Christian Dubé garde le cap sur sa réforme, la mobilisation s’élargit

En commission parlementaire, les député-es de tous les partis ont fini de recevoir les commentaires de la société civile sur le projet de loi 15 de Christian Dubé. En deux semaines, la CAQ en a assez entendu. Les organisations syndicales s’y sont exprimées et bien d’autres acteurs sont venus expliquer aux législateurs les failles qu’ils voient du projet de loi.

Alors que cette énième réforme n’a fait l’objet d’aucune consultation au préalable, des dizaines d’organismes se sont vu refuser le passage en commission parlementaire : le gouvernement n’a pas voulu prendre le temps de les ajouter au calendrier de ces consultations, car il souhaite procéder rondement pour «passer aux choses sérieuses » et adopter rapidement le projet de loi de 308 pages, comme il l’a déjà annoncé.

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On peut penser qu’il voudra peser sur l’accélérateur à l’automne prochain afin que le projet de loi soit adopté avant la fin de l’année. La CSN travaille actuellement avec de multiples partenaires de la société civile afin de construire un mouvement capable de forcer un changement de cap à l’égard du PL 15 ainsi que de l’ensemble du plan santé de la CAQ.

LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE DE LA POPULATION NE SONT PAS UNE BUSINESS

« Ce dont nous avons besoin au Québec, c’est d’une vision collective et sociale de la santé et des services sociaux. Notre gouvernement est dirigé par une bande d’hommes d’affaires, dont le ministre de la santé lui-même. Ils doivent comprendre que nous avons besoin d’une vision progressiste et non capitaliste de la santé et des services sociaux. Ils doivent prendre en compte des déterminants sociaux afin d’agir davantage en prévention : c’est ça aussi, prendre soin de la population. Les travailleurs et les travailleuses du Québec ne doivent pas accepter ces reculs majeurs de notre filet social. Nous continuerons à militer pour un réseau universel, gratuit, équitable et accessible! Nos solutions : décentraliser, déprivatiser et démocratiser. »

— David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN

Semaine québécoise des services de garde éducatifs : reconnaître leur apport fondamental

La Semaine québécoise des services de garde éducatifs à l’enfance se déroulera du 29 mai au 4 juin 2023 sous le thème : « Le départ pour la grande aventure ».

Dès les premiers jours de fréquentation au CPE ou chez une responsable en service de garde éducatif (RSGE), pour le tout-petit ayant la chance d’avoir une place, « La grande aventure débute ». Ce milieu deviendra un peu sa 2e maison et saura mettre en place tout ce qu’il faut pour que chaque jour devienne un jour de fête et que chaque expérience complète son petit sac à dos de vie. En ce sens, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) souligne qu’il reste du chemin à faire afin de reconnaitre à sa juste de valeur l’importance que les milieux éducatifs régis et subventionnés ont sur les premières années de vie des enfants, mais aussi sur leur avenir.

Les premières années, de 0 à 5 ans, fleurissent de moments cruciaux où tout se joue pour les tout-petits. C’est à ce moment qu’ils développent les assises fondamentales qui leur permettront de construire les adultes de demain, épanouis et équilibrés. « Il est plus qu’urgent de reconnaitre à sa juste de valeur l’importance que les milieux éducatifs régis et subventionnés ont dans la vie des enfants et de leurs familles, et ce, pendant la fréquentation, mais aussi des années plus tard. En effet, ils auront un impact dans toutes les sphères du développement de l’enfant, que ce soit en relation sociale, en savoir-être, en habileté verbale, motrice ou autres. Ces compétences et ces acquis sont tellement importants qu’il est impératif d’offrir à tous les acteurs de notre réseau le soutien et les services qui contribueront à ce que cette grande aventure soit l’élément clé du plein développement de nos tout-petits » de déclarer Lucie Longchamps, représentante du secteur de la petite enfance à la FSSS–CSN.

Or, on le voit avec le manque de place en service de garde éducatif, la pénurie de personnel est toujours très présente dans notre réseau. « Nous réitérons le souhait et la nécessité de reconnaitre à sa juste valeur ces professions si l’on veut attirer et surtout maintenir les jeunes recrues dans le métier. Nous souhaitons que notre réseau de service de garde éducatif demeure bien vivant et surtout attrayant pour le bien des générations futures » d’ajouter Chantal Racicot, représentante des RSGE à la FSSS–CSN.

« Trop souvent, les éducatrices nous quittent très rapidement, certaines même pendant leur période de stage, constatant la charge de travail et les conditions auxquelles elles devront faire face pour les vingt ou trente prochaines années. De plus, toutes peuvent malheureusement témoigner du nombre croissant d’enfants qui vivent des difficultés à divers niveaux et qui nécessitent des soins appropriés. Il faudra que le ministère soit plus créatif et agile, afin que des sommes soient mises à disposition pour améliorer le soutien à ces tout-petits, sans oublier les travailleuses pour qui la charge de travail s’est alourdie au fil des années » de poursuivre Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS–CSN.

Depuis maintenant plusieurs années que le réseau des CPE et des RSGE est bien ancré dans notre société, toutefois, il a été souvent été malmené au fil des ans. Il reste donc énormément de chemin à faire pour en assurer son plein développement tout en y garantissant la qualité et l’amélioration des services, notamment auprès des enfants à besoins de soutien particulier.

La géolocalisation, omniprésente chez les paramédics

Les enjeux liés à la géolocalisation sont multiples et bien que nous en saisissions désormais la portée, plusieurs travailleuses et travailleurs composent quotidiennement avec des outils qui les suivent pas à pas. Dany Chamberland, du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie–CSN, en connait beaucoup sur la question et nous explique les implications de cette technologie dans son milieu de travail.

« Une surveillance totale est intégrée sur plusieurs composantes de notre véhicule. Le système agit en quelque sorte comme une boîte noire sur un avion. Nous parlons donc du déclenchement des gyrophares, de la vitesse du véhicule en lien avec les limites dans les différentes zones de circulation, du dérapage possible du véhicule l’hiver, du déclenchement du système de frein ABS et de plusieurs autres données mécaniques. »

Plusieurs de ces informations sont transmises en temps réel à l’employeur. La somme des autres données est téléversée, dès le retour à la caserne, via un système Wi-Fi qui achemine tous ces détails à un serveur central. Les paramédics ont donc intérêt à bien maîtriser tout ce qui se déroule lors de leurs interventions, même dans l’urgence et avec tout le stress occasionné.

« Notre moniteur défibrillateur s’ajoute également à la collecte d’informations, puisque nous l’avons toujours à portée de notre véhicule. Dès que nous activons le moniteur, tout ce que nous disons et ce que le patient dit est enregistré directement sur l’appareil, incluant l’utilisation de l’appareil et l’information médicale. Nous téléchargeons le tout sur les serveurs du CISSS auquel nous sommes rattachés à la fin de la journée. Et même si nous oublions la procédure de téléversement des données à la fin de notre quart de travail, les paramédics du quart suivant le feront à la toute fin de celui-ci », mentionne Dany.

