Un coup de barre est nécessaire

Avec ses mesures d’austérité qui étouffent la création d’emplois et le développement régional, le gouvernement Couillard n’est pas parti pour respecter son engagement de créer 250 000 emplois d’ici la fin de son mandat. Un changement de cap s’impose.

Le 26 septembre dernier, le premier ministre Couillard, escorté de sa ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Dominique Anglade, et de la ministre responsable des Petites et Moyennes Entreprises, annonçait en grande pompe le lancement d’une tournée régionale pour sensibiliser les entreprises du secteur manufacturier à la disponibilité d’un fonds d’investissement pour la modernisation de leur équipement.

Le gouvernement veut ainsi rappeler aux entreprises du secteur manufacturier qu’une enveloppe de 700 millions de dollars a été mise à leur disposition pour les aider dans leur démarche de modernisation. Si l’on ajoute à ce montant les 230 millions prévus dans le dernier budget pour soutenir l’industrie forestière, c’est près d’un milliard de dollars qui pourraient être consacrés au secteur manufacturier.

Depuis 2012, la CSN réclame des gouvernements qu’ils interviennent de manière soutenue pour aider au développement du secteur manufacturier. À ses yeux, il est primordial que le Québec se dote d’une politique industrielle englobante et structurante.

Sombre tableau

Lorsque les instances de la CSN ont eu à se prononcer sur les fondements d’une politique industrielle, le secteur manufacturier québécois vivait des moments difficiles. À l’instar de ce qui se passait dans de nombreux pays occidentaux, et cela, depuis le début du 21e siècle, notre secteur manufacturier connaissait une période de déclin. Alors qu’il a déjà correspondu à près de 21 % du PIB, il en représente aujourd’hui tout juste 14 %. C’est plus de 160 000 emplois qui ont été perdus depuis 2002, portant le nombre d’emplois du secteur manufacturier à 490 000 en 2013.

Le secteur de la foresterie a traversé plusieurs coups durs depuis 2003. | Photo : Jeannot Lévesque
Le secteur de la foresterie a traversé plusieurs coups durs depuis 2003. | Photo : Jeannot Lévesque

Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer cette réalité : la hausse du taux de change et le boom pétrolier albertain, la concurrence de pays où la main-d’œuvre est meilleur marché, les changements technologiques et l’échelle de production, le recours à la sous-traitance, et la crise économique. Tous ces facteurs illustrent l’ampleur des défis auxquels a été confronté le secteur manufacturier. Au premier chef, ce sont les travailleuses et les travailleurs qui ont écopé.

Une vision globale plutôt qu’une approche à la pièce

Au cours des dernières années, le gouvernement du Québec a préféré laisser aller le marché, ne se limitant qu’à quelques interventions éparses qui ne réussissaient pas à stimuler le secteur manufacturier. Il est évident qu’à ses yeux, le développement économique est l’affaire du secteur privé et que le rôle de l’État reste circonscrit à quelques incitations financières ou quelques mesures à peine plus encadrantes. Toutefois, pour la CSN, il en est tout autrement, puisqu’il est clair que « dans le secteur manufacturier, le laisser-faire ne peut mener qu’au déclin observé depuis une décennie ».

Au cours des dernières années, les entreprises ont vu leurs charges fiscales considérablement diminuées. Ces réformes qui les ont avantagées, ont-elles amélioré l’économie du Québec ? Non, bien sûr. Cette stratégie néolibérale n’a pas eu d’effets significatifs sur la croissance ni sur la productivité des entreprises. Ces dernières ont plutôt agi pour satisfaire l’appétit des actionnaires.

Que l’on parle des mesures pour lesquelles le gouvernement a entamé sa récente tournée régionale, des interventions en foresterie, du fameux Plan Nord ou encore de sa politique énergétique, toutes ces initiatives semblent dispersées et manquer de cohérence. Or, selon la CSN, il est impératif que « l’État doive aussi chercher à structurer le développement économique sur son territoire et, pour cela, il doit assumer un rôle central dans la coordination et la planification stratégique du développement économique ».

L’intervention soutenue de l’État serait non seulement structurante pour le secteur manufacturier, mais elle permettrait de déterminer les grands axes autour desquels devrait s’organiser ce développement, comme la transition vers une économie verte ou encore la création de créneaux d’excellence.

Un manque de cohérence lourd de conséquences

L’actualité des dernières semaines a permis de faire ressortir deux secteurs industriels qui illustrent bien les conséquences de l’absence d’une politique industrielle globale. Ces deux secteurs, l’éolien et la foresterie, sont au cœur des défis posés par la nécessité d’une transition vers une économie verte et du développement de créneaux d’excellence.

Le secteur éolien est au cœur des défis posés par la nécessité d’une transition vers une économie verte. | Photo : Benoit Aquin
Le secteur éolien est au cœur des défis posés par la nécessité d’une transition vers une économie verte.
Photo : Benoit Aquin

L’adoption en grande pompe par le gouvernement Couillard d’une politique énergétique pouvait laisser penser que le Québec avait la volonté de développer le secteur des énergies renouvelables en favorisant l’émergence d’une expertise nous permettant de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. « Malheureusement, la politique énergétique n’est pas assez vigoureuse pour soutenir le secteur éolien, le gouvernement ne prépare pas assez l’avenir dans ce secteur. On remet son développement à plus tard, au risque de perdre une expertise qui s’est développée dans les dernières années », soutient Alain Lampron, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN). Les conséquences pourraient être très préjudiciables au Québec, qui s’est constitué au fil des ans une expertise de pointe dans le secteur éolien.

Alors que le secteur éolien est en plein essor, il en va autrement pour la foresterie qui doit lutter contre une conjoncture qui lui est défavorable. La menace potentielle d’une surtaxe sur le bois canadien fait craindre une reprise de la crise du bois d’œuvre alors que le secteur du papier accuse un déclin structurel, notamment causé par les nouvelles technologies de l’information. Là encore, le gouvernement intervient à la pièce, entre autres par l’octroi d’un fonds de 200 millions de dollars qui devrait permettre à l’industrie de se moderniser. Pour Alain Lampron, « l’argent est là pour la forêt, mais il faut inciter les entreprises à faire des demandes. Il faudrait que le gouvernement soit proactif et pas seulement qu’il attende que les projets arrivent des compagnies ».

Il faut dire que le secteur forestier a aussi souffert du faible réinvestissement des entreprises dans la technologie et les nouveaux procédés.

Malgré des interventions gouvernemen­tales dans ces deux secteurs, les effets restent limités. « Il faut que le gouvernement soutienne davantage la recherche et le développement, en assumant un meilleur leadership et en assurant des retombées pour le Québec », soutient le président de la FIM–CSN. Pour lui, il manque « ce grand chapeau qu’est la politique industrielle, qui englobe tout et qui se décline de façon différente d’un secteur à l’autre afin de bien cerner le contexte de chacun ».

Et Ottawa dans tout ça ?

Bien que la politique industrielle soit une responsabilité du Québec, le gouvernement fédéral a également son rôle à jouer, particulièrement en ce qui a trait aux chantiers navals. Là encore, le manque de cohérence des politiques gouvernementales est patent. « Les plans du gouvernement québécois en la matière axent beaucoup trop sur le développement du tourisme, c’est ce que Québec, mais aussi Ottawa qui accorde d’importants contrats, doit corriger impérativement, poursuit Alain Lampron. C’est nécessaire pour que le Québec retrouve son expertise, notamment pour les chantiers navals qui ont été mis de côté au cours des dernières années. »

Soutenir et permettre le développement manufacturier par une politique industrielle offensive, c’est le pari que fait la CSN. Réalisée en 2012, cette réflexion ne perd pas de sa nécessité alors que les interventions gouvernementales éparses montrent leurs limites. D’ailleurs, la CSN va lancer une nouvelle tournée afin de sensibiliser les différents paliers de gouvernements à la nécessité d’une politique industrielle. Encore aujourd’hui, « des occasions se dessinent pour une industrie du 21e siècle, porteuse de progrès économique et social, et qui ancre son futur dans un nouveau mode de développement durable ».

L’équité intergénérationnelle au cœur de nos préoccupations

Le 6e Rassemblement des jeunes, prévu en novembre prochain et organisé par le comité national des jeunes de la CSN, portera sur le thème de l’équité intergénérationnelle. Nous croyons que pour arriver à améliorer les conditions de travail des jeunes, il est important d’explorer certains concepts comme l’ancienneté, la précarité et la mobilisation.

Un article paru dans La Presse du 31 juillet mettait en lumière le point de vue des jeunes libéraux qui remettent en cause le prétendu « dogme » syndical de l’ancienneté en mettant de l’avant un principe basé sur les compétences plutôt que sur l’ancienneté. Pourtant le principe de la date d’embauche, donc de l’ancienneté, nous semble juste pour tous, puisque nous avons tous une date d’entrée en fonction et que, sur ce principe, nous progressons de la même façon. Si aujourd’hui nous sommes jeunes, avec des connaissances actualisées, car fraîchement sortis de l’école, ce ne sera pas toujours le cas. Un nouveau finira bien par arriver dans l’entreprise avec des connaissances plus à jour. Le principe de compétence a donc aussi ses limites et il ne faut surtout pas banaliser l’expérience de travail.

Emplois précaires

Certaines frustrations sont vécues dans les milieux de travail au regard des disparités de traitement vécues par les nouveaux travailleurs (clauses « orphelin », statuts d’emplois, avantages sociaux et régimes de retraite). Rappelons que même si les clauses de disparité de traitement sont maintenant illégales depuis 2001, l’analyse des conventions collectives démontre qu’il en existe encore. Les disparités de traitement « légales » sont beaucoup plus répandues que nous pouvons l’imaginer. Le marché du travail a évolué de manière importante au cours des trente ou quarante dernières années, et on a assisté à une diversification importante des types d’emplois et à une augmentation impressionnante des emplois atypiques, particulièrement chez les jeunes : travail à temps partiel, temporaire, occasionnel, surnuméraire, sur appel, remplaçant, autonome, en agence de placement, étudiant, contractuel, saisonnier, pigiste, à domicile, suppléant.

Quant aux disparités de traitement liées aux avantages sociaux et aux régimes de retraite, les syndicats sont souvent contraints à faire des compromis déchirants. Par exemple, lorsque les employeurs vivent des difficultés financières, les travailleurs peuvent ne pas avoir d’autres choix que d’accepter des disparités de traitement, notamment sur le plan des avantages sociaux, afin de maintenir des emplois. Un encadrement de l’ensemble des clauses de disparité de traitement de la part du gouvernement nous apparaît indispensable pour rétablir l’équité et éviter les pressions patronales à cet égard.

La mobilisation

Un débat sur la participation des jeunes dans la vie de leur syndicat est essentiel. Comment améliorer leur présence aux assemblées générales ? Comment favoriser leur implication dans les structures syndicales ? Comment mieux faire connaître le rôle que les syndicats peuvent jouer dans les préoccupations des jeunes, comme par exemple la conciliation famille-travail-études-vie personnelle ? Comment composer avec le haut taux d’endettement des ménages et de l’effet de cette réalité sur notre rapport de force devant les employeurs ? Et la grande question : que pouvons-nous faire pour nous assurer d’une équité entre les générations ?

Nous vous invitons à venir débattre de ces importants enjeux au 6e Rassemblement des jeunes en novembre 2016. C’est un rendez-vous à ne pas manquer.

Une force incontournable en santé et dans les services sociaux

Nous sommes en septembre 2014. Tel un magicien qui sort un lapin de son chapeau, Gaétan Barrette annonce une réforme majeure du réseau. Mais l’opération n’a rien de magique. La réforme Barrette, aussi connue sous le nom de loi 10, laissera une trace indélébile tant dans le réseau que dans les organisations syndicales et la population. Portrait d’un grand chamboulement.

Sans consulter le personnel du réseau ni la population, le ministre impose l’abolition de paliers administratifs et fusionne de nombreux établissements pour n’en retenir qu’une trentaine sur tout le territoire québécois, dont les fameux CISSS et CIUSSS. En fait, la réforme Barrette, qui est entrée en vigueur le 1er avril 2015, a fait passer le nombre des établissements de 182 à 34, dont treize centres intégrés en santé et en services sociaux (CISSS) et neuf centres intégrés universitaires en santé et en services sociaux (CIUSSS). Douze établissements ne sont pas visés par la loi ou ne sont pas fusionnés, dont l’Hôpital Sainte-Justine, le CHU de Québec–Université Laval, le CHUM et le CUSM. Cinq CIUSSS desservent le territoire de la Ville de Montréal, alors qu’en Montérégie, trois CISSS ont été créés.

