Éviter la crise après la crise

La crise sanitaire entourant la pandémie de COVID-19, qui a pris d’assaut notre monde et bouleversé l’ordre normal des choses, est omniprésente dans les discussions ayant cours à ce 66e Congrès de la CSN, et pour cause. L’ampleur de ses dégâts et les moyens à mettre en place pour y pallier ne pouvaient être pleinement anticipés. Or, si la crise a pris tout le monde par surprise, l’après-crise peut et doit être planifié et préparé.

Logiquement ciblée comme l’une des quatre grandes thématiques proposées par le comité exécutif pour encadrer les débats au cours du congrès, la relance post-COVID a suscité des échanges passionnés et productifs parmi les quelque 2000 participantes et participants aux ateliers de mardi matin.

Non à l’austérité
L’inquiétude était palpable parmi les intervenants. La grande majorité des congressistes craignent de voir nos gouvernements, endettés après avoir mis en place de nombreuses mesures d’urgence nécessaires pour faire face à la crise, effectuer un retour vers des politiques d’austérité afin de renouer avec l’équilibre budgétaire le plus tôt possible. La nécessité de contrer cette tendance et de militer pour un réinvestissement dans les services publics faisait l’unanimité.

« C’est comme un cercle vicieux, a expliqué une employé-e de soutien du cégep de Drummondville. On coupe dans les services publics, ce qui fait en sorte qu’on presse le citron et les conditions deviennent moins attrayantes. Ce faisant, on a du mal à attirer et à retenir la main-d’œuvre, ce qui fait qu’on manque de personnel, et donc qu’on doit couper encore dans les services. »

Soulignant les coupes considérables déjà faites avant la crise par le gouvernement du Québec dans le financement des centres et des organismes communautaires, une militante des Laurentides s’inquiétait particulièrement du sort des personnes les plus vulnérables de notre société, notamment les femmes victimes de violence.

Une autre, œuvrant dans le domaine de la santé et des services sociaux, a pris en exemple la situation du réseau des services de garde, lequel a été déserté par un grand nombre de travailleuses en raison de ses piètres conditions de travail. « Pour que les femmes travaillent, il faut qu’elles aient accès à des services de garde de qualité, a-t-elle expliqué. On va se réveiller demain matin et il va y avoir un manque de places pour les enfants dans les services de garde. Encore une fois, ce seront les femmes qui en paieront le prix. »

Un chargé de cours de l’Université Laval a, quant à lui, tenu à souligner que le ratio dette/PIB au Québec et au Canada était loin d’être dans un état critique et que les gouvernements ont toute la marge de manœuvre nécessaire pour passer à travers la crise sans avoir à sabrer dans les services ensuite.

Oui à une transition juste…
Plusieurs délégué-es participant au dialogue ont également tenu à insister sur la nécessité de saisir l’occasion sans précédent dont bénéficient les gouvernements en ce moment pour opérer une transition juste vers une économie durable. Certains ont proposé de rendre l’accès aux programmes d’aide publique pour les entreprises conditionnel à l’adoption de mesures visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

« Les enjeux environnementaux devront absolument faire partie d’une relance post-COVID, a tonné un enseignant. C’est primordial et incontournable en 2021. »

« C’est une occasion en or, s’est exclamé un militant de Joliette. Tant qu’à faire une relance, aussi bien en profiter pour bâtir une économie durable, créer des emplois verts et changer complètement le visage du Québec sur le plan environnemental. »

… partout !
Si toutes et tous se sont entendus pour dire qu’un retour au mode présentiel était souhaitable le plus tôt possible, plusieurs ont toutefois manifesté la volonté que certaines des nouvelles méthodes mises en place pendant la crise perdurent après celle-ci.

Le mode virtuel comporte des avantages que certains congressistes n’ont pas hésité à mentionner. « La pandémie nous a fait accélérer l’utilisation de ces outils et je crois que ça va durer, a souligné une élue d’un conseil central. Plusieurs régions couvrent des territoires qui sont immenses et le recours au mode virtuel a facilité la participation de membres et de syndicats que l’on voyait rarement auparavant. »

Le caractère inéquitable de ce mode de communication a toutefois été relevé à de maintes reprises au cours des échanges, l’accès à un service Internet à haute vitesse étant souvent très dispendieux, voire carrément inaccessible dans certaines régions plus éloignées. Un grand nombre de participantes et de participants ont donc exprimé le souhait que la CSN fasse pression sur les gouvernements afin que l’ensemble de la population puisse accéder à un service Internet abordable et efficace.

Une travailleuse de l’aide juridique dans le Bas-St-Laurent a fait un plaidoyer particulièrement éloquent à ce sujet. « C’est aussi une question d’accès à la justice. Les tribunaux nous imposent de travailler avec des plateformes de visioconférence. Il faut qu’on ait les moyens de se faire entendre. Je ne veux plus jamais voir des parents devoir contester le placement de leur enfant en famille d’accueil par téléphone ! », a-t-elle conclu.

Trouver un équilibre entre le virtuel et le présentiel

Réussir à maintenir une vie syndicale active représente depuis toujours un défi majeur pour les organisations syndicales. Malheureusement, le contexte particulier de pandémie, avec son lot d’interdictions et de mesures sanitaires, est venu complexifier davantage la réalisation de ce défi. Comment maintenir une mobilisation active de nos membres en ces temps si particuliers ? Les nouvelles technologies sont-elles un frein à notre vie syndicale ou plutôt une occasion à saisir ?

Pour la plupart des participantes et des participants aux ateliers, les nouvelles technologies (plateformes de réunions virtuelles, réseaux sociaux, etc.) sont une occasion à saisir. Pour certains, il était même temps que la CSN s’ouvre à ces nouvelles façons de faire. « Cela permet une plus grande participation aux instances, notamment pour les pères ou les mères monoparentales qui ne pouvaient se déplacer », explique un travailleur du secteur privé. De plus, nombreux ont dit souhaiter recevoir du soutien de la CSN en matière de nouvelles technologies. « Ça va prendre de la formation pour nous aider à gérer adéquatement ces technologies. On sait que c’est une solution qu’il faut mettre de l’avant, mais on va devoir être appuyés, tant technologiquement qu’en ce qui concerne les stratégies à adopter afin d’éviter que ça dérape. »

Concilier deux réalités
Un membre travaillant dans le milieu de la santé explique qu’il faudra éviter toutefois de privilégier un groupe plutôt qu’un autre. « J’ai des jeunes qui sont à l’aise avec la technologie, alors que les plus anciens ne sont pas au même niveau. Je dois m’assurer que tous y trouvent leur compte », relate le représentant syndical. De plus, la question de l’accessibilité aux technologies représente un défi pour plusieurs membres. « Certains n’ont pas d’ordinateur, ou pas d’accès à Internet haute vitesse, ou même à Internet tout court. »

Pouvoir décrocher
Même si plusieurs voient d’un bon œil l’utilisation de ces outils, ils sont tout de même conscients des désavantages qu’elle comporte. « On s’est rendu compte que le travail à distance, notamment la gestion des réseaux sociaux, ça épuise. La déconnexion est de plus en plus difficile et cela a un impact sur la santé psychologique. Notre comité exécutif s’est penché sur la question, et il est primordial de s’en occuper. La CSN devra aussi outiller les syndicats là-dessus », note pour sa part une présidente de syndicat.

Vie syndicale sur le terrain
Pour certains, même s’il est dorénavant impossible de faire fi des technologies nouvelles, la présence sur le terrain demeure primordiale. « Il ne faudrait pas négliger le travail terrain auprès des membres des syndicats, car la technologie ne pourra jamais remplacer le contact humain. » Il faudrait pouvoir trouver une solution hybride. Un équilibre entre le présentiel et le virtuel.

