Pour une éducation supérieure plus accessible

L’avis invite l’ensemble des acteurs du milieu universitaire à analyser et à revoir les mécanismes favorisant, entre autres, l’accessibilité aux études universi­taires, la qualité et l’adéqua­tion des for­ma­tions et des programmes d’études, ainsi que le lien avec le marché de l’emploi, et ce, dans le respect de la protection de la mission des universités, au bénéfice des étudiantes et des étudiants et de la population québécoise.

Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN, retient l’importance d’une éducation supérieure accessible pour tous, principe démocratique que le Printemps érable de 2012 aura grandement contribué à inscrire dans le paysage québécois. Selon elle, il ressort cependant de la lecture de l’avis que beaucoup de travail reste encore à faire pour éliminer les iniquités en matière d’accès aux études universitaires.

Par ailleurs, bien que la Fédération soit d’accord qu’il faille étudier le développement des activités de formation universitaire sur l’ensemble du territoire du Québec, y compris la formation à distance, afin de réconcilier l’accessibilité, la qualité et le bon usage des ressources, elle s’inquiète des risques inhérents au développement désordonné de l’offre de cours et désire être consultée. « La notion de bon usage des ressources laisse craindre une vision de la formation à distance comme outil d’uniformisation de certaines formations à l’échelle du territoire québécois dans une logique purement pécuniaire. Nous sommes d’avis que le développe­ment de la formation à distance comme outil d’accessibilité aux études universitaires est incontournable et essen­tiel, mais qu’il ne doit en aucun temps se faire au détriment de l’enseigne­ment en présentiel », souligne Caroline Quesnel.

Sur l’encadrement de la formation universitaire
Richard Bousquet, vice-président et responsable du regroupement université de la FNEEQ-CSN, ne voit pas d’un bon œil l’implication d’une instance indépendante d’évaluation de la formation universitaire  qui évaluerait les programmes de formation. Il rappelle que la création d’un Conseil des universités – auquel seraient appelés à siéger des char­gées et chargés de cours – représente l’avenue la plus fiable pour évaluer les programmes d’études universi­taires.

« Nous sommes en désaccord avec la recommandation de la Commission qui accorderait le rôle d’arbitre à l’Office des professions du Québec en cas de litige entre un ordre professionnel et une université sur les contenus et conditions de prestation d’un pro­gram­me d’études. Cela irait à l’en­contre des principes d’autonomie de gestion et de liberté académique des universités », précise-t-il.

Richard Bousquet rappelle finalement au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ainsi qu’aux directions des universités québécoises que les chargées et chargés de cours sont des membres à part entière de la communauté universitaire ainsi que des acteurs essentiels du milieu. « Leur apport substan­tiel à la formation des étudiantes et des étudiants ainsi que leur expertise disciplinaire en font des intervenantes et des intervenants incontournables pour participer aux consultations, analyses et groupes de travail dont l’avis recommande la tenue ou la création », conclut-il.

La FSSS-CSN soutient la volonté de la commission d’agir rapidement

Appliquer les recommandations préliminaires : le premier test gouvernemental
Dans ses recommandations préliminaires, la Commission vise à renforcer des programmes existants en misant davantage sur la prévention et les services de première ligne. « C’est une sage décision de la commission, selon Jeff Begley, président de la FSSS-CSN. Comme la présidente de la commission l’a noté lors de sa conférence de presse, le Québec a déjà été un exemple à suivre en matière de prévention. Malheureusement, les coupes des dernières années et la création des CISSS et des CIUSSS a mis à mal notre expertise en prévention et a atteint les services offerts aux jeunes vulnérables ».

Pour la FSSS-CSN, la vision globale adoptée par la commission est la voie à suivre si Québec veut agir le plus tôt possible dans la vie des enfants. C’est le cas de la déclaration de grossesse obligatoire, où nous devrons par contre avoir en place les ressources nécessaires pour faire un suivi rapide, une fois la déclaration acheminée au CLSC. Il en va de même pour les recommandations qui visent à utiliser les services de garde éducatifs comme les CPE ainsi que ceux des organismes communautaires. Miser sur la prévention dès la naissance et pendant les premières années si importantes au développement de l’enfance est un passage obligé. Une meilleure utilisation de programme des services intégrés en périnatalité et petite enfance pour les familles vulnérables est un complément essentiel à ces recommandations. Finalement, la recommandation de mieux soutenir le passage à la vie adulte dès l’âge de 16 ans est une voie à suivre.

« Nous incitons fortement les ministres Carmant et McCann de tout faire pour mettre en application ces recommandations. Leur réaction sera le premier test du gouvernement. S’il veut vraiment agir sur la question des jeunes vulnérables, il doit permettre aux intervenant-es de venir parler à la commission et appliquer ces premières recommandations. Nous suivrons de près la suite des travaux cet hiver et nous avons l’intention de participer activement », poursuit Jeff Begley.

Aller plus loin pour régler le problème de fond
Selon la FSSS-CSN, il faudra être en mesure d’aller encore plus loin pour régler les problèmes des DPJ. La FSSS-CSN a récemment sondé le personnel du réseau sur l’offre de services sociaux et c’est 82% des répondant-es qui indiquent que les services sociaux ont écopés de la réforme Barrette.

Outre les recommandations visant à améliorer les services existants, la FSSS attire l’attention sur deux solutions incontournables pour améliorer la situation :

  1. Mettre fin au manque à gagner cumulatif des centres jeunesse depuis 2013-2014 de plus de 300 millions de dollars ;
  2. Revoir l’organisation du réseau pour miser sur une gestion décentralisée dédiée à la mission jeunesse et une meilleure complémentarité des services.

« Je comprends que la commission ne se soit pas concentrée sur l’organisation du réseau dans ses recommandations préliminaires. Mais la création des CISSS et CIUSSS est pointée du doigt par tout le monde à raison et il faudra faire quelque chose plus tôt que tard. Noyer la mission jeunesse dans des méga-établissements n’a rien entraîné de bon pour les jeunes vulnérables. Il ne sert à rien de poursuivre l’expérience plus longtemps », de conclure Jeff Begley.

À propos de la FSSS-CSN
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

Réactions de la CSN

À la suite des informations véhiculées lors de l’audience portant sur la relance du Groupe Capitales Médias devant le juge Daniel Dumais hier, la CSN tient à rétablir certains faits.

« Je veux tout d’abord indiquer à quel point nous sommes indignés devant l’affreuse situation dans laquelle sont plongés les centaines de retraités des quotidiens du Groupe Capitales Médias depuis l’annonce de la faillite de l’entreprise, affirme le président de la CSN, Jacques Létourneau. Voilà pourquoi nous avons travaillé d’arrache-pied avec les comités de retraite auxquels siègent des représentants des retraités, depuis le 19 août, date à laquelle le Groupe Capitales Médias s’est mis sous la protection de ses créanciers. Cependant, je tiens toutefois à affirmer que jamais la CSN n’acceptera de prendre le blâme pour la terminaison des régimes de retraite, une catastrophe dont les seules responsables sont des entreprises ayant procédé à des transactions complètement immorales lors du transfert des quotidiens de Power Corporation à Martin Cauchon. »

« Nous comprenons entièrement la détresse des retraités, mais nous ne pouvons accepter les accusations selon lesquelles nous leur aurions caché de l’information lors de cette transaction financière. Tout le travail de nos avocats, de nos actuaires et de nos conseillers syndicaux depuis 2015 a été effectué en étroite collaboration avec les retraités au sein des comités de retraite. C’est à cet effet que nous avons émis de sérieuses mises en garde, dénonçant l’immoralité de Power Corporation qui se désistait de ses obligations. »

« Le projet de coopératives de travail pour relancer les opérations de GCM émane de la volonté des travailleuses et des travailleurs de ses quotidiens. Comme organisation syndicale, notre objectif est d’améliorer les conditions de travail, de protéger les emplois et de favoriser l’accès à une information libre et indépendante. Voilà pourquoi nous avons appuyé leur projet en les orientant vers des organismes indépendants de la CSN afin que ces coopératives voient le jour. La Coopérative nationale de l’information indépendante bénéficie de ses propres actuaires, de ses propres avocats et de ses propres négociateurs. À ce titre, la CSN n’agit ni en tant que promoteur du projet de coopératives ni en tant que partenaire financier de ce projet. »

