Les vraies affaires

Le mot du président

Le nouveau gouvernement du Québec déposera dans quelques semaines son premier budget. François Legault aura donc une première véritable occasion de démontrer aux Québécoises et aux Québécois qu’ils ont eu raison de lui faire confiance en lui donnant les clés du pouvoir

La dernière mise à jour économique de son ministre des Finances nous a laissés sur notre faim. Au lieu d’amorcer un véritable réinvestissement dont nos services publics ont grandement besoin, Éric Girard n’a saupoudré que quelques allégements fiscaux pour des clientèles bien ciblées. Et ce, alors que le Québec nage littéralement dans des milliards de surplus budgétaires. Un dur contraste par rapport à « l’audace » annoncée par François Legault tout au long de la dernière campagne électorale.

Avec ce premier budget, l’occasion est donc belle pour le premier ministre de nous démontrer que l’éducation, la santé et l’économie figurent au sommet de l’échelle de ses priorités.

Pourtant, nous demeurons scep­tiques devant les derniers signaux qu’il nous a envoyés. François Legault a reconnu avoir demandé aux différents ministères de compresser les dépenses ici et là afin de financer ses promesses électorales, plutôt que d’utiliser les milliards de surplus budgétaires pour répondre aux besoins de l’ensemble de la population. Bien sûr, il a répété plus d’une fois que ces compressions n’affecteraient en aucun cas les services à la population.

Nous avons déjà joué dans ce film. À maintes et maintes reprises.

Alors qu’il était dans l’opposition, François Legault ne ratait aucune occasion pour dénoncer l’impact réel des mesures d’austérité sur l’ensemble de la population. Tout bon comptable qu’il soit, il comprenait à quel point la stratégie budgétaire du « stop-and-go » entreprise par les libéraux était néfaste pour l’économie du Québec.

Le premier ministre admet lui-même avoir hérité d’un Québec en bonne santé financière. Il doit maintenant freiner la tentation de son ministre des Finances d’accélérer le remboursement de la dette. L’objectif de réduire le poids de celle-ci à 45 % du PIB sera atteint dès 2020, alors que l’objectif initial fixait l’horizon à 2025. Aucune raison d’appuyer sur l’accélérateur.

D’autant plus que le gouvernement devra combler les différents allégements fiscaux et de tarifs qu’il a annoncés, la taxe scolaire au premier chef. Uniformiser celle-ci dans l’ensemble des régions, c’est une chose. Mais l’idée de la réduire au plus bas dénominateur commun constitue néanmoins un dangereux nivellement par le bas. La réelle question réside dans la façon de combler ce manque à gagner de 900 millions de dollars pour nos commissions scolaires. Québec devra compenser à même son budget. Penser qu’on pourrait financer à coups de bouts de chandelle une telle somme en pigeant dans celles allouées au personnel de soutien, aux enseignantes et enseignants, aux professionnel-les et aux budgets de fonctionnement de nos écoles relèverait d’une utopie budgétaire mal avisée. En tout bon homme d’affaires qu’il soit, François Legault le sait trop bien.

Nous nous réjouissons de l’annonce du gouvernement quant à l’embauche de centaines de professionnel-les au sein du réseau de la santé et des services sociaux pour améliorer le dépistage de troubles d’apprentissage pour nos enfants. Néanmoins, après avoir été aussi malmenés par l’austérité budgétaire des libéraux, ce sont des pans entiers de nos services publics qui doivent également être renforcés.

Il est maintenant temps de parler des vraies affaires. De renforcer nos deux piliers que sont nos réseaux publics de santé et d’éducation afin que toutes et tous aient droit à l’égalité des chances et une meilleure qualité de vie. D’alléger la tâche de celles et ceux qui portent ces services publics à bout de bras en améliorant leurs conditions de travail et en embauchant le personnel nécessaire.

Le prochain budget du Québec constitue cette occasion en or. À François Legault d’en faire profiter l’ensemble de la population.

Dites merci

Ils font le ménage ou l’entretien, ils nous soignent, nous défendent, nous enseignent, nous nourrissent. Ils nous écoutent et nous conseillent, ils assurent notre sécurité. Pour ces raisons et bien d’autres, la CSN rend hommage à celles et ceux qui assurent les services publics par le déploiement d’une grande campagne de valorisation.

L’objectif de la campagne Vous êtes les services publics. Merci est de rendre plus visible le travail essentiel qui s’accomplit tous les jours en éducation, en santé et services sociaux et dans les organismes publics. « Les personnes qui œuvrent dans ces réseaux ne travaillent pas seulement dans les services publics, ils sont les services publics, toutes et tous à leur manière, parfois au grand jour, souvent dans l’ombre. On ne pourrait pas s’en passer », souligne Jacques Létourneau, président de la CSN.

La pénurie de main-d’œuvre est l’une des démonstrations de l’alourdissement de la charge de travail dans le secteur public. La CSN veut rappeler à la population, en guise de prélude à la négociation, que celles et ceux qui sont les services publics méritent mieux. La campagne se déroulera du 5 février au 5 août dans les établissements, dans l’espace public et sur le Web. Les travailleuses et travailleurs pourront y prendre part en participant à des activités de mobilisation sur le Web et sur le terrain. À ces activités s’ajouteront des initiatives de visibilité. « Quand on est un employeur qui se respecte, on respecte aussi ses employé-es. On leur manifeste une vraie reconnaissance. »

Défi « Dites merci »
Lors de cette campagne, vous serez invités durant cinq jours, sur Facebook, à dire un merci original à une ou un employé des services publics et à inviter l’un de vos contacts à faire de même. L’objectif est de faire boule de neige afin que la population voie défiler cette chaîne de mercis. Soyez prêts !

 

Un colloque pour venir en aide aux travailleurs immigrants

Les conditions de travail difficiles et parfois même abusives des travailleuses et travailleurs immigrants sont une réalité reconnue qu’a très souvent dénoncée la CSN.

Le 23 janvier dernier, le comité confédéral sur les relations interculturelles et celui sur la santé et sécurité du travail ont tenu un colloque à Montréal auquel participaient des chercheuses et chercheurs universitaires invités par la CSN pour présenter l’état de la situation.

Intitulé « Un milieu sécuritaire pour tout le monde », le colloque visait à identifier les causes des statistiques alarmantes en matière de santé et sécurité au travail des personnes immigrantes et à proposer des pistes de solution.

