Des congressistes unis, la présidente Caroline Senneville réélue

C’est au palais des congrès de Montréal que se termine aujourd’hui le 67e Congrès de la CSN, où près de 2 000 participantes et participants ont pu échanger, débattre, fraterniser et identifier les priorités d’action pour les trois prochaines années. C’est également lors de ce grand rassemblement que les six membres du comité exécutif ont été reconfirmés dans leurs fonctions.

« Je suis fière d’avoir été réélue par un processus démocratique, au sein d’une centrale démocratique.

Je souhaite une CSN unie, qui parle d’une seule voix, et d’une voix forte. Je vois une CSN capable d’affronter vents et marées, une CSN leader au Québec et ailleurs. Qu’on prenne notre place, qu’on continue de changer le monde à notre manière, un jour à la fois », a déclaré Caroline Senneville.

Elle ajoute : « Les défis qui nous attendent sont nombreux, alors que la pénurie de main-d’œuvre nous frappe de plein fouet, que le gouvernement cherche à centraliser les services publics et n’écoute pas les travailleuses et les travailleurs et que le patronat se fait trop souvent tirer l’oreille pour offrir des conditions décentes à ses employé-es. C’est pour toutes ces raisons que le congrès a voté en faveur d’un budget qui nous permet de continuer à être combatifs, comme l’est l’ADN de notre organisation. Nos membres méritent d’obtenir les meilleures conditions de travail possible, et nous leur donnerons les moyens de le faire. »

Les congressistes ont eu de nombreuses occasions de réfléchir et de s’exprimer, que ce soit lors des ateliers de discussion sur la transformation du monde du travail et le développement du rapport de force, en séance plénière ou lors des dîners-causeries. Les personnes qui se sont exprimées se sont montrées très satisfaites de l’ambiance du congrès, de la qualité des préparatifs, des occasions de prise de parole et de l’écoute du comité exécutif.

« On souhaite continuer notre travail en mode inclusif, combatif, ouvert, présent. Nous serons là pour porter la parole des 330 000 membres de la CSN sur toutes les tribunes », conclut la présidente.

 Le comité exécutif de la CSN 2023-2026 :

Caroline Senneville, présidente
Nathalie Arguin, secrétaire générale
Yvan Duceppe, trésorier
François Enault, 1er vice-président
David Bergeron-Cyr, 2e vice-président
Katia Lelièvre, 3e vice-présidente

« Un privilège », estime Caroline Senneville

Au terme de l’élection à la présidence de la CSN, les délégué-es ont choisi Caroline Senneville pour diriger la centrale pour les trois prochaines années.

La présidente sortante affrontait Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des produits Bridor–CSN. En début de journée, la candidate et le candidat s’étaient adressés aux congressistes. « La CSN est une organisation démocratique. Cette élection est tout à fait conforme aux règles qu’on s’est données. Pour ma part, je considère comme un privilège chacune des occasions que j’ai de vous adresser la parole. Vous savez, se présenter à la présidence d’une institution comme la CSN, ce n’est pas une décision qui se prend à la légère. Ça fait deux fois que je la prends », a déclaré Caroline Senneville. La dirigeante a rappelé aux congressistes sa 1re élection en 2021. « J’ai senti que c’était ma responsabilité de prendre le flambeau, mais à une condition : avoir l’appui des cinq autres membres du comité exécutif parce que le syndicalisme, c’est un sport d’équipe », a-t-elle résumé. Caroline Senneville a promis de poursuivre son travail de terrain.

« Comme présidente de la CSN, je suis porte-parole. Je vais en commission parlementaire, je donne des entrevues. Il faut que je porte votre parole à chacune et chacun d’entre vous. Pour faire ça, il faut que j’aille vous voir sur les lignes de piquetage, dans les syndicats, dans les régions, dans les fédérations. Il faut qu’on se parle, que je sois à l’écoute. Je parle bien plus souvent à des préposé-es aux bénéficiaires qu’avec n’importe quel ministre de la Santé. Ce sont ces valeurs que je veux continuer à mettre de l’avant ». Avec l’appui de l’ensemble du comité exécutif, la dirigeante a dit souhaiter continuer le travail d’équipe déjà amorcé. « On veut être en mode inclusif, en mode combatif, en mode ouvert. On veut être présent et c’est à l’image du congrès qu’on est en train de vivre. On veut baser nos actions sur ce qui nous unit et toujours chercher à aplanir ce qui pourrait nous diviser. Je me présente bien humblement devant vous pour continuer à porter votre parole », a conclu Caroline Senneville.

Pour sa part, Cheikh Fall a motivé sa candidature par le besoin de « donner davantage de pouvoir d’achat » aux travailleuses et travailleurs. Cheikh Fall a aussi souligné son appui au comité exécutif en place. « Nous avons un comité exécutif solide. Les gens qui y sont méritent leurs places. Deux ans, ce n’est pas long pour étaler une vision et faire un programme. Je dois être honnête. C’est un comité exécutif qui mérite d’aller encore beaucoup plus loin », a-t-il affirmé, avant de remercier les délégué-es de lui avoir permis de se présenter comme candidat à la présidence de la CSN.

De légères modifications aux statuts et règlements

Les congressistes ont adopté aujourd’hui quelques amendements aux statuts et règlements ainsi qu’au code des règles de procédure de la CSN.

En ce qui a trait aux statuts et règlements, les changements visent notamment à prévoir la possibilité de tenir un congrès ou un congrès extraordinaire en mode virtuel, en cas de force majeure. Il sera également possible, selon les statuts et règlements amendés, de tenir les élections pour les postes au comité exécutif par l’entremise d’une plateforme numérique.  

L’un des autres amendements adoptés prévoit qu’un congrès extraordinaire devra être organisé en cas de vacance au comité exécutif, sauf s’il reste moins de six mois pour terminer le mandat. Un tel congrès extraordinaire pourrait se tenir en mode virtuel.

D’autres amendements aux statuts et règlements ont été adoptés. De façon générale, ils visent à préciser certains articles déjà existants.

Procédure

Le code des règles de procédure a aussi été mis à jour, notamment pour inclure la tenue potentielle d’un congrès en mode virtuel, y compris la procédure de vote. Quelques autres mises à jour ont été effectuées.

Rappelons que les règles de procédure de la CSN sont inspirées de celles qui ont été proposées par le notaire Victor Morin, en 1938, dans son ouvrage Procédure des assemblées délibérantes, mieux connu comme le Code Morin.

La syndicaliste américaine qui veut électrifier les trains

« On vise l’électrification des trains taxis qui déplacent les wagons dans les gares de triage. Ce serait un gain du point de vue de la justice climatique, de la justice raciale et de la justice en matière de santé », mentionne Kari Thompson, responsable de la formation et de la stratégie internationale pour United Electrical (UE) des États-Unis.

En visite au congrès de la CSN, la syndicaliste américaine explique que les syndiqué-es de Wabtec ont déjà un prototype de locomotive hybride et entièrement électrique. Leur introduction réduirait la pollution pour les travailleuses et les travailleurs des gares de triage et des entreprises ferroviaires. Elle viendrait également diminuer la pollution dans les quartiers où se trouvent ces gares. Dans les grandes villes des États-Unis, ces quartiers sont souvent des endroits où résident des personnes racisées. Le gain est donc triple, pour le quartier, pour les syndiqué-es et pour l’environnement.