« Depuis l’été dernier, aucun investisseur potentiel ne s’est montré intéressé à reprendre l’entreprise tout en maintenant les régimes de retraite. En fait, à part la coopérative, un seul investisseur a répondu à l’appel du syndic de faillite. Sa proposition ne prévoyait pas conserver les régimes de retraite et n’a pas été retenue par le syndic. »

« C’est la coopérative de travailleurs qui a élaboré son propre modèle d’affaires. Celui-ci reposait sur la participation de bailleurs de fonds. Il est de notre compréhension que ceux-ci ont posé, comme condition de leur investissement, la terminaison des régimes de retraite. À la demande des retraités, les syndicats ont porté leur revendication aux différentes tables de négociation à l’effet de maintenir les régimes. Cette demande a été refusée par la coopérative. En aucun cas, et j’insiste, cette condition n’a été posée par la CSN. »

« En constatant qu’aucun investisseur n’a manifesté l’intérêt de maintenir les régimes de retraite, nous sommes malheureusement contraints de reconnaître que, projet de coopérative ou pas, les régimes de retraite auraient été fermés. Ce qui ne nous a pas empêché de multiplier les interventions auprès de Retraite Québec, de Power Corporation – véritable responsable à nos yeux – et du gouvernement du Québec en demandant une modification législative permettant aux retraités d’obtenir des rendements supérieurs et en exigeant de nouvelles protections législatives pour les fonds de retraite, à l’image de ce qui a cours en Ontario – des demandes pour lesquelles nous continuerons à militer », de conclure Jacques Létourneau.

La CSN attendra la décision de la Cour supérieure avant de commenter davantage l’ensemble du dossier.

Présente tant dans les secteurs public que privé, la CSN regroupe 300 000 travailleuses et travailleurs, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Il est plus que temps d’atteindre 15 $ l’heure

Encore une fois, le gouvernement manque d’audace. Après une augmentation de seulement 0,50 $ l’an dernier, voilà qu’il se limite à une hausse de 0,60 $ pour un salaire minimum de 13,10 $ l’heure.

« À ce rythme, un salaire de 15 $ l’heure ne sera bientôt plus suffisant pour assurer un revenu décent pour une personne qui travaille à temps plein. Il est plus que temps d’atteindre ce seuil minimal », affirme Jacques Létourneau, président de la CSN. Ce dernier ajoute que le contexte actuel de pénurie de main d’œuvre dans plusieurs secteurs et d’économie qui tourne à plein régime devrait faciliter le travail du gouvernement.

Le Québec est en retard. Un salaire minimum à 15,30 $ a déjà été adopté en Alberta. L’Ontario est à 14 $ l’heure. La Colombie-Britannique devrait atteindre 15,20 $ en 2021. « Il est étrange que le gouvernement de la CAQ traine de la patte sur ce point, alors qu’il promet depuis le début des emplois bien rémunérés pour les Québécoises et les Québécois », ajoute Jacques Létourneau.

Depuis 2016, la CSN soutient la campagne 5-10-15 du Collectif pour un Québec sans pauvreté qui compte sept organisations. Il s’agit de pouvoir connaître son horaire au moins 5 jours à l’avance, de bénéficier de 10 jours de congé payé pour cause de maladie ou de responsabilités familiales et d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure.

Manifestation à Québec après huit semaines de grève

Après plus de 50 jours de grève générale illimitée, les travailleuses et travailleurs en grève d’Olymel Princeville ont manifesté ce midi à Québec, devant le ministère du Travail. « C’est le sprint final pour régler avant Noël, il est encore temps pour la haute direction d’Olymel de se laisser guider par l’esprit des fêtes, s’est exclamé Steve Houle, président du Syndicat des employé-es d’Olymel Princeville – CSN. Derrière des décisions purement comptables, il y a des travailleuses, des travailleurs et leurs familles, qui vivent avec les conséquences désastreuses des choix imposés par l’employeur. » Rappelons qu’en 2005, les travailleuses et les travailleurs d’Olymel Princeville ont subi une baisse de salaire de l’ordre de 5,40 $ l’heure. Sans cette baisse, leur taux horaire moyen serait de 25,92 $ au lieu des 19,91 $ versés actuellement.

« Nous sommes entièrement en appui aux grévistes et il n’est pas question d’abandonner alors qu’Olymel a réalisé des surplus record ces trois dernières années et que, selon de nombreux experts, les perspectives d’avenir sont plus que reluisantes. Il est donc temps que ça se reflète dans les conditions de travail offertes à ses salarié-es », de déclarer Nancy Mathieu, secrétaire générale de la Fédération du commerce–CSN (FC–CSN).

« À l’aube du temps des Fêtes, alors que des règlements tombent partout, il est inconcevable de constater l’entêtement de la direction face à ses salariés. Le respect est de mise pour ces gens qui font en sorte qu’Olymel puisse fonctionner au quotidien. Dans ce cadre, les travailleuses et travailleurs d’Olymel peuvent compter sur l’appui inconditionnel du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches », a souligné Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN).

Quel rôle pour Radio-Canada, monsieur le ministre du Patrimoine ?

Le Syndicat des communications de Radio-Canada est stupéfait des déclarations du nouveau ministre du Patrimoine, Steven Guilbeault, sur le rôle que pourrait jouer la société d’État dans l’écosystème de l’information locale.

Ce matin, de passage à Moncton, au Nouveau-Brunswick, le ministre a déclaré en entrevue que Radio-Canada pourrait « aider » les médias locaux à « trouver une voix plus importante ». Il a expliqué que la société d’État pourrait diffuser des nouvelles produites par des radios communautaires ou d’autres médias locaux.

Le président du SCRC, Pierre Tousignant, rejette cette approche. « Radio-Canada ne doit pas devenir un diffuseur des nouvelles provenant d’autres médias. Chacun a un rôle important à jouer pour la diversité de l’information, leur autonomie est essentielle. »

Radio-Canada pourrait et devrait produire plus d’information locale de qualité. La société d’État est déjà présente de l’Atlantique au Pacifique, mais on doit lui donner les moyens de réaliser son mandat.

« Si le gouvernement fédéral veut vraiment aider l’information locale, qu’il soutienne directement les médias locaux et communautaires, tout en assurant un financement stable et adéquat pour Radio-Canada. Mais envisager que la société d’État diffuse de l’information produite ailleurs, ce serait créer une nouvelle forme de concentration de la presse qui n’aiderait personne. »

Recommandation de règlement à la SQDC

C’est par une forte majorité que les travailleurs et travailleuses de la SQDC, affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et à la Fédération des employées et employés de service public–CSN, ont entériné la recommandation de règlement faite par la médiatrice spéciale nommée par le ministre du Travail, Jean Boulet.

Il y a quelques semaines, les deux organisations ont décidé d’unir leurs forces afin d’améliorer le plus rapidement possible les conditions de travail des membres à la SQDC. Rappelons que certaines succursales sont en activité depuis maintenant plus d’un an et que la question des salaires, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre sans précédent, représentait un des enjeux importants. Les conventions collectives seront d’une durée de deux ans. Le SCFP et la FEESP–CSN tiennent à saluer le travail accompli par la médiatrice spéciale au dossier, Lise Lavallée.

« Ça n’a pas été une négociation facile. On partait de loin avec une rémunération et des conditions de travail minimales. La SQDC est une nouvelle société d’État qui a une mission de santé publique. Après un an d’opération, le modèle québécois est un succès et nos membres y ont grandement contribué », a indiqué Marc Ranger, directeur québécois du SCFP.

Du côté de la FEESP–CSN, la présidente Nathalie Arguin a tenu à souligner la collaboration des deux organisations. « Nous avons fait front commun afin d’obtenir rapidement des résultats pour nos membres respectifs. Ce qui nous importe, c’est d’améliorer les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs, et ce, le plus rapidement possible. »

Pour Stéphanie Martel-Gill, présidente du Syndicat des employées et employés de la SQDC affilé à la FEESP–CSN, une étape importante a été franchie. « Nous sommes soulagés de voir nos salaires augmenter dès maintenant, mais aussi de pouvoir compter sur un comité d’évaluation d’emploi qui sera créé dans les 90 jours suivant la signature. Avec ce comité et une formation pour nous outiller face aux différents types de clientèle, nous pourrons exercer notre métier de conseiller dans des conditions gagnantes ».

