L’APTS, la CSN, la CSQ et la FTQ répondent publiquement à la campagne publicitaire trompeuse du gouvernement Legault

Représentant près de 400 000 travailleuses et travailleurs œuvrant quotidiennement en santé et services sociaux, en éducation et dans les organismes gouvernementaux, l’APTS, la CSN, la CSQ et la FTQ annoncent le déploiement d’une campagne publicitaire d’envergure interpellant le grand public sur l’insuffisance des offres du gouvernement de François Legault dans la présente négociation des conventions collectives touchant le secteur public.

Sur le thème « Sans nous, il n’y a plus de services publics », la campagne lancée aujourd’hui par les organisations syndicales dénonce les faussetés colportées par le gouvernement Legault à propos des syndicats et de ses offres, tout en invoquant l’insuffisance de la proposition salariale actuelle de 5 % d’augmentation, échelonnée sur trois ans, pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs qui se dévouent au quotidien pour la population du Québec. Les organisations syndicales considèrent que le gouvernement maquille la vérité dans l’objectif de cacher la faiblesse de ses offres à l’endroit du personnel œuvrant dans les services, composé d’une forte majorité de femmes. « Les travailleuses et les travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux sont les piliers des services publics. Le gouvernement n’écoute pas les signaux d’alarme que nous lançons depuis plusieurs années. De toute évidence, le premier ministre François Legault ne prend pas la pleine mesure de la crise qui sévit dans les différents réseaux responsables d’offrir des services à la population, et nous n’avons d’autre choix que de lancer un cri du cœur pour les milliers de femmes et d’hommes qui portent nos établissements sur leurs épaules, chaque jour. Sans nous, tout s’écroule. Notre message au gouvernement est sans équivoque : la vraie reconnaissance de nos emplois passe par un salaire juste et équitable et de meilleures conditions de travail », clament les porte-parole de l’APTS, de la CSN, de la CSQ et de la FTQ.

Des offres insuffisantes
Malgré des négociations qui s’étirent depuis plus de 18 mois, l’APTS, la CSN, la CSQ et la FTQ constatent avec exaspération que le gouvernement reste campé sur ses positions de départ, sans donner de marge de manœuvre qui permettrait une véritable négociation. « Alors que la pandémie est venue mettre en lumière l’extrême fragilité des réseaux, monsieur Legault et ses ministres s’entêtent à vouloir imposer leurs seules priorités électorales; des priorités déconnectées de la crise qui sévit dans l’ensemble des secteurs des services publics. Pour défendre ses offres d’augmentation insuffisantes de 5 %, échelonnées sur trois ans, soit les mêmes offres présentées par Québec en décembre 2019, le gouvernement se rabat sur son argument ultime, celui que réitèrent les décideurs lors de chaque négociation : la capacité de payer des Québécoises et Québécois. Pourtant, la vraie question à se poser n’est-elle pas : le Québec a-t-il les moyens de se priver de services publics accessibles et de qualité? Parce que, sans nous, il n’y a plus de services publics », concluent les représentants des organisations syndicales.

Les publicités seront diffusées à partir du 12 mai sur les ondes radio, télé ainsi que dans les médias imprimés et numériques.

Pour plus de détails sur la campagne de l’APTS, de la CSN, de la CSQ et de la FTQ : https://sansnouspasde.quebec/.

Violence envers les femmes : il est grand temps d’agir

OPINIONS / Il y a quelques semaines, le gouvernement québécois a annoncé un investissement de 223 millions de dollars pour lutter contre la violence conjugale envers les femmes. Cette annonce est tout à fait louable, car une femme qui vit une telle violence en est une de trop. C’est tout de suite, alors que le mois de mai est désormais le mois de la sensibilisation et de la prévention des agressions à caractère sexuel, que nous devons donner aux victimes un véritable accès aux services et à la justice afin de mieux les accompagner dans ces moments difficiles de leur vie.

Nous, représentantes syndicales de la CSN qui sommes en contact avec beaucoup de travailleuses, constatons que l’actuelle succession de féminicides et la médiatisation du procès de Gilbert Rozon amènent plusieurs de nos membres à se confier à nous. Ces personnes nous racontent les violences vécues, que ce soit dans le cadre d’une relation intime ou au travail. Celles dont l’emploi n’est pas stable peinent encore plus à faire valoir leurs droits. Quand dénoncer peut rimer avec jeûner, elles y réfléchissent à deux fois avant de passer à l’acte.

Larguées par le système
Ces femmes qui nous interpellent nous disent souvent se sentir abandonnées par le système. Elles lui reprochent notamment de les laisser se débrouiller seules avec le cortège d’erreurs qui peut s’ensuivre ou de leur barrer tout simplement la route dans leur quête vers une véritable justice. Devant la difficulté de se faire entendre par cette justice trop imparfaite, plusieurs se tournent vers le tribunal du Web. Malheureusement, cette tribune qu’elles utilisent pour tenter de mettre un baume sur leurs plaies et faire la paix avec leur malheureuse expérience peut les plonger dans des situations périlleuses, comme le vivent actuellement les initiatrices de la page Facebook Dis Son Nom. Ces dénonciations sont toutefois pleines d’enseignement et traduisent une volonté de ces femmes de se libérer de leur boulet. Un vent de changement souffle! Ne fermons pas les yeux quand elles sortent de l’ombre pour dévoiler sur la place publique les préjudices qu’elles subissent. L’heure n’est plus aux études de toutes sortes : le gouvernement a le devoir d’agir et de leur offrir les moyens d’obtenir une vraie justice. Et il doit le faire maintenant.

Écouter les femmes du terrain
En avril 2019, un comité formé de spécialistes des questions de violences conjugale et sexuelle a été mandaté pour réfléchir à la question et y apporter des pistes de solution. Dans son rapport final dévoilé en décembre dernier, ledit comité a proposé 190 recommandations toutes plus pertinentes les unes que les autres pour contrer le fléau des violences à l’endroit des femmes. Parmi celles-ci, notons la mise en place d’un tribunal spécialisé en matière d’agressions sexuelles et de violence conjugale qui aurait comme tâche de développer une expertise et une approche particulières concernant ces questions omniprésentes dans notre société. Lors de la mise sur pied d’un groupe de travail visant à évaluer la faisabilité de cette recommandation phare du rapport, le ministre de la Justice Jolin-Barrette n’a pas cru bon d’intégrer à l’exercice les intervenantes de première ligne. Ce faisant, il n’entend que d’une oreille les vœux des autrices du rapport et des groupes de femmes œuvrant sur le terrain. Erreur! On ne bâtit pas une maison en négligeant les fondations et en commençant par le toit: ces groupes sont les mieux placés pour connaître les écueils rencontrés par les victimes de violences. S’en tenir à la recommandation telle que formulée aurait démontré une réelle intention de répondre aux revendications des femmes. Le ministre attache manifestement une grande importance à la lutte qu’il souhaite mener contre les violences faites aux femmes et pour une justice plus humaine et équitable. La reconnaissance de l’apport incontournable de femmes du terrain serait un grand pas dans la mise en action de ce rapport.

Avec ces 190 recommandations, nous avons en main tous les outils pour que les femmes prises dans les filets de la violence sexuelle ou de la violence conjugale puissent emprunter la voie la mieux adaptée à leur situation. Grâce à une réelle volonté politique du gouvernement, elles pourront enfin bénéficier du grand principe du droit à l’égalité de traitement devant la loi.

Annick Charette
Secrétaire générale-trésorière de la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN et plaignante dans le procès de Gilbert Rozon

Caroline Senneville
Vice-présidente de la CSN

Katia Lelièvre
Vice-présidente de la CSN

Réforme des lois sur le statut de l’artiste: des engagements qui rassurent le secteur culturel

L’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, la SARTEC, TRACE, l’UDA et l’UNEQ saluent l’engagement des parlementaires de l’Assemblée nationale qui ont adopté aujourd’hui à l’unanimité la motion reconnaissant que les artistes ont été durement touchés par la pandémie et que leur travail exceptionnel doit être mieux encadré par une réforme en profondeur des Lois sur le statut de l’artiste.

Constatant jour après jour, données concrètes à l’appui, que les deux lois actuelles ne parviennent pas à améliorer les conditions socio-économiques des artistes — alors que c’est leur raison d’être — les organisations réclament une révision majeure de ces lois depuis plusieurs décennies et ont déposé au ministère des Communications et de la Culture des mémoires détaillés allant tous dans ce sens, en février dernier.

