservées aux centres venant en aide aux femmes victimes de violence. « On compte déjà sept féminicides de trop cette année. Faute de moyens, les maisons d’hébergement doivent refuser 75 % des demandes qu’elles reçoivent. Et le ministre des Finances nous annonce aujourd’hui qu’il injectera… moins de cinq millions cette année. Quel est l’objectif du gouvernement, d’abaisser à 71 ou 72 % le nombre de demandes refusées ? »

La centrale syndicale aurait également souhaité des mesures beaucoup plus costaudes pour favoriser la création de places en services de garde subventionnés. « Il y a plus de 50 000 enfants dont les parents sont en attente d’une place en CPE ou en milieu familial régi, rappelle Jacques Létourneau. Or, c’est moins de vingt millions qui seront alloués à la « stimulation » de la création de nouvelles places. Quand on sait à quel point les femmes ont été les premières victimes de la pandémie, qu’elles ont été deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir perdu leur emploi, il faut tout faire pour favoriser leur retour sur le marché du travail, notamment en consolidant nos services de garde. Malheureusement, l’occasion en ce sens est aujourd’hui ratée. »

La CSN réalise d’importantes avancées pour le droit de grève dans le réseau de la santé et des services sociaux

Le mardi 23 mars, le Tribunal administratif du travail (TAT) a rendu une décision importante qui modifie considérablement la manière dont les salarié-es pourraient dorénavant exercer la grève dans le réseau de la santé et des services sociaux. La Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui représente près de 110 000 travailleuses et travailleurs de ce réseau, accueille cette décision avec satisfaction, car elle permettra d’augmenter le rapport de force exercé par les salariés, s’ils devaient avoir recours à ce moyen ultime.

Par sa décision, la juge administrative Nancy St-Laurent concrétise les efforts déployés par la CSN depuis plus de cinq ans pour faire en sorte que les dispositions sur les services essentiels ne limitent pas indûment le droit de grève des salarié-es, un droit protégé par la Charte des droits et libertés de la personne. Selon ces nouveaux critères, une éventuelle grève dans le réseau de la santé permettrait aux salarié-es d’exercer un meilleur rapport de force afin d’améliorer leurs conditions de travail, tout en assurant la santé de la population et la sécurité publique.

« Pour les travailleuses et les travailleurs, c’est une victoire sans équivoque, se réjouit la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville. On ramène un meilleur équilibre dans les relations de travail du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. »

La décision concerne présentement deux unités d’accréditation du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé et de services sociaux de l’Outaouais – CSN. La CSN ayant déjà déposé les mêmes listes pour la centaine d’autres unités d’accréditation affiliées à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) et à la Fédération des professionnèles (FPCSN), on peut s’attendre à ce que ces grands principes s’appliquent à tous les membres CSN du réseau.

Dans la décision de la juge St-Laurent, la CSN relève notamment deux avancées importantes.

Les cadres contribueront au maintien des services essentiels
Premièrement, la décision prévoit que le personnel-cadre qui était à l’emploi d’un établissement au début des négociations devra contribuer au maintien des services essentiels. Auparavant, cette responsabilité revenait exclusivement aux membres des syndicats, qui ne pouvaient compter sur le personnel-cadre pour contribuer au maintien des services essentiels.

Le niveau de services à maintenir en fonction des différentes réalités
Deuxièmement, le niveau de services à maintenir dans les différentes unités de travail a été établi à la suite d’un examen minutieux des enjeux réels en termes de santé et de sécurité publique. Auparavant, le niveau des services à maintenir était déterminé de façon uniforme par le Code du travail, en fonction de la mission d’un établissement, sans égard aux tâches réellement exercées au quotidien. Dorénavant, tout le personnel pourra exercer un temps de grève accru par rapport aux grèves précédentes. Seuls l’urgence et les soins intensifs verront leurs services maintenus entièrement. Dans toutes les autres unités de travail, les niveaux de services essentiels à maintenir varieront de 40 % à 90 %.

Enfin, en ce qui a trait à la pandémie actuelle, le TAT rappelle aux employeurs que, bien qu’ils puissent demander aux syndicats de fournir des effectifs supplémentaires pour répondre à la crise, ceci doit le moins possible porter atteinte au droit de grève des salarié-es.

« Les employeurs savent maintenant que s’ils laissent traîner les négociations en longueur, les salarié-es seront désormais en mesure d’exercer un rapport de force plus important », affirme Danny Roy, vice-président de la FPCSN. « On espère que cela amènera M. Legault à nous offrir plus que des mercis et du mépris et à enfin donner des mandats à ses négociateurs », ajoute Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSSCSN.

Une lutte de longue haleine
Cette décision du TAT découle d’une longue lutte menée par la CSN. En effet, en 2015, la CSN présentait un recours pour dénoncer les dispositions en vigueur sur les services essentiels, car elles enfreignaient le droit de grève des salarié-es, tout en maintenant que l’exercice de la grève ne devait jamais mettre en danger la santé et la sécurité de la population. C’est ainsi que le TAT déclarait, en 2017, « constitutionnellement inopérantes » les modalités prévues à l’article 111.10 du Code du travail. Le gouvernement a donc révisé le Code du travail et c’est la première fois que les nouvelles dispositions sont mises en application dans le réseau public de santé et de services sociaux.

Préparation de la grève
Cette décision arrive quelques jours après que la CSN ait annoncé que ses syndicats affiliés en santé et services sociaux, en éducation, dans les cégeps de même que dans les organismes gouvernementaux ont obtenu le mandat d’intensifier les moyens de pression et de planifier l’exercice de la grève, si nécessaire.

Adem Jasarevic : « La lutte contre le racisme est une tâche collective. La CSN fait partie de cette collectivité et moi aussi ».

Élu au Comité des relations interculturelles de la CSN par les délégué-es réunis lors du dernier conseil confédéral, Adem Jasarevic connaît bien le racisme et cela explique sûrement sa détermination à le combattre, en rassemblant le plus de gens possible autour de cette lutte nécessaire.

Adem est arrivé au Québec à l’âge de trois ans en tant que réfugié avec ses deux sœurs et ses parents. « En 1992, être musulman en Bosnie-Herzégovine signifiait persécution, violences et mort potentielle. Cette réalité n’est hélas pas complètement disparue aujourd’hui dans cette région du monde pour des gens comme moi. À l’époque, mes parents ont donc choisi de quitter leur maison, leur pays, leur famille, leur travail pour notre sécurité. La haine et la discrimination, j’ai donc connu cela très tôt », commence-t-il sans détour.

Le choix de quitter son pays pour sauver sa peau est une décision comme on en prend peu dans une vie. Une fois cette décision prise s’entame le chemin semé d’embûches pour trouver un nouveau port d’attache, en espérant qu’il sera accueillant.

« Avant d’arriver au Québec, nous avons été entassés pendant deux ans dans un camp de réfugiés en Hongrie, en attendant d’obtenir le visa tant espéré pour le Canada. Je ne marchais même pas quand nous sommes arrivés en Hongrie. Et je ne commenterai pas les conditions de vie dans ce camp, mais vous vous doutez bien que c’était loin d’être le luxe », continue le syndicaliste.

Une fois arrivés au Québec débute une autre étape : celle de se fabriquer une autre vie dans une société qu’on ne connaît à peu près pas, tout en étant encore marqués par les blessures du passé. Mais peut-on vraiment en guérir complètement ?

« Les premières années, mes parents ont occupé tous les emplois possibles pour nous faire vivre, principalement dans des fermes et dans des usines non syndiquées. Les conditions de travail n’étaient pas roses. Mes parents ne parlaient pas bien la langue, ne comprenaient pas les codes culturels, ne voulaient pas faire de vagues, avaient peur de perdre leur visa. Comme dans le cas de plusieurs autres réfugié-es, des employeurs en ont donc profité. J’ai aussi travaillé dans des fermes avec mes parents, lorsque j’étais adolescent. J’ai donc vu tout cela d’assez près moi aussi. J’ai pu observer comment une bonne partie de ces emplois sont occupés par des gens qui se retrouvent dans des situations d’exploitation et qui gardent le silence par crainte de se faire expulser du pays. Ce scénario fait en sorte que les réfugié-es veulent être des premiers de classe. Mais bien souvent, on n’aime pas les premiers de classe, sans trop savoir pourquoi », poursuit-il.

Travaillant pour les Industries Lassonde depuis plusieurs années, Adem s’implique syndicalement depuis 2018. Il en est à son deuxième mandat comme vice-président aux griefs dans son syndicat local. Il est aussi délégué régional et membre du comité interculturel du Conseil central de la Montérégie depuis 2019. C’est lui qui a proposé l’adoption d’une proposition voulant qu’une campagne sur le racisme soit intégrée au plan d’action de la CSN lors du dernier congrès.

« Lutter contre le racisme est une tâche collective. Le contexte politique et social concernant ces questions est houleux et les débats acrimonieux. Des organisations comme la CSN doivent être visionnaires en développant des positions claires et affirmées contre le racisme et en se dotant de moyens conséquents pour faire vivre ces positions, notamment par de l’éducation syndicale. C’est pourquoi j’ai proposé cette campagne. Pour moi, il est primordial que la CSN en fasse une priorité dans les prochaines années et je compte bien mettre l’épaule à la roue. Car comme je le disais, la lutte contre le racisme, c’est une tâche collective, et je fais partie de cette collectivité », termine Adem.