« On a constaté que les personnes immigrantes dans nos milieux de travail sont plus susceptibles d’être victimes d’accidents de travail, sans qu’on puisse expliquer le phénomène. On a donc décidé de se réunir pour trouver des solutions afin de les aider. Cette rencontre, c’est vraiment une journée de réflexion et de partage d’expériences pour que les responsables de nos syndicats puissent retourner dans leur milieu de travail et essayer de faire une différence chez eux », a expliqué Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

Un problème de langue ?
La barrière de la langue est un des facteurs qui mettent à risque les personnes immigrantes dans leur milieu de travail.

« Je connais beaucoup de gens de ma communauté qui ont vraiment beaucoup de difficulté à s’intégrer dans leur milieu de travail. Le premier obstacle, c’est la langue française. Ils peinent à apprendre les lois du travail, leurs droits, leurs limites et leurs obligations », explique Bouchra Hamama, trésorière du SNE du CHU Sainte-Justine.

Souvent, ces travailleurs-là ne maîtrisent pas le français. Alors, comment peuvent-ils connaître les conditions de santé et sécurité au travail ou comprendre les lois, les règlements ? Ils travaillent souvent dans des secteurs vulnérables comme l’abattage, la transformation des aliments, le textile ou l’agriculture, des secteurs plus difficiles pour ce qui est des conditions de santé et de sécurité », renchérit Jean Lortie, secrétaire général de la CSN.

La langue française prend du temps à appren­dre, alors que les pratiques de travail sécuritaires doivent être apprises dès qu’une personne accède à un nouvel emploi. Les chercheurs estiment que les employeurs, avec l’aide du gouvernement, devraient offrir des formations aux travailleuses et travailleurs immigrants dans leur langue maternelle afin de s’assurer que la matière soit assimilée.

« Ils sont souvent mal encadrés à l’initiation de la tâche et lors de la formation. Rares sont les entreprises qui vont adapter la formation au plan linguistique pour qu’ils y accèdent. Les entreprises où les compagnons sont de même origine qu’eux, où ils maîtrisent la même langue, vont avoir beaucoup moins de lésions professionnelles », explique Sylvie Gravel, professeure agrégée de l’UQAM.

L’exploitation
Ce manque de connaissance de base des règles de santé et de sécurité cause des accidents de travail, mais la méconnaissance des normes du travail ouvre la porte à l’exploitation de certaines travailleuses et travailleurs dans les secteurs non syndiqués.

« Il y a de l’exploitation dans le paiement [des sommes dues], dans les heures de travail, dans la vie quotidienne en matière de logement [pour les travailleurs saisonniers]. En raison de la précarité de leur situation, certaines personnes en profitent pour abuser d’eux et les exploiter », explique Neil Ladode, organisateur communautaire au Centre des travailleuses et travailleurs immigrants.

Ce colloque est un pas dans la bonne direction pour trouver des solutions à ce problème de taille. Les délégué-es syndicaux et autres spécialistes du travail qui étaient présents sont aujourd’hui mieux outillés afin d’aider les personnes immigrantes à mieux comprendre les règles de santé et sécurité au travail et aussi leurs droits en tant que travailleuses et travailleurs.

S’approvisionner de façon responsable

Le constat est clair : l’humanité n’a pas d’autre choix que de faire face à l’immense défi que représentent les changements climatiques en mettant en œuvre une nécessaire transition énergétique. La dernière campagne électorale québécoise nous a d’ailleurs prouvé que l’économie de ce débat n’est plus envisageable. Il y a dix ans déjà, la CSN se penchait sur la question.

Adoptée en 2009, la Politique d’approvisionnement responsable (PAR) de la CSN encadre tous les achats de produits et services faits pour le compte de la confédération et les soumet à des critères sociaux et environnementaux. La PAR vise à transformer les pratiques de production des biens et des services en exigeant que les fournisseurs de la CSN – et leurs sous-traitants – respectent certains critères.

Ainsi, au moment de procéder à l’achat de produits ou de services, les critères suivants doivent, dans la mesure du possible, être respectés :

Les conditions de travail : Respect des droits fondamentaux du travail, dont la liberté syndicale, le respect de la législation du travail et des normes internationales du travail.

Le commerce à forte contribution sociale : Priorité donnée à l’humain dans le cadre du processus de production plutôt qu’à l’accumulation des profits ; le commerce équitable et les réseaux d’achats alternatifs.

Le respect de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques : Appliquer les 4RV, utiliser des produits biologiques, recyclés, recyclables et biodégradables ; privilégier certaines certifications telle la FSC pour le papier et favoriser l’achat local.

La gestion responsable : Favoriser les entreprises qui possèdent une PAR et un code de conduite qui précisent des critères de responsabilité sociale et environnementale, de même que la production de rapports transparents ; favoriser certaines certifications, telle la Fair Labour Association.

Ainsi, la réutilisation de boîtes d’expédition est un bel exemple d’une pratique responsable soucieuse de l’environnement.

La prochaine fois que le courrier de la CSN vous sera envoyé dans des boîtes de couches ou d’alcool, vous saurez pourquoi !

Le bon goût de la solidarité

La lutte menée par les 5500 membres du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB–SAQ–CSN) se sera terminée sur des gains majeurs, notamment pour une bonne partie des salarié-es les plus précaires de la société d’État.

Avec le soutien de l’ensemble du mouvement CSN, le SEMB–SAQ a su réaliser des percées inspirantes qui contribueront à améliorer concrètement la qualité de vie des salarié-es. Notons que cette entente de principe est actuellement soumise aux membres dans le cadre d’une tournée provinciale.

« On a travaillé très fort pour faire disparaître le plus possible les disparités de traitement entre les salarié-es et pour améliorer la conciliation famille-travail pour tous les membres. Nous sommes très fiers du résultat », explique la présidente du syndicat, Katia Lelièvre. Rappelons qu’à la ligne de départ des négociations, les demandes patronales de la SAQ allaient dans le sens complètement opposé. La société d’État portait des demandes touchant aux horaires de travail qui auraient complexifié encore davantage la conciliation famille-travail pour les salarié-es.

Au bout du compte, l’entente prévoit la reconnaissance de nombreux droits pour les employé-es à temps partiel, dont les congés, les assurances, les journées maladie et les vacances. Auparavant, ces avantages ne leur étaient pas pleinement accessibles. Aussi, toutes les travailleuses et travailleurs connaîtront leur horaire de travail dix jours à l’avance, ce qui facilitera leur vie quotidienne.

Quelque 350 personnes obtiendront le statut d’employé régulier : les salarié-es seront dorénavant 1750 réguliers alors qu’ils étaient 1400 avant la négociation. Par ailleurs, les membres ont obtenu une cinquième semaine de vacances après 20 ans de service. Côté salarial, le SEMB–SAQ a su obtenir des augmentations suffisantes pour assurer la protection du pouvoir d’achat.