Il va sans dire que les paramédics sont pleinement conscients que ces outils les surveillent constamment. La nature même de leur travail, le contexte d’urgence dans lequel ils côtoient les patients et les implications légales imposent une documentation des événements, et ce, afin de protéger tous les acteurs impliqués.

« Les implications syndicales sont aussi multiples, particulièrement pour toutes les informations médicales qui doivent demeurer confidentielles. Mais toutes ces informations factuelles protègent également nos membres en cas d’incident et d’enquête », précise Dany Chamberland.

 

 

 

 

Interpellation du ministre de l’Économie : la santé n’est pas une business

La CSN a interpellé aujourd’hui le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon, au palais des congrès de Montréal, pour le sensibiliser aux dangers associés au fait de développer le privé en santé et services sociaux au Québec comme si c’était un secteur de l’économie comme un autre.

La CSN estime que faire plus de place au privé en santé et des services sociaux, comme le prévoient la réforme Dubé et le projet de loi 15, n’est pas une bonne idée pour plusieurs raisons. « Pour faire de l’argent, les entreprises privées vont se concentrer dans les régions plus peuplées et sur les soins plus simples et plus payants », affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Voici quelques raisons de s’opposer à la privatisation de l’offre de soins en santé ainsi que quelques solutions pour obtenir un meilleur réseau :

1-Le secteur privé n’aura pas l’obligation de couvrir tous les soins et toutes les régions.

2-Le secteur privé est là pour faire des profits et cette marge de bénéfice va se rajouter au coût réel des soins, et ce sont tous les Québécois et toutes les Québécoises qui vont payer la facture par leurs impôts, même si c’est la RAMQ qui paye.

3-Il manque de ressources partout dans le réseau de la santé. En embauchant du personnel, le réseau privé prendra de plus en plus de place avec la réforme Dubé, et les entreprises vont empêcher le secteur public de livrer les services nécessaires à la population et créer les conditions pour mettre encore plus de privé en place.

4-Ultimement, si le secteur privé prend le contrôle de la majorité des soins, le gouvernement et la population seront les otages des décisions prises par des hommes et des femmes d’affaires qui pourront dicter leurs conditions et leurs tarifs à Santé Québec. Les agences de personnel ne sont qu’un avant-goût de ce que le projet de loi 15 va générer si on ne le modifie pas profondément.

Des solutions venues du terrain

La CSN est présente dans tous les titres d’emploi du réseau de la santé et la plus importante centrale syndicale dans le secteur. Nous avons des solutions qui proviennent du terrain, pas des bureaux de Québec. Il faut vraiment décentraliser le réseau, toutes les études le disent. Il faut le démocratiser pour entendre la voix des régions et des employé-es, et il faut le déprivatiser pour conserver le contrôle sur l’organisation et l’offre de service qui ne devrait pas être dans les mains du privé. Or, c’est ce qui va arriver quand le privé va détenir une grande partie de l’offre de soins.         

Travailler son rapport de force

Cohésion

Dans le but d’assurer la meilleure cohésion possible entre les orientations des organisations composant la CSN, la majorité des participantes et des participants ont souligné l’importance de tenir compte des positions prises localement par les syndicats avant de s’engager dans de nouvelles mobilisations. Cela rappelle à quel point leur autonomie est importante à la CSN.

Soulignons également le besoin qui a été exprimé d’augmenter les échanges intersyndicaux sur des enjeux propres à la négociation et à la promotion de milieux de travail sains et sécuritaires. C’est de cette façon qu’on pourra générer des solidarités et favoriser une certaine émulation.

L’analyse, axe prioritaire

Les délégué-es étaient invités à déterminer l’axe prioritaire à développer afin de favoriser le rapport de force. À cet égard, l’analyse du rapport de force est primordiale pour la plupart des participantes et des participants. C’est ce qui permet de savoir si les membres sont prêts à passer à l’action et à évaluer jusqu’où ils veulent se rendre. L’analyse est également fondamentale dans l’exercice du rapport de force pour établir un calendrier d’actions et pour construire sa crédibilité.

Des éléments conjoncturels doivent être pris en compte dans l’analyse : pensons à la pénurie de main-d’œuvre généralisée, au télétravail, au travail de scabs à distance, à l’arrivée d’une nouvelle génération parmi nos membres et à l’intensification de la mondialisation de l’économie.

Bien que l’analyse soit un axe prioritaire, le développement et l’exercice du rapport de force demeurent des éléments majeurs, ont souligné les congressistes. La construction d’alliances, l’information et la vie syndicale sont les ingrédients principaux pour maximiser le rapport de force.

Il a de plus été souligné que le développement du rapport de force doit se travailler en continu et non seulement en période de négociation. Les récentes améliorations au Fonds de défense professionnelle contribuent également à la consolidation du rapport de force. Plusieurs participantes et participants ont souligné l’importance, pour les syndicats, de s’appuyer les uns les autres afin de favoriser la solidarité et l’entraide.

Parmi les difficultés particulières qui sont rencontrées par les syndicats, notons celles qui se présentent lorsqu’ils couvrent de nombreux sites de travail. Par ailleurs, en ce qui concerne plusieurs services publics, l’obligation de maintenir les services essentiels pose un défi particulier dans le développement du rapport de force. L’endettement des ménages peut aussi freiner la volonté des membres de mener les actions nécessaires, dans certaines circonstances. Autre difficulté à noter : l’effet d’une convention collective de longue durée sur la vie syndicale.

Partage de la richesse

Les congressistes devaient également cibler leurs priorités dans la défense des travailleuses et des travailleurs contre les injustices. Ce sont le partage plus équitable de la richesse et l’amélioration des conditions de travail qui sont ressorties le plus fortement.

États généraux
Enfin, les délégué-es étaient invités à dégager les sujets qui devraient être abordés par les futurs états généraux sur le syndicalisme qui seront organisés conjointement avec les autres organisations syndicales du Québec.

C’est sans équivoque l’amélioration de l’image médiatique du syndicalisme qui a été reconnue comme le sujet prioritaire. Plusieurs pistes à explorer ont été nommées, notamment faire mieux connaître nos bons coups, mettre en place des moyens de mieux contrer la désinformation et s’affirmer davantage sur la place publique.

La création d’alliances intersyndicales et avec d’autres organisations de la société civile permet d’augmenter notre rapport de force quant aux grands enjeux de société et constitue également un sujet qui devra être traité lors des états généraux.

Une soirée de solidarité déconfinée en grand

On sentait bien, depuis le début de ce congrès, que les militantes et les militants syndicaux étaient heureux de se retrouver. Un sentiment confirmé hier lors de la soirée de solidarité du jeudi, qui fut un franc succès.

C’est dans une ambiance survoltée que plusieurs centaines de congressistes ont célébré la solidarité syndicale. Campée dans le décor épuré du Centre des sciences de Montréal, sur le bord du fleuve, la soirée a réservé bien des surprises aux participantes et aux participants.