Les CISSS et les CIUSSS — centres rattachés à une université — chapeautent tous les établissements d’une même région : centres hospitaliers, CHSLD, centres de protection de l’enfance et de la jeunesse (centres jeunesse), centres de réadaptation ainsi que santé publique.

Dans un climat rappelant l’improvisation, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette — qui n’est en poste à cette époque que depuis cinq mois — prétend que le virage majeur qu’il propose se fera au profit des usagers. Il avance que son plan permettra des économies de 220 millions de dollars en éliminant un palier organisationnel majeur, celui des agences de santé et de services sociaux. « Désormais, je peux dire que notre intention est de faire en sorte que notre système de santé ne rimera plus jamais avec bureaucratie, mais plutôt avec services », avance-t-il en conférence de presse, à la suite de la mise à pied de 1300 cadres du réseau. Du même coup, il en profite pour s’arroger des pouvoirs exceptionnels, du jamais vu au ministère.

Chaque étape de mise en place de la réforme est pénible, alors que les travailleuses et les travailleurs ne sont pas toujours informés des changements. Ce fut particulièrement le cas pour le personnel des agences, qui, à quelques jours de la dissolution de leur secteur d’activité, ne savaient toujours pas ce qu’il adviendrait d’eux.

Une réforme austère

La réforme Barrette s’inscrit parfaitement dans les politiques d’austérité imposées par le gouvernement libéral de Philippe Couillard. Malgré les belles promesses, le réseau de la santé et des services sociaux s’est aussi vu imposer des coupes de 219 millions pour 2014-2015, de 450 millions pour 2015-2016 et de 247 millions pour 2016-2017.

Le PL10 s’inscrit dans les politiques d’austérité du gouvernement Couillard auxquelles la CSN s’oppose depuis près de deux ans.
La réforme Barrette ou PL10 a fait passer de 182 à 34 le nombre d’établissements dans le réseau.

Deux ans plus tard, le réseau tente tant bien que mal de se remettre de cet électrochoc. Les bénéfices de la réforme promis par le ministre se font toujours attendre et les usagers n’ont pas vu l’accessibilité aux soins et aux services s’améliorer, au contraire. À ce propos, un sondage commandé par la CSN (incontournable.info), et paru en septembre 2016, indiquait que 70 % du personnel technique et professionnel du réseau estimait que les coupes budgétaires imposées avaient diminué l’accessibilité aux services et allongé le temps d’attente pour les patients. Ce même sondage démontrait, sans surprise, les effets dévastateurs de ces compressions sur les travailleuses et les travailleurs du réseau. Ainsi, 60 % des répondants estimaient être constamment ou fréquemment en surcharge de travail, alors que plus de 80 % des personnes interrogées affirmaient que leur surcharge de travail était due aux compressions.

Bouleversement syndical

La réforme structurelle du réseau de la santé et des services sociaux aura aussi des effets majeurs sur les syndicats. Car qui dit établissements fusionnés, dit auto­matiquement nouvelles accréditations syndicales. La réforme Barrette imposera donc la plus importante période de vote d’allégeance syndicale en santé et en services sociaux jamais connue au Québec. Des quelque 800 accréditations syndicales, il en restera moins de 100, ce qui créera des mégasyndicats répartis sur d’immenses territoires. La CSN, présente partout au Québec, demeurera l’organisation la mieux placée pour offrir des services de qualité aux syndicats de toutes les régions et pour appuyer la vie syndicale dans tout le Québec.

Les compressions ont des effets dévastateurs sur les travailleurs du réseau qui estiment à 60 % être constamment ou fréquemment en surcharge de travail.
Les compressions ont des effets dévastateurs sur les travailleurs du réseau qui estiment à 60 % être constamment ou fréquemment en surcharge de travail.

C’est ainsi que du 30 janvier au 24 février 2017, les 130 000 travailleuses et travailleurs du réseau auront à choisir l’organisation syndicale qui défendra le mieux leurs intérêts. C’est le Tribunal administratif du travail — le TAT, l’ancienne Commission des relations du travail — qui supervisera le processus. Chaque membre du personnel du réseau touché par l’opération recevra, à son domicile, un bulletin de vote qu’il devra retourner avant le 24 février 2017. Les résultats seront dévoilés entre la mi-mars et la mi-avril. Les nouveaux syndicats seront accrédités officiellement le 21 avril 2017.

L’opération n’est pas sans rappeler la période de vote d’allégeance syndicale découlant de la loi 30 du gouvernement libéral de Jean Charest. Cette loi, adoptée en 2003 sous le bâillon, avait imposé une réorganisation des unités de négociation, divisant en quatre catégories l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du réseau : la catégorie 1 regroupant les professionnel-les en soins (infirmière, infirmière auxiliaire, inhalothérapeute), la catégorie 2 regroupant le personnel paratechnique, auxiliaire et de métiers (préposé-e aux bénéficiaires, personnel d’entretien, préposé-e aux services alimentaires et de buanderies, ouvrier spécialisé, etc.), la catégorie 3 le personnel de bureau et de l’administration (agente administrative, secrétaire, etc.) et, finalement, la catégorie 4 le personnel professionnel et technique (psychologue, travailleuse sociale, technicienne de laboratoire, etc.).

La loi 30 avait toutefois été opérationnalisée en plusieurs vagues, alors que les votes s’étaient déroulés de 2004 à 2006. Cette fois-ci, le vote d’allégeance se tiendra en une seule vague, une opération périlleuse et historique.

La CSN, une force incontournable

Forcée de participer à ce maraudage sans précédent, la CSN ne sera pas en reste. Tout au long de l’automne et jusqu’au début de 2017, elle déploiera les efforts nécessaires pour s’assurer que ses membres demeurent à la CSN, mais aussi pour convaincre les autres travailleuses et travailleurs d’y adhérer. Elle sera la cible de tous les autres joueurs impliqués pendant la période de vote sur le changement d’allégeance syndicale, car elle est l’organisation la plus représentative du réseau de la santé et des services sociaux, regroupant 47 % de ses travailleuses et de ses travailleurs. Elle est présente dans tous les types d’établissements et dans toutes les catégories d’emplois. Les membres des catégories 1, 2 et 3 sont affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), alors que ceux de la catégorie 4 sont affiliés à la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ainsi qu’à la FSSS–CSN. Rejetant plus que jamais le corporatisme et l’isolement, la CSN misera sur la solidarité pour améliorer les conditions de travail de ses membres, et sur sa crédibilité pour défendre avec vigueur et efficacité le réseau de la santé et des services sociaux.

La campagne « La CSN, une force incontournable » se déploiera sur le terrain, dans tous les établissements ; elle sera visible sur toutes les plateformes : réseaux sociaux, web, télévision, journaux, même le long des autoroutes.

Forte de ses 325 000 membres, la CSN est une force incontournable pour le réseau de la santé et des services sociaux.

Comprendre le racisme pour s’y attaquer

Michael Brown, Sandra Bland, Trayvon Martin, Eric Garner. Les ravages du racisme systémique chez nos voisins étatsuniens font beaucoup parler depuis quelques années. Mais cette violence ne se limite pas au sud du 49e parallèle.

Les victimes de la brutalité policière au Québec et au Canada ont, elles aussi, des noms qui méritent de ne pas être oubliés : Freddy Alberto Villanueva, Sammy Yatim, Abdi Abdirahman, Jean-Pierre Bony. Le décès de ce dernier, abattu par la police en avril dernier à Montréal-Nord, a été la goutte qui a fait déborder le vase pour plusieurs groupes antiracistes du Québec. Depuis, ils réclament la tenue d’une commission parlementaire sur le racisme systémique afin d’examiner ses effets et sa portée à travers l’ensemble des sphères de la société civile et des institutions québécoises. La campagne pour la tenue de cette commission est principalement menée par des militantes et militants de Montréal Noir, de Québec inclusif, de l’Association des Musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec, et du Réseau jeunesse des Premières Nations du Québec et du Labrador.

D’emblée, notons que le racisme est par définition systémique et qu’il ne se limite pas aux propos et gestes discriminatoires et aux préjugés d’une poignée d’individus incultes. Le racisme est un système conçu pour favoriser l’avancement social et économique basé sur la race, avantageant et protégeant avant tout les « groupes privilégiés » au détriment des « groupes racisés ». Ce système produit et reproduit des inégalités criantes qui se manifestent dans tous les domaines de la société : l’éducation, la justice, le travail, la santé, etc.

Se regarder dans le miroir

Certes, plusieurs pensent que les problèmes de racisme sont moins graves au Québec et au Canada qu’ailleurs en Amérique du Nord, mais de nombreuses études dénotent une réalité bien plus sombre.

En fait, un Picard ou un Cloutier ont 60 % plus de chance d’être convoqués à un entretien d’embauche qu’un Abdallah ou un Setshwaelo. Au cours de la dernière décennie, la population carcérale d’origine autochtone a grimpé de 46 %, et celle des Noirs, de 90 %. À Montréal, bien que 30 % de la population soit racisée, à peine 6 % des postes de la haute direction de la fonction publique sont occupés par des personnes issues des communautés racisées. Quant à l’Assemblée nationale, il n’y a que cinq députés sur 125 élus qui viennent de groupes racisés.

Pour un syndicalisme inclusif et antiraciste

Le 25 août dernier, la CSN a joint sa voix à celle des groupes qui revendiquent la tenue d’une commission parlementaire sur le racisme systémique. Pour Emilie Nicolas, présidente de Québec inclusif, il est essentiel que le mouvement syndical emboîte le pas dans la lutte contre le racisme et qu’il s’oppose, lui aussi, aux politiciens et aux autres influenceurs qui sont plus à l’aise de discuter de ce qui se passe aux États-Unis que de s’attaquer aux problèmes d’ici. « Ce n’est pas parce qu’on n’est pas en Arabie saoudite qu’on n’a pas besoin d’avoir un mouvement féministe au Québec, explique-t-elle. Qu’on dise qu’il y a certains endroits dans le monde où la situation est pire est une stratégie pour faire dévier la conversation et éviter de s’attaquer aux problèmes vécus quotidiennement ici. »

D’ailleurs, Emilie Nicolas incite tous les syndicalistes à s’engager dans la lutte antiraciste en utilisant les outils à leur disposition afin de renforcer le message des communautés racisées sur l’urgence d’une commission parlementaire. « Les gens issus de groupes racisés sont des citoyens à part entière et non des citoyens de seconde zone, et le gouvernement nous appartient autant qu’il appartient à tout le monde. Ce message doit être entendu dans les coulisses du pouvoir ! »

Deux militantes, deux parcours, même combat

Les débats et les luttes féministes à la CSN ne datent pas d’hier. Depuis des années, des femmes s’engagent au sein du mouvement pour une réforme continuelle de la condition des travailleuses. Mais les mentalités ont parfois la vie dure et bien que des progrès s’accomplissent tous les ans, les acquis d’hier peuvent sauter à la première crise politique ou économique. Rencontre avec deux militantes au parcours fascinant qui n’ont jamais renoncé à faire entendre la voix des femmes.


Une pionnière dans son milieu

Dès ses études en électrotechnique au collège Ahuntsic, où elle est l’une des deux femmes sur un groupe de 70 personnes, Linda Boisclair s’engage pour la cause féministe et devient présidente de « Femmes regroupées en options non traditionnelles » (FRONT) qui œuvre dans la communauté. Lorsqu’elle commence à travailler chez Gaz Métro en 1992, le syndicat en place ne compte que six femmes sur 430 membres.

La militante rappelle le contexte de son embauche : des toilettes et des vestiaires pour femmes manquent à certains endroits dans l’entreprise. La taille pour hommes de leurs uniformes et de leurs chaussures crée des risques de blessures. Aujourd’hui, de telles situations problématiques n’existent pratiquement plus et Linda Boisclair n’est pas étrangère à l’amélioration des conditions de travail de son milieu. En 1996, elle contacte les autres femmes qui travaillent dans divers secteurs de l’entreprise et les convie à un souper. Son objectif vise à échanger sur leur réalité respective et à tisser des liens avec elles. « On sentait la méfiance masculine face à notre présence, comme si certains craignaient qu’on ne leur vole leur place. On s’est rendu compte qu’on vivait les mêmes choses. On a ciblé quelques revendications pour les faire valoir auprès du syndicat et de l’employeur. » Elle admet que les relations avec le comité exécutif de l’époque ne baignaient pas dans l’huile et souligne qu’aucune femme n’avait jamais siégé à l’exécutif ni fait partie des délégués.