La pandémie ayant subitement aggravé une situation déjà extrêmement précaire pour les artistes, créateurs et professionnels de la culture, il y a, plus que jamais, urgence d’agir afin d’assurer la pérennité de notre culture et de permettre à celles et ceux qui lui donnent une âme de gagner leur vie adéquatement. Ainsi, nous sommes rassurés par les déclarations de la ministre Nathalie Roy qui s’est engagée, encore aujourd’hui, à respecter les promesses de son gouvernement de déposer un projet de loi et de régler cet enjeu durant son mandat actuel.

En cette matière, notre regroupement, qui représente quelque 26 000 membres, réitère sans réserve son entière collaboration afin de mener à bien cette réforme essentielle dès maintenant. Les Lois sur le statut de l’artiste ont été conçues pour les artistes, qui sont les mieux placés pour connaître leurs réalités et leurs besoins.

Nous sommes impatients de discuter avec la ministre Roy afin d’accélérer les travaux de son ministère, malgré la pandémie, pour aboutir à un dépôt de son projet de loi dès la rentrée de l’Assemblée nationale l’automne prochain, et nous comptons sur l’appui de tous les députés afin qu’une nouvelle loi soit promulguée avant les prochaines élections.

Le personnel syndiqué des CPE de la FSSS–CSN accentue la pression

Aux prises avec un problème aggravé de pénurie de main-d’œuvre, les travailleuses et les travailleurs des centres de la petite enfance, représentés par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), se dotent de mandats forts partout au Québec, pour accentuer les moyens de pression sur le gouvernement Legault.

«Ce gouvernement promet de créer de nouvelles places, mais sait très bien que cet objectif est inatteignable dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qualifiée en CPE, exacerbée depuis un an par la pandémie. Une seule solution permettra de retenir ou d’attirer des ressources : de meilleures conditions de travail», explique logiquement Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS–CSN.

Or, au détriment des familles québécoises, les demandes patronales qui viennent d’être déposées à la table de négociation nationale s’inscrivent en parfaite contradiction avec la volonté de mettre un terme à la pénurie. «Les demandes formulées visent à presser le citron davantage et ainsi détériorer les conditions de travail de celles et ceux qui éduquent nos tout-petits. Cette stratégie contreproductive risquerait de décourager d’éventuelles recrues et de pousser vers la sortie les personnes épuisées et sous-payées qui tiennent le réseau à bout de bras », ajoute Stéphanie Vachon.

Ainsi, au cours des prochaines semaines, les parents seront informés de l’escalade des moyens de pression et seront appelés à appuyer les travailleuses et les travailleurs des centres de la petite enfance dans leurs démarches pour bonifier et assurer la pérennité du réseau des CPE.

Des demandes légitimes pour stopper la pénurie

Les travailleuses et les travailleurs des centres de la petite enfance demandent, entre autres, une augmentation salariale équitable comparativement à une formation du même niveau dans le réseau de l’éducation. Aussi, elles souhaitent plus de moyens pour donner de meilleurs services aux enfants, dont du temps pour mieux planifier, pour remplir le dossier de l’enfant et pour soutenir les enfants à besoins particuliers. Il faut également faire respecter le ratio éducatrices/enfants en tout temps.

«Avec le transfert prochain de 6 milliards de dollars du gouvernement fédéral, le gouvernement Legault a plus que jamais les moyens de mieux répondre aux besoins des familles québécoises qui nécessitent plus de places en CPE et de meilleurs services grâce au personnel qualifié», conclut Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Réforme de la DPJ : le gouvernement doit agir dès maintenant

La CSN se réjouit de l’accueil favorable qu’a réservé le gouvernement du Québec au rapport final de la commission Laurent, déposé lundi. « L’heure n’est plus à la réflexion, mais bien à l’action. Il faut agir rapidement pour le bien des enfants du Québec. Il doit y avoir un avant et un après commission Laurent », souligne d’emblée le vice-président de la CSN, David Bergeron-Cyr.

La CSN salue au passage le travail d’enquête colossal abattu par l’équipe de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse. Plusieurs constats et recommandations détaillés par la commission Laurent sont en parfaite harmonie avec les demandes formulées par la CSN, à la suite d’une enquête menée auprès de ses membres et de ses organisations affiliées.

Le rapport de la commission insiste notamment sur la nécessité d’agir en amont pour le bien-être des enfants. Parmi les recommandations émises, on y retrouve en outre celles qui visent à favoriser la prévention, à revoir la gouvernance et la structure des services aux jeunes en difficulté, à rehausser et à protéger les budgets dédiés aux services aux jeunes, et à s’attaquer impérativement au problème de surreprésentation des enfants noirs et des enfants autochtones en protection de la jeunesse. Le volumineux rapport énonce également la nécessité d’améliorer l’organisation du travail, de reconnaître la pratique spécialisée en protection de la jeunesse, de revoir la charge de travail des intervenantes et intervenants et d’assurer leur sécurité physique et psychologique.

Des promesses à tenir

La CSN va s’assurer que les promesses faites par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, ne soient pas que des paroles et que le groupe d’action interministériel soit efficace. La qualité et la stabilité des services aux jeunes en difficulté passent impérativement par la qualité des conditions de pratique et de travail des intervenantes et des intervenants du milieu.

« Les enfants du Québec méritent mieux que le sous-investissement et la désorganisation qui gangrènent notre système, depuis des décennies d’austérité. Les travailleuses et les travailleurs du réseau sont épuisés, mais certainement pas désabusés. Le gouvernement doit leur donner les moyens de mieux protéger nos enfants, comme ils y ont droit », conclut David Bergeron-Cyr.

Salaire minimum à 15$ l’heure : qu’attend le Québec ?

Alors que le gouvernement canadien annonce son intention d’établir un salaire minimum fédéral de 15 $ l’heure, le gouvernement du Québec continue de traîner de la patte dans le dossier avec une hausse ridicule de 40 cents du salaire minimum. La campagne 5-10-15 s’explique mal ce refus d’aider les travailleuses et travailleurs à bas salaire à sortir de la pauvreté.

Rappelons que l’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure fait partie des mesures annoncées dans le dernier budget du gouvernement canadien pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs sous sa juridiction de « gagner leur vie décemment ». Il s’est engagé à déposer un projet de loi en ce sens. Pendant ce temps, au Québec, le salaire minimum passera de 13,10 $ à 13,50 $ l’heure le 1er mai.

La co-porte-parole de la campagne 5-10-15, Virginie Larivière, ne comprend pas cette différence d’approche. « Le discours du gouvernement du Québec veut que l’emploi soit la voie la plus sûre pour sortir de la pauvreté. Pourtant, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, refuse d’offrir un salaire minimum en conséquence ! Une augmentation de 40 cents du salaire minimum représente tout juste une augmentation de 14 $ par semaine pour une personne qui travaille 35 heures ! C’est nettement insuffisant pour permettre aux gens de sortir de la pauvreté ! »

Mélanie Gauvin, également porte-parole de la campagne 5-10-15, ajoute : « Ce sont environ 446 000 personnes qui gagnent moins de 15 $ l’heure au Québec. Comme la majorité n’est pas syndiquée, ces travailleuses et travailleurs dépendent du gouvernement pour voir leur situation s’améliorer. Il est plus que temps que le salaire minimum passe à 15 $ l’heure. »

Voilà maintenant cinq ans que la campagne 5-10-15 porte cette revendication d’un salaire minimum à 15 $ l’heure. Plus que jamais, ce taux horaire représente le seuil minimal à atteindre, un seuil qui aurait dû être franchi il y a longtemps. Pour les membres de la campagne 5-10-15, il est évident que le gouvernement devrait d’ores et déjà s’intéresser à des études comme celle publiée le 28 avril par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), qui fait la démonstration que le salaire minimum devrait dépasser les 15 $ l’heure pour permettre aux travailleuses et travailleurs de sortir de la pauvreté.

À de nombreuses reprises pendant la crise sanitaire, le gouvernement a chanté les louanges des travailleuses et travailleurs à bas salaire comme les préposé∙e∙s aux bénéficiaires, le personnel d’entretien, les commis d’épicerie, etc. Plusieurs ont pu obtenir des primes temporaires au plus fort de la crise. Mais cela ne saurait remplacer un salaire régulier qui permette de vivre dignement, un salaire d’au moins 15 $ l’heure.

Quelques données sur le salaire minimum
En 2019, l’Institut de la statistique du Québec indiquait que 74 % des personnes rémunérées au salaire minimum occupaient un emploi permanent et 58 % étaient des femmes. Selon le gouvernement, 287 000 personnes gagnent 13,50 $ l’heure ou moins.

À propos de la campagne 5-10-15
La campagne 5-10-15 mise sur trois grandes revendications : connaître son horaire cinq jours à l’avance, avoir 10 jours de congé payé en cas de maladie ou de responsabilités familiales et un salaire minimum de 15 $ l’heure.