« Avec ces nouvelles conventions collectives, nos membres pourront souffler un peu d’un point de vue financier, après avoir participé à construire cette nouvelle société d’État. Ce n’est qu’un début, car il reste beaucoup de travail à faire afin d’arriver à une pleine reconnaissance du rôle du conseiller professionnel à la SQDC », d’ajouter David Clément, président de la section locale 5454 du SCFP.

La CSN presse le gouvernement d’agir

Réunis en conseil confédéral à Drummondville cette semaine, les délégué-es de la centrale syndicale, provenant de toutes les régions du Québec, ont mandaté la CSN d’agir en ce sens.

« Le Québec regorge de ressources naturelles », a fait remarquer Jacques Létourneau, président de la CSN, lors d’un point de presse tenu à l’Assemblée nationale plus tôt aujourd’hui. « Mais, afin que le savoir-faire québécois puisse s’exercer, afin que la main-d’œuvre puisse contribuer à sa pleine mesure à l’essor économique du Québec, afin que les travailleuses et les travailleurs puissent s’épanouir et faire vivre décemment leur famille, encore faut-il que l’ensemble des régions du Québec puissent bénéficier des infrastructures nécessaires à leurs besoins socioéconomiques. En ce sens, le gouvernement québécois se doit d’agir en matière de transport pour désenclaver la Côte-Nord. »

Le président du Conseil central Côte-Nord – CSN, Guillaume Tremblay, a rappelé que le gouvernement avait annoncé, lors du dévoilement du budget 2018-2019, la création d’un bureau de projet pour étudier la construction d’un pont entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac ainsi que l’inscription de ce projet au Plan des infrastructures 2018-2028. « Malgré les promesses, le gouvernement n’a toujours pas donné le mandat pour faire l’étude de la faisabilité du projet, explique-t-il. Alors qu’on multiplie les projets autoroutiers autour des grands centres métropolitains, Blanc-Sablon n’est encore accessible que par bateau ou par avion. On paye pourtant des taxes et des impôts comme tout le monde. Il est grand temps qu’on arrête de considérer les gens de la Côte-Nord comme des citoyens de seconde zone. Quand une région demeure enclavée, c’est l’ensemble des régions du Québec qui en souffre. »

La CSN est membre de la Coalition Union 138, qui vise à relier les régions de Charlevoix et de la Côte-Nord et l’achèvement de la route 138. Présente tant dans les secteurs public que privé, la CSN regroupe 300 000 travailleuses et travailleurs, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Une alliance nécessaire pour protéger les signaleurs routiers

Mardi le 10 décembre dernier, a eu lieu une rencontre entre le président de l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec (ATSRQ), et la CSN-Construction.

Suite au décès la semaine dernière d’une signaleuse routière, la troisième en moins de 3 mois, les deux organisations ont tenu à se rencontrer et à rappeler d’une même voix la nécessité de prendre des actions concrètes pour éviter que ne se reproduise ces drames. Tant l’ATSRQ que la CSN-Construction somment les ministères du Travail et du Transport à se concerter pour régler une fois pour toutes le dossier des signaleurs routiers et de mettre en place des solutions concrètes. Parmi celles-ci : la nécessaire révision de la loi sur la santé et sécurité, qui se fait toujours attendre, et l’obligation que tous les entrepreneurs au Québec soient soumis à la mise en place des programmes de prévention qui ont du mordant sur les chantiers.

« Dans les 7 dernières années, 9 signaleurs sont décédés, des décès qui auraient pu être évités. C’est pourquoi nous avons décidé de se rencontrer aujourd’hui et de faire front commun pour que ne surviennent plus ces tragédies » a souligné Jean-François Dionne, président de l’ATSRQ.  Pour Pierre Brassard, président de la CSN-Construction, il faut s’attaquer aux risques présents sur les chantiers : « Nous sommes conscients des risques du métier et du travail essentiel des signaleurs qui assurent la sécurité des travailleuses et travailleurs qui sont à pied d’œuvre. Personne ne devrait avoir à risquer sa vie, il faut que les choses changent! » a-t-il soutenu.

Cette rencontre aura permis de tisser des liens entre les deux organisations et d’appuyer leurs revendications afin de faire bouger les choses avec les organismes reconnus concernant la santé et la sécurité des signaleurs routiers. En plus des revendications portant sur la santé et la sécurité, l’offre de formation et les conditions de travail des signaleurs furent partie prenante des discussions.

Un retour aux sources pour les profs de l’ITHQ

Ils ont fait le choix collectif de quitter le Syndicat des professeurs de l’État du Québec (SPEQ) pour se joindre à une fédération qui a une voix forte dans le milieu de l’éducation et qui défendra l’intérêt de ses membres et de leur spécificité.

« Il s’agit d’un retour aux sources pour ce syndicat, qui faisait partie des membres fondateurs de la Fédération en 1969, affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN. En cette année de célébration de notre 50e anniversaire, nous sommes heureux d’être à nouveau à leurs côtés. Ils seront dorénavant mieux outillés pour obtenir de meilleures conditions de travail ».

L’ITHQ dispense des programmes de niveau secondaire, collégial et universitaire et ces enseignantes et ces enseignants ont choisi d’être représentés et soutenus par une organisation qui possède une grande expertise dans la négociation des conventions collectives de tous les ordres d’enseignement. Une véritable reconnaissance de la valeur de leur travail ainsi qu’un salaire et des conditions à la hauteur de celle-ci sont les principaux motifs qui ont mené les membres à faire le choix de la FNEEQ.

Le syndicalisme pratiqué à la CSN et à la FNEEQ est basé sur l’autonomie et la solidarité des syndicats, ce qui favorise une meilleure vie syndicale, une plus grande compréhension des enjeux particuliers et l’amélioration des conditions de travail. « C’est ce qui a modelé le visage de la Fédération et de nos syndicats affiliés depuis cinquante ans et c’est ce qui façonnera celui du nouveau Syndicat des enseignantes et des enseignants de l’ITHQ, » conclut Caroline Quesnel.

Une révision n’est pas une abolition clament les profs de cégep

Les enseignantes et les enseignants des cégeps affiliés à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) manifesteront jeudi matin devant les locaux du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) à Québec et à Montréal. Ils dénoncent la fermeture annoncée de trois programmes techniques (Bureautique, Comptabilité et gestion, Gestion de commerces) et le processus bâclé qui y a mené.

La Fédération est estomaquée par le manque criant de rigueur et de transparence dont fait preuve le MEES à l’endroit de programmes d’enseignement supérieur. Elle serait favorable à une révision des programmes qui mettrait largement à contribution les enseignantes et les enseignants ainsi que l’ensemble des milieux de travail concernés. « Une révision n’est pas une abolition : fermer trois programmes est du jamais vu en 30 ans ; il s’agit d’une décision infondée et inacceptable qui s’est faite dans une opacité inadmissible, » dénonce Yves de Repentigny, vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.

Rappelons que cette fermeture touchera les cégeps partout au Québec et pourrait avoir un effet particulièrement dévastateur pour les régions éloignées des grands centres urbains dont l’offre serait réduite à un unique programme d’une « polyvalence » trop belle pour être vraie. Pourtant, les programmes actuels sont qualifiants et préparent adéquatement au milieu du travail. En 2018, le poste de secrétaire de direction arrivait en troisième position d’un palmarès des professions les plus prometteuses (lecegep.com). C’est le DEC en bureautique qui y donne accès avec un effectif étudiant féminin à environ 90 % et un taux de placement qui peut atteindre 100 %. « Nous ne pouvons cautionner la décision du MEES, qui précariserait notamment la situation d’un bon nombre de femmes auxquelles le cégep offre présentement des perspectives de carrière et de salaire intéressantes, » affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN.

La FNEEQ-CSN suit de près la situation des révisions de programme. Sous le couvert des processus de révision, le MEES semble mener une opération de rationalisation des programmes collégiaux pour faire des économies de bout de chandelle. D’autres programmes sont menacés par les façons de faire actuelles à courte vue du MEES. « Il est crucial que les programmes collégiaux demeurent qualifiants et que les diplômé-es puissent faire reconnaître facilement leurs compétences aux employeurs. En ce moment, les décisions du MEES se prennent au détriment des Québécoises et des Québécois, » conclut Yves de Repentigny.