D’autres ont témoigné par contre de la difficulté à maintenir une vie syndicale active sur le terrain, car l’accessibilité aux budgets de mobilisation demeure difficile. « Il faudrait tenter d’assouplir les règles pour obtenir plus aisément de l’aide financière afin d’aller voir notre monde. C’est particulièrement difficile sur de grands territoires », note un représentant syndical du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Finalement, certains ont souligné l’importance de publiciser ce qui se passe dans la grande CSN. « La vie syndicale, la compréhension du rôle des syndicats et l’importance de l’implication de nos membres sont des enjeux quotidiens. Il faut qu’on puisse savoir quelles sont les luttes en cours, quels sont les conflits, mais aussi les réussites. C’est comme ça qu’on va développer un sentiment d’appartenance et faire la démonstration que la mobilisation, c’est payant. »

Entraide et solidarité au cœur du mouvement, aujourd’hui comme hier

Le président de la CSN a commencé son discours d’ouverture du congrès en recensant l’ensemble des difficultés que la crise sanitaire — et économique — a engendrées pour les syndicats affiliés, les militantes et les militants, les membres et les personnes les plus vulnérables de notre société. Il a ensuite expliqué comment la pandémie a mis au grand jour les failles de notre système, notamment le sous-financement des milieux de vie de nos aîné-es, la surcentralisation de notre système de santé et la rareté de la main-d’œuvre dans le secteur public.

Selon M. Létourneau, cette situation sans précédent nous permet toutefois de constater une fois de plus toute la pertinence et l’importance du mouvement syndical, quoi qu’en disent ses détracteurs. Qu’il s’agisse de sécuriser les milieux de travail, d’accompagner les membres vers les mesures d’urgence mises en place par les gouvernements, ou d’interpeller les décideurs sur des problèmes criants à corriger, il était visiblement fier du travail accompli par l’ensemble du mouvement.

« Depuis bientôt un an, il n’y a pas eu une seule journée où je n’ai pas été aux premières loges de la combativité, du courage et de la résilience démontrés par les syndicats de la CSN dans les pires moments de l’histoire contemporaine du Québec, a-t-il affirmé. Au cours des derniers mois, c’est vous qui avez fait la meilleure démonstration de ce que ça veut dire, être ensemble pour chacun, et il n’y a pas meilleure démonstration des valeurs d’entraide et de solidarité qui animaient nos semblables au début du 20e siècle, au moment de la fondation de la CSN. »

Regard sur le travail accompli
Celui qui est président de la CSN depuis 2012 a par la suite passé en revue le travail effectué depuis le dernier congrès par la CSN, ses organisations affiliées ainsi que ses membres pour faire avancer les droits des travailleuses et des travailleurs et les causes politiques qui leur sont chères : transition énergétique juste, réforme du mode de scrutin, droits des autochtones, lutte contre le racisme systémique, équité salariale, réforme de l’assurance-emploi, salaire minimum à 15 $ l’heure, etc. Tout y est passé, y compris la lutte contre le harcèlement sexuel.

Le moment le plus touchant de l’allocution est d’ailleurs survenu lorsque M. Létourneau a tenu à souligner le courage d’Annick Charrette, militante de la CSN, « qui nous a révélé la plus belle victoire dans la plus cruelle des défaites. Un exercice fort intime et difficile pour toi, mais combien libérateur pour nombre de femmes et d’opprimé-es, souvent seuls dans leur silence. Je ne peux, Annick, que t’en remercier personnellement. »

Introspection nécessaire
S’il est évident que la pandémie entraîne de nombreux obstacles à la conduite de la majorité des activités syndicales, il n’en reste pas moins que certaines nouvelles façons de faire vont certainement perdurer au-delà de la crise, selon Jacques Létourneau.

« Vous avez été nombreux à nous signaler que la COVID-19 a eu raison des résistances que nous avions par rapport au mode virtuel comme mode de fonctionnement démocratique. Vous avez également été nombreux à nous indiquer que malgré les embûches, un retour en arrière ne sera plus possible. Que de nouveaux visages et de nouvelles voix se font entendre dans nos assemblées », a-t-il dit aux quelque 2000 participantes et participants avant de préciser que les syndicats doivent être appuyés et outillés afin de pouvoir maintenir une vie syndicale saine, même en temps de crise.

Ce sont d’ailleurs ces contraintes inhérentes à l’organisation d’une instance en mode virtuel qui a poussé le comité précongrès à effectuer un exercice de priorisation et à concentrer les propositions qui seront débattues autour de quatre grands thèmes, soit la santé et la sécurité des membres et des équipes syndicales, la vie syndicale et la mobilisation, les droits du travail et la relance post-covid.

Des défis pour le Québec
Par la suite, le président a tenu à esquisser le tableau des moments charnières qui surviendront au cours des prochains mois pour la CSN et pour tout le mouvement syndical ainsi que pour l’ensemble du Québec.

Il a d’abord formulé le vœu que le gouvernement du Québec propose un plan de relance en bonne et due forme et qu’il cesse « de nous présenter une série de micromesures éparpillées. » Puis, désignant le prochain budget provincial comme un autre moment déterminant, il a invité le gouvernement caquiste à se débarrasser de la « politique d’austérité permanente » qui règne depuis 25 ans et qui « constitue un frein important à notre relance économique et sociale. »

La réforme des lois en matière de santé et de sécurité au travail et la négociation du secteur public ont également été énumérées au chapitre des moments importants pour la CSN.

Irrité par l’attitude de François Legault qui modifie « unilatéralement les conditions de travail [des] membres » et qui « alimente la division », Jacques Létourneau a d’ailleurs conclu en indiquant au premier ministre la marche à suivre pour améliorer les services publics.

« François Legault doit comprendre qu’il n’y a pas douze mille chemins à prendre pour régler les problèmes d’attraction et de rétention de cette main-d’œuvre qui fait cruellement défaut aujourd’hui dans nos services publics : améliorer de façon importante les conditions salariales, particulièrement pour les bas salarié-es ; réduire les charges de travail et améliorer les conditions dans lesquelles nous exerçons nos professions. Et ça, c’est aux tables de négociation que ça doit se passer. Pas au détour d’une conférence de presse. »

Le 66e Congrès de la CSN est lancé !

Le 66e Congrès de la CSN, qui réunit jusqu’à jeudi 2000 participantes et participants provenant de plus de 400 syndicats, a été lancé ce matin en mode virtuel. Ce 66e Congrès, qui devait avoir lieu à Québec en mai dernier, marque d’une façon bien particulière le 100e anniversaire de la première centrale syndicale québécoise, fondée en 1921.

Les délégué-es réunis auront la semaine pour se pencher sur les orientations du prochain mandat de la CSN, pour se prononcer sur une proposition visant à bonifier son Fonds de défense professionnelle et pour procéder à l’élection des membres du comité exécutif de la centrale, dont le résultat sera connu jeudi.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, a ouvert le congrès en rendant hommage au travail remarquable des militantes et des militants syndicaux depuis le début de la pandémie. « Rarement, dans notre histoire, les syndicats de la CSN auront été aussi proches des valeurs d’entraide et de solidarité qui ont marqué l’ensemble des combats que nous avons menés depuis maintenant 100 ans », a-t-il déclaré.

Soulignant « l’extrême pression entraînée par l’hécatombe de nos services publics » sur les salarié-es de l’État, le président de la CSN a rappelé au gouvernement Legault que « toute relance économique et sociale doit pouvoir s’appuyer sur la consolidation de nos services publics. La crise du personnel du réseau de la santé, qui amplifie le délestage actuel, démontre à quel point il est nécessaire d’améliorer les conditions de travail dans le secteur public. Pour ce faire, le gouvernement doit se libérer du dogme des versements au Fonds des générations et d’un retour trop rapide à l’équilibre budgétaire en vue du prochain budget du Québec. »

Au cœur des orientations soumises aux congressistes figurent la santé et la sécurité au travail, la vie syndicale et la mobilisation, les droits du travail et la relance économique et sociale post-covid. Les délégué-es devront également adopter une proposition budgétaire pour l’exercice du prochain mandat de la CSN. Le 66e Congrès prendra fin jeudi avec l’installation des dirigeantes et dirigeants du comité exécutif de la CSN.