Le syndicat de UE ne se contente pas de fabriquer les trains électriques, il milite aussi afin de faire changer les règles qui limitent la pollution des trains de l’Environmental Protection Agency (EPA). « Des règles plus strictes sur les moteurs pourraient forcer les compagnies à acheter électrique », estime Kari Thompson, selon qui l’EPA est en voie de passer à l’action. Or, comme l’industrie ferroviaire du Canada et celle des États-Unis sont interconnectées, le lobby syndical de UE pourrait avoir un effet de notre côté de la frontière.

Solidarité internationale

Au-delà de l’exemple des trains électriques, la solidarité internationale peut s’exprimer de plusieurs façons.

« On doit mieux communiquer entre nous, fait valoir la représentante de UE. Elle précise que les gains en négociation des uns peuvent aider les autres syndicats dans les pays où cette multinationale est établie. Kari Thomson donne l’exemple de syndicats en Belgique, qui profitent de lois sur l’accès à l’information pour les entreprises et qui peuvent parfois informer les syndicats de la même multinationale dans d’autres pays.

La collaboration internationale entre les syndicats peut également s’appliquer lors de la négociation et de la mise en place des accords de commerce international. La représentante de UE rappelle que les derniers accords et programmes de soutien du secteur automobile incluent des exigences de fabrication en Amérique du Nord. Or, si les usines vont au Mexique, les conditions de travail ne seront pas les mêmes, conclut-elle.

L’oxygène du mouvement

Les agentes et agents multiplicateurs sont des militantes et des militants engagés sur le terrain afin d’établir des contacts et de développer la syndicalisation. Ils œuvrent dans des territoires inconnus et souvent hostiles. Les AMS sèment l’autonomie, la démocratie et la solidarité qui font la force de la CSN. Ces valeurs sont déterminantes pour l’organisation de milieux de travail non syndiqués.

Pour être efficace, une ou un AMS a besoin de préparation, de discernement et parfois d’un peu de chance.

Choisir son terrain pour s’en rendre maître

Les agentes et agents multiplicateurs en syndicalisation agissent près des milieux de travail pour des prises de contact, la distribution de contenus informatifs, la signature de cartes. La maîtrise du terrain consiste donc à repérer les zones à risque (propriété privée), celles qui sont exposées (entrée du site de travail) ou publiques (le Tim Horton au coin de la rue). Chacun de ces espaces possède ses propres règles du jeu. Une fois la question du terrain résolue par un repérage minutieux se pose la question de quand passer à l’action.

L’art subtil de se faire des camarades au travail

Les abus d’un employeur, la réputation de la CSN et ses victoires ne suffisent pas toujours à aller chercher de nouveaux membres. Convaincre du bien-fondé du syndicalisme est avant tout affaire de stratégie et de présence sur le terrain. La syndicalisation n’est pas nécessairement le premier réflexe pour régler ses problèmes au travail. Les AMS propagent par leurs actions la volonté de s’organiser dans nos régions. Ils sont un complément essentiel aux salarié-es du Service de syndicalisation de la CSN.

Le rôle infime, mais décisif de la chance

C’est souvent le manque de respect de l’employeur (sur le plan humain, organisationnel ou de la rémunération) qui agit en tant que force numéro 1 guidant l’adhésion syndicale. Toute campagne part d’un mécontentement profond et généralisé. Il faut donc trouver la bonne personne, au bon moment et au bon endroit. Il s’agit d’une part d’aléatoire non négligeable essentielle pour démarrer une campagne. Comme la présentation de l’action de syndicalisation de la CSN de mercredi l’a montré, la route est semée d’embûches antisyndicales : de l’envie de se syndiquer à l’accréditation, le travail d’AMS est parfois difficile et ingrat.

Mais ce que nous apprend l’histoire de la CSN depuis 1921, c’est qu’un combat juste doit toujours être mené.

Solidarités avec le peuple palestinien et les employé-es d’Olymel

Ce mercredi en congrès, la CSN a réitéré son appui historique au peuple palestinien et s’est engagée à signer la déclaration intitulée Appel contre l’apartheid des syndicats palestiniens. La centrale encourage également ses organisations affiliées à faire de même.

Lundi dernier marquait le 75e anniversaire de la Nakba (la catastrophe en arabe), c’est-à-dire le début de l’occupation de la Palestine. Cet anniversaire survient dans un contexte d’accroissement des violences et du nombre de victimes du régime. Présent au congrès, le militant palestinien Mustafa Barghouti déplore déjà 98 morts de Palestiniennes et de Palestiniens cette année. L’an dernier, le total s’élevait à 230 décès.

Mustafa Barghouti réitère l’appel lancé par le mouvement syndical palestinien, le 10 avril dernier, pour que cesse « le système d’occupation, de colonisation et d’apartheid ». Il demande également à la CSN de faire pression sur le gouvernement canadien et québécois afin qu’ils « soutiennent les efforts des Nations unies pour enquêter sur l’apartheid israélien ; qu’ils interdisent le commerce des armes et la coopération militaro-sécuritaire avec Israël ; qu’ils suspendent les accords de commerce avec Israël qui sont complices de l’apartheid et de l’occupation militaire israéliens et qu’ils interdisent le commerce avec les colonies israéliennes illégales. »

Appui aux travailleuses et aux travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction

En plus de réitérer son appui au peuple palestinien, le congrès a également appuyé une motion engageant la CSN et ses organisations affiliées à faire des pressions politiques pour que « l’ensemble des travailleuses et des travaillla précédente eurs de l’usine d’Olymel Vallée-Jonction puissent être reclassés dans un autre emploi, et ce, dans un rayon limitrophe de leur travail actuel ».

La motion mandatait également la CSN et ses organisations affiliées pour « faire pression sur les élu-es du gouvernement fédéral afin qu’ils passent rapidement de la parole aux actes en libérant de leurs chaînes les travailleuses et les travailleurs immigrants temporaires détenant un permis de travail fermé ». C’est le président de la Fédération du commerce–CSN, Alexandre Laviolette, qui en a fait la proposition au plancher. Ce dernier précise par ailleurs que 123 travailleuses et travailleurs étrangers temporaires de l’usine habitent en Beauce et désirent y demeurer.

C’est avec beaucoup d’émotion que le président du syndicat de Vallée-Jonction, Martin Maurice, a remercié les congressistes de leur appui.

Rappelons que les propriétaires de l’usine d’Olymel Vallée-Jonction annonçaient il y a un mois la fermeture à venir de leur usine, entraînant l’abolition de 1 000 emplois.

Comité exécutif : cinq candidats élus par acclamation, deux en élection

À la clôture des mises en candidature au comité exécutif de la CSN, les congressistes ont appris qu’une seule élection se tiendra et qu’elle sera pour la présidence. Les deux personnes en lice sont l’actuelle présidente de la CSN, Caroline Senneville, ainsi que Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des produits Bridor–CSN. Tous deux s’adresseront aux délégué-es jeudi matin à 8 h 30. Le vote débutera jeudi à compter de 12 h 30 et se terminera à 15 h. Le scrutin se tiendra à la salle 220E. Chaque congressiste est encouragé à exercer son droit de vote.