Les organisations syndicales du secteur de la santé et des services sociaux sonnent l’alarme

L’ensemble des organisations syndicales en santé et services sociaux somment le gouvernement Legault de déclarer prioritaire le secteur de la santé et des services sociaux en raison de l’augmentation fulgurante du nombre d’accidents et de lésions professionnelles chez les employés.

Le Comité national intersyndical de prévention en santé et sécurité, composé de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la Fédération des professionnèles (FP-CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ) et le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ), déplore que le secteur de la santé et des services sociaux, qui ne représente que 9,8 % des établissements québécois, accapare tristement 18 % des accidents et des lésions professionnelles au Québec.

Des chiffres alarmants

  • Hausse importante des coûts pour les troubles musculosquelettiques (+ 36 %), les chutes (+ 45 %) et les actes violents (+ 82 %), au cours des deux dernières années.
  • Hausse de 34 % des heures d’absence en santé et sécurité du travail pour l’ensemble des établissements publics, passant de 3,3 à 4,4 millions d’heures de 2014 à 2018, soit l’équivalent de 2 400 personnes à temps complet.
  • 24,5 millions d’heures en assurance salaire pour l’ensem  ble des établissements publics en 2017-2018, un bond de 27,7 % en deux ans, soit l’équivalent de 13 250 postes à temps plein.
  • Près de 39 % des dossiers en assurance salaire en 2017-2018 impliquaient un diagnostic de santé mentale.

La CNESST et le MSSS dans la mire
Face à cette situation inquiétante, les organisations syndicales soutiennent que l’inaction de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en matière de prévention ne peut plus durer.

Ainsi, les présidences des sept organisations sont unanimes à demander au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, dans le cadre de la révision de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, de s’assurer que tous les mécanismes de prévention et de surveillance qui existent actuellement et qui sont déployés dans les secteurs prioritaires le soient aussi dans le secteur de la santé et des services sociaux. Elles réclament notamment que la prévention en matière de santé psychologique et de violence soit une priorité absolue.

« Toute application partielle de ces mécanismes ou leur non-déploiement dans le secteur serait inacceptable. Nous demandons donc au ministre du Travail de prendre les moyens qu’il faut pour que la CNESST joue pleinement son rôle et qu’elle soit dotée des ressources et des pouvoirs nécessaires pour contrôler l’efficacité des mesures de prévention prises par les établissements », insistent les présidences.

Les organisations syndicales se disent également renversées du fait que le MSSS et ses établissements, qui agissent à titre d’employeurs, ne prennent pas leurs responsabilités pour garantir la santé et la sécurité du personnel, dans un contexte où le réseau a grandement besoin de toutes ses ressources.

Intervention rapide exigée
En terminant, les membres du Comité national intersyndical de prévention en santé et sécurité appellent le gouvernement du Québec, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, la ministre de la Santé et des Services sociaux et les dirigeants de la CNESST à assumer leurs responsabilités et à intervenir à la hauteur que commande la crise actuelle dans les établissements de santé et de services sociaux du Québec. « Il faut implanter sans tarder l’intégralité des mécanismes de prévention dans le secteur de la santé et des services sociaux », pressent les présidences des organisations syndicales.

Citations :
« Il ne se passe pas un jour sans qu’une ou un salarié ne subisse un acte de violence, physique ou psychologique, dû à la nature de son travail dans le réseau de la santé et des services sociaux. C’est près de 16 000 personnes à temps plein dont on se prive collectivement. Il faut que la CNESST intervienne pour assurer la sécurité et la santé, tant physiques que psychologiques, du personnel. Et les ministres de la Santé et des Services sociaux ainsi que du Travail doivent prendre aussi leurs responsabilités dans le dossier. » – Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

« Nous déplorons l’absence de volonté généralisée des directions d’établissements d’identifier et de reconnaître réellement les risques et les pratiques malsaines pour la santé et la sécurité du personnel et d’apporter de véritables correctifs; la situation vécue à l’unité psychiatrique de la Cité de la santé de Laval est un cas patent. » – Claire Montour, présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ)

« Le ministère et les établissements ne jouent pas leur rôle. La CNESST doit donc se mettre au travail dès maintenant et prendre tous les moyens nécessaires pour contrôler l’organisation et l’efficacité de la prévention dans le réseau. La CNESST doit pleinement exercer son mandat. Ça prend une surveillance externe, systématique, pour s’assurer que ça fonctionne et pour intervenir si ça ne fonctionne pas. On sait quoi faire pour régler la crise, pour assainir les milieux de travail, et la CNESST doit s’assurer que ça se mette en place dans tout le réseau. » – Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)

« La CNESST n’a toujours pas mis la santé psychologique dans ses priorités d’intervention. À chaque fois qu’un de nos syndicats est interpellé par ses membres pour investiguer et documenter les problématiques vécues par l’équipe, les résultats démontrent un niveau de détresse psychologique élevé dont les facteurs proviennent du milieu de travail. Il est excessivement difficile actuellement pour une personne salariée de se voir reconnaître la santé psychologique comme une lésion professionnelle. C’est pour ça que les gens se retrouvent en assurance salaire. » – Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN)

« Près des trois quarts des travailleuses et des travailleurs du Québec, dont les professionnelles en soins, ne sont toujours pas couverts par les quatre mécanismes de prévention prévus dans la loi. Ça fait 40 ans qu’on attend! La situation actuelle est intenable et constitue, pour nos professionnelles en soins, une iniquité de traitement. L’immobilisme de la CNESST depuis les 40 dernières années est incompréhensible. Pendant ce temps, c’est tout le réseau de la santé qui souffre! Le ministre du Travail doit intervenir, maintenant. » – Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

« De trop nombreux travailleurs et travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux subissent les conséquences sur leur santé de l’absence de volonté politique tant du MSSS que de la CNESST. L’absence de véritable leadership en matière de prévention en santé et en sécurité du travail de la CNESST et l’inaction de nos élus politiques maintiennent des lacunes qui perdurent au regard de la modernisation de la réglementation et ont mené à la crise qui sévit actuellement. Nous exigeons que les risques et dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs soient éliminés à la source dans nos milieux de soins et de travail comme le préconise la Loi sur la santé et la sécurité du travail. » – Frédéric Brisson, président CPAS SCFP-FTQ

« Comment voulez-vous que des gens malades soignent et prennent soin du monde? Les instances gouvernementales doivent prendre leurs responsabilités et agir rapidement en prévention pour que cesse l’hécatombe. Il est terminé le temps de souhaiter un prompt rétablissement au personnel du réseau de la santé et des services sociaux : c’est l’heure de guérir ce réseau des maux qui l’accablent. » – Sylvie Nelson, présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ)

La sourde oreille

Le mot du président

Un triste constat se dégage depuis l’arrivée au pouvoir des caquistes : ils n’écoutent pas la population. Les innombrables critiques qui se soulèvent chaque fois qu’ils sortent de leur chapeau idéologique un projet de loi mal ficelé en témoignent. Dans son discours du trône, François Legault disait vouloir faire preuve d’humilité. Pourtant, lui et quelques-uns de ses ministres influents s’entêtent, dans un manque navrant de transparence et de consultation, à braquer les gens avec la mise en œuvre précipitée, voire irréfléchie, de certaines promesses électorales.

En novembre dernier, un sondage Léger nous apprenait que le projet phare de la CAQ sur les maternelles 4 ans ne récolte qu’à peine 29 % d’appui. En désaccord avec ce projet, la CSN revendiquait plutôt un réinvestissement dans les services de garde, qui ont fait leurs preuves, ainsi que dans le réseau de l’éducation, pour améliorer l’accès des enfants aux services spécialisés. Trop sûr de son coup et malgré la masse de critiques qui lui tombaient dessus, le gouvernement a choisi de faire fi de ces doléances. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a ainsi persisté à vouloir créer de nouvelles classes de maternelles 4 ans, même si celles-ci coûteront six fois plus cher que ce qui avait été promis en campagne électorale. Un tel entêtement continuera à déstabiliser le réseau actuel de la petite enfance ; celui-ci se verra soutirer des éducatrices qui seront embauchées comme enseignantes au sein de ces classes dans un contexte alarmant de pénurie de main-d’œuvre.

Et que dire de la volte-face de la CAQ sur sa réforme bâclée du programme d’immigration visant les étudiants et les travailleurs étrangers temporaires ? Après être demeurés insensibles devant le cri du cœur de personnes menacées de renvoi, après avoir vu les groupes de tous les horizons dénoncer cette réforme, le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, et le premier ministre Legault n’ont eu d’autre choix que d’accorder un droit acquis aux actuels bénéficiaires du programme. Ils ont ainsi démontré à quel point ils sont parfois déconnectés de la réalité en termes de besoins de main-d’œuvre et de respect de la parole donnée.

