La Fédération des professionnèles (FP-CSN) dénonce les récentes offres patronales sectorielles du secteur de la santé et des services sociaux

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) dénonce vivement qu’après bientôt une année de rencontre, les offres patronales sectorielles du secteur de la santé et des services sociaux ne permettent toujours pas d’améliorer ni les conditions de travail des professionnèles ni l’accessibilité et la qualité de nos services publics. En effet, la FP est amèrement déçue de ne pas avoir encore de réponses concrètes aux propositions des professionnèles.

La FP considère qu’il faudrait beaucoup d’imagination pour voir dans les récentes offres patronales des ouvertures aux demandes des professionnèles. Pire encore, les demandes patronales qui diminuent les conditions de travail des professionnèles demeurent. Dans un contexte de chambardements importants des structures du Réseau de la santé et des services sociaux, les demandes de la partie patronale trahissent la vision du gouvernement à l’égard des professionnèles et techniciennes et techniciens : des pions interchangeables au gré de l’humeur des ministres et de leurs réformes.

«Force est de constater que la partie patronale s’entête, de manière idéologique, à réaliser des économies substantielles uniquement sur une base comptable plutôt que d’entendre les solutions des professionnèles et techniciennes et techniciens! D’ailleurs, le gouvernement aurait déjà avoué que dans sa prochaine mise à jour économique, le cap serait maintenu vers les mesures d’austérité qui nuisent concrètement à la qualité et à l’accessibilité des services publics», déplore Ginette Langlois, vice-présidente de la FP.

La FP est prête à continuer les rencontres avec la partie patronale, pourvu qu’il y ait un espace de discussion réel sur les enjeux et les problèmes essentiels qui touchent les professionnèles et techniciennes et techniciens. Durant les prochains jours, les membres de la FP continueront de se mobiliser afin de bâtir un rapport de force nécessaire à la signature d’une bonne convention collective. La FP est déterminée à améliorer les conditions de travail des professionnèles et des techniciennes et techniciens.

La CSN dénonce une centralisation motivée par l’obsession de l’austérité

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a annoncé sa volonté de centraliser les laboratoires médicaux de la province. La CSN est très inquiète de cette intention du ministre, qui n’a pas pour objectif d’améliorer les services à la population, mais bien de poursuivre sur la voie de l’austérité. Les importantes critiques adressées à l’endroit du nouveau laboratoire du CUSM en PPP démontrent que cette centralisation est loin d’être la panacée.

Un enjeu majeur de santé…

Les intentions du ministre ont de quoi inquiéter. La centralisation en onze laboratoires serveurs implique d’importants déplacements des échantillons et une organisation sans faille, or ce n’est pas le cas actuellement. « Les évènements au CUSM, où plusieurs pertes d’échantillons et erreurs dans les dossiers ont été notées récemment, devraient suffire au ministre pour mettre un frein au processus. Or, on nous annonce plutôt que le MSSS va aller de l’avant, tout en lançant un appel d’offres l’année prochaine pour un meilleur système informatisé… mais d’ici là ? Sans compter tous les problèmes que connaît déjà le gouvernement avec les contrats informatiques confiés au privé qui sont un véritable fiasco », s’inquiète Jeff Begley, président de la FSSS-CSN : « les conséquences de telles erreurs pourraient pourtant être fatales. »

Selon le groupe sectoriel d’expertise sur la manipulation et le transport des spécimens biologiques du MSSS, les échantillons devraient idéalement être traités dans un délai de deux heures. La CSN se demande comment le ministre compte s’y prendre pour respecter cette recommandation si un hôpital de la Côte-Nord doit envoyer ses échantillons à Rimouski ou si un centre hospitalier de l’Abitibi doit envoyer les siens à Montréal.

La disparition d’une expertise locale…

L’inquiétude est aussi palpable du côté de la Fédération des professionnèles-CSN pour qui la disparition de l’expertise locale est un enjeu important. « Prenons, par exemple, le cas du CHU Sainte-Justine qui a une clientèle pédiatrique ayant des besoins particuliers par rapport à la clientèle adulte. Les techniciens et professionnels qui y travaillent sont au fait de ces particularismes et ont développé une expertise spécialisée qui disparaîtrait dans un gros laboratoire centralisé », affirme Michel Tremblay, président de la FP-CSN.

Des milliers d’emplois en jeu…

Au cœur de l’activité des laboratoires, il y a plus de 5000 salarié-es partout dans la province, dont 2000 seulement à Montréal répartis sur 98 établissements. La CSN est préoccupée par le sort qui attend ces salarié-es. « C’est, une fois de plus, les travailleurs et les travailleuses qui offrent un service exceptionnel dans des conditions parfois très difficiles, qui feront les frais de ces décisions improvisées et sans aucune consultation de la part du ministre. Ce qu’on voit, c’est que cette nouvelle réforme est motivée par l’austérité et non par une volonté d’améliorer les services à la population », s’indigne Jean Lacharité, vice-président de la CSN, « il faut que ça cesse, il va falloir que le ministre comprenne que ce n’est pas un jeu, il a la santé des patients et l’avenir des employé-es entre ses mains. »

Des délais déraisonnablement courts…

Pour la centrale syndicale, centraliser les laboratoires médicaux n’est pas une décision qui doit être prise à la légère. Plutôt que de donner le temps d’analyser et d’ouvrir un débat sur le sujet, le ministère semble agir dans l’empressement. Pourtant, c’est Gaétan Barrette lui-même qui, en mars 2014, alors qu’il était président de la Fédération des médecins spécialistes, déclarait : « […] Et on nous dit que dans maximum trois ans ce sera terminé ! N’importe quelle personne saine d’esprit va comprendre que c’est n’importe quoi. » L’Alberta, qui a décidé de se lancer dans un processus similaire, s’est doté d’un échéancier jusqu’en 2030 avec un investissement de 3 milliards de dollars.

La CSN demande donc au ministre de revoir sa décision et de mettre sur la glace ce processus. « On n’a même pas encore achevé la fusion dans les CISSS et les CIUSSS que déjà le ministre veut lancer le réseau dans une série de nouvelles réformes, ça n’a pas de bon sens », conclut Jean Lacharité.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Un rapport qui démontre l’ampleur de l’impact des mesures d’austérité

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le rapport annuel de la Protectrice du citoyen démontre l’ampleur de l’impact des mesures d’austérité sur les services à la population. Plutôt que de réduire la qualité des services aux personnes parmi les plus vulnérables de la société, le gouvernement Couillard devrait aller chercher de nouveaux revenus pour financer nos services publics.

L’austérité mise en lumière
Le rapport de la Protectrice du citoyen recèle plusieurs preuves des impacts des mesures d’austérité sur le réseau de santé et de services sociaux. Le nombre de plaintes a augmenté de 10,6%, alors que la qualité des services à la population est en baisse dans plusieurs domaines du réseau. Le rapport cible particulièrement la question de la santé mentale, de la santé physique, du soutien à l’autonomie des personnes âgées et des déficiences.

« Le rapport de la Protectrice du citoyen est une preuve supplémentaire de l’impact de l’austérité sur la qualité des services à la population. Le gouvernement s’attaque à nos services publics en s’en prenant aux personnes les plus vulnérables de notre société. Pour continuer de laisser s’enrichir les plus riches, il réduit le bassin de services des personnes recevant des soins à domicile, les personnes atteintes de déficiences et les personnes ayant des problèmes de santé mentale », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Le rapport souligne par ailleurs l’importance des soins à domicile comme « l’une des assises privilégiées pour retarder le recours à l’hébergement.

« Comment se fait-il alors que le MSSS, comme le lui reproche la Protectrice du citoyen, soit toujours incapable d’établir l’offre réelle de soins à domicile ni le taux de financement qu’il faudrait pour répondre vraiment à la demande. Peut-être ce gouvernement craint-il la réponse ? À savoir que l’offre est nettement insuffisante et qu’il faut injecter beaucoup plus d’argent qu’actuellement? », déclare Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Des soins psychologiques de plus en plus atteints
Le Protecteur du citoyen s’inquiète aussi du problème d’accessibilité aux soins psychologiques qui « perdurent » et qui font en sorte que des personnes avec des besoins pressants sont « maintenues sur des listes d’attente sans autre soutien ».

Le rapport de Mme Saint-Germain demande explicitement de cesser de reporter à plus tard une « vraie » prise en charge des services de santé mentale.

« Il faut que le gouvernement soit sérieux, cette prise en charge sera possible si le ministère peut compter sur un nombre suffisant de psychologues dans le réseau public. Ça n’arrivera pas si le gouvernement ne fait rien pour combler l’écart salarial important qui subsiste entre les psychologues qui pratiquent en cabinet privé et ceux du réseau public », insiste Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles (FP-CSN). « Le gouvernement Couillard hypothèque l’avenir de notre société avec son obsession à imposer des mesures d’austérité. Il accentue les inégalités sociales en démantelant nos services publics, tout cela pour pouvoir réduire les impôts des plus riches. Il doit plutôt se tourner vers la colonne des revenus pour parvenir à mieux financer nos services publics », de conclure Jean Lacharité.

Le Front commun lance les consultations pour un mandat de grève

Dans le cadre de la présente ronde de négociation dans le secteur public, le Front commun annonce l’amorce des consultations visant à obtenir un mandat de grève. Au cours des prochaines semaines, les syndicats membres du Front commun tiendront des assemblées durant lesquelles les travailleuses et les travailleurs se prononceront sur une proposition de mandat de grève légale de 6 jours à exercer en Front commun sur une base rotative et régionale ou nationale, et ce, en tenant compte de la conjoncture de la négociation.