Les autres membres du comité exécutif, pour leur part, ont été réélus par acclamation. « C’est avec beaucoup de fierté et d’humilité que je vais poursuivre le travail militant que j’ai entamé avec mes collègues du comité exécutif. Je vais être portée par la confiance que vous m’apportez », a remercié Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN. Elle souhaite continuer de « faire en sorte que les syndicats, les conseils centraux, les fédérations, la CSN, les militantes et militants et les salarié-es puissent travailler en cohésion ».

De son côté, Yvan Duceppe a été reconduit au poste de trésorier. Élu lors du congrès de 2021, il a d’abord salué le plaisir de s’adresser de vive voix aux délégué-es. « Ce qui est fondamental, c’est de travailler à se donner les moyens de nos luttes, de nos combats, a-t-il déclaré. Avec ma vision, ma capacité d’écoute, ma transparence, je veux toujours travailler avec une CSN qui agit, une CSN qui ose, une CSN qui s’implique », a résumé le trésorier.

À la première vice-présidence de la CSN, François Enault s’est aussi vu attribuer un second mandat. « C’est avec émotion que je vous remercie de me faire confiance. C’est significatif d’être élu en congrès. Je suis très heureux de pouvoir poursuivre le travail largement entamé, a-t-il mentionné aux congressistes. Comptez sur moi pour fournir toutes les énergies nécessaires afin de permettre aux travailleuses et aux travailleurs d’améliorer leurs conditions », a-t-il déclaré.

« À la CSN, c’est toutes et tous ensemble qu’on réalise de grandes choses. Ça commence avec vous et ça remonte vers les membres du comité exécutif, a poursuivi le deuxième vice-président de la centrale, David Bergeron-Cyr. Mes ami-es, j’ai envie de continuer avec vous les batailles qu’on a commencées. Je veux continuer à pratiquer un syndicalisme de proximité et de combat. On ne lâche rien ! », a lancé le dirigeant.

La troisième vice-présidente, Katia Lelièvre, entame également un second mandat. « Quand tu te rends compte que ton boss a plus besoin de toi que toi de lui, se tenir debout relève de l’évidence. On va continuer à se battre, a promis la dirigeante avant de remercier les délégué-es. « Je vous remercie pour votre solidarité, votre combativité, votre fougue. C’est pour ça que j’ai envie de continuer à me battre à vos côtés », a conclu Katia Lelièvre.

Ces nouveaux syndicats qui joignent la CSN

Les témoignages présentés par vidéo au congrès sont accablants. « On était vraiment isolés. Parfois, on travaillait de longues journées et on n’était pas rémunérés, car on est payés à l’image », explique Calvin Brett, professionnel de l’animation 2D, pour décrire les conditions prévalant avant la syndicalisation de son milieu de travail.

Andréanne Girard, intervenante en maison d’accueil pour sans-abris, renchérit : « Il y avait du favoritisme et beaucoup d’injustices, on n’avait pas de sécurité d’emploi, on pouvait travailler à temps plein une semaine et seulement huit heures la semaine d’après ». Elle ajoute : « Quand j’ai demandé pourquoi les employé-es d’agence étaient mieux payés que nous, on m’a répondu que j’étais un leader négatif. Et que les leaders négatifs, ils seraient renvoyés », se rappelle Philippe Couture, Sauveteur et Poteau au Village Vacances Valcartier.

On ne naît pas syndicaliste, on le devient. Et trop souvent, ce sont les abus d’un employeur ou sa cupidité qui poussent à s’unir pour se faire respecter.

Un plan commun de syndicalisation
Sans le travail formidable de l’équipe de syndicalisation de la CSN et des agentes et agents multiplicateurs en syndicalisation (AMS), il aurait été impossible d’atteindre ces nouveaux camarades, a rappelé David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN. « Toutes les luttes que nous menons ensemble inspirent des milliers de travailleuses et de travailleurs et les incitent à joindre notre mouvement », résume-t-il. Lors de sa présentation mercredi portant sur les nouveaux syndicats affiliés à la CSN, il a évoqué le plan commun de syndicalisation animé par une coordination nationale et ses excellents résultats. David a évoqué l’objectif majeur d’augmentation du taux d’adhésion syndical au Québec pour augmenter le rapport de force face aux employeurs.

Le symbole Amazon
La multinationale, symbole de tous les excès du capitalisme et deuxième employeur le plus important des États-Unis, est pour David Bergeron-Cyr un enjeu mondial. La moitié des accidents de travail dans les entrepôts aux États-Unis se produisent d’ailleurs chez Amazon. Partout dans le monde, les employé-es de cette multinationale s’organisent pour se syndiquer et pour contester la gestion brutale et inhumaine de son PDG plein aux as – sa richesse personnelle représente un tiers du PIB du Québec.

Après le succès inspirant des employé-es d’Amazon à Staten Island, en banlieue de New York en janvier dernier (la toute première accréditation syndicale d’Amazon en Amérique du Nord), il est légitime pour la CSN d’appuyer la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs des entrepôts du Grand Montréal et d’ailleurs.

Le rapport de force, pourquoi et comment l’exercer ?

À la question portant sur la cohésion entre les orientations des organisations formant la CSN, plusieurs participantes et participants ont évoqué l’importance de « partir de la base ».

« Faut que ça parte du plancher et non le contraire », ont affirmé certains. « J’ai quitté une autre organisation exactement pour ça : on était gérés. On n’avait aucun contrôle sur notre syndicat ». D’autres ont toutefois nuancé. « Lorsqu’une organisation – un conseil central par exemple – se vote des orientations, ça vient des membres. Les syndicats ont aussi le devoir de faire vivre ces orientations, de les redescendre sur le plancher et d’y mener les débats. Ça part de la base, ça remonte, et ça doit redescendre. »

Sur l’éternel défi de favoriser la participation des membres, plusieurs ont souligné l’importance d’une communication efficace. Par efficace, on a sous-entendu « qui provoque l’écoute et engendre un dialogue ». D’autres ont évoqué la nécessité de bien comprendre la réalité des membres. Dans plusieurs syndicats, rejoindre les travailleuses et les travailleurs étrangers constitue un beau défi. « Chez nous, c’est 30 à 40 % de notre effectif. On a donc modifié nos méthodes pour aller vers une approche plus familiale, plus communautaire et ça fonctionne ! » Certains ont précisé avoir fait une place au sein du comité exécutif aux travailleuses et aux travailleurs d’origines diverses. « On n’a pas attendu qu’ils viennent à nous. On a pris les devants. Leur apport est précieux. »

