Les professionnel-les particulièrement touchés par les coupes budgétaires

L’analyse des budgets des établissements du réseau de la santé et des services sociaux, menée par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), démontre que les secteurs d’activité dans lesquels travaillent plus particulièrement les techniciennes, techniciens et professionnel-les sont durement touchés par les coupes budgétaires.

Des coupes budgétaires qui nuisent aux professionnels et techniciens
L’analyse menée par la CSN en vient à la conclusion qu’en raison de leur sous-financement les établissements de santé et services sociaux devront retrancher plus de 193 millions de dollars dans le financement de secteurs d’activité où œuvrent des professionnel-les, techniciennes et techniciens, au cours de l’année 2016-2017 seulement. Pour la CSN, ces coupes dans les budgets du personnel qui donne des services à la population au quotidien sont la démonstration de l’impact des mesures d’austérité libérale.

« Nous dénonçons depuis plusieurs années le sous-financement du réseau, les travailleurs nous rapportent plusieurs diminutions ou coupures dans les services publics. Le ministre Barrette a bien beau continuer de prétendre qu’il n’y a pas de coupes budgétaires, ce sont pourtant les budgets des établissements qui démontrent le contraire. Il semble que le ministre soit un adepte des faits alternatifs. La démonstration est pourtant frappante! Et elle permet de mieux comprendre la détresse des professionnel-les et technicien-nes qui témoignent de plus en plus des difficultés à donner les services à la population », explique Mélissa Gaouette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

« La CSN dénonce ces coupes budgétaires qui nuisent à la prestation des services donnés par les professionnels et les techniciens partout au Québec. Le sous-financement a des conséquences tragiques pour les usagères et usagers. Il est grand temps que le gouvernement cesse son œuvre de saccage de notre réseau public et réinvestisse massivement pour rétablir le financement des établissements. Le prochain budget doit être un rendez-vous à ne pas manquer si on veut sauver notre réseau », poursuit Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN).

Prévention – santé publique -14 716 076 $
Jeunes – jeunes en difficulté -20 732 712 $
Santé mentale -44 696 318 $
Services de réadaptation (divers) -26 869 169 $
Ergothérapie et physiothérapie à domicile -2 798 512 $
Laboratoires de biologie médicale -23 146 606 $
Services psychosociaux -9 933 379 $
Audiologie et orthophonie -723 500 $
Physiothérapie -3 401 879 $
Ergothérapie -2 495 856 $
Dépendance -1 589 844 $
Déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme -21 876 494 $
Déficience physique -817 972 $
Médecine nucléaire et TEP -2 121 988 $
Imagerie médicale -17 738 324 $
 TOTAL -193 658 629 $

Un appui aux revendications des avocats et notaires de l’État québécois

Les conseillères et conseillers juridiques de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, représentés par la Fédération des professionnèles de la CSN et le Syndicat des employées et employés de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (SECDPDJ), appuient les revendications des avocats et notaires de l’État québécois (LANEQ).  Ces derniers sont en grève générale illimitée depuis le 24 octobre 2016 et revendiquent la parité avec les avocats agissant comme procureurs aux poursuites criminelles et pénales.

Les conseillères et conseillers juridiques du SECDPDJ jugent inacceptable que le gouvernement tente de mettre fin à la parité historique dans la rémunération et les conditions de travail qui existent entre les juristes du secteur public, incluant ceux œuvrant au sein d’organismes gouvernementaux.  Le secteur public est composé de juristes de différentes spécialités qui contribuent tous par la nature de leur travail au bon fonctionnement de l’État, et ce, dans le respect des principes de droit sur lesquels est fondée notre société. L’ensemble des juristes doit ainsi bénéficier d’une égale reconnaissance de leur statut et de l’importance de leur travail.

Les conseillères et conseillers juridiques du SECDPDJ appellent le gouvernement à agir rapidement pour conclure avec LANEQ une entente qui reflète le rôle essentiel qu’occupent les avocats et les notaires de l’État québécois. Il est fondamental que cette entente respecte véritablement le principe de la parité.

En solidarité avec les grévistes, les conseillères et conseillers juridiques du SECDPDJ ont décidé de verser une contribution à LANEQ afin de les soutenir dans la poursuite de leur négociation.

Affilié à la Fédération des professionnèles de la CSN, le Syndicat des employées et employés de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse représente 137 salarié-es dans huit régions du Québec, dont les 18 conseillères et conseillers juridiques.

Les établissements de santé et de services sociaux forcés de renoncer aux priorités du MSSS

Une analyse des budgets des établissements du réseau de la santé et des services sociaux, menée par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), conclut que le sous-financement est beaucoup plus important que ce que le gouvernement laisse croire. L’analyse démontre l’existence de coupes nettes dans plusieurs secteurs pourtant identifiés comme des priorités par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). « Cette situation est plus inquiétante que jamais, selon le président de la CSN, Jacques Létourneau. Nous demandons au gouvernement de prendre acte des effets désastreux de l’austérité sur le réseau et de profiter du prochain budget pour réinvestir massivement afin de répondre adéquatement aux besoins de la population. »

Un sous-financement qui accélère le démantèlement du réseau public de santé et de services sociaux

Ayant pour objectif de répondre aux nombreux témoignages préoccupants de salarié-es du réseau, la CSN a étudié les données sur le financement des établissements du réseau. Elle constate que pour la seule période de 2010 à 2014, il aurait fallu investir près d’un milliard de dollars de plus pour pallier aux seuls effets de l’inflation et de la croissance de la population. Depuis 2014, la situation s’est aggravée, alors que le taux de croissance de financement est encore plus faible. Cette analyse démontre que nous investissons aujourd’hui autant par habitant qu’il y a 10 ans. De 2010 à 2014 seulement, en neutralisant l’effet de l’inflation, le financement des établissements est passé de 1357,20$ par habitant à 1238,80$, un recul de 9%. Depuis une décennie, les établissements disposent chaque année de moins en moins de moyens pour dispenser des services à une population de plus en plus nombreuse et vieillissante, ce qui est insoutenable.

« Depuis 2011, les établissements de la santé et des services sociaux n’ont plus les moyens de maintenir le même niveau de services à la population. Ce que le gouvernement appelle “mesures d’optimisation”, une façon de désigner des coupes, n’est donc que la pointe de l’iceberg. Nous devons prendre conscience de l’ampleur du sous-financement de notre réseau. Derrière les faibles taux de croissance du financement des établissements se cachent un manque à gagner considérable qui se traduit par d’importantes coupes de services, dont les effets sont cumulatifs d’une année à l’autre. Le réseau est en crise. Les salarié-es du réseau le savent, la population le sait, et en examinant les données budgétaires, on comprend pourquoi. Ce goulot d’étranglement entraîne une accélération de la privatisation et un abandon progressif de la mission sociale du réseau », lance Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Des coupes nettes dans les services du Grand Montréal
L’analyse des budgets des établissements de la région métropolitaine de Montréal démontre hors de tout doute l’impact du sous-financement sur les services à la population. Alors que le MSSS se donne plusieurs objectifs pour améliorer l’offre de services, ce sous-financement entraîne des coupes nettes directement dans ces cibles.

Dans le Grand Montréal, le portrait est alarmant, les établissements ayant par exemple pris la décision de couper cette année :

  • Près de 9 millions de dollars en prévention et en santé publique;
  • Plus de 10 millions de dollars dans les soins et services aux jeunes et aux jeunes en difficulté;
  • Près de 25 millions de dollars en santé mentale;
  • Plus de 83 millions $ dans divers soins et services destinés à l’ensemble de la population tels les urgences, blocs opératoires, unités de médecine, oncologie, hématologie, etc.;
  • Près de 20 millions $ de soins et services aux personnes en perte d’autonomie;
  • Plus de 14 millions $ dans les laboratoires;
  • Plus de 14 millions $ dans le soutien à domicile;
  • Plus de 4,5 millions $ en soins et services professionnels.

« Pour le grand Montréal, nous avons repéré pour plus de 217 millions $ de coupes dans des services. Quel est l’impact sur la population? C’est une véritable bombe à retardement! Les problèmes de santé que nous ne sommes pas en mesure de traiter efficacement aujourd’hui ne vont pas disparaître! Qu’adviendra-t-il des aîné-es qu’on ne parvient plus à soigner, des jeunes en difficulté qui ne recevront pas de services et des personnes qui ont besoin de soins de santé mentale? C’est d’abord aux sans-voix que ce sous-financement s’attaque. Mais est-ce vraiment dans le type de société que nous voulons vivre? », poursuit la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Nancy Corriveau.

Une hypocrisie qui mène à l’abandon de la population
Le MSSS a établi ses objectifs pour la période 2015-2020. Chaque année, il signe avec chaque établissement une entente de gestion et d’imputabilité où les parties s’engagent à ne pas couper dans les services et à réaliser les objectifs du MSSS. L’analyse des budgets démontre pourtant que c’est tout le contraire qui se produit, ce qui met en lumière toute l’hypocrisie qui règne dans la gestion du réseau. Pour la CSN, le silence, voire la complaisance entre les directions d’établissement et le MSSS ne sert que la vision du gouvernement qui favorise le démantèlement des services au bénéfice de la privatisation.

« On a bien beau se donner les meilleurs objectifs, on continue d’année en année à sous-financer le réseau, ce qui rend impossible l’atteinte des objectifs. Le ministre Barrette se défendra certainement en tentant de faire croire à la population que nous sommes alarmistes. Ce sont pourtant les données des budgets provenant du ministère qui démontrent l’état extrêmement préoccupant de la situation. C’est une arnaque érigée en système! On constate dans tous les établissements un alourdissement de la charge de travail dans toutes les catégories d’emplois. Si nous voulons commencer à réparer les erreurs des dernières années, il est temps d’agir sur le financement du réseau : entre autres en révisant le mode de rémunération des médecins, en agissant sur le coût des médicaments, sur le surdiagnostic et en favorisant l’interdisciplinarité des équipes. Le gouvernement Couillard dispose des surplus budgétaires pour permettre un réinvestissement massif dans les services publics. C’est ce que nous exigeons du prochain budget », de conclure Jacques Létourneau, président de la CSN.

Coupes aveugles chez les techniciens et professionnels de la SAQ

Pour le Syndicat du personnel technique et professionnel de la SAQ (SPTP–SAQ), affilié à la CSN, la nouvelle vague de coupes de postes chez le personnel administratif ne permettra pas à la SAQ d’atteindre ses objectifs d’optimisation. Des membres du syndicat ont dénoncé les abolitions de postes ce midi, à l’occasion d’une manifestation devant le siège de l’entreprise, et ont été rejoints par des travailleuses et des travailleurs des magasins des bureaux et des entrepôts de la SAQ.

Depuis deux ans, la SAQ a coupé plus de 20 % des postes du personnel technique et professionnel. En supposant que la SAQ utilise entièrement la suppression d’une centaine de postes annoncée en janvier pour baisser encore ses prix, cela représenterait, au maximum, une baisse de 4 sous par bouteille vendue. Toutefois, la SAQ se prive par le fait même d’une expertise importante. De plus, ces coupes de postes entraîneront inévitablement une augmentation de la charge de travail de celles et ceux qui demeurent en poste, ainsi que des employé-es en succursale qui doivent pallier cette perte d’effectifs.