Les employé-es de soutien des écoles auraient, pour leur part, souhaité être consultés avant le dépôt par le ministre Roberge – encore ! – du projet de loi 40 sur l’abolition des commissions scolaires. En faisant cavalier seul une fois de plus, le gouvernement, dans une grande opacité, désire abolir leurs fondements démocratiques pour centraliser les pouvoirs auprès du ministre, réduisant par le fait même le poids des régions tout en aggravant les iniquités déjà présentes au sein du réseau. Pour faire taire les critiques, il a abandonné son intention de procéder par bâillon. Mais le projet de loi ne saurait être adopté sans une réelle consultation publique.

Le secteur public sur le qui-vive
Après ce tour d’horizon des façons de faire pour le moins discutables de la CAQ, on peut s’interroger sur la négociation qui se profile avec les travailleuses et travailleurs du secteur public. Inutile de rappeler que ceux-ci ont été terriblement affectés par des années de compressions budgétaires, mais François Legault s’est déjà mis un pied dans la bouche en affirmant que les surplus doivent revenir dans les poches des Québécoises et des Québécois et non dans celles des syndicats. Aux dernières nouvelles, les 500 000 employé-es du secteur public sont bien québécois, eux aussi. Faut-il plutôt comprendre des propos du premier ministre que les coffres leur seront fermés au moment de négocier avec eux ?

Si le gouvernement de la CAQ compte échapper à la nécessité d’améliorer leurs conditions de travail, il se fourvoie encore. La CSN lui rappellera qu’il devra reconnaître le travail essentiel des personnes qui soignent, accompagnent, entretiennent, réparent, soutiennent, surveillent, enseignent et protègent, répondant ainsi aux besoins de la population du Québec. C’est toute la CSN qui soutiendra leur lutte pour des conditions de travail dignes de ce nom

Attention aux mirages

Plus que jamais, les syndicats et leurs membres doivent faire preuve de vigilance, s’informer et prendre les devants pour ne pas devenir les victimes des nouvelles technologies. Le colloque Bilan et perspectives, organisé par la CSN, qui s’est tenu les 6 et 7 novembre dernier à Trois-Rivières, avait justement pour but de mieux les préparer à jouer leur rôle.

À l’heure des pénuries de main-d’œuvre, quel employeur ne rêve pas la nuit de robots, de logiciels miracles ou de procédés magiques qui permettraient à la fois de réduire les coûts, d’augmenter les cadences, de réaliser de gros profits et, pourquoi pas, de se passer de travailleurs. Malheureusement pour eux, cette combinaison parfaite n’existe pas, mais l’ivresse technologique en fait saliver un bon nombre. Les innovations ont connu une poussée fulgurante ces dernières années. Entre 2015 et 2017, on estime que 60 % des entreprises canadiennes ont procédé à des changements technologiques. Le coût des robots industriels a beaucoup diminué ; on parle de plus en plus d’intelligence artificielle et de « l’usine du futur ». Les travailleuses et travailleurs sont de plus en plus reliés aux machines qui leur disent quoi faire. C’est le cas des préparateurs de commandes dans les entrepôts, nous dit Denys Denis, ergonome professeur-chercheur à l’Université de Montréal. « Autrefois dans les entrepôts, on fonctionnait avec des listes de commandes. Aujourd’hui, les employé-es sont dotés d’un casque d’écoute qui leur dit quoi faire : va dans telle allée, prends tel produit et confirme l’opération. C’est une mécanisation complète du travail qui déstabilise les travailleurs, les collectifs de travail et supprime l’interaction entre les personnes. L’employé-e en est réduit à parler toute la journée avec une machine qui ne comprend pas toujours ce qui se passe. C’est assez impressionnant, on voit des travailleurs qui donnent l’impression de se parler tout seul, qui se fâchent contre la machine et se déplacent un peu comme des robots dans l’entrepôt. Ils sont au service de la machine. Toutes les compétences qu’ils avaient développées, leurs façons de travailler, sont évacuées, parce qu’ils ne peuvent plus organiser le travail comme ils le souhaitent. »

Changements imposés : échec assuré
Les changements technologiques viennent donc modifier les méthodes de travail et la vie des travailleuses et des travailleurs. On demande aux gens de désapprendre et de réapprendre, souvent en un temps record et sans formation suffisante. Et plus les changements sont rapides, moins ils ont de succès. La robotisation peut, bien sûr, permettre d’alléger les tâches pénibles, dangereuses ou aliénantes, mais trop souvent, nous dit Laurent Vogel, chercheur à l’Institut syndical européen, « les changements sont implantés de façon unilatérale par l’employeur, de manière autoritaire, sans consultation. Ce qu’il faut, c’est le respect du travail réel. Souvent on fait un changement à partir d’une fausse conception du travail réel, avec les erreurs qui en résultent et les dangers que cela implique pour la santé et la sécurité des travailleurs. »

Illustration : Benoît Tardif

C’est exactement ce qui s’est produit à Boucherville, dans les installations de Sysco-Québec. Depuis le rachat de leur entreprise par le géant de la distribution alimentaire, les employé-es vivent au quotidien le chaos de la désorganisation, comme l’explique Serge Monette, président du syndicat. « Le lundi matin, quand on est entré au travail après le déménagement, ç’a été une catastrophe. L’entrepôt était beaucoup trop petit, on ne connaissait pas le nouveau système informatique qui sert autant aux inventaires qu’aux achats, à la préparation de commandes ou aux livraisons. Ç’a été toute une commotion, il n’y avait rien qui fonctionnait. Les gens ont été forcés à faire des heures supplémentaires. Nous, on fait 55-60 heures par semaine. La surcharge de travail est énorme. Je transporte 700 caisses par jour en moyenne. Avant, je les manipulais une seule fois, aujourd’hui c’est trois fois, à cause du mauvais logiciel de préparation des commandes, qui m’oblige à défaire et à refaire des palettes. »

Selon Élise Ledoux, ergonome et professeur à l’UQAM, ce qui s’est produit chez Sysco-Québec, c’est l’exemple ultime d’un mauvais changement organisationnel. « On a implanté un système de gestion de la chaîne d’approvisionnement qui a conduit à une diminution de la qualité du service, à un épuisement des travailleurs, à des départs multiples. Les accidents de travail ont augmenté sur la route et dans les entrepôts. Des gens sont partis en épuisement professionnel, d’autres ont quitté l’entreprise, ce fut une perte d’expertise importante. Les retards de livraison ont détérioré le lien de confiance avec les clients. L’insatisfaction s’est généralisée. »

Trop souvent, l’implantation d’une technologie n’apporte pas les effets désirés parce qu’elle ne répond pas aux besoins réels de l’entreprise. Le marketing des vendeurs de technologie est féroce, les entreprises y succombent facilement et les travailleuses et travailleurs en deviennent les victimes. Une étude menée par le Boston Consulting Group révèle que 70 % des changements technologiques conduits en 2018-2019 n’ont pas atteint les objectifs et les performances attendues et ils ont coûté beaucoup plus cher que prévu. Comme le souligne Jean-Pierre Brun, expert-conseil et professeur de management, « quand les travailleurs disent que ça ne marche pas ce truc-là, il faut les écouter, ce sont eux les experts qui passent au minimum 2 000 heures par année dans leur poste de travail. »

Quand la technologie nuit au travail
Dans le monde de la santé et de l’éducation, les compressions budgétaires des trois dernières années et la pénurie de main-d’œuvre ont entraîné une surcharge de travail et une hausse de près de 40 % des déclarations d’accidents. Les auxiliaires en santé et services sociaux (ASSS), qui travaillent auprès des personnes à domicile sur le territoire du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, y ont particulièrement goûté. Laissées à elles-mêmes avec douze interventions par jour, une réduction du temps de déplacement, un alourdissement des clientèles, elles se sont vues imposer, sans consultation, une nouvelle technologie qui devait, selon l’employeur, faciliter leur travail. Comme l’explique Éric Clermont, vice-président du syndicat, « l’application téléphonique “Celltrack” obligeait dorénavant les auxiliaires à entrer des données à chaque étape des soins : le temps alloué pour un bain, pour un glucomètre, pour une médication ou pour toute autre intervention. Elles devaient cliquer sur leur appareil après chaque soin. C’était une immense perte de temps juste pour entrer des données. Tout ça créait une distance avec les bénéficiaires. Les personnes âgées se plaignaient, en disant “qu’est-ce que vous faites avec votre téléphone ? Vous n’êtes pas avec moi” ».