La FNEEQ dénonce la composition du comité sur la reconnaissance de la liberté académique

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) déplore que le comité sur la reconnaissance de la liberté académique mis sur pied par la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, soit composé uniquement de professeur-es d’université et d’une personne représentant le corps étudiant. On n’y trouve aucun membre provenant des chargé-es de cours universitaires ou des professeur-es de cégep, qui sont aussi au cœur de l’enseignement supérieur et qui ont des préoccupations légitimes à l’égard de la liberté académique.

« Durant les derniers mois, les cas les plus médiatisés ont impliqué exclusivement des personnes chargées de cours. Qu’aucune place sur ce comité ne soit accordée à un représentant de ce groupe est franchement décevant et mal avisé », souligne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Les enseignantes et enseignants contractuels assument plus de 60 % de l’enseignement au premier cycle, ce qui les place au centre du débat sur la liberté d’enseignement, laquelle est au cœur de la liberté académique. Ces enseignantes et enseignants précaires et vulnérables sont alors laissé-es à eux-mêmes ne sachant pas s’ils pourront compter sur le soutien de leur direction.

Les enjeux entourant la liberté académique, tout comme ceux de lutte aux discriminations, sont complexes et doivent faire l’objet d’un dialogue entre toutes les parties prenantes. La FNEEQ–CSN entend y prendre part.

« Pour que le comité puisse réaliser une analyse complète de l’état des lieux et proposer des pistes de solution, l’expertise de tous les personnels enseignants œuvrant dans les collèges et les universités doit être mise à contribution. J’invite la ministre McCann à réviser la composition de ce comité afin de mieux refléter la réalité », conclut Caroline Quesnel.

Masque N95 : le Tribunal administratif du travail rappelle à l’ordre la CNESST

La Fédération de la Santé et des services sociaux affiliée à la CSN se réjouit de la décision rendue aujourd’hui par le Tribunal administratif du travail (TAT). Ce dernier donne raison aux organisations syndicales qui demandent aux employeurs du réseau de la santé et à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) de prendre au sérieux la protection des travailleurs et travailleuses.

À partir de maintenant, les employeurs du réseau de la santé devront fournir à l’ensemble du personnel intervenant en zone tiède ou en zone chaude auprès d’un résident suspecté ou atteint de la COVID-19 un appareil de protection respiratoire de type N95.

« Il s’agit d’un gain majeur ! Jusqu’à maintenant, les employeurs et la CNESST refusaient d’appliquer le principe de précaution et de fournir les équipements de protection appropriés aux salarié-es », souligne Judith Huot, Vice-Présidente de la FSSS-CSN.

Dans sa décision, le Tribunal rappelle également l’obligation pour les employeurs de dispenser un test d’ajustement à toutes les personnes devant porter un masque de type N95 et l’obligation de créer des zones chaudes et tièdes avec des équipes dédiées à chacune de ces zones.

« Le TAT nous donne raison sur l’importance d’appliquer le principe de précaution, depuis le début de la pandémie c’est ce que nous demandons. On ne peut pas prendre de raccourcis quand il s’agit de la santé et de la sécurité des personnes qui œuvrent au front » se réjouit Jeff Begley, Président de la FSSS-CSN

« Nous espérons maintenant que l’ensemble des employeurs du réseau de la santé prendront acte de la décision et que celle-ci s’appliquera rapidement partout au Québec », ajoute Judith Huot, Vice-Présidente de la FSSS-CSN.

La CSN occupe les bureaux du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge

Des militantes et des militants du secteur scolaire FEESP–CSN occupent aujourd’hui les bureaux du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, pour dénoncer les demandes patronales jugées inacceptables ainsi que la lenteur des négociations.

« Dans les dernières semaines, les membres nous ont donné le mandat d’intensifier les moyens de pression et de planifier la grève », mentionne Annie Charland, présidente du secteur scolaire FEESP–CSN. « Non seulement les assemblées générales ont voté en faveur, mais les membres ont approuvé la proposition à 90 %. Ceux-ci ont appuyé ce mandat parce qu’ils en ont assez de l’attitude intransigeante du gouvernement et du manque de ressources pour effectuer adéquatement leur travail », mentionne-t-elle.

Pour de réelles négociations
Pour le secteur scolaire FEESP–CSN, qui représente plus de 35 000 employé-es de soutien dans le réseau de l’éducation au Québec, il est nécessaire que la partie patronale dispose d’un mandat clair pour négocier.

« Cela fera un an le 31 mars que nos conventions collectives sont échues. Nous avons répondu présents lorsque le gouvernement a voulu intensifier le rythme des négociations, alors que la partie patronale n’avait pas la latitude pour procéder ainsi. Comme signataire de la convention collective, le ministre de l’Éducation ne peut pas se cacher derrière le reste du gouvernement pour justifier son inaction. Il doit prendre position maintenant! » souligne Mme Charland.

« La situation actuelle ne fait pas de sens pour nous. Le personnel de soutien scolaire est au front depuis le début de la crise sanitaire, notamment par la mise sur pied des services de garde d’urgence, et on ne semble pas prendre leur réalité au sérieux. Nous souhaitons aussi que le gouvernement se rende compte que ce n’est pas en suggérant des reculs dans les conditions de travail que le milieu scolaire, déjà lourdement touché par le manque de personnel, va pouvoir se relever de la crise, souligne Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie–CSN.

Projet de loi 59 sur la réforme de la Loi sur la santé et la sécurité du travail : des amendements qui ne règlent rien et qui ouvrent la porte aux abus

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) accueillent avec beaucoup de déception les amendements proposés par le ministre du Travail, Jean Boulet, dans le cadre de l’étude article par article du projet de loi 59. Dès le dépôt du projet de loi, plusieurs lacunes ont été relevées non seulement par nos organisations, mais également par plusieurs représentants de la société civile, médecins en santé publique, juristes et universitaires. Malheureusement, les modifications soumises par le ministre demeurent insuffisantes afin d’assurer adéquatement la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs.

« Concernant les mesures de réparation à la suite d’une lésion ou d’un accident, les Québécois et Québécoises vont encore être moins bien protégés avec le projet de loi 59. En ajoutant de multiples limitations d’accès à la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP), le ministre complexifie et réduit considérablement l’accès aux droits de protection et de réadaptation. C’est inacceptable ! Plus ça va, plus on s’éloigne de l’objectif initial de cette loi. Faut-il rappeler au ministre qu’elle a pour but de protéger les travailleurs et travailleuses ? », dénonce le président de la FTQ, Daniel Boyer.

« En ce qui concerne la prévention, le nombre minimal de rencontres du comité SST est famélique. On ne sait même plus le nombre de représentants qui doivent y siéger. Plus rien sur le minimum d’heures de libération pour le représentant en prévention. Le ministre nous propose plutôt d’attendre que l’employeur et les travailleurs s’entendent, sinon la commission tranche et les parties peuvent contester les décisions devant les tribunaux. On n’avait pas assez de la judiciarisation des lésions professionnelles, maintenant c’est la judiciarisation de la prévention qui s’ajoute ! Cette façon de faire ne sert personne et aura pour effet de négocier la prévention dans nos relations de travail. La prévention, c’est non négociable ! », ajoute le président de la CSN, Jacques Létourneau.

« Ça fait 40 ans que nous attendons cette réforme, le ministre n’a pas le droit de manquer la cible. Alors qu’on veut des mécanismes de prévention fonctionnels, les amendements apportés risquent de judiciariser et d’engorger davantage les tribunaux. Le ministre s’était engagé à inclure les risques psychosociaux dans sa réforme, mais aucun ajout en ce sens n’est prévu, et ce, malgré toute l’importance qu’occupe cette problématique dans nos milieux de travail aujourd’hui. Les hommes et les femmes doivent pouvoir revenir auprès de leur famille en toute sécurité après une journée de travail. Le ministre a encore l’occasion d’apporter des correctifs et l’étude détaillée lui donne cette possibilité. Nous l’invitons à agir », déclare la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.

« Nous l’avons dit dès le début, un sérieux coup de barre doit être donné et, malheureusement, rien ou presque dans ce que nous propose le ministre ne nous laisse entrevoir une amélioration du régime de santé et de sécurité du travail. Ce que nous observons en matière de prévention et de réparation soulève de grandes inquiétudes. Ce projet de loi va passer à l’histoire pour les mauvaises raisons s’il n’est pas sérieusement amendé », conclut le président de la CSD, Luc Vachon.

La culture en péril

L’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, TRACE, l’UDA et l’UNEQ dévoilent aujourd’hui un rapport inquiétant sur l’état des lieux de la culture. Alors que plus de 30 000 personnes ont perdu leur emploi depuis le début de la pandémie dans ce secteur, que la détresse psychologique s’ajoute à la précarité financière et qu’un nombre important songe à abandonner leur carrière, il y a urgence d’agir.