Il fallait d’abord sustenter les troupes affamées après des heures de débat sur le budget, sur les statuts et règlements et des ovations pour le trésorier Yvan Duceppe : les congressistes ont donc eu droit à des kiosques de cuisines diverses. Une mention spéciale pour le kiosque de poutine au poulet frit, où la longueur de la file d’attente a permis aux congressistes de se raconter de long en large leurs aventures syndicales des dernières années, ce qui n’était pas mauvais étant donné que c’était le premier congrès en personne depuis la pandémie. Commentaire d’un congressiste sur ce plat de résistance national : « La poutine n’était pas très grosse, mais il faut leur donner ça, ils étaient généreux sur le fromage ! ».

Bien sûr, côté bar, tout avait été prévu. On y retrouvait des bières de la microbrasserie Archibald et de chez Labatt, syndiquées chez nous. Katia Lelièvre, troisième vice-présidente, a privilégié les produits de son alma mater, la SAQ. La compétition fut féroce chez les férus de sport de salon, qui ont pu se délier les mains aux tables de baby-foot. D’ailleurs, David Bergeron-Cyr, deuxième vice-président, a été vu rôdant autour des tables une bonne partie de la soirée pour tenter de syndiquer les petits bonhommes de plastique.

Les congressistes ont aussi eu le plaisir de découvrir une salle consacrée au karaoké, pour les ténors et les sopranos, professionnel-les ou de salon. La file d’attente pour chanter était impressionnante, et ce, dès le début de la soirée ! D’ailleurs, François Enault, premier vice-président, a taquiné le micro en interprétant la chanson Sweet Caroline, de Neil Diamond. Un clin d’œil à la présidente fraîchement réélue, Caroline Senneville ? Demandez-lui quand vous le croiserez !

La piste de danse, animée jusqu’à tard le soir – ou très tôt le matin, c’est selon – par un DJ dont l’habillement respectait le style vestimentaire de sa profession, nous a permis d’admirer les jeux de pieds de bien des congressistes.

« Les délibérations démocratiques, c’est important. Mais il faut pouvoir danser après ! », nous rappelait un congressiste croisé ce matin, les yeux petits, un très grand café à la main.

Plusieurs auront noté que la secrétaire générale, Nathalie Arguin, avait plutôt bonne voix au micro se matin. Doit-on en déduire qu’elle a été plutôt sage ?

Signe que cette soirée fut fort appréciée, plusieurs militantes et militants mentionnaient, lors d’un vox pop mené ce matin où on leur demandait le moment fort du congrès, « est-ce que je peux répondre le party d’hier ? »

Bref, une soirée parfaite pour mousser une solidarité syndicale trop longtemps confinée !

Les robots et nous

Que ce soit à l’usine d’Alcoa à Baie-Comeau ou à l’entrepôt de Jean Coutu à Varennes, les impacts de l’informatisation et de la robotisation des procédés de production se font déjà sentir. À un rythme tel qu’il devient parfois difficile de bien en évaluer les conséquences sur les emplois.

« Il n’y a pas trop de risques pour nous parce qu’on fait plus d’alliage et c’est ce qui est le plus payant », affirme Hervé Deschênes, président du Syndicat national des employé-es de l’aluminium de Baie-Comeau–CSN. Ce dernier explique que deux nouveaux procédés d’automatisation ont eu des effets bénéfiques sur la santé et la sécurité, puisqu’elles éloignent les employé-es des risques d’éclaboussures du métal en fusion et des explosions causées lors du contact entre l’eau et le métal.

Il y a notamment le robot écumeur. « Avant, ce travail était fait à bras avec une grosse louche pour enlever la croûte qui se forme sur le métal en fusion », indique le président. Cette machine en place depuis 2015 n’a pas eu de répercussions à la baisse sur les emplois.

« On a aussi la machine à gueuse, qui est une roue de coulée automatisée », explique Mathieu Nadeau, vice-président. Cette machine épargne du temps et réduit grandement, elle aussi, les risques d’éclaboussures. Le métal va directement dans le puits de coulée sans passer par le four. Cette machine remplace des emplois, mais elle ne peut pas servir à couler des alliages. Or, l’aluminerie de Baie-Comeau fabrique en grande partie des alliages.

« On passe maintenant au travail connecté, avec des IPad, ajoute Mathieu Nadeau. Dès qu’une pièce brise, la commande est immédiatement passée et le bon de travail est créé. Ça risque de coûter des emplois de planificateurs et de cadres. Les planificateurs restent pour le moment en poste, puisque le système n’est pas encore rodé. »

L’aluminerie installe également des caméras pour jauger les anodes sur les ponts roulants. Au cours du procédé, une vieille anode doit être changée par une nouvelle de la même hauteur. Encore là, l’automatisation est plus sécuritaire, mais des emplois d’opérateurs de pont pourraient être touchés.

Ce sont surtout les camions sans conducteurs qui inquiètent le syndicat. Déjà, un chariot élévateur automatique est en activité à l’aluminerie Alouette. À long terme, une centaine d’emplois seraient en jeu. « Ça fait 31 ans que je suis là et chaque fois qu’on entend parler de quelque chose, ça finit par se faire », craint Hervé Deschênes.

L’impact psychologique de l’automatisation chez Jean Coutu

 Il est plus difficile de se faire un ami en travaillant à l’entrepôt de Jean Coutu depuis l’automatisation de la préparation des commandes pour les pharmacies du groupe.

« Il y a moins de travail en équipe et plus de troubles musculosquelettiques », mentionne Audrey Benoit, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de PJC entrepôt–CSN de Varennes. Alors qu’ils étaient en équipe de deux, les employé-es travaillent dorénavant seuls. À l’aide d’un simple bouton semblable au bouton de volume d’une radio, les cadres peuvent augmenter la cadence. « C’est la machine qui dicte ton rythme », précise la présidente.

Différentes techniques d’automatisation des commandes ont déjà été mises en place. Prochaine étape ? La consolidation des commandes, qui se feront prochainement avec des bras robotisés qui déposeront la marchandise sur les palettes. D’autres projets sont également à l’étude. Le poste de magasinier sera éventuellement retiré et il y aura de 100 à 150 personnes à relocaliser. « On a de la misère à croire que personne ne perdra son emploi », affirme Audrey Benoit.

 

Des congressistes unis, la présidente Caroline Senneville réélue

C’est au palais des congrès de Montréal que se termine aujourd’hui le 67e Congrès de la CSN, où près de 2 000 participantes et participants ont pu échanger, débattre, fraterniser et identifier les priorités d’action pour les trois prochaines années. C’est également lors de ce grand rassemblement que les six membres du comité exécutif ont été reconfirmés dans leurs fonctions.

« Je suis fière d’avoir été réélue par un processus démocratique, au sein d’une centrale démocratique.

Je souhaite une CSN unie, qui parle d’une seule voix, et d’une voix forte. Je vois une CSN capable d’affronter vents et marées, une CSN leader au Québec et ailleurs. Qu’on prenne notre place, qu’on continue de changer le monde à notre manière, un jour à la fois », a déclaré Caroline Senneville.