À propos de ce que devrait être la priorité des actions politiques qui dénoncent les injustices vécues par les travailleuses et les travailleurs, le partage plus efficace de la richesse a largement été revendiqué. « Les plus riches de ce monde font 300 fois plus que nous autres. Y’en a de l’argent, de ce côté-là de la clôture. Ils ne veulent juste pas la partager. » Certains ont évoqué l’importance de partager non pas pour remettre aux individus, mais plutôt au collectif. « Dans les CPE, on a de plus en plus d’enfants à défis particuliers. On a besoin d’aide, on a besoin de soutien. Le partage de la richesse, ça doit servir au collectif aussi. »

Concernant la tenue d’éventuels états généraux sur le syndicalisme, la plupart étaient en faveur de ce genre d’exercice. Bien sûr, la délicate question de l’image médiatique du syndicalisme a fait réagir. « On est montré comme des chialeux, alors qu’on représente les solutions. Faut que le monde comprenne ça. » Toutefois, l’importance de la relève syndicale s’est démarquée comme l’un des enjeux prioritaires. « Si on est capables

d’attirer la relève, de convaincre de plus en plus de gens, il va en rester moins pour médire à propos des syndicats. La relève, c’est la clé. »

Finalement, l’analyse, le développement et l’exercice du rapport de force ont été ciblés comme étant prioritaires. Certains ont mis l’accent sur l’importance de bien calculer l’atterrissage suivant l’exercice musclé d’un rapport de force. « Quand ton rapport de force est très solide, les membres le savent et s’attendent à des résultats de même envergure. Il faut que le deal soit fort, sinon tes membres vont être déçus. De là toute l’importance d’analyser finement l’évolution de la conjoncture tout au long d’une négociation. »

Les résolutions seront débattues et soumises au vote demain.

Là où le mot « nation » prend tout son sens

Ce n’est pas d’hier que la CSN entretient des liens étroits avec les représentantes et les représentants du syndicat basque ELA (Solidarité travailleurs basques). À preuve, le premier contact entre la CSN et Amaia Muñoa, l’actuelle secrétaire générale adjointe du syndicat présente au congrès de la CSN, remonte à 2001, au Sommet des Amériques à Québec. Amaia venait alors tout juste d’être élue trésorière de ELA.

Une amitié tissée serrée
Malgré les images brouillées par les gaz lacrymogènes qui demeurent à l’esprit de bien des gens, les souvenirs que garde Amaia de cet événement demeurent limpides : « Je m’en souviens comme si c’était hier. Bien sûr, il y avait beaucoup d’agitation parmi les manifestantes et les manifestants et les affrontements avec les forces de l’ordre étaient particulièrement musclés. Mais ce qui m’a le plus marquée à l’époque, c’est cet accueil si chaleureux que nous avait réservé la CSN. C’est comme si nos partenaires de ce mouvement s’étaient fait un devoir de nous protéger dans tout le tumulte ambiant. C’est là que j’ai tissé mes premiers liens d’amitié avec le Québec et la CSN ».

Nations sans État et convergence des luttes
Lorsqu’on questionne Amaia et son collègue Unai Oñederra – lui aussi délégué de ELA présent au congrès de la CSN – sur la nature des liens qui unissent les deux organisations syndicales, les deux répondent du tac au tac : « Nous sommes deux grandes organisations syndicales évoluant au sein de nations sans État. Nous avons une histoire et un passé similaires, traversés par plus d’un siècle de luttes pour l’amélioration des conditions de travail de nos membres, mais aussi pour l’émancipation de nos nations respectives. Nous avons beaucoup appris de nos expériences mutuelles et avons encore beaucoup à apprendre de nos défis communs. »

Unai est aussi directeur de la Fondation Manu Robles-Arangiz créée par ELA en 1991 afin de promouvoir et de développer les valeurs du mouvement syndical basque. Pour lui, ces deux luttes, nationale et syndicale, sont indissociables : « La lutte pour l’amélioration des conditions de travail et des conditions de vie de nos compatriotes va de pair avec celle pour l’indépendance du Pays basque. Il s’agit des deux côtés de la même médaille », insiste-t-il.

Syndicalisme de combat
En plus de ces traits de convergence historiques, le style de syndicalisme même que pratique ELA s’apparente à celui de la CSN. « Pour faire face aux enjeux actuels et aux nombreux défis auxquels nous sommes tous collectivement confrontés, ça prend du nerf et de la détermination, explique Amaia. C’est ce que j’ai toujours aimé à la CSN, cette combativité dans le militantisme. On l’a vu encore dans la rétrospective des luttes présentée lors de la journée d’ouverture du congrès. C’est là qu’on voit tous les gains concrets qu’on peut réaliser lorsqu’on se mobilise avec pugnacité. »

50 ans de luttes conjointes : les syndicats demandent toujours le respect

La négociation du secteur public battant son plein, la CSN a voulu souligner les 50 ans du premier Front commun de 1972 par une courte rétrospective de cette négo au fil des ans. La projection du documentaire s’est close avec une ovation et des chants solidaires qui ont ouvert la troisième journée du rassemblement.

Dans la conjoncture politique du moment, les troupes se mobilisent devant un gouvernement qui « tend vers un appauvrissement des conditions de travail dans le secteur public », soutient François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Pour le responsable de la négociation des secteurs public et parapublic, « les travailleuses et les travailleurs, comme en 1972 avec Robert Bourassa, considèrent que le gouvernement Legault a peu de respect pour leur profession. C’est pour ça que le monde se mobilise. » Pour une huitième fois au cours de l’histoire québécoise, les trois grandes centrales syndicales, accompagnées cette fois de l’APTS, ont décidé de se réunir à la table des négociations.

« Le Front commun, c’est super important. On est toutes et tous dans le même bateau, on a besoin du plus de bras possible pour assurer une bonne mobilisation et pour que le message passe », avance Yves Sabourin, vice-président à la vie syndicale, à la mobilisation et à l’information du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux de l’Outaouais–CSN.

En 1972, la revendication principale était de 100 $ minimum par semaine. « En 2023, la moyenne de la demande salariale du Front commun équivaut, pour la première année, à 100 $ de plus par semaine. Le gouvernement dit que ça n’a pas de bon sens, mais en même temps, les député-es vont se voter dans quelques jours une augmentation de 30 %, ce qui équivaut à 582 $ par semaine. C’est rire de nous autres », affirme François Enault. Pour la majorité des élu-es, l’indemnité annuelle de base passerait à 131 766 $, à laquelle s’ajoutent des primes dans la plupart des cas.

Une privatisation accélérée

La sauvegarde des services publics est le nerf de la guerre dans la bataille de l’heure, pour les militantes et les militants du secteur. Avec le dépôt du projet de loi 15 et l’objectif d’implanter la mégastructure que sera l’agence Santé Québec, le mouvement vers la privatisation se fera en accéléré et ce sont les contribuables qui « risquent d’en payer la facture ». Pour le premier vice-président de la CSN, « la vraie bataille est celle du maintien des services publics forts au Québec. Il faut s’adresser à l’ensemble du monde, pour que le message soit bien compris par toute la population. Ce n’est pas vrai qu’on va laisser le gouvernement nous pousser vers une privatisation de plus en plus grande », ajoute-t-il dans son discours d’aujourd’hui.