Santé et sécurité au travail, secteur public et relance économique au cœur des priorités syndicales

Alors que les impacts de la pandémie continuent à frapper de nombreux milieux de travail, la CSN cible trois chantiers majeurs pour 2021, une année qui marque le centième anniversaire de la fondation de la centrale syndicale : la santé et la sécurité au travail, les négociations du secteur public et la relance économique et sociale du Québec.

C’est la semaine prochaine que commenceront les travaux parlementaires entourant le projet de loi 59 visant à réformer les lois en matière de santé et de sécurité au travail. Pour la CSN, les reculs que subiraient certains secteurs portent malheureusement ombrage aux avancées dont pourraient bénéficier d’autres milieux de travail.

« Les mesures particulières dont bénéficiaient les secteurs prioritaires, notamment l’industrie lourde, ont démontré toute leur utilité au cours des trente dernières années, notamment au vu de la baisse importante d’accidents et de décès au travail, rappelle le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il est inconcevable que le gouvernement puisse préconiser un retour en arrière, notamment en voulant réduire le temps alloué aux représentantes et aux représentants à la prévention pour qu’ils puissent faire leur travail. »

Pour le président de la CSN, le projet de loi doit être bonifié afin que soient reconnus les problèmes de santé mentale, notamment en matière d’épuisement professionnel. Les niveaux de risque associé aux différents secteurs d’emploi doivent également être revus. « Le réseau de la santé et des services sociaux est le secteur d’où provient le plus grand nombre de réclamations à la CNESST. C’était vrai avant la pandémie, ce l’est encore plus aujourd’hui. Que le gouvernement puisse considérer ce secteur comme étant à faible risque relève d’un raisonnement qui nous sidère, mais nous croyons que ces incohérences pourront être corrigées en commission parlementaire », déclare Jacques Létourneau.

Le président de la CSN demande par ailleurs au gouvernement et aux employeurs de renforcer les mesures de prévention afin de sécuriser les milieux de travail qui demeurent opérationnels malgré les mesures de confinement mises en place depuis les Fêtes.

Urgence d’agir pour les services publics
La CSN déplore que le premier ministre François Legault, après en avoir appelé à un règlement rapide des négociations du secteur public en avril dernier, ait modifié unilatéralement les conditions de travail du secteur public. À cette fin, il a multiplié les arrêtés ministériels pour ensuite se désintéresser complètement du renouvellement des conventions collectives des travailleuses et des travailleurs œuvrant dans les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et des organismes gouvernementaux.

« On va se le dire clairement : c’est le point mort aux tables de négociation, signale le président de la CSN. À ce sujet, la pandémie ne peut tout excuser, surtout pas la lenteur du gouvernement à octroyer les mandats nécessaires à ses équipes de négociation pour régler des conventions collectives échues depuis bientôt un an. Si la pandémie a bien démontré une chose, après tant d’années de compressions et de sous-financement de nos services publics, c’est bien l’urgence d’améliorer les conditions de travail des employé-es de l’État et d’augmenter les salaires, particulièrement pour les bas salarié-es. La situation dans le réseau de la santé est tout à fait déplorable. Mais on sait très bien que le délestage actuel ne serait pas aussi catastrophique si nos services publics n’étaient pas aux prises avec les problèmes criants de rareté de main-d’œuvre, principalement occasionnés par des décennies de négligence gouvernementale. »

L’ensemble des syndicats du secteur public de la CSN, qui représentent plus de 160 000 salarié-es de l’État, se réuniront les 28 et 29 janvier prochains avant de consulter ceux-ci sur une amplification des moyens de pression incluant le recours possible à la grève.

Relance économique et sociale
Enfin, le président de la CSN réitère, une fois de plus, son appel au premier ministre à mettre en place les mécanismes de dialogue social visant à poser collectivement les bases de la relance sociale et économique du Québec.

« Le premier ministre annonce depuis des mois un plan de relance pour le Québec. Pour l’instant, nous n’avons eu droit qu’à une série de mesures d’urgence, mais rien de structurant pour l’économie et l’emploi », souligne Jacques Létourneau.

Le salaire minimum, qui ne sera haussé qu’à 13,50 $ l’heure en mai prochain, demeure un véritable frein pour l’économie du Québec tout en gardant des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs du Québec dans la pauvreté. «L’une des choses que la pandémie a bien mises en relief, c’est à quel point nos vies dépendent de travailleuses et de travailleurs essentiels qui vivent dans des conditions totalement déplorables. Le salaire minimum doit être haussé à 15 $ l’heure. Comme société, nous partageons collectivement cette obligation », de déclarer M. Létourneau.

En vue du prochain budget du Québec, la CSN demande au gouvernement de revoir sa stratégie budgétaire, adoptée il y a plus de vingt ans. « Le Québec doit suspendre ses versements au Fonds des générations et abandonner cette stratégie de gestion de la dette. L’ensemble des revenus du gouvernement doit pouvoir être consacré aux budgets de nos services publics, notamment en santé et en éducation, en fonction des problèmes ahurissants auxquels nous faisons face actuellement. »

Un 66e congrès en mode virtuel la semaine prochaine
Reporté en raison de la pandémie alors qu’il devait se dérouler au printemps dernier, le 66e Congrès de la CSN aura lieu du 18 au 21 janvier en mode totalement virtuel. Environ 2000 participantes et participants y sont attendus. Les délégué-es se pencheront sur les orientations du prochain mandat de la centrale syndicale et procéderont à l’élection des membres du comité exécutif de la CSN, dont le résultat sera connu jeudi prochain.

Le patron de Radio-Canada a passé le mois de décembre en Floride : deux poids, deux mesures

Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (STTRC) dénonce fortement le séjour de plusieurs semaines à Miami, en Floride, du vice-président principal des Services français de CBC/Radio-Canada, Michel Bissonnette.

De nombreux membres du syndicat sont en colère, et avec raison : Michel Bissonnette a manqué à son devoir d’exemplarité, au moment où la direction de Radio-Canada demande à ses employé-es de respecter scrupuleusement les règles sanitaires des autorités de santé publique. Pour le STTRC, il s’agit d’un sérieux manque de jugement de la part du patron de Radio-Canada.

Michel Bissonnette s’est excusé, mais il doit encore des explications à l’organisation selon le STTRC. « Et ça, ça inclut les employé-es, parce qu’il nous demande, depuis le mois d’avril, de travailler et de vivre dans des conditions qui sont assez particulières », soutient le président du STTRC, Pierre Tousignant. Cette décision démontre également un manque de sensibilité à la réalité des employés au moment où la question du télétravail sera au cœur des discussions entre l’employeur et le syndicat au cours des prochains mois.

Une membre du syndicat a notamment perdu un contrat parce que la société d’État jugeait qu’elle ne pouvait faire du télétravail en Gaspésie. Voilà que Michel Bissonnette, lui, peut faire du télétravail depuis Miami? Les membres du STTRC méritent mieux que cette gestion de deux poids, deux mesures de la part de Radio-Canada.

À propos

Le syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (STTRC, ancien SCRC) compte plus de 2500 membres au Québec et à Moncton. Il est affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et à la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC).

Les femmes veulent être écoutées… et entendues

Le Collectif 8 mars dévoile aujourd’hui le slogan et le visuel de la Journée internationale des droits des femmes 2021 qui se déroulera sur le thème Écoutons les femmes. Cette édition sera bien évidemment marquée par la crise du coronavirus qui se poursuit et qui vient intensifier les diverses formes de discriminations commises à leur endroit.

En effet, depuis près d’un an, les conditions de vie et de travail des femmes se détériorent à vue d’œil, et ces dernières en paient un lourd tribut : plus grandes pertes d’emploi et de revenus, escalade de la gravité de la violence conjugale, augmentation du travail invisible (charge mentale, soins aux enfants, aux aîné-es et aux personnes vulnérables, travaux domestiques, etc.), surexposition au risque de contamination, etc.