Pour toutes ces raisons, elle et ses con­sœurs décident en 1995 de mettre sur pied un comité de condition féminine. Avec l’appui d’une linguiste de l’UQAM, les membres du comité contribuent à la féminisation des appellations d’emploi de la convention collective. Elles travaillent sur des enjeux comme le harcèlement psychologique et prennent une part active dans la création du réseau d’entraide qui sert non seulement aux femmes, mais à l’ensemble des employé-es. « Personne n’avait le temps ni la motivation de travailler sur ces questions. Nous les avons prises à bras-le-corps, avec l’appui indéfectible de la CSN. » Comme quoi, estime-t-elle, la vision des femmes amène une valeur ajoutée à une organisation.

Des alliés chez les hommes

L’élection du président du syndicat actuel, Michel Charron, a constitué un élément bénéfique pour les travailleuses de Gaz Métro. « Il nous a beaucoup aidées à prendre notre place tout en évitant de bousculer les membres. Il comprenait les réticences de ses compagnons et savait les faire cheminer. »

En outre, le comité de condition féminine a participé activement à la révision du programme d’accès à l’égalité dans l’entreprise qui connaissait des ratés. Aujourd’hui, 62 femmes sont embauchées par l’organisation, si on exclut les employé-es de bureau. « Je n’aurais jamais pensé voir ça. L’employeur a fait ses devoirs ! », ajoute-t-elle. Au début des années 2000, elle décide de faire le saut et se présente à l’exécutif syndical à la suite d’une démission. Elle remporte l’élection.

La création d’un poste réservé de vice-présidente à la condition féminine constitue l’une des grandes satisfactions de Linda Boisclair, qui prend sa retraite dans quelques semaines. « Je remercie mes confrères de reconnaître le caractère essentiel d’un tel poste. Ils ont vu que notre travail avait des répercussions positives pour tout le monde. Ça m’émeut beaucoup. »

À sa retraite, Linda poursuivra son engagement envers les femmes avec le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel en siégeant au conseil d’administration de CALACS et en offrant aux femmes une demi-journée par semaine de massothérapie, bénévolement. « Je veux les aider à reprendre contact avec leur corps. »

« Linda a toujours su partager sa fougue féministe, fait remarquer Véronique De Sève. La retraite ne fera pas exception à la règle et je suis certaine qu’elle poursuivra sur le même chemin. Chapeau, Linda ! »


Une intellectuelle aux barricades

Georgette Lachaîne, ex-vice-présidente de la CSN et Véronique De Sève, actuelle deuxième vice-présidente de la CSN.Photo : Cédric Martin
Georgette Lachaîne, ex-vice-présidente de la CSN et Véronique De Sève, actuelle deuxième vice-présidente de la CSN.
Photo : Cédric Martin

Georgette Lachaîne, combattante des premières heures à la CSN, est aujourd’hui âgée de 95 ans. Issue d’une famille de cinq enfants, cette infirmière de formation n’a pas pratiqué ce métier compte tenu de sa fragile constitution. Par contre, la militante fait sa marque sur le plan des idées et des convictions en se faisant élire à la vice-présidence de la CSN, en 1962.

Lorsqu’elle apprend à lire, la jeune Georgette se découvre une passion pour cette activité qui gruge une grande partie de son temps. « Ma tante ne semblait intéressée que par les bouquins, tellement que ma grand-mère ironisait en disant que c’était une enfant plate », souligne en riant sa nièce, Louisette Lachaîne. Le personnel de la bibliothèque du quartier Verdun où réside la famille de Georgette est impressionné : « Elle prenait en note les titres de tous les livres qui apparaissaient dans les journaux et se rendait sur place pour les emprunter. Parfois même, elle informait les bibliothécaires des nouvelles publications. »

Georgette Lachaîne entame son implication militante au sein de son syndicat chez Dupuis et frères où elle travaille ; le magasin embauchait alors une grande majorité de femmes. « Mes oncles n’étaient pas très syndicalistes. Ils lui disaient souvent : “Toé pis ton maudit syndicat !” Elle se défendait et suscitait des discussions animées. Elle avait du nerf tante Georgette et elle croyait dans ce qu’elle faisait ! » En 1952, elle prend une part active à la grève menée par les quelque 1000 employé-es de Dupuis et frères, qui ne gagnent à l’époque que 30 $ par semaine. Grâce à leur lutte, elles obtiennent la semaine de travail de 40 heures, la formule Rand et des hausses de salaire hebdomadaire se situant entre 4 $ et 6 $.

L’ex-vice-présidente de la CSN s’indigne de l’exploitation des femmes au travail et se désole du sort réservé aux personnes les plus démunies. Pour ces raisons, elle donne bénévolement de son temps afin d’aider les familles à revenu modeste à établir leur budget. Une fois élue au comité exécutif de la confédération, Georgette continue à promouvoir la juste reconnaissance pour l’ensemble des femmes d’une multitude de droits : autonomie financière, éducation, encadrement du travail de nuit des femmes, parité salariale, droits pour les femmes mariées : autant de luttes qu’elle a durement et chèrement menées sur plusieurs fronts.

Bien placée pour comprendre les difficultés d’implication de ses consœurs dans différents milieux de travail et dans les syndicats, elle œuvre pour les aider à s’y tailler une place, notamment par l’entremise du comité féminin de la CSN : « Le mouvement syndical ne peut rester indifférent aux aspirations d’un groupe aussi important », écrit-elle dans un rapport de ce comité. Georgette Lachaîne luttait pour des problématiques encore bien actuelles de nos jours. En 1966, elle doit cesser ses activités militantes en raison d’ennuis de santé. Malgré une carrière écourtée, elle a contribué au débat tant sur le plan idéologique que dans l’action sur le terrain pour améliorer la situation des femmes de son époque. « Je suis fière de travailler dans le sillage de cette grande femme, qui a su démystifier les enjeux sur lesquels il était urgent de se pencher pour faire progresser la condition de toutes les femmes. Merci, Georgette Lachaîne, nous tâcherons de poursuivre votre œuvre avec toute l’ardeur que vous y avez déployée vous-même », conclut finalement Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

Une attaque directe contre la libre négociation

Depuis le début de l’été, les syndicats des secteurs municipal et transport de la FEESP–CSN tiennent des actions aux quatre coins du Québec contre le projet de loi 110 (PL110), qui confère au gouvernement le droit de décréter les conditions de travail dans ces secteurs. Diverses actions se tiennent et aucun effort n’est ménagé dans cette lutte pour forcer le gouvernement Couillard à respecter le droit fondamental à la libre négociation.

« Ce n’est pas vrai qu’on va se laisser bulldozer par le gouvernement », a martelé Yvon Godin, vice-président de la FEESP–CSN, lors d’une journée d’action tenue le 20 septembre devant différents hôtels de ville du Québec. La campagne porte ses fruits, une résolution votée par le conseil municipal de Sorel-Tracy en octobre rejetait l’application éventuelle du PL110. Plusieurs autres villes ont aussi exprimé leur opposition au projet de loi, dont Chambly qui a promis d’emboîter le pas s’il n’est pas amendé ou retiré (ci-dessus, des travailleurs et des militants devant la mairie de Chambly).

« Nos membres sont fiers de leur travail, a déclaré Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Ces militantes et militants défendent le droit de tout le monde à être syndiqué, à agir pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie et le droit fondamental de négocier. »

En signant un pacte de non-maraudage en septembre, le SCFP et la FEESP–CSN, qui représentent presque tous les employé-es touchés, luttent désormais ensemble contre ce projet de loi. Au moment de mettre sous presse, le PL110 était en voie d’adoption.

Un mouvement pour hausser le salaire minimum

Le 7 octobre dernier, des activités se sont tenues partout sur la planète pour souligner la Journée mondiale sur le travail décent. À l’initiative de la Confédération syndicale internationale (CSI), à laquelle est affiliée la CSN, les organisations syndicales de toutes les contrées se sont portées à la défense du travail décent de multiples manières sur le thème « Halte à la cupidité des entreprises ».

Au Québec, cette journée a donné naissance à une large coalition syndicale et populaire mise sur pied pour obtenir notamment la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure. Au cours d’une conférence de presse, le Front de défense des non-syndiquéEs (FDNS), le Collectif pour un Québec sans pauvreté, la CSD, la CSQ et la CSN ont lancé la campagne 5-10-15 qui rappelle les objectifs à atteindre le plus rapidement possible :

  • le droit d’obtenir son horaire de travail 5 jours à l’avance ;
  • le droit de disposer de 10 jours de congés payés par année pour maladie ou responsabilités familiales ;
  • le droit de gagner un salaire minimum de 15 $ l’heure.

« Les normes minimales du travail ne sont pas à l’avantage des travailleuses et des travailleurs non syndiqués, a mentionné Jean Lacharité, vice-président de la CSN. La coalition 5-10-15 a ciblé trois revendications qui seront portées par un large éventail d’organisations dans toutes les régions du Québec. »

Minimum 15 $

Lors de la conférence de presse du 7 octobre, les porte-parole de la coalition ont lancé différents outils qui seront utilisés au cours de cette campagne. La documentation est disponible sur le site cinqdixquinze.org qui fera aussi connaître ses actions sur sa page Facebook. La question du salaire minimum à 15 $ l’heure est évidemment au cœur de cette campagne.

La représentante du FDNS, Mélanie Gauvin, a bien expliqué le sens de cette bataille qui s’est engagée pour améliorer la condition de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs : « La campagne 5-10-15 met de l’avant des propositions concrètes pour contrer des inégalités économiques. Au Québec, c’est près d’un million de travailleuses et travailleurs qui gagnent moins de 15 $ l’heure. Même en travaillant à temps plein, leurs conditions ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté », a-t-elle fait valoir.

Pour Jean Lacharité, il est évident que cette revendication s’inscrit dans un projet de société qui heurte de plein fouet les politiques du gouvernement Couillard. « Depuis son élection, ce gouvernement n’a cessé de brandir l’épouvantail de la dette pour justifier son austérité budgétaire, a-t-il mentionné. Ce faisant, il a affaibli le rôle de l’État, freiné la création d’emplois de qualité et mis en place les conditions qui accentuent la pauvreté. Cette lutte pour un revenu et des conditions décentes de travail est le prolongement de l’opposition populaire à ses politiques austères. Les forces progressistes convergent pour que les choses changent. L’obtention du salaire minimum à 15 $ l’heure le plus rapidement possible est une mesure concrète pour partager la richesse. La CSN est fière de mener ce combat pour la dignité au sein de la coalition 5-10-15. »

Des pinottes…

Dès la fin de la conférence de presse, les porte-parole ont lancé la mobilisation par une marche symbolique qui s’est déplacée notamment devant les bureaux du Conseil du patronat et de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, deux organisations qui exercent de multiples pressions pour empêcher la hausse du salaire minimum à un niveau acceptable. Des sacs d’arachides ont été déposés aux deux endroits, rappelant le thème de cette campagne : « Il nous faut plus que ça ».

Bien documenter ses dossiers, un gage de succès

Afin de défendre leurs membres blessés et de forcer l’employeur à adopter une approche
préventive, les syndicats sont appelés à intervenir sur la question des troubles musculosquelettiques (TMS). La prévention est sans contredit essentielle pour une résolution durable des problèmes.

De bonnes enquêtes syndicales contribueront à développer une approche préventive, facilitant la mise en place de solutions efficaces, tout en aidant à documenter les dossiers dans l’éventualité de contestation. Si les risques ergonomiques ne sont pas pris en charge par l’employeur, il ne faut pas hésiter à recourir aux inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Ceux-ci pourront imposer des correctifs.

Selon la législation sur les maladies professionnelles, le lien causal entre le travail et l’apparition d’un TMS repose sur le fait que la maladie est reliée aux caractéristiques particulières de ce travail. Les maladies reconnues à l’annexe 1 de la section IV de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) doivent se manifester « par des signes objectifs » (bursites, tendinites, ténosynovites). Le travail en cause doit impliquer des répétitions de mouvements ou de pressions sur des périodes de temps prolongées. Lorsque la maladie ne figure pas à l’annexe 1, elle pourra être considérée comme une maladie professionnelle « si l’on démontre à la Commission que la maladie est reliée directement aux risques particuliers de ce travail ».

