20 ans d’existence officielle

En 1999, les sages-femmes parviennent contre vents et marées à légaliser leur pratique professionnelle. Bientôt, des célébrations viendront souligner ce moment charnière pour les femmes et les familles québécoises. Entretien avec Mounia Amine, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec.

Pourquoi la légalisation de la pratique ?
En 1969, la Loi sur l’assurance-maladie consacre l’hôpital comme lieu privilégié de naissance. La médicalisation à outrance de la grossesse entraîne une déshumanisation de l’accouchement et donne lieu à de nombreuses critiques durant les années 70. Les femmes montent aux barricades et, en 1980, deux recommandations émanent du colloque Accoucher ou se faire accoucher : il faut légaliser la pratique sage-femme et mettre en place des maisons de naissance. En 1994, des projets-pilotes confirment la sécurité et l’efficacité de la pratique et mènent à l’adoption de la Loi sur les sages-femmes, le 19 juin 1999.

Qu’en est-il du Québec par rapport à une province comme l’Ontario ?
En Ontario, la légalisation s’est faite en toute conscience d’un modèle spécifique à promouvoir qui inclut la reconnaissance du concept de continuité relationnelle comme base du suivi sage-femme. C’est la garde qui constitue la pierre angulaire de ce suivi relationnel avant, pendant et après la grossesse. Cette garde est compensée à 12 000 $ par année en Ontario et à 9000 $ au Québec. Par ailleurs, un suivi temps complet est évalué à près de 50 heures pour nos voisines. Ici, il correspond à 35 heures. C’est irréaliste en regard de ce que la tâche exige.

La charge d’une sage-femme à temps complet est donc sous-estimée au Québec ?
Avec la pénurie actuelle, les sages-femmes doivent s’autoremplacer en cas de mouvement de main-d’œuvre ; il s’ensuit alors une surcharge. Et les distances à parcourir ajoutent aux heures travaillées. Cette réalité amène la plupart d’entre elles à refuser une pleine tâche. Certaines choisissent même d’abandonner la pratique. On adore notre travail, mais il est très exigeant : la garde accapare au minimum la moitié de notre vie ! Les médecins, eux, ont obtenu une généreuse reconnaissance pour la garde qui gruge leur temps. Notre mode de rémunération doit tenir compte des particularités de notre profession par une compensation pour l’utilisation d’un véhicule et le kilométrage parcouru, une valorisation de la garde ainsi que des conditions spécifiques pour la pratique en région.

La rémunération est donc une frustration chez les sages-femmes. Vous en avez sûrement d’autres !
La lenteur dans le déploiement des services est aussi très frustrante. Les accouchements avec sage-femme atteignent 4,2 %, alors que la Politique de périnatalité en prévoyait 10 % pour 2018. Il est inacceptable qu’un service public ne soit pas accessible partout ! Les difficultés de négociation et la méconnaissance de la pratique constituent d’autres irritants. Les gouvernements ont toujours refusé d’investir pour faire connaître notre profession, qu’ils ont eux-mêmes légalisée. C’est illogique. Il faut voir comment la CAQ se positionnera à ce sujet.

Pourquoi cette attitude ?
Il y a un manque de cohérence et d’intérêt des gouvernements à propos de la profession. De plus, notre travail, exercé à 99,9 % par des femmes, est perçu comme une vocation. Or, on ne peut pas compter que sur le dévouement pour développer une offre de services de périnatalité. En Ontario, une récente décision du Tribunal des droits de la personne fait état d’une discrimination genrée à l’endroit de la pratique sage-femme. Le Québec n’échappe pas à cette discrimination.