Comme les femmes composent la majeure partie du personnel de la santé et des services sociaux, du réseau de l’éducation, des services de garde éducatifs à l’enfance ainsi que du secteur du commerce de détail, elles ont été et sont encore sur la ligne de front. Les conséquences de la pandémie se sont donc avérées particulièrement éprouvantes pour elles. Nombreuses ont été les organisations — et au nombre de celles-ci la CSN — à exiger que le gouvernement mette enfin en pratique l’analyse différenciée selon les sexes en tenant compte des impacts de son projet de relance économique sur les femmes.

Le slogan Écoutons les femmes vise à mettre en lumière la nécessité d’agir pour une égalité durable : les femmes veulent des mesures concrètes et structurantes pour combattre la pauvreté et la violence qu’elles subissent.

Écoutons les femmes pour une société plus verte, plus juste et plus inclusive !

Voir et télécharger tous les outils de visibilité du 8 mars 2021

L’incertitude persiste sur la qualité de l’air dans les écoles

Le ministre Jean-François Roberge a dit estimer que la qualité de l’air des écoles n’était pas un problème pour la transmission de la COVID-19 par aérosols. Or, les données ne sont malheureusement pas aussi claires.

Les mesures qui ont été dévoilées le 8 janvier ont en effet été effectuées en début de journée, au milieu et à la fin d’un cours. Dans les écoles qui n’ont pas un système de ventilation mécanique, la dernière mesure a été prise après l’ouverture des fenêtres, laquelle a duré 20 minutes. « Nous n’avons toujours pas un portrait fiable de la qualité de l’air des écoles, en particulier en fin de journée dans des conditions normales », souligne André Lajoie, secrétaire général de la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN). Les mesures effectuées sous-estiment probablement les problèmes de qualité de l’air.

Le secteur scolaire de la FEESP–CSN demande donc au ministère de l’Éducation d’effectuer, dans les prochaines semaines, les tests dans 90 % des écoles qui n’ont pas encore été contrôlées et surtout de s’assurer de prendre des mesures représentatives d’une journée de classe normale. « Le ministre Roberge doit nous faire connaître son échéancier pour que toutes les écoles soient testées très rapidement », précise Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN. Il faut, par exemple, tenir compte du fait que les systèmes de ventilation mécaniques sont moins performants dans certains locaux qui sont situés en fin de parcours des conduites d’aération. Il ne faudrait donc pas oublier non plus de tester ces locaux en fin de journée.

Mieux ventiler les écoles dès maintenant

Avant même de faire tous ces tests, il est possible de prendre dès maintenant des mesures pour mieux ventiler les écoles. Une partie des 330 écoles testées dépassent d’ailleurs déjà le seuil que s’est donné le MEQ pour le gaz carbonique, soit plus de 1000 ppm.

« Il faut absolument prendre les mesures pour corriger la ventilation au plus vite », demande Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN. L’ouverture plus fréquente des fenêtres d’une part, mais aussi un allongement de la période de ventilation de deux heures avant et après les cours doit être mis en place dès que possible. En ce qui concerne les écoles qui disposent d’un système de ventilation mécanique, il serait également important d’augmenter l’apport d’air frais de l’extérieur dans le système, même si cela devait alourdir la facture de chauffage pour cette année. Finalement, certaines écoles auront besoin rapidement d’effectuer des travaux pour mettre le système de ventilation à niveau.

Le secteur scolaire de la FEESP–CSN estime par ailleurs que l’on doit considérer l’installation de purificateurs d’air. Il est possible de réaliser les travaux dans les règles de l’art afin d’éviter les problèmes soulevés par le docteur Richard Massé en conférence de presse récemment.

À propos

Le secteur scolaire de la Fédération des employé-es et employés de services publics (FEESP–CSN) regroupe 37 syndicats affiliés à la FEESP–CSN et représente plus de 33 000 employés-es de soutien présents dans 31 centres de services scolaires francophones et deux commissions scolaires anglophones. Il représente notamment les classes d’emplois suivantes : les techniciennes en service de garde, les éducatrices en service de garde, le personnel administratif, les préposé-es aux élèves handicapés et les techniciennes en éducation spécialisée, les concierges et les ouvriers.

COVID-19 : les experts du gouvernement ne recommandent toujours pas le N-95 !

Tout se passe comme si le gouvernement du Québec cherchait à gagner du temps pour couvrir son manque d’approvisionnement en masques N-95 pour les employé-es à risque du secteur de la santé.

Déposé le vendredi 8 janvier, le rapport du groupe d’experts concernant la ventilation et la transmission de la COVID-19 en milieu scolaire et en milieu de soins conclut pourtant que le virus « se transmet par des aérosols », principalement à moins de deux mètres d’une personne infectée. Les experts du gouvernement ne recommandent cependant toujours pas le port du masque nécessaire pour filtrer ces aérosols, le N-95 ou son équivalent, pour protéger le personnel dans les zones où se trouvent des patients atteints de la COVID-19. Timidement, le rapport propose plutôt de poursuivre les travaux pour « moduler les recommandations » sur l’utilisation des masques
N-95 dans des contextes autres que les interventions médicales déjà reconnues pour générer des aérosols (IMGA). Le rapport précise en plus que ces travaux porteront seulement sur des situations précises, restreintes et encadrées.

« Maintenant que l’Institut national de santé publique du Québec a enfin reconnu l’existence du risque de transmission par aérosols, minimalement sur une distance de moins de deux mètres, comment expliquer qu’on ne recommande pas dès maintenant que le matériel de protection requis soit fournit au personnel de la santé susceptible de se retrouver en pareilles conditions ? Et pourquoi ne procède-t-on pas à un examen systématique de la ventilation dans les milieux de soins ? Combien de dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs infectés cela prendra-t-il avant que le gouvernement n’applique le principe de précaution ? » s’interroge Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux. Ce dernier aurait par ailleurs souhaité que le ministre de la Santé et des Services sociaux soit présent lors du dévoilement du rapport vendredi et qu’il se prononce sur la question du masque N-95 ou de son équivalent.

Le rapport du groupe d’experts du gouvernement recommande néanmoins de mettre l’accent sur la qualité des masques de procédure utilisés à défaut des N-95. Rappelons que des milliers de masques non conformes aux normes canadiennes ont été en circulation dans les centres de la petite enfance du Québec.

Chicane d’experts

Récemment, un millier de médecins et d’experts britanniques ont demandé l’accès à l’équivalent des masques N-95 et une amélioration de la ventilation pour les travailleurs de la santé qui oeuvrent auprès des patients atteints de la COVID-19. Par ailleurs, quelque 363 experts et scientifiques canadiens recommandaient de « veiller à ce qu’aucun travailleur de la santé à haut risque ne se voit refuser l’accès à un appareil respiratoire (N95, élastomère ou équivalent) dont l’ajustement a été validé ». Puisque les aérosols peuvent transmettre la COVID-19, il s’agit d’une conclusion logique pour plusieurs experts.

Des solutions pour éviter de reconfiner l’industrie du Québec

Alors que des rumeurs indiquent que le gouvernement considère le confinement du secteur industriel québécois, la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) tient à proposer des solutions de rechange pour que l’économie continue de tourner, tout en minimisant les risques pour la santé.

« Une grande majorité d’usines n’a pas eu de problèmes avec la COVID-19 en appliquant un protocole de prévention strict. Il faudrait renforcer les contrôles et prévoir des amendes dissuasives pour les quelques employeurs moins sérieux », fait valoir Louis Bégin, président de la FIM–CSN.

Des congés COVID-19 payés

Une autre mesure pourrait minimiser les risques de transmission du virus. « Il serait également temps que toutes les travailleuses et tous les travailleurs des usines du Québec aient accès à des congés payés lors des isolements préventifs en attente du résultat d’un test COVID-19 », insiste Louis Bégin. Sans ces congés payés, des travailleurs peuvent parfois décider de rentrer à l’usine pour pouvoir continuer à mettre du pain sur la table de leur famille, alors qu’ils présentent pourtant de légers symptômes.