Si l’entente de principe est adoptée par les membres lors des consultations se tenant jusqu’à la fin février, la nouvelle convention collective sera en vigueur jusqu’au 31 mars 2023. La précédente est venue à échéance le 31 mars 2017.

Salarié-es à pourboires : Unissez-vous !

Le Point syndical a rencontré Sébastien Rousselle, barman depuis cinq ans au bar Dom Pérignon du Ritz-Carlton, à Montréal, afin qu’il nous entretienne des effets positifs de la syndicalisation sur la pratique de son métier.

« Ici, au Ritz-Carlton, je reçois tout le salaire auquel j’ai droit puisque l’employeur ne joue pas dans les pourboires à sa guise. Tout est calculé clairement, ce qui favorise un traitement égal entre les serveuses et serveurs.

En général, dans notre secteur, il y a beaucoup d’abus de la part des employeurs. Quand vous êtes syndiqués, vos conditions de travail sont protégées, il y a moins de situations aléatoires, que ce soit pour les horaires, les heures, l’ancienneté, les vacances ; ça facilite les relations avec l’employeur. Si on rencontre l’employeur et qu’un représentant du syndicat nous accompagne, les échanges sont respectueux et les ententes sont plus faciles.

« J’ai travaillé longtemps dans la restauration non syndiquée et dès que je vivais des tensions avec le gérant, on me coupait mes heures, on me donnait des horaires moins payants, les sections les moins payantes, donc, je gagnais moins d’argent. Dans ce temps-là, c’est certain que ça vous donne le goût de quitter votre poste pour aller voir ailleurs. Et si c’est sans raison particulière que le gérant ne vous aime pas, c’est l’arbitraire total qui règne et qui vous pousse à partir. »

Des bonnes conditions, c’est bon pour la clientèle
« En ce qui concerne la fidélité de la clientèle, les clients réguliers aiment bien voir et revoir les portiers, les serveurs et tout le personnel qu’ils croisent à chaque visite. Que ce soit une clientèle qui revient chaque semaine ou même après une année, les travailleuses et travailleurs qui cumulent une grande expérience dans un établissement offrent un meilleur service et des produits d’une plus grande qualité. Et la qualité des emplois offerts par un employeur attire les salarié-es d’expérience qui vont offrir le meilleur d’eux-mêmes et d’elles-mêmes. Un grand roulement de personnel n’est pas un gage de qualité. C’est plutôt lorsqu’on sait garder sa main-d’œuvre qu’on donne à sa clientèle la meilleure expérience qui soit. »

20 ans d’existence officielle

En 1999, les sages-femmes parviennent contre vents et marées à légaliser leur pratique professionnelle. Bientôt, des célébrations viendront souligner ce moment charnière pour les femmes et les familles québécoises. Entretien avec Mounia Amine, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec.

Pourquoi la légalisation de la pratique ?
En 1969, la Loi sur l’assurance-maladie consacre l’hôpital comme lieu privilégié de naissance. La médicalisation à outrance de la grossesse entraîne une déshumanisation de l’accouchement et donne lieu à de nombreuses critiques durant les années 70. Les femmes montent aux barricades et, en 1980, deux recommandations émanent du colloque Accoucher ou se faire accoucher : il faut légaliser la pratique sage-femme et mettre en place des maisons de naissance. En 1994, des projets-pilotes confirment la sécurité et l’efficacité de la pratique et mènent à l’adoption de la Loi sur les sages-femmes, le 19 juin 1999.

Qu’en est-il du Québec par rapport à une province comme l’Ontario ?
En Ontario, la légalisation s’est faite en toute conscience d’un modèle spécifique à promouvoir qui inclut la reconnaissance du concept de continuité relationnelle comme base du suivi sage-femme. C’est la garde qui constitue la pierre angulaire de ce suivi relationnel avant, pendant et après la grossesse. Cette garde est compensée à 12 000 $ par année en Ontario et à 9000 $ au Québec. Par ailleurs, un suivi temps complet est évalué à près de 50 heures pour nos voisines. Ici, il correspond à 35 heures. C’est irréaliste en regard de ce que la tâche exige.

La charge d’une sage-femme à temps complet est donc sous-estimée au Québec ?
Avec la pénurie actuelle, les sages-femmes doivent s’autoremplacer en cas de mouvement de main-d’œuvre ; il s’ensuit alors une surcharge. Et les distances à parcourir ajoutent aux heures travaillées. Cette réalité amène la plupart d’entre elles à refuser une pleine tâche. Certaines choisissent même d’abandonner la pratique. On adore notre travail, mais il est très exigeant : la garde accapare au minimum la moitié de notre vie ! Les médecins, eux, ont obtenu une généreuse reconnaissance pour la garde qui gruge leur temps. Notre mode de rémunération doit tenir compte des particularités de notre profession par une compensation pour l’utilisation d’un véhicule et le kilométrage parcouru, une valorisation de la garde ainsi que des conditions spécifiques pour la pratique en région.

La rémunération est donc une frustration chez les sages-femmes. Vous en avez sûrement d’autres !
La lenteur dans le déploiement des services est aussi très frustrante. Les accouchements avec sage-femme atteignent 4,2 %, alors que la Politique de périnatalité en prévoyait 10 % pour 2018. Il est inacceptable qu’un service public ne soit pas accessible partout ! Les difficultés de négociation et la méconnaissance de la pratique constituent d’autres irritants. Les gouvernements ont toujours refusé d’investir pour faire connaître notre profession, qu’ils ont eux-mêmes légalisée. C’est illogique. Il faut voir comment la CAQ se positionnera à ce sujet.

Pourquoi cette attitude ?
Il y a un manque de cohérence et d’intérêt des gouvernements à propos de la profession. De plus, notre travail, exercé à 99,9 % par des femmes, est perçu comme une vocation. Or, on ne peut pas compter que sur le dévouement pour développer une offre de services de périnatalité. En Ontario, une récente décision du Tribunal des droits de la personne fait état d’une discrimination genrée à l’endroit de la pratique sage-femme. Le Québec n’échappe pas à cette discrimination.

Y a-t-il des réussites dont tu es fière ?
La légalisation de notre profession est en soi un petit miracle. Nous avons réussi à passer à travers l’omniprésence du pouvoir médical. La popularité croissante de nos services est aussi une belle percée. La légalisation de notre profession est en soi un petit miracle. Nous avons réussi à passer à travers l’omniprésence du pouvoir médical. La popularité croissante de nos services est aussi une belle percée. Alors que trois nouvelles maisons de naissance ouvriront bientôt à Montréal, la région de Lanaudière, qui offre déjà des services de sage-femme, attend la sienne d’ici la fin 2019; Chisasibi a maintenant des sages-femmes sur son territoire et la Gaspésie démarrera ses services prochainement. Des projets sont en cours d’approbation pour la Montérégie-Ouest et la Montérégie-Est; la Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue prévoient l’embauche d’une chargée de projet. Tout ça demeure encourageant. La population souhaite l’accès à des services sage-femme dignes de ce nom !