Une étude menée l’an dernier par le SPTP–SAQ auprès de ses membres montrait une augmentation importante de la charge de travail et des problèmes de santé psychologiques au travail, découlant en partie des précédentes compressions.

« Ce qu’on constate au quotidien, c’est que, à cause de ces décisions, l’organisation se trouve complètement déstabilisée. Plusieurs projets de développement sont carrément mis en veilleuse car il n’y a plus personne pour y travailler, explique la présidente de SPTP–SAQ, Sandrine Thériault. Ces coupes mettent à mal la capacité de la SAQ de maintenir ses très hauts standards. Nous sommes d’autant plus choqués que nous avions accepté, comme syndicat, de travailler avec la SAQ en entente de partenariat. En établissant des cibles conjointes quant à nos besoins organisationnels, je suis convaincue que nous aurions su dégager des orientations beaucoup plus créatives que de couper aveuglément 100 emplois pour réduire de 4 sous le prix d’une bouteille ! »

« C’est une bonne nouvelle pour personne, que la direction de la SAQ choisisse de se comparer à Couche-Tard ou à Dollarama dans la gestion de son personnel, déplore le président de la CSN, Jacques Létourneau. Pour améliorer son modèle d’affaires, la SAQ aurait avantage à miser sur sa véritables force : ses salarié-es qui ont contribué à bâtir la société d’État ».

 Un affaiblissement de la SAQ
« Laissons de côté un instant tout le discours fataliste et démagogique à l’égard de la SAQ, poursuit le trésorier de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Yvan Duceppe. La réalité, c’est que la SAQ est très performante, et elle continue de s’améliorer. Mais les compressions risquent de nuire grandement à ces progrès. En surchargeant le personnel, en le mettant de côté dans les grandes décisions, c’est le service à la clientèle et la qualité de l’expérience client qui finira par en souffrir. Comment croire que la SAQ en sortira vraiment gagnante ? On prétend vouloir répondre aux critiques contre le monopole public en tentant de l’aligner aux pratiques commerciales du secteur privé mais dans les faits, on l’affaiblit ! ».

 Enfin, la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain, Dominique Daigneault, a réitéré l’appui inébranlable de la CSN à l’égard des salarié-es de la SAQ qui vivent toujours dans l’incertitude. Ils ne voient pas le bout du tunnel de la réorganisation, en cours depuis plusieurs années. « Les dernières coupes sont clairement de trop. Si le résultat est une augmentation de la sous-traitance et une plus grande part de contrats avec des entreprises tierces, les économies espérées par l’employeur pourraient s’évaporer très rapidement. Et, par-dessus tout, l’employeur doit cesser de presser le citron des salarié-es de la SAQ qui ont fait plus que leur part ces dernières années ».

Le gouvernement se prépare sciemment à sacrifier la santé de ses employés

La CSN condamne l’improvisation et la précipitation du ministre Barrette qui fonce tête baissée pour implanter le projet Optilab alors qu’il sait pertinemment que ce projet risque d’avoir des impacts sur la santé du personnel. La centrale exhorte le gouvernement libéral à imposer un moratoire au projet Optilab, une demande soutenue de toutes parts. Il doit reculer comme il l’a fait pour les établissements de santé du Grand Nord.

« Mais que va-t-il falloir au gouvernement pour renoncer à ce projet bâclé ? s’est exclamé le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Les documents obtenus en vertu de la loi d’accès à l’information et dont TVA faisait état hier nous apprennent que le ministre compte faire ses économies grâce à la réduction d’effectifs et donc sur le dos du personnel. Tout cela est inacceptable. »

Bloquer la privatisation
« Les répercussions d’Optilab sur la santé de la population ont été dénoncées à maintes reprises. Ce projet présente aussi des risques sérieux pour la santé des techniciennes et techniciens en laboratoire qui devront encaisser la surcharge de travail causée par les suppressions de postes. Et le gouvernement le sait. Au final, la population est perdante, les employé-es sont perdants et le gouvernement lui-même dit qu’il sera difficile d’évaluer la performance des laboratoires. À qui servira le projet Optilab ? », poursuit-il.

« On apprend aussi que le ministre aurait mis en place des scénarios d’optimisation au cas où l’efficacité de son projet ne serait pas au rendez-vous, poursuit Jean Lacharité. Le détail concernant ces plans B n’a malheureusement pu être obtenu par la loi d’accès à l’information. S’agit-il de projets de privatisation des laboratoires publics, une fois ceux-ci centralisés ? Si c’est ce que le ministre a en tête, qu’il sache que nous nous opposerons à toute privatisation complète ou partielle des laboratoires médicaux et de tous les services qui y sont associés, comme le transport des échantillons», conclut-il.

 

 

L’Assemblée nationale doit assumer ses responsabilités

À la veille de la reprise de la session parlementaire, le Syndicat des employées et des employés de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (SECDPDJ) demande aux membres de l’Assemblée nationale de procéder rapidement à la nomination de nouveaux membres de la Commission dans le respect de la diversité de la société québécoise, afin de permettre à l’institution de remplir pleinement sa mission.

La Commission est l’institution québécoise chargée de combattre la discrimination et l’exploitation des personnes âgées et des personnes handicapées. Elle assure la promotion des principes et des droits reconnus par la Charte des droits et libertés de la personne, veille à l’application de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans les organismes publics et à la protection de l’intérêt de l’enfant. La négligence de l’Assemblée nationale de nommer de nouveaux commissaires fragilise l’institution et met en péril l’exercice de sa mission.

Présentement, six des treize postes de commissaires prévus par la Charte sont vacants. Ces commissaires doivent notamment adopter les positions de la Commission et prendre des décisions dans les dossiers de plaintes de discrimination. Les postes cruciaux de vice-présidence Charte et de présidence sont au nombre de ces postes non pourvus. Cette dernière nomination se fait attendre depuis décembre 2015, date de l’annonce du départ de l’ancien président Jacques Frémont. Dans ce contexte, le président par intérim Camil Picard assume présentement seul les responsabilités de trois personnes, soit la présidence, la vice-présidence Charte et la vice-présidence jeunesse.

« C’est une situation inacceptable. Non seulement il manque près de la moitié des commissaires, il ne reste plus qu’une seule commissaire nommée en raison de son expertise relative aux droits et libertés de la personne », a précisé aujourd’hui la présidente du SECDPDJ, Catherine Gauvreau.

En effet, en vertu de la Charte, cinq des 10 membres à temps partiel sont nommés parmi des personnes susceptibles de contribuer d’une façon particulière à l’étude et à la solution des problèmes relatifs aux droits de la personne et cinq autres pour leur expertise relative aux droits de la jeunesse.

Afin de bien accomplir son mandat, il est essentiel que les nominations de commissaires tiennent compte des motifs de discrimination prévus à la Charte. Les membres de la Commission devraient notamment comprendre des personnes de groupes racisés, en situation de handicap, d’une diversité de religion et de la communauté LGBT, tout en représentant une diversité de groupes d’âge. De plus, il n’y a aucun représentant du monde syndical depuis avril 2015, alors que 55 % des plaintes concernent le milieu de travail.

Les 13 membres de la Commission sont nommés par l’Assemblée nationale, sur proposition du premier ministre. Ces nominations doivent être approuvées par les deux tiers de l’Assemblée nationale.

Affilié à la Fédération des professionnèles de la CSN, le Syndicat des employé-es de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse représente 137 salarié-es dans huit régions du Québec.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle, dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Un réseau sous pression

Soumis à un sous-financement chronique depuis plus de 25 ans, le réseau de la santé et des services sociaux québécois n’aura jamais été aussi ébranlé et affaibli qu’avec les mesures d’austérité qui continuent de s’abattre sur le Québec depuis l’élection des libéraux de Philippe Couillard, en 2014. Ces compressions sans précédent ont eu des effets désastreux sur la population et sur les 257 000 travailleuses et travailleurs qui œuvrent dans le réseau. Pour faire avaler cette pilule austère, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a imposé une énième réforme qui force entre autres la fusion des établissements en mégacentres, dont treize centres intégrés et neuf centres intégrés universitaires. Du jamais vu. Pourtant, c’est le même gouvernement qui s’est récemment vanté de dégager des surplus budgétaires de 3,7 milliards de dollars en 2015-2016, et de 1,7 milliard pour les six premiers mois de l’année 2016. Et ce n’est pas l’injection récente de quelque 300 millions de dollars dans le réseau qui va changer la donne. Des miettes en comparaison du 1,5 milliard versé au Fonds des générations l’an dernier et des 2 milliards de plus que souhaite y verser le gouvernement l’an prochain.

Un aveuglement total

Cette refonte sans précédent des services devait d’abord remettre le patient au centre des activités du réseau, aux dires des libéraux du premier ministre Philippe Couillard, lui-même auteur d’une autre réorganisation inachevée décrétée en 2004. C’est tout le contraire qui s’est produit, générant pour la population une détérioration des services ainsi que de la détresse et des cris du cœur. Malgré les rapports dévastateurs du Protecteur du citoyen et du Commissaire à la santé et au bien-être démontrant la détérioration de l’accès et de la qualité des services aux usagers, le gouvernement a toujours maintenu que les services directs n’ont jamais été affectés.

En outre, des centaines d’organismes com­mu­nautaires et d’associations de défense des droits ont tour à tour fustigé cette réforme. D’autres comme Médecins québécois pour un régime public ou encore le Réseau de recherche en interventions en sciences infirmières du Québec de l’Université de Montréal ont joint leur voix à ce concert de protestations, critiquant par ailleurs le renforcement du pouvoir médical sur notre système public de santé et de services sociaux. Des constats d’ailleurs partagés par les trois partis de l’opposition.

Pour leur part, les syndicats affiliés à la CSN n’ont cessé de manifester et continuent de décrier les effets néfastes des fusions et des mesures d’austérité ou « d’optimisation », ainsi que la dégradation marquée des conditions de travail et les pertes d’emplois. Même les gestionnaires n’ont pas échappé aux pressions et aux diktats du ministre Barrette, devenu seul décideur d’un réseau ultra centralisé. Jamais dans l’histoire du réseau n’aura-t-on vu une telle unanimité contre une réforme.

Les échecs de la réforme Barrette

Ce qui était prévu, annoncé, est donc en train de se produire. L’avocat Jean-Pierre Ménard, spécialisé en droit médical, connaît bien les ratés du système de santé québécois. Il a consacré sa vie à la défense des droits des patientes et des patients. Aujourd’hui, il affirme sans détour que la réforme Barrette est un échec.

Selon lui, c’est une réforme coup-de-poing, opaque et improvisée : « Cette réforme-là s’est faite contre la volonté de la population. Pour les patients, c’est une réforme qui a de lourdes conséquences, pour les travailleurs et les cadres, c’est un désastre. Cette réforme de structure s’est accompagnée de compressions financières majeures, on parle d’à peu près un milliard sur trois ans. Des compressions qui sont d’une telle ampleur que c’est l’offre de service qui en a été diminuée, dans un réseau qui avait déjà de grandes difficultés d’accessibilité. On a aggravé le problème d’accessibilité au lieu de le régler. Partout où c’était possible, on a supprimé des postes, on a délocalisé des services qui sont devenus moins accessibles à la population. »

Tout le monde cherche encore quel modèle a pu inspirer le ministre Gaétan Barrette. Pour l’instant, la vérité c’est que personne ne sait où le navire va s’échouer. Ni la population, ni les intervenants du réseau, ni les gestionnaires, qui sont tellement submergés par la mise en place des nouvelles structures, qu’ils n’ont plus le temps de s’occuper de la santé des gens.