« Ces assemblées sont capitales : elles permettront à nos membres de se prononcer en toute démocratie sur la meilleure stratégie à adopter, explique Carolle Dubé, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP). Rappelons que la grève est un moyen de pression légitime, ce qui a été confirmé par la Cour suprême à l’hiver dernier. Il s’agit d’un droit fondamental. L’importance des reculs demandés par le gouvernement nous oblige à intensifier nos moyens de pression et à nous doter de mandats de grève dès maintenant. Face au démantèlement des services publics québécois, nous ne pouvons rester les bras croisés. Nous répondrons par notre détermination et notre mobilisation. »

« Il n’y a pas eu de vacances pour la négociation cet été, mais il n’y a pas eu d’avancée non plus!, fait remarquer Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Des travaux constructifs ont certes été menés, mais les négociateurs du gouvernement ne semblent toujours pas avoir les mandats nécessaires pour convenir d’ententes. En lançant cette recherche de mandats de grève, nous voulons envoyer un message clair au gouvernement libéral : après presque un an de négociation, il est maintenant temps pour lui de donner la marge de manœuvre nécessaire à ses représentants afin qu’ils puissent faire progresser les négociations. »

« Notre objectif premier demeure bien sûr un règlement négocié avec la partie patronale, mais pas à n’importe quel prix, souligne Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Personne ne souhaite l’éclatement d’un conflit de travail, mais force est de constater que ce qui est sur la table actuellement est carrément inacceptable. Nous envoyons aujourd’hui un message fort au gouvernement : les travailleuses et les travailleurs du secteur public refusent de se laisser appauvrir. Nous invitons donc le Conseil du trésor à négocier de bonne foi, à faire avancer les travaux aux différentes tables afin de convenir d’ententes négociées et satisfaisantes pour nos membres. Si telle est sa volonté, les organisations syndicales seront au rendez-vous. »

Les membres de la CSN manifestent contre l’attitude du gouvernement

Réunis en instance de négociation, environ 1500 travailleuses et travailleurs du secteur public de la CSN ont manifesté devant le secrétariat du Conseil du trésor à Montréal ce midi pour faire entendre leur mécontentement au gouvernement devant la lenteur des travaux aux tables de négociation.

« M. Coiteux aimait bien répéter, en juin dernier, qu’il n’y aurait “pas de vacances pour la négociation”, rappelle Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Non, il n’y a pas eu de vacances cet été – mais il n’y a pas eu d’avancées non plus! Certains travaux ont été constructifs, mais les négociateurs du gouvernement ne semblent pas encore avoir les mandats nécessaires pour conclure d’ententes », poursuit Mme Lévesque.

« Ça fera bientôt un an que nous avons déposé nos cahiers de négociation, rappelle Francine Lévesque. Le gouvernement maintient la même intention depuis le début, soit de procéder à des attaques sans précédent à nos conditions de travail. Non seulement le gouvernement libéral chambarde l’ensemble de nos réseaux publics avec ses vastes restructurations, il voudrait également charcuter des pans entiers de nos conventions collectives afin de faciliter la création de ses structures mammouths. Pour le gouvernement libéral, les salarié-es de l’État ne sont que des pions interchangeables qu’il désire faire travailler où il veut, quand il veut et de la façon qu’il veut, sans aucune préoccupation à leur égard, eux qui assurent les services publics au quotidien. »

Après avoir hissé un énorme boulet libéral jusqu’au secrétariat du Conseil du trésor, les représentantes et les représentants reprennent cet après-midi leurs délibérations sur l’état des négociations ainsi que sur l’intensification de leurs moyens de pression.

« Notre objectif demeure toujours de conclure une entente négociée avec les représentants du gouvernement. Mais si celui-ci continue de faire la sourde oreille devant les problèmes que nous avons soulevés et les solutions que nous avons mises de l’avant aux tables de négociation, nous n’aurons d’autre choix que d’augmenter la pression », conclut Mme Lévesque.

Un rapport d’intervention du Protecteur du citoyen accablant, mais incomplet

Réagissant au dépôt du rapport d’intervention du Protecteur du citoyen, le Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec de la CSN (CCATNQ) s’en dit préoccupé, comme il l’est depuis plusieurs années d’ailleurs, par la qualité des services rendus, à la suite des réformes mises en place par les ministres qui se sont succédé au fil des ans.

Le CCATNQ tient à préciser que les recommandations émises par les délégués de la Protectrice du citoyen sont orientées vers l’équipe de gestion du CHSLD Harricana d’Amos et elles viennent confirmer la désorganisation des soins et services rendus à la clientèle qui, comme le mentionne le rapport, sont fragilisés par l’adoption de la Loi 10 quant au leadership de gestion.

« La présentation du rapport d’intervention, quant à sa forme, nous laisse perplexes. Quatre jours d’enquête, deux personnes recueillant des informations et des observations auprès de 53 personnes et malgré tout, de nombreuses questions demeurent sans réponse. Pourquoi ne pas avoir pris une cinquième journée afin de compléter le travail ? Une enquête plus poussée aurait permis, quant à nous, d’éviter d’envenimer un climat de morosité de plus en plus présent dans le réseau de la Santé et des services sociaux. Hier, en une heure à peine, nous avons obtenu plusieurs réponses sur de nombreux éléments soulevés dans le rapport. Pourquoi ? Parce qu’on a posé les vraies questions, je suppose », lance le président intérimaire du CCATNQ, Giacomo Bouchard.

De son côté, la vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Annick Trottier, considère que plusieurs recommandations transmises pourraient très bien s’appliquer dans une grande majorité d’établissements du réseau de la Santé et des services sociaux. « Le manque d’écoute envers les membres du personnel perdure depuis plusieurs années. L’équipe multidisciplinaire doit, de façon impérative, représenter l’ensemble des membres du personnel, quel que soit leur titre d’emploi, dans la mesure où ils dispensent des soins de proximité à la clientèle. De toute évidence, on consulte le personnel quand cela fait l’affaire des décideurs, mais en ce qui concerne les soins dispensés, on y accorde peu ou pas d’importance. Il y a une différence entre être écouté et être entendu », déclare la vice-présidente régionale.

L’exécutif du Syndicat des travailleuses et travailleurs Les Eskers de l’Abitibi-CSN considère que les effets d’un tel rapport sont dévastateurs auprès des membres qu’il représente. « Certes, les recommandations sont dirigées en très grande partie vers l’équipe de gestion de l’établissement, mais nos membres se sont aussi fait éclabousser par le traitement qu’en ont fait certains médias. Nous avons à gérer une situation de crise causée essentiellement par un rapport incomplet. Qui se questionne sur l’état du personnel ? On dirige des attaques peu voilées envers une personne en particulier, alors que l’administration se compose d’une dizaine de cadres au CHSLD ? Comme syndicat, nous avons interpellé la direction à maintes reprises au fil des ans, entre autres le 15 septembre 2014, pour que des correctifs soient apportés. Résultat : aucun changement significatif n’a été enregistré en un an. Soyez assurés qu’en tant que représentants des membres, nous mettrons les énergies nécessaires pour obtenir des réponses, plutôt que simplement lancer un pavé dans la mare comme l’a fait la protectrice. Nous croyons que la clientèle, tout comme celles et ceux qui dispensent les soins, est en droit de s’attendre au respect qui leur revient », signale la porte-parole du syndicat, Mélissa Michaud.

Nous ne pouvons passer sous silence le communiqué laconique émis par le CISSS qui, d’aucune façon, ne nuance certains propos contenus dans le rapport. Nous citons particulièrement la conclusion émise par M. Boissonneault qui indique : « Sous ma gouverne, nous appliquerons une tolérance zéro sur des situations semblables ». Que veut-il insinuer ? Pourtant, selon le rapport du Protecteur du citoyen, des recommandations faites par la Commissaire aux plaintes en juin 2014 n’auraient pas été suivies par la direction de l’Agence de la Santé de l’époque. Est-ce que ce sera différent cette fois ? La question est pertinente.

Les moisissures et l’amiante imposent un déménagement

Des spécialistes de la prévention des maladies doivent travailler dans un immeuble loué dans le Parc La Fontaine, insalubre, plein de moisissures et d’amiante. Après un an et demi d’exposition continue aux moisissures, des employés ont développé des maladies pulmonaires. Certains ont fait des réclamations à la CSST. Cette situation est d’autant plus difficile à comprendre qu’il existe une solution moins coûteuse à portée de main. Le gouvernement possède en effet un édifice vide, celui qui servait à l’Agence de santé et de services sociaux, qui se trouve à six minutes de marche! Le CIUSSS Centre-Est-de-l’Île-de-Montréal, dont fait maintenant partie la Direction de la santé publique de Montréal, est l’employeur qui loge ce personnel au 1301, rue Sherbrooke est dans le pavillon La Fontaine.

Propriété de la Ville de Montréal, ce pavillon héberge aussi une garderie qui relève de l’UQAM et des travailleurs de l’arrondissement qui veillent à l’entretien du parc. C’est environ 500 personnes au total. Depuis le verglas de 1998, de nombreuses infiltrations d’eau ont abîmé l’édifice, maintenant contaminé de moisissures. Il a fallu qu’un plafond s’effondre pour qu’on s’intéresse à l’état de santé du personnel et à celui du bâtiment. C’était en janvier 2014. Les moisissures, visibles à plusieurs endroits, et les mauvaises odeurs font croire qu’une inspection approfondie de l’enveloppe du bâtiment alourdirait le constat. Aux prises avec des coupures budgétaires de 30 %, l’administration de la santé publique a décidé de sous-louer un des locaux. Le 22 juin et le 17 juillet arrivaient donc 42 nouveaux employés du CIUSSS. Aussitôt installés, certains d’entre eux ont développé des symptômes, les forçant à changer de local.