Les responsabilités de l’employeur

La loi oblige l’employeur à maintenir un registre des caractéristiques des postes et du travail exécuté par chaque travailleur (art. 52). Il doit prendre les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité et leur intégrité physique et psychologique (art. 51). Il doit, entre autres, équiper et aménager les lieux de travail de façon à assurer la protection des travailleuses et des travailleurs. Il doit aussi voir à ce que l’organisation du travail, les méthodes et les techniques utilisées pour l’accomplir soient sécuritaires et ne portent pas atteinte à la santé.

L’employeur a donc le devoir d’identifier les risques liés à la santé-sécurité, y compris les risques ergonomiques. Ceux-ci sont malheureusement trop souvent absents des grilles d’inspection et de prévention établies par les employeurs et les comités de santé-sécurité du travail. Il est important de faire ressortir l’ampleur des facteurs de risque ergonomiques pouvant surcharger une région corporelle et favoriser le développement d’un TMS.

Certaines normes indiquent des seuils de précaution pour la santé, des valeurs minimales à rechercher, afin de prévenir une surcharge musculosquelettique (NIOSH, AFNOR, QEC). L’identification des risques ergonomiques exige du syndicat une analyse approfondie et une documentation détaillée du travail effectué, afin de bien cibler les éléments à risque et les déterminants (causes). Toutefois, ce travail est un gage de succès !

Enfin, le vieillissement de la population rend la prévention des TMS d’autant plus importante et les primes d’assurance augmentent de façon importante.

Les syndicats doivent induire des comportements positifs de prévention dans leur milieu de travail par rapport aux TMS, et saisir toutes les occasions pour sensibiliser l’employeur et leurs membres sur les conséquences négatives de ceux-ci, autant pour l’entreprise, les individus que la société.

TMS les plus fréquents

  • Bursite
  • Tendinite
  • Épicondylite
  • Maux de dos
  • Syndrome du canal carpien
  • Syndrome vibratoire

Conditions pouvant avoir une incidence sur le développement des TMS

  • Postures contraignantes
  • Vibrations et chocs mécaniques
  • Effort
  • Pression mécanique
  • Répétition
  • Froid
  • Travail statique
  • Facteurs psycho­sociaux et organisationnels

La vitalité des enjeux féministes

À l’instar de la polémique causée par la ministre Lise Thériault qui a marqué le 8 mars cette année, et à la suite des analyses de la CSN et de l’IRIS sur l’austérité sexiste, les congrès des conseils centraux de ce printemps ont donné lieu à des débats et des discussions sur de nombreux enjeux féministes, ouvrant la voie à des réflexions stimulantes sur les perspectives de luttes pour les prochaines années.

Au cours de ces instances, les activités, les propositions et les débats ont ultimement fait la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes et ont démontré, une fois de plus, que les militantes de la CSN sont prêtes et déterminées à poursuivre la lutte dans cette voie égalitaire. Tout ce foisonnement d’idées a aussi permis de confirmer que nous ne sommes pas isolées en tant que féministes dans cette lutte pour l’égalité, la justice et la solidarité. En effet, le soutien exprimé lors des congrès par les hommes en témoigne.

À l’image du mouvement féministe d’aujourd’hui qui est diversifié et engagé dans une multitude de voies, soit récurrentes ou émergentes, les diverses problématiques abordées ont permis de mieux comprendre les enjeux de société auxquels les femmes sont confrontées et de dégager des pistes de solution intéressantes.

Pour nous faire entendre, la parité

La parité femmes-hommes dans les lieux et les postes décisionnels a été inscrite à l’ordre du jour de plusieurs congrès. « Cette question a ressurgi dans l’actualité, ce qui est une bonne nouvelle en soi, souligne Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, responsable de la condition féminine. Dans plusieurs milieux, y compris dans le mouvement syndical, de nombreuses difficultés se dressent devant les femmes qui désirent s’impliquer. Malgré un nombre de militantes en augmentation, la participation des femmes aux directions syndicales de certains secteurs économiques progresse lentement. Il y a quelques années, la CSN a adopté le Programme pour l’accès à une représentation équitable des femmes (PAREF) et elle s’est positionnée tout récemment en faveur de la déclaration pour la parité femmes-hommes du groupe Femmes, politique et démocratie. De plus, au cours des prochains mois, la CSN mettra en place des outils pour amorcer l’analyse différenciée selon les sexes (ADS). Somme toute, il reste beaucoup de travail à faire. »

Les membres ont abordé plusieurs autres sujets à caractère féministe comme les conséquences de l’austérité sexiste, les pièges de la banalisation de la marchandisation du corps des femmes, la participation aux tables et aux activités régionales des groupes de femmes dont ceux qui œuvrent en employabilité, la problématique de la violence et de la disparition de nombreuses femmes autochtones, pour n’en nommer que quelques-uns.

Les congrès des conseils centraux nous ont donc permis de découvrir qu’il existe une multitude d’activités et de propositions concrètes sur la recherche d’égalité entre les femmes et les hommes. Nous ne pouvons qu’être fières du dynamisme des militantes de la CSN et, à ce titre, nous devons conclure que ces congrès ont été fertiles en solidarités féministes !

Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec

Activités Adoption de propositions
  • Un questionnaire distribué chaque jour du congrès sur l’histoire des droits des femmes, l’égalité financière, les effets néfastes de l’austérité sur les femmes et la discrimination au travail relativement à la grossesse; possibilité de gagner un prix.
  • Que le conseil central poursuive la lutte pour contrer la violence faite aux femmes en faisant connaître les ressources disponibles en région à nos syndicats affiliés.
  • Que le conseil central dénonce les mesures d’austérité qui s’attaquent aux plus pauvres et aux plus démunis de la région, dont les femmes sont majoritairement victimes.
  • Que le conseil central envisage la possibilité d’envisager ou de s’impliquer dans une campagne avec un organisme de la région venant en aide aux plus démunis.

Bas-Saint-Laurent

Activités Adoption de propositions
  • Présentation d’un portrait de la prostitution dans la région.
  • Déjeuner animé à l’aide de questions sur l’histoire des luttes des femmes.
  • Appel d’une maison pour femmes violentées de collecter des objets utilitaires pour les aider à emménager dans un nouveau logis.
  • Dénoncer les attaques faites aux femmes par différents moyens, dont une présence accrue sur la scène médiatique ainsi que le resserrement des liens avec les organismes qui viennent en aide aux femmes.
  • Remettre de l’avant dans nos syndicats la conciliation famille-travail-études.

Cœur-du-Québec

Activités Adoption de propositions
  • Kiosque de la condition féminine (distribution de différentes brochures CSN et autres) et tirage.
  • Conférence sur l’hypersexualisation et l’image corporelle, les publicités sexistes, la prostitution et la traite des femmes.
  • 5 à 7 animé par une humoriste.
  • Organiser deux colloques dans le cadre du 8 mars, l’un portant sur les proches aidants au féminin et l’autre sur les multiples visages de la violence envers les femmes.
  • Organiser un colloque sur la santé mentale conjointement avec les responsables de la santé-sécurité du travail.

Côte-Nord

Activités Adoption de propositions
  • Présentation du bilan des activités de la condition féminine et des collaborations avec les organismes de défense des droits des femmes.
  • Hommage à la fondatrice de la corporation de l’environnement de Sept-Îles, madame Claudette Villeneuve, dont le témoignage a démontré les défis qu’elle a eu à surmonter en tant que femme.
  • Que le Conseil central Côte-Nord poursuive la lutte contre les violences faites aux femmes en faisant connaître les services offerts pour éliminer la violence conjugale, les agressions sexuelles et les abus de toutes sortes envers les femmes.
  • Que le Conseil central Côte-Nord – CSN fasse ressortir toutes les conséquences que les mesures d’austérité du gouvernement Couillard ont sur les conditions de vie des femmes et s’associe aux groupes de femmes de la région afin de les dénoncer.

Estrie

Activités Adoption de propositions
  • Présentation, par le biais du rapport d’activités du comité exécutif, des effets des mesures d’austérité sur les femmes.
  • Présentation d’Aurélie Lanctôt, auteure de Les libéraux n’aiment pas les femmes.
  • Que le comité exécutif du CCSNE applique l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) dans toutes ses orientations et actions.
  • Que le comité exécutif du CCSNE s’implique dans les diverses activités de la table régionale de groupes de femmes, qu’il diffuse largement toutes les initiatives et actions pertinentes liées au mouvement des femmes régional et national et qu’il invite les membres de ses syndicats affiliés à participer activement aux actions du mouvement des femmes.
  • Que le comité exécutif du CCSNE, par le biais de son comité de condition féminine, mette en place des activités concrètes liées au mouvement des femmes.

Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

Activités Adoption de propositions
  • Deux membres du comité national de la condition féminine CSN, Nathalie Arguin et Pauline Bélanger, ont présenté l’importance des enjeux de la condition féminine et de s’impliquer à différents niveaux.
  • Modification des statuts et règlements pour se prémunir de deux comités statutaires, dont un de la condition féminine. Il sera composé de trois membres, dont deux qui représenteront respectivement la Gaspésie et les Îles; l’autre membre proviendra de l’exécutif.

Lanaudière

Activités Adoption de propositions
  • Présentation théâtrale interactive « Eva en quatre temps » sur les différentes luttes féministes, suivie d’une discussion autour des stratégies à développer pour contrer les attaques qui perdurent encore contre les femmes.
  • Que le Conseil Central de Lanaudière invite ses syndicats à définir des objectifs en ce qui concerne la conciliation-famille-travail et que ceux-ci prennent les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs.
  • Que le Conseil central de Lanaudière-CSN développe un outil dans le but de promouvoir la condition féminine dans ses syndicats locaux.

Laurentides

Activités Adoption de propositions
  • Points soulevés autour des effets de l’austérité sur les femmes, notamment lors d’une présentation sur le démantèlement du réseau de service de garde au Québec.
  • Que le conseil central et ses syndicats affiliés poursuivent la lutte contre les mesures d’austérité qui touchent notamment les femmes, avec pour objectif l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes. Élaborer un plan d’action pouvant amener à une grève sociale.
  • Poursuivre la lutte pour favoriser l’accès aux femmes dans les métiers traditionnellement masculins.

Montérégie

Activités Adoption de propositions
  • Présentation du bilan des activités de la condition féminine.
  • Tenue d’un kiosque.
  • Hommage à Fernande Lévesque, militante de tous les combats pour faire avancer la place des femmes, à l’occasion de son départ à la retraite.

Montréal métropolitain

Activités Adoption de propositions
  • Kiosque où se faisaient photographier les gens qui exprimaient qu’« Acheter du sexe n’est pas un sport » (le congrès se déroulait juste avant le Grand Prix de la Formule 1).
  • Présentation du comité de condition féminine sous forme de déclamations sur les raisons d’être féministe en 2016.

Outaouais

Activités Adoption de propositions
  • Dîner discussion sur l’austérité sexiste animé par Diane Dwyer, conseillère syndicale à la condition féminine–CSN
  • Que les syndicats affiliés au CCSNO attachent une grande importance aux luttes contre l’austérité et à leurs principales victimes, les femmes./li>
  • Que les syndicats redoublent d’efforts afin d’avoir une responsable de la condition féminine au sein de son syndicat et que cette responsable puisse participer aux activités du CCSNO dans le cadre de la lutte contre l’austérité./li>

Québec Chaudière-Appalaches

Activités Adoption de propositions
  • Présentation dynamique du rapport d’activités du comité des femmes.
  • Hommage à Solange Gobeil, une militante qui laisse le comité des femmes après plus de 20 ans d’implication.
  • Que le Conseil central et les syndicats affiliés s’engagent :
    1. à poursuivre la lutte pour la sauvegarde, le développement, l’accessibilité et la valorisation du réseau des CPE, des RSG et des services de garde scolaires;
    2. à faire connaître la qualité supérieure des services offerts par les CPE et les RSG en comparaison avec ceux des garderies commerciales.
  • Que le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN et les syndicats affiliés s’engagent à faire reconnaître les revendications prioritaires de la coalition pour la conciliation famille-travail par la diffusion de la plateforme politique de la coalition.