Pourtant, à entendre le ministre Barrette, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Si ça n’avance pas assez vite, selon lui, c’est parce que le réseau « résiste au changement ». Ce que conteste le chercheur Damien Contandriopoulos, de l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal : « On entend le ministre faire toutes sortes d’affirmations assez divertissantes sur le fait que la loi 10 livre déjà la marchandise, qu’on voit déjà une amélioration. On ne sait pas sur quoi il se base pour faire ces affirmations-là, mais moi, toutes mes données, toutes les communications que j’ai avec les professionnel-les qui donnent des soins, ou mes conversations avec les administrateurs, m’indiquent que le réseau est actuellement en très grande difficulté. Difficulté en raison des fortes compressions budgétaires et d’une désorganisation administrative profonde. La situation est vraiment difficile et ça se voit lorsqu’on observe la hausse importante de l’absentéisme et des congés de maladie. On voit aussi à grande échelle une diminution de l’accessibilité aux services de santé. Ce qu’on constate clairement, c’est que la performance du système de santé s’est détériorée depuis l’arrivée du ministre Barrette. »

Les personnes les plus vulnérables, les plus touchées

Contrairement au discours du ministre, Jean-Pierre Ménard soutient que les compressions ne se sont pas limitées à la bureaucratie : « Les coupes ont touché de plein fouet tout le réseau de la santé, en particulier les services directs aux citoyens. On a resserré les critères d’admissibilité pour les soins à domicile, on a réduit l’accès aux CHSLD, aux soins pour les personnes handicapées, aux soins de santé mentale, et aux centres jeunesse. Les grands perdants de la réforme, ce sont les personnes les plus vulnérables, on a diminué les services dont ils ont besoin, sachant qu’elles ne se défendent pas. La baisse de la qualité des soins en CHSLD en témoigne : patates en poudre, pogos décongelés, repas-minutes, un bain par semaine, ça, c’est vraiment une dégradation des soins et ce sont des décisions budgétaires qui ont provoqué cela. »

Photo : Michel Giroux

Paul Brunet, du Conseil pour la protection des malades, estime que les patients ont perdu, encore une fois : « On a fait des économies sur notre dos. Au conseil, on reçoit des appels, on traite les plaintes et on constate que ça ne va pas mieux, ça sent plus mauvais, les gens ne sont pas mieux lavés, ils ne mangent pas mieux. Il y a encore 4000 personnes qui attendent un lit en soins de longue durée. Les soins à domicile, on n’en parle même pas. Le ministre a avoué candidement ne pas connaître la norme non écrite des “couches pleines”, je ne sais pas où il a vécu les dernières années, mais il n’est certainement pas allé dans les centres d’hébergement, parce que ça fait quelques années qu’elle existe cette norme du “remplis ta couche avant que je la change”. »

Paul Brunet ajoute que le personnel soignant est largement insuffisant. « En soins de longue durée, on en est toujours à un ratio d’un préposé-e pour onze, douze ou vingt résidents, selon les moments de la journée ou de la nuit. Aujourd’hui, il y a un chef d’unité pour deux ou trois étages, alors qu’autrefois, c’était un par étage. En plus, ils sont souvent débordés avec la paperasse et ils n’ont pas le temps d’aider ou de superviser les préposé-es. »

Moins de soins à domicile, plus d’hospitalisation

Les mauvais choix du ministre Barrette coûtent maintenant plus cher à l’État, affirme le chercheur Damien Contandriopoulos : « On a demandé à des professionnel-les de réévaluer à la baisse le nombre d’heures-soins pour les personnes qui avaient des soins à domicile et, de manière systématique, la consigne était de diminuer l’offre de service. Il y a aujourd’hui moins d’heures-soins qui sont offertes. Quand on voit des personnes qui recevaient autrefois des soins à domicile chez eux et qui sont maintenant rendues sur un lit d’hôpital, en attendant des mois une place en CHSLD, on est en train de dépenser des sommes colossales pour une diminution de la qualité de vie de ces gens-là. C’est un exemple de dysfonctionnement à grande échelle. On a mis en place des mesures incohérentes. On essaie de diminuer les coûts, mais d’une façon tellement bête, que ça provoque finalement une augmentation des coûts. On s’est trompé et on ne livre pas la marchandise. »

Jean-Pierre Ménard constate une privatisation accélérée des services, notamment dans l’hébergement des personnes âgées : « Depuis cinq ans, le nombre de places en CHSLD a baissé de 8 %, comme si la population du Québec avait arrêté de vieillir. Il n’y a plus de places dans le public, alors on pousse très fort les gens vers les centres d’hébergement privés pour aîné-es. Il y avait 15 000 places en 2006 en résidences privées, en 2011, on en comptait 120 000. »

Damien Contandriopoulos estime que le processus de privatisation s’accélère : « Depuis l’arrivée du Dr Barrette, la privatisation des soins ne fait plus aucun doute. Il juge que le secteur privé est plus performant et il essaie, par exemple, de transférer des soins spécialisés depuis le milieu hospitalier vers des cliniques privées. Le démantèlement des CLSC en est un autre exemple, le ministre prend une partie de l’effectif des CLSC et la transfère vers les groupes de médecine de famille, qui opèrent surtout en cliniques privées. Les travailleurs sociaux des CLSC, qui s’occupaient des clientèles les plus vulnérables, des personnes aux prises avec des troubles mentaux graves, pratiquent maintenant dans des cliniques privées. Mais on sait que toutes ces clientèles ne sont pas prises en charge par ces cliniques. On abandonne littéralement ceux qui sont aux prises avec les difficultés les plus graves, on les laisse sans services. »

Pour les professionnel-les du réseau des CLSC, il est clair que le ministre Barrette est en train de recréer dans les cliniques privées, les GMF, le modèle des CLSC, tel qu’il était à ses débuts, nous dit Myra Therrien, vice-présidente du Syndicat des professionnels de la santé et des services sociaux, région de Québec : « Le transfert des ressources des CLSC vers des GMF, c’est une privatisation. Depuis deux ou trois ans, les cliniques privées ont vu une manne d’intervenants sociaux payés par le public venir travailler chez eux avec les transferts de personnel des CLSC vers ces grosses cliniques privées, les GMF. Psychologues, travailleurs sociaux et plusieurs infirmières et nutritionnistes y ont été déplacés. »

Le gros lot aux médecins

Le système de santé québécois est de plus en plus orienté vers les médecins et les hôpitaux, qui accaparent le plus gros des ressources et toute l’attention du ministre. Pour le docteur Barrette, souligne l’avocat Jean-Pierre Ménard : « Seuls les médecins et les hôpitaux comptent. Le reste, pour lui, c’est secondaire. À preuve, ajoute-t-il, depuis cinq ans, la rémunération des médecins a augmenté d’environ 9 % par année, pour un accroissement d’environ 45 % à 49 %, justifié par le rattrapage avec la moyenne canadienne. Les médecins accaparent maintenant plus de 21 % du budget de la santé. On a dû sabrer les autres programmes pour réussir à les payer. Leur hausse de rémunération, sans précédent dans l’histoire du Québec, leur a été accordée au détriment des personnes les plus vulnérables, qui se voient imposer des sacrifices incroyables. Voilà pourquoi il faut revoir de fond en comble l’organisation de la pratique médicale, incluant la rémunération et le statut des médecins. »

Une étude réalisée par Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS (Institut de recherche socio-économique), publiée en juin dernier, démontre que de 2004 à 2014, la rémunération des médecins québécois a connu une hausse spectaculaire. Le salaire moyen des médecins spécialistes est passé de 237 000 dollars à près de 400 000 dollars, une hausse de 66 % en dix ans. Les médecins omnipraticiens ont vu leur rémunération augmenter de 54 % pendant la même période, passant de 158 000 dollars à 243 000 dollars. Cette hausse de rémunération s’est poursuivie en 2014-2015, puisque les médecins spécialistes ont vu leur salaire moyen augmenter à 450 000 dollars. C’est sans compter que la rémunération varie considérablement d’un spécialiste à l’autre. Les médecins spécialisés en santé communautaire touchent en moyenne 250 421 $ par année, alors que les ophtalmologues encaissent 645 965 $. La rémunération des 35 radiologues les mieux payés atteint, elle, 1,4 million de dollars. À la fin de 2015, 174 médecins ont facturé plus d’un million de dollars à la RAMQ.

La ronde des augmentations n’est pas terminée, loin de là, explique le chercheur Guillaume Hébert, puisque la rémunération globale des médecins qui dépasse 7,3 milliards de dollars par année devrait atteindre 9 milliards en 2020-2021. Une hausse phénoménale, qui dépasse de beaucoup le budget de plusieurs ministères du gouvernement du Québec.

La solution : abolir la rémunération à l’acte

Comme le démontre une nouvelle étude rendue publique le 18 janvier dernier, étude réalisée par trois chercheurs de l’IRIS, Jennie-Laure Sully, Minh Nguyen et Guillaume Hébert, les médecins gagnent beaucoup trop par rapport à l’ensemble des Québécoises et Québécois. En 2014, leurs gains atteignaient 7,6 fois le salaire moyen des travailleuses et travailleurs du Québec. Si on réduisait le salaire des médecins à quatre fois le revenu moyen des Québécois, on économiserait annuellement 4,3 milliards de dollars.

Cette étude, menée en collaboration avec la CSN, suggère plusieurs pistes de solution pour mieux baliser la rémunération des médecins québécois et améliorer l’accès aux soins. Le document propose notamment d’abolir la rémunération à l’acte : « Une pratique qui comporte de nombreux effets pervers, parce qu’elle encourage des soins parfois non pertinents et des actes non nécessaires. La rémunération à l’acte décourage l’interdisciplinarité, nuit au travail d’équipe et va à l’encontre d’une médecine axée sur les soins préventifs. Les chercheurs proposent que les médecins québécois qui évoluent dans le secteur public deviennent des salarié-es en bonne et due forme des établissements de santé et de services sociaux.

L’IRIS propose également d’abolir le statut de travailleur autonome des médecins. Un statut qui leur permet de s’incorporer en créant une société par actions (SPA). Cette incorporation fait en sorte que les médecins, déjà grassement rémunérés, paient beaucoup moins d’impôts. Les auteurs de l’étude se demandent : « Comment justifier la possibilité offerte aux médecins de contourner les règles fiscales alors que leur revenu est déjà très élevé? » Ils ajoutent que « ces manœuvres d’évitement fiscal sont particulièrement troublantes lorsque l’on considère l’écart entre le revenu moyen des médecins et celui des travailleuses et des travailleurs québécois. » Ils suggèrent que « les médecins devraient être considérés comme des employé-es, à l’instar de toutes les autres personnes qui œuvrent dans le système sociosanitaire ».

Les chercheurs proposent enfin « d’accroître le nombre d’actes que peuvent effectuer des professionnel-les de la santé autres que les médecins. Qu’il s’agisse des infirmières praticiennes spécialisées, des infirmières, des infirmières auxiliaires, des hygiénistes dentaires, des inhalothérapeutes, des technologues médicaux, des physiothérapeutes, des travailleurs sociaux, des sages-femmes ou d’autres professionnelles de la santé, plusieurs actes médicaux pourraient être pratiqués par des non-médecins afin d’améliorer l’accès aux soins et de réduire les coûts de la santé. »

Plus de médecins, moins de services

L’étude de l’IRIS révèle aussi que malgré la hausse des effectifs médicaux, le nombre d’actes médicaux pratiqués au Québec n’a cessé de diminuer. De l’aveu du ministre Barrette, les médecins québécois travailleraient huit heures de moins par semaine que les médecins ontariens. De plus, la moyenne de patients traités par médecin serait de 1549 en Ontario contre 1081 au Québec.

