Le syndicat des agents correctionnels exige que le Programme d’échange de seringues soit suspendu

Plus d’une centaine d’agentes et d’agents correctionnels ont manifesté aujourd’hui devant les bureaux des ministres Ginette Petitpas Taylor (Moncton) et Ralph Goodale (Régina) pour que soit suspendue l’implantation du Programme d’échange de seringues en prison.

« Nous demandons au gouvernement de stopper l’implantation du PESP tant que les résultats des deux premiers projets, établis au Nouveau-Brunswick et en Ontario, ne soient dévoilés, a déclaré le président national d’UCCO-SACC-CSN, Jason Godin. Nous exigeons aussi d’être consultés en bonne et due forme, afin de faire entendre nos réticences face au programme. UCCO-SACC-CSN a dernièrement exprimé ses craintes aux responsables du Service correctionnel du Canada, mais le syndicat souhaite pouvoir poursuivre les discussions dans les meilleurs délais. »

Sécurité en jeu
Le PESP soulève plusieurs inquiétudes touchant notamment à la sécurité des agentes et agents correctionnels. « Permettre l’usage de seringues en cellule augmentera considérablement les risques pour nos membres, a pour sa part ajouté Jeff Wilkins, président de la région de l’Atlantique. La sécurité des détenus est aussi en jeu, tout comme celle du public. » Des programmes similaires implantés dans certains pays d’Europe ne permettent pas l’injection en cellule, mais uniquement en centres supervisés et seuls des professionnels de la santé manipulent les seringues.

Au cours des dernières semaines, UCCO-SACC-CSN a rencontré nombre de sénateurs et députés, dont des députés libéraux et des membres du personnel du bureau du premier ministre, afin de faire entendre ses craintes face au PESP. « Nous allons continuer à nous mobiliser pour nous assurer que le programme ne se réalise pas au détriment des agentes et agents correctionnels », a conclu Jason Godin.

La CSN salue l’implantation d’un programme fédéral visant à mettre fin aux discriminations salariales

La CSN salue l’annonce du gouvernement fédéral, qui a déposé hier un projet de loi visant à mettre un terme aux discriminations salariales basées sur le sexe dans les secteurs du travail de compétence fédérale.

« Nous le réclamions depuis tellement longtemps : un programme fédéral d’équité salariale basé sur ce que le mouvement syndical québécois est parvenu à obtenir pour les travailleuses que nous représentons, se réjouit Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. Nous sommes particulièrement satisfaits que le gouvernement fédéral impose non seulement que les entreprises privées et les organismes publics fédéraux implantent un programme d’équité, mais aussi qu’ils doivent travailler avec les organisations syndicales pour s’assurer que les nouvelles structures salariales respectent les principes de justice et d’objectivité propres à tout programme d’équité salariale. »

La CSN invite le gouvernement ainsi que l’ensemble des partis d’opposition à adopter le projet de loi rapidement afin de mettre un terme aux iniquités de traitement qui discriminent les travailleuses depuis trop longtemps.

Le nouveau gouvernement ne doit pas niveler vers le bas le secteur de la restauration

La Confédération des syndicats nationaux et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, ainsi que leurs fédérations et syndicats affiliés, invitent le nouveau ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, à ne pas modifier la loi qui encadre le partage des pourboires en prévenant que cette solution de nivellement vers le bas risque de dévaloriser entièrement le secteur de la restauration.

Rappelons qu’au printemps dernier, le gouvernement Couillard avait refusé de modifier l’article 50 de la Loi sur les normes du travail (LNT) alors que certaines voix demandaient de donner le pouvoir aux patrons de partager les pourboires des serveuses et des serveurs avec le personnel travaillant dans les cuisines.

Pour la CSN et la FTQ, cette proposition ne ferait que déplacer le problème de recrutement en cuisine, où les salaires offerts ne reconnaissent pas les compétences et les efforts demandés, vers les serveuses et les serveurs. Les organisations syndicales invitent le gouvernement à ne pas choisir la voie du partage de la pauvreté, mais d’opter pour des mesures qui seraient bénéfiques pour tous les secteurs d’emploi où il y a une rareté de la main-d’œuvre, y compris celui de la restauration.

« Tenter de corriger les salaires d’un groupe mal payé sur le dos d’un autre groupe également précaire est une bien mauvaise stratégie. Si on veut améliorer les conditions de travail des plus bas salariés de la restauration, il serait plus efficace d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure, une mesure qui serait bénéfique pour l’ensemble de ce secteur qui traverse une période difficile de recrutement et de rétention de personnel », affirme le président de la FTQ, Daniel Boyer.

De son côté, le président de la CSN met en garde contre l’aspect arbitraire de cette mesure qui viendrait permettre aux employeurs de piger dans les pourboires et de les distribuer selon leur bon vouloir. « Si la Loi sur les normes du travail interdit à l’employeur de s’ingérer dans le partage des pourboires, c’est précisément pour empêcher que les employeurs en prennent le contrôle, les distribuent comme bon leur semble, ou en prélèvent une portion et s’en servent pour toute autre chose », de souligner le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Le SEMB–SAQ appelle Christian Dubé à une relance des négociations dès aujourd’hui

Le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB–SAQ), affilié à la CSN, espère que le changement de garde au Conseil du trésor permettra une relance des négociations pour le renouvellement de la convention collective, échue depuis le 1er avril 2017.

Trois journées de négociation sont prévues cette semaine, soit mardi, mercredi et vendredi. Le SEMB–SAQ espère que la partie patronale aura les mandats nécessaires du Conseil du trésor pour conclure la convention collective satisfaisante comme l’a souhaité François Legault lors de la récente campagne électorale.

« J’ai pu parler quelques instants avec François Legault, en campagne électorale, lorsque son autobus s’est arrêté à Terrebonne, fin septembre, rappelle la présidente du SEMB–SAQ, Katia Lelièvre. À cette occasion, M Legault m’a assurée formellement qu’il entendait tout mettre en œuvre pour en arriver à un règlement satisfaisant. Lorsque je lui ai souligné que les offres actuelles de la SAQ auraient pour effet de nous appauvrir, il a répliqué que ce n’était pas son intention et qu’il y aurait une entente «raisonnable» dans notre dossier. Nous espérons que ces paroles se concrétiseront cette semaine ! »

L’échange entre Katia Lelièvre et François Legault est intervenu le 28 septembre, soit quelques jours avant l’élection.

En négociation depuis janvier 2017, le SEMB–SAQ et l’employeur ont réalisé certains progrès. Toutefois, en ce qui a trait notamment aux clauses à incidence financière, les propositions de la SAQ sont inférieures à la hausse du coût de la vie, ce qui équivaudrait dans les faits à l’appauvrissement des quelque 5500 salarié-es des succursales et des bureaux de la SAQ qui assurent notamment le service à la clientèle et le fonctionnement optimal au quotidien du réseau de la SAQ.

Rappelons que le 28 septembre, les membres du SEMB–SAQ se sont prononcés en faveur d’une banque de 18 journées de grève, et ce, dans une proportion de 96 %. Celles-ci seront utilisées au moment jugé opportun par le syndicat. Par ailleurs les négociations se poursuivent. Les parties se sont engagées à ne pas discuter publiquement des détails de ces discussions pendant qu’elles ont cours.

À propos
Le Syndicat des employé-es de magasins et de bureau (SEMB–SAQ–CSN) représente les 5500 employé-es des succursales de la SAQ ainsi que le personnel de bureau. Il est affilié à la Fédération des employé-es de services publics (FEESP–CSN). En tout, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) compte plus de 6000 membres à l’emploi de la SAQ. Au Québec, la CSN réunit quelque 300 000 travailleuses et travailleurs de tous les milieux d’activités.

Le SEMB–SAQ en grève pour le restant de la journée

Depuis 14 h, les salarié-es des magasins et des bureaux de la SAQ sont en grève. Le Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ représentant 5500 travailleuses et travailleurs dénonce notamment le train de mesures disciplinaires imposées à des salarié-es qui exercent des moyens de pression légaux et pacifiques.