Saguenay–Lac-Saint-Jean

Activités Adoption de propositions
  • Présentation de Diane Dwyer, conseillère syndicale à la condition féminine–CSN, sur les effets de l’austérité sur la réalité des femmes, et plus spécifiquement dans la région.
  • Que le conseil central soutienne les actions des groupes qui luttent contre la pauvreté et l’exclusion sociale dans la région, qu’il dénonce les préjugés envers les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables et qu’il sensibilise les membres des syndicats affiliés sur les impacts des récentes orientations du gouvernement concernant les coupes dans les programmes spécialisés pour faciliter l’employabilité des femmes.

Nous sommes l’hôtellerie et nous sommes hot

Le secteur de l’hôtellerie de la Fédération du commerce (FC–CSN) se trouve au cœur d’une autre ronde de négociations coordonnées. Depuis 30 ans, les travailleuses et les travailleurs de ce secteur ont utilisé cette stratégie à neuf reprises et, encore une fois, cette approche permet l’atteinte des objectifs fixés par les syndicats. Pour arriver à ces résultats plus que convaincants, les syndicats et les équipes de travail coordonnent solidement leurs forces et leurs efforts.

Au moment d’écrire ces lignes, douze syndicats avaient conclu autant d’ententes de principe avec leurs employeurs respectifs : dans l’ordre des règlements, il s’agit du Marriott Château Champlain, du Ritz-Carlton, du Hilton Laval, du Quality Suites Pointe-Claire, du Lord Berri, du Delta de Québec, du Hilton de Québec, du Delta de Sherbrooke, du Quality de Sherbrooke et au Holiday Inn Laval Montréal, du

Les dix ententes de principe respectent en tous points les quatre éléments de la plateforme et c’est grâce à la mobilisation, au travail acharné et aux efforts communs que le secteur a réussi à atteindre ses objectifs.

Modèle de règlement très satisfaisant

Grâce à ces dix ententes, le modèle de règlement est plus que confirmé puisqu’il a été reconnu et accepté dans des établissements de différentes tailles. Celui-ci est d’une durée de quatre ans et prévoit des augmentations salariales de 3 % pour les trois premières années et de 4 % la dernière année, pour un total de 13 % sur quatre ans. Il inclut également une bonification des indemnités de vacances et une amélioration notable des indemnités de départ.

Même si plusieurs employeurs ont bien compris qu’ils pouvaient très bien poursuivre leurs activités et demeurer parfaitement rentables en acceptant un juste partage de leurs revenus avec leurs salarié-es, deux syndicats font actuellement face à un conflit. Ces deux conflits touchent l’Hôtel Classique de Québec et l’Hôtel Bonaventure de Montréal, qui ont le même propriétaire.

Grève générale illimitée à l’Hôtel Classique

Le mardi 20 septembre en après-midi, la directrice générale de l’Hôtel Classique a rencontré une dizaine de membres du syndicat pour leur annoncer que leurs tâches étaient désormais confiées à un sous-traitant. Face à ce geste de confrontation, les salarié-es ont décidé de débrayer et de convoquer une assemblée générale extraordinaire dès le lendemain matin. Lors de cette assemblée, ils ont décidé, à l’unanimité, de recourir à l’ultime moyen de pression en déclenchant la grève générale illimitée. Parallèlement à ce débrayage, la FC–CSN et la CSN ont déposé une requête d’ordonnance provisoire au Tribunal administratif du travail (TAT) visant à contrer cette manœuvre antisyndicale.

Sous-traitant de stratagème

Lors de l’audition du 23 septembre, la preuve déposée par l’employeur révélait que le sous-traitant, D. Prestige Hôtelier inc., avait été fondé une journée avant la manœuvre de la direction de l’Hôtel Classique.

Dans sa décision sévère à l’égard de l’employeur, rendue le jour même de l’audition, le juge Raymond Gagnon du TAT de Québec ordonnait à l’Hôtel Classique et à ses dirigeants de cesser « d’utiliser, dans les établissements où la grève a été déclarée, les services de personnes non autorisées à remplir les fonctions des salarié-es faisant partie de l’unité de négociation en grève. » En d’autres mots, de cesser de recourir à des briseurs de grève. Cette ordonnance provisoire touchait principalement des cadres embauchés après le début de la négociation, mais visait surtout la raison sociale D. Prestige Hôtelier inc., que le tribunal a reconnue à titre d’entité spécifiquement fondée pour contourner illégalement la loi interdisant les briseurs de grève.

Le message envoyé à l’employeur par le TAT est clair : les membres du syndicat revendiquent le respect du travail qu’elles et ils accomplissent chaque jour et le respect des lois et des règles en vigueur. Il faut dire que le propriétaire de l’Hôtel Classique, également propriétaire de l’Hôtel Bonaventure, est bien connu du milieu syndical pour ses pratiques douteuses et son antisyndicalisme. La CSN a été forcée de recourir aux tribunaux plus d’une fois afin de le rappeler à l’ordre. C’est donc avec une grande satisfaction que le secteur de l’hôtellerie a reçu la décision du TAT lui ordonnant de respecter les lois et les règles en vigueur en matière de relations de travail.

Lock-out au Bonaventure

Après une grève de 36 heures qui a débuté le samedi 24 septembre à 9 h, le dimanche, en début de soirée, le propriétaire décidait d’imposer un lock-out aux travailleuses et aux travailleurs de l’Hôtel Bonaventure. Le lendemain, les membres du syndicat votaient en faveur de la grève générale illimitée à 97 % afin de bien signifier à leur employeur qu’ils ne reviendront au travail que lorsque leurs demandes seront satisfaites. Au même moment, le ministère du Travail rendait public un rapport d’enquête qui révélait que l’employeur avait eu recours à 14 briseurs de grève durant un arrêt de travail, le 16 septembre dernier.

La malveillance de cet employeur semble sans bornes. Au moment d’écrire ces lignes, celui-ci pourrait bien faire face à des accusations d’outrage au tribunal puisque, malgré l’ordonnance provisoire lui interdisant de recourir à des briseurs de grève, les membres d’un des deux syndicats en conflit ont constaté et documenté la présence d’individus ciblés par le jugement, ce qui constitue une nouvelle infraction au Code du travail.

Requête insultante

Dans le cas de l’Hôtel Classique, les procédures sont loin d’être terminées. Le mardi 27 septembre, alors que le TAT devait entendre l’audition sur le fond de la question des briseurs de grève dans cet hôtel, le juge a plutôt reconduit l’ordonnance provisoire contre l’employeur jusqu’au 27 octobre, date de la prochaine audition portant sur l’ordonnance permanente. Au lieu de trancher le sort de l’ordonnance permanente réclamée contre le Classique, le juge a dû prendre connaissance d’une nouvelle requête déposée par l’employeur la veille de l’audition, à 21 h 30.

Insultante pour le syndicat, cette demande permettrait à l’employeur de céder les droits de gérance de plus d’une trentaine de salarié-es syndiqués à l’entreprise fondée le 19 septembre dernier, entité identifiée à titre de subterfuge afin de contourner les dispositions anti-briseurs de grève. Puisque le juge n’avait pas pris connaissance de cette nouvelle requête, il a tout simplement reconduit pour un autre mois l’ordonnance provisoire prononcée le 23 septembre.

La lutte se poursuit

Michel Valiquette, trésorier de la Fédération du commerce (FC–CSN) et responsable politique du secteur du tourisme de la fédération, est catégorique : « Que le propriétaire du Classique et du Bonaventure se le tienne pour dit, les manœuvres antisyndicales et irrespectueuses qu’il déploie seront combattues et dénoncées sur la place publique jusqu’à ce que les travailleuses et les travailleurs qui l’enrichissent chaque jour obtiennent leur juste part de cette richesse. Que ce soit à Québec, en Estrie ou à Montréal, la Fédération du commerce et la CSN feront tout en leur pouvoir pour que les 25 hôtels qui participent à cette neuvième ronde de négociations coordonnées atteignent leurs objectifs à l’image des dix syndicats qui l’ont déjà fait. »


Chronologie des dix premières ententes conclues
  • Marriott Château Champlain, 7 septembre
  • Ritz-Carlton, 9 septembre
  • Hilton Laval, 14 septembre
  • Quality Suites Pointe-Claire, 16 septembre
  • Lord Berri, 20 septembre
  • Delta de Québec, 21 septembre
  • Hilton de Québec, 23 septembre
  • Delta de Sherbrooke, 23 septembre
  • Quality de Sherbrooke, 26 septembre
  • Holiday Inn Laval Montréal, 1er octobre

Deux autres syndicats ont signé des ententes depuis l’impression du Perspectives : l’Hôtel Bonaventure et Comfort Suites Downtown. 

Ce qui nous distingue et ce qui nous unit

Au printemps dernier, les militantes et les militants de la CSN de partout à travers le Québec ont profité des congrès des conseils centraux pour dresser un bilan de l’action syndicale des trois dernières années et débattre des orientations pour leur région respective. Rencontres triennales où se côtoient les luttes du premier et du deuxième front par le biais de conférences, de débats et de rassemblements militants. Ces congrès, fortement ancrés dans les réalités régionales, ont enthousiasmé les membres venus par centaines.

Un retour sur l’importante lutte contre l’austérité menée par la CSN et ses divers partenaires était à l’ordre du jour de tous les congrès. Dans un premier temps, les conseils centraux ont dressé un bilan des multiples actions auxquelles ont participé les militantes et les militants dans le cadre de la campagne confédérale Refusons l’austérité. Puis, des conférences sur les différentes facettes de l’austérité ont nourri les débats et les exercices de réflexion.

Invitée par le Conseil central de l’Estrie, Aurélie Lanctôt, journaliste et auteure de l’essai Les libéraux n’aiment pas les femmes, est venue discuter avec les congressistes des conséquences catastrophiques des politiques d’austérité sur les femmes qui se trouvent à subir deux fois plutôt qu’une les contrecoups des compressions : une première fois en tant que travailleuses majoritaires dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux et une deuxième fois en tant que principales utilisatrices des services publics.

Aurélie Lanctôt, auteure de l’essai Les libéraux n’aiment pas les femmes, entretient les congressistes des conséquences des politiques d’austérité sur les femmes.Photo : Chu Anh Pham
Aurélie Lanctôt, auteure de l’essai Les libéraux n’aiment pas les femmes, entretient les congressistes des conséquences des politiques d’austérité sur les femmes.
Photo : Chu Anh Pham

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est par l’axe de la privatisation du système de santé et de services sociaux qu’on a abordé le thème de l’austérité. Avec des intentions à peine cachées de déconstruction de l’État, les libéraux affament les réseaux publics à coup de compressions majeures pour ensuite dénoncer les ratés desdits réseaux et vanter les mérites du privé. Une stratégie sournoise, bien illustrée par la présentation d’Anne Pineau, adjointe au comité exécutif de la CSN.

Depuis quelques années, les politiques d’austérité font aussi des ravages ailleurs sur la planète. Particulièrement touchés par d’importantes vagues de compressions budgétaires, plusieurs pays d’Europe ont vu naître de grands mouvements citoyens et des coalitions politiques se sont formées pour défendre les missions de l’État. Invité par le conseil central de Montréal, Manuel Espinar Anonuevo, membre du parti politique Podemos, est venu partager avec les militantes et militants de la CSN les réflexions et les moyens d’action du parti progressiste espagnol qui a obtenu plus de 20 % des voix aux dernières élections générales. Un nouvel éclairage fort à propos sur la lutte pour une société plus juste.

Syndicalisme d’aujourd’hui et de demain

Il n’y a pas que les radio-poubelles qui remet­tent en question la pertinence du syndicalisme en 2016. Le vent de droite qui souffle sur le Québec depuis quelques années participe à la construction d’un discours antisyndical qui prend de plus en plus de place dans l’espace public. Invité à titre de conférencier dans plusieurs régions, Gérald Larose, président de la CSN de 1983 à 1999, a livré un vibrant plaidoyer pour un mouvement syndical fort. Selon M. Larose, la conjoncture demande plus que jamais que les membres occupent le terrain et travaillent à déconstruire l’argumentaire néolibéral qui nuit aux travailleurs.

Gérald Larose, président de la CSN de 1983 à 1999, livrant son plaidoyer pour un mouvement syndical. Photo : Michel Giroux
Gérald Larose, président de la CSN de 1983 à 1999, livrant son plaidoyer pour un mouvement syndical.
Photo : Steve Lynch

Sollicité aussi par plusieurs conseils centraux, Christian Nadeau, professeur titulaire au département de philosophie de l’Université de Montréal, a quant à lui abordé le thème de la démocratie syndicale. Est-ce un mythe ou une réalité? La base militante se sent-elle partie prenante des stratégies syndicales ? M. Nadeau a donné quelques pistes de réponse en suggérant, par exemple, de multiplier les espaces de discussions libres afin de permettre à toutes et à tous de développer des compétences politiques. Toujours selon M. Nadeau, ce sont ces compétences qui permettront un renforcement des pouvoirs citoyens, vecteurs de transformation sociale.