Les sept organisations membres de la campagne sont : le Front de défense des non-syndiquéEs, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Malgré 173 morts, le gouvernement s’entête à faire reculer le Québec

En cette Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail, le Québec pleure les 173 personnes qui ont perdu la vie en 2020 en tentant de la gagner. La province se souvient aussi de tous ceux et celles qui se sont blessés en travaillant. En cette année de pandémie, la CSN exprime également sa solidarité avec les victimes de la COVID-19, virus souvent propagé au travail.

« Ayons une pensée pour les 40 000 personnes des secteurs de la santé et des services sociaux, et tout le personnel qui participe à l’éducation de nos enfants, bien souvent des femmes, qui ont contracté le virus. N’oublions pas, non plus, les milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur privé qui ont souffert de la maladie », rappelle David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN. Pour l’ensemble de ces gens, la CSN encourage ses membres, ses syndicats et ses organisations affiliées à observer une minute de silence à 10 heures, aujourd’hui, dans tous les milieux de travail.

«C’est quand même ironique qu’au cœur de cette funeste tragédie sanitaire, le gouvernement ne profite pas de l’occasion pour aller plus loin en matière de protection avec sa réforme en santé-sécurité. Le PL-59 fait reculer les droits des travailleuses et des travailleurs en limitant l’indemnisation et en reculant sur des acquis en prévention pour certains secteurs », s’indigne David Bergeron-Cyr.

En effet, la réforme va compliquer et judiciariser la réadaptation des victimes en échange de trop maigres avancées en prévention. Pire encore, l’abolition des groupes prioritaires prévus par la loi actuelle privera les milieux de travail industriels des mécanismes éprouvés depuis les 40 dernières années.

« La prévention, c’est non négociable. Ce qu’il faut, pour que le Québec cesse d’être le cancre en matière de santé-sécurité au Canada, est plutôt de ne pas seulement étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail, mais également leur donner tous les outils nécessaires à leur prise en charge. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas devenir les victimes de la réforme qui semble plutôt vouloir économiser sur leur dos », déplore le vice-président de la centrale.

Des conséquences pour longtemps  

Il est minuit moins une pour bonifier le projet de loi 59, toujours à l’étude. À quand, par exemple, une vraie reconnaissance des problèmes d’épuisement au travail ? Quand va-t-on répandre les mécanismes de prévention efficaces, décentralisés avec des moyens encadrés pour les faire fonctionner ? Quand va-t-on admettre que lorsque le travail nous blesse, physiquement et psychologiquement, il faut le reconnaitre, sans tracasseries administratives ?

« Il aura fallu 40 ans pour accoucher d’une nécessaire réforme en santé-sécurité au travail. Nous sommes en train de rater un rendez-vous historique. Les conséquences du PL-59 risquent de nous affliger collectivement pour longtemps. Cette réforme ne doit pas être un affront à la mémoire des disparu-es dont nous nous souvenons en ce 28 avril », conclut-il.

Les quatre centrales syndicales s’unissent pour freiner les reculs en santé et sécurité

À quelques jours de la reprise de l’étude détaillée du projet de loi no 59 sur la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Centrale des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) unissent leur voix pour dénoncer les reculs prévus dans le projet de loi du ministre Jean Boulet. Lors d’une conférence de presse virtuelle, les quatre chefs syndicaux ont fait le point sur les prochains sujets qui seront débattus en commission et qui auront un impact considérable sur la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses du Québec.

La liste des maladies professionnelles désuète

Mardi, dès la reprise des travaux sur l’étude détaillée du projet de loi no 59, les parlementaires trancheront sur la question de la liste des maladies professionnelles qui donne droit à une présomption pour la reconnaissance d’une lésion professionnelle. Or, cette liste de maladies n’a pas été mise à jour depuis 40 ans. Les centrales demandent que cette liste soit mise à jour et qu’elle tienne compte des avancées scientifiques plutôt que de la recherche d’économie des employeurs.

« Non seulement tout le monde s’entend pour dire que la liste des maladies professionnelles est désuète, mais aussi sur la façon de l’actualiser. En effet, les plus importantes associations patronales et les centrales syndicales du Québec se sont entendues au Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre en 2017 sur une façon adéquate de faire cette mise à jour et d’en assurer l’actualisation par la suite. Or, le ministre Boulet a choisi d’ignorer ce consensus et, en plus, d’ajouter des critères qui empêchent de fait l’accès à la présomption pour certaines maladies, dont la surdité. Les enjeux sont si grands pour les victimes de lésions professionnelles, on doit leur venir en aide et non leur ajouter des obstacles additionnels », dénonce Luc Vachon, président de la CSD.

La prévention mise à mal

Plutôt qu’étendre ce qui fonctionne pour les groupes prioritaires à tous les milieux de travail, la nouvelle mouture du projet de loi abolit les minimums prévus au bon fonctionnement des comités de santé et sécurité et retire aux travailleuses et aux travailleurs le droit de regard sur l’adoption du programme de prévention et sur le choix du médecin chargé de la santé au travail. Alors que la Loi sur la santé et la sécurité du travail est une loi d’ordre public, la responsabilité sera envoyée vers la négociation entre les parties avec à la clef, une possible contestation devant les tribunaux de la décision de la CNESST. On risque ainsi de judiciariser davantage la santé et la sécurité.

« Les travailleuses et les travailleurs du Québec devront maintenant négocier la protection de leur santé et sécurité en même temps que leurs salaires. C’est inacceptable! Ajoutons à cela l’ajout du critère de multiétablissement qui permet à un employeur d’appliquer des mesures de prévention de manière unilatérale dans tous ses établissements, peu importe la diversité et la complexité de leurs enjeux respectifs. L’objectif des mesures de prévention est de répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs et de garder comme priorité leur protection! », ajoute Jacques Letourneau, président de la CSN.

La santé psychologique : un enjeu incontournable

Les risques psychosociaux sont un véritable problème dans les milieux de travail du Québec. Alors que les lésions professionnelles d’ordre psychologique ne font qu’augmenter, particulièrement dans les métiers à prédominance féminine, le ministre doit s’assurer que les acteurs des milieux de travail puissent les prévenir et les indemniser.  « Bien que certains termes faisant référence à la santé psychologique soient introduits dans le projet de loi, rien ne permettra réellement d’améliorer la situation si nous n’avons pas les mécanismes de prévention paritaires suffisants et des mesures concrètes facilitant la reconnaissance de ces lésions psychologiques. Notre souhait est que l’importance d’assurer la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs se reflète dans le projet de loi et de façon concrète. Il faut que nous ayons collectivement les moyens d’agir », souligne Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

Le secteur de la construction : rien de réglé

La construction est une industrie dangereuse. En ce qui concerne les décès, elle est chaque année surreprésentée, comptant 20 % des décès alors que l’industrie n’emploie que 5 % de la main-d’œuvre du Québec. Cela fait 40 ans que la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne prévoit pas de mécanismes de prévention pour la construction. Le projet de loi no 59 introduit des mécanismes de prévention, mais ne s’assure pas qu’ils puissent être fonctionnels sur le terrain. Les représentants en santé et en sécurité doivent être indépendants des employeurs pour pouvoir intervenir librement et réellement représenter les intérêts des travailleurs et travailleuses à risque. « Le ministre Boulet ne tient pas compte de la précarité de l’emploi et de la facilité pour l’employeur de mettre un terme au lien d’emploi si la personne ose revendiquer plus de prévention. Le mécanisme d’application pour l’élection d’un représentant à la prévention ne tient pas plus compte de la rapidité avec laquelle un chantier de construction évolue. Si le ministre veut vraiment sauver des vies, il doit assurer une indépendance et une stabilité dans les représentants à la prévention dans le secteur de la construction en instaurant une législation qui met sur pieds une représentation syndicale des travailleurs et des travailleuses de ce secteur. Sinon, ce n’est que de la poudre aux yeux », conclut Daniel Boyer, président de la FTQ.

Les conductrices et conducteurs d’autobus scolaires doivent aussi être vaccinés en priorité

La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), qui représente plus de 3000 conductrices et conducteurs de véhicules scolaires provenant d’une dizaine de régions du Québec, exige que ces derniers soient inclus dans la liste des travailleurs essentiels qui recevront prioritairement le vaccin contre la COVID-19 dans les prochaines semaines.

« Le personnel des écoles fait partie de cette liste. Les conductrices et conducteurs d’autobus et de berlines scolaires doivent être considérés au même niveau de risque que les salarié-es qui donnent des services directs aux élèves dans les écoles. Ils doivent donc être vaccinés en priorité comme eux. C’est un non-sens qu’ils soient exclus de cette catégorie à l’heure actuelle. C’est même insultant », déclare Stephen P. Gauley, président du secteur du transport scolaire de la FEESP–CSN.