« Nous avons tenté d’interpeller la SAQ pour lui faire comprendre qu’elle jetait de l’huile sur le feu en tentant de briser notre solidarité, explique la présidente du SEMB–SAQ (CSN), Katia Lelièvre. La réponse de l’employeur a été de mettre encore plus de pression sur les salarié-es, avec des mesures disciplinaires et des menaces. Dans notre syndicat, c’est clair, lorsque l’employeur s’en prend injustement à un de nos membres, c’est à nos 5500 membres qu’il s’en prend et c’est tous ensemble que nous nous y opposons. »

Les négociations pour le renouvellement de la convention collective, échue le 31 mars 2017, ont débuté en janvier 2017. Le SEMB–SAQ (CSN) souhaite notamment améliorer la conciliation famille–travail–vie personnelle, obtenir davantage de stabilité pour 70 % de ses membres à temps partiel ou occasionnels et des augmentations salariales permettant de protéger leur pouvoir d’achat.

Rappelons que le 28 septembre dernier, les membres du SEMB–SAQ (CSN) ont voté en faveur d’une banque de 18 journées de grève à être utilisées au moment opportun. Trois journées de négociation en présence de conciliatrices sont prévues la semaine prochaine.

Nouveau ministre de l’Éducation – Il ne faut pas oublier l’enseignement supérieur!

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) salue la nomination de Jean-François Roberge comme ministre de l’Éducation, mais s’inquiète du même souffle du peu de temps qu’il risque de lui rester pour l’enseignement supérieur et la recherche.

« La recherche est un élément crucial pour l’avenir de la société, de l’environnement et de l’économie du Québec. Il ne faut pas la négliger », affirme Louise Briand, vice-présidente de la FP-CSN, secteur universitaire.

La FP-CSN s’inquiète également de l’apparence d’une volonté d’intégrer des notions de performance au ministère de l’Éducation comme s’il s’agissait d’un ministère à vocation économique : « La recherche ne peut pas être axée seulement sur les intérêts économiques à court terme des entreprises », insiste Louise Briand, qui plaide pour le maintien d’une recherche fondamentale et d’une formation qui ne soit pas seulement dédiée aux techniques qui ont cours en ce moment dans les différents secteurs de l’économie.

La FP-CSN se réjouit par ailleurs de l’intérêt déjà démontré par Jean-François Roberge pour la création d’un Conseil national des universités et espère que le conseil verra le jour rapidement pour assurer une meilleure coordination du réseau universitaire.

La CSN invite François Legault à régler plusieurs dossiers de négociation

Alors que les nouveaux membres du Conseil des ministres sont maintenant en fonction, la CSN invite le gouvernement Legault à régler rapidement des dossiers de négociation du secteur parapublic que le précédent gouvernement a laissé traîner en longueur. En effet, plusieurs groupes d’employés d’organismes parapublics et de sociétés d’État sont sans convention collective, parfois depuis plus de trois ans, notamment à la Société des alcools du Québec, à l’aide juridique, à Héma-Québec et dans certains centres intégrés de santé et de services sociaux.

Pour le président de la CSN, le gouvernement a entre les mains toutes les informations nécessaires pour en arriver à un règlement avec les syndicats concernés. « Les négociateurs des différents ministères et du Conseil du trésor sont très au fait des marges de manœuvre qu’ils doivent obtenir afin d’en arriver à un règlement satisfaisant pour l’ensemble des parties. Le nouveau premier ministre a une occasion en or de mettre derrière lui des dossiers de négociation que les libéraux ont négligés depuis trop longtemps et de commencer son mandat du bon pied. Nos équipes de négociation sont disponibles en tout temps et nous pouvons l’assurer de toute la disponibilité de la CSN pour en arriver à des ententes », de déclarer Jacques Létourneau.

Les 5 500 employé-es de la SAQ sont sans contrat de travail depuis le 31 mars 2017. Près de 200 avocats de l’aide juridique, dont la convention collective est échue depuis le 31 mars 2015, demandent la parité salariale avec les procureurs de la Couronne et autres avocats de l’État québécois. Quant à eux, les 530 salariés d’Héma-Québec affiliés à la CSN sont en négociation pour renouveler leur convention collective, expirée depuis octobre 2015. Également, certains litiges reliés aux contrats de travail de plus de 3000 responsables de services de garde membres de la CSN ne sont toujours pas réglés.

Le président de la CSN rappelle aussi au gouvernement que certains établissements de santé et de services sociaux n’ont toujours pas conclu les négociations des dispositions locales des conventions collectives. Alors que la vaste majorité des centres intégrés de santé et de services sociaux ont convenu d’ententes avec leurs syndicats, des litiges demeurent dans quelques établissements, notamment à Québec, dans le Nord-de-l’Île-de-Montréal, à Laval, en Outaouais, en Montérégie-Ouest ainsi qu’au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine.

Dépôt d’une requête en accréditation provinciale pour la SQDC

Après avoir compilé l’ensemble des cartes de membres signées par les travailleuses et les travailleurs de la Société québécoise du cannabis, le Syndicat des employé-es de magasin et de bureau de la SAQ (CSN) a déposé une requête en accréditation syndicale pour représenter l’ensemble des salarié-es de cette nouvelle filiale de la SAQ, partout au Québec.

« Dès que la question de la légalisation s’est posée, la CSN s’est mise en marche pour s’assurer, d’abord et avant tout, que le commerce du cannabis au Québec soit sous la responsabilité de l’État, rappelle le président de la CSN, Jacques Létourneau. Pour nous, cela était essentiel pour assurer la santé et la sécurité publiques ainsi que des conditions de travail dignes. Le premier objectif a été atteint avec la création de la SQDC. Nous mettrons maintenant tout notre poids et toute notre expertise au service de ce nouveau syndicat afin que ces travailleuses et ces travailleurs voient des améliorations dans leur quotidien au travail »

« Comme travailleuses et travailleurs de la SAQ, nous comprenons parfaitement la réalité de leur travail, explique la présidente du SEMB–SAQ (CSN), Katia Lelièvre. Nous sommes les mieux placés pour offrir des services à ces nouveaux membres dès maintenant puisque nous sommes déjà déployés sur tout le territoire à travers le réseau de la SAQ. C’est ce que les travailleuses et les travailleurs de la SQDC ont reconnu et nous en sommes très fiers ! »

Une unité provinciale
Pour la CSN, l’établissement d’un rapport de force en faveur des salarié-es de la SQDC devra s’exercer sur le plan national. Tous les salarié-es doivent négocier ensemble une seule et unique convention collective avec un même employeur. C’est pour cette raison que le syndicat a présenté une requête en accréditation provinciale.

Organisation sur le terrain
Le travail d’organisation se poursuit. Des représentants de la CSN et du SEMB–SAQ poursuivront leurs efforts dans les prochains jours afin de rejoindre le maximum de personnes travaillant à la SQDC pour mettre en place les conditions favorisant la négociation d’une première convention collective.

 

Le nouveau gouvernement caquiste doit agir

La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) interpelle le nouveau gouvernement de François Legault afin qu’il agisse rapidement pour améliorer les conditions de travail difficiles vécues par le personnel de soutien dans plusieurs écoles au Québec.

« L’année scolaire vient de commencer et on sent que notre personnel de soutien est déjà épuisé. Nous travaillons avec des jeunes en difficulté et notre rôle est de les soutenir pour les aider à progresser. Les techniciennes en éducation spécialisée et les préposées aux élèves travaillent en soutien direct avec ces jeunes et sont sur la première ligne, mais elles sont engagées pour un nombre d’heures insuffisant en rapport avec la tâche à accomplir. Cela déstabilise les jeunes et nous sommes celles et ceux qui en subissent les conséquences. Nous ne pouvons plus faire de prévention, car nous passons notre temps à éteindre des feux, en mettant notre santé en péril », souligne Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP–CSN qui représente le personnel de soutien scolaire.

