Là où l’action syndicale tire des leçons de l’histoire

Peut-on agir sur le plan syndical sans mémoire historique ? Peut-être, mais les avancées marquantes des luttes syndicales sont la plupart du temps le fruit d’une lecture actualisée des leçons du passé.

Au centre de documentation et des archives de la CSN, Marc Comby est convaincu que les organisations syndicales gagnent à investir dans la conservation de leurs archives. Récemment, l’homme, bardé d’une seconde maîtrise – celle-là en histoire – a mis tous ses talents et toute son énergie à nourrir le livre de son confrère Yves Desjardins, Le Québec à l’ouvrage, lancé à l’occasion du centenaire de la CSN.

Dur conflit à la Robin Hood qui donnera naissance à la loi anti-briseurs de grève,
Montréal, 1977

Les jeunes générations ont parfois tendance à tenir bien des choses pour acquises, souligne l’archiviste. « Le jeune qui entre à l’usine avec un bon salaire ne sait pas toujours que son grand-père crevait de faim dans la même usine. Il a fallu qu’il se batte pour obtenir des conditions de travail décentes. »

« Pour le centenaire de la CSN, on a voulu raviver notre mémoire historique afin que les jeunes prennent conscience que ce qu’ils ont, ils le doivent à des gens qui, avant eux, ont bossé fort et ont milité activement. La mémoire historique sert à perpétuer et à consolider l’institution et l’action syndicale. »

Manifestation lors de l’emprisonnement des présidents des trois centrales syndicales, Québec, 9 mai 1972.

La façon de conserver les archives diffère d’une centrale syndicale à l’autre. « Les archi­ves des différentes organisations en disent long sur leur propre histoire », explique-t-il.

« À la CSN, nos origines sont catholiques. Du point de vue des archives, c’est notre avantage. Les aumôniers savaient parler français. Ils savaient écrire et étaient minutieux. Ils notaient tout, ils conservaient tout. On a donc des archives fascinantes et des milliers de documents, dont nos procès-verbaux. »

Campagne de boycott du chocolat Cadbury, 1978.

Le dernier inventaire du centre de documentation fait état de 141 fonds d’archives de la CSN, des conseils centraux et des fédérations, d’une quarantaine de journaux et d’un nombre incalculable de procès-verbaux et de mémoires numérisés depuis 1921. Des pans entiers de l’histoire du Québec moderne accessibles aux militantes et aux militants, aux médias ainsi qu’aux chercheuses et aux chercheurs universitaires.

Les allumettières, Hull (Gatineau),1924

À elle seule, la photothèque de la CSN compte plusieurs dizaines de milliers de photos argentiques, dont la majorité a été numérisée. Celles-ci n’ont toutefois pas encore été entièrement indexées ni cataloguées. « Il y a encore du travail pour des années. Lentement mais sûrement, le centre continue à mettre à la disposition des membres documentation et archives », conclut Marc Comby.

Un mariage heureux

Au cours de ses 100 ans d’action collective, la CSN a pu compter dans ses rangs des femmes d’exception qui ont fait avancer la cause syndicale.

En 1921, lors de la fondation de la CSN, connue alors comme la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), les femmes sont relativement peu nombreuses sur le marché du travail. Néanmoins, l’un des premiers grands combats de la CTCC sera mené par les allumettières de la compagnie Eddy Match. Depuis 1921, la centrale est passée « d’une approche défensive et paternaliste à l’égard des syndiquées à un engagement actif et militant envers l’égalité », souligne Claudette Carbonneau dans un récent article du Bulletin d’histoire politique. Il s’agit d’un parcours qui, bien qu’ayant grandement subi l’influence de l’Église, a su s’adapter à l’évolution de la société québécoise.

Celle qui a dirigé la CSN de 2002 à 2011 se remémore des « grèves courageuses et historiques » menées à la CTCC/CSN par des femmes, comme celles du textile et de la chaussure. Fatiguées d’être méprisées par leur employeur qui leur accorde un salaire de misère, les employées de Dupuis frères mènent la grève en 1952. Leur lutte bénéficiera à toutes les travailleuses des autres grandes enseignes. L’histoire se rappellera également les infirmières de l’hôpital Sainte-Justine en 1963. Épuisées et inquiètes de la qualité des soins offerts, elles déclenchent la grève et forcent « la Reine à négocier avec ses sujets », pour paraphraser l’ancien premier ministre du Québec, Jean Lesage.

Assemblée des travailleuses de garderies, années 1970. // Archives CSN

Au sein même de la centrale, un comité féminin sera mis en place en 1953. Les femmes veulent qu’on cesse de voir leurs problèmes comme des « affaires de bonnes femmes » !

Dans les années 1990, peu de femmes occupent des postes de responsabilités à la CSN. « Au comité exécutif, je trouvais que ça n’avait pas de bon sens d’être la seule femme sur six personnes, alors que 50 % de nos effectifs sont des femmes ! » L’ancienne présidente de la CSN évoque la « conviction profonde et la mobilisation des femmes » qui ont mené les batailles pour les centres de la petite enfance, les congés parentaux et l’équité salariale. Ce dernier enjeu, une véritable saga, a entraîné les militantes à multiplier les manifestations. Face aux stratagèmes juridiques et gouvernementaux, la CSN a porté à bout de bras ce dossier devant les tribunaux, et la bataille pour l’équité salariale se poursuit.

Viser la parité
Le comité exécutif de la CSN est aujourd’hui à parité. « Ça prêche par l’exemple », fait valoir la secrétaire générale de la CSN, Nathalie Arguin. Au milieu des années 90, la cigarette est toujours autorisée dans les lieux publics. Son syndicat du Casino de Montréal se bat pour que les employées enceintes puissent bénéficier du retrait préventif ». « Je suis bien fière de cette lutte qui a contribué, avec le soutien d’autres organisations, à faire changer les choses. » D’un point de vue militant, la touche féminine, tout comme la diversité en général, « amène une meilleure action syndicale et crée moins d’angles morts. »

Agir pour l’avenir
L’intersectionnalité, c’est lorsqu’une même personne subit une accumulation de discriminations en lien avec son origine, son sexe, son âge, sa religion, son orientation sexuelle, sa classe sociale ou ses capacités physiques. Ramatoulaye Diallo, trésorière du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN, peut en témoigner. À son arrivée au Québec dans les années 90, la Guinéenne envoie plusieurs curriculums vitae pour tenter de décrocher un poste de technicienne de laboratoire. Cette diplômée universitaire en microbiologie ne reçoit même pas un appel !