Elle ajoute : « Les défis qui nous attendent sont nombreux, alors que la pénurie de main-d’œuvre nous frappe de plein fouet, que le gouvernement cherche à centraliser les services publics et n’écoute pas les travailleuses et les travailleurs et que le patronat se fait trop souvent tirer l’oreille pour offrir des conditions décentes à ses employé-es. C’est pour toutes ces raisons que le congrès a voté en faveur d’un budget qui nous permet de continuer à être combatifs, comme l’est l’ADN de notre organisation. Nos membres méritent d’obtenir les meilleures conditions de travail possible, et nous leur donnerons les moyens de le faire. »

Les congressistes ont eu de nombreuses occasions de réfléchir et de s’exprimer, que ce soit lors des ateliers de discussion sur la transformation du monde du travail et le développement du rapport de force, en séance plénière ou lors des dîners-causeries. Les personnes qui se sont exprimées se sont montrées très satisfaites de l’ambiance du congrès, de la qualité des préparatifs, des occasions de prise de parole et de l’écoute du comité exécutif.

« On souhaite continuer notre travail en mode inclusif, combatif, ouvert, présent. Nous serons là pour porter la parole des 330 000 membres de la CSN sur toutes les tribunes », conclut la présidente.

 Le comité exécutif de la CSN 2023-2026 :

Caroline Senneville, présidente
Nathalie Arguin, secrétaire générale
Yvan Duceppe, trésorier
François Enault, 1er vice-président
David Bergeron-Cyr, 2e vice-président
Katia Lelièvre, 3e vice-présidente

« Un privilège », estime Caroline Senneville

Au terme de l’élection à la présidence de la CSN, les délégué-es ont choisi Caroline Senneville pour diriger la centrale pour les trois prochaines années.

La présidente sortante affrontait Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des produits Bridor–CSN. En début de journée, la candidate et le candidat s’étaient adressés aux congressistes. « La CSN est une organisation démocratique. Cette élection est tout à fait conforme aux règles qu’on s’est données. Pour ma part, je considère comme un privilège chacune des occasions que j’ai de vous adresser la parole. Vous savez, se présenter à la présidence d’une institution comme la CSN, ce n’est pas une décision qui se prend à la légère. Ça fait deux fois que je la prends », a déclaré Caroline Senneville. La dirigeante a rappelé aux congressistes sa 1re élection en 2021. « J’ai senti que c’était ma responsabilité de prendre le flambeau, mais à une condition : avoir l’appui des cinq autres membres du comité exécutif parce que le syndicalisme, c’est un sport d’équipe », a-t-elle résumé. Caroline Senneville a promis de poursuivre son travail de terrain.

« Comme présidente de la CSN, je suis porte-parole. Je vais en commission parlementaire, je donne des entrevues. Il faut que je porte votre parole à chacune et chacun d’entre vous. Pour faire ça, il faut que j’aille vous voir sur les lignes de piquetage, dans les syndicats, dans les régions, dans les fédérations. Il faut qu’on se parle, que je sois à l’écoute. Je parle bien plus souvent à des préposé-es aux bénéficiaires qu’avec n’importe quel ministre de la Santé. Ce sont ces valeurs que je veux continuer à mettre de l’avant ». Avec l’appui de l’ensemble du comité exécutif, la dirigeante a dit souhaiter continuer le travail d’équipe déjà amorcé. « On veut être en mode inclusif, en mode combatif, en mode ouvert. On veut être présent et c’est à l’image du congrès qu’on est en train de vivre. On veut baser nos actions sur ce qui nous unit et toujours chercher à aplanir ce qui pourrait nous diviser. Je me présente bien humblement devant vous pour continuer à porter votre parole », a conclu Caroline Senneville.

Pour sa part, Cheikh Fall a motivé sa candidature par le besoin de « donner davantage de pouvoir d’achat » aux travailleuses et travailleurs. Cheikh Fall a aussi souligné son appui au comité exécutif en place. « Nous avons un comité exécutif solide. Les gens qui y sont méritent leurs places. Deux ans, ce n’est pas long pour étaler une vision et faire un programme. Je dois être honnête. C’est un comité exécutif qui mérite d’aller encore beaucoup plus loin », a-t-il affirmé, avant de remercier les délégué-es de lui avoir permis de se présenter comme candidat à la présidence de la CSN.

De légères modifications aux statuts et règlements

Les congressistes ont adopté aujourd’hui quelques amendements aux statuts et règlements ainsi qu’au code des règles de procédure de la CSN.

En ce qui a trait aux statuts et règlements, les changements visent notamment à prévoir la possibilité de tenir un congrès ou un congrès extraordinaire en mode virtuel, en cas de force majeure. Il sera également possible, selon les statuts et règlements amendés, de tenir les élections pour les postes au comité exécutif par l’entremise d’une plateforme numérique.  

L’un des autres amendements adoptés prévoit qu’un congrès extraordinaire devra être organisé en cas de vacance au comité exécutif, sauf s’il reste moins de six mois pour terminer le mandat. Un tel congrès extraordinaire pourrait se tenir en mode virtuel.

D’autres amendements aux statuts et règlements ont été adoptés. De façon générale, ils visent à préciser certains articles déjà existants.

Procédure

Le code des règles de procédure a aussi été mis à jour, notamment pour inclure la tenue potentielle d’un congrès en mode virtuel, y compris la procédure de vote. Quelques autres mises à jour ont été effectuées.

Rappelons que les règles de procédure de la CSN sont inspirées de celles qui ont été proposées par le notaire Victor Morin, en 1938, dans son ouvrage Procédure des assemblées délibérantes, mieux connu comme le Code Morin.

La syndicaliste américaine qui veut électrifier les trains

« On vise l’électrification des trains taxis qui déplacent les wagons dans les gares de triage. Ce serait un gain du point de vue de la justice climatique, de la justice raciale et de la justice en matière de santé », mentionne Kari Thompson, responsable de la formation et de la stratégie internationale pour United Electrical (UE) des États-Unis.

En visite au congrès de la CSN, la syndicaliste américaine explique que les syndiqué-es de Wabtec ont déjà un prototype de locomotive hybride et entièrement électrique. Leur introduction réduirait la pollution pour les travailleuses et les travailleurs des gares de triage et des entreprises ferroviaires. Elle viendrait également diminuer la pollution dans les quartiers où se trouvent ces gares. Dans les grandes villes des États-Unis, ces quartiers sont souvent des endroits où résident des personnes racisées. Le gain est donc triple, pour le quartier, pour les syndiqué-es et pour l’environnement.

Le syndicat de UE ne se contente pas de fabriquer les trains électriques, il milite aussi afin de faire changer les règles qui limitent la pollution des trains de l’Environmental Protection Agency (EPA). « Des règles plus strictes sur les moteurs pourraient forcer les compagnies à acheter électrique », estime Kari Thompson, selon qui l’EPA est en voie de passer à l’action. Or, comme l’industrie ferroviaire du Canada et celle des États-Unis sont interconnectées, le lobby syndical de UE pourrait avoir un effet de notre côté de la frontière.

Solidarité internationale

Au-delà de l’exemple des trains électriques, la solidarité internationale peut s’exprimer de plusieurs façons.

« On doit mieux communiquer entre nous, fait valoir la représentante de UE. Elle précise que les gains en négociation des uns peuvent aider les autres syndicats dans les pays où cette multinationale est établie. Kari Thomson donne l’exemple de syndicats en Belgique, qui profitent de lois sur l’accès à l’information pour les entreprises et qui peuvent parfois informer les syndicats de la même multinationale dans d’autres pays.