Des services incomplets

Stéphanie Gratton donne en exemple des situations fréquentes où les jeunes ayant besoin de support durant la journée perdent ce support lorsqu’ils arrivent au service de garde après les classes.

« Les éducatrices en service de garde sont donc laissées à elle-même et doivent gérer un groupe de 20 élèves, incluant certains ayant des problèmes de comportement importants. Elles se font griffer, morde, cracher dessus, insulter, lancer des objets et ce, jour après jour. Nous espérons que le nouveau gouvernement portera une attention particulière à ce contexte alarmant ainsi qu’au manque de personnel qui se fait ressentir dans le réseau, car c’est de l’avenir de nos enfants les plus vulnérables dont il est question », conclut Mme Gratton.

La FSSS–CSN salue la nomination des nouveaux ministres de la Santé et des Services sociaux et de la Famille

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) salue la nomination de Danielle McCann et Mathieu Lacombe à titre de ministres du gouvernement Legault. La FSSSCSN profite de l’occasion pour rappeler l’importance d’améliorer le réseau public de santé et de services sociaux et le réseau des services de garde éducatifs et d’appuyer davantage le personnel.

Du pain sur la planche pour les nouveaux ministres
Avec ces nominations, la FSSSCSN annonce ses priorités pour le début du mandat du gouvernement Legault. En santé et services sociaux, la ministre doit agir en priorité :

  • Sur la crise d’épuisement et la pénurie de personnel qui affaiblit l’offre de services à la population ;
  • Pour mettre derrière nous l’austérité libérale en réinvestissant dans le réseau ;
  • Pour s’assurer que l’ensemble des CISSS et CIUSSS parviennent à régler les négociations locales en misant sur la stabilité et des mesures de conciliation travail-famille.

« Tout le monde sait à quel point le réseau de la santé et des services sociaux a fait les frais de la réforme Barrette et des années libérales. On ne peut plus se permettre de répéter les mêmes erreurs en pensant obtenir d’autres résultats. Il faut miser sur notre réseau public et appliquer les solutions que nous proposons depuis des années. Il est grand temps d’améliorer les conditions de travail du personnel épuisé. J’espère que la ministre McCann aura ces priorités dans ses cartons », lance Jeff Begley, président de la FSSSCSN.

Pour ce qui est des services de garde éducatifs et à contribution réduite, le ministre doit :

  • Rétablir la tarification unique et annuler la modulation des tarifs dans les CPE et services de garde en milieu familial ;
  • Continuer à développer le secteur des services de garde à contribution réduite ;
  • Annuler la décision absurde et inéquitable d’imposer des frais pour le guichet unique dans les milieux familiaux régis et subventionnés.

« J’ai bien hâte de connaitre les intentions du ministre Lacombe pour les services de garde éducatifs et à contribution réduite. Il nous fera plaisir de rappeler au ministre que toutes les études démontrent que la qualité est au rendez-vous dans le réseau des services de garde éducatifs régis et que c’est là que nous devons mettre nos énergies », poursuit Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSSCSN.

En campagne électorale, la CAQ indiquait vouloir mettre fin à l’opacité du précédent gouvernement et tendre la main aux groupes de la société civile. La FSSSCSN espère que le gouvernement Legault tiendra parole et qu’il nous rencontrera dans les meilleurs délais.

De nombreux défis attendent le prochain gouvernement

La CSN accueille positivement la nomination d’un nouveau Conseil des ministres paritaire. Néanmoins, la centrale syndicale est d’avis que le gouvernement de François Legault devra faire preuve d’écoute envers l’ensemble de la population afin de répondre adéquatement aux nombreux défis qui attendent le Québec au cours des prochains mois.

La situation est passablement préoccupante dans le secteur de l’éducation, après des années d’austérité budgétaire qui ont mis à mal la capacité du réseau public à répondre aux besoins des élèves, des étudiantes et des étudiants. « La dernière chose dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est bien d’une réforme Barrette en éducation, souligne le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il faut mettre les élèves au cœur de nos priorités et non pas se lancer dans un nouveau débat de structure. Le nouveau ministre, Jean-François Roberge, a démontré au cours des dernières années une connaissance fine du réseau des écoles primaires et secondaires ainsi qu’une réelle sensibilité envers les élèves et le personnel qui y travaille. Nous croyons que des ressources supplémentaires sont nécessaires, notamment pour assurer le dépistage précoce des enfants présentant des difficultés d’apprentissage et leur accompagnement. Cet objectif peut être atteint par le biais des services éducatifs à la petite enfance sans avoir à imposer le modèle des maternelles quatre ans pour l’ensemble du Québec. » En tant que ministre de l’Enseignement supérieur, M. Roberge devra également accorder une importance particulière aux réseaux collégial et universitaire.

Les défis seront également nombreux dans le secteur de la santé et des services sociaux, grandement malmené par le gouvernement libéral. Pour la nouvelle ministre, Danielle McCann, un réel changement de cap s’impose. « Elle devra trouver le moyen de décentraliser les pouvoirs afin de donner aux différents établissements du réseau les moyens et la liberté d’action pour répondre aux nombreux besoins de la population », affirme Jacques Létourneau. Alors que la CAQ a évoqué, en campagne électorale, l’importance des soins pour les aînés, le président de la CSN invite le gouvernement à concentrer ses efforts sur les ressources existantes. « Nos CHSLD et nos services à domicile ont des besoins criants de main-d’œuvre. La priorité devrait être l’amélioration des soins qui y sont offerts. » Enfin, la CSN considère qu’il est urgent de revoir le mode de rémunération des médecins afin de dégager les ressources budgétaires nécessaires pour l’ensemble des intervenantes et des intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, notamment en matière de prévention et de santé publique, un secteur que Mme McCann connaît très bien.

Finances publiques et développement économique
Pour la CSN, le gouvernement devra instaurer une véritable stratégie industrielle favorisant l’emploi local et les entreprises d’ici. « Il est d’inacceptable d’avoir vu, au cours des derniers mois, des contrats être accordés à l’étranger alors que nos entreprises québécoises, que ce soit Bombardier, General Electric ou le chantier de la Davie, sont de véritables fleurons dans leur secteur », indique Jacques Létourneau.

Alors que les surplus budgétaires sont réels, la CSN invite le gouvernement de François Legault à effectuer un réel changement de paradigme en matière de finances publiques. « La stratégie du “stop-and-go” du Parti libéral a été néfaste à tous les niveaux, en minant la croissance économique et en détruisant des pans entiers de nos services publics. Le trio économique de la CAQ doit changer de cap, réinvestir dans nos réseaux et améliorer les conditions de travail des salarié-es du secteur public, qui amorceront leurs négociations dès l’an prochain », rappelle M. Létourneau.

Travail, immigration et environnement
La CSN prend acte de la nomination du nouveau ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet. « Pour la première fois depuis des années, nous aurons un ministre du Travail qui connaît très bien l’univers des relations de travail. Nous connaissons très bien M. Boulet en qualité d’avocat patronal : à titre de ministre, il devra désormais prendre en considération les préoccupations de l’ensemble des intervenants du milieu du travail. M. Boulet devra également poursuivre les travaux amorcés par les partenaires du marché du travail, notamment en mettant en œuvre la Stratégie nationale pour la main-d’œuvre, issue d’un réel consensus entre les organisations syndicales et patronales », affirme Jacques Létourneau.

La CSN invite également le nouveau ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, à faire preuve de prudence sur la question des seuils d’immigration. « Les enjeux sont importants, tant sur les aspects socioculturels que pour les besoins de main-d’œuvre que connaît le Québec, souligne le président de la CSN. Avant de changer les règles, nous invitons le gouvernement à établir un réel dialogue social avec les organisations syndicales et patronales et celles représentant les communautés immigrantes afin de prendre en considération l’ensemble de leurs préoccupations. »

Un appel est lancé à la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, MarieChantal Chassé. « Il est urgent de reconnaître qu’il y a une crise climatique et de procéder à une transition énergétique en mettant en place des mesures concrètes et efficaces pour réduire notre dépendance au pétrole. Nous lui demandons d’en faire une priorité gouvernementale afin de mener cette transition énergétique en tenant compte des répercussions qu’elle entraînera sur les travailleuses et les travailleurs ainsi que sur les communautés », de déclarer M. Létourneau.