Avec le temps, d’autres risquent de développer, eux aussi, des problèmes de santé. La Ville de Montréal effectuera des travaux majeurs dès cet automne, ce qui entraînera la fermeture de deux ailes du pavillon : amiante et moisissures obligent. Si le passé est garant de l’avenir, il y a lieu de s’inquiéter. En effet, entre 2000 et 2014, des travaux qui auraient dû se faire en « condition amiante » ont été réalisés sans que les règles n’aient été respectées. Une douzaine d’événements documentés révèlent que le personnel de santé publique a été ainsi exposé aux poussières d’amiante, parfois sur plusieurs mois.

Une solution à moindre coût

« Pourquoi ne pas relocaliser le personnel maintenant que l’édifice de l’ancienne Agence de santé est vide ? Le gouvernement pourrait mettre fin à un bail coûteux tout en réglant des problèmes de santé », affirme Nancy Corriveau, présidente du Syndicat des technicien-nes et des professionnel-les de la santé et des services sociaux du Québec-STEPSSSQ (FP–CSN). L’ancienne Agence, située rue St-Denis, compte encore aujourd’hui quelque 500 espaces de bureaux équipés. D’importantes économies seraient possibles pour l’employeur, tant avec la fin du bail avec la Ville qu’avec la diminution du nombre d’absences pour maladies professionnelles.

Conflit d’intérêt

Le déménagement, bien qu’il soit le meilleur moyen de protéger la santé des travailleurs, ne fait curieusement jamais partie des solutions envisagées par l’employeur ou la CSST. La CSST a plutôt émis de nombreuses dérogations et demandes de correction, mais a également accepté de nombreux délais pour s’y conformer. Les problèmes persistent toujours. « Depuis le début de cette affaire, plutôt que de faire appel à une expertise externe pour évaluer l’impact sur la santé de l’état de ses propres locaux, le directeur de santé publique, Richard Massé, a persisté à se placer dans une situation où il est juge et partie », dénonce Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), dont fait partie le STEPSSSQ. L’absence d’un avis externe neutre qui se prononcerait sur les risques liés à l’immeuble fait en sorte que la CSST utilise encore une approche au cas par cas. La CSN réclamait déjà une action immédiate dans ce dossier en mars 2014. « On ne peut plus laisser moisir la situation, il est grand temps d’agir », ajoute Michel Tremblay.

À propos

La Fédération des professionnèles (FP) compte quelque 8 000 membres qui oeuvrent dans plusieurs secteurs, dont celui de la santé et des services sociaux. Le STEPSSSQ (FP-CSN) représente 2 400 techniciens-nes et professionnels-les de la santé et des services sociaux œuvrant dans différentes missions, dont les directions de santé publique.

Le Front commun dépose les ententes de services essentiels en cas de grève

Le Front commun annonce aujourd’hui le dépôt par ses organisations membres des ententes de services essentiels à maintenir en cas de recours à la grève.Le dépôt de ces ententes amorce un décompte de 90 jours au terme duquel l’ensemble des travailleuses et des travailleurs représenté par le Front commun aura légalement accès au droit de grève dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions collectives du secteur public.

« Au cours des six derniers mois, nous avons collectivement rejeté les offres méprisantes du Conseil du trésor, nous avons exprimé la colère de nos membres à l’endroit de ce gouvernement et démontré notre détermination à défendre les conditions de travail dans le secteur public. Nous poursuivons ainsi la préparation d’une grève légale à l’automne dans l’éventualité où celle-ci s’avérait nécessaire. La très vaste majorité des organisations membres du Front commun qui doivent répondre à cette obligation légale s’y conforment aujourd’hui. Cette annonce démontre une fois de plus notre détermination à obtenir un règlement satisfaisant et la volonté de nos membres de se tenir debout pour assurer l’avenir des services publics », souligne Louise Chabot, porte-parole du SISP.

« Les organisations membres du Front commun sont conscientes de l’importance des services publics pour la population québécoise, soutient Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. C’est avant tout pour assurer l’accessibilité et la qualité de ces services que nous nous mobilisons actuellement. Nous entendons donc maintenir les services essentiels advenant que nous ne puissions éviter d’avoir recours à la grève. Il ne s’agit pas d’une avenue dans laquelle nous souhaitons nous engager, mais le fossé séparant les parties à la table de négociation et les blocages rencontrés lors des pourparlers ne nous permettent pas d’écarter cette éventualité à ce moment-ci ».

« La priorité du Front commun demeure l’atteinte d’une entente négociée et satisfaisante pour les travailleuses et les travailleurs du secteur public. Les négociateurs du Front commun ne ménageront pas les efforts cet été. Ils ne prendront pas de vacances et poursuivront les travaux avec le Conseil du trésor. Nous invitons la partie gouvernementale à faire preuve d’écoute et de souplesse. Nous souhaitons négocier de bonne foi afin d’obtenir une entente et ainsi éviter l’éclatement d’un conflit de travail que personne ne souhaite », conclut Daniel Boyer, président de la FTQ.

À propos

Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la fonction publique du Québec. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2015.

Les employé-es veulent que leur travail soit reconnu à sa juste valeur

Le travail des syndiqué-es du CJE de la Capitale Nationale n’obtient pas la reconnaissance salariale qu’il mérite par l’employeur qui persiste avec des offres d’augmentation salariale anémiques pour les trois prochaines années.

Les employé-es du CJE ont donc manifesté, le 22 juin, devant leur lieu de travail, pour protester contre ce manque de reconnaissance de l’employeur. « Notre CJE a été choisi pour jouer un rôle pivot dans la nouvelle politique jeunesse du Québec. Le premier ministre Couillard était d’ailleurs sur place la semaine dernière pour faire l’annonce de la politique à venir. Le Syndicat ne comprend donc pas pourquoi cette excellente nouvelle, qui assure un brillant avenir à notre organisme, ne s’accompagne pas d’offres à la hauteur de la valeur du travail accompli chaque jour avec les jeunes que nous aidons », indique Hugo Fleury, président du Syndicat des employé-es du Carrefour jeunesse-emploi (CSN), qui représente une trentaine de membres. De par ce nouveau rôle dans la politique jeunesse, qui s’articulera autour de quatre axes dont l’entrepreneuriat, la persévérance scolaire et la participation citoyenne, le CJE pourra améliorer son financement. L’employeur dispose par ailleurs déjà d’un coussin qui permettrait de financer toute la demande syndicale d’augmentation de 2,2 % par année.« Nous ne comprenons absolument pas pourquoi le blocage persiste à la table de négociation », ajoute le président.

« Le CJE joue un rôle clé pour les jeunes de la région de Québec. D’ailleurs une place accrue et des responsabilités supplémentaires incombent maintenant au CJE de Québec suite à l’abolition du Forum Jeunesse de région de la Capitale Nationale. Il faut que le gouvernement soit cohérent », insiste Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), qui accompagnait les syndiqué-es du CJE le 22 juin.

« Les demandes du CJE sont très raisonnables. En fait, il n’y a aucune raison valable pour refuser aux employé-es de CJE un salaire équivalant à ceux qui font un travail similaire dans la fonction publique », ajoute Michel Tremblay, président de la FP-CSN.

À propos

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) compte quelque 8 000 membres qui oeuvrent dans plusieurs secteurs, dont certains CJE.

Aller simple assuré à l’urgence

Les organisations syndicales représentant les psychologues du réseau public de la santé et des services sociaux (l’APTS, la FP–CSN, la FSSS–CSN, le SQEES–FTQ et la CSQ), ainsi que diverses organisations de la société civile, tirent la sonnette d’alarme : l’abolition de la prime de rétention versée aux psychologues aggravera le problème d’accessibilité aux services psychologiques pour la population québécoise. Résultat : des gens vulnérables sont laissés sur le carreau, tandis que d’autres passent carrément par l’urgence pour recevoir des soins. Pour les organisations syndicales, le gouvernement n’a pas mesuré les conséquences de sa décision unilatérale sur l’attente aux urgences, l’alourdissement du fardeau des groupes communautaires, mais surtout sur les personnes les plus vulnérables de notre société.

Face au manque d’écoute du gouvernement, les psychologues se mobilisent aujourd’hui et demain devant divers établissements partout au Québec afin de sensibiliser la population sur les effets désastreux du retrait de la prime et inciter le gouvernement à changer de cap « Quand on regarde les conditions offertes dans le secteur privé, il est clair que c’est par conviction, par choix personnel, que les psychologues du réseau public y font carrière. Nous aurons un problème majeur si la situation se détériore au point où les jeunes psychologues, comme les plus expérimentés, jugeront les sacrifices trop importants pour travailler le secteur public », ont résumé les porte-parole des organisations syndicales aujourd’hui à l’occasion d’un rassemblement devant l’établissement Notre-Dame du CHUM. Étaient notamment présents : la vice-présidente de l’APTS, Martine Robert, le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley, la porte-parole de la FP–CSN et psychologue au CHU Sainte-Justine, Dominique Pallanca, ainsi que le vice-président de la CSQ, Pierre Jobin.

Rappelons que cette mesure de rétention, retirée le 30 mars dernier, avait pour objectif d’inciter les psychologues à demeurer dans le réseau public. Sans cette mesure, le gouvernement reconnaissait lui-même que les psychologues se tourneraient vers le privé, entraînant du même coup une inévitable baisse de l’accessibilité aux soins psychologiques publics et une importante perte d’expertise dans le réseau. Or, les problèmes d’accès aux services de psychologues sont déjà bien réels. Les conséquences sont majeures tant au niveau de la santé publique que de la gestion. Les personnes qui ne peuvent consulter un psychologue du réseau public au moment où elles en ont besoin peuvent voir leur santé mentale et physique se dégrader, ce qui entraîne toutes sortes de conséquences sociales, dont une augmentation de l’itinérance.