« Il y a des alliances à faire avec d’autres mouvements sociaux pour lutter contre les systèmes qui nous oppriment », note pour sa part Emilia Castro, militante depuis plus de 30 ans et ex-vice-présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN.

Au dernier congrès de la CSN, une proposition demandant l’engagement de la CSN pour un modèle inclusif et intersectionnel des milieux de travail a été adoptée. Il y a de l’espoir !

L’histoire du mouvement vue de près

Michel Rioux a été aux premières loges de plusieurs pans de l’histoire du syndicalisme québécois. Journaliste et chroniqueur syndical, notamment au Soleil où il a été congédié pour activités syndicales, il arrive à la CSN en 1969 comme directeur de l’information. L’un de ses premiers tests de politique interne se déroule lors du « bill 63 » de 1969 qui donne le libre-choix d’envoyer ses enfants à l’école anglaise. Le débat est houleux dans l’espace public, il l’est aussi dans les rangs de la confédération. Alors président de la CSN, Marcel Pepin demande des changements au projet de loi ; Michel Chartrand, lui, s’y oppose carrément. « Pepin a été à deux cheveux de démissionner. C’est une lettre aux militants qui a raccommodé les choses », souligne Rioux en ajoutant que la langue et la question nationale faisaient l’objet d’une mésentente entre Pepin et Chartrand, qui abordaient ces sujets différemment.

On se transporte en pleine crise d’octobre 1970, après la mort de Pierre Laporte, ministre du Travail du Québec. Rioux assiste Marcel Pepin dans une conférence de presse cruciale qui se tient à la CSN avec Claude Ryan, directeur du Devoir, René Lévesque, chef du Parti Québécois, Louis Laberge, président de la FTQ et Yvon Charbonneau, président de la CEQ. On y demande de négocier pour libérer le diplomate britannique James Cross. Une déclaration commune dénonce par ailleurs les mesures de guerre.

Front commun de 1972. La loi spéciale sur le retour au travail est adoptée. À Télé-Québec, les trois présidents ne demandent pas à leurs membres de la défier, au grand dam du bouillant Chartrand. « Ça commence à chauffer un peu partout », raconte Rioux. On connait la suite : les chefs syndicaux sont condamnés pour outrage au tribunal en raison du non-respect des injonctions précédant la loi.

Michel Rioux prend sa retraite de la CSN en 1998, sous la présidence de Gérald Larose. Toujours très actif aujourd’hui, celui qui siégea au conseil d’administration du Devoir de 2001 à 2022 a écrit de nombreux articles et ouvrages sur l’histoire de la CSN. « Je veux raconter aux gens qui arrivent à la CSN l’histoire du mouvement auquel ils s’intègrent », conclut-il.

De fières héritières de Donalda !

Véritable symbole de courage et de ténacité, Donalda Charron s’est sacrifiée pour la cause ouvrière féminine. Aujourd’hui, les militantes de la CSN portent toutes un peu son héritage.

Cette fille de manufacture, comme on les appelait à l’époque, devint la première femme à présider un syndicat au Canada. En 1919 et en 1924, Donalda affrontera les employeurs de l’une des plus grandes entreprises au pays lors de deux grèves à l’usine d’allumettes E.B. Eddy de Hull. Comme le souligne l’anthropologue Serge Bouchard dans un épisode de la série De remarquables oubliés, « Donalda Charron s’est battue en sachant que les femmes, encore moins que les ouvriers, n’avaient aucune autre arme que celle de leur courage pur. Donalda Charron est l’héroïne d’une période historique tellement dure, où le capitalisme industriel tuait littéralement les gens ».

Contrairement à ce qui est parfois véhiculé, cette pionnière syndicale n’est pas morte seule et complètement oubliée. « C’est tout le contraire, souligne Julie Charron, sa petite nièce. Mon père s’est occupé de Donalda jusqu’à sa mort. Aujourd’hui, il repose au cimetière Notre-Dame de Gatineau avec elle.

Bien que Julie n’ait pas connu sa grand-tante, la tradition familiale parle d’une ardente militante qui n’avait pas la langue dans sa poche. Donalda avait aussi, paraît-il, tout un caractère ! « C’était une battante. Elle se tenait debout. Elle avait du cran pour l’époque », ajoute fièrement Julie. Lors de la grève de 1924, la contremaîtresse des allumettières « protège ses filles » en bloquant la voie à la voiture du surintendant Wood qui fonce sur les grévistes.

À l’évidence, la fibre syndicale court dans la famille Charron, puisque Julie a été présidente et trésorière de son syndicat local, le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux dans la région de l’Outaouais (Papineau)–CSN.

Cette fille de nature plutôt réservée s’est impli­quée afin de défendre les droits des syndiqué-es dans un souci de justice, de droiture et d’équité, toutes des valeurs familiales partagées aussi par ses frères, Sylvain et André. À l’aube du 100e anniversaire de la grève des allumettières de 1924, ces valeurs demeurent également bien ancrées dans le mouvement CSN.

La force d’une image

Plus qu’une représentation identitaire, le logo de la CSN constitue le symbole syndical par excellence de résilience et de solidarité pour des générations de camarades. Alors qu’il fait partie des icônes les plus facilement reconnues par le grand public, son histoire est souvent entourée de mystère pour les militantes et les militants du mouvement.

Pour Marc Comby, archiviste et historien à la CSN, l’origine du logo se place à l’intersection de deux trajectoires : « Celle réelle, physique et tridimensionnelle de Jean Gauguet-Larouche. Puis celle graphique et visuelle, dans le contraste, de Jean Gladu. »

Sculpteur né à la Malbaie et diplômé des beaux-arts de Montréal, Jean Gauguet-Larouche façonne dans les années 60 trois anneaux de fer entrelacés. Il puise ainsi dans la mémoire ancestrale des peintures rupestres et des symboles celtiques. Dans cette vision fédératrice, personne n’est le maillon faible : les trois chaînons entrelacés – symboles d’autonomie, de démocratie et de solidarité – forment un triangle. Celui-ci représente à son tour le triptyque syndicats-fédérations-conseils centraux.