Enfin, le président de la CSN tient à réitérer son appui au gouvernement dans la réforme du mode de scrutin. « Cela fait des années que la CSN milite pour l’implantation d’un mode de scrutin proportionnel mixte. François Legault s’y est clairement engagé. Aussi, nous tenons à lui rappeler notre soutien en ce sens. »

Quel avenir pour les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Réunis à Québec pour un forum de consultation en préparation de la prochaine ronde de négociation, près de 500 travailleuses et travailleurs du secteur public, membres de la CSN, se sont rassemblés aujourd’hui sur la colline Parlementaire pour interpeller l’ensemble des élu-es de l’Assemblée nationale sur l’état de nos services publics à la suite des compressions budgétaires des dernières années.

Ces femmes et ces hommes, qui ont choisi de travailler dans les réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et dans les organismes gouvernementaux, sont venus témoigner de la détérioration importante de leurs conditions de travail et des graves impacts des politiques d’austérité sur les services à la population. « Nous sommes ici aujourd’hui pour dire au nouveau gouvernement que l’opération de démantèlement de l’État, entreprise par Jean Charest en 2003, doit cesser. L’élu qui sera nommé demain à la présidence du Conseil du trésor devra se rappeler que les mesures d’austérité sont en grande partie responsables de la défaite cuisante des libéraux. Tout au long de la campagne électorale, la CAQ a affirmé qu’elle incarnait le changement. Maintenant, qu’elle le prouve en réinvestissant massivement dans les services publics », a lancé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN, responsable de la négociation des secteurs public et parapublic.

Une restructuration catastrophique
Dans le réseau de la santé et des services sociaux, les conséquences désastreuses de la réforme Barrette ne sont plus à démontrer. « La création de mégas structures découlant des fusions d’établissements a entraîné une réelle et malheureuse déshumanisation des services. Le travail n’est plus le même, l’autonomie professionnelle s’est érodée. Nous demandons à l’éventuel ministre de la Santé de considérer l’expertise des professionnel-les et des techniciennes et techniciens, afin que leur travail reprenne tout son sens », a ajouté Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

Au cours de la dernière année, de nombreux cris du cœur ont été lancés par des travailleuses et des travailleurs du réseau. Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), a dit espérer que le nouveau gouvernement réalise rapidement l’ampleur de la crise. « La détresse du personnel est bien réelle. Elle résulte d’une accumulation de problèmes : pénurie de personnel, surcharge, dévalorisation du travail, etc. Nous avons des solutions concrètes à proposer au nouveau gouvernement. En espérant qu’il ait plus d’écoute que le précédent envers celles et ceux qui sont au cœur des services. »

Des idées qui inquiètent
Les coupes budgétaires de l’ère libérale ont aussi fait mal dans les organismes gouvernementaux et dans le réseau de l’éducation. Les effets se font toujours sentir, en particulier chez le personnel de soutien dans les écoles et les cégeps qui ont vu une dégradation importante de leurs conditions de travail. « Avec l’accroissement de la précarité et la multiplication des tâches, il devient de plus en plus difficile de recruter des personnes pour travailler dans les établissements d’enseignement. Une chose est sûre : le déséquilibre qui résulterait d’une éventuelle abolition des commissions scolaires ne ferait qu’aggraver la situation. Nous ne voulons surtout pas d’une réforme Barrette en éducation », a affirmé Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

Pour Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), la grande proximité de la CAQ avec l’entrepreneuriat et son penchant avoué pour le secteur privé engendrent aussi leur lot d’inquiétudes. « Dans le réseau de l’éducation, particulièrement dans les cégeps, la question de la précarité des enseignantes et des enseignants est criante et nous dénonçons, depuis quelques années, les pressions exercées pour subordonner la formation aux « besoins du marché ». Nous croyons, au contraire, que la force des cégeps réside dans le caractère national de ses programmes et de ses diplômes. Cette cohésion est soutenue par l’expertise et la compétence de nos enseignantes et de nos enseignants. »

Avant de quitter la colline Parlementaire, les manifestants ont tenu à rappeler au nouveau gouvernement que le secteur public a grandement contribué et contribue toujours au développement du Québec et que les travailleuses et les travailleurs des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et des organismes gouvernementaux seront là pour défendre les services à la population au cours des prochains mois et des prochaines années.

UCCO-SACC-CSN accueille avec prudence la nouvelle loi C-83 qui remplacera l’isolement préventif

Le Syndicat des agents correctionnels du Canada accueille avec prudence la loi C-83 qui apporte des changements à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui remplacera l’isolement préventif.

Besoin de ressources
« Si on souhaite que la loi C-83 fonctionne, une consultation sérieuse et des ressources seront nécessaires », a précisé d’entrée de jeu, Jason Godin, président national d’UCCO-SACC-CSN. « En tant qu’agents correctionnels, nous souhaitons avoir les bons outils afin d’assurer la sécurité du personnel et des détenus. En ce sens, la loi doit inclure des unités d’interventions structurées, qui seraient utilisées à titre d’outils pour gérer la population carcérale, et assurer la sécurité de tous », a ajouté le président.

Une alternative pour l’isolement disciplinaire
Pour UCCO-SACC-CSN, la nouvelle loi C-83 ne doit pas sacrifier l’isolement préventif, puisqu’il réussit à dissuader les détenus d’adopter les comportements violents. « Nous devons trouver des sanctions disciplinaires alternatives à l’isolement en nous assurant que les détenus qui adoptent des comportements dangereux et violents assumeront les conséquences de leurs actes. Nous assistons à une hausse des assauts sur les agents et les détenus depuis que Service correctionnel Canada a limité le recours à l’isolement. À titre d’exemple, Jason Godin explique que « le personnel du Regional Psychiatric Centre a subi plus de 100 assauts en 12 mois et qu’il est urgent de régler cette situation ».

Finalement UCCO-SACC-CSN accueille avec satisfaction l’introduction de scanneurs corporels pour prévenir la contrebande. « Notre syndicat a lutté pour l’implantation de ces appareils. Nous sommes satisfaits des résultats. Mais nous avons encore besoin de ressources pour gérer les délinquants au comportement à risque, comme le syndicat l’a revendiqué en 2005 pour contrôler les délinquantes dangereuses, revendication qui semble être tombée dans l’oreille d’un sourd », a conclu Jason Godin.

UCCO-SACC-CSN entend étudier plus en profondeur la nouvelle législation.

À propos
Le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) rassemble plus de 7500 membres, répartis dans cinq grandes régions du Canada : le Pacifique, les Prairies, l’Ontario, le Québec et l’Atlantique. UCCO-SACC-CSN représente les agentes et agents correctionnels dans 41 établissements fédéraux.

La dégelée

Le mot du président

C’est toute une dégelée que le Parti libéral a subie le 1er octobre dernier. Jamais, depuis 1867, les troupes libérales n’avaient récolté un si bas score électoral. La population a clairement renvoyé les libéraux dans l’opposition, qui n’ont qu’eux-mêmes à blâmer : après des années de scandales sentant la collusion et la corruption à plein nez, les politiques d’austérité mises en place par le gouvernement Couillard ont exacerbé le dégoût de la population.

Bien entendu, plusieurs d’entre nous auraient tout de même préféré un résultat électoral différent. La CSN doit néanmoins prendre acte de l’élection d’un gouvernement majoritaire de la Coalition avenir Québec, un parti qui s’est clairement campé à droite au cours des dernières années. Des craintes, des inquiétudes, nous en avons et elles sont légitimes. Mais avant de prendre la rue, attendons de voir les premiers signaux qu’enverra le prochain premier ministre. Déjà, lors de la formation du Conseil des ministres, nous aurons un meilleur aperçu de l’orientation que François Legault entend donner à son gouvernement. Le discours inaugural qu’il livrera lors du retour des députés à l’Assemblée nationale nous indiquera également les politiques et les projets de loi qu’il souhaite mettre de l’avant.