En effet, en plus de dessiner un portrait sombre de la réalité économique, le regroupement d’associations a sondé plus de 2 000 de leurs membres afin d’en connaître davantage sur leur état de santé psychologique et leurs réflexions par rapport à leur avenir dans leur discipline artistique. Les constats sont criants : nos artistes et créateurs ont bien peu de moyens pour traverser une crise comme celle que l’on vit et leur apport à notre société est insuffisamment valorisé, comme en témoignent leurs conditions de vie.

Cette démarche concertée inédite, constituant une première au Québec, s’appuie sur une volonté commune de changer les choses en profondeur afin de s’assurer que non seulement nos institutions culturelles soient en santé, mais aussi nos artistes et nos créateurs !

Dépression majeure et pensées suicidaires

Les données récoltées lors de ce sondage sont inquiétantes. Plus de 43 % des répondants présentent des symptômes de dépression majeure (tristesse, mélancolie, déprime, perte d’intérêt pour le travail, passe-temps ou autre). De ce nombre, 11,7 % des gens indiquent avoir eu des pensées suicidaires durant la dernière année. Pour 72 % de nos répondants qui vivent de la détresse psychologique, celle-ci est associée entièrement (26 %) ou partiellement (46 %) à la pandémie. Les répondants mentionnent du même souffle un manque de ressources psychologiques professionnelles pour les aider à passer au travers.

Ces résultats révèlent une réelle crise de santé mentale dans le secteur culturel, causée en partie par les fortes pressions économiques préexistantes à la pandémie, exacerbées par celle-ci et par la précarité du statut d’artiste.

Exode des artistes et créateurs

Cette prise de conscience dévastatrice révèle une urgence d’agir afin de soutenir les travailleuses et les travailleurs du milieu qui, dans une proportion de plus de 41 %, ont considéré ou considèrent abandonner leur carrière et leur domaine de création.

Dans l’industrie de l’information, de la culture et des loisirs, c’est 24 % des emplois qui ont disparu. Actuellement, les pertes d’emplois affectent plus de 30 000 personnes. Le risque d’une perte d’expertise menace le rayonnement de la culture québécoise et son avenir.

Assombrissant le tableau, force est de constater que les sommes dégagées ne se rendent pas toujours jusqu’aux artistes, créateurs et professionnels du secteur. La situation précaire qui existait avant la pandémie est maintenant devenue insoutenable. Le seuil de faible revenu pour une personne seule au Québec, en 2017, est établi à 24 220 $, montant que les travailleurs autonomes des arts et de la culture n’arrivaient pas à atteindre en 2019 (varie de 14 000 $ à 21 000 $). Depuis 2004, deux fois plus d’artistes, créateurs et professionnels doivent cumuler plus d’un emploi.

Agir maintenant pour la survie de la culture

Les associations souhaitent proposer tant aux gouvernements qu’à l’ensemble des parties prenantes de la culture trois chantiers de travail qui incluent des mesures de soutien concrètes visant à assurer la relance et la pérennité du secteur de la culture.

  • Réformer les lois, il y a urgence d’inclure les travailleurs autonomes au régime d’assurance emploi et de procéder à la révision en profondeur des deux lois sur le statut de l’artiste (LSA).
  • Réviser les modèles de financement de la culture Nous soutenons qu’il faut revoir la chaîne de financement et la hauteur de la contribution publique pour s’assurer qu’elle ruissèle jusqu’aux artistes, créateurs et professionnels de la culture et y intégrer les changements dans les habitudes de consommation du contenu culturel notamment au niveau numérique.
  • Injecter des budgets inédits en culture pour assurer la relance des institutions muséales, des salles de spectacle, des théâtres et des festivals. Des sommes doivent être réservées pour des programmes de soutien en santé mentale et d’appui à la création et au renouvellement des expertises.

Pour consulter le rapport détaillé: https://bit.ly/30FwPbr

Citations

« La crise économique et psychologique qui accable le secteur culturel ne peut plus durer. Le portrait présenté par nos membres est choquant et doit servir de son de cloche pour démarrer une action concertée afin de les soutenir. Le succès de la relance du secteur des arts et de la culture dépend largement de ses artistes, créateurs, professionnels et artisans. »

  • Pascale St-Onge, présidente de la FNCC–CSN

« Si on veut que la culture continue d’être le miroir de la société québécoise, dans toute sa diversité, il faut assurer la mise en œuvre de mesures pérennes de soutien aux conditions de vie des artistes. Les chiffres dévoilés aujourd’hui démontrent qu’il faut plus que de l’argent. Il faut de l’écoute, de la considération et un dialogue continu, car sans artistes, il n’y a pas de culture. »

  • Sophie Prégent, présidente de l’UDA

« En plus de la mise en pause des salles de spectacles, l’arrêt des activités dans le domaine de l’évènementiel et la fermeture des écoles de musique prive de nombreux musiciens de revenus importants. Les répercussions vont durer encore longtemps pour toute une catégorie de travailleuses et de travailleurs au statut précaire, sans filet de protection sociale. »

  • Luc Fortin, président-directeur général de la GMMQ

« Le spectacle vivant, c’est annuellement 22 000 représentations payantes, qui accueille 8,75 millions de spectateurs pour des revenus de billetterie de 337 M$. L’impact économique et humain a été énorme en 2020-21, on a besoin rapidement d’un plan de relance des arts vivants de la part du gouvernement. »

  • Viviane Morin, directrice générale de l’APASQ

« Il est important d’assurer l’accessibilité aux ressources nécessaires et d’offrir une qualité de vie à nos artistes qui font briller le Québec, par leurs talents et leur créativité. Les chiffres du rapport prouvent un réel essoufflement et constituent une menace à la pérennité et à la vitalité du secteur culturel québécois, notamment dans le secteur des arts dramatiques. »

  • Marie-Eve Gagnon, directrice générale de l’AQAD

« Le Québec ne peut se permettre de perdre ses talents et son expertise. Essentiels au rayonnement de la culture québécoise ici et à l’international, les artistes et les réalisateurs sont des ambassadeurs et des créateurs de notre culture collective. »

  • Mylène Cyr, directrice générale de l’ARRQ

« La saison des festivals est à nos portes, il faut de toute urgence que les intervenants du milieu des arts vivants travaillent sur un plan avec la Santé publique et le MCCQ. Un leadership est nécessaire. »

  • François Deschamps, co-porte-parole de TRACE

« Si la pandémie doit avoir un impact positif, cela doit être de nous donner l’occasion de redorer cette industrie et de bonifier les conditions de travail des écrivaines et des écrivains. Il faut saisir cette occasion d’agir pour ne pas retourner en arrière et restaurer l’équité dans le traitement fait aux artistes afin de préserver notre vitalité culturelle. »

  • Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ

Renforcer la démocratie universitaire pour éviter les dérapages

La FP–CSN, le SPUQ et le SPUQO prennent position dans le débat sur la liberté académique dans les universités et estiment que la solution passe par un renforcement de la démocratie universitaire.

Demander à l’État d’encadrer ce que doit être la liberté académique, laquelle a été conquise et instituée pour défendre les universités contre les interventions de l’État est une démarche contradictoire, ouvrant potentiellement la porte à une restriction de la liberté académique, telle que protégée par les conventions collectives. 

La Fédération des professionnèles de la CSN (FP–CSN) estime qu’il faut plutôt renforcer la démocratie interne. Elle devrait par ailleurs toujours être exercée en collégialité, c’est-à-dire en incluant les professeur-es, les chargé-es de cours, les professionnèles, le personnel de soutien et les étudiantes et étudiants.

Sortie de crise

L’éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

Un an de crise. C’est le triste anniversaire que nous soulignons cette semaine. Une pandémie qui aura emporté plus de 10 000 Québécoises et Québécois, qui aura directement affecté des centaines de milliers d’entre eux et dont les mesures sanitaires pour tenter de la contenir auront eu un impact financier et psychologique sur l’ensemble de notre société.

De multiples réflexions doivent se poursuivre, bien sûr, pour déterminer pourquoi le Québec fut à ce point happé par la crise actuelle, notamment quant à l’organisation de nos réseaux publics et de notre filet social. Mais l’heure n’est plus seulement à la réflexion : il faut se mettre en mode action et apporter les solutions qui s’imposent.

C’est d’ailleurs le mandat que nous ont confié les syndicats et les travailleuses et travailleurs que nous représentons lors du congrès de la CSN tenu en janvier dernier. C’est ce à quoi le comité exécutif de la CSN et nos équipes de travail s’affaireront au cours des prochaines semaines. Nous profiterons d’ailleurs de la tenue du conseil confédéral la semaine prochaine pour faire le point sur l’état des travaux portant sur les priorités dégagées par les congressistes.

Sans surprise, les enjeux de santé et de sécurité au travail occuperont une place prépondérante. Il ne faut pas non plus s’étonner qu’après des considérations bien immédiates reliées à la propagation du virus dans nos milieux de travail (accès aux équipements de protection individuelle, mise en place de mesures de protection, adaptation forcée au télétravail, etc.), des enjeux tout aussi importants, tels que l’épuisement professionnel et les problèmes de santé mentale qui en découlent, aient depuis accaparé nos structures militantes.