M. Gauley rappelle que les autobus et les berlines scolaires sont des espaces fermés, peu ventilés. Les conductrices et conducteurs côtoient aussi des centaines d’élèves différents chaque jour en raison des multiples circuits qu’ils effectuent matin et soir. « La distanciation sociale dans les autobus est impossible. La plupart des conductrices et conducteurs n’ont pas de plexiglas pour les protéger et ont des contacts à moins de deux mètres pendant plus de quinze minutes avec les élèves en raison du fait que les bancs à moins de deux mètres d’eux ne sont pas condamnés. Ces conditions créent un potentiel de contamination élevé, comme c’est le cas dans les écoles. Québec doit se réveiller et rectifier la situation », continue M. Gauley.

Jean-Pierre Bourgault, vice-président trésorier de la FEESP–CSN, rappelle que cette exclusion des conductrices et conducteurs d’autobus scolaires de la liste des travailleurs essentiels qui recevront prioritairement le vaccin pourrait aggraver la pénurie de main-d’œuvre qui sévissait déjà dans ce secteur. « Le gouvernement Legault répète constamment que les enfants doivent pouvoir continuer d’aller à l’école. Mais la pénurie de main-d’œuvre qui frappe déjà le secteur compromettra le service de transport scolaire si des conductrices et conducteurs doivent s’absenter en raison d’une contamination, car à beaucoup d’endroits, il n’y a pas de remplaçants », observe-t-il.

M. Gauley termine en appelant Québec à rectifier le tir sans attendre. « Les conductrices et conducteurs d’autobus scolaires font partie de la grande catégorie du personnel scolaire. Ils doivent être considérés comme travailleurs essentiels pouvant se faire vacciner prioritairement dans les prochaines semaines », conclut-il.

Marlène Paul ou le militantisme syndical pour créer des ponts sur les réalités autochtones

Innue par son père, Marlène est née il y a soixante-trois ans à Mashteuiatsh, la seule communauté autochtone au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle enseigne à l’école secondaire Kassinu Mamu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, à Mashteuiatsh. Elle a œuvré à syndiquer le personnel enseignant de son école en 2014 et est maintenant présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mashteuiatsh—CSN.

« Étant à moitié innue, j’ai les pieds dans deux cultures. Cela a fait en sorte que souvent, pour les Autochtones, je ne suis pas vraiment autochtone. Et pour les Blancs, c’est pareil, je ne suis pas vraiment comme eux, mon nom de famille est associé aux Innus. Cette tension a parfois été difficile, surtout plus jeune », commence Marlène.

Les pensionnats autochtones, on a l’impression que c’est bien loin, mais Marlène les a connus. La pratique de séparer les enfants autochtones de leur famille en les plaçant dans ces pensionnats a été adoptée par le gouvernement fédéral et le clergé pour « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces pensionnats ont existé dans toutes les provinces canadiennes, des années 1880 jusqu’aux années 1990, le dernier ayant fermé ses portes seulement en 1996, en Saskatchewan.

« Lorsque j’étais enfant, il y avait un pensionnat directement dans la communauté, qui s’appelait Pointe-Bleue à cette époque. À l’âge de seulement six ans, on m’a arrachée à ma famille pour m’y envoyer. J’y suis demeurée quatre ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas revu mes parents, mes frères, mes sœurs. Ce fut… marquant », dit-elle simplement.

Après le pensionnat, Marlène fréquente l’école secondaire hors de sa communauté. « Lors de la séparation de mes parents, j’ai ensuite quitté Mashteuiatsh. J’ai étudié en génie mécanique, mais n’ai pas trouvé d’emploi. Je suis donc retournée à l’université en enseignement des mathématiques et des sciences. J’ai enseigné dans plusieurs écoles, partout au Québec, dans des communautés autochtones ou non. Je connais donc bien les différents enjeux touchant les Autochtones en éducation », continue-t-elle.

De retour à Mashteuiatsh depuis plusieurs années, Marlène est d’avis que les perceptions et les préjugés à l’endroit des Autochtones diminuent un peu. « Mais c’est un travail très lent. Ce n’est pas évident d’aller à la rencontre de l’Autre. La méfiance est très présente, de part et d’autre. C’est en créant des espaces d’échange et de dialogue que les barrières pourront tomber, j’en suis persuadée », observe Marlène.

« Les allochtones ont beaucoup de préjugés envers nous. On leur a rentré dans la tête que nous avons des privilèges, notamment au niveau de la chasse et de la pêche. C’est très tendu, ici, sur ces questions, ainsi que sur la question des terres qui appartiennent à la communauté. Ça crée des conflits entre les gens, on entend des propos racistes de la part de citoyennes et citoyens à la radio… Ce n’est pas facile », poursuit-elle.

Marlène croit que l’éducation est une clé importante pour faire tomber ces préjugés et ces méconnaissances, qui engendrent du racisme à l’endroit des membres des Premières Nations. « Les Innus de Mashteuiatsh sont de façon générale plus pauvres et plus malades que les gens de la région. Pourquoi ? Entre autres parce que le système colonial canadien nous maintient encore aujourd’hui dans une posture de mineur vis-à-vis Ottawa. Est-ce que les gens savent qu’on ne peut pas se prendre une hypothèque et que nous ne pouvons pas être propriétaires de nos maisons dans les communautés ? Que le gouvernement fédéral est encore notre “tuteur légal ?” Il commence à y avoir un certain éveil sur ces questions et des politiques timides de réconciliation voient le jour, mais il faut voir cela sur le long terme », souligne-t-elle.

Résolument engagée pour créer des espaces de dialogue partout où elle peut, Marlène a été nommée en 2019 au Conseil supérieur de l’éducation, qui conseille le ou la ministre de l’Éducation. Active au sein de la FNEEQ depuis 2014, elle voit aussi le militantisme syndical comme une occasion de créer des ponts et d’éduquer les gens sur les réalités autochtones. « Il faut parler, parler, parler, pour finir par se comprendre. Il ne faut pas se décourager, ça évolue », termine-t-elle en souriant.

 

 

 

 

Une aide saluée pour soutenir le secteur culturel pendant la crise

L’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, TRACE, l’UDA et l’UNEQ saluent les efforts pour soutenir la culture, grâce à une enveloppe de 100 millions de dollars d’aide ponctuelle. Bien que temporaire, il s’agit d’un message positif envoyé par le gouvernement du Québec aux artistes, créateurs et professionnels de la culture. Une étude plus approfondie du budget permettra sans doute de mieux comprendre le détail des sommes indispensables annoncées jeudi.

En effet, il faut placer cette aide dans le contexte dramatique qui afflige le secteur de la culture, sans doute l’un des plus touchés par la pandémie. Rappelons que l’on assiste à une chute inédite du PIB pour les arts et spectacles au Québec. En comparant les périodes de mars à juin 2019 et de mars à juin 2020, nous constatons une baisse de 54 % du PIB sur l’année. Les emplois ont été perdus par dizaines de milliers, plus de 40 % de nos membres songent à quitter le métier et leur état psychologique est alarmant, comme nous l’avons détaillé dans un plaidoyer publié à la mi-mars.

Depuis maintenant un an, et pour de nombreux mois encore, les artistes, créateurs et professionnels de la culture risquent d’être sans travail et pour plusieurs sans revenu ni filet social. L’été s’annonce difficile, malgré la réouverture graduelle des salles de spectacle. Nous serons donc également attentifs aux orientations des sommes annoncées pour la santé mentale afin que cette aide soit accessible aux travailleuses et travailleurs autonomes de la culture.

Les huit associations qui regroupent quelque 26 000 membres font désormais de l’amélioration des conditions socioéconomiques des artistes, créateurs et artisans, la pierre angulaire de la relance en culture, car sans eux, celle-ci n’existe pas. Il faut marteler l’importance d’une réforme en profondeur des structures de financement du secteur culturel pour que l’argent « ruisselle » davantage jusqu’aux artistes.

En ce sens, une révision en profondeur des deux lois sur le statut de l’artiste afin d’améliorer la situation socioéconomique, des conditions de vie et de pratique des artistes, devient urgente.

Le secteur de la culture doit résister à la crise pour le rayonnement et la pérennité de la culture québécoise, sans quoi, c’est toute notre société qui en sortira perdante.

La culture en péril

L’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, TRACE, l’UDA et l’UNEQ dévoilent aujourd’hui un rapport inquiétant sur l’état des lieux de la culture. Alors que plus de 30 000 personnes ont perdu leur emploi depuis le début de la pandémie dans ce secteur, que la détresse psychologique s’ajoute à la précarité financière et qu’un nombre important songe à abandonner leur carrière, il y a urgence d’agir.