François Legault devra de son côté prendre acte d’un certain nombre de considérations.

Ne recueillant que 37 % des voix, force est de constater que près des deux tiers des électeurs ont voté pour un autre parti que la CAQ. Dans l’histoire du Québec, il s’agit de l’un des plus bas taux de participation menant à la formation d’un gouvernement majoritaire. Ceci démontrant cela : il y a urgence de réformer notre mode de scrutin. Il est aberrant, en 2018, que le vote d’un citoyen, isolé dans le château fort de tel ou tel parti, soit totalement gaspillé. Il est tout aussi aberrant qu’un parti ne recueillant même pas 40 % des voix puisse gouverner en toute liberté, pendant quatre ans, sans même devoir chercher l’appui des députés des autres partis. Certains seraient tentés de voir dans l’élection de la CAQ le résultat d’une certaine division du vote. Nous croyons plutôt qu’il s’agit ici d’une réelle pluralité des voix et des options politiques. Une autre raison pour laquelle ce mode de scrutin d’une autre époque doit être revu.

Le rejet du « stop-and-go »
François Legault devra également reconnaître que sa victoire est à la hauteur de la dégelée subie par les libéraux. Au risque de me répéter, la population québécoise a nettement rejeté les politiques d’austérité auxquelles le parti de Philippe Couillard nous a habitués. Le cynisme des électeurs a atteint son apogée l’an dernier lorsqu’ils ont constaté la hauteur des surplus budgétaires et la distribution des bonbons électoraux. Les citoyennes et les citoyens ne sont pas dupes et ont bien vu que la stratégie du « stop-and-go » en matière de finances publiques ne répondait qu’aux besoins financiers des puissants et ceux, électoralistes, du parti au pouvoir.

La population a également écarté les réformes centralisatrices du gouvernement précédent, notamment celle mise de l’avant par Gaétan Barrette (pas étonnant qu’on l’ait si peu vu au cours de la campagne) dans le secteur de la santé et des services sociaux. Une mise en garde importante pour François Legault : ce n’est pas en mettant en place une énième réforme du secteur de l’éducation, que ce soit en abolissant les commissions scolaires ou en voulant imposer la maternelle quatre ans partout au Québec, que nous mettrons l’avenir de nos enfants au coeur de nos priorités.

Au terme d’une campagne où François Legault a clairement tenté de séduire une partie de l’électorat avec des engagements très ciblés, il doit aujourd’hui gouverner pour l’ensemble du Québec. Pour ce faire, il doit instaurer un véritable dialogue social avec l’ensemble des groupes de la société civile. Quand nous pourrons nous entendre, nous nous entendrons. À défaut, c’est toute la CSN qui se fera entendre.

Prévenir les dégâts

Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Jacques Létourneau, président de la CSN, et Christine Lebel, plombière/tuyauteuse à la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et inventrice d’un panier récupérateur de déchets pour évier. Une discussion animée, dans laquelle il est question entre autres de métiers non traditionnels, de sous-traitance, du milieu de la construction et d’environnement. En voici quelques extraits..

Jacques : Pourquoi es-tu passée de la construction au secteur public ?

Christine : C’est surtout au niveau de la stabilité d’emploi, parce que dans la construction, les chantiers arrêtent souvent en décembre et reprennent en avril, ce qui fait qu’on se retrouve au chômage. Moi, j’étais mère monoparentale et comme je suis responsable de mes finances, j’ai choisi la stabilité à l’année […]

Jacques : Qu’est-ce qui t’a amenée à la CSDM ? T’as vu passer un affichage ?

Christine : En fait, j’avais déjà travaillé à la commission scolaire en 2009-2010 parce que j’avais manqué de travail dans la construction et je voyais bien que je n’arriverais pas. J’étais entrée à la CSDM à ce moment-là. Mais, après un an, j’avais décidé de retourner sur les chantiers, parce qu’il y avait vraiment (et il y a toujours d’ailleurs) une grosse différence de salaire entre le milieu de la construction et la commission scolaire. J’ai donc refait 10 ans sur les chantiers, et puis je suis revenue, encore une fois pour la stabilité […]

Jacques : Je trouve ça intéressant, ce que tu dis. Moi, mon père était concierge dans une commission scolaire en région. Il était au privé avant et la raison pour laquelle il s’est fait embauché à la commission scolaire, c’est justement pour la stabilité d’emploi. Il a fait exactement le même genre de choix que toi […]

Jacques : Ces dernières années, il y a eu beaucoup de coupes, de compressions budgétaires faites par le gouvernement du Québec dans les commissions scolaires, est-ce qu’on en ressent les effets sur le terrain ? Est-ce que ça laisse des traces ?

Christine : Avec des travaux majeurs qui sont retardés, souvent il arrive des dégâts d’eau… En fait, quand ça arrive, on se rend compte qu’il aurait fallu prévenir plutôt que guérir […] En ce moment, on embauche beaucoup de sous-traitants pour venir effectuer certains travaux… Je trouve ça dommage parce qu’on a à repasser derrière eux pour toutes les erreurs qu’ils commettent. Ils ne respectent pas toujours les plans des ingénieurs et après, c’est nous qui travaillons à la CSDM, qui devons tout réparer.

Jacques : Tu le constates, ça, que lorsqu’il y a un sous-traitant qui passe, la job n’est pas faite de la même façon, même si les employés du sous-traitant ont la formation ?

Christine : Oui, on le voit malheureusement. Ils sont qualifiés pour faire le travail, mais je pense qu’ils font ça vite. Ils ne sont pas consciencieux, tandis que nous, ce sont nos écoles, on vit dedans. J’ai plein d’exemples où on a dû intervenir dans des écoles neuves.

Jacques : Tu as des exemples, des trucs qui sont frappants, qui ont été mal faits ?

Christine : Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu à demander à mon superviseur de m’apporter le plan d’une école parce qu’il y avait de l’eau chaude dans les toilettes et… dans les abreuvoirs. Juste devant le gymnase en plus !

De thème à valeurs fondamentales

On consacre souvent beaucoup de temps à leur création, on y réfléchit longuement, on en discute en équipe, on pèse chacun des mots utilisés, on essaie de les rendre significatifs, mobilisateurs, encourageants et uniques : les thèmes.

Au printemps dernier, les fédérations de la CSN tenaient leur congrès. Et au cœur de ces instances, on retrouvait un thème central autour duquel tournaient les propositions et les recommandations. Parfois, même l’ambiance et les activités des congrès sont guidées par le thème choisi. Mais ces fameux thèmes, que veulent-ils dire exactement ? Qu’essaie-t-on de communiquer aux membres et aux délégué-es ? Sont-ils de simples « lignes » de communication ou ont-ils un rôle plus important ? Les fédérations se sont prêtées au jeu de lever le voile sur les questions entourant ces fameux thèmes.