À l’intérieur de nos rangs aussi, des militantes et militants critiquent les pratiques syndicales actuelles et se demandent à quoi pourrait ressembler un syndicalisme renouvelé. C’est sur cette base que le polémiste Marc-André Cyr, chargé de cours en sciences politiques à l’UQAM, est venu discuter avec les membres des Laurentides. Son intervention en faveur d’un syndicalisme plus combatif a suscité diverses réactions auprès des congressistes, preuve qu’il y a là matière à réflexion pour les années qui viennent.

Ces questionnements sur nos façons de faire et de concevoir le syndicalisme d’aujourd’hui ont donné lieu à des débats animés, desquels ont émergé un consensus : le syndicalisme est bien vivant et toujours d’actualité à travers tout le Québec.

Le développement régional au cœur de l’action syndicale

La décision du gouvernement Couillard, à l’automne 2014, d’abolir les centres locaux de développement (CLD) et les conférences régionales des élus (CRÉ) a eu des répercussions importantes sur la vie régionale. En plus des pertes d’emplois, ces fermetures ont entraîné d’importantes difficultés de financement et de concertation pour les organismes des régions. De plus, certaines régions, comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, ont été frappées de plein fouet par la chute des prix des matières premières. Ce ralentissement mondial amène aujourd’hui les régions à envisager une transition du modèle économique basé sur les richesses naturelles et manufacturières vers une économie de services.

C’est d’ailleurs pour souligner l’importance du secteur public pour l’économie des régions ressources que le Conseil central Côte-Nord a invité le professeur au Département de relations industrielles de l’Université Laval, Jean-Noël Grenier. M. Grenier a rappelé aux congressistes que le gouvernement est souvent le plus gros employeur d’une région, comme c’est d’ailleurs le cas sur la Côte-Nord. Les revenus gagnés par ces travailleuses et ces travailleurs sont ensuite dépensés dans les commerces locaux, qui à leur tour embauchent des gens du coin. Un cycle qui fonctionne et qui influence positivement l’économie régionale.

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Un moment d’émotion pour la présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent.
Photo : Steve Lynch

Au Bas-Saint-Laurent, le développement régional a été abordé via le développement des arts et de la culture. Shanti Sarrazin, coordonnatrice à la culture et aux communications pour la MRC Rimouski-Neigette, est venue présenter aux membres de la région des pistes de solution pour contrer la dévitalisation des communautés. Selon Mme Sarrazin, une activité culturelle dynamique et la mise en valeur du patrimoine contribuent à la construction d’une identité régionale forte, facteur d’attraction et de rétention pour les citoyennes et citoyens.

Le nécessaire virage écologique

Les enjeux environnementaux ont aussi fait l’objet de discussions fort intéressantes. Invité par le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, Steven Guilbeault, cofondateur et directeur principal d’Équiterre, a tenu à rappeler l’importance pour le mouvement syndical de contribuer activement à la lutte aux changements climatiques en travaillant à la nécessaire transition vers les énergies renouvelables, que ce soit par un soutien aux actions locales ou par une participation aux concertations régionales et nationales sur le développement durable.

Plusieurs conseils centraux ont porté une attention particulière à l’empreinte écologique de leur congrès. La rencontre triennale du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec a d’ailleurs reçu la certification « Congrès Vert ». Pour ce faire, l’organisation a travaillé avec une OBNL de la région, le groupe ÉCOcitoyen, qui a évalué le congrès en se basant sur une norme environnementale qui prend en considération plusieurs éléments tels l’origine des objets promotionnels, la nourriture et les sources d’énergie. Les congressistes ont aussi reçu des arbres et des semences de fleurs afin de compenser les émissions de gaz carbonique résultant de leurs déplacements.

Parmi les autres initiatives en matière de protection de l’environnement, soulignons la remise du prix SPHERE (le prix Syndical et Paritaire pour Honorer un Engagement et une Réalisation Environnementale) par le Conseil central du Cœur du Québec. Ce projet pilote a été mis sur pied afin de souligner les initiatives écologiques des militantes et militants de la région. Pour sa première édition, le concours a été remporté par le STT Mitchel-Lincoln, syndicat d’une entreprise d’emballage, où les employé-es ont mis en place une politique de récupération des courroies de plastique.

Sur le deuxième front

Parmi les enjeux sociaux qui préoccupent les membres à travers tout le Québec, la lutte à la pauvreté tient une place prioritaire. Plusieurs organisations qui travaillent à la réduction des inégalités de revenus concentrent aujourd’hui leurs efforts à promouvoir la revendication pour un salaire minimum à 15 $ l’heure. Cet enjeu a été discuté sur le plancher de plusieurs congrès, et quelques conseils centraux ont adopté une proposition à l’effet de soutenir cette lutte pour un salaire décent. À Montréal, Alex Han, représentant du Service Employees International Union, a rappelé aux membres présents les racines de cette revendication, née aux États-Unis en 2012 avec la campagne Fight for 15, menée par les travailleuses et les travailleurs des chaînes de restauration rapide.

Du pain sur la planche

Les militantes et les militants s’entendent pour dire que les prochaines années ne seront pas de tout repos. Le gouvernement de Philippe Couillard restera au pouvoir au moins jusqu’en octobre 2018, date de la prochaine élection provinciale, et poursuivra vraisemblablement son travail de destruction de l’État québécois. La lutte aux politiques d’austérité demeurera donc une priorité dans toutes les régions du Québec.

Parmi les autres enjeux priorisés par les membres des conseils centraux, on trouve la concertation régionale. Que ce soit par la création d’une coalition progressiste dans les Laurentides, par des démarches concrètes de collectivisation des luttes en Estrie ou par la mise en place d’espaces de consultation publique dans la région de Lanaudière, les moyens sont multiples et les intentions de se solidariser clairement exprimées.

Les congressistes se sont aussi engagés à poursuivre régionalement diverses luttes menées nationalement par la CSN. La promotion des campagnes Un réseau qui fait grandir, contre le démantèlement des services de garde éducatifs et Le droit fondamental de négocier, qui dénonce les changements législatifs du pacte fiscal (PL110), occupera les militantes et les militants au cours des prochains mois.

Des projets particuliers seront aussi à surveiller dans plusieurs régions. Le colloque sur les transports, qui sera organisé par le Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, pourrait avoir des échos dans d’autres régions, de même que le Sommet social régional, mis sur pied par le Conseil central du Saguenay–Lac-St-Jean.

Ce que les présidentes et présidents ont dit…

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Photo : Alain Décarie
Ce qui est sorti de notre congrès, c’est que le conseil central doit travailler à renouveler le syndicalisme en innovant dans ses pratiques, que ce soit auprès des membres, des médias, des jeunes. Nous devons aussi prendre une place encore plus importante sur la scène régionale.
Giacomo Bouchard, Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec
Une semaine teintée par une grande solidarité régionale. Avec les militantes et les militants, nous avons échangé et débattu afin de nous permettre de travailler à l’avenir de nos syndicats et de notre région et de nous projeter encore un peu plus loin dans l’avenir.
Nancy Legendre, Bas-Saint-Laurent
Ce congrès marquait le 20e anniversaire de notre conseil central. Nous en avons profité pour inviter les anciens présidents, nous souvenir de tout le chemin parcouru et nous projeter dans l’avenir.
Paul Lavergne, Cœur du Québec
Les délégué-es se sont bien appropriés les enjeux présentés. Conscients de l’impact positif qu’ils ont sur la région, les syndicats sont repartis du congrès prêts à jouer leur rôle sur la Côte-Nord.
Guillaume Tremblay, Côte-Nord
Les présentations diversifiées et les riches échanges ont permis aux membres, qui composaient la plus forte délégation jamais enregistrée à un congrès du CCSNE, de prendre le pouls de la conjoncture régionale et nationale et de déterminer nos grandes orientations pour les années à venir, orientations basées sur le développement de nos solidarités estriennes.
Denis Beaudin, Estrie
La concertation régionale, le maintien des services de proximité, l’organisation d’un colloque sur les transports et la protection du Saint-Laurent par la revendication de centres d’interventions d’urgences maritimes auprès de nos gouvernements, seront nos priorités pour le prochain mandat. Ces enjeux contribueront à notre développement social, environnemental et économique.
Jacques Mimeault, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
Parmi nos orientations pour les prochaines années, un engagement à mener, avec les syndicats affiliés au conseil central, une réflexion sur les valeurs véhiculées par la CSN soit l’autonomie, la démocratie et la solidarité et le lien à faire avec nos responsabilités syndicales.
Francine Ranger, Lanaudière
Le congrès nous a permis de réfléchir à des stratégies pour nous rapprocher des syndicats et redynamiser la vie syndicale. Un congrès innovateur et dynamique.
Annette Herbeuval, Montérégie
Les délégué-es se sont entendus sur la nécessité de poursuivre nos mobilisations, entre autres, en élargissant nos solidarités sur une base plus locale, tant pour renforcer la lutte contre l’austérité que pour soutenir les luttes syndicales. Il s’est également avéré important de prioriser la lutte contre les inégalités sociales, notamment par l’entremise de la syndicalisation et par la revendication de la hausse du salaire minimum à 15 $.
Dominique Daigneault, Montréal métropolitain
Nous souder à l’ensemble des groupes sociaux pour appuyer les mouvements qui cherchent à transformer la société pour que personne ne soit laissé de côté. Voilà le sens de plusieurs de nos résolutions, dont celle qui vise à rehausser le salaire minimum.
Michel Quijada, Outaouais
Un congrès mobilisant qui nous a permis de faire le point sur les enjeux et défis dans notre région. Les personnes conférencières ont rappelé l’importance du travail d’un conseil central sur le plan social et combien les conditions de travail et les conditions sociales sont indissociables.
Ann Gingras, Québec Chaudière-Appalaches
Nous sortons de ce congrès avec de nouveaux chantiers à explorer. La démocratie municipale, l’élargissement de l’action en développement territorial et l’acceptabilité sociale seront de nouveaux terreaux où nous pratiquerons le syndicalisme à la manière CSN.
Engelbert Cottenoir, Saguenay–Lac-Saint-Jean

La CSN à l’avant-garde

Dès les premières heures, dans bon nombre de transformations historiques au Québec, la CSN est montée au front pour défendre les droits de ses membres et améliorer les conditions de travail des Québécoises et Québécois. C’est dans l’environnement politique et social du début des années 80 qu’elle a porté la revendication de l’équité salariale entre les femmes et les hommes. Deux militantes d’envergure, qui ont laissé leur marque dans le paysage syndical, féministe et politique du Québec, ont activement participé à ce combat de longue haleine : Claudette Carbonneau et Monique Simard.

Avant l’adoption de la Loi sur l’équité salariale, en novembre 1996, la discrimination salariale à l’égard des femmes était monnaie courante et les femmes québécoises gagnaient en moyenne 30 % de moins que leurs collègues masculins. « Lorsque l’on parle d’équité salariale, l’enjeu n’est pas que le salaire en soi, mais également le message qu’il envoie aux femmes sur le marché du travail », note Monique Simard, ancienne vice-présidente de la CSN (1983-1991). Son expérience en négociation lui a permis de constater que « ce qui est important, ce n’est pas tant ce que tu gagnes, que ce que tu gagnes par rapport aux autres ». L’équité salariale était ainsi synonyme de la reconnaissance de la valeur du travail de la femme sur le marché du travail, au même titre que celle de l’homme.

Une lutte épique

Pour Claudette Carbonneau, première femme élue à la présidence de la CSN, le combat pour l’équité salariale était déterminant pour l’avenir des femmes sur le marché du travail. Issue du milieu de la santé, et fière militante à la CSN depuis des années, Claudette Carbonneau savait que les gains ne seraient pas faciles à obtenir. La place des femmes au travail a souvent été mise en doute et « elles assument toujours une large part des responsabilités familiales ». Les discriminations systémiques dont elles étaient victimes brouillaient les questions d’équité entre les hommes et les femmes au travail. Il a été nécessaire de mener la bataille pour mettre fin aux iniquités salariales entre les femmes et les hommes, et pas seulement pour les travailleuses de la CSN, mais aussi pour toutes les femmes sur le marché du travail. La lutte des femmes sur cet aspect, comme sur bien d’autres, réclamait du gouvernement qu’il se tienne debout face aux employeurs sur des questions comme les salaires, l’ajustement de l’horaire aux réalités familiales, le remboursement des frais de garde, le congé de maternité, la conciliation famille-travail-études et l’amélioration des conditions de santé et de sécurité au travail.