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Pour les organisations syndicales, le gouvernement cherche à réaliser des économies sur le dos des plus vulnérables. À long terme toutefois, cela coûtera plus cher, car les personnes qui ne peuvent recevoir les services de psychologues se tourneront vers les urgences des grands centres hospitaliers qui, on le sait, sont déjà surchargées.

Les groupes communautaires sous pression

Quelques représentants d’organismes d’aide ont pris la parole aux côtés des représentants syndicaux. Le coordonnateur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Pierre Gaudreault, considère que l’accès à des services psychologiques dans le secteur public est essentiel. « Depuis plusieurs années, nous plaidons pour qu’on agisse en amont. La prévention demeure le meilleur moyen afin de venir en aide aux personnes itinérantes. Déjà, l’accueil et les services offerts dans le réseau de la santé et des services sociaux sont déficients et malheureusement souvent mal adaptés aux défis particuliers que représente cette population marginalisée. L’accessibilité aux services publics est névralgique ».

De son côté, le Réseau alternatif et communautaire des organismes en santé mentale de l’île de Montréal (RACOR) déplore que les politiques d’austérité du gouvernement prennent encore une fois pour cible des personnes parmi les plus vulnérables. « L’austérité, en santé mentale, cela veut dire plus de gens en détresse! On entend moins parler des listes d’attente en santé mentale et pourtant elles sont bien réelles, tout comme leurs conséquences pour les personnes à la recherche d’aide. Le réseau public ne peut miser uniquement sur la médicalisation des problèmes de santé mentale; les services de psychologie doivent faire partie des réponses offertes. Ces coupes entraînent également un alourdissement pour les organismes communautaires qui n’ont pas les ressources nécessaires pour répondre adéquatement aux demandes », explique la directrice générale du réseau, Julie Nicolas.

 

Quand austérité et protection de la jeunesse ne font pas bon ménage

C’est ce lundi, le 15 juin que les DPJ ont dévoilé leur bilan annuel, lequel révèle une hausse de 5 % des signalements pour l’année 2014-2015. Depuis l’adoption de la loi sur la protection de la jeunesse en 1979, les signalements ont fait un bond de 189 %. La vaste majorité de ces cas concerne des abus physiques ou des négligences. La CSN s’inquiète de ces résultats alarmants, surtout en considérant les nombreuses compressions auxquelles sont soumis les différents organismes et services chargés d’aider ces jeunes vulnérables.

Les Centres jeunesse : faire plus, avec moins !

Ces hausses de signalements se répercutent en effet par une augmentation de la fréquentation des Centres jeunesse. Or ceux-ci ont été soumis à de nombreuses compressions budgétaires au cours des dernières années, de plus de 50 millions de dollars au cours des quatre dernières années. Le budget actuel fait état d’un accroissement de seulement 0,8 %, donc en deçà de l’inflation et de la hausse naturelle des coûts. Les compressions des dernières années ont eu pour conséquence d’augmenter la charge de travail des intervenants et intervenantes, qui peinent de plus en plus à maintenir le niveau de services aux jeunes vulnérables. « Nous dénonçons depuis plusieurs années les conséquences des compressions budgétaires dans les Centres jeunesse. Ces coupes interviennent alors que les taux de signalement augmentent sans cesse. On ne peut demander constamment aux travailleuses et travailleurs de traiter plus de cas avec moins de moyens. À force de couper, le gouvernement Couillard compromet l’avenir des jeunes vulnérables », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles (FP-CSN,) abonde dans le même sens : « Dans le seul but d’économiser, certains centres jeunesse abolissent des postes de professionnels qui viennent en aide aux jeunes en difficulté. Ceci provoque une perte d’expertise et d’expérience pour des tâches névralgiques, comme le triage des signalements en première ligne. Le travail de ces salarié-es est par la suite effectué par moins de personnes disposant de moins de formation et de moins d’expérience, ce qui ne favorise pas un climat de stabilité dans les centres d’hébergement pour des jeunes ayant souvent vécu des situations traumatisantes. »

Lutter contre la pauvreté pour réduire la vulnérabilité des jeunes

La CSN se réjouit des déclarations de Michèle Dionne, la porte-parole des DPJ, à l’effet qu’il faut lutter contre la pauvreté pour agir contre la maltraitance. Malheureusement, le gouvernement Couillard ne fait preuve d’aucune compassion. Coupes à l’aide sociale, coupes en éducation et en santé, diminution du nombre de logements sociaux, augmentation des tarifs de toutes sortes, notamment des services de garde, autant de mesures imposées par le gouvernement actuel qui contribuent à accroître la pauvreté. En ce sens, les annonces de Philippe Couillard lors du congrès du Parti libéral de la fin de semaine dernière n’ont rien de rassurant : « Il est grand temps que le gouvernement comprenne que ses mesures d’austérité ont des conséquences directes et tangibles sur la population », affirme Jean Lacharité, vice-président de la CSN. C’est bien beau de prétendre que les compressions n’ont pas d’impact sur la population, mais au-delà de cette pensée magique, il y a la réalité et dans cette réalité : protection de la jeunesse et austérité ne font pas bon ménage ! » poursuit-il.

À propos

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) compte quelque 8 000 membres qui oeuvrent dans plusieurs secteurs, dont ceux de la santé et des services sociaux.

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte près de 130 000 membres dans les secteurs public et privé. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

La CSN rejette les offres du gouvernement

Les quatre fédérations du secteur public de la CSN rejettent les offres du gouvernement déposées dans le cadre du renouvellement des conventions collectives des employé-es des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux.

Après six mois de négociation, les comités patronaux ont enfin commencé à clarifier, au cours des derniers jours, la nature réelle de leurs demandes en déposant de nouveaux cahiers de négociation. « En amorçant cette négociation, nous avons soulevé au gouvernement d’importantes préoccupations, notamment en rapport aux problèmes de rareté et de pénurie de main-d’œuvre dans nos réseaux publics, indique la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque. Mais plutôt que de répondre aux problèmes que nous avons identifiés, le gouvernement propose des mesures qui vont inévitablement les exacerber. »

« Plutôt que de chercher l’adhésion de ses salarié-es aux importantes restructurations qu’il impose, le gouvernement souhaite s’attaquer à leurs conditions de travail pour faire en sorte qu’il puisse les faire travailler là où il veut, quand il le veut et de la façon qu’il le veut, poursuit Madame Lévesque. Il voudrait forcer les gens à se déplacer à des centaines de kilomètres de leur lieu de travail actuel, sans quoi ils pourraient être considérés comme démissionnaires. Il voudrait imposer unilatéralement des horaires atypiques, voire des semaines de travail sur plus de cinq jours. Alors que 75 % des emplois des services publics sont occupés par des femmes, ces changements iraient complètement à l’encontre de la conciliation famille-travail. »

En déposant leurs demandes à l’automne dernier, les fédérations du secteur public affiliées à la CSN avaient identifié quatre priorités pour améliorer la capacité d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre, la qualité de vie au travail et l’efficacité des réseaux publics : mettre un terme à la sous-traitance, réduire la précarité d’emploi, protéger l’autonomie professionnelle des employés et bonifier les mesures de conciliation famille-travail-études. Pour la CSN, d’importantes économies et des gains d’efficience concrets sont à la portée du gouvernement :

« Non seulement le gouvernement refuse de répondre à nos demandes, mais il aborde les problèmes complètement à l’envers, déplore la vice-présidente de la CSN. Les pénuries de main-d’œuvre provoquent un surplus d’heures supplémentaires et des excédents de coûts? Pas de problème, nous dit le gouvernement, on va abolir le paiement des heures supplémentaires après un quart normal de travail. On manque de personnel pendant l’été? On n’a qu’à empêcher le monde de prendre leurs vacances! Ce sont des mesures qui nous ramènent 30 ans en arrière. On a de la difficulté à trouver du personnel dans certains secteurs? Abolissons les primes instaurées pour répondre à ces situations particulières! Le gouvernement va tellement écœurer le monde que plus personne ne voudra travailler dans les services publics. Est-ce vraiment ça qu’il veut? »

« Le gouvernement est-il vraiment prêt à négocier sérieusement? Son comportement aux différentes tables de négociation nous apparaît très préoccupant » signale Francine Lévesque.

À propos

La CSN regroupe plus de 325 000 travailleuses, dont 170 000 œuvrent dans les réseaux publics de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et des organismes gouvernementaux. Leurs conventions collectives sont échues depuis le 31 mars 2015.

Le Front commun demande l’intervention du médiateur

Le Front commun a interpellé aujourd’hui le ministre du Travail, Sam Hamad, afin qu’il nomme un médiateur pour tenter de dénouer les nombreuses impasses qui subsistent dans le cadre des négociations du secteur public.