Annoncer des reculs acquis au terme de longues batailles a habituellement un effet mobilisateur. Dans son dépôt de décembre dernier, la CAQ proposait des reculs dans les

régimes de retraite. Pour le Comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP), le gouvernement utilise comme prétexte les départs hâtifs à la retraite provoqués par la récente bonification du Régime des rentes du Québec (RRQ). Il cherche ainsi à réduire la rente et à reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre, alors que le régime est en pleine santé. « Un des avantages que les travailleuses et les travailleurs du secteur public ont, c’est bien le régime public de retraite. Ça mobilise notre monde que le gouvernement touche à ça », estime François Enault.

Ensemble, la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur. Cinquante ans après le premier Front commun, les centrales unissent une fois de plus leurs forces pour la ronde de 2023.

Les technologies doivent servir les travailleuses et les travailleurs

Les progrès technologiques touchent particulièrement certains emplois de l’industrie de la construction. Par exemple, il y a une vingtaine d’années, les arpenteuses et les arpenteurs travaillaient toujours en équipe de deux sur les chantiers. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec l’informatisation des équipements, l’utilisation de robots, de drones et des technologies de localisation comme le GPS, ils travaillent maintenant seuls. Et ce n’est pas sans conséquence.

Le vice-président de la CSN–Construction, Jean-Louis Simard, est bien placé pour en parler : il ne cumule pas moins de 60 000 heures sur les chantiers québécois. « Les arpenteurs doivent maintenant transporter seuls tout leur matériel, souligne-t-il. Il n’y a plus de transfert de connaissances entre les plus anciens et les nouveaux. C’est une source de stress importante pour les plus jeunes, puisqu’on sait qu’une seule erreur, en arpentage, peut coûter très cher. C’est aussi un risque accru d’accident, car toute ton attention est portée sur la machine et forcément moins sur l’environnement autour. »

Pour la CSN–Construction, qui place la santé-sécurité au sommet de ses priorités, c’est un enjeu bien réel. « Les employeurs sont prêts à investir dans les nouvelles technologies, mais malheureusement, pas mal moins dans la santé et la sécurité », déplore-t-il.

Pourtant, la technologie peut aussi servir à assurer la sécurité de toutes et de tous sur les chantiers. Il mentionne, par exemple, un système utilisé sur celui de l’échangeur Turcot : tous les salarié-es portent un capteur spécial dans leur casque, lequel est relié aux véhicules lourds. Ainsi, si un risque de collision est détecté, le véhicule tombe automatiquement au neutre. Une belle innovation, trop peu répandue.

Jean-Louis Simard croit qu’on verra de plus en plus d’automatisation complète de certaines tâches, et pas seulement dans l’arpentage. Pensons au travail de forage du tunnel du REM, sous le Mont-Royal, effectué par une machine téléguidée à partir d’un bureau. Le vice-président de la CSN–Construction se garde bien de rejeter ces nouvelles technologies. Il souligne que celles-ci peuvent faciliter certaines tâches et diminuer le risque d’erreur de calcul.

GPS
Lorsqu’on parle de nouvelles technologies dans la construction, on ne peut faire fi de l’introduction d’un nouveau système de compilation des heures qui a été au cœur d’un conflit de travail ces dernières années. Les syndicats s’opposaient à l’obligation pour les travailleuses et les travailleurs d’installer une application de pointage sur leur téléphone personnel. Les syndicats, dont la CSN–Construction, n’ont pas pu en empêcher le déploiement. Toutefois, ils ont forcé la mise en place de plusieurs balises afin de protéger la vie privée des salarié-es, dont l’obligation pour l’employeur d’obtenir le consentement écrit de la personne salariée.

Réforme annoncée
Les prochains mois ne seront pas de tout repos à la CSN–Construction. En effet, le gouvernement a annoncé son intention d’augmenter la « versatilité » sur les chantiers. À ses yeux, cela implique de revoir l’organisation de l’industrie, notamment en ce qui a trait à la distribution des tâches entre les différents métiers. Le gouvernement demande à la Commission de la construction du Québec (CCQ) de trouver un terrain d’entente entre les syndicats et les employeurs.

De tels changements doivent d’abord être débattus au Comité sur la formation professionnelle dans l’industrie de la construction, un lieu paritaire. Car plusieurs questions sont en jeu, notamment celle de la formation pour les futurs salarié-es comme pour celles et ceux qui sont déjà dans l’industrie. De plus, il faudra s’assurer que ces changements n’auront pas comme effet de diminuer la rémunération pour certains d’entre eux, puisque les taux de salaire ne sont pas les mêmes dans tous les métiers… Des discussions sont en cours, mais personne ne peut prédire actuellement si un consensus pourra émerger.

Si le gouvernement et les patrons ont tendance à dénoncer « l’immobilisme syndical », il faut rappeler que les syndicats ont déjà accepté, dans le passé, de procéder à certains changements, par exemple en permettant aux apprenti-es dans certains métiers de procéder au ramassage de débris, ce qui était auparavant réservé aux manœuvres de l’industrie. Rappelons également que les syndicats ont déjà accepté de réunir les métiers d’opérateurs de machinerie lourde et de pelle mécanique. Si ce changement n’est pas mis en œuvre actuellement, cela s’explique surtout par la vétusté du système informatique de la CCQ, datant de 1972…

Pareils, mais différents

« Nos organisations mènent des luttes similaires, dont celle contre ce que nous appelons la digitalisation du travail, une dévalorisation qui se manifeste par l’absence ou le manque de créativité, les tâches répétitives, bref, par une perte de sens au travail. Cette perte de sens est accentuée par l’inégalité des statuts d’emploi qui implique forcément une inégalité des salaires versés. Alors que le secteur public tirait les conditions de travail vers le haut avec des emplois dits statutaires (permanents), nous constatons que le privé ne fait pas mieux et que même dans le public, les conditions sont tirées vers le bas avec la création de postes plus précaires.

« Les travailleuses et travailleurs sans-papiers vivent aussi de la discrimination similaire à celle contre laquelle vous luttez ici. Plus précaires, ils acceptent souvent des postes mal payés que d’autres refusent, des emplois peu valorisants. Nous militons donc pour qu’il y ait une régularisation de leur statut, ce qui amènerait automatiquement un rehaussement important de leurs conditions de travail afin de tirer ces salarié-es vers le haut et de contrer la dévalorisation du travail.

Et différents

« Notre organisation regroupe 1,5 million de membres, y compris les sans-emploi affiliés que nous représentons et à qui notre organisation verse les indemnités de chômage que nous recevons de l’État. Plus besoin de déclarer ses semaines au gouvernement, le versement se fait plus rapidement, plus facilement et nous soutenons leurs efforts pour retrouver un emploi, pour refaire leur CV, etc. Les sans-emploi sont membres à part entière et participent à tous nos congrès.

Contrer l’ubérisation et la précarisation du travail

« Nous travaillons aussi à la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs de plateforme, de celles et de ceux, par exemple, qui livrent des repas via des applications, les faux indépendants qui ont le même employeur, afin d’élever leurs conditions de travail. On veut assurer leur santé et leur sécurité au travail tout en leur donnant accès aux protections sociales. Nous avons récemment vu, au Brésil, des applications pour obtenir les services d’un avocat payé à l’acte et donc précarisé, et nous devons organiser ces nouvelles formes d’accès au travail afin de leur garantir de bonnes conditions d’exercice.