En effet, en plus de dessiner un portrait sombre de la réalité économique, le regroupement d’associations a sondé plus de 2 000 de leurs membres afin d’en connaître davantage sur leur état de santé psychologique et leurs réflexions par rapport à leur avenir dans leur discipline artistique. Les constats sont criants : nos artistes et créateurs ont bien peu de moyens pour traverser une crise comme celle que l’on vit et leur apport à notre société est insuffisamment valorisé, comme en témoignent leurs conditions de vie.

Cette démarche concertée inédite, constituant une première au Québec, s’appuie sur une volonté commune de changer les choses en profondeur afin de s’assurer que non seulement nos institutions culturelles soient en santé, mais aussi nos artistes et nos créateurs !

Dépression majeure et pensées suicidaires

Les données récoltées lors de ce sondage sont inquiétantes. Plus de 43 % des répondants présentent des symptômes de dépression majeure (tristesse, mélancolie, déprime, perte d’intérêt pour le travail, passe-temps ou autre). De ce nombre, 11,7 % des gens indiquent avoir eu des pensées suicidaires durant la dernière année. Pour 72 % de nos répondants qui vivent de la détresse psychologique, celle-ci est associée entièrement (26 %) ou partiellement (46 %) à la pandémie. Les répondants mentionnent du même souffle un manque de ressources psychologiques professionnelles pour les aider à passer au travers.

Ces résultats révèlent une réelle crise de santé mentale dans le secteur culturel, causée en partie par les fortes pressions économiques préexistantes à la pandémie, exacerbées par celle-ci et par la précarité du statut d’artiste.

Exode des artistes et créateurs

Cette prise de conscience dévastatrice révèle une urgence d’agir afin de soutenir les travailleuses et les travailleurs du milieu qui, dans une proportion de plus de 41 %, ont considéré ou considèrent abandonner leur carrière et leur domaine de création.

Dans l’industrie de l’information, de la culture et des loisirs, c’est 24 % des emplois qui ont disparu. Actuellement, les pertes d’emplois affectent plus de 30 000 personnes. Le risque d’une perte d’expertise menace le rayonnement de la culture québécoise et son avenir.

Assombrissant le tableau, force est de constater que les sommes dégagées ne se rendent pas toujours jusqu’aux artistes, créateurs et professionnels du secteur. La situation précaire qui existait avant la pandémie est maintenant devenue insoutenable. Le seuil de faible revenu pour une personne seule au Québec, en 2017, est établi à 24 220 $, montant que les travailleurs autonomes des arts et de la culture n’arrivaient pas à atteindre en 2019 (varie de 14 000 $ à 21 000 $). Depuis 2004, deux fois plus d’artistes, créateurs et professionnels doivent cumuler plus d’un emploi.

Agir maintenant pour la survie de la culture

Les associations souhaitent proposer tant aux gouvernements qu’à l’ensemble des parties prenantes de la culture trois chantiers de travail qui incluent des mesures de soutien concrètes visant à assurer la relance et la pérennité du secteur de la culture.

  • Réformer les lois, il y a urgence d’inclure les travailleurs autonomes au régime d’assurance emploi et de procéder à la révision en profondeur des deux lois sur le statut de l’artiste (LSA).
  • Réviser les modèles de financement de la culture Nous soutenons qu’il faut revoir la chaîne de financement et la hauteur de la contribution publique pour s’assurer qu’elle ruissèle jusqu’aux artistes, créateurs et professionnels de la culture et y intégrer les changements dans les habitudes de consommation du contenu culturel notamment au niveau numérique.
  • Injecter des budgets inédits en culture pour assurer la relance des institutions muséales, des salles de spectacle, des théâtres et des festivals. Des sommes doivent être réservées pour des programmes de soutien en santé mentale et d’appui à la création et au renouvellement des expertises.

Pour consulter le rapport détaillé: https://bit.ly/30FwPbr

Citations

« La crise économique et psychologique qui accable le secteur culturel ne peut plus durer. Le portrait présenté par nos membres est choquant et doit servir de son de cloche pour démarrer une action concertée afin de les soutenir. Le succès de la relance du secteur des arts et de la culture dépend largement de ses artistes, créateurs, professionnels et artisans. »

  • Pascale St-Onge, présidente de la FNCC–CSN

« Si on veut que la culture continue d’être le miroir de la société québécoise, dans toute sa diversité, il faut assurer la mise en œuvre de mesures pérennes de soutien aux conditions de vie des artistes. Les chiffres dévoilés aujourd’hui démontrent qu’il faut plus que de l’argent. Il faut de l’écoute, de la considération et un dialogue continu, car sans artistes, il n’y a pas de culture. »

  • Sophie Prégent, présidente de l’UDA

« En plus de la mise en pause des salles de spectacles, l’arrêt des activités dans le domaine de l’évènementiel et la fermeture des écoles de musique prive de nombreux musiciens de revenus importants. Les répercussions vont durer encore longtemps pour toute une catégorie de travailleuses et de travailleurs au statut précaire, sans filet de protection sociale. »

  • Luc Fortin, président-directeur général de la GMMQ

« Le spectacle vivant, c’est annuellement 22 000 représentations payantes, qui accueille 8,75 millions de spectateurs pour des revenus de billetterie de 337 M$. L’impact économique et humain a été énorme en 2020-21, on a besoin rapidement d’un plan de relance des arts vivants de la part du gouvernement. »

  • Viviane Morin, directrice générale de l’APASQ

« Il est important d’assurer l’accessibilité aux ressources nécessaires et d’offrir une qualité de vie à nos artistes qui font briller le Québec, par leurs talents et leur créativité. Les chiffres du rapport prouvent un réel essoufflement et constituent une menace à la pérennité et à la vitalité du secteur culturel québécois, notamment dans le secteur des arts dramatiques. »

  • Marie-Eve Gagnon, directrice générale de l’AQAD

« Le Québec ne peut se permettre de perdre ses talents et son expertise. Essentiels au rayonnement de la culture québécoise ici et à l’international, les artistes et les réalisateurs sont des ambassadeurs et des créateurs de notre culture collective. »

  • Mylène Cyr, directrice générale de l’ARRQ

« La saison des festivals est à nos portes, il faut de toute urgence que les intervenants du milieu des arts vivants travaillent sur un plan avec la Santé publique et le MCCQ. Un leadership est nécessaire. »

  • François Deschamps, co-porte-parole de TRACE

« Si la pandémie doit avoir un impact positif, cela doit être de nous donner l’occasion de redorer cette industrie et de bonifier les conditions de travail des écrivaines et des écrivains. Il faut saisir cette occasion d’agir pour ne pas retourner en arrière et restaurer l’équité dans le traitement fait aux artistes afin de préserver notre vitalité culturelle. »

  • Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ

Rencontre du Collectif 8 mars avec la ministre Charest : tout simplement décevante

À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, les membres du Collectif 8 mars, qui représente plus de 700 000 femmes au Québec, ont rencontré la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, afin d’échanger avec elle sur les impacts de la pandémie à l’endroit des femmes. Les représentantes du Collectif se disent globalement déçues de cette rencontre et attendaient un engagement formel de la ministre pour prendre des mesures concrètes afin d’enrayer les discriminations systémiques vécues par les femmes et entre les femmes. Si la ministre a reconnu certains impacts causés par la pandémie, le Collectif se questionne sur la volonté du gouvernement d’écouter les femmes et de poser des actions concrètes au-delà des beaux discours.

La pandémie a eu des conséquences désastreuses pour les femmes
Depuis près d’un an, les conséquences de la pandémie de la COVID-19 se sont avérées particulièrement éprouvantes pour les femmes. Leurs conditions de vie et de travail se sont détériorées à vue d’œil, notamment en matière de pertes d’emplois et de revenu, sans compter l’augmentation de la violence envers elles.

La conciliation famille-travail-études-vie personnelle : un défi en temps de pandémie
En outre, les femmes ont vu augmenter leur charge de travail invisible ainsi que leur charge mentale. Au pire de la crise sanitaire, elles ont dû endosser plusieurs fonctions, dont celles de télétravailleuses ou de travailleuses essentielles, d’enseignantes privées, d’éducatrices, de proches aidantes et de responsables de la logistique domestique et familiale.

L’augmentation du salaire minimum est plus que nécessaire
Le revenu des bas salarié-es, qui ont souvent agi comme ressources essentielles pendant la crise sanitaire, est tout simplement insuffisant. Rappelons que 58 % des travailleuses et des travailleurs touchant le salaire minimum sont des femmes. Augmenter le salaire minimum est une façon de reconnaître la juste valeur du travail, de diminuer l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, de réduire la pauvreté, et ainsi de tendre vers plus d’égalité.