David Bergeron-Cyr (FC–CSN), Ginette Langlois (FP–CSN), Caroline Quesnel (FNEEQ–CSN), Jeff Begley (FSSS–CSN), Pierre Brassard (CSN-Construction). Derrière : Nathalie Arguin (FEESP–CSN), Louis Bégin (FIM–CSN), Pascale St-Onge (FNC–CSN) | Photo : Michel Giroux

FEESP : Mon quotidien, j’y vois. Mon syndicat, j’y crois.
« Le choix de notre thème de congrès est le fruit de la consultation interne de plus d’une centaine de per­son­nes, du comité exé­cutif aux militantes et militants des secteurs et comités, en passant par le bureau fédéral et des salarié-es de l’équipe, explique Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Notre thème est bien ancré dans le présent et dans l’action. Il reflète notre approche collective et inclusive dans la dispensation de nos services, démontre le travail quotidien des militantes et militants auprès des membres. Finalement, il exprime la rigueur dans le travail et la confiance en l’action syndicale comme le meilleur moyen pour faire avancer les droits des travailleuses et travailleurs. Nous voulions un thème dynamique, qui fait ressortir le fait que nous sommes en mouvement et sur le terrain. »

FIM : Nos membres au cœur  de nos actions
« Notre thème ? Je crois qu’il dit tout, rigole André Miousse, vice-président à la vie syndicale de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN). Mais je vais quand même essayer de l’expliquer. La FIM existe grâce aux membres qu’elle représente. Et j’insiste sur le choix du mot “représente”. Pour moi, l’objectif premier de la fédération, ce doit être les services aux membres. Nous devons nous assurer de répondre à leurs attentes et non l’inverse, d’où l’importance de l’idée de “représentation”. Pour la partie “au cœur de nos actions”, nous avons constaté que trop souvent les structures deviennent lourdes. Il était donc important de retourner vers la base, notre base, parce que nous sommes toutes et tous des militants avant toute chose. Nous avons décidé d’arrêter le dédoublement des structures et de nous concentrer sur les services directs aux membres. En bref, ce qui est “au cœur de notre action”, c’est l’amélioration des conditions de vie des travailleuses et travailleurs. Il ne faut jamais oublier d’où on vient si on veut savoir où on s’en va. Pour la partie “nos membres”, nous avions le souhait que tous les membres s’approprient leur fédération. »

Visuels des congrès de la FIM, de la FNEEQ, de la FP, et de la FSSS

FC : Combattre à vos côtés
« Dans un contexte de morosité syndicale, et même de cynisme à l’égard du mouvement ouvrier, notre fédération a choisi de se recentrer sur ses racines, soit le syndicalisme de combat, explique David Bergeron-Cyr, président de la Fédération du commerce (FC–CSN). La combativité est une caractéristique qui distingue depuis longtemps la CSN d’autres organisations syndicales. Pour la FC–CSN, le syndicalisme de combat doit privilégier l’action collective par rapport au traitement individuel des dossiers. L’action collective qui nous caractérise est présente lors des négociations des conventions, mais une fois réglées, toute l’action syndicale est principalement dirigée vers la défense individuelle. Nous voudrions axer le militantisme syndical vers le développement du “savoir être” des camarades, afin qu’ils écoutent les problèmes de leurs membres et développent la solidarité dans leurs milieux de travail. Tous les problèmes vécus par nos membres ne se régleront pas par l’action collective, et tous les syndicats n’ont pas la capacité de régler leurs problèmes par l’action collective. C’est pourquoi la FC–CSN sera “à vos côtés” et accentuera sa présence sur le terrain. Car pour elle, le syndicalisme de combat est le moyen privilégié pour développer une conscience de classe et un sentiment d’appartenance des camarades envers leur syndicat. »

FNEEQ : Élargir l’horizon des possibles
« Lorsqu’est venu le moment de choisir le slogan du con­grès, nous voulions réunir dans une même formule deux dimensions, indique Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) : la portée du travail quotidien des enseignantes et des enseignants dans leur milieu, ainsi que le sens de leur engagement dans la vie syndicale. Le thème retenu témoigne de notre volonté de travailler ensemble afin de concevoir une alternative crédible et applicable aux propositions de la droite politique et économique. Nous voulons trouver d’autres “possibilités” pour contrer les idéologies dominantes qui imposent un système politique injuste et inéquitable et qui privilégient les finances au détriment de l’humain. Finalement, ce thème est surtout une invitation à se retrousser les manches et à trouver des solutions qui tiennent compte des préoccupations des femmes et des hommes, de leurs idées et de leur environnement. Les congrès sont des lieux privilégiés pour développer ces réflexions, pour ensuite les faire vivre au sein des syndicats qui les transmettront à leurs membres qui, à leur tour, les partageront avec leur famille et leurs proches. Ainsi, nous arriverons véritablement à “élargir l’horizon des possibles”. »

FNC : Des libertés à défendre
« Nous avons choisi ce thème, car les travailleuses et les travailleurs que nous représentons œuvrent dans des secteurs protégés par des droits et libertés inscrits dans nos chartes, soit la liberté de presse, le droit du public à l’information et la liberté d’expression, explique Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN). Or depuis plusieurs années, la culture et les médias vivent de graves difficultés économiques et structurelles. Les plateformes numériques étrangères dévalorisent nos productions journalistiques et artistiques, en les offrant gratuitement aux usagers, le plus souvent sans aucune forme de rétribution, en plus de capter les revenus, qui autrefois finançaient nos productions. Alors, au-delà des emplois à défendre, ce sont les fondements même de notre société qui sont en péril. Qui seront nos yeux et nos oreilles dans les lieux de pouvoir d’où nous sommes autrement exclus si le journalisme professionnel continue de dépérir faute de moyens ? Comment vivrons-nous notre culture, si nos institutions culturelles, nos artistes et nos artisans continuent d’être sous-financés ? Ainsi, la FNC–CSN doit mener ces importants combats pour défendre des libertés et des droits fondamentaux que notre société tient trop souvent pour acquis. »

Visuels des congrès de la CSNConstruction, de la FC, de la FEESP, et de la FIM

FP : Ma profession. Ma fédération. Notre force collective.
« Comme fédération multisectorielle, nous représentons une grande et belle diversité de professionnels œuvrant dans différents milieux de travail, présente Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN). Ce qui nous unit, c’est justement cette condition “professionnelle”, que l’on soit techniciens, bacheliers, maîtres ou docteurs. Tous ensemble nous cumulons une somme importante d’expertises différentes qu’il nous faut à tout prix mettre à profit lors de notre action syndicale. Cette diversité constitue une richesse pour notre action collective, de la même façon que notre identité professionnelle influence et teinte notre action collective. Nous avons aussi souhaité un congrès tourné vers les préoccupations qui touchent nos membres dans leur pratique professionnelle et qui leur permet, par l’action collective, de sortir de l’isolement afin qu’ensemble nous puissions faire avancer nos conditions. Une large majorité des professionnels ont tendance à s’isoler et à ne pas voir la pertinence de l’action syndicale, percevant leurs connaissances et leurs compétences comme les principaux outils de négociation de leurs conditions de travail. Ainsi, notre thème porte le message que la FP peut être un lieu de mise en commun et le vecteur de leur action collective porteuse de changement. »

FSSS :Déterminées
« Au courant des quatre dernières années, nous avons tous été témoins de la détermination des docteurs Couillard et Barrette et de l’équipe du gouvernement libéral à démanteler le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que celui des services de garde, souligne Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Du même coup, à la FSSS, nous avons constaté que le rempart face à leurs attaques reposait sur la résilience exceptionnelle du personnel qui continue jour après jour de faire un travail exceptionnel dans des conditions qui varient entre difficiles et exécrables. Dans ce contexte, les délégués-es du congrès ont amorcé des discussions pour que nos voix soient entendues et respectées. Nous sommes déterminés à remettre nos réseaux sur les rails. Pour y arriver, les dirigeants des réseaux et le gouvernement doivent faire preuve d’une réelle écoute. Nous avons des solutions pour la pénurie de main-d’œuvre, pour les problèmes criants de santé et sécurité au travail, pour le manque de prévention dans nos établissements, pour retrouver la satisfaction du travail bien accompli. Nos vis-à-vis doivent renouer avec le dialogue et avec la négociation. Ainsi, nous nous promettons d’être déterminés à nous mettre en mode transformation, pour nous et pour nos réseaux de travail. »

Viser juste avec la CSN–Construction
« Ça bouge dans l’industrie de la construction, annonce Pierre Brassard, président de la CSN–Construction. La nette augmentation des heures travaillées par l’ensemble des salarié-es de l’industrie en témoigne. Dans ce contexte en effervescence, les travailleuses et les travailleurs ont besoin d’une fédération à leur image. Une fédération proche de ses membres. Une fédération qui comprend leurs besoins et qui sait y répondre efficacement. Avec la nouvelle CSN–Construction, ils ne se trompent pas. C’est ça que traduit notre thème de congrès 2018. »

Conclusion d’une négociation d’une rare complexité

Le 23 septembre dernier, les membres du Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC–CSN) ont accepté à 81 % une entente de principe intervenue avec leur employeur.