L’ouverture des marchés publics, un bon pari ?

C’est monnaie courante partout dans le monde : plusieurs contrats octroyés par les gouvernements exigent un certain seuil de contenu local. Le Canada fait toutefois exception — notamment par rapport à la Chine et aux États-Unis — en acceptant trop souvent que des appels d’offres publics ne contiennent aucune exigence visant à favoriser l’industrie locale.

Les travailleuses et travailleurs de l’industrie québécoise paient trop souvent le prix de cette ouverture plus ou moins réciproque des marchés.

« Il est plus que jamais nécessaire que nos gouvernements établissent une stratégie pour soutenir nos industries nationales, soutient Jacques Létourneau, président de la CSN. Dans plusieurs cas, les accords internationaux limitent notre capacité à exiger du contenu local. Mais même quand nous avons la possibilité de revendiquer qu’une partie de la production soit effectuée par des travailleuses et travailleurs du Québec, nos gouvernements et nos sociétés publiques refusent d’utiliser cette possibilité, prétextant la crainte de faire fuir les entreprises étrangères et de nous fermer des opportunités d’affaires à l’international. C’est d’un non-sens total ! »

Fraîchement élu sous la bannière du nationalisme économique, le premier ministre du Québec n’a pas manqué de dénoncer cette iniquité dans l’accès aux marchés publics. Sa réaction lors de l’annonce de l’achat par VIA Rail d’un milliard de dollars de trains qui seront construits à l’étranger allait dans ce sens. « Ça n’a pas de bon sens que VIA Rail, avec un financement du gouvernement fédéral, n’exige aucun contenu local sur la construction du train et de ses wagons de l’axe Québec-Windsor. Tous les gouvernements dans le monde le font », a déclaré François Legault, en conférence de presse le 28 novembre 2018.

« François Legault doit maintenant passer de la parole aux actes et exiger, tant du fédéral que de ses propres ministères et sociétés publiques, que tout soit mis en œuvre afin de favoriser l’économie québécoise », ajoute le président de la CSN.

Que disent les accords de libre-échange ?
En vertu de l’Accord sur les marchés publics (AMP), signé sous la gouverne de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les marchés publics sont totalement ouverts au fédéral, à l’exception du transport ferroviaire urbain et du transport collectif urbain. Cette exception comprend les systèmes, les composantes et les matériaux entrant dans leur fabrication, ainsi que tout le matériel en fer ou en acier lié à ces projets. Pour leur part, les États-Unis se sont réservés le droit d’imposer un contenu national minimal de 65 % dans l’ensemble du transport roulant, alors que la Chine peut le fixer comme elle l’entend.

Selon les termes du traité de libre-échange entre le Canada et l’Europe — l’Accord économique et commercial global (AECG) —, il est également interdit aux sociétés d’État, fédérales ou provinciales, d’inclure un minimum de contenu produit localement. Une seule exemption donne le droit au Québec et à l’Ontario d’inclure jusqu’à 25 % de contenu local dans l’achat de véhicules pour le transport collectif — ce qui n’avait pas empêché l’Agence métropolitaine de transport (AMT) d’abaisser ce seuil à 15 % pour un contrat qui aura finalement été octroyé à la China Railway Rolling Stock Corporation.

Finalement, le récent accord États-Unis-Mexique-Canada prévoit de suivre les dispositions de l’AMP quant aux marchés publics.

Des impacts concrets au Québec
En décembre dernier, VIA Rail annonçait que le renouvellement de la flotte de l’axe Québec-Windsor allait être octroyé à l’allemande Siemens. Les trains seront construits dans une usine située à Sacramento, en Californie. La division transport de Bombardier, avec son usine de La Pocatière, s’était pourtant montrée intéressée par ce contrat.

Ce déséquilibre dans l’ouverture des marchés publics a de réelles conséquences au Québec depuis plusieurs années : pensons seulement à la fermeture annoncée de la General Electric à La Prairie (qui a délocalisé sa production de disjoncteurs qu’elle fabrique pour Hydro-Québec en Italie), à la construction des 212 voitures du Réseau électrique métropolitain (REM) envoyée en Inde, sans parler des trains de l’AMT qui seront construits en Chine.

Dans le cas de GE à La Prairie, lorsqu’une entreprise décide de déménager sa production pour en réduire les coûts, aucune protection ne peut contrer cette décision. Aussi étonnant que cela puisse paraître, même les règles d’achat de fournitures d’Hydro-Québec ne contiennent pas d’obligation pour l’achat local.

Il est vrai qu’en vertu des règles en vigueur, VIA Rail ne pouvait exiger de production canadienne. Toutefois, une fois les devis reçus des différents soumissionnaires, la direction du transporteur ferroviaire aurait pu négocier avec ceux-ci afin qu’ils revoient leur prix à la baisse — une façon qui aurait permis à Bombardier de revoir sa soumission. Malgré cela, la société de la Couronne ne s’est pas prévalue de cette possibilité qui aurait permis d’assurer la construction des trains à La Pocatière.

Certains syndicats sont inquiets pour l’avenir. « Nous sommes toujours aux prises avec une insécurité sur l’avenir de notre usine à long terme et pour notre région ; ça représente une instabilité peu confortable », précise Claude Michaud, président du Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière–CSN.

À chaque nouvelle tuile qui s’abat sur l’industrie manufacturière, ce sont des emplois directs et indirects d’ici, bien rémunérés, qui sont menacés. La course aux rendements plus élevés incite les multinationales à déplacer leur production dans des pays où les salaires sont nettement plus bas. Quand ce ne sont pas les travailleuses et travailleurs de l’usine d’Alstom à Sorel, ce sont ceux des chantiers maritimes Davie et Verreault qui voient d’importants contrats leur filer entre les doigts.

« Nos gouvernements doivent trouver les moyens de responsabiliser les entreprises, souligne Jacques Létourneau. On ne peut pas financer ces multinationales à coups de subventions et de crédits d’impôt sans exiger de contrepartie en matière d’emploi, d’autant plus quand on parle de tels emplois de qualité, comme ceux à 30, 40 dollars l’heure que François Legault veut créer. »

Par le jeu de l’alliance entre Siemens et Alstom, il demeure possible que d’éventuels contrats d’entretien des trains californiens de VIA Rail soient effectués au Québec. « Pour nous, à Sorel, cette alliance stratégique pourrait nous ouvrir des portes vers d’autres contrats dans le réseau d’affaires de Siemens, par exemple pour le service et l’entretien des 32 trains bidirectionnels que VIA Rail vient tout juste de confier au constructeur allemand », se résigne Francis Demers, président du Syndicat des travailleurs de Alstom Transport Canada–CSN.