Au cours de la tournée précongrès tenue à l’automne, il nous est apparu très clairement que ces difficultés affectent directement les militantes et les militants de nos syndicats locaux : surcharges, difficultés à rejoindre et à mobiliser les membres… Les énergies supplémentaires qui ont dû être dégagées ont entraîné un épuisement réel. Certains comités exécutifs de nos syndicats ont été décimés et peinent à recruter de nouveaux responsables syndicaux. La pandémie a également affecté les personnes salariées de la CSN au même titre que l’ensemble de la population. Celles-ci ont redoublé d’ardeur pour continuer à offrir les mêmes services de qualité auprès de nos syndicats ; je tiens à souligner leur formidable travail et à les en remercier.

Nous devons apporter des solutions à cette réalité qui menace directement l’efficacité de nos structures militantes. Les syndicats présents au congrès nous ont mandatés pour consolider nos réseaux d’entraide existants, appuyer leur création là où le besoin se fait sentir et les outiller afin qu’ils puissent répondre aux besoins grandissants de leurs membres.

Bien entendu, notre campagne portant sur la réforme en santé et sécurité du travail menée par le ministre Boulet prendra de l’ampleur au cours des prochaines semaines. Considérant les avancées pour certains secteurs, il a toujours été dans notre intention de bonifier au maximum la réforme. Néanmoins, en fonction des reculs importants pour plusieurs de nos syndicats, la mobilisation est rapidement devenue nécessaire. D’autant plus qu’à la lumière des amendements déposés hier, nous avons constaté que les corrections souhaitées n’apparaissent pas au nouveau projet. Nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres, voilà pourquoi notre mobilisation doit s’intensifier.

Le confinement et les mesures sanitaires auront bien évidemment affecté notre rapport de force. De nombreuses adaptations ont dû être proposées pour maintenir une vie syndicale et soutenir la mobilisation dans nos rangs. Nous avons pu retrouver un certain rythme, mais les défis demeurent nombreux. Lors du dernier congrès, nos syndicats ont clairement exprimé le besoin d’être davantage appuyés pour investir les espaces virtuels et les médias sociaux afin de renforcer la vie syndicale et favoriser leur mobilisation ; nous tâcherons d’y répondre de la meilleure façon.

Nous l’avons maintes fois répété : la crise aura mis au jour les trous béants de notre filet social, des failles que nous déplorons depuis déjà trop longtemps.

Le paroxysme aura été atteint en constatant l’hécatombe de notre réseau public de santé et de services sociaux. Toutefois, les problèmes de recrutement de la main-d’œuvre, directement reliés aux faibles salaires et aux mauvaises conditions de travail en général, s’appliquent tout autant aux réseaux de l’éducation et de la petite enfance.

La mobilisation des membres du secteur public, sans convention depuis bientôt un an, doit être appuyée par l’ensemble de notre mouvement. Les solutions, nous les connaissons et les avons mises de l’avant bien avant la venue de cette pandémie – dont les effets auraient été beaucoup moins dévastateurs si les gouvernements successifs, peu importe leur allégeance politique, avaient pris la peine de les prendre en considération.

Bien entendu, ces solutions ne pourraient être mises en place sans un réel changement de cap en matière de gestion de nos finances publiques. Malgré nos appels répétés, le gouvernement de François Legault s’entête à s’isoler dans le même carcan financier, basé sur l’équilibre budgétaire et une réduction accélérée de la dette, hérité du gouvernement de Lucien Bouchard il y a 25 ans.

Le 25 mars, le ministre des Finances annoncera que le prochain budget du Québec enverra des surplus budgétaires de trois milliards au Fonds des générations plutôt que de s’affairer à la consolidation de nos services publics et à la relance économique. Un total non-sens compte tenu des priorités bien plus urgentes pour la population du Québec.

Pour plusieurs, la question des finances publiques peut ne pas sembler la plus palpitante qui soit, j’en conviens amplement. Pourtant, les sommes consacrées aux différentes missions sociales de l’État ont un impact direct sur les budgets en santé, en éducation, en enseignement supérieur et en petite enfance. Sur les conditions de travail de ceux et celles qui y œuvrent, tout autant que sur l’accessibilité de tous et de toutes à ces services publics qui sont à la base de notre vivre-ensemble. Pour la CSN, s’en désintéresser ne constitue aucunement une option.

Projet de loi 59 : un sérieux coup de barre est nécessaire

La santé et la sécurité du travail devraient être une priorité pour toute société moderne. C’est avant tout une question de dignité humaine : personne ne devrait perdre sa vie à la gagner ni y laisser une partie de sa santé physique ou mentale. De la même manière, une victime de lésion professionnelle doit pouvoir facilement accéder aux droits et protections qui lui sont dévolus afin de réparer ces lésions et leurs conséquences, en respect du contrat social d’abandonner son droit de poursuite judiciaire.

C’est avec impatience que nous attendions le dépôt du projet de loi 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail. Malgré son titre, nous constatons malheureusement que ce projet de loi représente plutôt, à plusieurs égards, un recul qui ne répond pas aux besoins du Québec.

Pour les travailleurs et travailleuses qui ont malheureusement subi une lésion professionnelle, les impacts du projet de loi seront dévastateurs. Afin d’octroyer des économies à court terme pour les employeurs, des milliers de travailleurs et de travailleuses vont se retrouver injustement traités, sans revenu et sans réadaptation, condamnés à vivre aux frais de la société civile, avec des coûts humains énormes.

L’introduction de plusieurs critères limitatifs et de nouveaux règlements réduisent la possibilité pour les victimes de faire reconnaître leur lésion professionnelle et de recevoir une réadaptation adéquate. Alors que les tribunaux ont pu maintenir une indépendance envers les positions de la CNESST, le projet de loi 59 vient sabrer cette saine distance, restreindre grandement l’acceptation des réclamations pour maladies professionnelles et limiter les traitements et les médicaments auxquels les victimes devraient avoir droit.

De plus, le projet de loi prévoit une diminution de la prépondérance de l’opinion du médecin traitant qui est inacceptable. Il est également inconcevable qu’on oblige des victimes à participer à des mesures de réadaptation, dont le retour au travail, sans leur consentement ni celui de leur médecin, et sans aucune possibilité de contester la décision de la CNESST. Il serait beaucoup plus opportun et bénéfique de développer la médecine du travail qui combine l’expertise médicale et la connaissance des contraintes des milieux de travail au Québec si l’on désirait améliorer le sort des travailleurs et travailleuses.

La science nous enseigne qu’une réelle prévention impliquant l’ensemble des acteurs d’un milieu de travail de manière paritaire diminue de façon draconienne le coût économique en plus de diminuer le nombre de lésions professionnelles. Nous comprenons mal pourquoi le gouvernement s’écarte de ce consensus scientifique. La distinction selon les secteurs d’activité économique et la diminution des mécanismes de prévention prévues dans le projet de loi ne permettront pas la prise en charge de la santé et la sécurité par les milieux de travail, en plus de maintenir la discrimination systémique dont les femmes sont victimes.

Il est aussi incompréhensible que le projet de loi propose de réduire les exigences en matière de prévention dans les secteurs déjà couverts par la loi actuelle et que l’on écarte l’expertise et la neutralité des médecins de Réseau de la santé publique en santé au travail pour laisser les employeurs désigner leur médecin. L’autonomie des médecins de la santé publique et les mécanismes actuels de prévention font partie du succès dans les milieux déjà couverts : pourquoi diminuer ce qui fonctionne?

Devant ces constats, nous demandons au gouvernement d’apporter d’importantes modifications au projet de loi 59 afin de garantir une prévention efficace pour tous et toutes de manière égale, d’assurer un accès facilité aux indemnités prévues à la loi actuelle et à la réadaptation ce qui permettra aux victimes de lésions professionnelles d’être traitées dignement et avec justice.