Rappelons d’abord qu’en juillet 2015, à la suite d’un vote supervisé par le Conseil canadien des relations industrielles, une fusion mariait les membres du Syndicat des techniciens et artisans du réseau français (STARF), ceux du SCFP 675 regroupant les employé-es administratifs et ceux du SCRC, qui rassemblait à l’époque presque tous les autres salarié-es responsables de la production et de la diffusion de la section française de Radio-Canada sur toutes ses plateformes, au Québec et à Moncton, à l’exception des réalisateurs.

Amorcée en février 2016, cette négociation s’est déroulée alors que les 3000 membres de ce nouveau syndicat venaient tout juste de vivre cette fusion forcée de trois accréditations, imposée par un employeur qui affichait ouvertement son désir de changer radicalement les bases des relations de travail à Radio-Canada.

En plus de demandes précises qui visaient à refuser tout recul réclamé par l’employeur, le comité de négociation syndical devait travailler à partir de trois conventions matures, très différentes, pour aboutir à une seule convention collective unifiée qui allait s’appliquer à différents secteurs, dans différentes régions et dans un environnement de travail constamment bouleversé par les changements technologiques.

Trente et un mois de négociation
Le projet déposé initialement par l’employeur demandait des reculs incroyables qui ramenaient les salarié-es à des années-lumière des protections incluses dans les trois conventions collectives en vigueur lors de la fusion.

Rappelons que ce même employeur, qui aurait bien voulu imposer un seul titre d’emploi pour toutes et tous, soit productrice et producteur de contenu, savait très bien que cette fusion allait marier trois secteurs d’emploi différents, dont les 3000 travailleurs devaient désormais travailler ensemble pour arriver à un contrat de travail satisfaisant.

Les enjeux de négociation étaient multiples et complexes : emplois temporaires et précaires depuis plusieurs années, reconnaissance différente de l’ancienneté, ce qui implique des listes d’appel et de rappel incompatibles, horaires également différents en jours, en heures et difficilement conciliables, monographies d’emploi à rédiger pour tous les types d’emplois, bref, les écueils étaient nombreux et la Société Radio-Canada le savait fort bien.

Un parcours semé d’embûches
Le 21 avril 2018, une première entente de principe est conclue entre les parties. Présentée en assemblée générale, elle est rejetée à 56 %.
Le 8 juin 2018, la partie patronale, qui a bon espoir que cette fois-ci les membres vont accepter sa proposition, présente une offre globale, alors que plusieurs points litigieux n’ont pas encore été abordés et réglés. À la suite d’une tournée d’assemblées générales, qui s’est tenue du 16 au 21 juin 2018, les membres du SCRC décident de rejeter cette offre de l’employeur à 78 %.

Après ce second rejet, les membres demandent au comité de négociation de se concentrer sur les questions en lien avec la sous-traitance, les horaires, les emplois précaires et les avantages sociaux pour les employé-es précaires et temporaires.

Une seconde entente de principe
La mouture de l’entente de principe intervenue le 19 septembre dernier avec Radio-Canada compte plusieurs nouvelles avancées qu’une forte majorité de membres ont jugé satisfaisantes.

Malgré les nombreux écueils et défis que présente la négociation d’une première convention collective unifiée, le SCRC réalise de nombreux gains par rapport aux anciennes conventions. Parmi ceux-ci, le SCRC obtient l’affichage de 176 postes permanents tout en réussissant à encadrer la sous-traitance dans certains secteurs. Les parties conviennent également d’une limite budgétaire pour les postes contractuels dont la masse salariale ne peut dépasser 20 % de celle des permanents. La nouvelle convention collective prévoit des augmentations de 1,5 % par année ainsi qu’une bonification de la couverture de leur plan dentaire.

À la signature de la convention, les horaires de travail seront limités à un maximum de sept jours consécutifs et, désormais, pour les temporaires, un jour travaillé devient un jour d’ancienneté. À la hausse des indemnités pour celles et ceux qui sont en avancement temporaire, l’entente acceptée ajoute une hausse des indemnités versées en cas de mises à pied liées à l’impartition.

Certains irritants importants demeurent cependant, notamment en ce qui concerne la mécanique des mises en disponibilité pour les temporaires, auxquels le syndicat et l’employeur devront trouver des solutions. Des rencontres régulières sont d’ailleurs prévues, les deux parties reconnaissant que des ajustements sont nécessaires.

Dans le contexte de fusion imposée par l’employeur, l’analyse et la position du comité de négociation, du bureau syndical, du conseil syndical et de l’assemblée générale ont été consensuelles : acceptons cette nouvelle convention avec les forces qu’elle comporte et les défis qu’elle pose. Du travail reste à réaliser, mais le syndicat et ses membres ont maintenant une solide base sur laquelle construire pour préparer la prochaine négociation.

Victoire en Cour supérieure

Le 6 juin dernier, une décision rendue par le juge Davis de la Cour supérieure est venue donner raison au Syndicat des agents correctionnels du Canada quant à l’inconstitutionnalité d’un paragraphe de la Loi sur les relations de travail dans le secteur public fédéral qui interdisait aux agents négociateurs de la fonction publique fédérale de négocier en bonne et due forme le régime de retraite et la dotation.

Ce jugement représente une nouvelle victoire syndicale qui s’inscrit dans la lignée de plusieurs décisions importantes rendues par les plus hauts tribunaux du pays au cours des quinze dernières années en matière de liberté d’association et de droit à la négociation collective. Entre autres, l’arrêt Saskatchewan de 2015 stipule que le droit de grève est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Quant au jugement Davis, il confirme une fois de plus que les droits des travailleuses et des travailleurs ne peuvent être bafoués ni par des employeurs privés ni par le gouvernement, même s’il est à la fois employeur et législateur.

Pour Jason Godin, président national d’UCCO-SACC-CSN, cette victoire en est une d’importance pour les travailleuses et les travailleurs. « C’est un gain majeur pour les agentes et agents correctionnels fédéraux. Depuis 2002, nous exprimons la volonté des membres de négocier les retraites et la dotation avec le Conseil du Trésor lors du renouvellement de la convention collective. La décision du juge Davis vient confirmer ce que nous affirmons depuis de nombreuses années : ces enjeux sont essentiels et ils doivent être négociés, jamais imposés. »

Au cours de l’été, UCCO-SACC-CSN a été informé que le gouvernement a choisi de porter cette décision en appel. Le syndicat, appuyé par la CSN, défendra fermement la décision du juge Davis lors des auditions prévues au début de l’année 2019.

François Legault doit faire preuve d’écoute et d’ouverture

Nous l’avons vu au cours de la campagne, certaines propositions avancées par la CAQ sont loin de faire l’unanimité. Maintenant que la campagne est terminée, François Legault devra gouverner pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, rappelle à François Legault — élu à la tête d’un gouvernement majoritaire avec seulement 37 % des voix — son engagement à revoir le mode de scrutin. « Sur cet enjeu, nous tenons à le rassurer : il aura l’appui de la CSN. Dans le cas contraire, nous le rassurons aussi : il nous trouvera aux quatre coins du Québec pour lui rappeler l’engagement solennel qu’il a pris avec le Parti québécois et Québec solidaire en mai dernier ! »

Pas de réforme Barrette en éducation
Le réseau de l’éducation devra faire l’objet d’une attention toute particulière, affirme Jacques Létourneau. « François Legault répète depuis longtemps qu’il désire faire de l’éducation sa priorité. Nous saluons cet engagement : le Québec a grand besoin de personnel supplémentaire pour venir en aide à nos élèves et à nos étudiants. Nous le mettons toutefois en garde contre certaines de ses lubies : ce n’est pas en instaurant une “réforme Barrette” en éducation, que ce soit en abolissant les commissions scolaires ou en chambardant tout le système avec la maternelle quatre ans que nous répondrons aux besoins de nos enfants. » Rappelons que l’instauration de la maternelle quatre ans dans certains milieux défavorisés a été saluée par plusieurs. La généralisation de ce modèle, de façon uniforme et à la grandeur du Québec, a toutefois été décriée par la grande majorité des intervenants du secteur de la petite enfance.