Plus tard, Jean Gladu, alors graphiste à la CSN, conçoit le logo en photographiant les anneaux en haut contraste. « Mon mandat était de créer une version efficace et contemporaine d’une idée qui existait déjà », résume-t-il. Derrière le choix du logo se cache aussi une réalité technique de l’époque, quand il fallait choisir entre pouvoir imprimer plus rapidement un grand nombre de prospectus ou encore imprimer en couleur, avec toutes les difficultés que cela impliquait. Le choix défendu par Jean Gladu de garder la couleur noire honore cet héritage né d’une contrainte, mais résume encore, à sa manière, une philosophie inclusive.

En 1974, lors de son 46e congrès, la CSN adopte officiellement cet emblème un peu « trône de fer » et « métal » avant l’heure. Alors qu’elle entre dans son deuxième siècle de lutte pour la dignité et les droits au travail, la plus vieille organisation syndicale du Canada rend hommage à son histoire en gardant ce symbole et y ajoute le nouveau slogan patrimonial et historique Solidaire depuis 1921.

Télémédecine : la privatisation tranquille se poursuit

Après avoir permis aux médecins œuvrant dans le réseau public d’offrir des services de télémédecine dans le secteur privé, le gouvernement a adopté un règlement, en décembre, autorisant les assureurs privés à couvrir ce type d’intervention.

Voilà des précédents fort inquiétants. En effet, devrons-nous attendre encore plus longtemps pour voir notre médecin de famille pendant que celui-ci sera occupé par des consultations privées plus lucratives ? Aurons-nous encore accès aux médecins spécialistes déjà pris par leur pratique privée ? Quel sera le niveau de qualité de ce service alors qu’il n’est pas possible en ligne d’ausculter ou de prendre les signes vitaux ?

Tout porte à croire que la télémédecine sera appelée à se développer très rapidement au cours des prochaines années. Ce développement pourrait se faire dans le réseau public, de manière multidisciplinaire, et pourrait constituer une partie de la solution aux problèmes d’accessibilité vécus actuellement dans le secteur public.

Au contraire, la CAQ a choisi de donner ce domaine d’avenir au secteur privé en légalisant un nouveau type d’assurance privée. De nombreux joueurs, dont des entreprises multinationales, ont déjà lancé l’offensive afin de profiter de la manne de ce nouveau marché lucratif. Quel sera l’impact de ces services sur les coûts d’assurance déjà très élevé ?

Puisque cette modification a été effectuée par règlement, il n’y a eu aucun débat ni aucune consultation sur la question. Cependant, on ne peut ignorer le lobbying exercé par les compagnies d’assurance qui y voient une occasion supplémentaire d’engranger des profits.

Pour la CSN, c’est clair : le développement de la télémédecine devrait se faire dans le secteur public avec les objectifs d’universalité, d’équité et d’accessibilité pour toute la population, peu importent l’épaisseur du portefeuille et la possibilité ou non d’avoir accès à des assurances privées.

Plus d’information visitez Vraiment public 

 

Le STTuBAnQ–CSN déclenche la grève

Ce mardi 14 février, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (STTuBAnQ–CSN) ont déclenché une grève de cinq jours, et ce, dans les 13 points de service de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

« En négociation depuis octobre 2021, nous sommes sans contrat de travail depuis le mois de mars 2020. Cela fait près de cinq ans qu’aucune augmentation salariale ne nous a été accordée, et l’inflation actuelle nous touche durement. Notre négociation s’étire inutilement depuis plus d’un an et l’impatience des salarié-es de BAnQ nous a poussés à déclencher cette première séquence de cinq jours de grève. Le Conseil du trésor devra impérativement revoir ses offres à incidence financière, puisque celles-ci ne comblent toujours pas nos attentes », souligne la présidente du syndicat, Sylviane Cossette. Rappelons encore une fois que nos conditions générales d’emploi sont nettement inférieures à celles de nos collègues qui œuvrent dans les autres bibliothèques et centres d’archives du Québec et que, de ce fait, nous revendiquons toujours un rehaussement salarial conséquent qui reconnaîtra enfin notre travail à sa juste valeur. »

Le 16 janvier dernier, les membres du STTUBAnQ–CSN ont voté à 94 % en faveur d’une banque de 10 jours de grève à déclencher au moment jugé opportun.

« Puisque les budgets de BAnQ ne sont pas indexés, quand arrive un contexte de rareté de main-d’œuvre et d’inflation, l’établissement doit assumer un déficit constant qui augmente d’année en année et qui affecte directement ses opérations. Le Conseil du trésor comprend très bien cette problématique et doit donc impérativement bonifier l’enveloppe budgétaire de BAnQ, ce qui favorisera l’attraction et la rétention de ses salarié-es », ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics. Les demandes du syndicat sont fondées sur des comparatifs d’emplois bâtis de concert avec la direction de BAnQ, elles sont donc plus que légitimes et réalistes. Nous interpellons donc à nouveau Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, afin qu’elle comprenne cet enjeu majeur pour la survie de BAnQ. »

« Le sous-financement de BAnQ cause des problèmes de stabilité de la main-d’œuvre et provoque des vagues de mises à pied à chaque augmentation salariale, puisque l’employeur ne peut plus soutenir ses coûts de main-d’œuvre. Alors que l’établissement se positionne comme LA référence en bibliothéconomie et en archivistique, le Conseil du trésor ne semble pas comprendre la réalité du marché de l’emploi dans ce secteur, les villes et les universités offrant à leur personnel qualifié de bien meilleures conditions salariales », conclut Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans 13 établissements de BAnQ.