Fermetures d’usines

Louis Bégin rappelle que la COVID-19 a fragilisé certains secteurs industriels. Il déplore notamment la fermeture de l’usine Kruger de Bromptonville et plus récemment celle de Cascades, à Laval, qui fabriquait des produits en papier pour le secteur hôtelier et celui de la restauration. « Un 2e confinement risque de provoquer de nouvelles fermetures définitives », craint le président de la FIM–CSN.

Des milliers de travailleurs mettent leur santé à risque, pendant que les employeurs regardent ailleurs et encaissent les profits.

« Comment les employeurs peuvent-ils ne pas reconnaître que leurs travailleuses et travailleurs mettent leur santé à risque et continuer à leur refuser des primes COVID-19 pourtant largement justifiées? »

 Pour le président de la Fédération du commerce (FC–CSN), David Bergeron-Cyr, les propriétaires de commerces jugés essentiels doivent agir. Alors qu’encore une fois les employé-es de ces industries seront au front au cours des prochaines semaines pour fournir aux Québécois ce dont ils ont besoin, les employeurs s’obstinent à faire la sourde oreille. « Le scénario est exactement le même qu’au printemps; le danger est le même, le nombre de cas est en explosion, le confinement est pratiquement total. Même les profits sont encore au rendez-vous. Pourtant, un seul joueur est absent : la prime. C’est rire du monde », déplore Bergeron-Cyr. 

 

Trois demandes pourtant simples

La Fédération du commerce, qui représente des milliers de travailleurs essentiels dans la transformation alimentaire, les entrepôts, les magasins d’alimentation, pharmacies et quincailleries, formule trois demandes simples. « Nous revendiquons le retour des primes COVID-19 telles que versées au printemps dernier. Nous réclamons le maintien et le renforcement, là où c’est nécessaire, des mesures de protections sanitaires et finalement, nous exigeons que les travailleurs qui doivent s’isoler en attendant les résultats de tests soient rémunérés », explique le président de la fédération.

Tous les employeurs, qu’ils soient dans les grands centres ou dans les régions, dans la transformation des viandes ou dans les commerces de détail, doivent cesser de jouer à l’autruche. « Nous rappelons qu’un décès est survenu cet automne à l’usine Olymel de Vallée-Jonction. Qu’est-ce que ça leur prend de plus comme preuve que c’est dangereux? », conclut David Bergeron-Cyr.

 

 

Quand ni le coronavirus ni les employé-es ne prennent congé

« Le problème, c’est que l’employeur nous envoie chez nous sans nous payer », explique d’entrée de jeu Steve Houle, président du Syndicat des employé-es du groupe Olymel–CSN, en parlant de l’isolement requis pour minimiser la propagation de la COVID-19.

« Plusieurs travailleurs ont dit qu’ils rentreraient travailler même avec des symptômes légers. Ils ont besoin de leur paye », explique encore le président en évoquant la peur ressentie au sein des équipes de travail lorsqu’un des membres tousse ou se mouche. L’usine a connu 107 cas de COVID, dont deux hospitalisations. Lorsque les premiers cas sont apparus, l’employeur n’a pas voulu fermer boutique, pas même quelques jours. Les travailleurs et les travailleuses sont retournés sur le plancher avant d’avoir reçu le résultat de leurs tests. Plusieurs cas sont survenus par la suite.

CPE

Même son de cloche chez une majorité de directions de CPE qui refusent de payer pour l’isolement préventif des employé-es. Les membres du personnel doivent alors piger dans leur banque de congés de maladie ou dans leurs vacances. Le congé sans solde a également été utilisé.

« On dépose des griefs systématiquement dans ces cas-là », explique Nathalie Duperré, présidente du syndicat au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dans cette région, 14 des 29 CPE ont été touchés par des éclosions de COVID. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean est d’ailleurs la région qui compte, toute proportion gardée, le plus de cas au sein de la population.

« Plusieurs CPE ont pris une décision économique », affirme Nathalie Duperré en ajoutant que cette situation crée un stress supplémentaire pour les éducatrices qui craignaient déjà de ramener le virus à la maison. La présidente estime que des employeurs se cachent derrière la Santé publique ; lorsque cette dernière estime que l’employé-e n’a pas contracté la COVID au travail, le CPE n’est pas obligé de payer. Elle juge bien souvent que l’équipement de protection est un rempart impénétrable contre la COVID. « Il faudrait que la Santé publique accorde une banque de congés pour que les gens demeurent à la maison et évitent de contaminer leurs collègues. De cette façon, ils n’auraient pas à cacher leurs symptômes », estime Nathalie Duperré.

Une injustice parmi les paramédics

« Les paramédics de Montréal sont payés pour l’isolement préventif puisqu’ils travaillent pour Urgence santé et que cette organisation fait partie du décret gouvernemental pour couvrir le secteur public », explique Jean-Daniel Tremblay, le président au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les secteurs publics de la santé et de l’éducation n’ont d’ailleurs pas à se battre pour des congés COVID payés.

Le représentant syndical trouve tout à fait incongru que des travailleuses et des travailleurs qui font exactement le même métier et qui transportent des patients atteints de la COVID ne soient pas traités de la même façon s’ils doivent s’absenter du travail pour le bien commun. Il ajoute que le programme offert par le gouvernement fédéral ne fait pas l’affaire, puisqu’il couvre 55 % du salaire pendant 10 jours maximum et que certaines conditions en compliquent l’admissibilité. Quelques paramédics qui ont des symptômes légers décident donc de rentrer au travail pour éviter l’insécurité financière.

Jean-Daniel Tremblay rapporte enfin qu’une trentaine de ses membres ont été atteints par la COVID sur un total de 170. « On sent que si rien ne change, il va y avoir une hausse du nombre de cas. La surcharge de travail fait en sorte qu’il y a un peu moins de désinfection », souligne le président. Ce dernier rappelle que le métier de paramédic est l’un des plus risqués en raison des visites quotidiennes dans les urgences, dans les CHSLD, dans les résidences privées pour aîné-es, etc. Il estime que la transmission peut aussi se faire entre collègues qui passent beaucoup plus de 15 minutes ensemble à moins de deux mètres l’un de l’autre dans les ambulances. « On est très régulièrement en contact avec la COVID au travail », résume le président en déplorant que, malgré cette situation, la Santé publique ne reconnaisse pas toujours le travail comme source probable d’une contamination à la COVID d’un ou d’une paramédic.

 

Inadmissible que le salaire minimum n’atteigne pas 15 $ l’heure en 2021

La campagne 5-10-15 dénonce la hausse de 40 cents du taux régulier du salaire minimum annoncée aujourd’hui par le gouvernement du Québec. Cette hausse nous maintient très loin de la cible du 15 $ l’heure. Elle est aussi en contradiction avec ce qu’indirectement, le gouvernement Legault considérait comme un salaire décent : 100 $ de bonification par semaine pour les travailleuses et travailleurs essentiels gagnant moins de 550 $ par semaine avec le PIRTE (Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels). Encore cette semaine, il annonçait offrir, pour une période d’un an, des prestations minimales de 500 $ par semaine à celles et ceux qui recourent à l’assurance parentale.
Selon Mélanie Gauvin, co-porte-parole de la campagne, « la crise sanitaire actuelle a mis en lumière l’importance et le caractère indispensable de plusieurs travailleuses et travailleurs qui sont au bas de l’échelle. Ces personnes portent sur leurs épaules, et au risque de leur santé, le maintien de services essentiels à l’ensemble de la population. Le gouvernement doit reconnaître leur travail et y voir l’opportunité de bonifier leur salaire à 15 $ l’heure. »
Virginie Larivière, co-porte-parole de la campagne, ajoute : « Le Québec a été la première province à se doter d’une loi visant à lutter contre la pauvreté. Nous devrions être un exemple à suivre pour les autres provinces canadiennes, mais nous traînons dernière des provinces comme l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Le gouvernement doit mettre un frein aux piètres conditions salariales des travailleuses et travailleurs qui sont au bas de l’échelle. Dès 2021, il doit leur offrir un salaire minimum à 15 $ l’heure. Ces personnes dépendent du gouvernement pour voir leurs conditions s’améliorer. »
En 2019, l’Institut de la statistique du Québec dénombrait 747 000 emplois à bas salaire au Québec. De ce nombre, 266 100 personnes étaient rémunérées au salaire minimum. Parmi elles, 74 % occupaient un emploi permanent et 58 % étaient des femmes.