L’expérience pilote menée pendant trois mois a dû être abandonnée par le CIUSSS, parce que les auxiliaires et leur syndicat ont su démontrer que la technologie « Celltrack » alourdissait leur travail au lieu de le simplifier.

Prendre sa place, refuser d’être victime de la technologie
À la Centrale de coordination santé de la région de Québec, l’arrivée d’un nouveau logiciel de prise d’appel et de répartition ainsi que l’augmentation du nombre d’appels ont mis à rude épreuve les 42 répartiteurs médicaux d’urgence, déjà soumis à une tension extrême. Problèmes de tendinites, troubles de la vision, surcharge de travail, détérioration du climat de travail, détresse psychologique, absences répétées et démissions. Il a fallu toute la détermination des officiers syndicaux pour remettre le bateau à flot et convaincre la direction des changements à apporter, nous dit Marjorie Guay, agente de grief au STT de la Centrale de coordination des urgences de la région de Québec. « Quand on s’est assis avec l’employeur, on a dit “là, il faut que ça arrête ! Est-ce qu’on peut s’aider entre nous à aider les gens ?” La directrice générale nous a presque donné carte blanche. On a rencontré tous les membres, monté un cahier de travail, formé un comité paritaire et mis en place une démarche de prévention. » Le travail minutieux du syndicat a permis de faire le « grand ménage » dans les procédures, la formation, l’embauche, le soutien aux employé-es et la reconnaissance. Le milieu de travail est toujours aussi extrême, mais la solidarité des répartiteurs médicaux d’urgence a repris sa place et le climat s’est amélioré.

Les exemples de changements technologiques mal préparés ne manquent pas, qu’on songe aux techniciennes en service de garde forcées d’utiliser des oreillettes et qui éprouvent des problèmes d’acouphène. Qu’on pense aux caissières de supermarchés qui, depuis l’arrivée des lecteurs optiques, doivent manipuler tous les produits, ce qui alourdit leur travail et entraîne des problèmes de santé. Sans compter les caissières responsables des caisses libre-service, qui sont soumises continuellement à la mauvaise humeur des clients mécontents.

La mise en place de changements technologiques est inévitable, mais les travailleuses et travailleurs et les syndicats demeurent les meilleurs remparts contre les abus des employeurs. Comme le souligne le chercheur Laurent Vogel : « Les syndicats doivent développer leur propre analyse, poser les bonnes questions, faire preuve d’anticipation. Il faut résister à “l’UBERisation” des conditions de travail, qui s’attaque aux organisations syndicales, dans un monde où il n’y a plus d’employeur, plus d’organisation du travail, juste des plateformes où chacun est devenu une mini-entreprise à lui tout seul. Il ne faut jamais oublier qu’on ne perd que si on renonce à se battre. »

Une main-d’œuvre bon marché

Les femmes issues de minorités visibles peinent à se trouver du travail et lorsqu’elles décrochent un poste, il est souvent mal payé, dévalorisé ou en deçà de leurs qualifications.

La récente étude de la Commission des partenaires du marché du travail qui relate cette situation, étonnante en contexte de pénurie de main-d’œuvre, a conduit le syndicat CSN du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal à préparer le dépôt d’une plainte pour discrimination systémique.

L’étude est on ne peut plus claire : l’appartenance à une minorité visible constitue un facteur de vulnérabilité pour les femmes immigrantes, qui subissent des discriminations croisées, notamment en fonction du genre, de leur provenance ou de leur appartenance ethnique ou raciale. « Ces discriminations croisées imprègnent les pratiques, les comportements et les règles adoptés par des acteurs influents, notamment l’État, les entreprises, les associations professionnelles et les universités », peut-on y lire.

Cheap labour institutionnalisé
Alain Croteau, président du syndicat, dénonce l’ampleur du phénomène. Parmi les quelque 3000 membres de son organisation qui travaillent comme préposé-es aux bénéficiaires, environ 2300 sont des femmes immigrantes d’origine haïtienne, africaine, maghrébine ou hispanique. « Une telle concentration de femmes immigrantes dans ce genre de poste n’est pas due au hasard, mais plutôt à l’exploitation de femmes vulnérables qu’on embauche au rabais. »

De plus, une personne qui veut devenir préposée aux bénéficiaires doit suivre la formation, malgré qu’elle ne soit pas obligatoire. Le gouvernement joue depuis longtemps le rôle d’un employeur véreux qui embauche des personnes surqualifiées sans les payer à leur juste valeur professionnelle. L’obligation officiellement reconnue de suivre un cours pour devenir préposé-e aux bénéficiaires donnerait assurément lieu à une augmentation de salaire pour ce type d’emploi. « L’employeur a le beurre et l’argent du beurre », dénonce Alain Croteau.

Celui-ci se rappelle d’ailleurs qu’au temps où il travaillait au CRDITED de Montréal, le pourcentage de femmes issues de minorités visibles était beaucoup plus équilibré dans la catégorie 4 qui regroupe les professionnel-les, les techniciennes et les techniciens. « Il correspondait pas mal à ce qu’il représente dans la société, comparativement à la catégorie 2, qui regroupe notamment les postes de préposé-es aux bénéficiaires et d’auxiliaires aux services de santé et sociaux déjà très fortement occupés par les femmes racisées », avance-t-il.

Cet exemple démontre par le concret qu’il est plus difficile, pour l’une de ces femmes immigrantes, de se trouver un emploi de la catégorie 4 que de décrocher une job dans la catégorie 2. Citons les CHSLD du Plateau Mont-Royal, où la clientèle est principalement blanche alors que 75 % des préposé-es qui y travaillent sont des femmes immigrantes. « Ce sont les personnes racisées qui prennent soin de nos aîné-es sur le Plateau. Pourquoi ?, s’interroge Alain Croteau. Certains répondront que les femmes noires s’occupent naturellement des personnes âgées et que c’est dans leur culture. Foutaise. »

Pistes d’explication
Le fort taux de chômage parmi les femmes immigrantes explique, en partie, le fait qu’elles occupent ces postes. En 2017, il atteignait le taux élevé de 16,1 % chez les personnes arrivées au pays depuis moins de cinq ans. « Comme elles peinent à se trouver du travail, les femmes racisées doivent se rabattre sur des emplois plus pénibles. Or, ces jobs n’attirent pas les femmes blanches du même âge », souligne le président du syndicat. Peut-être que celles-ci refusent de faire leur cours de PAB et de s’investir dans une si difficile carrière. Cette situation n’est sans doute pas étrangère à la pénurie de préposé-es aux bénéficiaires qui sévit partout dans le reste du Québec.

Le temps de se plaindre
Pour Alain Croteau, ces femmes sont clairement victimes de discrimination systémique. Il faut donc s’attaquer à ce phénomène pour créer un précédent et favoriser leur accès à des emplois plus valorisés. C’est ce que le syndicat se prépare à faire avec la plainte pour discrimination systémique envers les travailleuses immigrantes de la catégorie 2 qu’il déposera après les fêtes.

Sans conteste, il y a surreprésentation des femmes issues des minorités visibles et des femmes racisées dans certains postes. L’employeur aura le fardeau d’expliquer pourquoi elles y sont si nombreuses et de démontrer qu’il ne s’agit pas de discrimination systémique. « J’ai bien hâte de voir comment il va s’y prendre », conclut Alain Croteau.

Inquiétudes pour l’avenir de l’instruction publique

Au Québec, les dernières décennies ont été marquées par des politiques d’austérité et des compressions budgétaires importantes. Cela s’est inévitablement traduit dans le quotidien des élèves et des parents : les écoles tombent en ruines ; les élèves peinent à obtenir les services auxquels ils ont droit. Les travailleuses et travailleurs — dont les employé-es de soutien que nous représentons — portent le réseau à bout de bras et sont épuisés.