La voix des membres entendue

Inverser la pyramide : voilà l’objectif ambitieux que s’étaient donné les fédérations du secteur public de la CSN en octobre 2018, en vue du renouvellement des conventions collectives.

Réunies au sein du comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP–CSN), les quatre organisations ont donc rapidement convenu de lancer une vaste consultation de leurs membres avant même de commencer à élaborer le cahier des demandes syndicales. L’idée est simple : commencer par entendre ce que les membres ont à dire.

Lancée le 23 novembre dernier, cette con­sultation qui prenait la forme d’un sondage en ligne et de consultations en assemblées s’est terminée le 14 janvier au petit matin. Au total, plus de 17 000 réponses ont été enregistrées. Sur le plan démographique, on compte 76 % de femmes et 24 % d’hommes, ce qui correspond approximativement aux données disponibles pour le secteur public dans son ensemble. La grande majorité, soit plus de 59 % des répondantes et répondants, est âgée de 35 à 54 ans. De leur côté, les moins de 35 ans représentent 21 % des répondants et les plus de 55 ans, 19 %. Fait intéressant à noter, plus de 46 % d’entre eux ont moins de 10 ans d’ancienneté.

La consultation, divisée en trois thèmes principaux, soit la négociation, la mobilisation et l’information, nous permet de tracer un portrait général de l’opinion des membres sur une variété de sujets et de développer des outils et des positions qui sont réellement à l’image des préoccupations vécues sur le terrain. Bien qu’au moment d’écrire ces lignes il soit un peu tôt pour tirer des conclusions, on constate au premier coup d’œil que pour 96 % des répondants, l’augmentation salariale est importante.

Malgré l’état préliminaire des travaux et des discussions, les répondants étaient également appelés à se prononcer sur leur préférence quant à la priorité de la prochaine négociation. Trois choix s’offraient à eux : l’amélioration des conditions de travail et de pratique, l’amélioration des conditions salariales, ou les deux. Force est de constater que, pour la grande majorité, la question salariale et celle des conditions de travail doivent être traitées avec autant d’importance, 73 % des participantes et participants ayant choisi « les deux » comme priorités.

Pour ce qui est de la mobilisation, les résultats nous permettent de constater que près de 60 % des membres sont déjà prêts à se mobiliser pour la prochaine négociation. Le niveau d’engagement envisagé varie, allant de la participation à des moyens de pression légers jusqu’à la volonté de faire la grève. Cela dit, comme les enjeux précis de la négociation ne sont pas encore établis, cet engagement est appelé à changer au fil du temps. Il n’en reste pas moins que nous pouvons compter sur des membres déjà prêts à faire entendre leur voix.

Sur le plan de l’information, les résultats préliminaires nous permettent d’établir que les membres préfèrent le courriel à tout autre moyen de communication. Ils ont également exprimé un fort appui aux tournées d’information des délégué-es syndicaux, démontrant que le travail de communication en personne sur le terrain a toujours la cote. Pour ce qui est du type d’outils souhaités par les membres, les bulletins d’information comme les info-négos sont très appréciés, suivis de près par les argumentaires détaillés sur les enjeux de négociation. Une vaste proportion des répondants a aussi signifié son intérêt pour les publications sur les réseaux sociaux, un outil de communication qui sera donc utilisé pour une seconde fois lors de la négociation du secteur public.

Fortes des résultats de cette vaste consultation et de leurs positions d’instance respectives, les fédérations du secteur public de la CSN se lancent maintenant dans la seconde phase de cette ronde de négociation, soit l’élaboration des cahiers de demandes. Ceux-ci seront soumis à la consultation au cours des prochains mois.

C’est maintenant officiel, nous sommes en marche vers la négociation du secteur public 2020.

Deux succursales de la SQDC syndiquées à la CSN

Le Tribunal administratif du travail a fait savoir, le 6 février dernier, que le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB–SAQ–CSN) était accrédité pour représenter les salarié-es de la Société québécoise du cannabis des succursales de Mascouche et de Trois-Rivières.

La CSN et toutes ses organisations affiliées sont très heureuses d’accueillir ce premier groupe d’employé-es de la SQDC. Bientôt, ces travailleuses et travailleurs se réuniront pour mettre sur pied leur syndicat autonome et se donner des règles de fonctionnement. Ils pourront autant compter sur le soutien de la Fédération des employé-es de services publics (FEESP–CSN) pour la négociation de leur première convention collective que sur le savoir-faire du SEMB–SAQ pour améliorer leurs conditions de travail au sein du monopole d’État.

Apprendre le syndicalisme avec la CSN

Depuis plus de 15 ans, la CSN offre aux jeunes syndiqué-es de moins de 30 ans une activité estivale d’initiation au syndicalisme. Appelée École de la relève syndicale, cette formation est une initiative du Comité national des jeunes de la CSN pour répondre aux préoccupations des jeunes membres ayant peu ou pas d’expérience au sein de leur syndicat.

Histoire du mouvement CSN, démocratie et prise de décisions syndicales, négociation des conditions de travail et défense des droits, environnement, santé et sécurité au travail, mobilisation et luttes collectives ou sociales, voilà quelques-uns des sujets qui y sont traités. Ainsi, les jeunes sont appelés à réfléchir sur le syndicalisme et les enjeux de société qui sont les nôtres.

Au mois d’août de chaque année, la CSN propose deux sessions de formation de trois jours chacune avec des syndicalistes aguerris issus de la CSN et de ses différentes organisations affiliées que sont les fédérations et les conseils centraux. Le tout se déroule dans le cadre enchanteur du Centre de villégiature Jouvence, une base de plein air située à Orford, en Estrie.

Le gouvernement Legault doit prendre un pas de recul

Le gouvernement Legault doit prendre du recul avec son projet d’implanter des maternelles 4 ans partout au Québec, estime la CSN. Les parents, les commissions scolaires et le réseau de services de garde éducatifs en place ne pensent pas qu’il s’agisse de la meilleure option dans le contexte actuel au Québec.