Une modernisation du régime de santé qui protège aussi les femmes
La pandémie de COVID-19 a révélé au grand jour les risques, souvent sous-estimés, auxquels plusieurs femmes sont exposées au travail. Il est impératif que la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail protège toutes les travailleuses et qu’elle tienne compte des situations diverses dans lesquelles elles se retrouvent. De plus, il est nécessaire, pour éviter de répéter les erreurs du projet de loi 59, que le gouvernement applique systématiquement l’Analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans l’élaboration de tous ses projets de loi.

Les femmes oubliées dans les mesures du Plan de relance
Malgré ce portrait accablant, le premier ministre François Legault n’était pas présent à la rencontre du Collectif même si l’invitation lui a été lancée des mois en avance. Les femmes, qui subissent lourdement les impacts de la pandémie, semblent avoir été oubliées dans les mesures prévues au budget pour le plan de relance économique. Un an après le début de la pandémie, force est de constater que nous sommes toujours dans l’attente d’un plan qui prend en considération les impacts sur toutes les femmes, particulièrement sur celles qui vivent à la croisée des oppressions, c’est-à-dire les femmes immigrantes et racisées, les femmes noires, les femmes autochtones, les femmes ayant un handicap et les femmes aînées et les personnes LGBTQ+. Si la ministre Charest a mentionné l’existence d’un plan d’action Covid pour les femmes, il n’y a néanmoins aucune information sur son contenu, les mesures qu’il propose ou encore sa date de publication.

Autres actions féministes dans le cadre de la journée du 8 mars
Le Collectif 8 mars invite la population à participer aux événements organisés par FDO (Femmes de diverses origines), soit un webinaire le samedi 6 mars et un rassemblement le dimanche 7 mars à 16 h Place Émilie-Gamelin à Montréal.

À propos du Collectif 8 mars
Le Collectif 8 mars est formé de représentantes provenant de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), du Réseau des Tables régionales de groupes des femmes du Québec, de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), de Femmes de Diverses Origines (FDO), de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Yvan Duceppe, trésorier aux stratégies solidaires

Yvan Duceppe, nouvellement élu à titre de trésorier lors du 66e Congrès de la CSN tenu en janvier 2021, n’en est pas à ses débuts d’implication syndicale dans la défense de la classe ouvrière. En effet, ce comptable professionnel agréé compte à son actif près d’une trentaine d’années d’expérience à titre de conseiller chez MCE Conseils, un des outils collectifs de la confédération mis au service des syndicats dans le maintien et la création d’emplois ainsi que dans l’élaboration de stratégies de développement durable. Une vingtaine d’années passées à la trésorerie de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) s’ajoute au parcours de ce militant hors pair qui comprend très bien le rôle fondamental que joue l’administration et la trésorerie dans le développement d’un syndicalisme combatif et solidaire.

Une révolution formatrice
Grandement inspiré par la Révolution tranquille et la montée du Parti Québécois dans les années 70, Yvan Duceppe commence son cheminement de militant au cours de ses études secondaires en s’impliquant dans la circonscription de nul autre que René Lévesque et en s’investissant corps et âme dans le référendum de 1980. « C’était une autre époque. Le Parti Québécois de 1976 était celui de la loi 101 et d’une panoplie de lois visant à améliorer le sort des travailleuses et des travailleurs, » explique-t-il. « Je suis peut-être nostalgique, mais il s’agissait là de moments très formateurs pour ce qui représente le centre de mon implication syndicale : l’écoute, l’entraide, et la solidarité. »

Après la défaite du camp du oui, Yvan poursuit ses études aux HEC en finances. « J’aime beaucoup les chiffres », nous confie-t-il en souriant. « Lorsque je termine mon bac en 1983, le Québec est en grande récession économique. Je décide donc de prolonger mes études en me plongeant dans la comptabilité publique afin d’obtenir le titre de comptable agréé. »

Quelques années plus tard, il remarque une annonce dans La Presse pour un poste d’analyste financier chez MCE Conseils tout près de chez lui à Longueuil. Il ne connaît pas l’entreprise, mais comme il admire sa mission, il décide de postuler. Lors de son processus d’embauche, il se retrouve devant Léopold Beaulieu, trésorier de la CSN à l’époque et éventuel fondateur de Fondaction, et comprend l’ampleur des défis qui l’attendent. Il accepte le poste et se lance dans une aventure qui marquera sa vie à jamais.

Des conseils stratégiques pour sauver des emplois
Accompagnant surtout les syndicats du secteur privé lors de sa carrière chez MCE Conseils, les dossiers qui l’animent le plus sont ceux où il réussit à « sauver la shop ». Il prend comme exemple le syndicat d’Expro de Salaberry-de-Valleyfield dans les années 90, où l’intervention de la CSN et de MCE Conseils n’a pas seulement aidé à garder les portes de l’usine ouvertes, mais aussi à la moderniser pour la rendre plus sécuritaire pour les personnes qui y travaillent. « Cette bataille qu’on a menée, oui, c’était pour sauver des jobs, mais c’était aussi pour sauver des vies. Puis, par la mise en place d’une coopérative de travailleurs-actionnaires, on souhaitait que les travailleuses et les travailleurs s’approprient des pouvoirs décisionnels sur l’orientation de l’entreprise. »

Yvan Duceppe (4e à gauche) lors de l’ouverture officielle de la scierie Saint-Michel des Saints en 2017:

Plus récemment, il y a eu la relance de la scierie Saint-Michel-des-Saints planifiée à la suite de la fermeture de la multinationale Louisiana Pacific et de son usine de panneaux à copeaux orientés (OSB) en 2007. « Quand Louisiana Pacific a fermé ses portes, c’était la mort annoncée de la petite scierie de Saint-Michel-des-Saints qui approvisionnait cette usine désuète. En fait, cela est arrivé en 2014. Le syndicat et la communauté se sont pris en main et se sont dit : « À qui le bois ? À nous le bois ! » Finalement, l’usine a repris ses activités en 2017. Les prévisions initiales de la création d’une cinquantaine d’emplois se sont révélées trop modestes. En fin de compte, c’est le double du nombre d’emplois attendus qui ont été créés. Pour moi, ça vaut toutes mes paies. »

L’amour du lointain, ou comment conjuguer syndicalisme et environnement
Tout comme son prédécesseur, le dossier de l’environnement et de la lutte contre la crise climatique se retrouve dans ses responsabilités. Il remarque d’ailleurs certains parallèles entre le travail stratégique qu’il menait pour MCE Conseils et ce qui l’attend dans ce dossier chaud.

« La transition juste, si tu ne t’en occupes pas, elle va s’occuper de toi. Il faut prendre les devants, outiller notre monde pour voir clair et viser juste afin de nous assurer que la transition soit équitable et ordonnée. Il ne faut pas la subir, mais plutôt la planifier », prévient Yvan. « Les travailleuses et les travailleurs sont les principaux acteurs de cette lutte. Quand je visitais des usines avant de démarrer un mandat de MCE Conseils, je disais que je connaissais bien les chiffres, mais que je devais m’imprégner du fonctionnement de l’usine. Pour y arriver, j’ai toujours estimé que les travailleurs devaient m’accompagner, puisque ce sont eux les spécialistes de l’usine. C’est essentiel de se servir des cerveaux des gens plutôt que de simplement se fier à leurs bras. Il faut avoir l’humilité de savoir qu’on ne peut pas être spécialiste dans tout, et avoir la sagesse de s’entourer des bonnes personnes, celles qui possèdent la connaissance de la réalité de leur travail et de leur usine. »

Une administration saine, combative et solidaire
En terminant, bien que l’administration et la trésorerie peuvent parfois paraître secondaires à la mobilisation et à la vie syndicale, Yvan Duceppe nous rappelle leur grande importance au bon fonctionnement du mouvement.

« Tous les combats syndicaux se font à partir de ressources. Si tu ne gères pas bien les finances qui te sont confiées, tu vas avoir des problèmes », précise le nouveau trésorier. Et la CSN a le devoir d’outiller les syndicats pour que leur gestion administrative soit plus simple. Aider les syndicats à s’occuper de leurs affaires est un de mes objectifs à titre de trésorier de la confédération. Les finances d’un syndicat servent à la solidarité, et ceux et celles qui les gèrent doivent avoir cette sensibilité. Ce n’est pas uniquement une tâche technique. C’est du militantisme que de veiller à ce que les conditions de travail de nos membres soient préservées et améliorées. C’est toute une mission. »

Rendre la culture vivante possible à nouveau

Le milieu des arts vivants et des arts de la scène a pris acte des avis rendus publics concernant la réouverture des salles de spectacles, des théâtres ainsi que des autres lieux de diffusion. Notre secteur demeure le plus touché par la pandémie en étant fermé au public depuis près d’un an et nous avons appris par l’entremise des médias que l’ouverture des lieux de diffusion était recommandée par la Santé publique depuis novembre. Plus le secteur attend sa réouverture, plus il sera difficile de le relever.