Finalement, 20 ans après l’instauration de la Loi sur l’équité salariale, y a-t-il une évolution des mentalités et des pratiques ? Les milieux de travail de plus en plus diversifiés, dans lesquels les femmes œuvrent quotidiennement, sont-ils plus adaptés à leur réalité ? C’est une réflexion qui mérite d’être poursuivie.

En route vers le 65e congrès

Dans moins d’un an, en juin 2017, les syndicats de la CSN seront conviés à participer au 65e Congrès qui se tiendra à Montréal. Un congrès de la CSN, c’est majeur pour les syndicats, car il leur revient de voter les orientations du mouvement pour les trois années à venir, en plus d’élire les membres du comité exécutif. Les autres organisations affiliées, soit les huit fédérations et les 13 conseils centraux, ne peuvent y déléguer que trois personnes chacune. Cette caractéristique de la CSN laisse toute la place aux quelque 2500 délégué-es provenant des syndicats afin qu’ils s’approprient les débats et les décisions dans un processus démocratique.

C’est dans un esprit de renouveau syndical, dans lequel la CSN s’est inscrite depuis quelques années, qu’a été conçue la démarche qui nous conduira au 65e Congrès. L’originalité de cette approche audacieuse réside dans la consultation qui s’est engagée depuis le mois d’octobre auprès des syndicats. En effet, plutôt que de se lancer dans un processus de consultation plus traditionnel où un ensemble de recommandations sont soumises aux syndicats quelques semaines avant le congrès, ceux-ci seront cette fois-ci consultés sur les enjeux qu’ils souhaitent aborder et débattre.

Un congrès d’action

Pour mettre le processus au jeu, la CSN lance neuf revendications regroupées sous cinq thèmes, soit sécuriser le revenu tout au long de la vie, développer l’économie et créer des emplois de qualité, lutter contre les changements climatiques, consolider nos services publics et renforcer la démocratie. Les comités exécutifs des syndicats sont invités, au sein de l’instance qu’ils jugent la plus appropriée, à considérer avec leurs membres ces revendications et, s’ils le souhaitent, en soumettre de nouvelles. Au terme de cette tournée, en janvier, un manifeste — ou une plateforme de revendications — sera élaboré et présenté lors d’une deuxième tournée au printemps. Lors du congrès, les délégué-es seront appelés à déterminer les moyens à déployer pour faire vivre ce manifeste et invités à se mettre en marche pour réaliser les objectifs que nous nous serons fixés.

Au cours des deux dernières années, les militantes et les militants de la CSN sont, à maintes reprises, descendus dans la rue ou ont manifesté devant leur lieu de travail pour dénoncer les mesures d’austérité du gouvernement Couillard. Les travailleuses et les travailleurs du transport collectif, des municipalités, des services de garde éducatifs, de l’éducation, des services sociaux, de la santé, de même que des organisations de développement régional n’ont pas manqué une occasion de revendiquer la fin de ces politiques restrictives et le réinvestissement dans les services publics et les programmes sociaux.

Notre vision s’oppose à celle d’un parti, le PLQ, qui veut affaiblir l’État. En déstructurant les régions, il nuit à la création d’emplois, qui était pourtant un engagement électoral. Or, c’est dans l’année qui suivra notre 65e Congrès que se tiendra l’élection du prochain gouvernement du Québec. Il nous appartient, au cours de cette période, de définir ce que nous voulons pour le mieux-être des Québécoises et des Québécois, et de trouver les moyens à mettre de l’avant pour que les choses changent.

C’est le sens de la démarche que nous vous proposons, en route vers ce 65e Congrès.

95 ans pour les travailleurs et les travailleuses

Le 24 septembre dernier, sans tambour ni trompette, la CSN a fêté son 95e anniversaire de fondation. C’est en effet en 1921 que la Confédération des travailleurs catholiques du Canada a été fondée par des ouvriers qui ont voulu se démarquer des unions américaines, notamment en posant le principe de l’autonomie syndicale.

Depuis 95 ans, la CSN a ce parti pris pour les travailleuses et les travailleurs, mais aussi pour l’ensemble de la population. Cet engagement se traduit par un appui indéfectible, et de multiples manières, aux négociations et aux mobilisations des membres. La force de la CSN, c’est aussi l’implication de ses militantes et de ses militants en faveur d’un État social fort qui participe à la répartition de la richesse créée collectivement.

Longue vie à la CSN !

Une juste conquête de l’égalité

Le 21 novembre prochain marquera le 20e anniversaire de la Loi sur l’équité salariale. Vingt ans de victoires, certes, mais encore bien du chemin à parcourir. Depuis les années 1970, la CSN s’investit dans cette importante lutte et en fait une priorité, elle revendiquera notamment l’adoption d’une loi contraignante visant à obliger les employeurs à éliminer la discrimination salariale à l’égard des emplois majoritairement occupés par les femmes. Grâce à la solidarité d’un large mouvement, une mobilisation sans précédent conduit finalement à l’adoption d’une loi proactive en matière d’équité salariale. Une grande victoire pour les femmes !

La Loi sur l’équité salariale adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 21 novembre 1996 vise à mettre fin à la discrimination salariale dont sont victimes les femmes parce qu’elles travaillent dans des catégories d’emplois à prédominance féminine. C’est l’application du principe du « salaire égal pour un travail de valeur équivalente ». Chaque entreprise de dix employé-es et plus doit vérifier si sa structure de rémunération est discriminatoire à l’égard des emplois à prédominance féminine et si tel est le cas, apporter les correctifs salariaux nécessaires.

L’adoption de cette loi proactive a, encore une fois, marqué le caractère distinct du Québec. En effet, même si le gouvernement fédéral et quelques provinces avaient, par le passé, adopté des lois visant à éliminer la discrimination salariale fondée sur le sexe au sein du secteur public, aucune ne touchait le secteur privé et ne présentait le caractère proactif de la loi québécoise. Cette loi fait d’ailleurs encore aujourd’hui figure d’exception, et sert de modèle à travers le monde. Le gouvernement fédéral, qui avait pourtant adopté en 2009 une loi interdisant aux fonctionnaires de porter plainte en matière d’équité salariale auprès de la Commission canadienne des droits de la personne, s’en inspire aujourd’hui. Il produira d’ailleurs sous peu une nouvelle mouture pour que l’équité salariale devienne enfin une réalité pour les fonctionnaires fédérales et les travailleuses des entreprises de juridiction fédérale implantées partout au Canada.

L’adoption de la Loi sur l’équité salariale a constitué un jalon important pour l’avancement du droit des femmes au Québec, mais elle n’est pas parfaite. En effet, celle-ci ne vise que les entreprises de 10 salariés-es et plus, ce qui laisse comme seul recours à des milliers de femmes victimes de discrimination salariale, le processus de plaintes auprès de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse.

La loi a aussi fait l’objet de contestations judiciaires déterminantes. Parmi ces recours, mentionnons l’opposition unanime des organisations syndicales relativement au chapitre IX de la loi, qui exemptait de leur obligation les employeurs qui avaient fait une démarche d’évaluation des emplois dans leur entreprise avant l’entrée en vigueur de la loi. L’application du chapitre IX a fait en sorte que la Commission de l’équité salariale a systématiquement accepté ces démarches, même si elles ne répondaient pas aux exigences de la loi. En janvier 2004, cette partie de la Loi sur l’équité salariale a été déclarée inconstitutionnelle. À la suite de cette importante décision, ces employeurs, incluant le gouvernement du Québec, ont été obligés de réaliser un véritable exercice d’équité salariale et de corriger les écarts salariaux discriminatoires constatés au sein de leur entreprise. Il s’agit là d’une victoire majeure.

Des gains sans précédent

Depuis l’entrée en vigueur de la loi, on constate une réduction des écarts salariaux entre les hommes et les femmes au Québec. Entre 2000 et 2010, l’écart entre le salaire horaire des femmes et des hommes a diminué de 4,6 %, passant de 16,51 % à 11,93 %. Il est clair que la Loi sur l’équité salariale a eu des conséquences positives, mais il reste du travail à faire. En début d’année 2015, les entreprises québécoises de dix employé-es et plus déclaraient avoir réalisé l’équité salariale dans une proportion de 83 %.

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« Parmi les milieux où l’équité salariale a fait une énorme différence, je pense tout de suite au cas des préposées aux chambres, dans le secteur de l’hôtellerie. Dans les CPE, les éducatrices ont obtenu près de 9 % d’ajustement ! Pourtant la bataille n’est pas terminée dans ce dossier, puisqu’il n’y a pas eu de rétroactivité en raison des délais et du fait que les CPE n’avaient pas de comparateur masculin, explique Francine Lévesque, première vice-présidente de la CSN et responsable des dossiers d’équité salariale. Les brigadières du secteur municipal ont aussi vu leur rémunération augmenter. Il y a tellement de milieux où ça a fait une différence. Dans le secteur public aussi ça a été important. Ce sont 326 000 personnes regroupées dans 130 catégories d’emplois à prédominance féminine qui ont obtenu un ajustement alors que le gouvernement prétendait que sa structure salariale n’était pas discriminatoire. Il y a plus de 4 milliards de dollars qui ont été versés pour l’équité dans la foulée de l’exercice initial. C’est clair que notre mobilisation a porté ses fruits ! »

Des difficultés réelles

Dans la foulée de l’adoption de la loi, plusieurs intervenants ont fait valoir la nécessité de réaliser des programmes d’équité salariale distincts pour les groupes syndiqués qui en faisaient la demande. Pourtant, dans une entreprise, la rémunération répond à une logique globale et il faut tenir compte de l’ensemble des emplois masculins pour prendre toute la mesure de la discrimination subie par les catégories d’emplois à prédominance féminine.

La loi a quand même été adoptée en permettant des programmes distincts au sein d’une même entreprise touchant des groupes d’employé-es différents. Un syndicat peut donc obtenir son propre programme d’équité salariale même s’il ne compte que des catégories d’emplois à prédominance masculine. Les catégories d’emplois à prédominance féminine seraient alors privées de plusieurs emplois parmi les plus rémunérateurs aux fins de comparaison. Nous vivons encore aujourd’hui avec les programmes distincts et leurs conséquences.

Jusqu’en 2009, l’employeur était responsable de s’assurer en tout temps que les écarts salariaux discriminatoires ne se recréent pas au fil du temps dans son entreprise. Malheureusement, les employeurs n’ont pratiquement rien fait à ce chapitre et très peu de syndicats et de salariées ont porté plainte lorsque l’équité salariale n’était pas maintenue. Si la loi était claire quant à la marche à suivre pour la réalisation du programme initial d’équité salariale, elle l’était beaucoup moins dans le cas de son maintien. C’est ainsi que la première révision de la loi a donné lieu à d’importantes modifications législatives au printemps 2009, dont l’obligation pour l’employeur de vérifier si l’équité salariale est maintenue, et ce, tous les cinq ans, sans effet rétroactif. L’employeur peut également réaliser seul l’évaluation du maintien. La principale difficulté rencontrée dans ce cas reste le manque de transparence des employeurs et l’accès quasi inexistant aux informations ayant servi à maintenir l’équité, les employeurs prétextant la confidentialité. Il est bien difficile de se plaindre quand on n’a pas d’information !

Depuis 20 ans, la CSN a accompagné des centaines de syndicats sur le chemin de l’équité salariale. Que ce soit lors de la réalisation de l’exercice initial, lors de processus de conciliation de plaintes ou lors de l’évaluation du maintien de l’équité, les syndicats de la CSN ont pu compter sur l’appui et l’expertise du mouvement. Cependant, on ne peut pas se permettre d’envisager l’avenir avec naïveté. Les difficultés qui se sont dressées au fil du temps doivent servir de base pour revendiquer des bonifications à la Loi sur l’équité salariale, de meilleures mesures de contrôle auprès des employeurs récalcitrants, et un meilleur soutien de la part de la vice-présidence à l’équité salariale de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Il s’agit là d’enjeux importants qui doivent faire l’objet d’une réflexion approfondie de la part de la CNESST et de propositions concrètes de la part du gouvernement en prévision de la révision de la loi prévue pour 2019.