La collaboration internationale entre les syndicats peut également s’appliquer lors de la négociation et de la mise en place des accords de commerce international. La représentante de UE rappelle que les derniers accords et programmes de soutien du secteur automobile incluent des exigences de fabrication en Amérique du Nord. Or, si les usines vont au Mexique, les conditions de travail ne seront pas les mêmes, conclut-elle.

L’oxygène du mouvement

Les agentes et agents multiplicateurs sont des militantes et des militants engagés sur le terrain afin d’établir des contacts et de développer la syndicalisation. Ils œuvrent dans des territoires inconnus et souvent hostiles. Les AMS sèment l’autonomie, la démocratie et la solidarité qui font la force de la CSN. Ces valeurs sont déterminantes pour l’organisation de milieux de travail non syndiqués.

Pour être efficace, une ou un AMS a besoin de préparation, de discernement et parfois d’un peu de chance.

Choisir son terrain pour s’en rendre maître

Les agentes et agents multiplicateurs en syndicalisation agissent près des milieux de travail pour des prises de contact, la distribution de contenus informatifs, la signature de cartes. La maîtrise du terrain consiste donc à repérer les zones à risque (propriété privée), celles qui sont exposées (entrée du site de travail) ou publiques (le Tim Horton au coin de la rue). Chacun de ces espaces possède ses propres règles du jeu. Une fois la question du terrain résolue par un repérage minutieux se pose la question de quand passer à l’action.

L’art subtil de se faire des camarades au travail

Les abus d’un employeur, la réputation de la CSN et ses victoires ne suffisent pas toujours à aller chercher de nouveaux membres. Convaincre du bien-fondé du syndicalisme est avant tout affaire de stratégie et de présence sur le terrain. La syndicalisation n’est pas nécessairement le premier réflexe pour régler ses problèmes au travail. Les AMS propagent par leurs actions la volonté de s’organiser dans nos régions. Ils sont un complément essentiel aux salarié-es du Service de syndicalisation de la CSN.

Le rôle infime, mais décisif de la chance

C’est souvent le manque de respect de l’employeur (sur le plan humain, organisationnel ou de la rémunération) qui agit en tant que force numéro 1 guidant l’adhésion syndicale. Toute campagne part d’un mécontentement profond et généralisé. Il faut donc trouver la bonne personne, au bon moment et au bon endroit. Il s’agit d’une part d’aléatoire non négligeable essentielle pour démarrer une campagne. Comme la présentation de l’action de syndicalisation de la CSN de mercredi l’a montré, la route est semée d’embûches antisyndicales : de l’envie de se syndiquer à l’accréditation, le travail d’AMS est parfois difficile et ingrat.

Mais ce que nous apprend l’histoire de la CSN depuis 1921, c’est qu’un combat juste doit toujours être mené.

Solidarités avec le peuple palestinien et les employé-es d’Olymel

Ce mercredi en congrès, la CSN a réitéré son appui historique au peuple palestinien et s’est engagée à signer la déclaration intitulée Appel contre l’apartheid des syndicats palestiniens. La centrale encourage également ses organisations affiliées à faire de même.

Lundi dernier marquait le 75e anniversaire de la Nakba (la catastrophe en arabe), c’est-à-dire le début de l’occupation de la Palestine. Cet anniversaire survient dans un contexte d’accroissement des violences et du nombre de victimes du régime. Présent au congrès, le militant palestinien Mustafa Barghouti déplore déjà 98 morts de Palestiniennes et de Palestiniens cette année. L’an dernier, le total s’élevait à 230 décès.

Mustafa Barghouti réitère l’appel lancé par le mouvement syndical palestinien, le 10 avril dernier, pour que cesse « le système d’occupation, de colonisation et d’apartheid ». Il demande également à la CSN de faire pression sur le gouvernement canadien et québécois afin qu’ils « soutiennent les efforts des Nations unies pour enquêter sur l’apartheid israélien ; qu’ils interdisent le commerce des armes et la coopération militaro-sécuritaire avec Israël ; qu’ils suspendent les accords de commerce avec Israël qui sont complices de l’apartheid et de l’occupation militaire israéliens et qu’ils interdisent le commerce avec les colonies israéliennes illégales. »

Appui aux travailleuses et aux travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction

En plus de réitérer son appui au peuple palestinien, le congrès a également appuyé une motion engageant la CSN et ses organisations affiliées à faire des pressions politiques pour que « l’ensemble des travailleuses et des travaillla précédente eurs de l’usine d’Olymel Vallée-Jonction puissent être reclassés dans un autre emploi, et ce, dans un rayon limitrophe de leur travail actuel ».

La motion mandatait également la CSN et ses organisations affiliées pour « faire pression sur les élu-es du gouvernement fédéral afin qu’ils passent rapidement de la parole aux actes en libérant de leurs chaînes les travailleuses et les travailleurs immigrants temporaires détenant un permis de travail fermé ». C’est le président de la Fédération du commerce–CSN, Alexandre Laviolette, qui en a fait la proposition au plancher. Ce dernier précise par ailleurs que 123 travailleuses et travailleurs étrangers temporaires de l’usine habitent en Beauce et désirent y demeurer.

C’est avec beaucoup d’émotion que le président du syndicat de Vallée-Jonction, Martin Maurice, a remercié les congressistes de leur appui.

Rappelons que les propriétaires de l’usine d’Olymel Vallée-Jonction annonçaient il y a un mois la fermeture à venir de leur usine, entraînant l’abolition de 1 000 emplois.

Comité exécutif : cinq candidats élus par acclamation, deux en élection

À la clôture des mises en candidature au comité exécutif de la CSN, les congressistes ont appris qu’une seule élection se tiendra et qu’elle sera pour la présidence. Les deux personnes en lice sont l’actuelle présidente de la CSN, Caroline Senneville, ainsi que Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des produits Bridor–CSN. Tous deux s’adresseront aux délégué-es jeudi matin à 8 h 30. Le vote débutera jeudi à compter de 12 h 30 et se terminera à 15 h. Le scrutin se tiendra à la salle 220E. Chaque congressiste est encouragé à exercer son droit de vote.

Les autres membres du comité exécutif, pour leur part, ont été réélus par acclamation. « C’est avec beaucoup de fierté et d’humilité que je vais poursuivre le travail militant que j’ai entamé avec mes collègues du comité exécutif. Je vais être portée par la confiance que vous m’apportez », a remercié Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN. Elle souhaite continuer de « faire en sorte que les syndicats, les conseils centraux, les fédérations, la CSN, les militantes et militants et les salarié-es puissent travailler en cohésion ».

De son côté, Yvan Duceppe a été reconduit au poste de trésorier. Élu lors du congrès de 2021, il a d’abord salué le plaisir de s’adresser de vive voix aux délégué-es. « Ce qui est fondamental, c’est de travailler à se donner les moyens de nos luttes, de nos combats, a-t-il déclaré. Avec ma vision, ma capacité d’écoute, ma transparence, je veux toujours travailler avec une CSN qui agit, une CSN qui ose, une CSN qui s’implique », a résumé le trésorier.