« Après six mois de discussion, force est de constater le peu de marge de manœuvre accordée par le gouvernement à ses négociateurs, déplore Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Le gouvernement souhaite conditionner les discussions sur les salaires à des éléments qui sont à l’extérieur du cadre des négociations, notamment en matière d’équité salariale et de règlement des plaintes de maintien de l’équité. Or, ce n’est pas à la table centrale qu’on règle ces plaintes, mais bien devant la Commission de l’équité salariale : la loi prévoit une procédure précise et objective pour apporter les modifications nécessaires. Alors qu’on célèbre cette semaine le 20 e anniversaire de la marche  Du pain et des roses, alors que le secteur public est composé à 75 % de femmes, il est plutôt décevant de constater que le gouvernement ignore l’une de nos priorités, soit de mettre un terme au retard salarial des employés de l’État par rapport aux autres travailleurs québécois. »

Le président de la FTQ,  Daniel Boyer, s’inquiète de la lenteur des travaux aux différentes tables sectorielles de négociation. « Nous avons fait nos travaux, nous avons déposé nos demandes dans les délais prescrits et nous les avons ciblées afin d’améliorer l’organisation du travail et résoudre les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre dans le secteur public. De leur côté, les comités patronaux de négociation ont déposé des textes plutôt flous et plusieurs d’entre eux refusaient de clarifier leurs demandes. C’est assez difficile de négocier quand on ignore ce que l’autre partie veut! Nous avons dû intervenir auprès du négociateur en chef du gouvernement,  Maurice Charlebois, pour que les comités patronaux nous déposent de nouveaux cahiers, avec des demandes précises, il y a à peine une semaine. Nos équipes les étudient actuellement pour voir s’ils contiennent de réels espaces de négociation. »

« Devant la lenteur des travaux, nous sommes d’avis que l’intervention d’un tiers, indépendant, pourrait aider les parties à progresser dans leurs discussions, estime  Lucie Martineau, porte-parole du SISP. La loi qui encadre les négociations du secteur public prévoit une période de médiation obligatoire avant l’obtention du droit de grève. Mais nous ne voulons pas d’un passage obligé, nous voulons un réel exercice de médiation. Nous réitérons que notre objectif premier est l’obtention de bonnes conventions collectives négociées. Parallèlement, nous poursuivons nos consultations en vue d’une grève à l’automne, et ce, en fonction de l’état des travaux aux tables de négociation. La grève n’est pas un objectif en soi, mais bien un moyen pour augmenter notre rapport de force. Nous voulons être prêts dès cet automne, si nécessaire, à exercer des moyens plus lourds pouvant aller jusqu’à la grève. »

À propos

Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la fonction publique du Québec. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2015.

Des édifices passent avant les jeunes vulnérables

Le Syndicat des professionnèles, des techniciennes et des techniciens de l’Outaouais (SPTO-FP-CSN) dénonce fermement l’orientation des Centres jeunesse de l’Outaouais qui coupent des services aux jeunes vulnérables pour se donner les moyens de financer de nouveaux bâtiments.

La direction a notamment supprimé un poste de psychoéducateur et sept postes d’agents en relations humaines responsables de première ligne, et donc en charge de donner suite aux nombreux signalements de jeunes en détresse. « C’est une perte énorme d’expertise à des postes névralgiques pour les jeunes », affirme Martin Leblanc, président du SPTO-FP-CSN, qui rappelle que les Centres jeunesse de l’Outaouais subissent une 3e année de coupes budgétaires pour un total de 2 M$.

« C’est d’autant plus choquant que l’administration a réussi à mettre 4,1 M$ de côté, alors même qu’elle diminuait la qualité des services », ajoute Martin Leblanc, qui attribue cette double manœuvre à la volonté de la direction de construire de nouveaux bâtiments sans avoir de budgets spécifiques pour le faire. Ces nouveaux locaux amélioreraient les conditions d’hébergement des jeunes, mais le SPTO estime qu’il ne faut pas les financer au détriment des services actuels. « Il est déplorable que le centre jeunesse se prive des professionnels les plus qualifiés dans chacun des secteurs d’intervention pour faire des économies sur le dos des jeunes », insiste Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles (FP-CSN).

L’absence du psychoéducateur, le dernier qui était en poste, fait en sorte que les éducateurs ou les agents d’intervention n’ont plus d’expert à consulter dans les situations de violence entre les jeunes, de jeunes qui se font violence eux-mêmes ou qui s’en prennent au personnel. Cette perte est d’autant plus cruciale que le remplacement, au cours des dernières années, de plusieurs éducateurs par des agents d’intervention est venu diminuer l’expertise terrain dans ce type de situations. Sans surprise, le personnel constate une augmentation significative de la violence dans les centres d’hébergement depuis trois ou quatre ans.

Équité régionale

« Il est irresponsable de risquer l’avenir de jeunes de l’Outaouais parce que le gouvernement refuse de consacrer les fonds nécessaires à mettre les centres jeunesse de la région à niveau avec ceux d’autres régions du Québec », affirme Michel Quijada, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais (CSN).

À propos

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) compte quelque 8 000 membres qui oeuvrent dans plusieurs secteurs, dont ceux de la santé et services sociaux. Le Syndicat des professionnèles, des techniciennes et des techniciens de l’Outaouais (FP-CSN) SPTO-FP-CSN représente près de 400 membres. Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais regroupe plus de 10 000 membres et près de 70 syndicats sur tout le territoire de la région.

Le plan libéral en quatre projets de loi

PL-10 : Les mammouths

Adopté au petit matin le 6 février dernier à la suite de 15 heures de débat conclu par un bâillon, le projet de loi 10 est l’œuvre maîtresse du ministre de la Santé Gaétan Barrette. Intitulé Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales, le projet de loi prévoit, entre autres, l’abolition des agences régionales et la création des nouveaux centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS).

Pour le ministre, le PL-10 viendrait améliorer et simplifier l’accès aux soins et aux services grâce à l’abolition d’un palier « administratif » — les agences — et permettrait l’économie de 220 millions de dollars, sur un budget total d’environ 31 milliards de dollars. Ces compressions cadrent bien avec l’atteinte du déficit zéro, l’objectif ultime des libéraux. Selon ses prédictions, seulement 1300 cadres perdraient leur emploi au terme de l’exercice. En plus d’une diminution marquée du nombre de conseils d’administration, qui passent de 200 à une vingtaine, le projet de loi abolit la vaste majorité des CSSS.

Les critiques fusent de toutes parts. Pour la CSN, la FP-CSN et la FSSS-CSN, mais aussi pour l’ensemble des acteurs du réseau, les nouveaux CISSS et CIUSSS (centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux), rebaptisés « structures mammouths », viendront alourdir et complexifier inutilement l’organisation et l’accès aux soins et aux services. La création des CISSS et des CIUSSS aura aussi pour effet de concentrer entre les mains de quelques personnes les prises de décisions ayant un effet sur l’ensemble du réseau. Plusieurs craignent l’accélération d’une approche hospitalo- centriste, déjà dominante, où l’hôpital gobe une trop grande part du budget des nouveaux CISSS, en particulier la part dévolue aux services sociaux (notons que tous les CISSS chapeautent au moins un centre hospitalier).

Mais une des critiques les plus virulentes à l’égard du PL-10 concerne les pouvoirs démesurés que s’octroie le ministre, du jamais vu ! En effet, Gaétan Barrette se donne un droit de regard sur la composition des conseils d’administration tout en se permettant une ingérence sans retenue sur la nomination des dirigeantes et des dirigeants des différents établissements. En pleine controverse au CHUM, où le ministre veut imposer son « homme » à la tête du département de chirurgie, les allégations d’abus de pouvoir sont légion.

PL-15 : L’austérité à son sommet

Le projet de loi 15, intitulé Loi sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public ainsi que des sociétés d’État, est déposé par Martin Coiteux, président du Conseil du trésor, en octobre 2014. Il est adopté deux mois plus tard, à la fin de la session. L’objectif est de contrôler la taille des effectifs des ministères, des organismes, des réseaux de la santé et de l’éducation, de même que des sociétés d’État. Les commissions scolaires, les cégeps et les composantes de l’Université du Québec, de même que la Caisse de dépôt et placement du Québec sont visés.

Le PL-15 se veut un outil législatif pour limi­ter de façon coercitive la croissance des effectifs de l’État, ce qui devrait permettre, selon Martin Coiteux, une économie de l’ordre d’un demi-milliard de dollars. À ce frein imposé à la croissance des effectifs s’ajoute un gel d’embauche dans le secteur public. L’austérité à son sommet, avec ses effets sur les services.

De façon unanime, les syndicats et les observateurs y voient une volonté d’augmenter le contrôle et l’emprise du gouvernement sur les sociétés d’État. En limitant sa croissance et en empêchant l’embauche, il ne fait aucun doute que le gouvernement souhaite en secret affaiblir l’État et le rôle privilégié qu’il joue au Québec depuis plus de 50 ans. Une fois les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, mais aussi l’ensemble des sociétés d’État affaiblis, la porte s’ouvrira d’elle-même à la privatisation.

PL-20 : Des quotas, puis une entente

Déposé en novembre dernier et toujours en attente d’adoption, le projet de loi 20 avait au départ pour principal objectif d’imposer des quotas aux médecins. Pour Gaétan Barrette, l’auteur du projet de loi, le PL-10 organise les soins, alors que le PL-20 augmente les soins. À eux seuls, ces deux projets de loi viendraient, toujours selon lui, régler les problèmes du réseau de la santé. Intitulé Loi édictant la Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée, le PL-20 dit avoir pour objectif l’amélioration de l’accès aux soins.

Au moment de son dépôt, le projet de loi imposait aux médecins de famille des quotas qu’ils devaient respecter sous peine de sanctions financières pouvant aller jusqu’à 30 % de leur rémunération.

Mais à la fin du mois de mai, coup de théâtre. Gaétan Barrette et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) s’entendent. Les médecins de famille n’auront pas à respecter de quotas. En échange, ils doivent s’engager à ce que 85 % des Québécois et des Québécoises aient accès à un médecin de famille, d’ici le 31 décembre 2017. Si cet objectif est atteint, le PL-20 ne s’appliquera pas aux membres de la FMOQ. Le ministre de la Santé qualifie l’entente d’historique.

PL-28 : La méthode Harper

Adopté à toute vitesse sous le bâillon le 20 avril dernier, le PL-28, intitulé Loi concernant principalement la mise en œuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant le retour à l’équilibre budgétaire en 2015-2016 compte rien de moins que 337 articles.