L’APASQ, l’AQAD, la FNCC–CSN, la GMMQ, TRACE et l’UDA souhaitent maintenant que le gouvernement prenne acte des nombreux sacrifices faits par les artistes, les créateurs et les musiciens, et qu’il agisse pour que ceux-ci puissent retourner à la rencontre de leurs publics. Maintenant qu’il est clair que la Santé publique est favorable à une ouverture des salles, le couvre-feu ne devrait pas être un frein à la production ni à la diffusion artistique. Le milieu a réellement besoin d’un signal clair de la part du gouvernement et nous implorons M. Legault d’exprimer rapidement ses intentions quant à la réouverture des salles de spectacle.

Le milieu des arts vivant a toujours fait preuve d’une grande créativité et d’innovation depuis le début de la pandémie. Nous sommes d’avis que tout le monde a son rôle à jouer. Aujourd’hui, nous demandons à tous les acteurs du milieu culturel ainsi qu’au gouvernement de faire preuve d’écoute et de flexibilité afin de favoriser une ouverture pérenne de nos lieux culturels, et ce, dans le plus grand respect des mesures sanitaires en vigueur et du bien collectif.

Citations

« Nous en appelons à la flexibilité et à la résilience de tous les acteurs de la chaîne culturelle. Pour le gouvernement, cela signifie qu’il ne doit pas être rigide dans l’application des programmes de compensation aux diffuseurs afin de permettre des ouvertures immédiates ou ultérieures adaptées à la réalité de chacune des productions. L’aide financière doit se poursuivre, tant pour les productions qui pourront reprendre rapidement en respectant les contraintes imposées par la Santé publique, que pour celles qui prendront plus de temps à pouvoir retrouver leur public. C’est une approche flexible et multilatérale qui nous permettra de sauver les arts vivants, les lieux de diffusion ainsi que nos artistes et créateurs. »

  • Pascale St-Onge, présidente de la FNCC–CSN

« Les décideurs publics doivent pouvoir faire preuve d’ouverture à l’égard des solutions qui sont proposées par le milieu, mais pour ce faire, il faudrait que tous les acteurs soient consultés, incluant les artistes, les créateurs et les professionnels qui sont au cœur de notre vie culturelle, afin que les propositions créatives soient mises sur la table. Cela vaut également pour les professionnels de la Santé publique qui mettent en place des protocoles et des scénarios de réouverture : sans fermer le secteur complet, serait-il possible d’ouvrir les lieux de diffusion et de les fermer à la pièce si une éclosion devait survenir, comme c’est le cas dans la plupart des autres milieux de travail ou scolaires ? »

  • Sophie Prégent, présidente de l’UDA

« La réouverture des salles sera salutaire pour les artistes et les travailleurs culturels sans travail depuis trop longtemps. Nos membres ont à cœur le bien de la population et ils ont le sentiment d’avoir largement contribué à cette lutte collective contre la pandémie, mais les impacts sur nous sont disproportionnés. C’est très difficile pour nous de comprendre que nous sommes toujours à l’arrêt malgré les avis contraires de la Santé publique. Nous souhaitons que le premier ministre applique les recommandations de la Santé publique pour notre secteur. »

  • Luc Fortin, président-directeur général de la GMMQ

« Nous sommes persuadés que le public est prêt à se mettre de la partie en acceptant d’aller voir des spectacles à des moments différents et variés afin de respecter le couvre-feu. Tout le monde peut contribuer à faire de l’ouverture un succès. Rien n’a démontré que les lieux de diffusion et les salles de spectacles étaient des sources de contamination pendant les 45 jours durant lesquels notre secteur a été ouvert au cours de la dernière année. Les mesures sanitaires ont fait leurs preuves. »

  • Viviane Morin, directrice générale de l’APASQ

« Le milieu des arts vivants est très diversifié : si certaines productions majeures ne sont pas encore prêtes à se produire, il y a une foule d’autres types de représentations qui pourraient s’adapter et aller à la rencontre du public rapidement. Rien ne nous empêche, collectivement, d’y aller étape par étape. Le gouvernement doit nous aider à reprendre le travail. »

  • Marie-Eve Gagnon, directrice générale de l’AQAD

« Le public a aussi un réel besoin de renouer avec les arts vivants et de pouvoir quitter sa bulle de temps en temps. Avec le couvre-feu et l’interdiction de rassemblement intérieur, la population devrait être encouragée à fréquenter des lieux publics contrôlés et sécuritaires tels que les lieux de diffusion culturelle. C’est bon pour le moral de tout le monde ! »

  • Shérane Figaro, co-porte-parole de TRACE

Les travailleuses et travailleurs de la santé enfin mieux protégé-es face à la COVID-19

Comme le réclame la FSSS–CSN depuis le début de la pandémie, les travailleuses et travailleurs de la santé qui travaillent auprès des patients atteints de la COVID-19 pourront utiliser des appareils de protection respiratoire N-95 ou leur équivalent pour se protéger.

Rappelant que plus de 30 000 travailleuses et travailleurs de la santé ont contracté la COVID-19 et que certains y ont laissé leur vie, la FSSS–CSN se réjouit du fait que la CNESST affirme enfin et sans ambiguïté que les appareils de protection respiratoires constituent des moyens de prévention nécessaires pour réduire les risques d’exposition des travailleurs et travailleuses de la santé œuvrant en zone chaude.

Cette nouvelle directive vient calmer l’indignation que la récente décision du comité sur les infections nosocomiales (CINQ) de l’INSPQ avait provoquée au sein du personnel du réseau. En effet, tout en indiquant vouloir protéger le personnel de la santé et leur donner accès aux masques N-95, le CINQ recommandait de ne considérer offrir ces respirateurs N-95 que dans les cas d’éclosion non contrôlée et au terme d’une longue démarche bureaucratique, ainsi que d’une série de conditions restreignant considérablement leur accès au moment opportun.

« Ça fera bientôt un an que la pandémie est en cours. Il est plus que temps que la CNESST intervienne pour s’assurer que le personnel de la santé soit bien protégé. La CNESST doit s’imposer en matière de prévention en santé et de sécurité au travail. C’est son travail, et il était impératif d’intervenir en réponse aux directives du CINQ de l’INSPQ », affirme Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

La décision de la CNESST est l’aboutissement d’une longue lutte des organisations syndicales et de certains scientifiques et professionnels de la santé qui revendiquent ce droit depuis les débuts de la pandémie. Face à la flambée des cas au sein du personnel, mais aussi de la population, tout a été mis en œuvre pour obtenir ce changement d’orientation. Des recours juridiques ont été entrepris, des représentations constantes ont été faites auprès des organisations en cause, des documents ont été déposés et les médias alertés. Ces recours multiples ont finalement fait entendre la voix de la raison. Mieux vaut tard que jamais, surtout que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux variants.

« Nous n’avons ménagé aucun effort et nous continuerons de le faire, de telle sorte à s’assurer que le personnel soit bien protégé au travail à l’avenir, mais aussi pour s’assurer qu’une telle situation, où pendant un an on met la santé et la sécurité du personnel à risque, ça ne puisse plus se reproduire », ajoute Judith Huot, première vice-présidente à la FSSS–CSN.

Cette victoire démontre, une fois de plus que la mobilisation et l’organisation sont les seuls garants de la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et travailleuses.

Relâche scolaire : aucune considération pour le personnel de soutien scolaire

La Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN) et son secteur scolaire déplorent de ne jamais avoir été consultés pour l’organisation de la relâche scolaire par le ministère de Jean-François Roberge.

Le personnel de soutien scolaire sera en poste pour assurer le service de garde d’urgence, l’entretien et d’autres tâches. « C’est fâchant d’apprendre les modalités de la relâche pendant la conférence de presse du ministre Roberge. On se demande, par exemple, comment on pourra maintenir le travail volontaire qui a été mentionné, alors que les parents auront jusqu’au dimanche qui précède la relâche pour s’inscrire au service de garde », déplore Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN.

Cette dernière ajoute que le personnel de soutien est épuisé par les tâches supplémentaires liées à la pandémie et le manque de personnel pour lequel aucune solution efficace n’a été mise en place par le ministère de l’Éducation ou les centres de services scolaires. « Le ministre parle de son premier trio en éducation avec les enseignants, les parents et les élèves. Il oublie constamment de parler du personnel de soutien », déplore Annie Charland.