« Nous travaillons également sur la mise en place de lois qui imposeraient un devoir de vigilance. Cela impliquerait que les maisons-mères des multinationales soient responsables et redevables pour toute la chaîne de production, du producteur de cacao en passant par celui qui le transforme pour le consommateur. Nous avons d’ailleurs tissé des liens avec la CSN lors de la courte grève des salarié-es de Barry Callebaut, en septembre 2019. Puisque nous avons la transparence financière en Belgique, nous avons divulgué les renseignements financiers nécessaires à la négociation des salarié-es de Saint-Hyacinthe.

« Finalement, comme vous, nous vivons une montée de l’extrême droite et nous sommes très vigilants à cet égard. Les élections européennes arrivent chez nous en 2024, à tous les niveaux de pouvoir du pays, et cela coïncide aussi avec les élections syndicales qui ont lieu tous les quatre ans. Nous avons des règles concrètes afin d’éjecter tout délégué-e affichant de telles postures politiques. Il n’est pas question pour nous de laisser l’extrême droite prendre place dans des organisations qui luttent pour la solidarité, l’entraide et la justice sociale. »

La CSN en bonne santé financière grâce à une forte croissance du nombre de membres

Fidèle à la longue tradition de transparence et de reddition de comptes propre à la CSN, le trésorier de la confédération, Yvan Duceppe, a présenté aujourd’hui aux délégué-es du congrès les états financiers de l’exercice se terminant le 28 février 2023, en plus des prévisions budgétaires 2023-2026.

Les quelque 2 000 congressistes présents ont ainsi pu constater que la CSN demeure en bonne santé financière avec des excédents enregistrés dans chacun des trois fonds sur lesquels repose la structure financière de l’organisation, à savoir le Budget de fonctionnement, le Fonds de défense professionnelle (FDP) ainsi que le Fonds de soutien extraordinaire (FSE).

Croissance du nombre de membres
Ces excédents, notamment celui du Budget de fonctionnement qui s’élève à près de 27,7 M$, s’expliquent entre autres par une forte croissance du nombre de membres CSN qui a porté les revenus de per capita à un niveau jamais atteint auparavant. « Au cours du dernier exercice financier, il y a eu en moyenne près de 28 000 membres cotisants de plus que ce qui avait été budgété lors du dernier congrès, portant ainsi les revenus de cotisations à plus de 281,6 M$ », se réjouit Yvan Duceppe.

« Cette croissance importante du nombre de membres cotisants témoigne de toute l’attractivité du mouvement CSN. Il va sans dire que cela constitue aussi une bonne nouvelle pour la santé financière de notre organisation », poursuit le trésorier.

Plusieurs nouvelles ressources
Cette situation, jumelée à l’atteinte d’économies substantielles découlant de la pandémie, a donc permis à la CSN de bonifier les services aux syndicats et de déployer un programme de mentorat. Celui-ci vise à accompagner et à outiller les conseillères et les conseillers du mouvement pour assurer la continuité des services et mieux répondre aux besoins des syndicats.

« Nous croyons que l’ajout de ces ressources représente une marque de foi envers l’avenir de notre mouvement, puisque le déploiement de celles-ci va nous permettre d’aborder les nombreux défis qui nous attendent avec encore plus de confiance », ajoute Yvan Duceppe.

FDP : l’outil de solidarité par excellence
Du côté du Fonds de FDP, le nombre moyen de prestations hebdomadaires de grève et de lock-out a plus que quintuplé par rapport au dernier mandat, passant de 93 en 2017-2020 à 538 en 2020-2023. Voilà qui représente un montant total versé de plus de 25,6 M$ aux membres affectés par ces conflits depuis la bonification du niveau des prestations qui avait été adoptée lors du dernier congrès.

Malgré cette somme importante, les revenus du FDP demeurent plus élevés que les dépenses, ce qui en confirme la bonne santé financière. « Plus que jamais, le FDP est en mesure de soutenir les luttes de celles et de ceux qui veulent améliorer leurs conditions de travail ou simplement se faire respecter. C’est dans un tel contexte qu’un outil de solidarité aussi puissant que le FDP prend tout son sens », conclut Yvan Duceppe.

Tout au long de la séance plénière, les délégué-es ont pu débattre des différentes propositions portant sur les finances. Les débats se poursuivront jeudi, jour où les congressistes seront appelés à adopter la proposition budgétaire 2023-2026 qui permettra à la CSN de soutenir les activités de ses organisations affiliées et, au premier chef, celles de ses membres.

Des milieux de travail alliés contre la violence conjugale

Un dîner-causerie accueillait ce midi les délégué-es interpellés par la question de la violence conjugale en milieu de travail. Si on se fie à la participation à cette activité qui affichait complet, la mobilisation des syndicats dans la lutte contre la violence semble essentielle.

Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN et responsable du dossier de la condition féminine, ouvrait la rencontre. L’objectif était « d’aborder un sujet important et délicat, celui de la violence conjugale. Même si on en parle un peu plus, selon Statistique Canada, seulement 30 % des victimes portent plainte… c’est donc un fléau et il y a plusieurs enjeux sur lesquels s’attarder aujourd’hui ». La secrétaire générale invitait chaleureusement les personnes présentes à participer à la période d’échange qui s’est tenue après la conférence.

Cette activité, qui s’est déroulée au Holiday Inn Montréal centre-ville en marge du congrès, est portée par Emmanuelle Proulx, responsable du comité confédéral de la condition féminine de la CSN. « Le but de la rencontre est d’initier les gens à la réalité de la violence conjugale en contexte de travail. Il faut que les gens réalisent que la violence conjugale, ça se poursuit au travail, pas nécessairement en matière d’actes, mais que la victime vit ça, même quand elle est sur les lieux de travail. Notre objectif est vraiment qu’il y ait une prise en charge syndicale de cette réalité », explique la conseillère syndicale.

Pour l’occasion, les organisatrices de l’événement ont invité Arina Grigorescu, chargée de projet des milieux de travail alliés contre la violence conjugale au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, à présenter une conférence de sensibilisation en la matière. Ce regroupement est un vaste réseau engagé depuis 1979 pour le droit à l’intégrité physique et psychologique des femmes. « Notre travail, c’est de représenter les droits des femmes et des enfants victimes de violence conjugale. Au regroupement, on va porter leur voix et sensibiliser les gouvernements et les autres intervenants sociaux, » annonce Arina Grigorescu.

Le programme Milieux de travail alliés contre la violence conjugale a été mis sur pied en 2021. Il propose aux employeurs et aux syndicats québécois une série d’actions de sensibilisation et de mesures visant à rendre les milieux de travail plus sécuritaires et aidants pour les victimes de violence conjugale. Les syndicats doivent désormais se positionner comme des alliés en favorisant la prévention des impacts de la violence conjugale au travail.

Le secteur du papier commence sa transition

La baisse de consommation de papier de toutes sortes est constante depuis longtemps. Même si cette réalité est connue depuis des années, la transition commence à peine à se montrer le bout du nez.