Plutôt que de s’attaquer aux problèmes criants que rencontre le réseau, le gouvernement a décidé de bouleverser des structures, certes imparfaites, mais utiles, en mettant la hache dans la démocratie, en centralisant plusieurs pouvoirs au sein du ministère de l’Éducation et en exacerbant les iniquités sociales en place. La CSN est inquiète des conséquences du projet de loi 40 pour l’avenir de l’instruction publique au Québec.

Iniquités enchâssées dans la loi
Le projet de loi 40, dans sa forme actuelle, viendra accentuer les problèmes d’iniquités et de ségrégation sociale que nous connaissons déjà avec l’école à « trois vitesses » : écoles publiques « ordinaires », écoles publiques à programmes sélectifs et écoles privées. De plus, il favorise plus de concurrence entre les écoles en éliminant les restrictions territoriales lors de l’inscription. Le gouvernement permet déjà aux écoles publiques de mettre en place des programmes sélectifs, souvent onéreux, instituant ainsi des frais de scolarité pour l’école publique. L’addition de ces deux mesures aura des conséquences directes sur la qualité de l’éducation, sur l’accessibilité et sur l’équité de notre système public.

Pourtant, en 2016, lorsque le Conseil supérieur de l’éducation affirmait que nous risquions « d’atteindre un point de bascule et de reculer sur l’équité », le ministre de l’Éducation, alors député de l’opposition et porte-parole en matière d’éducation, s’était insurgé de cette situation jugée lamentable.

Qualité des services menacée
L’autre aspect particulièrement inquiétant de ce projet de loi est le partage de ressources et de services qui pourra être imposé par le ministre. Nous ne pouvons cautionner des regroupements de services imposés qui pourraient se faire au détriment des conditions de travail du personnel de soutien, de la qualité des services offerts et qui, de surcroît, favoriseraient les inégalités, selon qu’une région est plus ou moins éloignée du point de service. Le projet de loi ouvre aussi la porte à davantage de sous-traitance. Il nous est incompréhensible que le ministre ne reconnaisse pas l’importance d’assurer le maintien d’expertise au sein du secteur public. Des scandales dans d’autres ministères nous ont prouvé dans le passé que mettre à profit l’expertise interne s’avère souvent un gage de succès.

Des fusions sans consentement des régions
Par ailleurs, le projet de loi facilite la fusion des territoires des futurs centres de services en faisant disparaître la notion de « territoires limitrophes » et en affaiblissant la notion de « consentement », deux principes contenus dans l’actuelle Loi sur l’instruction publique. Le ministre Roberge affirme ne pas vouloir effectuer de fusions, alors pourquoi faciliter les décrets qui permettraient à un futur ministre de l’Éducation de rejouer dans les structures sans consultation ni consentement des régions ? Les décrets de fusion risquent d’éloigner les décisions de la population tout en déstabilisant le personnel, principalement les employé-es de soutien qui travaillent quotidiennement au bon fonctionnement du réseau. Déjà, l’abolition du suffrage universel pour l’élection des dirigeantes et dirigeants des futurs centres de services viendra affaiblir la légitimité d’un des rares paliers décisionnels encore entre les mains des régions.

Bref, le projet de loi 40 contient toute une série de mesures qui mettent en péril l’accessibilité, l’équité et la stabilité du réseau public d’éducation au Québec. Et, tout cela, alors qu’aucune des mesures suggérées dans le projet de loi ne favorise la réussite des élèves, ne refinance le réseau ou ne soulage la surcharge de travail que vivent les employé-es au quotidien. Ainsi, pour la CSN, les modifications majeures que propose le projet de loi ne sauraient légitimement se faire sans une réelle consultation publique.

Sortir d’une vision comptable de l’éducation

Le romancier et essayiste Yvon Rivard plaide pour que le Québec sorte d’une vision « comptable » de l’éducation qui a « gangrené toute la société ».

Le lauréat du prix Pierre-Vadeboncœur 2019, pour son livre Le chemin de l’école, déplore que nous n’ayons pas une vision générale de l’éducation. « Apprendre, c’est une expérience du temps. Il faut alléger la tâche des professeurs et des élèves et laisser respirer la pensée », explique Yvon Rivard en entrevue, en citant l’exemple de la Finlande qui dispose d’un des meilleurs systèmes d’éducation au monde. Dans son livre, le professeur de littérature de McGill jette un regard percutant sur la relation pédagogique sur la place qu’y occupent les émotions, les sensations, le temps et la gratuité. L’auteur est également un défenseur d’une formation générale étoffée. Il souhaite que l’on revoie la formation des futurs enseignants et enseignantes en misant davantage sur le contenu que sur la pédagogie. « Il faudrait une autre commission Parent », conclut l’essayiste, qui met toutefois en garde contre un certain « poison » utilitariste qui était déjà présent dans le fameux rapport Parent des années 60.

Le prix Pierre-Vadeboncoeur, doté d’une bourse de 5000 $, a été créé en 2011 par la CSN pour souligner la mémoire de ce grand écrivain et syndicaliste, conseiller à la centrale syndicale québécoise durant 25 ans. Il est remis à l’auteur d’un essai qui s’est démarqué sur des questions économiques, sociales ou politiques

À l’écoute ?

Vu l’émoi soulevé dans l’opinion publi­que, le gouvernement caquiste a décidé de mettre sur la glace sa réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), ce que la CSN salue. Mais cela aura pris des jeunes gens en pleurs dans l’enceinte de l’Assemblée nationale pour que le premier ministre admette que le ministre Jolin-Barrette avait agi trop vite.

Or, l’opposition à cette réforme s’élève non seulement contre la forme cruelle de sa première mouture, mais porte également sur le fond, considérant l’apport essentiel des personnes immigrantes pour l’ensemble de la société québécoise. Depuis sa création en 2010, le PEQ s’avère un outil important pour assurer le recrutement et la rétention de personnes immigrantes, puisqu’elles sont déjà intégrées ou en bonne voie d’intégration au marché du travail et à la société québécoise.

La décision d’affaiblir ce programme, qui n’apparaît motivée que par la volonté politique de restreindre le nombre de candidatures admissibles à l’immigration permanente, est donc incompréhensible. Quoiqu’en dise la CAQ, la préservation d’un large accès au PEQ fait l’unanimité, autant chez les représentants des organisations syndicales que chez ceux des employeurs, des chambres de commerce, des entreprises manufacturières, des institutions d’enseignement secondaire, collégial et universitaire, des acteurs du développement régional et de l’action communautaire, des experts en immigration et des trois partis d’opposition.

Les projections de l’Institut de la statistique du Québec et d’Emploi Québec sont claires : en considérant l’évolution démographique actuelle et sans égard aux pénuries, le Québec doit compter sur l’immigration pour combler 22 % de tous ses besoins en nouvelle main-d’œuvre pour la période de 2017 à 2026, et ce, dans la perspective où les niveaux d’immigration d’avant 2017 seraient maintenus par la suite. Or, le Québec est déjà en déficit de recrutement migratoire depuis la chute des seuils d’immigration amorcée dès l’arrivée au pouvoir de la CAQ, sans considération pour les impacts que cela entraîne sur l’économie et la démographie. Déjà, des analystes ont observé l’avantage ainsi concédé par le Québec au reste du Canada. Pour plusieurs de ceux-ci, la réforme du PEQ devrait viser à atteindre des seuils d’immigration plus élevés plutôt que de s’en éloigner.

Dans ce débat, de nombreux intervenants ont fait valoir qu’une politique migratoire nationale ne peut viser uniquement à combler des besoins de main-d’œuvre à court terme ni à répondre à certaines formes de craintes identitaires. Si l’État québécois a réclamé d’Ottawa son droit de choisir ses immigrantes et immigrants, ce n’est pas pour ériger une forteresse ni demeurer une société de porteurs d’eau, mais pour mieux construire le Québec de demain. La nation québécoise a de nombreux motifs pour accueillir des immigrants : la démographie, la prospérité, la pérennité du français, le développement durable, l’enrichissement du patrimoine scientifique et socioculturel, le financement de nos services publics, l’occupation du territoire, le dynamisme des régions, l’édification sociale et nationale, l’aide humanitaire et la solidarité internationale ne sont que quelques-unes des autres considérations qui doivent tout autant guider nos choix.

Alors qu’une nouvelle version de réforme du PEQ doit être déposée par le gouvernement, le temps nous dira si celui-ci aura su faire preuve d’écoute.

S’organiser pour susciter l’action collective

Le 30 octobre dernier, c’est par une manifestation créative à Québec que les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN ont marqué le coup du dépôt de leurs revendications pour la négociation 2020.