Un système de santé VRAIMENT public – Un choix logique pour l’économie

Des travailleuses et des travailleurs des secteurs public et privé se sont rassemblés ce midi face au Club Mont-Royal, où le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon prenait la parole devant des gens d’affaires. Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), un système de santé et de services sociaux VRAIMENT public constitue un argument majeur en faveur du Québec pour convaincre des entreprises de s’y installer, notamment par rapport aux États-Unis où les coûts globaux du système sont beaucoup plus élevés qu’ici et sont très souvent aux frais des employeurs.

La CSN est préoccupée par l’intention annoncée du gouvernement de soustraire des ressources du secteur public pour les diriger vers le secteur privé, comme c’est le cas par exemple du projet de création de deux nouveaux hôpitaux privés. « Évidemment, dans un premier temps, le gouvernement veut rassurer la population : personne n’aura à payer ces services de sa poche, nous dit-on, explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Sauf qu’on sait que les services sociaux et de santé coûtent systématiquement plus cher dans le secteur privé que dans le secteur public. Ça va créer une pression supplémentaire sur les finances publiques. Et qui va payer pour ça ? Eh bien, c’est l’ensemble de la population avec ses taxes et ses impôts. »

La CSN craint également l’impact de la privatisation sur l’augmentation des coûts des assurances collectives qui constituent déjà un fardeau de plus en plus important pour les travailleuses et les travailleurs.

En matière de santé et de services sociaux, les données sont implacables : le secteur coûte beaucoup plus cher. C’est frappant lorsqu’on compare les systèmes sur le plan international : plus le privé joue un grand rôle dans un pays, plus la facture globale est élevée.

Ceci étant dit, les exemples de cette dynamique sont nombreux au Québec. Pensons pas exemple : aux agences de placement de personnel qui exigent des montants exorbitants aux établissements pour leur fournir du personnel de remplacement qui, pour la plupart, étaient auparavant des salarié-es du réseau ; aux cliniques privées qui facturent des frais à leurs patients pour des services qui sont pourtant payés par l’assurance maladie ; aux dérapages des hôpitaux en PPP dont nous sommes dorénavant collectivement locataires.

On estime que la sous-traitance au privé des travaux d’entretien des bâtiments coûte quatre fois plus cher que lorsqu’ils sont pris en charge par des ouvriers employés des établissements.

Un autre exemple est celui des centres d’hébergement privés, où des multimillionnaires, sinon milliardaires, exigent des milliers de dollars chaque mois à leurs résidentes et à leurs résidents, tout en refusant un salaire décent à leurs employé-es. Rien ne permet de croire qu’il en sera autrement des projets d’hôpitaux privés.

Tout récemment, le gouvernement a offert, par décret, sans débat public, un tout nouveau marché fort lucratif aux compagnies d’assurances privées, soit celui de la télémédecine.

« Nous ne sommes pas ici pour dire que tout fonctionne à merveille au Québec et qu’il ne faut rien y changer, souligne le vice-président de la CSN, David Bergeron-Cyr. Au contraire, nous voulons changer les choses. Nous portons plusieurs propositions pour améliorer la situation, notamment en matière d’accessibilité. Pour nous, ce dont on a le plus besoin au Québec, en santé et services sociaux, c’est la décentralisation, la démocratisation et la déprivatisation des soins et services. Nous n’accepterons jamais que des politiciennes et des politiciens utilisent les ratés du système pour sacrifier le réseau public au lieu de se retrousser les manches pour le réparer. Notre réseau public est un joyau pour toutes les travailleuses et les travailleurs au Québec. »

La CSN met en avant de nombreuses pistes de solution qui peuvent être consultées au https://www.csn.qc.ca/vraiment-public.

La ministre Pascale Déry devrait présenter ses priorités

La CSN, la centrale syndicale la plus représentative en enseignement supérieur au Québec, estime que Pascale Déry tarde à faire connaître ses priorités, comme l’a fait son collègue Bernard Drainville, alors que les collèges et les universités ont pourtant des besoins criants.

Dans une récente nouvelle de TVA, la ministre Déry a raison de vouloir augmenter le taux de diplomation, mais cela n’arrivera pas par magie. « Il faudra donner aux cégeps et aux universités les moyens nécessaires pour avoir un personnel suffisant, tant pour l’enseignement et l’aide aux étudiantes et aux étudiants en difficulté, que du côté des employé-es de soutien », soutient Caroline Senneville, présidente de la CSN, qui précise que le manque de personnel et la surcharge actuelle de travail ne permettent pas de faire un travail optimal. Les établissements d’enseignement supérieur souffrent d’un sous-financement chronique depuis plusieurs années.

La pandémie a provoqué des retards d’apprentissage et de formation qui se répercutent sur l’enseignement supérieur et il faudra des moyens suffisants pour assurer la réussite éducative du plus grand nombre. On pense notamment à l’apprentissage du français écrit qui cause des difficultés à un nombre grandissant d’étudiantes et d’étudiants. Il faut s’en occuper sérieusement.

La CSN déplore que la ministre semble préoccupée seulement par les besoins actuels du marché. Elle cite les bourses Perspectives qui ciblent certaines professions au détriment des autres. « Ces bourses ne fonctionnent pas et ne garantissent pas une rétention des personnes une fois en emploi », précise Caroline Senneville, qui estime que la vision de la ministre Déry devra dépasser cette approche centrée uniquement sur la photo des pénuries de main-d’œuvre actuelles.

Pour consulter la plateforme de la CSN en éducation et en enseignement supérieur

https ://bit.ly/3EAf0PY

Le rehaussement de l’âge minimal de la retraite totalement inutile, affirme la CSN

C’est aujourd’hui que la Confédération des syndicats nationaux était entendue en commission parlementaire, alors que s’amorçait une importante consultation publique sur le Régime de rentes du Québec (RRQ). Le régime, en très bonne santé financière, est assuré pour au moins les 50 prochaines années, selon le ministère. La CSN s’étonne donc de la proposition de repousser à 62 ou à 65 ans l’âge d’admissibilité aux prestations, mesure phare de l’actuelle proposition gouvernementale. La première grande centrale au Québec est plutôt d’avis que le moment est opportun pour améliorer certaines dispositions du RRQ sans effectuer de réduction de bénéfices.