« On développe la nanocellulose, notre employeur a décidé d’aller là », indique Gilles Vaillancourt, président du Syndicat national des travailleuses et travailleurs de Kénogami–CSN. Un projet pilote est en place depuis un mois et demi et la production annuelle prévue est de 125 tonnes en 2023. Cette nouvelle fibre peut servir à plein d’endroits, pour solidifier le béton, faire des pare-chocs ou encore des pellicules transparentes qui remplacent celles qui sont faites en plastique de pétrole. « Il n’y a pas encore de clients, mais plusieurs acheteurs potentiels font des tests en ce moment », précise Gilles Vaillancourt.

La fin du plastique à usage unique a été annoncée par le gouvernement Trudeau, mais l’entrée en vigueur se fait de façon très progressive. Une accélération de cette réglementation aiderait grandement la transition du secteur du papier.

« Le marché mondial du papier baisse de 10 % à 14 % par an mondialement. On se tire d’affaire, notamment avec les magazines qui passent maintenant du papier couché au papier calandré, un papier moins dispendieux que nous produisons », ajoute Gilles Vaillancourt, lequel estime que son usine n’est pas en mauvaise posture étant donné les récents investissements de 38 M$ à l’usine Résolu de Kénogami sur le papier calandré et la nanocellulose.

Manque d’investissement à Alma
La situation est moins reluisante à l’usine de Résolu d’Alma. « La machine numéro 9 est en arrêt à cause du supposé manque de commandes », lance Jean-Pierre Rivard, président du Syndicat national des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers d’Alma–CSN, qui craint la perte d’une machine si aucun investissement ne survient dans les années à venir.

L’usine d’Alma produit du papier pour les imprimantes ou les livres de poche ainsi que du papier journal. Il y a eu des essais de production de papier d’emballage pour le secteur alimentaire, mais les commandes ne suivent pas. « Ils disent que le marché va là, mais ils ne prennent pas le risque », analyse Jean-Pierre Rivard. Selon lui, l’usine est victime de son succès, puisque le patron affirme constamment que la production de papier va bien et que l’usine est payante. Le président ajoute que le prix du papier a tout de même augmenté de 300 $ la tonne en un an. Les derniers investissements datent cependant de 2004 à Alma.

Incertitude avec Paper Excellence
Le gros point d’interrogation pour les travailleuses et les travailleurs de Résolu est la direction que prendra l’entreprise depuis son achat par la multinationale indonésienne Paper Excellence. Tous les syndiqué-es se demandent s’il y aura des investissements et une transition claire dans les usines qui appartenaient à Résolu ou si la philosophie de pressage de citron de l’ancien propriétaire va perdurer. Des rumeurs veulent que l’usine de Gatineau passe à la production de carton ondulé, mais rien n’est encore certain, compte tenu des nouveaux patrons qui n’ont pas encore rencontré les employé-es.

Entente de principe acceptée à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

L’entente de principe intervenue entre le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec–CSN et l’employeur a été acceptée à 77 % en assemblée générale ce lundi soir 15 mai.

« Sur une entente de six ans, nous avons obtenu 2 % d’augmentation pour 2020, 2021 et 2022 et une clause de parité liée à la négociation du secteur public avec une garantie d’un minimum de 1 % pour 2023, 2024 et 2025. Nous avons également obtenu une majoration salariale pour les plus bas salarié-es et nous toucherons divers montants forfaitaires pour les années 2020 et 2021. Nous avons triplé la contribution de l’employeur à nos assurances collectives, nous avons bonifié diverses primes et nous avons notre propre structure salariale qui diffère de celle du secteur public. Seul bémol, nous n’avons pas reçu de sommes compensatoires à la hauteur de ce que l’exercice du maintien de l’équité salariale nous aurait permis d’obtenir. Malgré tout, dans le contexte actuel, nous sommes satisfaits des gains obtenus. Il va sans dire que dans le cadre de notre prochaine négociation, nous allons revenir à la charge afin d’obtenir de meilleures conditions pour toutes et tous », déclare Sylviane Cossette, présidente du syndicat.

« Nous saluons la mobilisation des membres du syndicat qui leur a permis d’aller chercher des gains satisfaisants pour la majorité d’entre eux. Rappelons que les salarié-es de BAnQ partaient de loin : ils touchaient les salaires parmi les plus bas dans le domaine des bibliothèques et archives du Québec. Rappelons également que les budgets de BAnQ ne sont pas indexés et que l’établissement assume un déficit constant qui augmente chaque année, ce qui affecte directement ses opérations. Tant que le gouvernement ne corrigera pas ce sous-financement chronique, il sera difficile d’obtenir de meilleures conditions de travail pour celles et ceux qui protègent pourtant notre culture collective », ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans 13 établissements de BAnQ.

 

 

Crise de l’information : un avenir en demi-teinte

La transition vers une information hybride, parfois papier, parfois entièrement numérique, ne s’est pas faite sans heurts pour les médias québécois. Comme partout dans le monde, la recherche d’un modèle de revenus qui assurerait la pérennité de l’information s’est faite au rythme des mises à pied et des fermetures des salles de presse.

C’est une génération entière de nouveaux journalistes qui ont été préparés à la précarité professionnelle dès les bancs d’école. Or, la situation économique de certains médias semble enfin se stabiliser. La pandémie a eu des retombées positives dans les salles de presse et a amené un afflux de lectrices et de lecteurs, de même que de nouveaux revenus publicitaires, notamment des différents paliers gouvernementaux.

« Je suis très optimiste en ce qui concerne le futur du Devoir, j’ai l’impression que la volonté gouvernementale est là. Les gens comprennent l’importance de la liberté de la presse », explique Andréanne Bédard, présidente du syndicat de la rédaction du Devoir.

Même son de cloche du côté de La Presse, qui a amorcé quant à elle l’année 2023 avec des bénéfices évalués à 11 millions de dollars.

Le chemin a toutefois été long pour que le gouvernement agisse concrètement afin d’assurer la viabilité et l’indépendance des médias d’information, et c’est notamment la pression mise par la Fédération nationale de la culture et des communications–CSN qui a permis d’obtenir la mise en place d’un crédit d’impôt remboursable de 35 % pour la masse salariale des salles de nouvelles.

Sur le plan canadien, les travailleuses et les travailleurs du domaine de l’information devraient bientôt pouvoir compter sur l’adoption de la loi C-18 qui forcerait les Google et Facebook de ce monde à négocier des ententes d’indemnisation équitables avec les médias pour le partage de leurs contenus journalistiques, un autre gain de la FNCC–CSN.

Une réalité en demi-teinte

La situation semble plus difficile du côté de la nouvelle Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i) qui rassemble une série de quotidiens régionaux (Le Soleil, Le Droit, Le Quotidien, La Voix de l’Est, La Tribune et Le Nouvelliste). Alors qu’ils avaient réussi à conserver l’édition papier de leurs journaux jusqu’à maintenant, ils se voient finalement forcés de transitionner totalement vers le numérique. Sur le banc des accusés, le coût toujours plus élevé de la production et de la distribution du papier. Cette transition s’accompagne de compressions d’une centaine d’emplois, soit près du tiers des effectifs de la coopérative.