Le problème de manque de personnel de soutien scolaire existait avant la pandémie, mais son impact se fait encore plus sentir depuis le début de la crise. « Les conditions de travail et la précarité ont empiré depuis la pandémie. Le programme de recrutement “Je réponds présent” ne donne aucun résultat concret sur le terrain. Comment des emplois occasionnels, à temps partiels et temporaires de surcroît, pourraient être attractifs ? », affirme Nathalie Arguin, présidente de la FEESP–CSN. À moyen terme, ce n’est qu’avec une amélioration des heures travaillées et des salaires que le secteur du soutien scolaire pourra jouer pleinement son rôle et permettre aux écoles de fonctionner dans les meilleures conditions possible.

 

La CSN appuie la demande des médias d’avoir accès aux hôpitaux et aux CHSLD

Pour la Confédération des syndicats nationaux, il est inacceptable que les médias se voient refuser systématiquement l’accès aux installations des hôpitaux et des CHSLD. La CSN revendique une plus grande transparence des établissements depuis longtemps. D’ailleurs, elle demande l’introduction d’une clause de convention collective pour protéger les travailleuses et les travailleurs qui dénoncent publiquement des situations inacceptables dont ils sont témoins. Ils ont tellement peu d’écoute des établissements que c’est parfois leur ultime recours pour faire en sorte que l’inacceptable soit corrigé.

« Pour les travailleuses et les travailleurs du réseau, au premier front de la crise depuis le début, les médias doivent pouvoir témoigner de la réalité telle qu’elle est vécue sur le terrain. Ça peut donner des images difficiles, présenter des faits inconfortables, mais c’est important que les Québécoises et les Québécois puissent voir de leurs yeux comment ça se passe dans leurs services publics. C’est contre-productif d’essayer de cacher la crise, explique la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Par ailleurs, la CSN souligne que l’accès des journalistes à l’information est une condition essentielle permettant aux médias de jouer leur rôle primordial dans une société libre et démocratique et qu’il en va du droit du public à une information de qualité.

La CSN dénonce depuis des années la culture d’opacité qui a pris forme dans les services publics. Avec les fusions, les centralisations, il est de plus en plus difficile, même pour les syndicats, d’obtenir les informations nécessaires pour comprendre et analyser les décisions prises par les dirigeantes et les dirigeants.

La loi de l’omerta est toujours bien présente dans le secteur public. Les salarié-es qui parlent à une ou un journaliste peuvent recevoir de lourdes sanctions. C’est une des raisons pour laquelle la CSN revendique l’introduction d’une clause de convention collective protégeant les lanceurs d’alerte. De son côté, le gouvernement n’y a toujours pas répondu de façon satisfaisante.

Le gouvernement ne met pas en place les conditions gagnantes

Au cours des derniers jours, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN (FSSS–CSN) reçoit des échos fort préoccupants des salarié-es de divers établissements quant à la campagne de vaccination en cours dans le réseau. En effet, plusieurs salarié-es souhaitant être vaccinés se voient forcés d’y renoncer à cause des conditions mises en place, notamment les coûts que cela engendrerait pour eux.

Selon les règles édictées par le gouvernement et les responsables patronaux des établissements, les travailleuses et les travailleurs du réseau peuvent recevoir le vaccin durant leur temps de travail et ne pas perdre de rémunération. Cependant, du même coup, ils offrent la possibilité aux employeurs de mettre en place divers autres scénarios et cela laisse place à des iniquités entre les membres du personnel d’un même établissement et entre les établissements. Par exemple, pour obtenir le vaccin, des personnes doivent, en plus de leur journée de travail, voyager plusieurs heures pour recevoir le vaccin à un point de service éloigné de leur lieu de travail habituel, sans aucune autre compensation, ni en temps, ni en frais de déplacement. Cela met en péril le succès de la campagne de vaccination.

La FSSS–CSN a interpellé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, à ce sujet de même que les représentantes et les représentants patronaux. La solution proposée est simple : dédommager pleinement les salarié-es qui doivent recevoir le vaccin, tant en ce qui a trait aux frais de déplacement qu’au temps requis pour recevoir le vaccin. Si l’on veut favoriser et faciliter la vaccination, il est important de mettre en place des conditions équitables pour toutes et tous.

« À la FSSS–CSN, nous souhaitons que cette campagne de vaccination fonctionne et que les salarié-es y adhèrent largement, si l’on veut se donner les meilleures chances de protéger rapidement les usagères et les usagers, la population et le personnel, explique le président de l’organisation, Jeff Begley. Depuis le début de cette crise, le gouvernement mise sur l’engagement, la passion et le professionnalisme du personnel pour qu’il tienne le fort dans des conditions inacceptables. Il refuse de verser des primes COVID à une écrasante majorité du personnel au front depuis le début de la crise. Il refuse également de rendre disponibles les équipements de protection individuels nécessaires. Il laisse traîner les négociations du secteur public tout en formulant des promesses en conférence de presse qui sont en complet décalage avec ce qu’il offre à la table de négociation. Il ne faut pas s’étonner ici que plusieurs salarié-es calculent que se faire vacciner leur coûterait beaucoup trop cher actuellement. »

La CSN exige des modifications en profondeur pour vraiment protéger tout le monde

Dans un mémoire étoffé, présenté en commission parlementaire cet après-midi, la CSN exige une bonification importante du projet de loi 59 du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet. « Ça fait des dizaines d’années que la CSN demande une nécessaire révision des vieilles lois en santé-sécurité. Au nom de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs québécois, nous n’avons pas le droit de rater ce rendez-vous et de bâcler la réforme », martèle d’emblée Jacques Létourneau, président de la CSN.

La confédération reconnaît certaines avancées dans le texte déposé par le gouvernement de François Legault. Mais, elle dénonce aussi les importants reculs. « Au lieu d’étendre à tout le monde les succès enregistrés au fil des ans par les groupes prioritaires en matière de prévention — comme dans le secteur de l’industrie lourde —, le gouvernement coupe dans leurs droits. C’est reçu comme une gifle », s’indigne Jacques Létourneau. En effet, dans ces milieux, PL-59 réduira les pouvoirs et le temps alloué aux représentants à la prévention pour procéder aux inspections et aux enquêtes.

En contrepartie, dans les milieux jugés à risque faible, comme l’éducation ou certains secteurs de la santé — majoritairement féminins — les minutes octroyées à la prévention seront nettement insuffisantes. La détermination des niveaux de risque doit d’être revue. « En ces temps de pandémie, qui au Québec croit sérieusement que celles et ceux qui accompagnent les jeunes dans nos écoles ou qui soignent les patients dans nos hôpitaux sont à risque faible? C’est absurde », selon M. Létourneau.

L’épuisement professionnel : grand oublié de PL-59

Si les risques psychosociaux et le stress post-traumatique sont enfin reconnus, le projet de loi ne va pas assez loin en matière de santé psychologique. Rien n’est prévu concernant le « mal du siècle » : l’épuisement professionnel. On sait que cette forme d’épuisement résulte souvent d’une organisation du travail déficiente ou de pratiques de gestion malsaines. Le gouvernement doit adapter sa réforme pour reconnaître cette réalité.

Accroissement inquiétant des pouvoirs de la CNESST

La CNESST disposerait d’un pouvoir réglementaire additionnel pour restreindre les soins et les moyens à déployer afin de permettre la réadaptation entière d’une ou d’un accidenté-e du travail. Cette mesure ouvre-t-elle la porte à la réalisation d’économies sur leur dos?

Aussi, PL-59 apporte des changements qui affectent particulièrement le retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui allaite. Le gouvernement veut-il limiter la portée de cette avancée pour les femmes en restreignant les risques pour lesquels le retrait préventif serait applicable? Il faut rappeler que cette mesure permet de prendre acte des risques du milieu de travail et de s’y attaquer. Ce qui en fait une mesure de SST essentielle et non une mesure sociale, comme le prétendent certains employeurs.

Mobilisation et campagne publicitaire

La CSN et ses organisations affiliées partout au Québec réclament une bonification importante du PL-59. « Nos membres se mobilisent pour que le Québec cesse d’être dernier de classe en santé-sécurité au travail. La réforme aura un impact majeur sur la vie des travailleuses et des travailleurs. Le gouvernement serait irresponsable d’en oublier en chemin », conclut Jacques Létourneau.

La CSN a créé le site SSTvraiment.org afin de vulgariser et d’expliquer comment la réforme du gouvernement doit être bonifiée afin de vraiment protéger tout le monde. Une vaste campagne publicitaire dans chaque région du Québec est également en cours afin de sensibiliser les travailleuses et les travailleurs québécois aux manquements de cette réforme.