« Selon le questionnaire de Revenu Québec, la consultation, obligatoire tous les six ans, est nécessaire pour “accroître la sécurité financière des retraité-es”. Du même coup, on propose d’appauvrir celles et ceux qui en ont le plus besoin, alors que près de 3 travailleurs sur 10 n’ont que le RRQ comme revenu à partir de 60 ans. On ne comprend tout simplement pas l’objectif, affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN. La très bonne santé financière du régime rend tout à fait superflue et même nuisible une hausse de l’âge d’admissibilité aux prestations du RRQ. Au contraire, la situation actuelle appelle à une bonification du régime pour les personnes qui y ont cotisé toute leur vie. »

Pour la CSN, le report de l’âge d’accès aux prestations se veut une solution bien imparfaite au problème conjoncturel que représente l’actuel défi de la main-d’œuvre au Québec et aura plus d’effets négatifs sur le maintien de la main-d’œuvre expérimentée que de bénéfices. Elle serait encore plus néfaste pour la population moins bien nantie.

« Si on repousse l’âge d’accès, ce sont encore une fois les femmes et les moins nantis qui seront affectés de façon disproportionnée, puisque leur revenu moyen de cotisation au RRQ est significativement moins élevé. Forcer un report du début de la rente de retraite du RRQ conduirait inévitablement de futurs retraité-es à la pauvreté. À la CSN, on défend des valeurs de justice et de solidarité et, justement, le RRQ revêt un caractère social de redistribution pour les personnes à faible revenu. »

La CSN est en faveur d’une modification des règles de calcul de la rente afin d’éviter que les gains reliés au travail de quelqu’un qui demande sa rente après 65 ans réduisent la moyenne des gains utilisés pour le calcul de sa rente. Elle se montre également favorable aux propositions visant à mieux soutenir les travailleuses et travailleurs qui agissent comme proches aidantes et proches aidants et qui doivent s’occuper d’un enfant à charge ou encore d’une personne en invalidité. Finalement la CSN privilégie le mécanisme d’ajustement actuel en cas de déséquilibre du régime de base du RRQ, et ce, autant pour le régime de base que pour le régime supplémentaire du RRQ.

Pour consulter le mémoire de la CSN : https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2023/02/2023-02-02_memoire_rrq_csn.pdf

Les montants annoncés par Ottawa sont insuffisants

Pour la Confédération des syndicats nationaux, la proposition du gouvernement Trudeau présentée plus tôt aujourd’hui n’est pas à la hauteur des énormes besoins du réseau public de santé et des services sociaux. Si la hausse annuelle annoncée de 5 % semble un minimum en phase avec les attentes de la population, la CSN rappelle que le gouvernement fédéral doit faire davantage pour permettre un réel rattrapage maintenant, après des années de sous-investissement chronique.

Vraiment public
Pour la CSN, l’enjeu du financement adéquat des soins et services en santé et services sociaux est central. Toutefois, peu importe le montant des transferts, une véritable amélioration de la situation dépendra également des choix politiques que fera le gouvernement Legault. Pour assurer la pérennité du réseau public de santé et de services sociaux, il faudra le décentraliser, le démocratiser et le déprivatiser. La CSN met en avant de nombreuses pistes de solution qui peuvent être consultées au csn.qc.ca/vraiment-public.

« Le gouvernement de la CAQ a une occasion extraordinaire de régler plusieurs problèmes, notamment en matière d’accessibilité pour la population, en investissant dans le secteur public, souligne la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Ce serait une grave erreur d’utiliser ces sommes supplémentaires pour accélérer la croissance du secteur privé dont le personnel proviendra du secteur public, déjà à bout de souffle. Toutes les recherches sérieuses le disent, les services en santé et services sociaux coûtent plus cher dans le secteur privé que dans le secteur public. »

Sur les traces de la CSN

Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. L’historien Yves Desjardins s’est peut-être inspiré de cet adage lorsqu’il travaillait sur Le Québec à l’ouvrage pour retracer les 100 ans de la CSN en textes mais surtout en photos. À travers un récit aussi captivant qu’instructif accompagné d’images éloquentes, l’auteur montre comment les grandes luttes de la CSN, tout comme les coups durs, ont fortement influencé l’évolution du Québec moderne. La rétrospective est riche et étoffée ; elle nous rappelle avec un intérêt renouvelé à quel point notre vie courante bénéficie de l’action syndicale. Tout au long de la lecture, le texte dévoile l’ampleur des luttes menées par ces femmes et par ces hommes pour faire avancer leur cause. Les photos, ces bijoux d’archives syndicales, nous font réaliser tout le chemin parcouru collectivement.

Il est aujourd’hui difficile de s’imaginer un monde sans salaire minimum, sans la rémunération des heures supplémentaires, sans vacances payées, ou sans congés parentaux et de maternité, entre autres choses. Et pourtant, ces avancées ont été gagnées de chaude lutte. Le Québec à l’ouvrage nous parle de ces gens ordinaires, ces personnes qui n’ont jamais renoncé à défendre leurs principes et leurs idéaux de justice et d’équité, même si on leur faisait la vie dure.

Ainsi, les vendeuses de Dupuis Frères se sont battues pour faire reconnaître leur syndicat comme unique agent négociateur. Les infirmières de Sainte-Justine pavèrent la voie à une véritable syndicalisation dans les hôpitaux et à la reconnaissance de la profession. La grève des travailleurs de l’amiante a assis le principe de l’élimination du danger à la source et le droit de refuser de travailler en cas de risque pour la santé ou la sécurité. La levée de boucliers des travailleurs de la Robin Hood déboucha sur l’intégration au Code du travail des dispositions anti-briseurs de grève. Les travailleuses des CPE donnèrent aux femmes l’occasion de retourner sur le marché du travail et permirent à des milliers d’enfants d’accéder à des services de garde éducatifs de qualité.

Ces legs, Desjardins nous les raconte de brillante façon. Avec sa plume ciselée, probablement un héritage de sa longue expérience de journaliste à Radio-Canada, il pose les jalons d’une grande histoire. Un livre qu’il vaut la peine de parcourir encore et encore.