Parce que travailler au salaire minimum rime encore et toujours avec pauvreté, le gouvernement doit porter le salaire minimum à 15 $ dès le 1er mai 2021.

Les sept organisations membres de la campagne 5-10-15 sont : le Front de défense des non-syndiquéEs, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Pour information : Mélanie Gauvin, Front de défense des non-syndiquéEs, 514 795-0929 Virginie Larivière, Collectif pour un Québec sans pauvreté, 418 930-5969

Fermeture du programme Techniques de bureautique : des femmes et des entreprises pénalisées.

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) est choquée de voir que le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) envisage toujours d’abolir le programme Techniques de bureautique dans les cégeps du Québec, et ce, après avoir dit montrer de l’ouverture à une réévaluation de la situation. Avec un taux de placement des finissantes et finissants qui frôle les 100 %, aucun argument probant ne soutient une décision aussi radicale alors que les employeurs s’arrachent les diplômé-es compte tenu du niveau de compétence élevé qui les distingue.

La FNEEQ trouve particulièrement inquiétant de voir que le MES songe à la fermeture d’un programme dont la pertinence demeure, sans même avoir cherché à le mettre à jour depuis 1999. Heureusement, les enseignantes et les enseignants n’ont pas attendu le ministère pour adapter le contenu des cours afin que les connaissances soient toujours en harmonie avec les besoins des milieux de travail. En effet, les personnes détentrices d’un diplôme d’études collégiales (DEC) en Bureautique accomplissent des tâches administratives qui touchent tant la gestion que la communication ou la technologie et qui requièrent une grande autonomie de même qu’un jugement critique et éthique bien développé.

D’ailleurs, en février 2018, le Palmarès des carrières plaçait pourtant le poste de « secrétaire de direction », au troisième rang de son Top 3 des professions les plus prometteuses pour les diplômé-es du collégial. « Nous sommes particulièrement préoccupé-es par une fermeture qui limiterait une vaste majorité de femmes sur le plan professionnel puisque 90 % de l’effectif étudiant est féminin. Les candidates potentielles n’auraient d’autre choix que de se tourner vers le diplôme d’études professionnelles (DEP) du secondaire, qui les limiterait tant sur le plan de l’avancement professionnel que sur celui du salaire », précise Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

« Les enseignantes et les enseignants font valoir depuis plusieurs années la nécessaire mise à jour du titre du programme et de ses voies de spécialisation pour les rendre plus attrayants et plus représentatifs des perspectives de carrière qu’offre véritablement le programme : pourquoi le MES n’envisage-t-il pas cette solution d’une simplicité frappante? Abandonner une mauvaise idée ne constitue jamais un aveu de faiblesse », affirme Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ–CSN.

La Fédération a réuni, les 15 et 16 octobre derniers, des professeur-es de Techniques de bureautique des 15 syndicats affiliés dont le collège qui offre le programme pour dégager des pistes de solutions afin d’en assurer l’avenir. Unanimement, celles-ci et ceux-ci lancent un appel au ministère afin qu’il s’engage plutôt sur la voie logique d’une révision en profondeur de la formation. Toutes et tous se disent prêts à y participer en grand nombre.

 

 

Le patrimoine enfoui complètement oublié

Le patrimoine culturel enfoui au Québec est une richesse collective incommensurable. Il nous aide à améliorer notre connaissance des peuples autochtones qui habitent notre territoire depuis des millénaires et à comprendre la vie que menaient les premiers colons européens qui y sont débarqués.

L’archéologie étant essentielle à la découverte et à la conservation de ce patrimoine, nous déplorons que le projet de loi 69 modifiant la Loi sur le patrimoine culturel ne comprenne aucune mesure pour améliorer les conditions qui régissent les travaux archéologiques, et ce, même si les règles encadrant le travail des archéologues découlent en grande partie de cette loi.

Bien que nous comprenions la nécessité de mieux encadrer la protection du patrimoine bâti et que nous saluions la volonté de la ministre de la Culture et des Communications en ce sens, force est de constater que l’archéologie demeure aujourd’hui le parent pauvre de la protection de biens culturels. Le fait qu’aucun organisme ou regroupement d’archéologues n’ait même été invité à participer aux consultations menées par la commission parlementaire sur ce projet de loi le démontre une fois de plus.

Pourtant, l’encadrement législatif des travaux archéologiques doit être amélioré. Ceux-ci ne doivent pas être uniquement considérés comme une étape préalable aux nouvelles constructions, mais comme une réelle démarche de recherche scientifique, d’inventaire, de fouilles et d’analyse qui mérite toute l’attention nécessaire à sa réalisation.

L’accélération des mises en chantier exerce une pression indue sur la protection des biens culturels, d’autant plus qu’en étant enfouis, ces derniers ne sont ni visibles ni identifiés. Il appartient au ministère d’assurer la protection de ce patrimoine plutôt que de se limiter à la protection du patrimoine bâti.

Il aurait été judicieux de profiter de cette révision de la Loi sur le patrimoine culturel — la première en dix ans — pour aborder plusieurs enjeux touchant à l’environnement de travail des archéologues.

Nous suggérons, entre autres, de hausser le montant des amendes imposées aux entrepreneurs qui ne respectent pas les règles de conservation du patrimoine ; de calculer le délai maximal pour la remise du rapport archéologique à partir de la fin des fouilles ; et de prévoir un mécanisme pour ajuster les montants et les délais alloués aux travaux archéologiques en fonction des contraintes vécues ou de l’ampleur des découvertes.

Par ailleurs, l’ajout d’un pouvoir décisionnel à l’échelon des municipalités régionales de comté (MRC) nous inquiète également, puisqu’il n’apporte aucune protection supplémentaire et qu’il risque d’engendrer une forte réduction du territoire protégé.

Notre patrimoine enfoui est non renouvelable et riche d’une histoire qui dépasse les intérêts économiques à court terme. Nous espérons que le gouvernement saura reconnaître son importance et modifier le projet de loi 69 en conséquence.

Ginette Langlois
Présidente
Fédération des professionnèles–CSN

Maxime Vaillancourt
Président
Syndicat national des archéologues du Québec–CSN

Cliquez ici pour lire le commentaire envoyé par le SNAQ-CSN la FP-CSN à la commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale.

La Coalition contre le travail précaire met le premier ministre au défi de venir entendre leurs revendications

Déneiger des camions des remorques est un travail très dangereux sans les équipements de sécurité appropriés. Mais affreusement c’est ce qu’exige l’employeur sans scrupules de conducteur de grands routiers Philippin Benito Supan. L’employeur a tiré avantage du fait que Supan ne pouvait pas facilement changer d’emploi à cause de son permis de travail fermé. Il est rémunéré au salaire minimum pour un travail normalement payé autour de 22$ de l’heure pour les autres travailleurs. Si un travailleur refusait ce travail dangereux, l’employeur le punissait en lui enlevant des heures, les laissant dans une situation financière désastreuse.

« C’est extrêmement difficile d’avoir moins d’heures, étant payé au salaire minimum. Avec moins d’heures de travail, je n’aurais pas été capable de me nourrir ou de payer mon loyer », nous explique le camionneur que le Premier François Legault a qualifié d’un héros pour son travail essentiel pendant la pandémie.

En dépit des remerciements que Legault a donnés aux travailleuses et travailleurs essentiels comme Supan, son gouvernement n’a pas mis en place des mesures de protection adéquates en matière de santé et de sécurité. De plus, la récente réforme du système d’immigration a exclu les travailleuses et travailleurs occupant cet emploi de l’accès à la résidence permanente de par le Programme de l’expérience québécoise.