Un rapport publié en 2014 par le ministère de la Santé des Services sociaux, et cité par le chercheur de l’IRIS, Guillaume Hébert, confirme également que le nombre de jours travaillés par les médecins québécois a grandement diminué, surtout depuis les fortes augmentations salariales consenties aux médecins à partir de 2007. Guillaume Hébert rappelle que c’est sous la pression du premier ministre Jean Charest, de son ministre de la Santé Philippe Couillard et du radiologue Gaétan Barrette, aujourd’hui ministre de la Santé et des Services sociaux, que tout s’est joué, avec le résultat que l’on connaît aujourd’hui.

Le trio Charest-Couillard-Barrette affirmait que l’amélioration du salaire des médecins devait améliorer l’accès aux soins de santé et corriger l’injustice faite aux médecins québécois, qui se plaignaient d’être sous-payés par rapport à leurs homologues ontariens.

L’histoire a montré clairement que toutes les hausses salariales faramineuses consenties depuis aux médecins québécois ont plutôt eu pour effet de diminuer le nombre d’actes médicaux et le nombre de jours travaillés. Les médecins travaillent maintenant moins et sont payés plus cher qu’auparavant. Comme l’explique l’avocat Jean-Pierre Ménard : « Les hausses salariales consenties aux médecins québécois ont été accordées sans demander de contrepartie aux médecins en termes de productivité et d’engagement envers le service public. Dans les faits, les services offerts aux patients par les médecins ont diminué de 10 % en cinq ans ». Il ajoute que « les médecins sont devenus, et de loin, la ressource la plus coûteuse du système de santé. Nous n’avons jamais eu autant de médecins, le Québec a un des ratios médecins-population les plus élevés au Canada. Pourtant la performance des médecins québécois, en termes d’accès aux soins et de suivi des patients, se classe au dernier rang de la moyenne canadienne. »

En 2015, il y avait 242 médecins pour 100 000 habitants au Québec. Au Canada, on compte en moyenne 233 médecins pour 100 000 personnes. Pourtant, 30 % des Québécoises et Québécois n’ont toujours pas de médecin de famille.

Au Québec, les médecins ne sont soumis à aucune contrainte de productivité, ajoute l’avocat Jean-Pierre Ménard : « C’est comme si on avait une université et qu’on engageait des professeurs en leur disant “vous êtes libres de donner des cours quand vous voudrez, à qui vous voudrez et comme vous voudrez, nous on va vous payer de toute façon”. Bien, c’est ça la médecine en ce moment. Les médecins sont libres de travailler quand ils veulent, comme ils veulent et de donner le service à qui ils veulent. Ils choisissent leurs patients et leur cadre de pratique et nous on paye et on n’a rien à dire là-dessus. »

Le professeur Damien Contandriopoulos constate que le Québec a choisi une trajectoire différente de tout le reste du Canada en concentrant toutes les ressources additionnelles en santé dans un seul secteur, la rémunération des médecins : « Une société qui décide de couper dans la prévention primaire, dans la santé publique, dans les CPE, une société qui prend toutes ses ressources et qui les donne aux médecins, donc à une fraction de la population qui est déjà la plus riche, une société qui fait ça, fait des choix horriblement contreproductifs. Cette situation rend le ministre Barrette très vulnérable. D’un côté, c’est lui qui, à partir de 2007, comme président de la Fédération des médecins spécialistes, a négocié les hausses, a structuré les discours pour justifier ces hausses-là et s’est avéré un négociateur extrêmement féroce. Et aujourd’hui, il se retrouve dans le poste du ministre responsable du déploiement de ce bar ouvert de rémunération des médecins. »

Aujourd’hui, les médecins québécois gagnent plus que leurs homologues ontariens. Ils sont même doublement avantagés, parce qu’ils travaillent moins d’heures que leurs collègues ontariens et que le coût de la vie est moins élevé au Québec qu’en Ontario. Le chercheur Guillaume Hébert estime que le Québec pourrait économiser 1 milliard dès 2017-2018 et deux milliards en 2020-2021 s’il réduisait de 12 % l’enveloppe de rémunération médicale, pour ramener le revenu moyen des médecins québécois au niveau des médecins ontariens.

Selon les calculs de l’IRIS, avec une économie d’un milliard de dollars, on pourrait embaucher 20 000 préposé-es aux bénéficiaires ou 15 000 infirmières de plus.

Un système menacé : la prévention et les services sociaux, grands perdants de la réforme

Dans le volumineux rapport du Commissaire à la santé et au bien-être sur la performance de notre réseau de santé, publié l’automne dernier, les 6000 Québécois consultés affirment qu’ils veulent à tout prix préserver l’accès à leur système de santé universel et gratuit. Anne Robitaille, la Commissaire à la santé par intérim est formelle : « Il est clair que les Québécois tiennent au caractère public de leur système de santé, c’est non équivoque, il n’y a aucun doute là-dessus. Ils sont très fiers d’avoir un système public universel, même s’ils constatent des failles. Ils ne veulent pas aller vers un système privé, c’est très clair ».

Comme l’explique Anne Robitaille, l’édifice est maintenant fragilisé : « Les services sociaux sont devenus le “parent pauvre” et la prévention, c’est le “parent encore plus pauvre” de notre système. Pourtant, chaque dollar investi en prévention permet d’économiser cinq dollars en coûts directs de soins de santé. »

Du côté de la prévention, le désinvestissement est tout simplement ahurissant. Les budgets ont été amputés de 30 %, en dépit de toutes les mises en garde des spécialistes. En fait, les ressources consacrées à la santé publique ont fondu sous le ministre Barrette et les services sociaux, eux, sont demeurés sous-financés. À ce chapitre, nous en faisons moins qu’auparavant et moins que la moyenne canadienne, parce que les priorités du ministre Barrette sont ailleurs.

Un réseau sous tutelle ministérielle

S’il est difficile aujourd’hui d’obtenir des données précises sur « l’état de santé réel » du ministère de la Santé, c’est justement parce que le ministre Barrette exerce un contrôle absolu sur tout, nous dit le chercheur Damien Contandriopoulos : « L’objectif réel et caché de la réforme était de centraliser tous les pouvoirs entre les mains d’une seule personne, le ministre. Il exerce maintenant ce pouvoir pour limiter la capacité des gens du réseau de s’exprimer publiquement, d’utiliser leur jugement professionnel et pour empêcher le commun des mortels d’avoir une idée réelle de ce qui se passe dans le réseau. »

Les exemples en ce sens ne manquent pas. Selon lui : « Pour éviter que la population ne s’intéresse de trop près à la rémunération des médecins, le ministre Barrette a décidé d’éliminer le poste de Commissaire à la santé, parce qu’il n’acceptait pas que le Commissaire finance des équipes de recherches pour étudier cette rémunération médicale. »

« La peur est bien installée dans le réseau, constate Paul Brunet. Des gestionnaires me disent, je te donne une information ou un document, mais ne va jamais parler de moi. »

Selon Jean-Pierre Ménard : « Les patients ne sont pas les seuls à se plaindre, ça coïncide avec ce que disent les syndicats et les cadres. Les trois groupes affirment que cette réforme-là ne va pas dans la bonne direction ».

Après avoir dépouillé le réseau de la santé et des services sociaux pendant des années, le gouvernement Couillard y injecte maintenant, ici et là, des millions de dollars. Des investissements ciblés, à des fins purement électoralistes. Cynique, comme toujours, le gouvernement Couillard cherche à corriger ses propres dégâts en nous faisant croire que son ministre de la Santé, le principal responsable du gâchis, saura à lui seul sauver notre système de santé. Mais c’est trop peu, trop tard, nous dit le chercheur Damien Contandriopoulous : « Cette réforme est un échec, ça ne fait aucun doute. Comme société, on va devoir reconnaître qu’on a pris les mauvaises décisions et il va nous falloir un plan cohérent pour le futur. Les acteurs sociaux comme les syndicats, les ordres professionnels, les associations de patients doivent réfléchir au système de santé dont ils n’ont pas envie et ça doit se passer maintenant ».

Un effectif à bout de souffle

Pas une semaine ne s’écoule sans que les médias et les réseaux sociaux ne rapportent les ratés de la réorganisation forcée du ministre Barrette dans le réseau de la santé et des services sociaux et les effets néfastes de l’austérité libérale sur la population et sur celles et ceux qui donnent les services.

Le 7 novembre dernier, des infirmières du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, membres de la CSN, ont dénoncé la hausse fulgurante des accidents et incidents à déclaration obligatoire, dont ceux en salle d’accouchement. La surcharge de travail, causée par le non-rempla­cement des absences et le refus de se voir accorder des heures supplémentaires, comptait parmi les facteurs explicatifs. « On n’a pas le temps de s’asseoir ni d’aller à la toilette. Nous ne sommes pas assez nombreuses pour satisfaire aux normes », rapportait dans l’anonymat une infirmière de l’unité des naissances sur les ondes de Radio-Canada. Pourtant, le même jour, le ministre Barrette inaugurait les nouveaux locaux de ce réputé hôpital mère-enfant au coût de près d’un demi-milliard de dollars.

Dans les semaines précédentes, le personnel infirmier et les préposé-es aux bénéficiaires du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec décrivaient les effets des compressions de 51 millions de dollars sur trois ans. Même chose au CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean alors que des membres de la CSN dénonçaient un train de 120 mesures « d’optimisation » totalisant 14 millions de dollars en 2016 seulement, causant la perte de 127 postes ! Et la liste ne cesse de s’allonger tant la crise dans le réseau est généralisée.

Établissements mammouths… et inhumains

En faisant passer de 182 à 34 le nombre d’établissements en les fusionnant, le gouvernement a créé des organisations éléphantesques, qui n’ont pas d’équivalent au Canada. Le CIUSSS de la Capitale-Nationale regroupe ainsi plus de 17 000 employé-es, gestionnaires et médecins avec un budget annuel de près de 1,3 milliard de dollars, soit dix fois les budgets du ministère des Relations internationales et celui de la Francophonie! Le CIUSSS de l’Estrie, dont le budget avoisine le 1,4 milliard, compte pour sa part 18 000 employé-es. De quoi donner le vertige.

Dans les mois qui ont suivi les mégafusions d’avril 2015, la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ont réalisé plusieurs enquêtes sur l’état de la situation dans le réseau. Menées dans le cadre de la campagne publique Ma place en santé, j’y tiens, mise en place par la CSN pour dénoncer la réforme, mobiliser les membres et conscientiser la population, les enquêtes avaient pour but de mesurer l’ampleur des conséquences qu’ont eu la réforme et les mesures d’austérité sur les conditions de travail de ses membres. Les constats sont non seulement inquiétants, mais alarmants.