À Montréal, la situation est précaire pour l’information locale, alors que la trentaine d’artisanes et d’artisans derrière le journal Métro et de ses hebdos de quartier pourraient bientôt perdre leur emploi. Métro Média attend toujours l’aide promise par l’administration Plante pour faire face à l’arrêt de la distribution des Publisac et à la perte draconienne de revenus publicitaires.

« Une vraie inquiétude règne au sein de la rédaction depuis quelque temps. On a tous conscience qu’il y a une crise dans l’industrie depuis plusieurs années, on sent que notre domaine d’emploi est précarisé », explique Zoé Magalhaes, présidente du syndicat montréalais de l’information qui représente les employé-es du Métro.

Ainsi, si la situation semble bonne dans certains grands médias, la santé financière est loin d’être au rendez-vous pour toutes et tous. Récemment, Québecor annonçait la suppression de 240 postes, dont 140 directement à TVA. De ces coupes, la majorité ne semble pas affecter les postes de journalistes, mais Pierre Karl Péladeau envisage de nouvelles compressions.

Du côté de Radio-Canada, c’est le spectre de Pierre Poilievre et du Parti conservateur qui angoisse. Ce dernier a récemment réitéré sa proposition de privatiser CBC/Radio-Canada s’il est porté au pouvoir lors des prochaines élections.

Les médias sont donc loin d’être sortis du bois et si certains font preuve d’optimisme, la majorité d’entre eux continuent de faire face aux défis que suppose la transformation en profondeur de leur modèle économique. La fin du modèle papier continue de s’imposer, mais bien futé celui ou celle qui prédira jusqu’où ira ce changement.

Transformation du monde du travail et beaucoup d’émotions

C’est au palais des congrès de Montréal que s’ouvrait ce matin le 67e Congrès de la CSN, où près de 2 000 participantes et participants se sont déplacés. Ce rassemblement permet aux centaines de syndicats présents de se prononcer démocratiquement sur les grands thèmes qui orienteront les actions de la centrale syndicale au cours des trois prochaines années.

Dans son allocution d’ouverture, la présidente de la centrale, Caroline Senneville, a souligné à grands traits les bouleversements profonds qui frappent le monde du travail. « La pandémie a laissé des traces. Nous nous sommes démenés pour que les services soient maintenus, pour que les industries roulent, pour que les biens soient transportés, les personnes logées, les bâtiments construits. Maintenant, nous devons nous adapter au télétravail, à la robotisation, à la numérisation, à l’intelligence artificielle, à la transition verte, aux impacts de la pénurie de main-d’œuvre et à l’inflation, notamment. »

La transformation des emplois – tout comme leur protection – est effectivement l’une des deux grandes orientations qui seront mises au jeu cette semaine. « À la CSN, on souhaite trois choses : tout d’abord, que nos syndicats soient alertés, qu’ils interpellent leur employeur sur ces enjeux et qu’ils soient mis au jeu pour orienter les transformations en cours dans leur milieu. Ensuite, comme centrale, c’est notre rôle d’outiller nos membres. Enfin, nous devons transmettre un message clair aux gouvernements pour qu’ils soutiennent ces transformations : si vous parlez aux patrons, vous devez parler aux syndicats. Toujours. »

Un nombre de conflits et un budget de soutien records

L’ouverture du congrès a également été l’occasion de souligner le nombre record de luttes qui se sont tenues au cours du dernier exercice. Ce sont d’ailleurs plus de 26 millions de dollars qui ont été remis aux grévistes CSN entre 2020 et 2023 en prestations de grève. Du jamais vu. « La CSN est la seule centrale syndicale qui s’est dotée de ce type de fond de grève, afin que nos membres gardent la tête haute… et hors de l’eau. La preuve que nous soutenons concrètement notre monde dans leur lutte pour obtenir des conditions de travail intéressantes ».

Des moments touchants

En conclusion de cette première journée, les ex-politiciennes Françoise David et Véronique Hivon sont venues parler aux participantes et aux participants de leur engagement militant et de la façon dont elles ont su rallier autour d’elles les personnes et les moyens nécessaires pour mener à bien les projets qui leur tenaient à cœur.

Le dernier acte du lundi fut sans doute le moment le plus émouvant et le plus attendu par les congressistes : la projection d’une vidéo retraçant l’ensemble des conflits du dernier mandat. Portées par la voix de la comédienne et dramaturge Évelyne de la Chenelière, les images de travailleuses et de travailleurs en conflit ont su tirer des larmes à de nombreuses personnes sur place.

Les congressistes seront en atelier demain avant-midi sur la question de la transformation des emplois. Les médias sont cordialement invités à y participer. Le congrès de la CSN se poursuit jusqu’au vendredi 19 mai.

Pouvoir combattre le cynisme et le désintérêt, maintenant

C’est un vibrant plaidoyer en faveur de l’engagement, du militantisme et de la solidarité qu’ont livré Françoise David et Véronique Hivon, cet après-midi, en ouverture du 67e Congrès de la CSN. Invitées à prendre la parole devant les 2000 congressistes, les deux ex-députées, respectivement de Québec solidaire et du Parti québécois, ont livré leur propre interprétation du thème du congrès, Pouvoir maintenant.

Rappelant qu’elle a elle-même été syndicaliste de 1977 à 1984, Françoise David a confié à l’assistance que c’est au cours de ces années à la CSN qu’elle a appris « comment on construit des stratégies, comment on mobilise les collègues, comment on gagne…  ou savoir quel chemin prendre quand on perd. » Car les victoires ne sont pas toujours immédiates, a-t-elle rappelé en citant les enseignements de Madeleine Parent. « Parfois, ça prend plus de dix ans, comme l’équité salariale », a ajouté Mme David.

L’ex-co-porte-parole de Québec solidaire a appelé les membres de la CSN « à travailler ensemble, pour le bien commun. Il faut prendre conscience qu’on a besoin les uns des autres » pour faire avancer notre société sur une base progressiste. « Le choix que nous faisons aujourd’hui, pour le bien commun, ce fut le choix de millions de personnes à travers les siècles pour changer leur vie, une révolution à la fois. Je nous fais confiance. Je sais que nous en sommes capables ».

Des propos qui ont trouvé beaucoup d’écho chez Véronique Hivon. « Il faut croire en ses capacités, sans attendre les conditions parfaites. On peut faire bouger les choses avec notre force militante ».

L’ancienne ministre et députée du Parti Québécois a rappelé aux congressistes la nécessité de construire un pouvoir ancré dans la base : un changement ancré dans la base, dans la réalité des citoyennes et des citoyens. Elle a souligné à plusieurs reprises que tout changement progressiste prend racine dans le militantisme. « Pour que les réformes aient du sens, elles doivent partir du monde. S’ancrer dans leur vie, dans leur vision. »

Une responsabilité que Véronique Hivon souhaite partager avec les militantes et les militants de la CSN présents au palais des congrès aujourd’hui. « Notre ennemi commun, c’est le cynisme, le désintérêt, la désaffection », a-t-elle conclu.