À la première vice-présidence de la CSN, François Enault s’est aussi vu attribuer un second mandat. « C’est avec émotion que je vous remercie de me faire confiance. C’est significatif d’être élu en congrès. Je suis très heureux de pouvoir poursuivre le travail largement entamé, a-t-il mentionné aux congressistes. Comptez sur moi pour fournir toutes les énergies nécessaires afin de permettre aux travailleuses et aux travailleurs d’améliorer leurs conditions », a-t-il déclaré.

« À la CSN, c’est toutes et tous ensemble qu’on réalise de grandes choses. Ça commence avec vous et ça remonte vers les membres du comité exécutif, a poursuivi le deuxième vice-président de la centrale, David Bergeron-Cyr. Mes ami-es, j’ai envie de continuer avec vous les batailles qu’on a commencées. Je veux continuer à pratiquer un syndicalisme de proximité et de combat. On ne lâche rien ! », a lancé le dirigeant.

La troisième vice-présidente, Katia Lelièvre, entame également un second mandat. « Quand tu te rends compte que ton boss a plus besoin de toi que toi de lui, se tenir debout relève de l’évidence. On va continuer à se battre, a promis la dirigeante avant de remercier les délégué-es. « Je vous remercie pour votre solidarité, votre combativité, votre fougue. C’est pour ça que j’ai envie de continuer à me battre à vos côtés », a conclu Katia Lelièvre.

Ces nouveaux syndicats qui joignent la CSN

Les témoignages présentés par vidéo au congrès sont accablants. « On était vraiment isolés. Parfois, on travaillait de longues journées et on n’était pas rémunérés, car on est payés à l’image », explique Calvin Brett, professionnel de l’animation 2D, pour décrire les conditions prévalant avant la syndicalisation de son milieu de travail.

Andréanne Girard, intervenante en maison d’accueil pour sans-abris, renchérit : « Il y avait du favoritisme et beaucoup d’injustices, on n’avait pas de sécurité d’emploi, on pouvait travailler à temps plein une semaine et seulement huit heures la semaine d’après ». Elle ajoute : « Quand j’ai demandé pourquoi les employé-es d’agence étaient mieux payés que nous, on m’a répondu que j’étais un leader négatif. Et que les leaders négatifs, ils seraient renvoyés », se rappelle Philippe Couture, Sauveteur et Poteau au Village Vacances Valcartier.

On ne naît pas syndicaliste, on le devient. Et trop souvent, ce sont les abus d’un employeur ou sa cupidité qui poussent à s’unir pour se faire respecter.

Un plan commun de syndicalisation
Sans le travail formidable de l’équipe de syndicalisation de la CSN et des agentes et agents multiplicateurs en syndicalisation (AMS), il aurait été impossible d’atteindre ces nouveaux camarades, a rappelé David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN. « Toutes les luttes que nous menons ensemble inspirent des milliers de travailleuses et de travailleurs et les incitent à joindre notre mouvement », résume-t-il. Lors de sa présentation mercredi portant sur les nouveaux syndicats affiliés à la CSN, il a évoqué le plan commun de syndicalisation animé par une coordination nationale et ses excellents résultats. David a évoqué l’objectif majeur d’augmentation du taux d’adhésion syndical au Québec pour augmenter le rapport de force face aux employeurs.

Le symbole Amazon
La multinationale, symbole de tous les excès du capitalisme et deuxième employeur le plus important des États-Unis, est pour David Bergeron-Cyr un enjeu mondial. La moitié des accidents de travail dans les entrepôts aux États-Unis se produisent d’ailleurs chez Amazon. Partout dans le monde, les employé-es de cette multinationale s’organisent pour se syndiquer et pour contester la gestion brutale et inhumaine de son PDG plein aux as – sa richesse personnelle représente un tiers du PIB du Québec.

Après le succès inspirant des employé-es d’Amazon à Staten Island, en banlieue de New York en janvier dernier (la toute première accréditation syndicale d’Amazon en Amérique du Nord), il est légitime pour la CSN d’appuyer la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs des entrepôts du Grand Montréal et d’ailleurs.

Le rapport de force, pourquoi et comment l’exercer ?

À la question portant sur la cohésion entre les orientations des organisations formant la CSN, plusieurs participantes et participants ont évoqué l’importance de « partir de la base ».

« Faut que ça parte du plancher et non le contraire », ont affirmé certains. « J’ai quitté une autre organisation exactement pour ça : on était gérés. On n’avait aucun contrôle sur notre syndicat ». D’autres ont toutefois nuancé. « Lorsqu’une organisation – un conseil central par exemple – se vote des orientations, ça vient des membres. Les syndicats ont aussi le devoir de faire vivre ces orientations, de les redescendre sur le plancher et d’y mener les débats. Ça part de la base, ça remonte, et ça doit redescendre. »

Sur l’éternel défi de favoriser la participation des membres, plusieurs ont souligné l’importance d’une communication efficace. Par efficace, on a sous-entendu « qui provoque l’écoute et engendre un dialogue ». D’autres ont évoqué la nécessité de bien comprendre la réalité des membres. Dans plusieurs syndicats, rejoindre les travailleuses et les travailleurs étrangers constitue un beau défi. « Chez nous, c’est 30 à 40 % de notre effectif. On a donc modifié nos méthodes pour aller vers une approche plus familiale, plus communautaire et ça fonctionne ! » Certains ont précisé avoir fait une place au sein du comité exécutif aux travailleuses et aux travailleurs d’origines diverses. « On n’a pas attendu qu’ils viennent à nous. On a pris les devants. Leur apport est précieux. »

À propos de ce que devrait être la priorité des actions politiques qui dénoncent les injustices vécues par les travailleuses et les travailleurs, le partage plus efficace de la richesse a largement été revendiqué. « Les plus riches de ce monde font 300 fois plus que nous autres. Y’en a de l’argent, de ce côté-là de la clôture. Ils ne veulent juste pas la partager. » Certains ont évoqué l’importance de partager non pas pour remettre aux individus, mais plutôt au collectif. « Dans les CPE, on a de plus en plus d’enfants à défis particuliers. On a besoin d’aide, on a besoin de soutien. Le partage de la richesse, ça doit servir au collectif aussi. »

Concernant la tenue d’éventuels états généraux sur le syndicalisme, la plupart étaient en faveur de ce genre d’exercice. Bien sûr, la délicate question de l’image médiatique du syndicalisme a fait réagir. « On est montré comme des chialeux, alors qu’on représente les solutions. Faut que le monde comprenne ça. » Toutefois, l’importance de la relève syndicale s’est démarquée comme l’un des enjeux prioritaires. « Si on est capables

d’attirer la relève, de convaincre de plus en plus de gens, il va en rester moins pour médire à propos des syndicats. La relève, c’est la clé. »

Finalement, l’analyse, le développement et l’exercice du rapport de force ont été ciblés comme étant prioritaires. Certains ont mis l’accent sur l’importance de bien calculer l’atterrissage suivant l’exercice musclé d’un rapport de force. « Quand ton rapport de force est très solide, les membres le savent et s’attendent à des résultats de même envergure. Il faut que le deal soit fort, sinon tes membres vont être déçus. De là toute l’importance d’analyser finement l’évolution de la conjoncture tout au long d’une négociation. »

Les résolutions seront débattues et soumises au vote demain.