Photo : Michel Giroux

« Les cégeps et les universités, qui ont subi d’importantes coupes budgétaires au cours des dernières années, devront faire l’objet d’une hausse de leur financement », ajoute le président de la CSN.

S’attaquer aux surcharges de travail
Au cours de la campagne, François Legault a également promis d’investir massivement dans le système de santé et de services sociaux, et ce, au-delà de la croissance des coûts de système. « Ces investissements devront servir à embaucher du personnel supplémentaire, martèle Jacques Létourneau. Les travailleuses et les travailleurs du réseau sont à bout de souffle en raison des surcharges de travail occasionnées par les pénuries de main-d’œuvre. Les défis de recrutement de personnel sont immenses : au cours des cinq prochaines années, ce sont des dizaines de milliers de préposé-es aux bénéficiaires, d’infirmières et de professionnel-les que nous devrons embaucher, ne serait-ce que pour maintenir à flot les services actuels. »

Photo : Pascal Ratthé

Le président de la CSN appelle également le futur premier ministre à revoir sa vision simpliste en matière d’immigration. « Il faut cesser d’aborder cette question de façon utilitariste : l’immigration est un apport essentiel pour le Québec tant sur les plans social que culturel. Il y a également d’importants enjeux pour notre développement économique : présentement, de nombreuses entreprises ne fonctionnent pas à plein régime, faute de main-d’œuvre. L’immigration constitue une partie de la solution. Plutôt que de s’obstiner sur le nombre “parfait” d’immigrants, François Legault devrait consacrer les prochains mois à mettre en place de réelles mesures en matière de francisation et d’intégration des immigrants au marché du travail. »

Protéger l’emploi local
La CSN exige du prochain gouvernement une réelle politique de soutien au secteur industriel et manufacturier. « François Legault a parlé durant toute la campagne d’attirer des emplois à 25 $, 30 $ l’heure. Il devra d’abord s’assurer de garder au Québec les emplois à bons salaires que nous avons déjà ! Il est désolant d’assister à la délocalisation de nombre d’entreprises ou encore de voir des contrats gouvernementaux, comme ceux qui auraient dû être accordés au chantier maritime Davie ou à l’usine Bombardier de La Pocatière dans le cadre du REM, être attribués à l’étranger. Aussi, bien que nous nous réjouissions de sa volonté d’attirer des emplois à haut salaire, nous lui rappelons notre priorité : instaurer un salaire minimum à 15 $ l’heure afin de sortir de la pauvreté des centaines de milliers de Québécois et de Québécoises, particulièrement ces dernières. »

Photo : Michel Giroux

Enfin, François Legault devra déposer un plan costaud et cohérent en matière d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique afin de faciliter une transition énergétique qui soit juste pour les travailleuses, les travailleurs et les communautés.

Histoire d’un marathon

Le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ a entamé les travaux entourant la renégociation du contrat de travail en janvier 2017. La course de fond se poursuit toujours quelque 21 mois plus tard.

Réunis en assemblée générale le 28 septembre dernier, les membres du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN) ont voté à 96 % en faveur d’une banque de 18 journées de grève supplémentaires à utiliser au moment jugé opportun. Bien que la convention collective soit échue depuis le 31 mars 2017, le syndicat entend bien prendre le temps de négocier une entente qui permettra d’améliorer le quotidien de milliers de travailleuses et de travailleurs précaires.

La négociation pas à pas
Le 18 janvier 2017, le syndicat représentant les 5500 employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ entreprend la renégociation de la convention collective avec notamment l’objectif d’améliorer le quotidien des quelque 70 % de ses membres qui n’ont pas accès à des postes à temps complet. De plus, les travailleuses et les travailleurs souhaitent améliorer la conciliation famille-travail, par exemple, en demandant à l’employeur de concevoir les horaires de travail plusieurs jours à l’avance.

La SAQ quant à elle veut revoir les horaires de travail d’une façon qui imposerait encore plus de difficultés à la conciliation famille-
travail des salarié-es tout en pénalisant les plus précaires d’entre eux. Bref, la table est mise pour une négociation ardue !

Dès février 2017, la SAQ fait appel à la conciliation. De son côté, le SEMB–SAQ a amorcé ses préparatifs bien avant le dépôt de son projet de négociation. Une structure de mobilisation provinciale est déjà en place à ce moment. Un comité de coordination national réunissant des représentants du syndicat et des services de la CSN planche déjà sur un calendrier à long terme.

Le syndicat utilise des moyens de communication novateurs pour joindre ses membres, dont une application mobile et des bulletins de nouvelles vidéo dynamiques sur la négociation et la mobilisation. Près de 60 % d’entre eux sont par ailleurs réunis dans un groupe Facebook fermé où ils échangent entre autres sur les tactiques de mobilisation.

Photo : Patrick Sicotte

Fin juin 2017, le syndicat obtient le mandat d’exercer des moyens de pression excluant la grève à près de 95 %. En août, les parties tentent de donner un nouveau souffle aux négociations en menant un blitz en mode exploratoire, mais sans succès. Le syndicat demande à ses membres de commencer à modifier leur uniforme de travail. Un tablier aux couleurs du syndicat fait son apparition dans les succursales. En parallèle, le mot d’ordre du syndicat est d’accorder la priorité absolue au service à la clientèle comme le demande l’employeur… C’est-à-dire que, par exemple, les caisses de bouteilles ne seront plus manipulées lorsque des clients sont présents !

Plusieurs « innovations » quant à la présentation des produits en tablette voient le jour. En effet, rares sont les clients de la SAQ qui n’ont pas remarqué de changements dans leur succursale ces derniers mois. Si certains cadres et patrons en doutaient encore, les salarié-es sont prêts à démontrer qu’ils entendent se tenir pour défendre leurs revendications. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont choisi comme slogan de négociation : 5500 à la table !

Cependant, malgré tous ces moyens de pression, la SAQ maintient la ligne dure sur ses demandes. Par ailleurs, en ce qui a trait aux salaires, l’offre de la SAQ s’avère inférieure à ce qui a été octroyé aux salarié-es du secteur public ne couvrant même pas la hausse du coût de la vie.

Intensification des moyens de pression
Dans ce contexte, fin juin 2018, le syndicat annonce avoir obtenu un mandat de grève de six jours, à l’issue d’une vaste tournée de consultation provinciale. Une première journée de grève se tient le 17 juillet, puis une autre le 22 août. Le dimanche 9 septembre, le syndicat déclenche une grève-surprise de 48 h après avoir publiquement annoncé un débrayage de 24 h le 10 septembre. Le syndicat prend la direction au dépourvu, qui se voit forcée de rappeler en catastrophe des cadres pour travailler le dimanche dans la soixantaine de succursales que la SAQ maintient ouvertes durant les journées de grève. Le coup semble porter puisque les négociations prennent tout à coup une nouvelle tournure, le SEMB–SAQ parlant de déblocage dans une vidéo d’information à l’intention de ses membres.

Ces journées de grève ont permis de raffermir les liens entre les membres à l’occasion de grands rassemblements régionaux et nationaux et de donner un nouveau souffle à la mobilisation dans cette négociation qui s’avère un marathon. « Les membres sentent bien l’appui de toute la machine CSN qui est derrière nous. Ils savent que si le conflit de travail doit se durcir, on ne sera pas seuls, qu’on aura tout ce qu’il faut pour pouvoir tenir la minute de plus, c’est un atout important », déclare la présidente du syndicat, Katia Lelièvre.