Des jeunes à bout

L’une de ces enquêtes a été menée à l’automne 2016 par le comité des jeunes de la FSSS–CSN auprès de 1407 jeunes âgés de moins de 35 ans. Déjà aux prises avec un statut d’emploi précaire, six jeunes sur dix ont affirmé avoir connu une augmentation de leur tâche dans les douze mois précédents. En outre, une personne sur cinq a indiqué s’être retrouvée en invalidité à long terme durant la même période. Pas moins de 83 % des répondants, soit plus de huit personnes sur dix, ont souligné que la réforme du système de santé n’allait pas contribuer à améliorer leur situation professionnelle sur un horizon de trois à cinq ans.

« C’est sûrement ce qui explique que 60 % des jeunes techniciens et professionnels de la santé et des services sociaux songent à quitter le réseau, lance Kevin Newbury, président du Syndicat des personnes salariées des Centres jeunesse de Lanaudière. Le réseau souffrant déjà d’une certaine pénurie de main-d’œuvre, on se demande comment on va faire pour offrir des services publics de qualité si notre propre relève quitte le bateau parce que les gens sont au bout du rouleau. C’est déconcertant de voir ces statistiques-là. »

Charge accrue pour les PAB

Les préposé-es aux bénéficiaires (PAB) œuvrant en CHSLD ont connu une détérioration rapide de leurs conditions de travail en raison du non-remplacement des absences et d’une charge de travail accrue. L’entrée en vigueur de la réforme Barrette n’a rien amélioré, les démarches paritaires en santé-sécurité du travail (SST) ayant été paralysées. C’est ce que démontre une enquête réalisée au CSSS de Jonquière au printemps 2015, et actualisée en 2016 par le Service des relations du travail de la CSN.

Ainsi, un PAB sur trois a reçu un diagnostic médical lié à une lésion psychologique (trouble d’adaptation, surmenage professionnel, épuisement, etc.) tandis que quatre personnes sur dix disent avoir consulté un programme d’aide aux employé-es. Sur le plan de la santé musculo-squelettique, huit personnes sur dix ont déclaré avoir ressenti des douleurs dans les douze derniers mois, tandis que trois personnes sur dix ont reçu un diagnostic lié à une lésion physique, notamment au dos, aux épaules et au cou. Bien que les PAB représentent 15 % du personnel du CSSS, ils sont 35 % à avoir déclaré des accidents à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

« Le taux d’absentéisme chez nous a presque doublé depuis 2014-2015, passant de 6,2 % à 11,6 % pour les huit premiers mois de 2016, affirme Manon Tremblay, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux de Jonquière, affilié à la FSSS–CSN. Les gens sont épuisés, découragés. La fusion, ça leur fait peur. Ce qui me heurte encore plus, c’est de savoir que les préposé-es aux bénéficiaires ont des troubles musculo-squelettiques, mais qu’ils se présentent malgré tout au boulot parce qu’ils ne seront jamais capables de prouver que c’est lié au travail. »

Climat de travail malsain

Le personnel de bureau, les techniciennes, les techniciens et les professionnel-les de l’administration membres de la FSSS–CSN ne font pas exception. Une étude menée l’automne dernier auprès de 1500 répondantes révèle que ce groupe de salarié-es cumule 14,3 jours d’absence maladie par année, comparativement à 9,3 jours en moyenne pour les autres travailleuses et travailleurs canadiens. Une forte proportion (63,9 %) du groupe considère que la réforme Barrette a eu des incidences très négatives ou négatives sur le climat de travail, mais aussi sur la stabilité du personnel (83 %) et la charge de travail (68,9 %).

« La réorganisation du ministre Barrette n’a rien à voir avec la fusion de 2004-2005, dit Sylvie Lachambre, présidente du Syndicat du personnel paratechnique, services auxiliaires, métiers, bureau et de l’administration du Centre de santé et de services sociaux Richelieu-Yamaska. Quand tu n’as plus de sentiment d’appartenance, que tu ne contrôles plus ta vie au travail parce que ça change tout le temps, parce que tu ne sais plus dans quel service ni avec qui tu vas travailler, ça devient très démotivant. Et l’absence d’une planification de la main-d’œuvre pour la mise en place d’Optilab vient confirmer l’amateurisme des gestionnaires qui jouent avec les nerfs des employé-es. »

Travailler, même malade

Chez le personnel technique et professionnel, les effets de la fusion et de la réorganisation du réseau ont été durement ressentis entre autres par rapport aux transferts de personnel des CLSC vers les groupes de médecine de famille (GMF). C’est ce qu’a révélé un sondage effectué par la FP–CSN auprès de 1031 répondants, au printemps 2016.

Une personne sur deux a indiqué s’être présentée au travail malgré un état de santé physique ou psychologique qui aurait pu justifier son absence du travail. Six personnes sur dix ont dit vivre constamment ou fréquemment une surcharge de travail, perçue comme la conséquence directe des compressions budgétaires. Enfin, 10 % du personnel technique et professionnel ont dit projeter de quitter le réseau public d’ici les cinq prochaines années, comparativement à 7,4 % dans un sondage réalisé en 2014.

« Les impacts de la fusion sont désastreux, avance Jaimie Lemieux, présidente de la section locale du Syndicat des technicien-nes et des professionnel-les de la santé et des services sociaux du Québec au CSSS de la Mitis. En plus, on doit vivre avec des compressions de 20 millions de dollars pour 2016 et 2017. En 2004-2005, personne n’a perdu son emploi. Présentement, on a six personnes qui détiennent une sécurité d’emploi qui sont à la maison, du jamais vu en douze ans d’implication syndicale. Alors, on ramasse beaucoup de cas de détresse psychologique. Plusieurs débarquent chez le médecin pour demander un arrêt de travail. Le hic, c’est que l’employeur conteste de plus en plus les cas d’arrêt. J’ai récemment vu un travailleur être envoyé en expertise médicale après trois semaines d’absence. Avant, on ne voyait ça que pour des invalidités d’un an et plus. »

Répondre à des cibles statistiques

Les données précédentes rejoignent celles d’une autre enquête terrain réalisée en mai 2016 dans 14 centres jeunesse du Québec auprès de 1934 personnes. Menée conjointement par la FP–CSN et la FSSS–CSN, l’enquête cherchait à établir les conséquences des compressions de 20 millions de dollars en 2015-2016 sur les travailleurs, les jeunes et leurs familles.

Ainsi, seulement 5 % des intervenantes et intervenants ont estimé être en mesure de répondre adéquatement et en temps utile aux besoins de leur clientèle aux prises avec d’importants problèmes. L’alourdissement de la tâche a entraîné une surcharge de travail, suivie souvent d’un épuisement professionnel en raison du travail effectué en heures supplémentaires. Pour sept personnes sur dix, les multiples formulaires à remplir et la saisie accrue de notes constituent un obstacle majeur à la qualité de leur travail. Ils sont tout autant à estimer que leur intervention sert davantage à répondre aux cibles statistiques du ministre Barrette qu’à aider les familles. Enfin, une personne sur trois a indiqué que les difficiles conditions d’exercice de leur pratique l’ont forcée à prendre un congé de maladie.

« En CLSC, nos membres sont dans un état de détresse extrême, explique Danny Roy, président du Syndicat des professionnels de la santé et des services sociaux, région Québec–Chaudières-Appalaches, affilié à la FP-CSN. Près de la moitié des intervenants à l’accueil des CLSC, dans la grande région de Québec, sont partis en maladie ou dans d’autres établissements en espérant trouver mieux, parce qu’ils étaient incapables de se voir travailler avec la charge de travail qui leur était imposée. Cette perte d’expertise a des conséquences directes sur les services à la population. »

Pour Sylvie Théoret, présidente sortante du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Centre jeunesse de Montréal, affilié à la FSSS–CSN : « En centre jeunesse, nos travailleurs sont formés pour faire de l’intervention et donner des services aux familles et aux enfants. Mais ils se ramassent avec des charges de travail qui sont maintenant le double de ce qu’elles devraient être. C’est ce qui fait que les gens ont le sentiment de ne plus être en mesure de faire le travail qui pourrait faire une différence dans la vie des enfants et de leurs familles. »

Une vie des plus surprenante

Les sages-femmes ne savent jamais de quoi leur journée sera faite. De garde 24 heures sur 24, elles peuvent à tout moment être obligées d’interrompre leurs activités pour répondre à une urgence ou pour accompagner une femme lors d’un accouchement. Les sages-femmes veillent sur leurs clientes à toute heure du jour ou de la nuit, pendant les périodes prénatale et postnatale et, bien sûr, durant les accouchements. Regard sur une profession vieille comme le monde qui continue de fasciner.

Josyane Giroux a complété un baccalauréat en géomatique appliquée à l’environnement avant de pratiquer comme sage-femme. Bien que cette discipline l’ait stimulée intellectuellement, son travail actuel la comble davantage. « Devenir sage-femme, c’est bien sûr acquérir l’ensemble des connaissances et des compétences pour pouvoir donner tout le soutien clinique nécessaire aux femmes et aux familles, mais c’est beaucoup plus que ça. Je me sens comblée par l’aspect humain et relationnel de mon travail », souligne-t-elle. Josyane et ses consœurs de pratique sont représentées par la Fédération des professionnèles–CSN.

Une vie trépidante

27 novembre 2016, 2 h 30. Josyane est appelée par une cliente pour des saignements anormaux. Elle craint une hémorragie post-partum tardive et prend une quarantaine de minutes pour évaluer la situation. Elle décide de garder un contact étroit avec sa cliente. 5 h 30, le téléphone sonne à nouveau pour un accouchement, cette fois-ci. Josyane se rend chez la future mère. Le bébé naît à 12 h. Elle revient chez elle à 16 h.

Photo : Louise Leblanc

17 h, une cliente en panique l’appelle : elle vomit sans arrêt. Après consultation et analyse de la situation, Josyane conclut qu’il s’agit d’une gastro sévère. À 20 h, Josyane fait un suivi avec la mère qui l’a appelée la nuit précédente et détermine avec elle le plan à suivre si les saignements recommencent. 1 h du matin, une autre femme appelle, elle éprouve de sérieuses douleurs au bas du ventre. Celles-ci viennent de la compression des intestins. « Ce n’est pas toujours comme ça, des fois le rythme est plus intense ! », lance Josyane en riant.

La garde constitue la pierre angulaire de la profession de sage-femme. Elle est nécessaire pour permettre la continuité relationnelle des soins et des services à toutes les phases du suivi de grossesse, jusqu’à six semaines après l’accouchement. Le fait de ne pouvoir prévoir l’horaire exact et la nature des tâches de la journée fait donc partie intégrante de la réalité des sages-femmes. À ce sujet, Josyane raconte. « Le mois dernier, j’ai été appelée par un papa à 23 h 30, alors que j’étais couchée. Sa conjointe avait des contractions très intenses depuis 15 minutes. Cinq minutes plus tard, elle a commencé à pousser. Je finissais de mettre mes bottes. Merci à mon GPS qui m’a conduite au bon endroit ! Quand j’ai mis le pied dans la chambre, la tête du bébé était déjà sortie ; je suis tout de même arrivée à temps pour assister à sa naissance. Imaginez ! 32 minutes plus tôt, je dormais. C’est aussi ça, la vie de sage-femme. »

Comme à l’habitude, Josyane avait ce soir-là accroché des vêtements derrière la porte de la salle de bain. Elle en place toujours à cet endroit pour éviter de réveiller la famille, car son travail l’appelle à se lever la nuit régulièrement. Bien sûr, une trousse contenant tous ses instruments, prête à être utilisée, l’attendait aussi. « Il faut développer des trucs pour mieux s’adapter aux éléments stressants de la profession et pour composer plus efficacement avec les urgences », explique-t-elle.