Cela fait écho aux expériences de Vergelie, une réfugiée d’origine haïtienne étant venue au Québec il y a trois ans et qui a fait face à la souffrance et à l’intimidation par son employeur et une agence de placement. En attendant le résultat d’admission, elle travaillait dans une usine de transformation de viande à Sherrington par l’entremise d’une agence de placement. Elle s’y est blessée, mais sa demande d’indemnité de santé et de sécurité a été refusée.

« Si vous ne reconnaissez pas mes droits, alors que j’ai été une victime de violence de mon employeur, et vous me déportez, tout ce que je connais n’est qu’une souffrance dans ce pays, trop de souffrance », elle lance en face du refus de sa demande de CSST.

Face à ces réalités, la Coalition contre le travail précaire présentera ses revendications concernant la santé et la sécurité au travail ainsi que la mise en œuvre d’un programme d’immigration juste, et une demande de régularisation pour tous les migrant.e.s. dans une conférence de presse sur Zoom ce samedi à 11h. La coalition met Legault au défi de venir entendre leurs témoignages sur les conséquences désastreuses de ses politiques sur leur vie au lancement de la coalition via zoom à 18h. Si le premier ministre les considère comme de véritables héros, ils croient qu’il les écoutera.

Pas juste un mal de dos

Impossible d’oublier le vendredi 13 mars 2020. Le cauchemar appelé COVID venait chambouler notre société et forcer, notamment, la fermeture de nos établissements d’enseignement.

Habitués de bouger en classe, combien d’enseignantes et d’enseignants se sont aménagé un bureau de fortune sur la table de cuisine, étant désormais vissés devant leur écran pour une période indéterminée ? Et sont apparus ou se sont aggravés, notamment, les maux de dos, les migraines et les sécheresses oculaires.

Carol-Anne Gauthier, enseignante au collège Champlain dans la région de Québec, en témoigne. « Malgré mes connaissances de base en ergonomie et mon portable surélevé, après quelques semaines, mon dos commençait à faire mal. Au printemps, je me suis acheté une chaise et un second écran qui m’ont coûté 700 $. »

Outre le fait qu’elle a pigé dans son porte-feuilles, ce qui lui a fait bien plus mal, c’est la surcharge de travail qui prend des proportions démesurées au fur et à mesure que les mois passent. La fatigue s’installe. La fatigue plombe le moral.

« Mes collègues et moi, on doit travailler en double depuis l’enseignement en ligne. » N’importe quel pédagogue sait qu’il faut repenser les cours, les évaluations et les stratégies d’enseignement, pour communiquer via une plateforme de communication web, souvent instable. Ça représente un travail colossal d’adaptation, sans temps additionnel de préparation.

C’est sans compter les nouveaux cégépiens désemparés, qui confient leur propre détresse à l’adulte dans l’écran : le prof de psycho, de maths ou de français. « C’est un sentiment d’impuissance. Il y a une “souffrance éthique” chez les enseignants. On nous suggère d’abaisser les attentes. Mais, on veut bien faire notre travail. C’est comme dire à un médecin que ce n’est pas grave si les patients tombent malades parce qu’on n’a pas le temps de faire les tests médicaux. »

Carol-Anne Gauthier constate que certains de ses collègues sont brûlés et désespérés. L’un a même pris sa retraite plus tôt que prévu. Un autre renonce à vingt pour cent de son salaire pour s’assurer d’une tâche allégée, plus humaine.

Hélas, les pistes de solutions se transmettent moins rapidement que la pandémie. Mais, certains profs ont tout de même décidé de se fixer des limites, de prendre les courriels à des heures plus régulières et ils décompressent durant des 5 à 7… virtuels.

Le défi d’aider au téléphone plutôt qu’en personne
Tout comme Carol-Anne Gauthier, depuis la pandémie, Jacques Moquin, intervenant au Projet suivi communautaire, s’interroge sur la qualité de son travail. Il aide des usagers aux prises avec de graves problèmes de santé mentale à gagner de l’autonomie. Ses collègues et lui vivent de l’anxiété depuis que la majorité des accompagnements se réalisent au téléphone plutôt qu’en personne, les usagers ayant rarement accès aux outils de communications web. « Au téléphone, il y a plein d’information qu’on n’a pas, l’hygiène de l’usager et l’état physique de son logement, par exemple. Là, on a beau demander et tenter de décoder les infos, on n’est jamais certain. Est-ce qu’on aide comme on devrait ? Est-ce que notre service est suffisant ? »

Heureusement, l’employeur, Jacques Moquin et ses collègues ont formé une cellule de crise pour s’adapter au changement. Les réunions d’équipe, bien structurées, aident à prendre soin de chacun et à ventiler, même si ce n’est pas optimal.

Et puis, les membres de l’équipe apprennent à prendre des pauses. « Moi, j’ai deux chiens qui jappent parfois quand je suis au téléphone, mentionne M. Moquin. Mais, je suis content de les avoir pour aller marcher entre deux appels. Il faut prendre un peu de temps pour se construire un horaire plus sain. »

Donner du temps au temps pour réduire le stress, détendre le corps et l’esprit, c’est plus facile à dire qu’à faire, relativise Carol-Anne Gauthier. « Quand t’es stressée, que t’es surchargée, tu as tendance à t’asseoir tout croche, tu te lèves moins souvent. T’as mal dans le dos, t’as mal partout et tu dors mal. Puis là, t’es moins bonne le lendemain. Il faut briser cette spirale ».

CHSLD : un rapport accablant

Le rapport de la Protectrice du citoyen sur la crise liée à la COVID-19 dans les CHSLD confirme, une fois de plus, de nombreuses préoccupations partagées par la CSN depuis le début de la pandémie, voire bien avant pour certaines d’entre elles. Malgré leur « immense dévouement » souligné par Marie Rinfret, les travailleuses et les travailleurs de ces établissements n’ont pas reçu le soutien nécessaire de la part du gouvernement du Québec, estime la CSN.

La CSN partage amplement la vision de la Protectrice du citoyen pour qui « la pénurie de personnel dans les CHSLD a été au cœur des ratés pour assurer la qualité des soins », tout comme le recours à des moyens incitatifs et financiers préconisés par cette dernière.

« Les équipes de travail fonctionnaient déjà au maximum de leur capacité, souligne le président de la CSN, Jacques Létourneau. Quand le recours aux heures supplémentaires obligatoires devient une norme de gestion, c’est qu’il y avait déjà un problème. La suite est malheureusement connue : du personnel épuisé, des milliers de salarié-es infectés et un accroissement de la mobilité des équipes de zones chaudes à zones froides, contribuant ainsi aux éclosions. »

Pour le président de la CSN, le gouvernement doit saisir l’occasion du renouvellement des conventions collectives du secteur public pour apporter dès maintenant des réponses concrètes aux priorités d’action ciblées par Marie Rinfret. « Le premier ministre a beau prétendre qu’il aurait dû améliorer les conditions salariales du personnel dès son arrivée au pouvoir, on attend toujours des réponses concrètes aux tables de négociations. Tout le monde s’entend : c’est avec de meilleurs salaires et une amélioration des conditions de travail que le réseau de la santé et des services sociaux parviendra à recruter le personnel nécessaire. »

Par ailleurs, rappelant qu’en date du 14 juin, 13 581 salarié-es avaient été atteints du virus, dont onze en sont décédés, la Protectrice du citoyen souligne à juste titre la distribution insuffisante, tardive et inégale des équipements de protection qui aurait pu amplifier les éclosions. « Encore aujourd’hui, le gouvernement refuse d’appliquer le plus élémentaire des principes de précaution en s’opposant à la distribution de masques N95 pour de larges pans du personnel des CHSLD. En ignorant les appels d’experts, le gouvernement met la santé et la sécurité de tous les intervenants et les bénéficiaires à risque », déplore fortement Jacques Létourneau.

Pour la CSN, la lecture de ce rapport soulève à nouveau les nombreux problèmes entraînés par la vision hospitalo-centriste qui prévaut depuis des années au sein du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les effets désastreux de la centralisation des pouvoirs entraînés par la réforme Barrette. Le gouvernement, estime la CSN, devra se pencher sur ces questions lors de la mise en œuvre des recommandations de la Protectrice du citoyen, estime la CSN.