Pour l’occasion, les militantes et les militants présents avaient été invités à faire leur propre pancarte en y inscrivant un message, soit pour le gouvernement Legault, soit pour la population québécoise. Dessins et slogans accrocheurs ont ainsi ponctué la manifestation dans les rues du Vieux-Québec. Une première action de mobilisation et de visibilité réussie.

C’est donc accompagnés de plus de 600 militantes et militants que les porte-parole à la négociation se sont présentés au Secrétariat du Conseil du trésor pour déposer les demandes communes des 150 000 travailleuses et travailleurs du secteur public de la CSN. Après une année de consultation et de débats sur les solutions à proposer au gouvernement afin d’améliorer les services à la population, les syndicats des quatre fédérations (FEESP, FNEEQ, FP et FSSS) réunies au sein du Comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP) se sont solidarisés autour d’un ensemble de revendications répondant aux besoins du personnel des réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation, ainsi que des organismes gouvernementaux.

Un urgent coup de barre
Rien ne va plus dans nos services publics. Les années d’austérité ont fait mal, très mal ; les travailleuses et les travailleurs le savent mieux que quiconque puisqu’ils vivent la crise au quotidien dans leurs milieux de travail. Avec des charges de travail devenues insoutenables et des salaires insuffisants, le secteur public n’attire plus la relève et peine à retenir le personnel en place. Un redressement important s’impose dès maintenant. Avec des surplus budgétaires historiques en poche, le gouvernement Legault a pleinement les moyens de changer la donne.

Salaires
Pour répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux, la CSN revendique, pour la première année de la convention collective, une augmentation de 3 $ l’heure pour tout le personnel. Ce montant fixe représente une augmentation considérable pour toutes et tous, tout en ayant un plus grand impact pour celles et ceux qui gagnent le moins, soit parce qu’ils sont dans des emplois moins bien rémunérés, soit parce qu’ils sont en début de carrière, et donc, au bas de leur échelle salariale. Pour la deuxième et la troisième année de la convention collective, la CSN revendique une augmentation de 1 $ l’heure ou de 3 %, selon ce qui est le plus avantageux pour chaque salarié-e. La revendication salariale inclut aussi une clause de protection contre l’inflation afin de s’assurer que plus jamais personne ne s’appauvrisse en travaillant pour la population québécoise.

Conditions de travail et de pratique
Le projet de négociation déposé par la CSN évoque aussi clairement que l’attraction et la rétention du personnel des réseaux publics passent nécessairement par l’amélioration des conditions de travail et de pratique. En constante surcharge et, très souvent, en situation de précarité, les travailleuses et les travailleurs des services publics n’en peuvent plus. On le voit notamment par l’explosion des coûts liés à l’assurance salaire. Pour remédier à cette situation de crise, la CSN revendique que des marges financières importantes soient dégagées pour améliorer les conditions de travail et de pratique, notamment pour permettre la création de postes.

Revendications à portée sociale
Dans son cahier de demandes, la CSN formule aussi des revendications sur d’autres matières négociées avec le Conseil du trésor. Certaines de ces revendications ont une portée au-delà du secteur public. Par exemple, parmi les demandes concernant le régime de retraite (RREGOP), la CSN revendique que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui assume la gestion des fonds du RREGOP, procède rapidement au désinvestissement dans les énergies fossiles.

Une autre demande à portée sociale touche les lanceurs d’alerte : la CSN revendique une clause garantissant aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public la liberté de dénoncer une situation problématique qui surviendrait sur leur lieu de travail et qui nuirait au bien-être de la population.

S’unir. Agir. Gagner.
La manifestation qui accompagnait le dépôt des demandes auprès du Conseil du trésor concluait un rassemblement de deux jours au cours duquel plus de 600 membres des syndicats du secteur public de la CSN se sont réunis pour débattre des moyens à déployer pour atteindre les objectifs de la négociation 2020. Des discussions avec des militantes et des militants qui ont vécu des luttes fructueuses, tant dans le milieu syndical que dans le milieu communautaire, sont venues alimenter les débats et offrir de nouvelles perspectives de mobilisation. C’est galvanisés et animés par la volonté de s’organiser, de susciter l’action collective et de penser en dehors de la boîte, que les militantes et les militants sont sortis de ce rassemblement.

Maintenant, l’heure est à l’action. C’est avec un projet solide qui répond aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux et fort de la cohésion de ses 150 000 membres que le secteur public de la CSN entame sa négociation.

5 éléphants !

Comment réduire l’empreinte écologique du milieu de la santé ? C’est avec ce défi en tête que le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) a mis sur pied un projet environnemental intéressant. Chaque année, uniquement pour le CISSS, c’est l’équivalent d’environ cinq éléphants de plastiques hospitaliers qui sont récupérés et détournés de l’enfouissement.

« Au départ, on s’est demandé si ce programme allait entraîner des pertes d’emploi ou, au contraire, engendrer des tâches supplémentaires pour nos membres à l’entretien ménager. On se demandait ce que ça allait changer. Finalement, la seule chose que ça a changée, c’est la vie des personnes en réinsertion sociale qui travaillent pour le projet », explique avec un sourire dans la voix Luc Michaudville, agent de mobilisation, communication et vie syndicale au Syndicat des travailleurs et des travailleuses du CISSSME.

Le projet, instauré à l’Hôpital Pierre-Boucher et, depuis peu, à l’Hôtel-Dieu de Sorel, ne fait pas que réduire l’empreinte écologique des établissements. Il permet également à des personnes vivant des problématiques de santé mentale d’intégrer le milieu du travail. Grâce aux organismes Ateliers Transition et D’un couvert à l’autre et Carrefour Jeunesse Emploi, c’est environ une dizaine de personnes qui bénéficient de cette opportunité. « L’hôpital s’est doté d’équipement pour déchiqueter les papiers confidentiels. En un mois, l’investissement a été rentabilisé. Plutôt que de les envoyer à des compagnies externes comme avant, ces documents sont détruits ici même et ce sont des travailleuses et des travailleurs en réinsertion sociale qui font le travail », relate Luc Michaudville. L’intégration se déroule très bien, à un point tel que les travailleurs ont été invités au party de Noël des employé-es en hygiène et salubrité. « Leur participation au projet fait aussi en sorte de réduire le recours à des services en santé mentale, dont l’hospitalisation. » De plus, pour favoriser l’intégration, chaque membre de cette nouvelle équipe a rencontré les salarié-es qui travaillent en salubrité. Ils leur ont expliqué qui ils étaient et en quoi consistait leur maladie.

Papier, carton, plastique, matelas et nourriture
Avant l’instauration du programme, personne ne savait vraiment ce qu’il advenait des tonnes de papier envoyées aux compagnies privées. « Ils devaient détruire le papier. Mais pour le reste, on ne savait pas s’il était recyclé ou simplement jeté. Aujourd’hui, le papier est déchiqueté, pressé et envoyé dans un site de gestion des matières résiduelles. Même chose pour le carton et certains plastiques hospitaliers. Nous générons 1,6 tonne métrique de matière par semaine. Par année, c’est 83 tonnes métriques qui sont sauvées de l’enfouissement », note Luc Michaudville. Le plastique hospitalier, qui est composé notamment de sacs de soluté ou d’enveloppes de matériel stérilisé, est mis en bloc, déchiqueté et décontaminé chimiquement, avant d’être transformé en d’autres matières et devenir un banc de parc, à titre d’exemple.

En plus de ce matériel, les centres hospitaliers recyclent dorénavant entre 95 % et 99 % des vieux matelas, qui sont aussi transformés en d’autres matières. C’est quatre tonnes de matelas de moins par année qui sont enfouies. « Depuis mai 2019, nous récupérons aussi la nourriture. Plutôt que de la jeter, elle est donnée. Par an, c’est autour de 11 tonnes de nourriture qui est donnée, soit 31 247 portions offertes à des personnes dans le besoin. » Précisons que 25 % des déchets du réseau sont constitués de matière organique.

Finalement, ce projet aura permis au CISSSME de générer des économies intéressantes, d’offrir une qualité de vie à des personnes qui sont moins choyées et surtout de réduire de manière impressionnante l’empreinte écologique des établissements qui le constituent. Le projet est censé s’exporter aux autres CISSS et CIUSSS du réseau. À suivre.