La cohésion et l’entraide au sein de l’équipe d’une maison de naissance font toute la différence pour permettre aux sages-femmes de soutenir le rythme exigeant de la profession. « Parfois, on est capable de travailler 24 heures en ligne, alors qu’à d’autres moments, on est exténuée après 12 heures et il faut absolument dormir un peu. Je peux toujours compter sur mes collègues pour me permettre d’aller me coucher. À moins qu’elles soient, elles aussi, en train d’assister un accouchement… Alors on se relaie pour aller se reposer quelques heures », poursuit Josyane.

Différents modèles

Certaines maisons de naissance ont décidé de nommer une sage-femme de remplacement, communément appelée sage-femme volante, pour aider l’équipe à suppléer aux congés de maladie, aux grossesses et aux conflits d’horaires des sages-femmes régulières. « Notre présence permet à l’équipe de souffler un peu, souligne Marie-France Beaudoin, sage-femme de remplacement à la Maison du Haut-Richelieu–Rouville. On permet aussi d’atténuer les bouleversements pour les clientes, qui n’apprécient pas, à juste titre, de voir se succéder les sages-femmes au cours de leur grossesse. »

Bien sûr, le suivi d’une sage-femme de remplacement est différent. « Il faut vite comprendre le dossier et espérer qu’il a été bien rempli. Il est primordial de pouvoir entrer rapidement en relation avec les clientes. Le rapport diffère, puisqu’on ne réalise pas l’accompagnement en continu, mais le rôle de remplaçante est par contre très apprécié au sein de la maison de naissance ».

Photo : Annik de Carufel

Des femmes-orchestres

Beaucoup de femmes ont recours aux services d’une sage-femme pour leur deuxième grossesse, car elles ont l’impression de ne pas avoir été bien informées la première fois. « Elles déplorent souvent le côté un peu inhumain du processus médical », relate encore Josyane Giroux. L’accouchement avec une sage-femme est bien différent de celui pratiqué à l’hôpital et prend la forme que le couple veut lui donner. « Nous sommes là pour accompagner les femmes et leur famille dans leur choix. Si elles veulent écouter de la musique métal, je ne suis pas là pour les en empêcher. »

Bien sûr, toutes les mesures de sécurité sont prises pour assurer le bon déroulement de l’accouchement. D’ailleurs, elles doivent toujours être deux professionnelles pour assister la femme au moment de la naissance du bébé. Cela dit, l’un des principes importants de la pratique sage-femme est basé sur le choix éclairé, contrairement au choix dirigé du milieu hospitalier. « Il n’y a pas de protocole dans notre pratique, ce qui occasionne encore beaucoup de tensions avec les médecins qui ne comprennent pas pourquoi des couples choisissent de ne pas subir certains tests. Pour une sage-femme, le respect du choix des femmes est très important. Lorsque tous les renseignements nécessaires ont été donnés, elles peuvent décider de ne pas recevoir un geste clinique, c’est leur droit », renchérit Josyane Giroux.

À l’hôpital, une infirmière de l’équipe médicale se trouve à tout moment dans la chambre avec la femme sur le point d’accoucher. Pour donner tout le soutien et la disponibilité requise, les sages-femmes, pour leur part, doivent écouter leurs propres besoins tout en veillant au bien-être de la cliente : « Ça peut paraître évident, mais quand on a faim, il faut manger. Si les contractions commencent et qu’elles ne sont pas très intensives, il m’arrive d’aller m’étendre quelques minutes, entre l’écoute des deux cœurs. Mais je ne suis pas loin, seulement à la porte d’à côté. » Ces temps d’arrêt permettent également au couple de profiter d’une intimité qui n’existe pas avec l’équipe médicale.

Le rôle de soutien psychologique de la sage-femme auprès des femmes et des familles prend également toute son importance, surtout lorsque l’accouchement se déroule dans un contexte difficile comme une perte d’emploi, un déménagement, une rupture ou le décès du conjoint. « La transformation au cours de la grossesse est majeure à tous les points de vue. Le corps change, les hormones s’activent et les impacts sont énormes sur la vie de la femme et du couple. On est amenées à parler de communication, de sexualité, et de façon plus concrète, des ressources existantes, comme le CLSC ou les groupes communautaires. Ce travail avec les autres professionnel-les de la santé est primordial. Je ne suis pas psychologue, mais je peux être une intermédiaire déterminante lorsque le besoin se présente. »

Les sages-femmes agissent en somme comme des femmes-orchestres dans les moments les plus importants de la vie. Et leurs œuvres magistrales ont de quoi marquer chaque fois les familles qu’elles accompagnent.

Des solutions existent

La CSN participe activement à la réflexion et au débat entourant les pistes de solution pour un meilleur financement et une efficacité accrue du réseau. Entrevue avec Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Pourquoi la centralisation des services de santé et de services sociaux est-elle à éviter ?

— L’expérience de centralisation à outrance a été tentée en Alberta. Or, le gouvernement a compris qu’il allait vers l’échec et a fait marche arrière. Au Québec, la réforme Barrette est un mélange de toutes les missions de santé et de services sociaux ayant à sa base une vision très hospitalocentriste qui bousille le système. Il en découle un bouleversement du réseau et une surcharge de travail qui affecte négativement la qualité des services. On en a eu un exemple récemment avec les infirmières de Sainte-Justine. L’hypercentralisation du Dr Barrette, c’est aussi le projet Optilab, qui met en péril la sécurité des échantillons de laboratoire et dépouille les régions d’emplois de qualité au profit des grands centres. Ce sont des patients qui ne savent plus à quel saint se vouer pour obtenir un rendez-vous avec une travailleuse ou un travailleur social. Les acteurs de la centralisation sont déconnectés des besoins des bénéficiaires. Nous devrions plutôt nous rapprocher des clientèles.

Le réinvestissement annoncé dans le réseau public par le gouvernement vous apparaît-il suffisant ?

— Jamais ! Un réinvestissement récurrent de 300 millions après une coupe de plus d’un milliard, qui a permis au gouvernement d’engranger des surplus astronomiques, est une insulte à l’intelligence ! Le ministre poursuit sa réforme avec obstination en abolissant des postes et en fusionnant des services qui s’éloignent des patients. Il étouffe les CLSC par une ponction de leurs ressources pour les incorporer aux organismes à but lucratif que sont les groupes de médecine de famille. Le ministre a beau déclarer que le financement restera public, dans les faits, il privatise la dispensation de services. Pour juguler les problèmes qui éclatent partout, il faut plutôt un réinvestissement massif dans le système public.

La privatisation n’est-elle pas un moyen pour réduire les dépenses en santé et services sociaux ?

— Au contraire. Dans les pays qui financent leurs soins sur une base privée, on observe une nette augmentation des coûts. Au bout du compte, les gens payent plus pour en avoir moins. Les soins sont réservés aux mieux nantis ou à ceux qui sont bien assurés. De plus, le vieillissement de la population augmente la demande de services, ce qui crée un impact sur les finances du régime public. À la CSN, on préconise un retour à un système de santé complètement public. On a un joyau entre les mains qui est un élément majeur de notre filet de protection sociale. N’oublions pas qu’avant la création de la RAMQ, beaucoup de gens devaient se faire soigner à crédit.

Pourquoi la CSN prône-t-elle l’interdisciplinarité dans le réseau ?

— La complémentarité du travail est nécessaire à l’efficacité et à la qualité des services rendus ainsi qu’à l’utilisation optimale des ressources. Prenons le cas des personnes âgées : une travailleuse sociale intervient, ensuite une infirmière, sans trop savoir ce que la première a fait. Il faut briser les silos qui nuisent à tous points de vue. C’est vrai pour les CHSLD, pour les CLSC, pour les centres hospitaliers. Or, l’interdisciplinarité demande du temps, de l’énergie et encore une fois, du financement.

Y a-t-il d’autres pistes que la CSN aimerait explo­rer pour un meilleur financement du réseau ?

— Oui. On pourrait tenir des états généraux sur la situation du réseau dans son ensemble. Comme il s’agit des dépenses qui exercent le plus de pression sur le réseau, on pourrait y aborder le mode de rémunération des médecins et le régime d’assurance médicaments. Nous demandons aussi des états généraux qui porteraient spécifiquement sur le réseau des centres jeunesse du Québec.

Sur quoi faut-il se pencher dans les centres jeunesse ?

— Il faut cesser de fonctionner à la pièce. On observe d’année en année une augmentation des signalements et un délai d’attente avant la prise en charge qui varie entre 15 et 70 jours, selon les régions. À cela s’ajoute une insuffisance criante de ressources due au sous-financement que subissent les centres depuis plusieurs années. Encore en 2015, des compressions de 20 millions se sont abattues sur le réseau. Un moratoire et un refinancement s’imposent.

Pourquoi pensez-vous qu’il est nécessaire de se pencher sur la rémunération des médecins ?

— L’augmentation de la rémunération des médecins est faramineuse et la rémunération à l’acte médical ne fonctionne pas. Celle-ci a été responsable d’importants dépassements de coûts par le passé. Entre 2010 et 2015, les sommes reliées à la rémunération des médecins ont dépassé de 417 millions de dollars le seuil prévu. Qui plus est, le rapport 2015 de la Vérificatrice générale démontre que la RAMQ ne peut assurer le plein contrôle des 55 millions de demandes de paiement qui lui sont adressées par les médecins chaque année. Le contrôle inadéquat des factures des médecins a contribué à l’explosion des coûts. Il est temps d’avoir un débat de fond sur cette question.

Selon vous, pourquoi le système d’assurance médicaments n’est-il pas adéquat ?

— Le système hybride actuel fait grimper de façon excessive le coût des médicaments. Il est impératif de revoir la façon d’en fixer les prix et, par extension, de s’intéresser à la question de la surmédication. Le ministre le nie, mais il y a un problème qui existe là. Il a d’ailleurs dû le reconnaître durant son forum sur les bonnes pratiques en CHSLD. Nous insistons sur la nécessité d’un débat public sur le sujet.

Ne serait-il pas plus rentable d’insister davantage sur la prévention ?

— Absolument. La prévention est la mission première de la santé publique, et pourtant, elle disparaît peu à peu au profit du curatif. D’ailleurs, les libéraux ont coupé les budgets de santé publique de 30 %. Il y a quelque chose d’électoraliste dans le refus des gouvernements d’investir dans des politiques dont les effets ne sont pas visibles de façon immédiate. Pourtant, il s’agit d’une piste de solution très importante à moyen et à long terme.

Les avocats de l’aide juridique appuient les juristes de l’État

Le regroupement des avocates et des avocats de l’aide juridique du Québec, représenté par la Fédération des professionnèles de la CSN et la Fédération des avocats de l’aide juridique du Québec (FAAJQ) appuie les revendications des juristes de l’État, actuellement en grève, afin d’obtenir la parité avec les avocats agissant comme procureurs aux poursuites criminelles et pénales.

Les avocates et les avocats de l’aide juridique partagent les principes de justice et d’équité qui animent leurs collègues à l’emploi de l’État québécois concernant leurs conditions de travail et leur rémunération. Par leur formation professionnelle, la fonction sociale qu’ils remplissent et l’importance de maintenir l’équilibre des parties dans une société de droit, les avocats et notaires représentant les pouvoirs publics méritent le même traitement que celui de leurs collègues œuvrant devant les tribunaux criminels.