  • À bout de souffle…ça suffit
  • Aide aux Travailleurs Accidentés (ATA)
  • Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
  • Association des juristes progressistes (AJP)
  • Association des spécialistes en médecine préventive du Québec (ASMPQ)
  • Association des travailleurs et des travailleuses accidentés Joli-Mont
  • Association des travailleuses et travailleurs accidentés de l’Abitibi-Témiscamingue (ATTAAT)
  • Carrefour d’aide aux non-syndiqué-es (CANOS)
  • Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
  • Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  • Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI)
  • Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
  • Comité d’appui aux travailleurs et travailleuses de la région des Appalaches
  • Comité des travailleurs et travailleuses accidentés de l’Estrie
  • Confédération des syndicats nationaux (CSN)
  • Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT)
  • Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International)
  • Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
  • Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
  • Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
  • International Association of Heat and Frost Insulators and Allied Workers
  • PINAY
  • Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ)
  • Réseau des avocates et avocats de l’UTTAM
  • Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
  • Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)
  • Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (UTTAM)
  • Marie Laberge, Mélanie Laroche, Yanick Noiseux, Louis Patry, Susan Stock, Guylaine Vallée, (Université de Montréal)
  • Marie-Eve Major (Université de Sherbrooke)
  • Katherine Lippel (Université d’Ottawa)
  • Stéphanie Bernstein, Diane Berthelette, Vanessa Blanchette-Luong, Céline Chatigny, Yolande Cohen, Rachel Cox, Martin Gallié, Dalia Gesualdi-Fecteau, Audrey Gonin, Norman King, Mélanie Lefrançois, Karen Messing, Stéphanie Pache, Johanne Saint-Charles, Angelo Soares, Sid Ahmed Soussi, Hélène Sultan-Taïeb, Nicole Vézina (Université du Québec à Montréal)
  • Marie-Pierre Boucher, Valérie Lederer, Romaine Malenfant, Jessica Riel (Université du Québec en Outaouais)
    Geneviève Baril-Gingras, Chantal Brisson, Maria De Koninck, Pierre Deshaies, Émilie Giguère, Jean-Noël Grenier, Margot Kaszap,
  • Denis Laliberté, Louise St-Arnaud, Michel Vézina, Yv Bonnier-Viger, Simon Viviers (Université Laval)
  • Anne Renée Gravel (Université TÉLUQ)
  • Marie-Eve Beauregard, médecin spécialiste en santé publique
  • Jean-Pierre Bergeron, médecin spécialiste en médecine du travail
  • Luc Bhérer, médecin spécialiste en médecine du travail
  • Fatiha Haouara, médecin spécialiste en médecine préventive et santé publique
  • Marie-Claude Letellier, médecin spécialiste en médecine préventive et santé publique
  • Emily Manthorp, médecin spécialiste en médecine préventive et santé publique
  • Caroline Massicotte, médecin en santé publique et santé au travail
  • Bernard Pouliot, médecin conseil
  • Nabyla Titri, médecin spécialiste en médecine préventive et santé publique
  • Alice Turcot, médecin spécialiste en médecine du travail

Assurance-emploi : la CSN demande à l’ensemble des partis fédéraux d’appuyer l’extension des programmes d’aide

Alors que des milliers de travailleuses et de travailleurs n’ont toujours pas retrouvé leur source de revenus, la CSN interpelle l’ensemble des partis politiques siégeant à la Chambre des communes pour que ceux-ci appuient le projet du gouvernement canadien de prolonger la période de couverture des programmes de l’assurance-emploi et des prestations canadiennes d’urgence et de relance économique.

Pour la CSN, la crise de la COVID-19 a démontré toutes les lacunes des modalités de l’assurance-emploi dénoncées par le mouvement syndical depuis des années. « Nous avons salué la bonification du programme d’assurance-emploi et la mise sur pied, dès les premières semaines de la pandémie, des prestations canadiennes, rappelle le président de la CSN, Jacques Létourneau. Alors que l’économie redémarre tranquillement, de nombreux secteurs en auront pour plusieurs mois avant de retrouver un semblant de normalité, notamment dans les secteurs de la culture et du tourisme. On ne peut pas abandonner ces travailleuses et ces travailleurs, alors que la campagne de vaccination en cours nous permet d’espérer des jours meilleurs dans un avenir proche. »

Ainsi, la centrale syndicale demande à l’ensemble des partis d’opposition d’appuyer le projet de loi déposé par le gouvernement. « Nous appelons l’ensemble des partis politiques à faire preuve de leur sens des responsabilités. Les travailleuses et les travailleurs n’accepteront pas que les joutes partisanes se fassent à leur détriment. Ce projet de loi doit être adopté, et ce, rapidement », d’ajouter Jacques Létourneau.

État de choc dans les cégeps, des femmes poussées vers la voie de garage

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) rappelle que l’égalité des chances restera hors d’atteinte tant que le gouvernement restera indifférent aux impacts différenciés selon le genre qu’entraînent ses décisions. Dans cette perspective, la fédération dénonce vivement les récentes attaques contre des programmes collégiaux qui qualifient en grande majorité des femmes, et leur donnent accès à des professions intéressantes et recherchées.

D’abord, il est particulièrement gênant pour le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) de penser éliminer le programme de Bureautique, qui qualifie durablement une grande majorité de femmes en leur offrant des perspectives d’avancement en cours de carrière que le diplôme d’études professionnelles (DEP) du secondaire n’offre pas. Alors que les employeurs s’arrachent les finissantes du diplôme d’études collégiales (DEC), trop peu nombreuses pour pourvoir les postes disponibles, le MES abolit le programme, puis propose une voie de sortie beaucoup moins riche en termes de contenu. La fermeture du programme limiterait une vaste majorité de femmes sur le plan professionnel puisque 90 % de l’effectif étudiant est féminin.

Il est aussi très préoccupant de voir l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ) ― qui représentent une vaste majorité de femmes, revendiquer que l’accès à la profession ne passe plus par des DEC qualifiants du collégial, mais par un diplôme universitaire. La Fédération ne s’oppose pas à la formation universitaire dans ces domaines, mais rappelle qu’elle vise des finalités différentes de celles du DEC et est moins accessible que la formation collégiale, notamment en termes de coûts et de nombre d’établissements qui l’offrent.

« La pandémie a exacerbé le manque criant d’infirmières et d’inhalothérapeutes dans le réseau. Ce n’est pas en mettant de nouveaux freins à l’entrée dans la profession qu’on attirera plus de candidates et qu’on palliera le manque de personnel qualifié dans la profession », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Encore en 2021, on déplore que les femmes soient plus touchées par la précarité financière que les hommes et qu’elles assument également une plus grande part du travail invisible, notamment celui qui est lié à l’organisation familiale. Dans ce contexte, il est contraire à toute logique de priver une majorité d’étudiantes et de futures travailleuses de perspectives d’emploi intéressantes et très accessibles grâce au réseau public des cégeps, qui leur offre un enseignement supérieur gratuit dans toutes les régions du Québec.

Rencontre du Collectif 8 mars avec la ministre Charest : tout simplement décevante

À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, les membres du Collectif 8 mars, qui représente plus de 700 000 femmes au Québec, ont rencontré la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, afin d’échanger avec elle sur les impacts de la pandémie à l’endroit des femmes. Les représentantes du Collectif se disent globalement déçues de cette rencontre et attendaient un engagement formel de la ministre pour prendre des mesures concrètes afin d’enrayer les discriminations systémiques vécues par les femmes et entre les femmes. Si la ministre a reconnu certains impacts causés par la pandémie, le Collectif se questionne sur la volonté du gouvernement d’écouter les femmes et de poser des actions concrètes au-delà des beaux discours.

La pandémie a eu des conséquences désastreuses pour les femmes
Depuis près d’un an, les conséquences de la pandémie de la COVID-19 se sont avérées particulièrement éprouvantes pour les femmes. Leurs conditions de vie et de travail se sont détériorées à vue d’œil, notamment en matière de pertes d’emplois et de revenu, sans compter l’augmentation de la violence envers elles.

La conciliation famille-travail-études-vie personnelle : un défi en temps de pandémie
En outre, les femmes ont vu augmenter leur charge de travail invisible ainsi que leur charge mentale. Au pire de la crise sanitaire, elles ont dû endosser plusieurs fonctions, dont celles de télétravailleuses ou de travailleuses essentielles, d’enseignantes privées, d’éducatrices, de proches aidantes et de responsables de la logistique domestique et familiale.

L’augmentation du salaire minimum est plus que nécessaire
Le revenu des bas salarié-es, qui ont souvent agi comme ressources essentielles pendant la crise sanitaire, est tout simplement insuffisant. Rappelons que 58 % des travailleuses et des travailleurs touchant le salaire minimum sont des femmes. Augmenter le salaire minimum est une façon de reconnaître la juste valeur du travail, de diminuer l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, de réduire la pauvreté, et ainsi de tendre vers plus d’égalité.

Une modernisation du régime de santé qui protège aussi les femmes
La pandémie de COVID-19 a révélé au grand jour les risques, souvent sous-estimés, auxquels plusieurs femmes sont exposées au travail. Il est impératif que la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail protège toutes les travailleuses et qu’elle tienne compte des situations diverses dans lesquelles elles se retrouvent. De plus, il est nécessaire, pour éviter de répéter les erreurs du projet de loi 59, que le gouvernement applique systématiquement l’Analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans l’élaboration de tous ses projets de loi.

Les femmes oubliées dans les mesures du Plan de relance
Malgré ce portrait accablant, le premier ministre François Legault n’était pas présent à la rencontre du Collectif même si l’invitation lui a été lancée des mois en avance. Les femmes, qui subissent lourdement les impacts de la pandémie, semblent avoir été oubliées dans les mesures prévues au budget pour le plan de relance économique. Un an après le début de la pandémie, force est de constater que nous sommes toujours dans l’attente d’un plan qui prend en considération les impacts sur toutes les femmes, particulièrement sur celles qui vivent à la croisée des oppressions, c’est-à-dire les femmes immigrantes et racisées, les femmes noires, les femmes autochtones, les femmes ayant un handicap et les femmes aînées et les personnes LGBTQ+. Si la ministre Charest a mentionné l’existence d’un plan d’action Covid pour les femmes, il n’y a néanmoins aucune information sur son contenu, les mesures qu’il propose ou encore sa date de publication.