Des perspectives pour l’avenir ?

Pour Francine Lévesque, il est clair qu’il reste encore beaucoup de travail à faire et que le maintien de l’équité n’est pas encore un acquis : « Dans nos milieux syndiqués, les personnes qui font le travail au quotidien n’ont souvent pas leur mot à dire sur l’évaluation du maintien de l’équité lorsque l’employeur décide de faire cavalier seul. Dans les faits, nos militantes et militants sont alors exclus du processus et aucune information ne leur est transmise. C’est aberrant. » La vice-présidente de la CSN estime que la loi doit permettre une meilleure participation des syndicats. « N’oublions pas que cet exercice a un impact sur leur négociation par la suite ! », s’exclame-t-elle. Elle note d’ailleurs qu’une réelle différence se fait sentir là où la collaboration a été bonne avec les employeurs ; les syndicats adhèrent alors davantage à la démarche et peuvent faire valoir leur point de vue. « Ce sont ces militantes et militants qui connaissent le mieux les emplois et la réalité quotidienne du travail. Il faut qu’ils puissent être partie prenante de cet important processus. »

Dans les milieux non syndiqués, c’est encore plus dramatique. Les femmes qui y travaillent n’ont assurément pas les mêmes moyens pour faire valoir leurs droits. On prend toute la mesure de l’écart entre les ressources de l’employeur et celles de ces travailleuses. « La vice-présidence à l’équité salariale de la CNESST devrait offrir davantage de soutien dans ces milieux. Sans moyens réels, la réalité quotidienne rattrape ces femmes. C’est vrai dans nos milieux syndiqués, mais c’est encore plus criant dans les milieux non syndiqués », soutient Francine Lévesque.

La CNESST a un rôle primordial à jouer dans l’application de la loi. Le processus d’enquêtes de conformité mis en place depuis quelques années devrait être systématisé et mieux encadré. « Avec l’expérience, nous constatons que les employeurs ont besoin de soutien. À l’heure actuelle, alors que les milieux de travail devraient avoir développé une expertise en équité salariale, on observe que les consultants ont pris toute la place. Il faut s’attaquer à ces enjeux dans la perspective de la révision de la loi annoncée pour 2019 », conclut madame Lévesque.

Ottawa devrait en faire davantage dès maintenant

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) se réjouit que le gouvernement Trudeau maintienne le cap sur les investissements dans les infrastructures, plutôt que de chercher à atteindre l’équilibre budgétaire. « En ce sens, il respecte son engagement électoral, mais nous aurions souhaité qu’il ne reporte pas à compter de 2020-2021 la majeure partie des nouvelles sommes dévolues pour les infrastructures », a déclaré le trésorier de la CSN, Pierre Patry.

« La situation économique et de l’emploi commande d’agir dès maintenant, a tenu à préciser le porte-parole syndical. Il est regrettable de constater que le gros des efforts qu’il compte déployer au cours des 12 prochaines années ne commence que dans quatre ans. »

La mise sur pied de la Banque de l’infrastructure, annoncée dans la mise à jour économique du ministre Morneau, préoccupe aussi la CSN. « Quelle sera la composition de sa direction, quelle sera la place du secteur public par rapport au privé dans cette banque, et quelles marges de manœuvre auront les municipalités et les gouvernements provinciaux ?, a questionné Pierre Patry.

À propos de ce que le ministre considère comme un outil majeur qui vise aussi à attirer des capitaux étrangers, la CSN souhaite un large débat public sur la création de cette banque, en particulier sur son mandat et sa composition. « Le ministre Morneau qualifie de pièce maîtresse dans le financement de grands projets d’un océan à l’autre cette banque qui n’a jamais fait l’objet d’un débat public. Nous l’invitons à consulter largement les organisations de la société civile, dont la CSN. Nous avons des choses à dire sur cette question », a poursuivi Pierre Patry.

Par ailleurs, la CSN déplore que le ministre soit demeuré silencieux sur les transferts fédéraux aux provinces. « L’augmentation annuelle des transferts dans la santé diminuera de 6 à 3 % à compter de l’an prochain et nous sommes nombreux à nous inquiéter du manque à gagner que subiront les provinces dans le financement des services sociaux et de santé. C’est la population qui en subira tous les effets », a indiqué le trésorier de la CSN.

 

Pour que la création d’un Conseil des universités du Québec ne tourne pas en histoire d’horreur

Des organisations syndicales et étudiantes s’entendent sur huit grands consensus devant guider la création d’un Conseil des universités du Québec (CUQ), considérant que le contenu du document de consultation de la ministre de l’Enseignement supérieur, Madame Hélène David, ne répond pas à leurs attentes.

Les signataires souhaitent la création d’un organisme public et indépendant dont le rôle serait de conseiller et de coordonner le développement du réseau universitaire, notamment en termes de répartition budgétaire, et dont la composition accorderait une place prépondérante aux membres de la communauté universitaire. « Nous sommes favorables à un organisme conseil, mais il devra avoir le mandat de faire la promotion d’une université libre, démocratique et accessible partout au Québec », soutient Sylvain Marois, vice-président de la FNEEQ–CSN responsable du regroupement université.

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« Il suffit de voir l’état de la situation depuis l’abolition du Conseil des universités dans les années 1990 pour comprendre la nécessité d’un CUQ. Nous demandons le retour d’un conseil depuis des années. Nous allons défendre ces consensus lors de la consultation ministérielle », poursuit-il. La communauté universitaire insiste sur son opposition ferme à tout mécanisme d’assurance qualité, un fléau pour la qualité de l’enseignement.

Signataires :

  • La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)
  • l’Association pour la voix étudiante du Québec (AVEQ)
  • la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM)
  • la Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente (FAEUQEP)
  • la Fédération des professionnèles (FP–CSN)
  • la Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU)
  • la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)
  • le Regroupement des syndicats universitaires (RSU-CSQ), et l’Union étudiante du Québec (UEQ)

La «taxe famille» doit être abolie

« Au cours des derniers mois, le réseau des services de garde éducatifs a été la cible de plusieurs attaques de la part du gouvernement Couillard. Le Québec doit abolir la ”taxe famille” et réinvestir dans l’avenir de nos enfants ». C’est en ces termes que s’est exprimée la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève, lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à Montréal en présence de plusieurs personnalités et d’organisations civiles et syndicales.

Pour la CSN, les compressions importantes auxquelles le réseau est soumis et la hausse vertigineuse des tarifs de garde imposée aux parents sont devenues des enjeux majeurs du fait qu’ils ont réduit l’accessibilité et la qualité des services. « Qu’on cesse de voir cela comme une dépense. Il s’agit d’un investissement dont on ne peut se passer », a ajouté Véronique De Sève.

Pour lire le communiqué conjoint, cliquez ici.

La FIM à la défense des intérêts de la main-d’œuvre de l’industrie forestière

La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) participe aujourd’hui au Forum Innovation Bois, organisé par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, afin d’y défendre les intérêts des travailleurs et des travailleuses de la forêt.

Bien que la FIM–CSN accueille favorablement la tenue d’un tel forum, elle déplore que les représentants des travailleurs et des travailleuses n’aient pas été invités à prendre part aux travaux préparatoires en amont. « Il est important de réfléchir au développement de l’industrie forestière au Québec et c’est pour cela que nous y participons avec enthousiasme. Toutefois, il ne faut pas oublier que cette industrie compte des dizaines de milliers de salarié-es qui devraient aussi avoir leur mot à dire », indique Alain Lampron, président de la FIM–CSN.

La FIM–CSN voit également dans ce forum une excellente occasion de faire la promotion de ses 27 recommandations pour le développement de l’industrie forestière, issues d’une importante consultation tenue en juin dernier auprès de ses membres : « Nous allons profiter de cette occasion pour faire connaître les résultats de notre réflexion. Nous prenons à cœur l’industrie forestière et nous avons longuement travaillé pour dégager des pistes de solution qui, à nos yeux, permettront son développement », ajoute Alain Lampron.

Finalement, la FIM–CSN rappelle que le forum se tient alors que l’industrie du bois d’œuvre est de nouveau menacée par une crise commerciale avec les Américains. La FIM–CSN estime que tous les acteurs de l’industrie sont et seront interpellés afin de limiter les effets d’une nouvelle crise du bois d’œuvre, surtout sur les travailleuses et travailleurs.

La réforme Barrette préoccupe les jeunes salarié-es

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) dévoile les résultats d’une enquête qu’elle a menée auprès des jeunes salarié-es du réseau de la santé et des services sociaux. Cette enquête démontre l’état d’épuisement des jeunes salarié-es du réseau face à la réforme Barrette.

Les jeunes salarié-es font les frais de la réforme Barrette
L’enquête de la FSSS–CSN a permis de rejoindre plus de 1000 personnes qui travaillent dans le réseau de la santé et des services sociaux et qui sont âgées de moins de 35 ans. Cette enquête présente plusieurs constats alarmants sur la relève dans le réseau de la santé et des services sociaux. Voici ce qui ressort de cette enquête :

  • Moins de 50 % des répondant-es occupent un poste à temps plein;
  • 24 % des répondants se sont retrouvés en congé à long terme au cours des douze derniers mois;
  • 53 % des répondants ont reçu moins de sept heures de formation dans la dernière année;
  • 53% des répondants ont changé de gestionnaire au cours des douze derniers mois;
  • 59% des répondants vivent une augmentation des tâches;
  • Une majorité de répondants ont envisagé de quitter leur emploi;
  • 83 % des répondants ont souligné que la réforme du système de santé n’allait pas contribuer à améliorer leur situation professionnelle sur un horizon de trois à cinq ans.

« L’enquête que nous avons menée donne des résultats sans appel : la réforme Barrette frappe de plein fouet les jeunes salarié-es du réseau de la santé et des services sociaux. Au cours des derniers mois, nous avons mené quelques enquêtes et le portrait est très inquiétant : le personnel est à bout de souffle. Ça ne peut plus durer, le ministre doit admettre que sa réforme est un échec! », lance Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

Des preuves tangibles de l’effet de la réforme Barrette sur les jeunes salarié-es
Les données de l’enquête de la FSSS–CSN permettent de mieux comprendre l’effet concret de la réforme Barrette sur celles et ceux qui donnent chaque jour des services à la population. Loin de leur donner des outils pour mieux répondre aux besoins de la population, cette réforme leur complique la vie, aussi bien en augmentant leur charge de travail qu’en complexifiant leur quotidien au travail face à des structures centralisées comme jamais. La conséquence d’une telle réforme, c’est une augmentation de la précarité chez le personnel du réseau de la santé et des services sociaux.

« C’est un signal clair que nous envoie les jeunes salarié-es du réseau de la santé et des services sociaux dans cette enquête. Ils sont de plus en plus nombreux à se questionner sur leur avenir dans le réseau. Que voulons-nous de plus pour expliquer l’échec de la réforme Barrette et des compressions budgétaires? Il est grand temps d’en prendre acte et de tenir compte des solutions que nous mettons de l’avant pour améliorer les conditions de travail du personnel et l’accès aux services pour la population », de conclure Jeff Begley.

Les délégué-es de la FSSS élisent leur nouvel exécutif

La  (FSSS–CSN) tenait cette semaine son 43e congrès à Québec. Au terme des travaux, les délégué-es ont élu les membres de l’exécutif.

La FSSS–CSN est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux. Le congrès de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN a permis de débattre des grands enjeux touchant le réseau de la santé et des services sociaux et le réseau des services de garde éducatifs. C’est plus de 700 délégué-es provenant de partout au Québec qui ont débattu cette semaine, notamment des impacts de la réforme Barrette sur le personnel et les usagères et usagers et sur les attaques du gouvernement Couillard à notre politique familiale.

Les délégué-es ont aussi élu les membres de leur exécutif :

2016-10-28_exec-fsss_CSN
Marie-Josée Tremblay, vice-présidente responsable du personnel en soins infirmiers et cardiorespiratoires; Dany Lacasse, vice-président responsable des secteurs privés; Nadine Lambert, secrétaire-trésorière; Jeff Begley, président; Josée Marcotte, vice-présidente responsable du personnel de bureau, des technicien-nes et professionnel-les de l’administration; Guy Laurion, vice-président responsable du personnel paratechnique, des services auxiliaires et métiers; Mélissa Gaouette, vice-présidente responsable des technicien-nes et professionnel-les de la santé et des services sociaux. | Photo : Clément Allard