D’ailleurs, l’État reconnaît depuis près de trente ans la valeur équivalente des fonctions occupées par les juristes, les procureurs et les avocats de l’aide juridique en accordant aux trois groupes les mêmes conditions de rémunération. Le regroupement des avocats de l’aide juridique du Québec estime que c’est au gouvernement du Québec que revient la responsabilité de maintenir cet équilibre en accordant aux juristes un traitement juste.

Photo : Thien | Creative Commons BY NC ND 2.0

Une centaine de techniciens et professionnels dans l’insécurité

Le Syndicat du personnel technique et professionnel de la SAQ (SPTP–CSN) accueille comme une douche froide l’annonce de la suppression d’une centaine de postes de techniciennes, techniciens et professionnel-les à la SAQ, soit près de 15 % de cet effectif à la société d’État.

« Nous étions plus de 700 il y a deux ans à peine, et nous ne serons plus que 500 à l’issue de ce nouveau licenciement collectif, déplore la présidente du SPTP–CSN, Sandrine Thériault. Les impacts des dernières coupes de postes, en avril dernier, se font déjà sentir lourdement. À la SAQ, on coupe des postes d’abord, et on se demande ensuite comment on doit réorganiser le travail. La conséquence, c’est que nos membres sont de plus en plus surchargés : il y a une augmentation des heures supplémentaires non rémunérées et le climat de travail se détériore grandement. Nous avons interpellé la SAQ avec des données alarmantes que nous avons recueillies à ce sujet et la seule réponse que nous recevons, ce sont des coupes supplémentaires ! »

Rappelons qu’après avoir coupé une soixantaine de postes au printemps 2016, principalement au développement immobilier, la société d’État avait dû se rendre à l’évidence et reconnaître que ces coupes entraînaient des lacunes importantes qu’il fallait corriger. Tout porte à croire qu’il en sera de nouveau ainsi.

Pour la présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) à laquelle le syndicat est affilié, Ginette Langlois, la SAQ doit revoir sa façon de gérer les relations de travail. « Des annonces comme celle effectuée aujourd’hui entraînent leur lot d’insécurité pour l’ensemble des salarié-es. Nous nous attendrions de la SAQ qu’elle agisse en employeur modèle en faisant preuve d’un maximum de transparence et qu’elle prenne le temps d’étudier avec les représentants des salarié-es des solutions de rechange ou à tout le moins, un plan de réorganisation et ce, avant de procéder à de telles coupes ! »

Du côté du Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN), on souligne que ces abolitions de postes entraîneront un impact direct sur la capacité des salarié-es œuvrant dans les succursales à effectuer leurs tâches régulières. C’est ce qui a été observé lors des précédentes coupes. « Nous sommes pleinement solidaires de nos collègues techniciennes, techniciens et professionnel-les, déclare son président, Alexandre Joly. Ce qui fait la force de la SAQ, c’est le travail au quotidien de ses employé-es. Cela mérite plus de reconnaissance et de respect ».

À propos du SPTP-SAQ (CSN)
Le SPTP-SAQ regroupe quelque 600 membres qui travaillent en partie à Québec, mais principalement à Montréal. On y compte notamment les secrétaires, techniciens et analystes du siège social et des centres de distribution. C’est d’ailleurs ce centre qui est responsable d’approvisionner en vin l’ensemble du réseau de la SAQ. Le SPTP-SAQ est affilié à la Fédération des professionnèles (FP-CSN).

Il faut aussi s’attaquer aux causes systémiques

La Confédération des syndicats nationaux croit que des précisions importantes doivent être apportées au projet de loi 115, loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aîné-es et toute autre personne en situation de vulnérabilité. Pour la CSN, qui­ représente près de la moitié des salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, et ce dans tous les titres d’emploi, ce seul projet de loi ne pourra atteindre pleinement ses objectifs si on ne remet pas en cause, en même temps, les causes systémiques du phénomène de la maltraitance. Des représentants de la CSN seront entendus par la Commission des relations avec les citoyens cet après-midi.

 « Pour nous, le projet de loi 115 constitue une avancée nécessaire, explique le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. C’est dans cette optique que nous proposons des changements qui en renforceront les éléments essentiels. Nous déplorons toutefois que le projet de loi ne se concentre que sur la maltraitance issue de comportements individuels et qu’il fasse complètement l’impasse sur la maltraitance systémique qui découle de décisions et d’actions politiques ou organisationnelles. C’est un aspect important, voire le plus important, qu’il faudra regarder attentivement pour améliorer la situation ».

Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Photo : Louise Leblanc

Pour la CSN, c’est la pression budgétaire exercée depuis des années sur les établissements, exacerbée par les dernières rondes de compressions, qui fait en sorte qu’on manque de personnel et que celui-ci est en surcharge de travail croissante. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’on assiste aujourd’hui à une certaine déshumanisation des soins et à une incapacité des établissements à répondre adéquatement à tous les besoins des aîné-es et des personnes vulnérables. D’ailleurs l’implantation de pratiques comme le minutage du temps de travail ou la méthode Lean contribue grandement à la déshumanisation des soins. Ce constat, la CSN est loin d’être seule à le dresser. Les derniers rapports du Protecteur du citoyen ainsi que des prises de position de l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec, notamment, abondent en ce sens.

« Ce n’est certainement pas de gaieté de cœur , mais en raison d’un manque de temps et de ressources que le personnel œuvrant auprès des aîné-es ou de personnes vulnérables doit parfois se résoudre à différer l’heure du repas ou de la toilette. Si les travailleuses et les travailleurs ont leur part de responsabilité, l’État ne peut certainement pas ignorer la sienne », illustre le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Guy Laurion.

Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles. Photo : Louise Leblanc

« L’embauche de 1150 personnes dans les CHSLD annoncée récemment ne sera pas suffisante pour régler tous les problèmes, vu l’ampleur des besoins, poursuit la présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Ginette Langlois. Il serait grandement temps de mettre de côté l’idéologie et la partisannerie pour dresser le portrait véritable des besoins en ressources dans les services aux aîné-es et aux personnes les plus vulnérables et de trouver les moyens d’y répondre adéquatement. Selon nous, le financement public adéquat des services est un incontournable pour lutter contre la maltraitance. Par ailleurs, l’accès aux ressources d’hébergement, aux services de réadaptation ainsi qu’aux soins à domicile, assurés par du personnel du secteur public, bien formé, est également un aspect important ».

Réserves

Si le projet de loi 115 contient de bons éléments, la CSN émet certaines réserves, notamment quant à deux aspects qui vont au-delà du débat sur la lutte contre la maltraitance.

Sur l’utilisation de caméras de surveillance et d’autres moyens technologiques, la CSN estime que la jurisprudence en la matière et les balises déjà édictées par la Commission de l’accès à l’information du Québec établissent déjà clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Toute intervention du gouvernement devra respecter la charte des droits et liberté et les balises fixées par la jurisprudence.

Par ailleurs, la CSN ne croit pas qu’il soit judicieux de permettre plus généralement la levée du secret professionnel. Actuellement, le secret professionnel ne doit être levé que dans des circonstances exceptionnelles et cet équilibre doit être préservé car il permet aux professionnel-les d’entretenir une relation de confiance avec leur patient, absolument nécessaire pour pouvoir exercer leur profession au meilleur de leur connaissance. Pour la CSN, ce débat dépasse largement le cadre de la discussion sur la maltraitance.

Lire le mémoire →

Les techniciennes en laboratoire de Sainte-Justine lancent leur offensive de campagne

Les techniciennes et techniciens en laboratoire de l’Hôpital Sainte-Justine organisent la riposte face à la méga-centralisation des laboratoires à laquelle se prête le ministre Barrette par le projet Optilab, qui affecte directement les services à la population.

Dans le cadre de la campagne Mon laboratoire médical, j’y tiens, ils procéderont dès le 12 janvier à de l’affichage à l’intérieur de l’établissement. Celui-ci prendra la forme de mosaïques d’employé-es interpellant le public, pancartes à la main, par des questions directes et très légitimes, notamment : Et l’impact sur les patients ? Et mon expertise avec les enfants ? Et les horaires intenables ? Et l’inquiétude des parents ?

Ce volet de campagne se déploiera également sur les réseaux sociaux. Les employé-es de Sainte-Justine comptent ainsi montrer leur détermination à lutter contre le démantèlement en règle des services de laboratoires médicaux au Québec. On se demande bien quelles répliques le gouvernement pourrait leur donner. Parce que rien ne justifie le projet Optilab!

Un manque de préparation qui inquiète

À la suite d’une rencontre avec le ministère de la Santé et des Services sociaux sur l’implantation du projet Optilab, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) se dit inquiète face à l’absence de réponse concernant des éléments majeurs dans le déploiement du controversé projet. Selon la centrale, la question du transport et de la main-d’œuvre constituent des illustrations flagrantes de l’improvisation dans le dossier. « On laisse planer le mystère sur la nature publique ou privée de la gestion du transport des échantillons en évoquant la possibilité que le choix relève des 11 laboratoires serveurs. De plus, le moyen d’assurer la traçabilité des échantillons n’a toujours pas été identifié. Or, une standardisation s’impose pour garantir l’efficience dans les transferts des échantillons et dans la conservation de leur intégrité, partout au Québec. Seul le système public peut l’assurer », plaide d’entrée de jeu le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

« Tout est très préliminaire concernant le transport des échantillons. À ce stade-ci, le gouvernement est encore en train d’analyser ce qui se fait à Héma Québec! Pourtant, il a mis le pied sur l’accélérateur pour implanter Optilab et multiplier les transferts d’échantillons. Mais le système de transport n’est toujours pas adapté, malgré les grandes distances parcourues! Cela présente un risque pour la santé de la population dont le gouvernement devrait se préoccuper », lance également le vice-président de la CSN.

« Le ministère affirme que les employé-es sont le volet clé du projet Optilab. Mais on a plutôt l’impression du contraire avec le transfert de personnel et les abolitions de postes annoncées. Ce que dit le gouvernement ne se concrétise pas dans les faits et suscite plusieurs questionnements », souligne la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Nancy Corriveau.

« Le ministre Barrette est en train de créer le chaos, s’inquiète la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Mélissa Gaouette. Nous le répétons : un moratoire s’impose sur le déploiement du projet dans l’ensemble du territoire, le temps de procéder aux travaux et aux consultations requises. Il faut absolument s’assurer que le projet dans sa forme actuelle soit viable, ce dont on doute fortement. Sa mise en œuvre doit se faire en toute sécurité et en tout respect pour la population et les salariés des laboratoires. »

Jean Lacharité rappelle finalement que la CSN est la seule organisation à avoir négocié la lettre d’entente numéro 7 établissant un comité paritaire syndical-patronal sur lequel siègent notamment trois technologistes. La centrale est également la seule à s’être dotée d’une structure élargie permettant aux employé-es du terrain de faire entendre leur voix. « À la CSN, nous tenons à ce que les personnes directement concernées par Optilab puissent participer activement aux discussions. Il faut éviter que tout ne soit concentré entre les mains des médecins, comme le souhaite le ministre Barrette », conclut-il.