Autres actions féministes dans le cadre de la journée du 8 mars
Le Collectif 8 mars invite la population à participer aux événements organisés par FDO (Femmes de diverses origines), soit un webinaire le samedi 6 mars et un rassemblement le dimanche 7 mars à 16 h Place Émilie-Gamelin à Montréal.

À propos du Collectif 8 mars
Le Collectif 8 mars est formé de représentantes provenant de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), du Réseau des Tables régionales de groupes des femmes du Québec, de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), de Femmes de Diverses Origines (FDO), de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Yvan Duceppe, trésorier aux stratégies solidaires

Yvan Duceppe, nouvellement élu à titre de trésorier lors du 66e Congrès de la CSN tenu en janvier 2021, n’en est pas à ses débuts d’implication syndicale dans la défense de la classe ouvrière. En effet, ce comptable professionnel agréé compte à son actif près d’une trentaine d’années d’expérience à titre de conseiller chez MCE Conseils, un des outils collectifs de la confédération mis au service des syndicats dans le maintien et la création d’emplois ainsi que dans l’élaboration de stratégies de développement durable. Une vingtaine d’années passées à la trésorerie de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) s’ajoute au parcours de ce militant hors pair qui comprend très bien le rôle fondamental que joue l’administration et la trésorerie dans le développement d’un syndicalisme combatif et solidaire.

Une révolution formatrice
Grandement inspiré par la Révolution tranquille et la montée du Parti Québécois dans les années 70, Yvan Duceppe commence son cheminement de militant au cours de ses études secondaires en s’impliquant dans la circonscription de nul autre que René Lévesque et en s’investissant corps et âme dans le référendum de 1980. « C’était une autre époque. Le Parti Québécois de 1976 était celui de la loi 101 et d’une panoplie de lois visant à améliorer le sort des travailleuses et des travailleurs, » explique-t-il. « Je suis peut-être nostalgique, mais il s’agissait là de moments très formateurs pour ce qui représente le centre de mon implication syndicale : l’écoute, l’entraide, et la solidarité. »

Après la défaite du camp du oui, Yvan poursuit ses études aux HEC en finances. « J’aime beaucoup les chiffres », nous confie-t-il en souriant. « Lorsque je termine mon bac en 1983, le Québec est en grande récession économique. Je décide donc de prolonger mes études en me plongeant dans la comptabilité publique afin d’obtenir le titre de comptable agréé. »

Quelques années plus tard, il remarque une annonce dans La Presse pour un poste d’analyste financier chez MCE Conseils tout près de chez lui à Longueuil. Il ne connaît pas l’entreprise, mais comme il admire sa mission, il décide de postuler. Lors de son processus d’embauche, il se retrouve devant Léopold Beaulieu, trésorier de la CSN à l’époque et éventuel fondateur de Fondaction, et comprend l’ampleur des défis qui l’attendent. Il accepte le poste et se lance dans une aventure qui marquera sa vie à jamais.

Des conseils stratégiques pour sauver des emplois
Accompagnant surtout les syndicats du secteur privé lors de sa carrière chez MCE Conseils, les dossiers qui l’animent le plus sont ceux où il réussit à « sauver la shop ». Il prend comme exemple le syndicat d’Expro de Salaberry-de-Valleyfield dans les années 90, où l’intervention de la CSN et de MCE Conseils n’a pas seulement aidé à garder les portes de l’usine ouvertes, mais aussi à la moderniser pour la rendre plus sécuritaire pour les personnes qui y travaillent. « Cette bataille qu’on a menée, oui, c’était pour sauver des jobs, mais c’était aussi pour sauver des vies. Puis, par la mise en place d’une coopérative de travailleurs-actionnaires, on souhaitait que les travailleuses et les travailleurs s’approprient des pouvoirs décisionnels sur l’orientation de l’entreprise. »

Yvan Duceppe (4e à gauche) lors de l’ouverture officielle de la scierie Saint-Michel des Saints en 2017:

Plus récemment, il y a eu la relance de la scierie Saint-Michel-des-Saints planifiée à la suite de la fermeture de la multinationale Louisiana Pacific et de son usine de panneaux à copeaux orientés (OSB) en 2007. « Quand Louisiana Pacific a fermé ses portes, c’était la mort annoncée de la petite scierie de Saint-Michel-des-Saints qui approvisionnait cette usine désuète. En fait, cela est arrivé en 2014. Le syndicat et la communauté se sont pris en main et se sont dit : « À qui le bois ? À nous le bois ! » Finalement, l’usine a repris ses activités en 2017. Les prévisions initiales de la création d’une cinquantaine d’emplois se sont révélées trop modestes. En fin de compte, c’est le double du nombre d’emplois attendus qui ont été créés. Pour moi, ça vaut toutes mes paies. »

L’amour du lointain, ou comment conjuguer syndicalisme et environnement
Tout comme son prédécesseur, le dossier de l’environnement et de la lutte contre la crise climatique se retrouve dans ses responsabilités. Il remarque d’ailleurs certains parallèles entre le travail stratégique qu’il menait pour MCE Conseils et ce qui l’attend dans ce dossier chaud.

« La transition juste, si tu ne t’en occupes pas, elle va s’occuper de toi. Il faut prendre les devants, outiller notre monde pour voir clair et viser juste afin de nous assurer que la transition soit équitable et ordonnée. Il ne faut pas la subir, mais plutôt la planifier », prévient Yvan. « Les travailleuses et les travailleurs sont les principaux acteurs de cette lutte. Quand je visitais des usines avant de démarrer un mandat de MCE Conseils, je disais que je connaissais bien les chiffres, mais que je devais m’imprégner du fonctionnement de l’usine. Pour y arriver, j’ai toujours estimé que les travailleurs devaient m’accompagner, puisque ce sont eux les spécialistes de l’usine. C’est essentiel de se servir des cerveaux des gens plutôt que de simplement se fier à leurs bras. Il faut avoir l’humilité de savoir qu’on ne peut pas être spécialiste dans tout, et avoir la sagesse de s’entourer des bonnes personnes, celles qui possèdent la connaissance de la réalité de leur travail et de leur usine. »

Une administration saine, combative et solidaire
En terminant, bien que l’administration et la trésorerie peuvent parfois paraître secondaires à la mobilisation et à la vie syndicale, Yvan Duceppe nous rappelle leur grande importance au bon fonctionnement du mouvement.

« Tous les combats syndicaux se font à partir de ressources. Si tu ne gères pas bien les finances qui te sont confiées, tu vas avoir des problèmes », précise le nouveau trésorier. Et la CSN a le devoir d’outiller les syndicats pour que leur gestion administrative soit plus simple. Aider les syndicats à s’occuper de leurs affaires est un de mes objectifs à titre de trésorier de la confédération. Les finances d’un syndicat servent à la solidarité, et ceux et celles qui les gèrent doivent avoir cette sensibilité. Ce n’est pas uniquement une tâche technique. C’est du militantisme que de veiller à ce que les conditions de travail de nos membres soient préservées et améliorées. C’est toute une mission. »

Rendre la culture vivante possible à nouveau

Le milieu des arts vivants et des arts de la scène a pris acte des avis rendus publics concernant la réouverture des salles de spectacles, des théâtres ainsi que des autres lieux de diffusion. Notre secteur demeure le plus touché par la pandémie en étant fermé au public depuis près d’un an et nous avons appris par l’entremise des médias que l’ouverture des lieux de diffusion était recommandée par la Santé publique depuis novembre. Plus le secteur attend sa réouverture, plus il sera difficile de le relever.

L’APASQ, l’AQAD, la FNCC–CSN, la GMMQ, TRACE et l’UDA souhaitent maintenant que le gouvernement prenne acte des nombreux sacrifices faits par les artistes, les créateurs et les musiciens, et qu’il agisse pour que ceux-ci puissent retourner à la rencontre de leurs publics. Maintenant qu’il est clair que la Santé publique est favorable à une ouverture des salles, le couvre-feu ne devrait pas être un frein à la production ni à la diffusion artistique. Le milieu a réellement besoin d’un signal clair de la part du gouvernement et nous implorons M. Legault d’exprimer rapidement ses intentions quant à la réouverture des salles de spectacle.

Le milieu des arts vivant a toujours fait preuve d’une grande créativité et d’innovation depuis le début de la pandémie. Nous sommes d’avis que tout le monde a son rôle à jouer. Aujourd’hui, nous demandons à tous les acteurs du milieu culturel ainsi qu’au gouvernement de faire preuve d’écoute et de flexibilité afin de favoriser une ouverture pérenne de nos lieux culturels, et ce, dans le plus grand respect des mesures sanitaires en vigueur et du bien collectif.