Pour vous procurer le livre : documentation@csn.qc.ca

La langue, c’est l’ADN d’un peuple

Ces mots prononcés par l’ancien président de la CSN, Gérald Larose, on peut les entendre dans Une histoire sur le goût de la langue réalisé par Hélène Choquette, qui retrace l’évolution de notre rapport à la langue, de la Conquête de 1759 à nos jours. Plusieurs personnalités connues, de Louise Latraverse à Jim Corcoran en passant par Biz et Louise Beaudoin, y sont également convoquées afin de s’exprimer sur leur perception de l’état du français en Amérique. Pour étoffer son propos, la réalisatrice ne manque pas de s’appuyer aussi sur l’expertise de sociologues, d’historiens, de spécialistes en communication publique et de linguistes.

La question du français au travail est bien sûr abordée dans ce documentaire, dont l’initiative revient à la CSN. Cela dit, d’autres aspects importants y sont abordés. La langue de Molière dans les arts et en politique, par exemple, fait partie intégrante de ce voyage au cœur du français en Amérique. En résulte le portrait éclairant d’une langue qui tente de survivre sur le continent depuis plus de 250 ans. Le film est disponible au centre de documentation de la CSN.

Les féministes résistent

Cette année, la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars se déroulera sous le thème Résistances féministes. Pour le Collectif 8 mars dont fait partie la CSN, ce slogan se veut une réponse à la montée de la droite et des extrémismes qui n’augure rien de positif à l’égard des femmes.

Le 8 mars représente un moment fort de la vie syndicale pour le mou­­vement CSN, alors que les mili­tan­tes organisent différentes actions prévues un peu partout au Québec à l’occasion de cette importante jour­née. Le calendrier détaillé des activités est disponible par l’intermédiaire du conseil central. Des épinglettes peuvent également y être commandées au coût de 3 $ l’unité.

D’autres outils aux couleurs du 8 mars 2023, soit une affiche, des autocollants et un signet fait de papier ensemencé de fleurs sauvages ont été envoyés dans les syndicats affiliés au début de février. Une image couverture Facebook, un arrière-plan Zoom et une signature courriel peuvent aussi être téléchargés ici.

Une nouvelle tradition s’installe à la CSN

Les membres de la CSN ont jusqu’à maintenant amassé plus de 100 000 $ lors de la première édition de Marche-Don/Cours-Don, une nouvelle activité hivernale au profit du Camp Vol-d’été-Leucan–CSN qui se terminera en mars. Cette initiative invite les militantes et les militantes à assumer leur nordicité en participant à une marche ou à une course à relais en plein hiver. Le résultat a déjà grandement dépassé les attentes, et finalement, c’est au-delà de 300 personnes réparties sur plus de 60 équipes provenant des quatre coins du Québec qui ont accepté ce défi enneigé et qui parcoureront un total de 3 750 kilomètres, ce qui correspond à un aller-retour entre Chandler et Rouyn.

Rappelons que depuis 1996, la CSN mène des collectes de fonds afin de contribuer au financement des deux semaines du seul camp destiné spécifiquement aux enfants atteints de cancer et à leur famille. Jusqu’à maintenant, plus de 4 millions de dollars ont été amassés par les membres bénévoles du mouvement afin d’offrir à des milliers d’enfants une semaine de pur plaisir et de bonheur dans un camp d’été adapté à leurs besoins.

La CSN réclame une bonification du régime d’assurance-emploi

Avec ses alliés des autres grandes centrales syndicales et les organismes de défense des chômeurs, la CSN a réclamé jeudi une bonification du régime de l’assurance-emploi que le gouvernement fédéral s’apprête à réformer. Au fil des ans, les gouvernements successifs ont restreint l’accès et diminué la durée et le montant des prestations.

« Il est plus que temps qu’Ottawa redonne aux travailleurs et aux chômeurs les bénéfices de l’assurance-emploi qui leur reviennent », a déclaré la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

« Justin Trudeau doit décider s’il veut ajouter son nom au bas de la liste des premiers ministres qui, tour à tour et depuis 30 ans, se sont emparés des surplus de la caisse ou ont réduit les avantages d’un régime qui appartient pourtant aux travailleuses et travailleurs, et aux employeurs. »

Six travailleurs sur dix n’ont pas droit aux prestations
La CSN participait jeudi à Ottawa au Forum du Commissaire des travailleurs et travailleuses de l’assurance-emploi. La centrale met de l’avant une plate-forme de 15 revendications communes qu’elle partage avec la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).

Depuis plusieurs années, seulement quatre personnes en chômage sur dix obtiennent des prestations, alors que tout le monde cotise. L’accès au régime diffère aussi selon le taux de chômage régional. Enfin, les travailleuses et travailleurs à temps partiel, les employé-es saisonniers et les femmes enceintes sont désavantagés.

Élargir l’accès et augmenter les prestations
Avec ses alliés, la CSN propose un nouveau seuil pour avoir droit aux prestations, soit 420 heures de travail ou après 12 semaines d’un minimum de 14 heures, au choix du prestataire. La durée des prestations devrait s’étaler de 35 semaines à 51 semaines, avec une possibilité de prolongation pour les femmes qui perdent leur emploi pendant ou après leur congé de maternité ou parental.

Les syndicats estiment en outre que le taux des prestations devrait être calculé sur la base des 12 meilleures semaines travaillées. Le taux de remplacement du revenu – qui est actuellement l’un des plus faibles des pays de l’OCDE – devrait être relevé de 55 % à 60 %. Et le maximum du revenu assurable devrait être relevé à son niveau d’antan en tenant compte de l’inflation, soit 82 300 $ au lieu de 56 300 $ (selon les données de 2021).

Les indemnités de départ et les préavis – qui sont une compensation pour la perte définitive d’un emploi – ne devraient pas être considérés dans la détermination de la période de prestations. De plus, les employeurs devraient être tenus d’être plus clairs en déclarant les motifs de cessation d’emploi.

Un régime géré par un organisme tripartite
Selon les quatre grandes centrales, le gouvernement devrait recommencer à contribuer au financement du régime qui gagnerait à être administré par un organisme tripartite. Des « agentes et des agents de liaison » devraient être embauchés pour faciliter le traitement des dossiers. Et le chef principal du nouveau Conseil d’appel devrait être redevable à la Commission de l’assurance-emploi, et non pas à son seul président.