Là où le mot « nation » prend tout son sens

Ce n’est pas d’hier que la CSN entretient des liens étroits avec les représentantes et les représentants du syndicat basque ELA (Solidarité travailleurs basques). À preuve, le premier contact entre la CSN et Amaia Muñoa, l’actuelle secrétaire générale adjointe du syndicat présente au congrès de la CSN, remonte à 2001, au Sommet des Amériques à Québec. Amaia venait alors tout juste d’être élue trésorière de ELA.

Une amitié tissée serrée
Malgré les images brouillées par les gaz lacrymogènes qui demeurent à l’esprit de bien des gens, les souvenirs que garde Amaia de cet événement demeurent limpides : « Je m’en souviens comme si c’était hier. Bien sûr, il y avait beaucoup d’agitation parmi les manifestantes et les manifestants et les affrontements avec les forces de l’ordre étaient particulièrement musclés. Mais ce qui m’a le plus marquée à l’époque, c’est cet accueil si chaleureux que nous avait réservé la CSN. C’est comme si nos partenaires de ce mouvement s’étaient fait un devoir de nous protéger dans tout le tumulte ambiant. C’est là que j’ai tissé mes premiers liens d’amitié avec le Québec et la CSN ».

Nations sans État et convergence des luttes
Lorsqu’on questionne Amaia et son collègue Unai Oñederra – lui aussi délégué de ELA présent au congrès de la CSN – sur la nature des liens qui unissent les deux organisations syndicales, les deux répondent du tac au tac : « Nous sommes deux grandes organisations syndicales évoluant au sein de nations sans État. Nous avons une histoire et un passé similaires, traversés par plus d’un siècle de luttes pour l’amélioration des conditions de travail de nos membres, mais aussi pour l’émancipation de nos nations respectives. Nous avons beaucoup appris de nos expériences mutuelles et avons encore beaucoup à apprendre de nos défis communs. »

Unai est aussi directeur de la Fondation Manu Robles-Arangiz créée par ELA en 1991 afin de promouvoir et de développer les valeurs du mouvement syndical basque. Pour lui, ces deux luttes, nationale et syndicale, sont indissociables : « La lutte pour l’amélioration des conditions de travail et des conditions de vie de nos compatriotes va de pair avec celle pour l’indépendance du Pays basque. Il s’agit des deux côtés de la même médaille », insiste-t-il.

Syndicalisme de combat
En plus de ces traits de convergence historiques, le style de syndicalisme même que pratique ELA s’apparente à celui de la CSN. « Pour faire face aux enjeux actuels et aux nombreux défis auxquels nous sommes tous collectivement confrontés, ça prend du nerf et de la détermination, explique Amaia. C’est ce que j’ai toujours aimé à la CSN, cette combativité dans le militantisme. On l’a vu encore dans la rétrospective des luttes présentée lors de la journée d’ouverture du congrès. C’est là qu’on voit tous les gains concrets qu’on peut réaliser lorsqu’on se mobilise avec pugnacité. »

50 ans de luttes conjointes : les syndicats demandent toujours le respect

La négociation du secteur public battant son plein, la CSN a voulu souligner les 50 ans du premier Front commun de 1972 par une courte rétrospective de cette négo au fil des ans. La projection du documentaire s’est close avec une ovation et des chants solidaires qui ont ouvert la troisième journée du rassemblement.

Dans la conjoncture politique du moment, les troupes se mobilisent devant un gouvernement qui « tend vers un appauvrissement des conditions de travail dans le secteur public », soutient François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Pour le responsable de la négociation des secteurs public et parapublic, « les travailleuses et les travailleurs, comme en 1972 avec Robert Bourassa, considèrent que le gouvernement Legault a peu de respect pour leur profession. C’est pour ça que le monde se mobilise. » Pour une huitième fois au cours de l’histoire québécoise, les trois grandes centrales syndicales, accompagnées cette fois de l’APTS, ont décidé de se réunir à la table des négociations.

« Le Front commun, c’est super important. On est toutes et tous dans le même bateau, on a besoin du plus de bras possible pour assurer une bonne mobilisation et pour que le message passe », avance Yves Sabourin, vice-président à la vie syndicale, à la mobilisation et à l’information du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux de l’Outaouais–CSN.

En 1972, la revendication principale était de 100 $ minimum par semaine. « En 2023, la moyenne de la demande salariale du Front commun équivaut, pour la première année, à 100 $ de plus par semaine. Le gouvernement dit que ça n’a pas de bon sens, mais en même temps, les député-es vont se voter dans quelques jours une augmentation de 30 %, ce qui équivaut à 582 $ par semaine. C’est rire de nous autres », affirme François Enault. Pour la majorité des élu-es, l’indemnité annuelle de base passerait à 131 766 $, à laquelle s’ajoutent des primes dans la plupart des cas.

Une privatisation accélérée

La sauvegarde des services publics est le nerf de la guerre dans la bataille de l’heure, pour les militantes et les militants du secteur. Avec le dépôt du projet de loi 15 et l’objectif d’implanter la mégastructure que sera l’agence Santé Québec, le mouvement vers la privatisation se fera en accéléré et ce sont les contribuables qui « risquent d’en payer la facture ». Pour le premier vice-président de la CSN, « la vraie bataille est celle du maintien des services publics forts au Québec. Il faut s’adresser à l’ensemble du monde, pour que le message soit bien compris par toute la population. Ce n’est pas vrai qu’on va laisser le gouvernement nous pousser vers une privatisation de plus en plus grande », ajoute-t-il dans son discours d’aujourd’hui.

Annoncer des reculs acquis au terme de longues batailles a habituellement un effet mobilisateur. Dans son dépôt de décembre dernier, la CAQ proposait des reculs dans les

régimes de retraite. Pour le Comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP), le gouvernement utilise comme prétexte les départs hâtifs à la retraite provoqués par la récente bonification du Régime des rentes du Québec (RRQ). Il cherche ainsi à réduire la rente et à reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre, alors que le régime est en pleine santé. « Un des avantages que les travailleuses et les travailleurs du secteur public ont, c’est bien le régime public de retraite. Ça mobilise notre monde que le gouvernement touche à ça », estime François Enault.

Ensemble, la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur. Cinquante ans après le premier Front commun, les centrales unissent une fois de plus leurs forces pour la ronde de 2023.

Les technologies doivent servir les travailleuses et les travailleurs

Les progrès technologiques touchent particulièrement certains emplois de l’industrie de la construction. Par exemple, il y a une vingtaine d’années, les arpenteuses et les arpenteurs travaillaient toujours en équipe de deux sur les chantiers. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec l’informatisation des équipements, l’utilisation de robots, de drones et des technologies de localisation comme le GPS, ils travaillent maintenant seuls. Et ce n’est pas sans conséquence.