Citations

« Nous en appelons à la flexibilité et à la résilience de tous les acteurs de la chaîne culturelle. Pour le gouvernement, cela signifie qu’il ne doit pas être rigide dans l’application des programmes de compensation aux diffuseurs afin de permettre des ouvertures immédiates ou ultérieures adaptées à la réalité de chacune des productions. L’aide financière doit se poursuivre, tant pour les productions qui pourront reprendre rapidement en respectant les contraintes imposées par la Santé publique, que pour celles qui prendront plus de temps à pouvoir retrouver leur public. C’est une approche flexible et multilatérale qui nous permettra de sauver les arts vivants, les lieux de diffusion ainsi que nos artistes et créateurs. »

  • Pascale St-Onge, présidente de la FNCC–CSN

« Les décideurs publics doivent pouvoir faire preuve d’ouverture à l’égard des solutions qui sont proposées par le milieu, mais pour ce faire, il faudrait que tous les acteurs soient consultés, incluant les artistes, les créateurs et les professionnels qui sont au cœur de notre vie culturelle, afin que les propositions créatives soient mises sur la table. Cela vaut également pour les professionnels de la Santé publique qui mettent en place des protocoles et des scénarios de réouverture : sans fermer le secteur complet, serait-il possible d’ouvrir les lieux de diffusion et de les fermer à la pièce si une éclosion devait survenir, comme c’est le cas dans la plupart des autres milieux de travail ou scolaires ? »

  • Sophie Prégent, présidente de l’UDA

« La réouverture des salles sera salutaire pour les artistes et les travailleurs culturels sans travail depuis trop longtemps. Nos membres ont à cœur le bien de la population et ils ont le sentiment d’avoir largement contribué à cette lutte collective contre la pandémie, mais les impacts sur nous sont disproportionnés. C’est très difficile pour nous de comprendre que nous sommes toujours à l’arrêt malgré les avis contraires de la Santé publique. Nous souhaitons que le premier ministre applique les recommandations de la Santé publique pour notre secteur. »

  • Luc Fortin, président-directeur général de la GMMQ

« Nous sommes persuadés que le public est prêt à se mettre de la partie en acceptant d’aller voir des spectacles à des moments différents et variés afin de respecter le couvre-feu. Tout le monde peut contribuer à faire de l’ouverture un succès. Rien n’a démontré que les lieux de diffusion et les salles de spectacles étaient des sources de contamination pendant les 45 jours durant lesquels notre secteur a été ouvert au cours de la dernière année. Les mesures sanitaires ont fait leurs preuves. »

  • Viviane Morin, directrice générale de l’APASQ

« Le milieu des arts vivants est très diversifié : si certaines productions majeures ne sont pas encore prêtes à se produire, il y a une foule d’autres types de représentations qui pourraient s’adapter et aller à la rencontre du public rapidement. Rien ne nous empêche, collectivement, d’y aller étape par étape. Le gouvernement doit nous aider à reprendre le travail. »

  • Marie-Eve Gagnon, directrice générale de l’AQAD

« Le public a aussi un réel besoin de renouer avec les arts vivants et de pouvoir quitter sa bulle de temps en temps. Avec le couvre-feu et l’interdiction de rassemblement intérieur, la population devrait être encouragée à fréquenter des lieux publics contrôlés et sécuritaires tels que les lieux de diffusion culturelle. C’est bon pour le moral de tout le monde ! »

  • Shérane Figaro, co-porte-parole de TRACE

Un livre blanc, vraiment ?

Éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

On apprenait cette semaine que des 15 000 places en CPE annoncées par le ministre de la Famille il y a deux ans, seulement 2300 d’entre elles ont pu être créées. Pendant ce temps, 51 000 familles sont toujours en attente d’une place pour leur enfant.

Le financement ne serait donc pas la seule raison du problème, comme c’était le cas sous le règne des libéraux. Ceux-ci avaient profité de leurs quinze années au pouvoir pour favoriser le développement des garderies privées, dont le nombre de places a été multiplié par six de 2010 à 2018 au détriment du développement et de la consolidation des services de garde en CPE ou en milieu familial.

Plusieurs voix se sont fait entendre au cours des derniers jours pour dénoncer la rigidité et la lenteur des procédures d’octroi de subventions au ministère de la Famille. Alors que la construction d’une école s’effectue généralement en 18 mois, il en prend entre 3 et 4 ans pour la construction d’un CPE, un type d’établissement dont l’ampleur et la complexité sont pourtant bien moindres. Pas moins de 17 étapes d’approbation — 17 ! — doivent être traversées.

Qu’on veuille bien faire les choses, nous en sommes. Mais quand le zèle du ministère de la Famille vient brimer la possibilité pour des milliers de parents de bénéficier de milieux de garde subventionnés, c’est toute notre société qui en souffre.

Ce sont toutefois les écarts d’accessibilité énormes entre différents milieux que je trouve, personnellement, encore plus aberrants. Comment expliquer que les résidents de Westmount aient accès, toutes proportions gardées, à deux fois plus de places en CPE que ceux de Montréal-Nord ou de Parc-Extension ?

Les projets de construction de CPE doivent être soumis au gouvernement « par la communauté ». Soit. Mais se pourrait-il qu’une « communauté » comme celle de Westmount, plus que privilégiée sur les plans social et économique, soit plus outillée pour élaborer de tels projets que celles de milieux beaucoup plus défavorisés ?

Poser la question, c’est y répondre.

Il est pourtant de la responsabilité du gouvernement de veiller au développement et à la consolidation du réseau des CPE et d’en assurer un accès équitable à l’ensemble des familles du Québec. Plutôt que de multiplier les étapes d’approbation, les gestionnaires du ministère de la Famille devraient soutenir les communautés dans le développement de leurs projets.

Malheureusement, l’idéologie du « tout-au-privé » du précédent gouvernement semble avoir eu raison du savoir-faire qui existait au ministère de la Famille. Au début des années 2000, qu’on s’en rappelle, c’est entre 8000 et 9000 places en CPE qui étaient créées chaque année.

Lors de l’annonce de la création des maternelles 4 ans, nous avions avisé le gouvernement de notre opposition à une solution mur-à-mur. Nous souhaitions qu’il privilégie la complémentarité des différents réseaux et qu’il tienne pleinement compte des besoins particuliers de l’ensemble des communautés. Entêté et enorgueilli par cette promesse électorale, il a plutôt fait fi de nos mises en garde, avec les conséquences que l’on connaît : les services de garde en milieu familial ont écopé et des milliers d’entre eux ont fermé depuis.

Développement, consolidation et complémentarité des réseaux de services de garde subventionnés, voilà les objectifs qui devraient prévaloir au ministère de la Famille. Au quotidien, les communautés ont besoin d’un appui logistique dans l’élaboration de projets répondant à leurs besoins.

Avant de penser à révolutionner le monde avec un livre blanc, le ministre Mathieu Lacombe doit faire le ménage dans son propre ministère et y ramener l’expertise et le savoir-faire qui y prévalaient lors des premières années de la mise en place du réseau des CPE. En y réduisant la bureaucratie, il permettra aux fonctionnaires qui y œuvrent de consacrer à nouveau leurs énergies à l’appui des communautés — notamment celles qui sont plus vulnérables — dans l’élaboration de leurs projets.

Le ministre Lacombe devra également convaincre ses collègues des Finances et du Trésor de s’attaquer au problème de pénurie de main-d’œuvre reliés aux maigres salaires et aux mauvaises conditions de travail des éducatrices en petite enfance. S’il n’y voit pas rapidement, c’est le réseau des CPE tout entier, ce joyau tant envié par le reste du Canada, qui s’en trouvera grandement fragilisé. De tous les programmes techniques offerts dans nos cégeps, cette formation demeure parmi les moins « rentables », celles dont le salaire figure parmi les plus bas sur le marché du travail. Déjà, les CPE peinent à recruter, et ce problème est en croissance depuis des années. Au manque de places criant, s’ajoute malheureusement un inquiétant manque de personnel.

Encore ici, ce n’est pas le livre blanc annoncé par le ministre Lacombe qui viendra régler cette situation plus que préoccupante.

Se mobiliser pour faire avancer nos revendications

« Jamais bataille n’est perdue pour celle qui se bat toujours ». Cette courte phrase résonne dans la tête de Katia Lelièvre, vice-présidente nouvellement élue au dernier congrès de la CSN, depuis qu’un ancien collègue la lui a lancée au détour d’une conversation. La citation, un brin philosophique, résume à elle seule l’engagement qui anime la militante depuis la naissance de son fils, il y a 28 ans.

À cette période de sa vie, Katia doit subvenir aux besoins de son garçon. Elle cogne à la porte de la Maison de la famille de Bois-des-Filion, un organisme communautaire de la banlieue nord de Montréal qui tente d’apaiser l’insécurité alimentaire des plus démunis. En préparant des plats à un dollar dans les casseroles de la cuisine collective mijotent aussi les ingrédients du militantisme dans le cœur de la jeune maman. Elle découvre l’entraide, la camaraderie, la solidarité et l’implication.

Rapidement, elle se retrouve responsable de la cuisine collective. « Personne ne voulait s’en occuper », rigole Katia, fidèle au franc-parler qui la caractérise. En s’impliquant au sein du conseil d’administration, elle en scrute les états financiers. La comptabilité créative de l’organisme permettait à 1 + 1 d’égaler 3. « J’ai posé plein de questions et tout le monde a démissionné. Je me suis retrouvée seule au CA », se rappelle-t-elle. En collaboration, les mères bénévoles se sont alors mobilisées pour trouver des subventions, des dons et un nouveau local. Menacée de fermeture à l’époque, la cuisine communautaire a toujours pignon sur rue, aujourd’hui.