Véritable fourre-tout présenté par le ministre des Finances Carlos Leitão, cette loi touche entre autres aux tarifs des services de garde, en introduisant des hausses qui feraient grimper les frais jusqu’à 20 $ par jour pour les familles plus fortunées. Elle officialise l’abolition de deux structures municipales d’importance, les centres locaux de développement (CLD) et les conférences régionales des élus (CRÉ). Elle fixe les tarifs demandés par les pharmaciens, entraînant des baisses d’honoraires de 177 millions et fait passer de 100 millions à 500 millions de dollars par année les sommes virées au controversé Fonds des générations.

Malgré l’ampleur du projet de loi, il aura fallu seulement une dizaine d’heures de débat avant que le gouvernement de Philippe Couillard ne juge qu’il soit mûr pour l’adoption en chambre. À l’unanimité, les partis d’opposition, les syndicats et l’ensemble des observateurs ont dénoncé cette méthode trop souvent utilisée par les conservateurs de Stephen Harper. En choisissant délibérément d’inclure dans le PL-28 des politiques qui vont dans toutes les directions, les libéraux tentent de minimiser une décision majeure, celle de toucher aux tarifs des services de garde. Choix collectif ayant une incidence majeure sur la société, les services de garde voient leur accessibilité réduite de manière importante pour une première fois depuis leur création.

Privatisation insidieuse

Le projet de loi 28, tout comme le 10, le 20 et le 15 n’ont dans les faits qu’un seul réel objectif, celui d’ouvrir la porte à la privatisation et à la tarification. De manière insidieuse, en diminuant l’offre, en haussant les tarifs, en affaiblissant l’autonomie des établissements, et en dévaluant le travail des employé-es de l’État, ce gouvernement met en place les conditions idéales pour justifier la pertinence de l’entreprise privée dans les maillons de l’État social québécois.


Quelle analyse faire de ces projets de loi ?

Perspectives CSN a rencontré le vice-président de la CSN Jean Lacharité ainsi que Jeff Begley et Michel Tremblay, respectivement présidents de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) et de la Fédération des professionnèles (FP-CSN).


L’histoire de deux hommes

Jean Lacharité, vice-président de la CSN

Quelle est la position de la CSN à propos des projets de loi 10, 15, 20 et 28 ?

La CSN s’oppose totalement à ces lois qui remettent en question les acquis sociaux dont s’est doté le Québec depuis la Révolution tranquille.

Qui mène au gouvernement ?

Le gouvernement libéral est l’histoire de deux hommes. Philippe Couillard et Martin Coiteux, bien que certains autres membres jouent un certain rôle, ont un certain poids. Les autres membres du gouvernement ont l’air de sous-ministres. D’ailleurs, le premier ministre laisse beaucoup de place à Martin Coiteux. On a presque l’impression qu’il se cache. Ce que ça dénote, c’est que Coiteux a l’aval complet de son premier ministre pour prendre les devants de la sorte.

Quels sont les objectifs des libéraux ?

La réponse est simple : une remise en question complète du modèle québécois tel qu’on le connaît. C’est-à-dire où l’État joue un rôle social important, même fondamental. À titre d’exemple, avec le projet de loi 10, on crée des structures mammouths. Ces dernières, accompagnées de coupes budgétaires, remettent en cause le panier de services publics.

Même chose avec le projet de loi 15 qui vise la réduction du nombre de fonctionnaires. Mais pas seulement dans la fonction publique. Les employé-es de l’État, en santé, en éducation et dans les organismes gouvernementaux, comme la CSST, sont aussi touchés. Le gouvernement prétend qu’il ne s’adresse qu’aux structures sans toucher aux services, mais c’est totalement faux !

D’où vient cette vision néolibérale et quelles en seront les conséquences ?

Le grand manitou, c’est Martin Coiteux. C’est un idéologue dogmatique de droite qui veut réduire le rôle de l’État. Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires et autres employé-es de l’État qui vont en payer le prix, mais bel et bien tous les Québécois, toutes les Québécoises, tous les payeurs d’impôts. Que se passera-t-il quand le réseau public ne livrera plus la marchandise ? On se fera dire « faut aller vers le privé ». Car le réel objectif du gouvernement est d’ouvrir au privé. Les citoyens et les citoyennes vont devoir puiser dans leurs poches pour recevoir ces services. On nous offre des réductions minimes de taxes et d’impôts. Mais ce n’est rien comparé à ce que nous devrons payer pour nous assurer des services. Aux États-Unis par exemple, ça peut coûter entre 15 000 $ et 20 000 $ par année pour une simple assurance maladie.

Nous sommes mieux protégés en payant nos taxes et nos impôts pour nous payer les services dont on a besoin que si nous étions à la merci de l’entreprise privée, dont l’objectif est avant tout le profit.

Que propose la CSN pour combattre cette idéologie ?

Il faut d’abord et avant tout prendre conscience du dégât qu’est en train de faire le gouvernement. Ensuite, il faut nous mobiliser. Prendre la rue, être présents aux manifestations, aux rassemblements de masse. Montrer qu’on s’oppose à l’entreprise de démolition qui est en train de se profiler.

Y a-t-il une similitude entre les conservateurs et les libéraux du Québec ?

Tout à fait. Au Québec, on n’aime pas Stephen Harper et on a pu le constater lors des élections. Il faut se rendre compte que le PLQ propose une harperisation intensifiée du Québec. Le PLQ est devenu aussi conservateur que le PC à Ottawa. L’idéologie est la même, réduire considérablement le rôle de l’État. Rappelons-nous la fameuse réingénierie de l’État proposée par Jean Charest entre 2003 et 2005. Nous avions réussi à freiner ses ardeurs — même s’il y a eu certains dégâts — grâce à notre mobilisation. La CSN avait réussi. Le PLQ d’aujourd’hui tente d’achever l’œuvre de Jean Charest et de Monique Jérôme-Forget. Nous aussi nous continuerons notre œuvre : nous appelons l’ensemble des Québécois et des Québécoises à se tenir debout et à démontrer leur opposition à ce projet dévastateur.


Le sabotage des services de garde

Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux

Parmi les quatre projets de loi déposés par les libéraux, quel est le plus dommageable ?

Ils sont tous dommageables. Mais le PL 28, qui touche entre autres à la hausse des frais des services de garde, est particulièrement représentatif, car il est le parfait exemple des réelles intentions du gouvernement : ouvrir au privé en prétextant l’inefficacité des services… inefficacité qu’il a lui-même délibérément créée. Prenons les services de garde. Avant leur création en 1996, il pouvait en coûter 30 $ par jour pour envoyer son enfant à la garderie. Ces dernières avaient de hauts taux d’inoccupation. Les cégeps songeaient à réduire leur formation en la matière. Lentement, mais sûrement, les gens se sont mobilisés ; les parents, mais aussi la communauté. Devant l’immense pression populaire, Pauline Marois a créé les centres de la petite enfance (CPE). Sans mobilisation, elle n’aurait rien fait. Rapidement, la demande a explosé. Les services de garde ont reçu un appui populaire impressionnant, les gens étaient emballés. Les CPE ont eu comme impact de pousser les femmes vers le marché du travail. Celles qui y étaient déjà n’avaient plus à travailler la moitié de leur journée pour payer la garderie. C’était accessible et socialement payant. Mais la suite des choses s’est avérée vraiment décevante.

Comment les choses ont-elles évolué ?

Pendant les 20 ans qui ont suivi la création des CPE, l’offre mise de l’avant par les gouvernements successifs n’a jamais réussi à répondre à la demande. Les listes d’attente sont devenues de plus en plus longues. Puis, en 2003, on a mis fin à l’augmentation de l’offre. C’est ce que j’appelle une opération de sabotage. Il faut préciser qu’en même temps qu’on laisse stagner les places intentionnellement, les effets du Régime québécois d’assurance parentale se sont fait sentir : on assiste à une augmentation significative du nombre de naissances au Québec. Le manque de places a eu pour effet de créer de la grogne chez les gens. Le réseau est alors devenu dans la tête de plusieurs mécontents, inefficace. Les perceptions ont changé, et c’était ce que voulaient les libéraux. Il faut dire que depuis le début, le PLQ était contre le programme universel de service de garde.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, devant la supposée inefficacité du réseau des services de garde, les libéraux nous disent qu’ils n’ont pas d’argent pour le financer. Pourtant, on sait que pour chaque dollar investi, c’est 1,50 $ qui revient au gouvernement. Il faut dire que les CPE permettent à plus de femmes de travailler, c’est donc plus de gens qui paient de l’impôt. Ça, c’est pour les bénéfices économiques. Mais il y a aussi des bénéfices sociaux non négligeables. Les enfants qui fréquentent les services de garde sont encadrés, stimulés rapidement, ils socialisent, etc.

Nous ne devons pas laisser faire les libéraux. Car sinon, on va payer cher. Très cher. L’augmentation des coûts pour les familles va dépasser cent fois le remboursement d’impôt qu’on nous promet. Il faut appuyer les membres qui sortent dans la rue. Mais il faut aussi que les gens « ordinaires », qui n’utilisent pas nécessairement les services de garde, sortent pour appuyer la cause. Comme en 2012.


L’illogique PL 10

Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles

Quels sont les effets concrets des projets de loi des libéraux en santé, particulièrement les 10 et 15 ?