En fait, si le gouvernement Legault veut offrir un service éducatif universel et gratuit aux enfants de 4 ans et favoriser le dépistage précoce de troubles de l’apprentissage, le meilleur moyen est de faciliter l’accès aux CPE et aux services de garde régis en milieu familial (RSG). « L’obligation qui est faite aux commissions scolaires d’offrir le service de maternelle 4 ans ne tient nullement compte des réalités régionales, des services déjà présents sur les territoires des commissions scolaires, souligne le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il y aura assurément des impacts négatifs importants sur les services en place, tant pour le milieu familial que pour les CPE. Le ministre suggère une approche mur à mur, tout à fait contraire aux engagements de son gouvernement de proposer un développement harmonieux et dans la complémentarité des services existants. »

Selon un récent sondage de l’AQCPE, trois fois plus de parents préféreraient avoir accès à un CPE ou une RSG plutôt qu’à la maternelle 4 ans si le coût était égal. « Pourquoi le gouvernement Legault veut-il offrir un service que la majorité des parents ne veulent pas avoir? », questionne Jacques Létourneau.

« L’arrivée de la maternelle 4 ans pourrait créer des pertes d’emploi dans les RSG et les CPE de certaines régions. Pendant ce temps, le réseau scolaire se demande comment il pourra trouver le personnel et les locaux pour toutes ces classes de maternelle. C’est un non-sens », affirme Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN. Cette dernière déplore par ailleurs le fait que le gouvernement ne dispose pas d’un portrait juste de l’offre et de la demande pour les 0 à 5 ans. Le guichet unique en place pour les services de garde ne comptabilise pas tous les services.

La seule raison qui empêche les parents d’avoir accès au réseau actuel de services de garde éducatifs, c’est la disponibilité des places et la modulation des tarifs. Il faut donc, comme promis par le gouvernement, qu’il revienne au tarif unique le plus rapidement possible et qu’il développe et pérennise le réseau existant. Il s’agit de la solution la moins chère pour le gouvernement et qui pourra se réaliser plus rapidement.

Quatre raisons qui font des CPE et des RSG le meilleur choix

Voici quatre autres raisons pour favoriser l’accès aux CPE et aux RSG plutôt qu’aux maternelles 4 ans, tant pour le bien des petits que pour celui de leurs parents :

  • Le dépistage précoce des troubles de l’apprentissage commence bien avant 4 ans et est plus facile à faire dans un petit groupe. Or, le ratio éducatrice-enfants est de 1/17 dans une classe d’école contre 1/6 chez une RSG et 1/10 dans un CPE. La relation avec une seule éducatrice tout au long de la journée offre également une meilleure stabilité relationnelle pour les petits de 4 ans. À l’école, l’enfant doit souvent passer de la classe au service de garde. Les contacts entre les éducatrices et les parents sont quotidiens dans les CPE et les RSG, ce qui est plus favorable à un suivi de tous les problèmes que peuvent vivre les enfants. À l’école, il n’y a qu’une ou deux rencontres obligatoires par année entre l’enseignante ou l’enseignant et les parents.
  • La disponibilité des services de garde éducatifs s’étend sur 11 h par jour, 261 jours par année au CPE et 10 h par jour, 234 jours par année pour les RSG. À l’école, le service gratuit couvre 5 h par jour pendant 180 jours par année. Pour le reste, il faut prévoir l’inscription au service de garde à 8,35 $ par jour et trouver une solution pour la garde des enfants pendant tout l’été.
  • La formation collégiale des éducatrices est spécifique aux enfants de 0 à 5 ans, tandis que la formation universitaire des enseignantes et enseignants est axée sur les 5 à 12 ans. Les RSG ont également une formation spécifique à la petite enfance.
  • Les locaux et les jeux dans la cour extérieure sont adaptés aux tout-petits. Les objets sont à la bonne hauteur et la salle de bain est habituellement adjacente.

 

Renseignements : Thierry Larivière, Service des communications de la CSN

Cellulaire : 514 966-4380; bureau : 514 598-2139.

La CSN lance sa campagne Vous êtes les services publics. Merci partout au Québec

La CSN profite aujourd’hui de la Saint-Valentin pour lancer à travers le Québec sa campagne Vous êtes les services publics. Merci afin de rendre hommage aux femmes et aux hommes qui travaillent en éducation, dans la santé et les services sociaux ainsi que dans les organismes gouvernementaux au Québec. « Dans un contexte où le secteur public fait l’objet d’importantes compressions budgétaires et où la pénurie de main-d’œuvre est de plus en plus criante, la prestation des services publics n’est pas aisée. Il n’est donc pas exagéré de dire que les travailleuses et travailleurs font tous les jours de véritables petits miracles », a souligné d’emblée le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Partout au Québec, la CSN et ses syndicats vont d’ailleurs s’activer cette semaine pour aller à la rencontre des travailleuses et travailleurs dans leur milieu de travail afin de leur dire merci de vive voix. La présidente du Conseil central du Montréal métropolitain, Dominique Daigneault, renchérit : « Chaque jour, nous croisons des travailleuses et des travailleurs qui améliorent notre quotidien. Que ce soit celui des enfants, comme ici à Sainte-Justine, des étudiantes et des étudiants dans les écoles et les cégeps, des personnes âgées, des ados en difficulté. Celui des personnes malades, ou de celles qui ont besoin de faire valoir leurs droits. Et j’en passe. Plus que jamais, il s’avère nécessaire de souligner le travail exceptionnel de celles et ceux qui font l’impossible pour fournir à la population les meilleurs services qui soient », a-t-elle exprimé.

Des impacts concrets sur la vie des gens
« Le personnel de soutien dans les écoles, les cégeps et dans certains organismes gouvernementaux comme la Société des traversiers du Québec, la Régie des installations olympiques ou l’aide juridique, travaille souvent dans l’ombre. Pourtant, ce travail est essentiel, car c’est nous qui faisons fonctionner le réseau de l’éducation et les organismes gouvernementaux de l’intérieur, sans que les gens s’en aperçoivent. C’est pour cela que nous voulons remercier ces personnes qui s’acharnent à assurer l’accessibilité et la qualité des services publics, et contribuent à la réussite éducative sans avoir la gratification qu’elles
méritent », a souligné pour sa part Gilbert Ducharme, représentant du secteur scolaire de la Fédération des employées et employés des services publics–CSN.

La présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, Caroline Quesnel a, pour sa part, fait valoir la richesse de l’engagement des enseignantes et enseignants dans le réseau collégial : « Les profs de cégeps contribuent chaque jour à former nos jeunes, à forger leur sens critique et à les outiller durablement pour les études universitaires et la vie professionnelle. Leur dévouement et leur créativité rendent vivants les murs de nos établissements d’enseignement supérieur qui, plus que des lieux de formation, se transforment en de véritables milieux de vie préparant les jeunes à devenir des citoyennes et des citoyens à part entière dans toutes les régions du Québec. »

Malgré les compressions, ils tiennent le cap
« Il y a des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs dans le réseau de la santé et des services sociaux, a pour sa part rappelé le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley. Or, on entend souvent des politiciens parler de compressions budgétaires sans toucher aux services. C’est impossible ! La population ne voit peut-être pas la différence immédiatement quand on coupe un poste dans l’ombre, mais, inévitablement, cela se traduit par l’alourdissement de la charge de travail pour tous les autres, par l’allongement des files d’attente, par une perte d’efficience dans le réseau. »

« En santé et services sociaux, tout comme dans des organismes gouvernementaux tels que la Commission des droits de la personne et de la jeunesse et la Régie des installations olympiques, des personnes accomplissent un travail décisif, même si elles ne sont pas toujours en contact direct avec la population. Parfois même, leur travail peut être crucial pour la vie d’une personne. Malgré les réformes et les compressions budgétaires à répétition, elles continuent du mieux qu’elles peuvent à donner des services de qualité avec le plus grand professionnalisme. Et elles y parviennent. Elles méritent notre plus grande reconnaissance », a conclu la présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Ginette Langlois.

 

Ce que veut le personnel du réseau de la santé et des services sociaux, c’est servir la population

Un sondage mené par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) illustre que malgré une surcharge de travail constante, le personnel du réseau de la santé et des services sociaux ne demande qu’à améliorer les services à la population.

La FSSS–CSN a demandé au personnel du réseau quelle serait leur priorité si leur employeur leur donnait plus de temps. C’est 60 % des répondantes et répondants qui consacreraient ce temps à améliorer les services à la population. 43 % de ceux-ci profiteraient de ce temps pour donner des services plus humains aux usagères et usagers actuels alors que 17 % donneraient des services à des usagers qui n’en reçoivent pas actuellement.

En pleine crise de surcharge et d’épuisement, 25 % des répondantes et répondants en profiteraient plutôt pour prendre leurs pauses et leur heure de dîner et souffler un peu. 15 % utiliseraient ce temps pour remplir les nombreuses tâches administratives qui augmentent depuis la réforme Barrette, ce qui témoigne des dérives bureaucratiques de notre réseau. C’est 3216 personnes qui ont répondu au sondage de la FSSS–CSN entre le 28 janvier et le 7 février 2019.

« Ça fait des mois que le personnel du réseau tombe au combat. Et pourtant, quand on lui demande ce qu’il veut faire, la majorité souhaite donner de meilleurs services. Ça montre bien que ce qui sape le moral des troupes, c’est la déshumanisation des soins après des années d’austérité. Malgré la crise, le personnel pense d’abord aux autres. La population reconnaît leur contribution. Il est temps que le gouvernement en fasse de même! », explique Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

Équité salariale : des ajustements incomplets

La CSN prend acte des modifications apportées par le gouvernement à la Loi sur l’équité salariale, qui viennent corriger certaines formes d’injustices subies par les travailleuses du Québec.

« Avec le projet de loi 10 déposé aujourd’hui, le gouvernement répond à une décision de la Cour suprême de mai 2018 qui avait statué que le mode d’évaluation du maintien de l’équité salariale était discriminatoire, souligne Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. Nous saluons le fait que, dorénavant, les ajustements salariaux seront rétroactifs au moment où un événement aurait engendré une injustice dans la structure salariale, et non pas seulement au moment où l’évaluation du maintien est faite, comme c’était le cas jusqu’à maintenant. Nous pensons néanmoins que les correctifs auraient dû être apportés sous forme d’ajustement salarial plutôt qu’en montants forfaitaires, tel que le propose le ministre. »

La mise en place d’un processus de participation des salariés à la suite de l’exercice de maintien est un pas dans la bonne direction, estime la centrale syndicale. « Il aurait toutefois été préférable que les salariés puissent participer pleinement à tout le processus de maintien », d’ajouter Caroline Senneville.

Entente de principe pour les avocates et avocats de l’aide juridique

Hier, le comité de négociation des syndicats représentant l’ensemble des avocates et avocats de l’aide juridique a conclu une entente de principe pour renouveler les conventions collectives.

Cette entente de principe sera soumise au vote des avocates et avocats, lors d’assemblées générales qui se tiendront du 25 au 28 février. Les représentantes et représentants syndicaux ne feront pas de commentaires sur le contenu de cette entente d’ici la tenue de ces assemblées. Les conventions collectives étaient échues depuis le 31 mars 2015.

À propos
La FP-CSN et la FAAJQ représentent la totalité des avocates et avocats travaillant pour la Commission des services juridiques. La FP-CSN regroupe plus de 8000 techniciennes, techniciens et professionnel-les de différents secteurs. Elle est une des huit fédérations professionnelles composant la Confédération des syndicats nationaux (CSN) forte de 300 000 membres.

Pour une valorisation de la profession enseignante

En cette semaine dédiée aux enseignantes et aux enseignants, il faut souligner l’importance de leur rôle dans la transmission des connaissances et dans l’accompagnement des étudiantes et des étudiants tout au long de leur cheminement pour devenir des citoyennes et des citoyens à part entière. Le thème retenu pour la 25e édition, qui se tient du 3 au 9 février 2019, est Merci ! Sans une réelle valorisation de la profession, ce thème ne veut cependant rien dire.

Des mesures concrètes doivent donc être prises rapidement pour assurer la valorisation du travail des enseignantes et des enseignants dans les réseaux de l’éducation. Pour Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), « cette valorisation doit se répercuter concrètement par de bonnes conditions de travail et une rémunération à la hauteur de leur importante contribution au développement de la société ».

Pour souligner cette semaine, la FNEEQ–CSN adresse ce message à Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur : valoriser l’éducation, c’est aussi augmenter substantiellement le financement de tous les réseaux, c’est aussi ouvrir un dialogue ouvert avec les représentantes et les représentants des enseignantes et des enseignants. Le reconnaître est devenu une nécessité.

Le respect, ça se manifeste!

Un nouveau gouvernement a été élu au Québec en octobre dernier et malgré les prétentions du premier ministre, qui se dit féministe, le parti de François Legault fait face à de nombreux défis pour répondre aux préoccupations des femmes et des travailleuses. Si nous avons salué la nomination paritaire de son premier conseil des ministres, nous attendons la concrétisation de certaines promesses faites lors de la campagne électorale. Entre autres, la CAQ s’est engagée : à retourner au tarif unique dans les services de garde à la petite enfance, à ajouter des places en CPE, à accorder plus de flexibilité et de temps pour le congé parental, à limiter toute hausse de taxes ou de tarifs pour les services publics, à abolir le délai de prescription pour les agressions sexuelles et à adopter une nouvelle loi électorale pour passer du mode de scrutin majoritaire au mode de scrutin proportionnel mixte.