Les prestataires pourraient librement travailler l’équivalent d’une journée par semaine sans pénalité. Un trop payé équivalent à moins d’une semaine de prestations n’aurait pas à être remboursé. Et les gens qui totalisent un revenu de plus de 75 375 $ (en salaire et en prestations) ne seraient pas tenus de remettre une partie de leurs prestations à la fin de l’année fiscale.

Les salarié-es de BAnQ en grève bientôt

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (STTuBAnQ–CSN) a envoyé un avis de grève au ministère du Travail dans le but de déclencher un arrêt de travail au matin du 14 février prochain. Le 16 janvier dernier, les membres se sont dotés d’une banque de 10 jours de grève adoptée à 94 % en assemblée générale.

« Nous sommes en négociation depuis octobre 2021 et notre convention collective est échue depuis bientôt trois ans. L’inflation actuelle nous appauvrit à chaque paie, puisque nous n’avons pas reçu d’augmentation salariale depuis quatre ans. Plus le temps passe, plus nos membres s’impatientent face à une négociation qui s’étire pour rien depuis plus d’un an. Le dépôt des clauses à incidence financière ne comble toujours pas nos attentes et le Conseil du trésor doit impérativement revoir ses offres, souligne la présidente du syndicat, Sylviane Cossette. Rappelons simplement que nos conditions générales d’emploi sont nettement inférieures à celles de presque tous nos collègues qui œuvrent dans les autres bibliothèques et centres d’archives du Québec. Voilà pourquoi nous revendiquons une bonification immédiate qui corrigera cette iniquité historique et un rehaussement salarial conséquent qui reconnaîtra enfin notre travail à sa juste valeur. »

« En plein contexte de rareté de main-d’œuvre et d’inflation, les budgets de BAnQ ne sont pas indexés, ce qui impose à l’institution un déficit constant qui augmente d’année en année et qui affecte directement ses opérations. BAnQ peine à garder ses salarié-es qui décident d’aller travailler ailleurs lorsqu’ils prennent connaissance des salaires versés dans des institutions semblables. Le Conseil du trésor doit donc corriger rapidement ce problème et bonifier l’enveloppe budgétaire qui favorisera l’attraction et la rétention de ses salarié-es, précise Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Les demandes du syndicat sont fondées sur des comparatifs d’emplois similaires qui ont été bâtis avec l’aide de l’employeur, ces revendications sont donc plus que légitimes et nous interpellons Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, afin qu’elle comprenne cet enjeu majeur pour la survie de BAnQ. »

À propos

Le STTuBAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans les 13 établissements de BAnQ. Le syndicat est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

Santé et services sociaux : quelles portes la CAQ ouvrira-t-elle ?

Des travailleuses et travailleurs membres de syndicats CSN des secteurs public et privé se sont donné rendez-vous ce matin, rue des Parlementaires, pour sensibiliser les élu-es de l’Assemblée nationale, qui reprennent leurs travaux aujourd’hui aux enjeux majeurs qui se profilent en santé et services sociaux. Pour l’occasion, ils ont déployé une immense bannière symbolisant une porte donnant sur un système plus coûteux et inégalitaire. La CSN invite les député-es et toute la population à la vigilance devant les choix que posera le gouvernement.

« Notre système de santé et de services sociaux est à la croisée des chemins, explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Depuis une trentaine d’années, nos gouvernements ont centralisé à outrance le réseau public, ils ont miné son caractère démocratique, ils ont choisi la privatisation plutôt que le renforcement de son caractère public. Pour nous, continuer d’aller dans ce sens ne ferait qu’empirer les problèmes que nous vivons. Au contraire, nous invitons le gouvernement à faire preuve de courage en ouvrant la porte aux idées des travailleuses et des travailleurs qui sont les véritables experts en la matière puisque ce sont eux qui prodiguent les soins et services à la population ».

Pour la CSN, les décisions que prendra le gouvernement auront un impact non seulement pour les salarié-es du réseau public, mais pour l’ensemble de la population, dont bien entendu les travailleuses et les travailleurs de tous les autres secteurs de la société. « Notre réseau public est un acquis précieux pour toutes les travailleuses et les travailleurs qui n’ont pas à se soucier de l’épaisseur de leur portefeuille lorsqu’ils ont besoin de soins et de services, ajoute le vice-président de la CSN, David Bergeron-Cyr, présent lors du rassemblement de ce midi. On aura beau tenter de nous rassurer voulant que l’assurance-maladie universelle demeure, on sait bien que plus on ouvrira grande la porte au secteur privé, qui coûte systématiquement plus cher que le secteur public, plus les pressions seront fortes pour reconsidérer le panier de services offerts dans le secteur public. »

Porte grande ouverte au privé
La CSN redoute notamment la cession annoncée au secteur privé de la gestion des activités dans deux nouveaux hôpitaux. La grande majorité du personnel de ces établissements flambants neufs proviendra forcément du réseau public, qui vit déjà actuellement de sérieux problèmes de main-d’œuvre. D’autres mesures annoncées par le gouvernement, notamment un récent décret consacrant l’ouverture au privé du secteur des soins virtuels, sont fort préoccupantes, car elles favorisent un système à deux vitesses.

Pour un réseau Vraiment public
Les données sont claires, le Canada est un des pays développés où le secteur privé est déjà le plus présent en santé et services sociaux. Il y a un mythe bien implanté au Québec qui voudrait que le recours au secteur privé en santé et services sociaux soit une idée nouvelle. Pourtant les exemples d’inefficacité du secteur privé dans notre système sont légion. Des groupes de médecine familiale (GMF) qui n’ont jamais rempli leurs promesses d’accessibilité, aux agences privées de personnel qui ont pris tant d’ampleur qu’elles constituent désormais un véritable casse-tête financier et organisationnel, en passant par les centres d’hébergement privés qui facturent d’énormes montants mensuels à leurs usagères et usagers tout en offrant à peine plus que le salaire minimum à leur personnel, le privé en santé et services sociaux fait généralement plus partie du problème que de la solution.