Prenons le PL 15 pour commencer. Depuis son adoption, il n’y a plus d’affichage de postes possible, à moins d’avoir la permission directe du Conseil du trésor, dirigé de main de fer par Martin Coiteux. C’est exactement le genre de contrôle que Monique Jérôme-Forget souhaitait du temps qu’elle en était la présidente. Dans ce contexte, disons… contraignant, la loi 10 entre aussi en vigueur. Il faut savoir que le projet de loi a été écrit par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette lui-même, et sa garde rapprochée. Approche plutôt rare, puisque les fonctionnaires sont souvent mis à contribution dans ce genre de mandat.

La loi 10 est en fait une étape importante dans la transformation que souhaite imposer le ministre Barrette au réseau de la santé et des services sociaux. Dans la tête du ministre, d’ici cinq ans, les effectifs du réseau seront largement réduits et, parallèlement, le financement des activités médicales en fonction des actes posés sera augmenté. Pour arriver à cette fin, on réduit de 30 % le budget dédié à la santé, ce qui ouvrira obligatoirement la porte au privé.

Quel sera l’impact de l’abolition des agences de santé et de services sociaux ?

Au 31 mars dernier, 15 % du personnel d’agence ont perdu leur poste à cause du de la loi 10. Cette décision a créé toutes sortes de situations aberrantes. Prenons l’agence de Montréal par exemple. Le 1er avril, quatre postes d’agents de planification, de programmation et de recherche (APPR) ont été transférés au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. Les APPR possèdent une spécialisation en santé publique et détiennent souvent un doctorat en la matière. Rien à voir avec les services offerts au CHU Sainte-Justine, où il n’y avait pas d’APPR parce qu’il n’en avait pas besoin. La direction de Sainte-Justine, qui doit accueillir ces professionnel-les en raison de leur ancienneté, devra probablement les garder à ne rien faire… et, du même coup, comme le transfert n’est pas accompagné de budget, elle devra vraisemblablement mettre quatre personnes à pied, des psychologues qui travaillaient déjà auprès d’enfants, par exemple. Ici, on est perdant sur toute la ligne : quatre psychologues ne donnent plus de services aux patients de Sainte-Justine, et quatre APPR ne peuvent plus mettre leur expérience à contribution et travailler en prévention.

Quel sera l’impact sur la vie syndicale de toutes ces fusions d’établissements ?

C’est certain qu’avec sa loi 10, le gouvernement souhaite aussi complexifier le fonctionnement de la vie syndicale. Ce n’est pas l’objectif premier, mais disons que ça ne déplaît pas au gouvernement.

Un mot sur le PL 28 ?

C’est un projet de loi aberrant. Le cas des conférences régionales des élus, les fameux CRÉ, en est un bel exemple. Au moment de son dépôt, le PL 28 venait abolir les CRÉ, tout en empêchant les travailleurs d’avoir recours à l’article 45 du Code du travail, qui prévoit que le changement d’employeur par vente ou concession totale ou partielle d’une entreprise n’invalide pas l’accréditation syndicale et, s’il en existe une, la convention collective. Donc, pas de transfert possible pour ces travailleurs, puisque leur accréditation ne tient plus. Il y a finalement eu un amendement à la dernière minute. Alors qu’on espérait un assouplissement du ministre, il a plutôt opté pour la ligne dure et décidé d’étendre la mesure aux employé-es des centres locaux de développement, les CLD, et aux corporations de développement économique communautaire, les CDEC.

Les femmes de Lanaudière sont les principales victimes

Les coupes budgétaires, seulement en santé et services sociaux, ont atteint 13,5 M$ en 2014-2015 pour l’ensemble de Lanaudière. Les mauvaises nouvelles ne sont par ailleurs pas terminées puisque le dernier budget Leitao prévoit une augmentation de l’enveloppe du ministère de seulement 1,4 % qui sera accaparé en majorité par la hausse salariale déjà négociée avec les médecins.

« Les femmes sont les premières visées par ces compressions puisqu’elles occupent la grande majorité des emplois salariés dans le réseau de la santé et des services sociaux et qu’elles subissent aussi les baisses de services comme citoyennes », avance Francine Ranger, présidente du Conseil central de Lanaudière – CSN. La présidente ajoute que Lanaudière faisait déjà partie des trois régions où il manque le plus de ressources en santé et services sociaux au Québec. Si l’on se compare à la dépense de référence, on constate en effet un retard de 4,7 % en dépenses dans les programmes de santé et services sociaux en 2014-2015. Alors qu’il faudrait un rattrapage, le gouvernement compresse encore.

« Les impacts de coupes budgétaires dans les services de santé et d’éducation peuvent toucher davantage les femmes que les hommes lorsque des services publics ne sont plus offerts. Les rôles sociaux sont encore largement découpés selon les sexes et les femmes sont en effet plus souvent responsables des tâches entourant les soins aux autres dans la sphère privée », fait valoir Flavie Trudel, militante de la CSN dans Lanaudière et enseignante au cégep régional. Cette dernière a recensé plusieurs coupes récentes du gouvernement Couillard qui touchent particulièrement les femmes : abolition de la CRÉ (19 des 22 employés étaient des femmes), hausse des tarifs des CPE qui peut se traduire par la décision de plusieurs femmes (plus bas salaire du couple ou rôle plus rattaché aux enfants) de quitter leur emploi, réduction des effectifs au niveau du Conseil du statut de la femme, coupe dans les commissions scolaires, dans l’aide aux devoirs et dans les programmes des groupes communautaires (dont ceux qui s’occupent des victimes de violence conjugale), etc.

Coup dur pour la prévention en santé

Les femmes et toute la population seront également affectées par le démantèlement aveugle de l’instance chargée de la santé et services sociaux. L’abolition de l’Agence régionale de la santé de Lanaudière, combinée à une coupe de 30 % du budget consacré à la santé publique cette année, ne feront rien pour améliorer les mesures de prévention en santé. Or, la prévention est le moyen le moins coûteux de désengorger les urgences et la première ligne de soins.

« La fin des agences donne lieu à des aberrations dans Lanaudière. Par exemple, on replace une sociologue de formation spécialisée depuis plusieurs années dans la planification régionale des services en santé mentale comme intervenante auprès de jeunes ayant fait des tentatives de suicide. La réforme Barrette vise plus à créer d’immenses structures centralisées qu’à aider les usagers », indique Louise Lemire, présidente de la section locale du Syndicat des technicien-nes et des professionnel-les de la santé et des services sociaux du Québec-STEPSSSQ (FP-CSN), affilié à la Fédération des professionnèles (FP-CSN). Le STEPSSSQ tient d’ailleurs son conseil syndical provincial à Joliette aujourd’hui et demain.

À propos

Le Conseil central de Lanaudière – CSN regroupe les syndicats CSN sur le territoire de Lanaudière. Il représente 84 syndicats et plus de 14 000 membres dans tous les secteurs d’activité, dont 8 syndicats dans le transport scolaire (400 membres). La Fédération des professionnèles (FP-CSN) compte quelque 8 000 membres qui oeuvrent dans plusieurs secteurs, dont ceux de la santé et services sociaux et du développement régional et local (CLD, CRÉ, et CDEC). Le STEPSSSQ (FP-CSN) représente 2 400 techniciens-nes et professionnels-les de la santé et des services sociaux œuvrant dans différentes missions : Centre hospitalier universitaire, CSSS, Centres de réadaptation et (ex) Agences de la santé et des services sociaux. Ses membres sont originaires de 12 établissements du réseau répartis dans 6 régions du Québec.

Les impacts de l’austérité dénoncés

Les travailleuses et travailleurs du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne ont dénoncé une fois de plus ce midi l’impact des mesures d’austérité en santé et services sociaux. Cette manifestation s’inscrit dans une série d’actions menées par les syndicats de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) pour démontrer que le gouvernement Couillard affaiblit actuellement le réseau public, sans nous donner de moyens de lutter contre la hausse des inégalités sociales.

Le démantèlement de nos services publics est en cours

Les compressions budgétaires frappent de plein fouet les services à la population dans le réseau de santé et de services sociaux. Pour l’année à venir, c’est plus de 500 millions de dollars de compressions qui seront imposées aux établissements. Au CSSS Champlain-Charles-Le Moyne, les compressions ont déjà des effets directs sur les services, notamment sur les soins d’assistance aux personnes en perte d’autonomie, sur les interventions liées aux maladies infectieuses et sur le déplacement des usagers.

« En plus de participer à plusieurs manifestations, nous avons aussi voulu nous adresser directement à la population. C’est pourquoi nous avons fait paraître des articles sur les impacts de l’austérité. Face à l’arrogance du gouvernement Couillard, il faut faire entendre un contre-discours. Contrairement à ce que les citoyennes et citoyens pourraient croire, ils sont les premiers perdants face à l’austérité. Que ferons-nous si nos services publics sont privatisés et que nous n’avons pas tous les moyens de payer? Est-ce qu’il faut attendre que l’accès aux soins de santé et de services soit réduit davantage avant d’agir? Devrons-nous bientôt changer la carte soleil pour la carte de crédit? », demande Jean Mercier, président du syndicat CSN du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne.

« Derrière les chiffres des compressions budgétaires, ce sont les services que nous recevons comme population qui sont touchés! Ce sont les citoyennes et citoyens qui sont les premières victimes de ces mesures d’austérité. Nous devons attendre plus longtemps pour obtenir les services, quand ce n’est pas des services qui sont supprimés. Et plutôt que de s’occuper de cela, l’ensemble des intervenant-es du réseau est actuellement occupé à appliquer la réforme de structure la plus complexe qu’on a jamais vue. Que les politiciens arrêtent de faire des réformes de structure et qu’on s’occupe des besoins de la population! », lance Steve St-Onge, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

De plus en plus nombreux à refuser l’austérité

Depuis septembre dernier, nombre d’actions ont eu lieu pour dénoncer les mesures d’austérité imposées par le gouvernement Couillard. Les syndicats de la FSSS-CSN et de la Fédération des professionnèles (CSN) ont dénoncé le projet de loi 10 et les compressions budgétaires, en plus de se mobiliser en vue de la négociation du secteur public.