 

 

Le SPUQO salue la nomination de Denis Harrisson

Le Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec en Outaouais (SPUQO) salue la nomination de Denis Harrisson, recteur de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), au poste de président de l’Alliance pour la cause de l’enseignement supérieur en Outaouais (ACESO).

« Dans son communiqué de presse du 15 décembre, monsieur Harrisson précise qu’il compte bien poursuivre le travail avec les membres de l’ACESO et tous [ses] partenaires afin de concrétiser le plan de rattrapage découlant du statut particulier octroyé par le gouvernement, de souligner Louise Briand, présidente du SPUQO. Il ajoute que, pour que notre région se développe à son plein potentiel, il est impératif que l’Outaouais dispose enfin d’une offre de programmes d’enseignement supérieur comparable à celle des autres régions du Québec, et ce, tant au niveau collégial qu’au niveau universitaire. »

« Nous tenons à souligner notre entier appui à ce sujet au nouveau président de L’ACESO. À cet égard, nous le rencontrons justement à 13 h 30 aujourd’hui et nous sommes vraiment impatients de pouvoir travailler avec lui en ce sens, à titre de partenaire incontournable et privilégié. Puisque les professeurs de l’UQO développent et conçoivent tous les programmes universitaires qui sont offerts dans leur institution, il va de soi que nous sommes à même de pouvoir soutenir ces nobles objectifs que nous partageons depuis toujours », de conclure la présidente du SPUQO.

L’ACESO a été créée en 2011 par la Table Éducation Outaouais. Sa mission : combler le retard de développement constaté en Outaouais, notamment en ce qui concerne l’offre de programmes d’enseignement supérieur, leur financement et leurs infrastructures. L’ACESO est un mouvement de mobilisation régional endossé par une centaine de partenaires locaux et régionaux, représentant plusieurs dizaines de milliers de personnes des milieux éducatif, économique, politique, social, culturel, sportif, associatif, fédératif et syndical.

Affilié à la Fédération des professionnèles (FP–CSN), le SPUQO compte environ 250 membres.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

 

La CSN plaide pour la consolidation du réseau public

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), l’investissement de 100 millions annoncé hier par le gouvernement afin d’offrir davantage de places dans divers établissements de soins de longue durée est un pas dans la bonne direction. La CSN tient à ce que ces sommes soient investies dans le réseau public, lourdement touché par les dernières années d’austérité. Rappelons que le surplus budgétaire de l’État québécois se chiffre à 1, 7 milliard $.

 « Si le gouvernement est en train de prendre conscience des conséquences dramatiques des compressions budgétaires imposées ces dernières années, il faut saluer la mobilisation populaire qui l’aura forcé à changer de cap, souligne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Toutefois, selon nous, cet investissement ne sera pas suffisant pour rattraper tout le retard accumulé ces dernières années dans le réseau public. De plus, pas moins de 3500 personnes attendent une place en CHSLD actuellement et l’annonce d’hier ne permettra pas de répondre à l’ensemble des besoins en hébergement. »

La CSN milite depuis des années pour une amélioration de l’offre de services d’hébergement aux aîné-es et aux personnes nécessitant des soins prolongés. En ce sens, la CSN reconnaît que l’annonce d’hier devrait contribuer, à terme, à désengorger les hôpitaux. Toutefois, elle est d’avis qu’une solution à l’intérieur du système public devrait être privilégiée.

« Nous demeurons prudents devant ces investissements annoncés, poursuit Jean Lacharité, car le ministre est demeuré vague sur la part de ces sommes qui sera consacrée au réseau public. Quant à nous, la consolidation du réseau des CHSLD publics est incontournable. Tant en hébergement qu’en réadaptation ou encore dans les soins à domicile, nous croyons qu’il faut s’assurer que les services seront offerts par un personnel bien formé et bénéficiant de conditions de travail décentes. »

Un frein à l’attraction et à la rétention de la main-d’œuvre dans le secteur public

Les centrales syndicales observent que le retard de la rémunération globale des salarié-es de l’État par rapport aux autres travailleurs québécois constituent encore aujourd’hui un obstacle à l’attraction et à la rétention de la main-d’œuvre au sein des services publics québécois.

Dans son rapport annuel consacré à la rémunération des salariés de l’État, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) constate que la rémunération globale – incluant le régime de retraite et autres avantages sociaux – des travailleuses et des travailleurs du secteur public accuse un retard de 9,3 % par rapport aux autres salariés québécois, et ce, pour des emplois comparables. Une situation jugée stable par l’ISQ comparativement à son dernier rapport publié à pareille date l’an dernier.

« Nous dénonçons cette situation depuis plusieurs années, rappelle la présidente de la CSQ, Louise Chabot. Ce retard salarial rend difficile le recrutement de nouveaux salariés dans les réseaux de la santé, des services sociaux et de l’éducation. La population québécoise désire avoir accès à des services publics de qualité. Nous devons donc accepter de rémunérer adéquatement les employés qui offrent ces services. »

Pour certains titres d’emploi comme ceux des ouvriers spécialisés, l’écart de la rémunération globale s’élève à plus de 40 %. « Les jeunes qui sortent de nos écoles ne sont pas idiots, déclare Daniel Boyer, président de la FTQ. Pourquoi envisageraient-ils de faire carrière dans les réseaux de la santé ou de l’éducation quand le secteur privé demeure beaucoup plus attrayant? Poser la question, c’est y répondre. »

Pour la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, le gouvernement doit poursuivre les travaux relatifs aux mesures d’attraction et de rétention dans le secteur public. « Il a été convenu avec le gouvernement d’instaurer des mesures particulières visant à améliorer la capacité de nos réseaux publics à attirer de la main-d’œuvre. C’est le cas des primes d’attraction pour les ouvriers spécialisés ou les psychologues, notamment. Nous avons également mis sur pied avec le Conseil du trésor de nombreux comités de travail visant à améliorer ces mesures. Le Conseil du trésor doit maintenant amorcer ces travaux avec tout le sérieux qu’exige l’état des lieux effectué par l’ISQ aujourd’hui. »

Se donner les moyens de défendre nos laboratoires médicaux

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La CSN est la seule organisation à intégrer les préoccupations de l’ensemble du personnel des laboratoires médicaux dans ses interventions et ainsi développer une vision englobante de l’avenir de nos laboratoires médicaux.

Sous le thème Mon labo, j’y tiens, la CSN a organisé une tournée de manifestations partout au Québec et poursuit les actions pour faire reculer le ministre Barrette sur le projet Optilab, qui vise la fusion des laboratoires médicaux en 11 grappes formées de laboratoires serveurs et associés.

Le projet Optilab représente trop de risques pour être poursuivi dans sa forme actuelle. Comment le ministre peut-il accepter de voir un plus grand nombre d’échantillons perdus et ainsi réduire la qualité des soins à la population ? Comment les régions se relèveraient de la perte d’emplois de qualité ? Comment accepter de voir les temps d’attente augmenter pour la population ? Autant de questions qui trouvent bien peu de réponses du ministre et des directions des établissements.

Pour porter les revendications des technologistes médicales et de l’ensemble du personnel des laboratoires, la CSN met les moyens nécessaires.

Lancement des travaux du comité prévu à la convention collective CSN

Le 10 novembre dernier, se tenait la première rencontre du comité de la lettre d’entente numéro 7 prévu à la convention collective pour discuter des enjeux des laboratoires médicaux. La CSN est la seule organisation syndicale qui a obtenu un endroit privilégié pour discuter avec le comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS) des questions reliées notamment aux impacts des réorganisations dans les laboratoires et pour convenir de recommandations.

Le comité ad hoc de la CSN, qui a le mandat d’appuyer les travaux en lien avec la convention collective, est composé de : Mélissa Gaouette, vice-présidente responsable des techniciennes, techniciens et professionnel-les à la FSSS-CSN, Hugo Dion, conseiller syndical, Yasmine Leclerc du CHU Sainte- Justine, Martin Bordua de l’Hôpital Santa Cabrini, Lesly Meunier du CSSS Memphrémagog et Josette Drouin du CSSS de Bécancour-Nicolet-Yamaska. Le comité de la lettre d’entente numéro 7 est pour sa part composé de 5 représentant-es de la CSN et de 5 représentant-es du CPNSSS.

Lors de cette première rencontre, nous avons demandé à être tenus informés du développement des orientations ministérielles sur l’enjeu des laboratoires médicaux. Nous avons d’ailleurs profité de cette rencontre pour mettre de l’avant notre vision globale des laboratoires médicaux, en souhaitant que nos travaux nous permettent non seulement de couvrir les préoccupations des technologistes médicales, mais aussi celles des autres membres du personnel touché par ce projet de fusion des laboratoires médicaux. Ce lieu d’échanges nous a permis de mettre de l’avant les recommandations issues d’un groupe de travail de la CSN composé de technologistes médicales.

Il est important d’expliquer que la fusion des laboratoires préoccupe plusieurs salarié-es du réseau, des technologistes médicales, infirmières, infirmières auxiliaires, en passant par les préposé-es, agentes administratives, les techniciens en génie biomédical et les techniciens en électronique et informatique. En effet, des membres du personnel de bureau et de l’administration (catégorie 3) et des techniciennes, techniciens et professionnel-les (catégorie 4) sont touchés par le projet Optilab, notamment en ce qui concerne les transferts.

Il est notamment important de discuter des questions liées au système informatique utilisé dans le projet Optilab. Nous avons des préoccupations sur la question de la traçabilité des échantillons qui seront analysés dans les laboratoires serveurs. Nous avons de plus fait valoir que cette fusion ne devait pas entraîner une nouvelle forme de privatisation, notamment en ce qui concerne le transport des échantillons. À ce titre, nous sommes d’avis que le personnel du secteur public doit être privilégié.

Nous pensons aussi que ce comité sera un lieu privilégié pour faire état des impacts particuliers de l’application du projet Optilab dans les différentes régions du Québec.

La prochaine rencontre de ce comité aura lieu au mois de décembre. Nous vous tiendrons informés des développements.

Un comité de travail CSN où la voix du personnel des laboratoires compte vraiment !

À la CSN, le personnel des laboratoires médicaux bénéficie d’un espace pour influencer les travaux que nous menons.

En effet, la CSN a mis en place un comité large regroupant des salarié-es de plusieurs régions et de plusieurs titres d’emploi, aussi bien de la catégorie 4 que de la catégorie 3, pour développer l’argumentaire le mieux à même de défendre nos laboratoires médicaux. Prennent part à ce comité des personnes provenant de plusieurs régions du Québec.

Pour la CSN, il n’est pas seulement question d’écouter vos préoccupations, mais bien de vous donner tout l’espace nécessaire pour que votre réalité soit au coeur des travaux que nous menons avec le CPNSSS.

La CSN entend poursuivre les actions pour mieux faire connaître le projet Optilab auprès de la population et pour permettre aux technologistes médicales et à l’ensemble du personnel des laboratoires de passer à l’action.

C’est pourquoi vous êtes invités à vous afficher ! En effet, des brassards Mon labo, j’y tiens sont disponibles partout au Québec pour poursuivre la mobilisation contre le projet Optilab.

2016-11-21_optilab_CSN

Concernant les mesures pouvant être prises au niveau local, que ce soit par exemple en proposant des alternatives aux employeurs afin de réduire l’impact des réorganisations sur les personnes salariées, un document sous forme de questions/ réponses sera acheminé prochainement aux syndicats locaux afin de vous outiller dans vos démarches et recours, le cas échéant.