Non au statu quo
La CSN ne défend pas le statu quo. Plus importante organisation syndicale du réseau, représentant plus 125 000 travailleuses et travailleurs de toutes les catégories de personnel du réseau public ainsi que des milliers d’autres relevant d’établissements privés de santé et de services sociaux, la CSN souhaite apporter sa contribution dans la recherche de solutions réalistes et concrètes, émanant des travailleuses et travailleurs eux-mêmes. Plusieurs de ces solutions sont identifiées dans le site Web : www.csn.qc.ca/vraiment-public.

Décentraliser, démocratiser, déprivatiser
Pour la CSN, il faut corriger certaines lacunes issues des précédentes réformes. Le système est aujourd’hui beaucoup trop centralisé. Il faut redonner de l’autonomie aux établissements et amener de nouveau la démocratie. De plus, il faut renforcer le secteur public. Les recours au secteur privé ne sont pas une « addition », mais bien une « soustraction », car toutes les ressources dirigées vers le privé proviennent du public.

Les CLSC comme porte d’entrée
Entre autres exemples, la CSN invite les élu-es à considérer les CLSC comme la porte d’entrée de tout le système. Dans toutes les régions, c’est le lieu par excellence pour coordonner l’ensemble des soins et services de première ligne. Les CLSC pourraient être ouverts en tout temps, avec des équipes multidisciplinaires prêtes à traiter tous ces cas qui, faute d’alternative, doivent présentement se tourner vers les urgences des hôpitaux, eux-mêmes déjà surchargés.

Augmentation des frais en RPA : un autre pas vers un système à deux vitesses

La fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) joint sa voix aux détracteurs du projet de règlement qui prévoit de réviser les critères de fixation du loyer dans les résidences privées pour aîné-es (RPA). Ce qui est proposé par la CAQ est l’ajout de frais pour des services qui devraient être assumés par le secteur public via les soins à domicile.

Dans le projet de règlement, on peut lire que ce changement pourrait se traduire par une augmentation des revenus pour les propriétaires de RPA, mais qu’en contrepartie, cette mesure augmenterait les dépenses des résidents. « Ce que propose la CAQ, c’est ni plus ni moins que l’appauvrissement des aîné-es, ce n’est pas acceptable. Cela aura des conséquences sur plusieurs d’entre eux et sur leurs familles qui devront reconsidérer leur choix et trouver d’autres lieux d’hébergement. Les RPA ne devraient avoir que le volet locatif et d’amusement pour les ainé-es qui en ont les moyens, mais la partie soins revient au réseau public et ne devrait pas être une occasion d’affaires » de se prononcer Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN responsable des secteurs privés.

Le projet de règlement gouvernemental veut permettre des hausses dans le coût des soins de santé offerts aux résidentes et aux résidents. Pour Réjean Leclerc, président de la FSSS–CSN « Le gouvernement se déresponsabilise de devoir donner des services qui devraient être assumés par le secteur public. Ça ouvre la porte à une explosion des coûts, mais là, la facture sera refilée à celles et ceux qui peuvent se le payer. C’est un message clair que nous envoie le gouvernement : il poursuit dans sa logique néolibérale de privatisation en ajoutant une autre pierre sur le chemin d’un système de santé à deux vitesses et tant pis pour ceux qui n’ont pas les moyens. »

La politique canadienne de la santé vise à faciliter un accès satisfaisant aux services de santé, sans obstacle d’ordre financier ou autre. En somme, la santé est un droit et si l’on ne veut pas que le secteur public reste l’enfant pauvre du système, il faudra investir rapidement dans les services de soins à domicile, surtout considérant le vieillissement de la population. C’est ce que martèlent les différentes recommandations à ce sujet et c’est ce qui devrait être mis de l’avant.  C’est la seule manière d’assurer un accès équitable aux soins et aux services à l’ensemble de la population, incluant aux personnes qui vivent en RPA.

L’augmentation des frais en RPA : un autre pas vers un système à deux vitesses

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) joint sa voix aux détracteurs du projet de règlement qui prévoit de réviser les critères de fixation du loyer dans les résidences privées pour aînés (RPA). Ce qui est proposé par la CAQ est l’ajout de frais pour des services qui devraient être assumés par le secteur public via les soins à domicile. 

Dans le projet de règlement, on peut lire que ce changement pourrait se traduire par une augmentation des revenus pour les propriétaires de RPA, mais qu’en contrepartie, cette mesure augmenterait les dépenses des résidentes et des résidents. « Ce que propose la CAQ, c’est ni plus ni moins que l’appauvrissement des aîné-es, ce n’est pas acceptable.  Cela aura des conséquences sur plusieurs d’entre eux et sur leurs familles qui devront reconsidérer leur choix et trouver d’autres lieux d’hébergement. Les RPA ne devraient avoir que le volet locatif et d’amusement pour les ainé-es qui en ont les moyens, mais la partie soins revient au réseau public et ne devrait pas être une occasion d’affaires » de se prononcer Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN, responsable des secteurs privés. 

Le projet de règlement gouvernemental veut permettre des hausses dans le coût des soins de santé offerts aux résidentes et résidents. Pour Réjean Leclerc, président de la FSSS–CSN, « Le gouvernement se déresponsabilise en donnant des services qui devraient être assumés par le secteur public. Ça ouvre la porte à une explosion des coûts, mais là, la facture sera refilée à celles et ceux qui peuvent se le payer. C’est un message clair que nous envoie le gouvernement : il poursuit dans sa logique néolibérale de privatisation en ajoutant une autre pierre sur le chemin d’un système de santé à deux vitesses et tant pis pour ceux qui n’ont pas les moyens ».   

La politique canadienne de la santé vise à faciliter un accès satisfaisant aux services de santé, sans obstacle d’ordre financier ou autre. En somme, la santé est un droit et si l’on ne veut pas que le secteur public reste l’enfant pauvre du système, il faudra investir rapidement dans les services de soins à domicile, surtout considérant le vieillissement de la population. C’est ce que martèlent les différentes recommandations à ce sujet et c’est ce qui devrait être mis de l’avant.  C’est la seule manière d’assurer un accès équitable aux soins et aux services à l’ensemble de la population, incluant aux personnes qui vivent en RPA.