« La mobilisation en Montérégie a été importante et elle va se poursuivre. Le 1er mai dernier, nous avons été présents partout dans la région pour dénoncer l’austérité. Encore aujourd’hui, nous dénonçons l’impact de ces mesures pour la population. Nous serons au rendez-vous dans les mois à venir, afin de faire comprendre à ce gouvernement que nous refusons l’austérité », explique Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie – CSN.

« On le voit de plus en plus, les réels objectifs du gouvernement Couillard sont d’affaiblir les services publics pour mieux pouvoir les privatiser par la suite. Ce n’est donc pas étonnant de constater que l’austérité attaque la classe moyenne et les plus démunis de notre société et qu’elle laisse indemnes les mieux nantis. Il y a près de 50 ans, on s’est doté de services publics pour répondre à nos besoins. C’est le meilleur moyen pour limiter les inégalités sociales et pour grandir comme société. On doit se donner les moyens de conserver ses acquis! », de conclure Jacques Létourneau, président de la CSN.

À propos de la CSN

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Les sages-femmes se réjouissent du discours du ministre Barrette la veille de l’adoption de leurs demandes de négociation

Réunies en assemblée générale spéciale, les sages-femmes ont adopté hier, avec un très large consensus, les demandes qui seront déposées par le Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ) auprès du gouvernement, en prévision de la prochaine ronde de négociation. Dans ce contexte, elles applaudissent la toute récente sortie du ministre Barrette à l’occasion de la Journée internationale des sages-femmes et l’invitent à être cohérent avec ses propos en s’engageant dans une pleine et concrète reconnaissance de leur travail.

« Les sages-femmes se réjouissent d’avoir entendu, pas plus tard qu’avant-hier, le ministre Barrette réitérer son intention de développer les services de sages-femmes et les maisons de naissance. Elles sont aussi très heureuses des mots du ministre qui a clairement exprimé la valeur ajoutée qu’elles représentent au sein du réseau de la santé et ont par conséquent confiance qu’il se montre réceptif face à leurs demandes. Celles-ci porteront particulièrement sur la rémunération de la garde, pierre angulaire du modèle de pratique », souligne la présidente du RSFQ, Claudia Faille.

Le gouvernement a maintenant le devoir de donner à ces professionnelles de première ligne tous les moyens nécessaires pour mieux répondre à la demande des femmes et des familles, demande qui dépasse largement l’offre actuelle et qui est en croissance constante, estime Claudia Faille. Dans le contexte de la négociation qui approche à grands pas, il est important qu’il accorde aux sages-femmes des conditions de travail à la hauteur de leurs responsabilités pour pouvoir exercer leur profession de façon optimale.

Cadre de référence

« Le gouvernement a profité de la Journée internationale des sages-femmes pour publier son Cadre de référence pour le déploiement des services de sage-femme au Québec, une stratégie qui découle de sa Politique de périnatalité 2008-2018. Une des priorités de cette politique est de faire en sorte que les sages-femmes soient en mesure d’assurer les suivis de maternité complets (grossesse, accouchement, postnatal) de 10 % des femmes enceintes d’ici 2018. Dans ce contexte, le gouvernement doit résolument aller de l’avant avec l’intention exprimée par le ministre Barrette et ne peut plus se permettre d’attendre. Il est impératif de donner aux nombreuses femmes qui le souhaitent la possibilité d’accoucher dans le lieu de leur choix, avec le ou la professionnel-le de leur choix, sage-femme ou médecin de famille. Les conditions nécessaires pour la réalisation de cet objectif doivent être mises en place », conclut la présidente du RSFQ, Claudia Faille.

Les sages-femmes bientôt en négo : Des professionnelles encore trop peu reconnues

Le Regroupement Les Sages-femmes du Québec profite de la Journée internationale des sages-femmes (RSFQ) pour interpeler le gouvernement, à la veille d’une nouvelle ronde de négociation, sur l’importance de reconnaître concrètement la profession, et ce, particulièrement en ce qui a trait à la rémunération de la garde.

« Cette garde assure la continuité des soins tout au long du suivi par la même professionnelle, comme le revendiquent les femmes et les familles du Québec. Elle est la pierre angulaire du modèle. Les études démontrent que cette continuité diminue, entre autres, les hospitalisations pendant la période prénatale, la prématurité et les bébés de petits poids, ainsi que les interventions obstétricales. À ce jour, elle n’est toujours pas reconnue pour ses bienfaits. Il n’est pas normal que les sages-femmes ne soient pas adéquatement compensées pour une garde aussi exigeante », souligne Claudia Faille, la présidente du RSFQ.

Pour un meilleur soutien au développement de la profession Quelques pas ont été faits pour rattraper les retards vis-à-vis des objectifs de la Politique de Périnatalité du Québec 2008-2018, convient la présidente du RSFQ, mais bien du travail reste à faire. Au moment où le Cadre de référence pour le déploiement des services de sages-femmes au Québec doit être publié de façon imminente, elle demande au gouvernement Couillard de travailler plus activement pour attirer et retenir dans la pratique ces professionnelles. Elle l’invite également à se montrer plus cohérent avec ses propres positions. « Il envoie des messages contradictoires aux sages-femmes, déplore-t-elle, puisqu’il dit vouloir s’engager à améliorer l’accès aux services de sages-femmes tout en leur retirant leur siège au conseil d’administration des CISSS, les écartant ainsi d’un lieu de décisions important dans l’organisation des soins de santé au Québec. »

« Les services de sages-femmes et les maisons de naissance font partie du paysage en périnatalité depuis maintenant plus de 20 ans, ajoute-t-elle pour finir. Les sages-femmes démontrent quotidiennement leur dévouement et leur savoir-faire auprès des femmes et des familles du Québec, dont la mobilisation a permis d’améliorer l’accès à ce modèle de soins en périnatalité.

Le gouvernement a la responsabilité de donner à la profession, qu’il a légalisée, tous les moyens nécessaires pour mieux répondre à la demande des femmes et des familles, laquelle dépasse largement l’offre actuelle. Il se doit aussi, dans le contexte de négociation qui approche, d’accorder aux sages-femmes des conditions de travail à la hauteur de leurs responsabilités, afin qu’elles exercent leur profession pour répondre à la demande croissante », conclut-elle.

Le régime de retraite du secteur public en excellente santé, estime le Front commun

Avec un taux de capitalisation qui atteint maintenant 98,4 %, le Front commun constate que le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) est en excellente santé financière et est pleinement en mesure de répondre à ses engagements actuels et futurs. C’est ce qui ressort de la plus récente mise à jour annuelle de l’évaluation actuarielle du RREGOP, dévoilée aujourd’hui par la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances (CARRA) : http://www.carra.gouv.qc.ca/fra/publications/evaluation_actuarielle.htm

« Avec les données publiées aujourd’hui, comment le gouvernement peut-il prétendre que la survie du régime est menacée? En voulant administrer une médecine de cheval au RREGOP, le gouvernement sème la panique parmi les employés du secteur public, qui sont de plus en plus nombreux à interpeler la CARRA ou encore leurs représentants syndicaux. Un nombre de plus en plus grand de personnes songe à prendre une retraite hâtive. Un tel exode accentuerait les pénuries de main-d’oeuvre que nous vivons et résulterait par une sérieuse perte d’expertise dans nos réseaux publics. Ceci aurait pour effet de menacer sérieusement la qualité des services publics offerts à la population », met en garde Carolle Dubé, porte-parole du SISP.

« Le président du Conseil du trésor voudrait procéder à des attaques sans précédent au régime de retraite de ses employés, souligne Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Les mesures proposées à la table de négociation auront le même effet : appauvrir les retraités du secteur public avec une diminution des rentes pouvant aller jusqu’à 30 %, alors que la rente moyenne d’un retraité se situe à peine à 19 000 $ par année. Non seulement le gouvernement voudrait nous appauvrir maintenant en gelant nos salaires, il voudrait également nous appauvrir jusqu’à la fin de nos jours! »

Rappelons qu’à la table de négociation, le Conseil du trésor demande d’augmenter de 5 à 8 ans la période de calcul de la rente, d’augmenter de 4 % à 7,2 % la pénalité actuarielle par année d’anticipation et de faire passer de 60 à 62 ans l’âge de la retraite sans pénalité actuarielle. « Aucune donnée ni étude sérieuse ne permet d’affirmer que le RREGOP connait des difficultés. Au contraire, des projections sur les 15 prochaines années réalisées récemment indiquent que les probabilités que le taux de cotisation du régime demeure stable ou même diminue sont plus grandes que l’inverse. Le ministre Coiteux est-il en train de noircir la situation comme l’a fait son collègue, le ministre Moreau, dans le dossier des régimes de retraite municipaux? Rappelons que ce dernier avait surévalué de 50 % le déficit des régimes de retraite municipaux pour justifier l’adoption de son projet de loi 3 », dénonce Daniel Boyer, président de la FTQ.

Le Front commun a à coeur l’état de santé du RREGOP et il continue d’y porter une attention constante, à l’aide des résultats fournis par les actuaires de la CARRA et autres spécialistes. Le RREGOP a d’ailleurs vu son taux de capitalisation s’améliorer, alors que celui-ci était de 94 % en 2011 et de 96 % en 2013. « Le RREGOP est solide et en santé. Il constitue une composante importante de la rémunération globale des employées et employés du secteur public et les organisations membres du Front commun entendent défendre son intégrité avec vigueur », concluent les porte-parole syndicaux.

À propos

Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la fonction publique du Québec. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2015.