Apprendre grâce au SEMB-SAQ–CSN
Cette première expérience de mobilisation et sa soif de justice lui serviront lorsqu’elle sera embauchée comme caissière-vendeuse à la SAQ, près de chez elle. Dans une lettre publiée dans le journal syndical et expédiée au président de la SAQ, la militante s’insurge contre des avantages conférés aux cadres, avantages pourtant retirés aux membres retraités de la société d’État.

S’amorce une implication active et formatrice auprès du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN), d’abord localement, puis régionalement et, par la suite, à la vice-présidence avec les responsabilités de la vie syndicale, des communications et de la mobilisation. « Ce sont les tâches que j’ai préférées parmi toutes », admet Katia, qui a aussi adoré présider le syndicat pendant quelques années. « Nous, on est dans 400 lieux de travail différents, aux quatre coins du Québec, avec des réalités diverses. La clé pour établir une cohésion de groupe, briser l’isolement et consolider la solidarité, c’est la communication. Grâce aux médias sociaux et à la vidéo, nous avons pu nous parler et relever le défi. » Elle cite en exemples l’instantanéité des médias sociaux et la force des capsules vidéo comme gages de succès pour mobiliser les membres, lors de la plus récente négociation du SEMB-SAQ–CSN en 2018.

Un syndicalisme encore plus combatif
La vice-présidente de la CSN entame son nouveau mandat avec la promesse d’un style de syndicalisme encore plus combatif, ancré dans toutes les régions. Elle voudrait impliquer davantage les membres de partout dans leur prise en charge, pour qu’ils se mobilisent. Ça passe par la communication et la simplification des messages, selon elle, pour que les membres se sentent concernés.

Celle qui s’occupera également de la vie syndicale à la CSN rappelle qu’il faut se battre également entre les négociations. « Il faut maintenir le feu entre deux négos. Parce que si on le laisse s’éteindre, il faut le repartir avec du petit bois, pis c’est de l’ouvrage ! », image-t-elle.

L’enseignement à distance post-pandémie : pas si vite, dit la FNEEQ

À la suite de la publication aujourd’hui d’une lettre adressée à la ministre Danielle McCann et signée par 55 professeur-es de cégep, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), qui représente environ 85 % des gens enseignant dans le réseau collégial public, tient à réitérer la valeur inestimable de l’enseignement en présence et ses avantages incomparables.  

La dernière année a obligé le personnel enseignant à improviser et à multiplier les efforts pour diminuer sensiblement l’impact de la pandémie sur la réussite ainsi que sur la persévérance des étudiantes et des étudiants. Cela dit, elle n’a pas encore permis de réfléchir collectivement aux balises essentielles à l’intérieur desquelles le développement de l’enseignement à distance doit s’effectuer. La façon de dispenser la formation collégiale, par exemple en présence ou non, ou de manière synchrone ou asynchrone, doit pouvoir se justifier tant sur le plan de la pédagogie que sur celui du développement psychosocial. De plus, la fédération estime qu’il s’avère impératif que la qualité et la richesse des interactions ainsi que le développement de compétences relationnelles et communicationnelles restent des critères d’appréciation aussi importants pour les cours à distance que pour ceux qui sont donnés en mode présentiel. Il importe que tout mode de transmission de la formation vise le développement des personnes sur les plans humain, citoyen et professionnel de même que le développement de leur autonomie et de leur esprit critique.

 « La pandémie a fait en sorte que la formation en mode non présentiel s’impose sans réelle réflexion, préparation ou discussion. En raison de son caractère inédit, cette période ne doit surtout pas servir de modèle pour l’avenir de l’enseignement supérieur », souligne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN. « Nous ne sommes pas encore sortis de la crise sanitaire et il serait prématuré, autant pour le ministère de l’Enseignement supérieur que pour les directions d’établissement, de prendre des décisions à cet égard, notamment en lien avec l’instauration généralisée de l’enseignement comodal. »

 Afin de permettre à toutes les enseignantes et à tous les enseignants de se faire entendre, la fédération demande que les conventions collectives prévoient la consultation des instances concernées (département, comité de programme, etc.) avant toute mise en œuvre d’un enseignement à distance.

« Nous ignorons encore où nous en serons l’automne prochain et la contribution de toutes les personnes préoccupées par l’avenir de l’enseignement supérieur est la bienvenue. Ce type de discussion doit se faire dans les lieux appropriés, par exemple les assemblées générales », conclut Yves de Repentigny, vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.

Le musée des horreurs

Éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

Des employé-es forcés de travailler malgré la fièvre. Des tâches de désinfection abandonnées pendant plus d’une semaine après que la responsable, malade, ait dû s’isoler. Des mouvements de personnel fréquents entre zones chaudes et froides. Une absence de mesures de prévention et de contrôle des infections. Des équipements en nombre tellement insuffisant qu’on doit se les partager entre collègues.

La lecture de l’enquête menée par les journalistes de La Presse ce matin donne froid dans le dos. Après avoir épluché les rapports d’intervention de la CNESST dans plus de 230 centres d’hébergement et autres établissements du réseau de la santé et des services sociaux, les journalistes en arrivent à la conclusion que 20 % d’entre eux ont enfreint les règles sanitaires les plus élémentaires.

À 20 %, le gouvernement ne peut prétendre qu’il ne s’agit que d’exceptions isolées.

Le gouvernement François Legault aura beau prétexter que nous sommes devant une pandémie à l’ampleur inégalée, un fait indéniable demeure : notre réseau de santé et de services sociaux, qui souffre de sous-financement chronique depuis des années, n’était absolument pas en mesure de répondre au moindre soubresaut.

Pourtant, l’ensemble des exemples révélés par les journalistes – qui relèveraient de l’anecdote s’ils n’étaient à ce point généralisés – ont pour origine deux causes bien documentées : le manque flagrant de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que l’hypercentralisation de son mode de gestion.

Deux réalités que les syndicats de la CSN dénoncent depuis des années. Encore faudrait-il que le gouvernement, peu importe sa couleur, prenne la peine de les écouter.

Depuis plusieurs négociations, les travailleuses et les travailleurs du secteur public martèlent que les faibles salaires et les surcharges de travail constituent le principal frein au recrutement de personnel en éducation et en santé. Quand un gestionnaire doit forcer quelqu’un à faire des heures supplémentaires ou à travailler malgré la présence de symptômes reliés à la COVID, quand on tolère involontairement que la désinfection d’un centre d’hébergement ne soit plus assurée en pleine pandémie, c’est qu’on n’a tout simplement pas les bras nécessaires.

« Des infirmières, on ne peut pas en inventer ! », se défendait François Legault mardi dernier. On lui accorde. Mais encore faudrait-il être en mesure d’attirer le personnel soignant avec des conditions de travail intéressantes, et de faire de même pour l’ensemble des employé-es du secteur public, frappés, à des degrés divers, par des problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre.

Quant au manque d’équipement de protection individuelle, François Legault persiste et signe : le Québec n’en a jamais manqué, il n’y a que des établissements qui « n’ont pas levé la main » pour signifier la rupture de stock. Tout pourrait s’expliquer par… l’absence d’un patron dans chaque CHSLD.

À défaut d’être naïfs, les membres de la CSN n’ont pas non plus cette magique poignée dans le dos.

Depuis 20 ans, le réseau de la santé et des services sociaux a été de deux opérations successives visant à centraliser la gestion et la prise de décision des établissements. D’abord, sous le règne Charest-Couillard, la fusion des CHSLD, des CLSC et des centres hospitaliers au début des années 2000, varlopant au passage les Agences régionales de santé et de services sociaux. Puis, sous celui de Couillard-Barrette, la mise en œuvre de la malheureuse réforme portant le nom de ce dernier. Cette hypercentralisation des pouvoirs s’est également accompagnée d’une vision de plus en plus hospitalo-centriste du réseau, confirmant ainsi l’hégémonie des médecins, tant généralistes que spécialistes.

Doit-on rappeler au gouvernement la première décision qu’il a prise en mars dernier ? Libérer 6000 lits en centres hospitaliers afin de pouvoir accueillir les éventuels malades de la COVID. Les directions des CIUSSS et des CISSS ont ainsi déplacé des milliers de patientes et de patients soignés dans des hôpitaux… dans des CHSLD où aucune mesure n’avait été prise.

Dès le printemps dernier, la CSN a exigé une commission d’enquête publique sur les conditions d’hébergement des aîné-es et l’ensemble de la gestion chaotique de la pandémie par le réseau de la santé et des services sociaux. Après avoir – bien brièvement – évoqué la nationalisation des centres d’hébergement privés, le gouvernement de François Legault a préféré confier à la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, le soin d’examiner la performance du réseau lors de la première vague.

Plusieurs ont été déçus de ce mandat édulcoré. Pourtant, la commissaire pourra jouir de presque tous les pouvoirs conférés à une commission d’enquête. Encore faudra-t-il qu’elle les utilise à bon escient. La CSN y veillera.