Le vice-président de la CSN–Construction, Jean-Louis Simard, est bien placé pour en parler : il ne cumule pas moins de 60 000 heures sur les chantiers québécois. « Les arpenteurs doivent maintenant transporter seuls tout leur matériel, souligne-t-il. Il n’y a plus de transfert de connaissances entre les plus anciens et les nouveaux. C’est une source de stress importante pour les plus jeunes, puisqu’on sait qu’une seule erreur, en arpentage, peut coûter très cher. C’est aussi un risque accru d’accident, car toute ton attention est portée sur la machine et forcément moins sur l’environnement autour. »

Pour la CSN–Construction, qui place la santé-sécurité au sommet de ses priorités, c’est un enjeu bien réel. « Les employeurs sont prêts à investir dans les nouvelles technologies, mais malheureusement, pas mal moins dans la santé et la sécurité », déplore-t-il.

Pourtant, la technologie peut aussi servir à assurer la sécurité de toutes et de tous sur les chantiers. Il mentionne, par exemple, un système utilisé sur celui de l’échangeur Turcot : tous les salarié-es portent un capteur spécial dans leur casque, lequel est relié aux véhicules lourds. Ainsi, si un risque de collision est détecté, le véhicule tombe automatiquement au neutre. Une belle innovation, trop peu répandue.

Jean-Louis Simard croit qu’on verra de plus en plus d’automatisation complète de certaines tâches, et pas seulement dans l’arpentage. Pensons au travail de forage du tunnel du REM, sous le Mont-Royal, effectué par une machine téléguidée à partir d’un bureau. Le vice-président de la CSN–Construction se garde bien de rejeter ces nouvelles technologies. Il souligne que celles-ci peuvent faciliter certaines tâches et diminuer le risque d’erreur de calcul.

GPS
Lorsqu’on parle de nouvelles technologies dans la construction, on ne peut faire fi de l’introduction d’un nouveau système de compilation des heures qui a été au cœur d’un conflit de travail ces dernières années. Les syndicats s’opposaient à l’obligation pour les travailleuses et les travailleurs d’installer une application de pointage sur leur téléphone personnel. Les syndicats, dont la CSN–Construction, n’ont pas pu en empêcher le déploiement. Toutefois, ils ont forcé la mise en place de plusieurs balises afin de protéger la vie privée des salarié-es, dont l’obligation pour l’employeur d’obtenir le consentement écrit de la personne salariée.

Réforme annoncée
Les prochains mois ne seront pas de tout repos à la CSN–Construction. En effet, le gouvernement a annoncé son intention d’augmenter la « versatilité » sur les chantiers. À ses yeux, cela implique de revoir l’organisation de l’industrie, notamment en ce qui a trait à la distribution des tâches entre les différents métiers. Le gouvernement demande à la Commission de la construction du Québec (CCQ) de trouver un terrain d’entente entre les syndicats et les employeurs.

De tels changements doivent d’abord être débattus au Comité sur la formation professionnelle dans l’industrie de la construction, un lieu paritaire. Car plusieurs questions sont en jeu, notamment celle de la formation pour les futurs salarié-es comme pour celles et ceux qui sont déjà dans l’industrie. De plus, il faudra s’assurer que ces changements n’auront pas comme effet de diminuer la rémunération pour certains d’entre eux, puisque les taux de salaire ne sont pas les mêmes dans tous les métiers… Des discussions sont en cours, mais personne ne peut prédire actuellement si un consensus pourra émerger.

Si le gouvernement et les patrons ont tendance à dénoncer « l’immobilisme syndical », il faut rappeler que les syndicats ont déjà accepté, dans le passé, de procéder à certains changements, par exemple en permettant aux apprenti-es dans certains métiers de procéder au ramassage de débris, ce qui était auparavant réservé aux manœuvres de l’industrie. Rappelons également que les syndicats ont déjà accepté de réunir les métiers d’opérateurs de machinerie lourde et de pelle mécanique. Si ce changement n’est pas mis en œuvre actuellement, cela s’explique surtout par la vétusté du système informatique de la CCQ, datant de 1972…

Pareils, mais différents

« Nos organisations mènent des luttes similaires, dont celle contre ce que nous appelons la digitalisation du travail, une dévalorisation qui se manifeste par l’absence ou le manque de créativité, les tâches répétitives, bref, par une perte de sens au travail. Cette perte de sens est accentuée par l’inégalité des statuts d’emploi qui implique forcément une inégalité des salaires versés. Alors que le secteur public tirait les conditions de travail vers le haut avec des emplois dits statutaires (permanents), nous constatons que le privé ne fait pas mieux et que même dans le public, les conditions sont tirées vers le bas avec la création de postes plus précaires.

« Les travailleuses et travailleurs sans-papiers vivent aussi de la discrimination similaire à celle contre laquelle vous luttez ici. Plus précaires, ils acceptent souvent des postes mal payés que d’autres refusent, des emplois peu valorisants. Nous militons donc pour qu’il y ait une régularisation de leur statut, ce qui amènerait automatiquement un rehaussement important de leurs conditions de travail afin de tirer ces salarié-es vers le haut et de contrer la dévalorisation du travail.

Et différents

« Notre organisation regroupe 1,5 million de membres, y compris les sans-emploi affiliés que nous représentons et à qui notre organisation verse les indemnités de chômage que nous recevons de l’État. Plus besoin de déclarer ses semaines au gouvernement, le versement se fait plus rapidement, plus facilement et nous soutenons leurs efforts pour retrouver un emploi, pour refaire leur CV, etc. Les sans-emploi sont membres à part entière et participent à tous nos congrès.

Contrer l’ubérisation et la précarisation du travail

« Nous travaillons aussi à la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs de plateforme, de celles et de ceux, par exemple, qui livrent des repas via des applications, les faux indépendants qui ont le même employeur, afin d’élever leurs conditions de travail. On veut assurer leur santé et leur sécurité au travail tout en leur donnant accès aux protections sociales. Nous avons récemment vu, au Brésil, des applications pour obtenir les services d’un avocat payé à l’acte et donc précarisé, et nous devons organiser ces nouvelles formes d’accès au travail afin de leur garantir de bonnes conditions d’exercice.

« Nous travaillons également sur la mise en place de lois qui imposeraient un devoir de vigilance. Cela impliquerait que les maisons-mères des multinationales soient responsables et redevables pour toute la chaîne de production, du producteur de cacao en passant par celui qui le transforme pour le consommateur. Nous avons d’ailleurs tissé des liens avec la CSN lors de la courte grève des salarié-es de Barry Callebaut, en septembre 2019. Puisque nous avons la transparence financière en Belgique, nous avons divulgué les renseignements financiers nécessaires à la négociation des salarié-es de Saint-Hyacinthe.

« Finalement, comme vous, nous vivons une montée de l’extrême droite et nous sommes très vigilants à cet égard. Les élections européennes arrivent chez nous en 2024, à tous les niveaux de pouvoir du pays, et cela coïncide aussi avec les élections syndicales qui ont lieu tous les quatre ans. Nous avons des règles concrètes afin d’éjecter tout délégué-e affichant de telles postures politiques. Il n’est pas question pour nous de laisser l’extrême droite prendre place dans des organisations qui luttent pour la solidarité, l’entraide et la justice sociale. »