Le respect, ça se manifeste en mesures concrètes pour les femmes et les travailleuses.

Tous les outils disponibles 

Les outils du 8 mars 2019 sur le thème de Le respect, ça se manifeste! sont maintenant en ligne. Vous pouvez télécharger les visuels de l’affiche, de l’autocollant, de l’épinglette ainsi que les visuels pour les réseaux sociaux. L’envoi aux syndicats des affiches, des autocollants et de l’outil spécifique à la CSN, soit un porte-crayon qui se décline en français et en anglais, sera effectué au début du mois de février. Restez à l’affût!

Manifestation pour une réforme de l’assurance-emploi

Photo : Jean-François Coutu

Malgré une occupation du bureau de Justin Trudeau pendant neuf heures hier, Ottawa persiste à maintenir une mécanique de l’assurance-emploi qui génère de la pauvreté, qui dévitalise les localités éloignées et qui vivent d’industries saisonnières. Après l’éviction des élu-es de la CSN hier, une manifestation s’est tenue aujourd’hui vers midi, devant ces mêmes bureaux pour tenter de faire entendre la voix des régions au premier ministre.

« Les solutions proposées dans le dernier budget fédéral ne corrigent pas le problème du « trou noir » qui plonge des milliers de familles dans la pauvreté. La formation ou les autres mesures proposées sont temporaires et incomplètes », affirme Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Le nombre de semaines sans prestation d’assurance-emploi (trou noir) continue de croître en raison d’anciennes réformes du programme et du fait que le taux de chômage est plus bas dans l’ensemble des grandes régions qui servent de référence pour fixer le nombre de semaines de couverture.

Photo : Jean-François Coutu

Au terme de cette occupation du bureau montréalais du premier ministre, une conseillère du cabinet Trudeau a simplement rappelé les mesures du dernier budget, par téléphone, et n’a pas été en mesure de dire si une rencontre était possible avec les représentants des régions concernées par le trou noir.

Ottawa doit entendre les régions

Photo : Jean-François Coutu

Bien que le problème du trou noir n’affecte pas les grandes villes comme Montréal ou Ottawa, les élu-es au fédéral doivent répondre à l’appel des régions et se prononcer sur leur volonté de réformer en profondeur les règles de l’assurance-emploi afin d’éviter le plus possible de multiplier les semaines sans aucun revenu pour les travailleuses et les travailleurs de l’industrie saisonnière en région éloignée.

Vider les petits villages éloignés ou y envoyer des travailleurs étrangers temporaires pendant une partie de l’année n’est pas une solution qui assure la vitalité de l’ensemble du territoire du Québec ou du Nouveau-Brunswick.

Photo : Jean-François Coutu

« Ottawa doit avoir une vision pour les régions et doit surtout passer des beaux discours à l’action s’il veut diminuer la pauvreté. Modifier en profondeur le régime de l’assurance-emploi serait un premier pas significatif », conclut Jean Lacharité.

Rappelons que des élu-es de quatre conseils centraux de la CSN étaient présents à l’occupation d’hier : Conseil central du Bas-Saint-Laurent (CCBSL–CSN), Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CCGIM–CSN), Conseil central Côte-Nord (CCCN–CSN) et Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN). Le comité d’Action-Chômage Côte-Nord était également représenté.

Ottawa doit cesser d’aggraver la pénurie de main-d’oeuvre

Les règles de l’assurance-emploi accélèrent la dévitalisation de petites localités en région, ce qui rend très difficile l’embauche de personnel pour plusieurs PME issues de secteurs saisonniers comme le tourisme, la pêche ou la foresterie.

La baisse générale du taux de chômage d’une région provoque en effet la baisse automatique du nombre de semaines de prestation d’assurance-emploi et fait augmenter le nombre d’heures travaillées pour se qualifier. Ce dispositif fait en sorte que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs saisonniers voient augmenter leur nombre de semaines sans aucun revenu. En ce moment, ce « trou noir » sans revenu oscille entre 5 et 18 semaines et plonge de plus en plus de familles dans la pauvreté.

« C’est invivable pour des milliers de travailleuses, de travailleurs et leurs familles. Plusieurs décident de déménager en zone urbaine. Cet exode complique ensuite sérieusement l’embauche pour les emplois saisonniers dans leur localité d’origine », explique Guillaume Tremblay, président du Conseil central Côte-Nord–CSN.

« Il serait pourtant facile d’éviter cet effet pervers du resserrement des critères de l’assurance-emploi puisque la baisse générale du taux de chômage au pays fait en sorte qu’on ne manque pas d’argent dans la caisse », affirme Anatole Chiasson, président du Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine–CSN (CCGIM–CSN).

« L’assurance-emploi ne devrait pas contribuer à dévitaliser des villages. Pourtant, c’est l’effet de la mécanique actuelle qui ne tient pas compte des réalités parfois très différentes à l’intérieur d’une même région », indique Nancy Legendre, présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent (CCBSL–CSN).

Manque d’écoute du gouvernement Trudeau

Le bureau du premier ministre Trudeau a refusé de nous recevoir. Comme le ministre Jean-Yves Duclos n’a pas proposé de solution au trou noir jusqu’à maintenant, nous avons donc décidé d’occuper le bureau de Justin Trudeau aujourd’hui pour lancer un message clair.

« La CSN s’attend à ce que tous les partis fédéraux se prononcent sur la nécessaire réforme de l’assurance-emploi. Ce sera une de nos priorités en cette année électorale », a lancé Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

« Ottawa doit enfin entendre notre cause et démontrer son intérêt pour faire diminuer la pauvreté dans toutes les régions du Québec et du Canada », martèle Patrice Benoît, trésorier du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN), qui demande dès cette année une refonte en profondeur de la mécanique de l’assurance-emploi pour assurer une couverture adaptée à toutes les communautés du pays. Le gouvernement Trudeau a déposé un projet de loi pour combattre la pauvreté en novembre dernier, il doit maintenant démontrer qu’il entend passer du discours à l’action dans un dossier concret comme celui de l’assurance-emploi.

Rappelons que le trou noir est apparu depuis le redécoupage des régions de référence de l’assurance-emploi en l’an 2000. Le phénomène est maintenant aggravé par la baisse des taux de chômage dans ces très grandes régions de référence, ce qui cache cependant des réalités fort différentes dans certaines parties de régions. « Le découpage actuel des régions ne permet pas de bien refléter les différentes réalités de l’emploi. Les gens quittent la région et nous avons un record de dévitalisation », conclut Line Sirois, coordonnatrice d’Action-Chômage Côte-Nord.