Oui à la réforme de la Charte de la langue française

Le ministre Jolin-Barrette a annoncé à plusieurs reprises l’arrivée imminente d’un plan d’action costaud pour réformer la Charte de la langue française. « Enfin », oserions-nous dire ! La CSD, la CSN, la CSQ et la FTQ appuient cette volonté. Nous partageons aussi la volonté du gouvernement québécois, confirmée par une motion unanime de l’Assemblée nationale, d’étendre la Charte aux entreprises sous juridiction fédérale. Il nous apparaît incompréhensible que des milliers d’employées et employés québécois n’aient pas les mêmes droits que les autres parce qu’ils et elles travaillent, entre autres, dans les banques, les télécommunications ou le transport. En ce sens, nous demandons au gouvernement fédéral de faire sa part pour assurer la pérennité du français au Québec.

Mais ne soyons pas dupes, cette réforme, bien que nécessaire, ne parviendra pas à elle seule à transformer la tendance actuelle à l’anglicisation des milieux de travail, et ce, particulièrement dans le Grand Montréal. Différentes enquêtes et analyses montrent clairement le déclin du français au Québec. Un des principaux indicateurs est l’omniprésence des exigences en anglais sur les postes d’emploi. Si ces exigences sont justifiées pour certains emplois qui demandent d’œuvrer à l’international ou avec la communauté anglophone du Québec, d’autres relèvent essentiellement d’un parti pris patronal pour le bilinguisme. Cette nouvelle coutume a non seulement un effet sur le paysage linguistique du Québec, mais est aussi discriminatoire pour les milliers de Québécois et Québécoises francophones, quelles que soient leurs origines, qui ne maîtrisent pas parfaitement, et qui n’ont pas à la maîtriser parfaitement, la langue de Shakespeare.

En outre, le gouvernement du Québec tarde toujours à appliquer les dispositions de protection et de promotion de la langue dans les PME québécoises. Pour nous, il faudrait dès maintenant systématiser des analyses linguistiques portant sur la francisation des entreprises, incluant la main-d’œuvre, et ce, dans toutes les entreprises du Québec, peu importe leur taille. De plus, les agences de placement devraient elles aussi être assujetties aux obligations de la Charte.

L’État québécois, à titre d’employeur, doit donner l’exemple. Malheureusement, plusieurs de nos membres se plaignent de la bilinguisation de leur milieu de travail. Le réseau de la santé est un exemple patent. Si, pour des raisons évidentes, un minimum d’accès aux services en anglais doit être garanti, est-ce dire que tous ceux et celles qui y œuvrent doivent être bilingues ? Il serait d’ailleurs assez aisé d’instaurer des comités de francisation dans les différents organismes publics pour en faire des gardiens du droit de travailler et d’être servis en français.

Si la saga du « Bonjour-Hi » a animé les esprits il y a peu, il demeure important de rappeler que la langue de commerce est aussi la langue de travail pour plusieurs personnes. Les employeurs doivent assumer une responsabilité quant à l’offre de services en français et à la francisation de leurs employés et employées.

D’ailleurs, la francisation du monde du travail doit nécessairement passer par la francisation des travailleuses et des travailleurs. À l’heure actuelle, les programmes de francisation des entreprises s’appliquent principalement au secteur des technologies et au chapitre des équipements de travail, alors qu’elles devraient aussi viser la francisation de la main-d’œuvre.

À ce propos, l’offre de francisation en entreprise demeure un enjeu primordial. Celle-ci permet aux travailleurs et aux travailleuses de concilier le besoin d’un emploi avec celui de l’apprentissage de la langue commune. Plusieurs syndicats ont d’ailleurs mené à bien des projets en ce sens. Il demeure impératif que ces initiatives soient facilitées par l’État et par les employeurs.

Défendre la langue française au Québec, c’est vouloir défendre une langue commune, un espace de partage, un trait d’union. La solidarité fleurit dans l’échange et le partage des réalités. Les centrales syndicales du Québec ont toujours milité pour défendre non seulement le droit de travailler en français, mais aussi le développement d’une culture commune forte et solidaire.

Comme toujours, les centrales syndicales que nous représentons seront actives dans ce grand chantier de valorisation du français. Pour nous, vivre au Québec signifie vivre et travailler en français !

Luc Vachon, Jacques Létourneau, Sonia Ethier et Denis Bolduc
Respectivement président de la CSD; président de la CSN; présidente de la CSQ; secrétaire général de la FTQ

Le gouvernement doit soutenir le personnel des CPE

Pour la CSN, les travailleuses des CPE doivent pouvoir accéder à des absences payées lorsqu’elles sont en attente du résultat d’un test COVID. C’est loin d’être toujours le cas en ce moment et c’est pourquoi des manifestations se tiennent partout au Québec aujourd’hui.

Depuis le début de la crise, elles doivent piger dans leur banque personnelle de congés de maladie ou dans leurs journées de vacances lors de périodes d’isolement imposées par la Santé publique ou par l’employeur, lorsqu’il y a des symptômes, ou encore lorsqu’elles sont en attente du résultat d’un test COVID. Dans un sondage mené par la CSN auquel 5200 membres de CPE ont répondu en novembre dernier, près de 25 % des éducatrices avaient déjà été testées pour la COVID et près de 80 % de ces dernières ont utilisé leur banque personnelle ou ont dû prendre un congé sans solde durant l’attente du résultat.

Il y a donc un risque qu’une travailleuse choisisse de taire des symptômes bénins afin d’éviter les conséquences financières pour sa famille. Selon une étude de la Direction de la santé publique de Montréal sur les cas de COVID survenus du 26 août au 30 septembre, la présence de personnes symptomatiques dans les services de garde éducatifs était le deuxième plus important facteur de transmission.

« Il est inadmissible que le ministère de la Famille ne finance pas de congés rémunérés pour l’isolement préventif, car celui-ci sert à diminuer le risque de transmission dans les CPE », affirme Jacques Létourneau, président de la CSN.

« On prend un risque inutile en forçant des travailleuses à faire un choix déchirant lorsqu’elles n’ont plus de jours dans leur banque de congés de maladie ou dans leurs journées de vacances. Il n’est pas normal que le personnel des CPE doive en payer le prix pour le bien collectif », affirme Stéphanie Vachon, nouvelle responsable du secteur des CPE à la FSSS–CSN. Cette dernière rappelle que les membres du personnel du réseau de l’éducation peuvent compter sur le maintien de leur rémunération en cas d’isolement préventif lié à la COVID. « Le personnel des CPE est injustement traité », affirme Stéphanie Vachon.

On sait qu’il y a plusieurs cas de COVID dans les CPE du Québec. Contrairement aux écoles, il n’y a cependant pas de compilation officielle des cas dans les CPE, ce qui contribue à l’inquiétude du personnel. Un sondage de l’INSPQ montre d’ailleurs que les répondants dans les écoles primaires et les services de garde éducatifs sont plus anxieux et inquiets par rapport au coronavirus que la population en général.

Personnel épuisé et manque d’écoute
Alors que le personnel des CPE est déjà épuisé, la récente annonce de l’interdiction des réunions de famille pour les Fêtes a eu l’effet d’une nouvelle douche froide. Le gouvernement aurait pu prévoir la fin du service habituel en même temps que la fermeture hâtive des écoles. « Que ce soit au sujet des congés en raison de la COVID ou concernant d’autres aspects, l’imposition de décisions sans consultation contribue à miner le moral des travailleuses des CPE. Le ministre Lacombe doit absolument reprendre les rencontres courantes avec ses partenaires qui ont pris fin en août dernier », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN.

« Le gouvernement doit donner un coup de barre pour rassurer le personnel des CPE du Québec et envoyer un signal fort afin d’éviter que plus de travailleuses ne quittent nos CPE », conclut Lucie Longchamps.