Y a-t-il des réussites dont tu es fière ?
La légalisation de notre profession est en soi un petit miracle. Nous avons réussi à passer à travers l’omniprésence du pouvoir médical. La popularité croissante de nos services est aussi une belle percée. La légalisation de notre profession est en soi un petit miracle. Nous avons réussi à passer à travers l’omniprésence du pouvoir médical. La popularité croissante de nos services est aussi une belle percée. Alors que trois nouvelles maisons de naissance ouvriront bientôt à Montréal, la région de Lanaudière, qui offre déjà des services de sage-femme, attend la sienne d’ici la fin 2019; Chisasibi a maintenant des sages-femmes sur son territoire et la Gaspésie démarrera ses services prochainement. Des projets sont en cours d’approbation pour la Montérégie-Ouest et la Montérégie-Est; la Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue prévoient l’embauche d’une chargée de projet. Tout ça demeure encourageant. La population souhaite l’accès à des services sage-femme dignes de ce nom !

La voix des membres entendue

Inverser la pyramide : voilà l’objectif ambitieux que s’étaient donné les fédérations du secteur public de la CSN en octobre 2018, en vue du renouvellement des conventions collectives.

Réunies au sein du comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP–CSN), les quatre organisations ont donc rapidement convenu de lancer une vaste consultation de leurs membres avant même de commencer à élaborer le cahier des demandes syndicales. L’idée est simple : commencer par entendre ce que les membres ont à dire.

Lancée le 23 novembre dernier, cette con­sultation qui prenait la forme d’un sondage en ligne et de consultations en assemblées s’est terminée le 14 janvier au petit matin. Au total, plus de 17 000 réponses ont été enregistrées. Sur le plan démographique, on compte 76 % de femmes et 24 % d’hommes, ce qui correspond approximativement aux données disponibles pour le secteur public dans son ensemble. La grande majorité, soit plus de 59 % des répondantes et répondants, est âgée de 35 à 54 ans. De leur côté, les moins de 35 ans représentent 21 % des répondants et les plus de 55 ans, 19 %. Fait intéressant à noter, plus de 46 % d’entre eux ont moins de 10 ans d’ancienneté.

La consultation, divisée en trois thèmes principaux, soit la négociation, la mobilisation et l’information, nous permet de tracer un portrait général de l’opinion des membres sur une variété de sujets et de développer des outils et des positions qui sont réellement à l’image des préoccupations vécues sur le terrain. Bien qu’au moment d’écrire ces lignes il soit un peu tôt pour tirer des conclusions, on constate au premier coup d’œil que pour 96 % des répondants, l’augmentation salariale est importante.

Malgré l’état préliminaire des travaux et des discussions, les répondants étaient également appelés à se prononcer sur leur préférence quant à la priorité de la prochaine négociation. Trois choix s’offraient à eux : l’amélioration des conditions de travail et de pratique, l’amélioration des conditions salariales, ou les deux. Force est de constater que, pour la grande majorité, la question salariale et celle des conditions de travail doivent être traitées avec autant d’importance, 73 % des participantes et participants ayant choisi « les deux » comme priorités.

Pour ce qui est de la mobilisation, les résultats nous permettent de constater que près de 60 % des membres sont déjà prêts à se mobiliser pour la prochaine négociation. Le niveau d’engagement envisagé varie, allant de la participation à des moyens de pression légers jusqu’à la volonté de faire la grève. Cela dit, comme les enjeux précis de la négociation ne sont pas encore établis, cet engagement est appelé à changer au fil du temps. Il n’en reste pas moins que nous pouvons compter sur des membres déjà prêts à faire entendre leur voix.

Sur le plan de l’information, les résultats préliminaires nous permettent d’établir que les membres préfèrent le courriel à tout autre moyen de communication. Ils ont également exprimé un fort appui aux tournées d’information des délégué-es syndicaux, démontrant que le travail de communication en personne sur le terrain a toujours la cote. Pour ce qui est du type d’outils souhaités par les membres, les bulletins d’information comme les info-négos sont très appréciés, suivis de près par les argumentaires détaillés sur les enjeux de négociation. Une vaste proportion des répondants a aussi signifié son intérêt pour les publications sur les réseaux sociaux, un outil de communication qui sera donc utilisé pour une seconde fois lors de la négociation du secteur public.

Fortes des résultats de cette vaste consultation et de leurs positions d’instance respectives, les fédérations du secteur public de la CSN se lancent maintenant dans la seconde phase de cette ronde de négociation, soit l’élaboration des cahiers de demandes. Ceux-ci seront soumis à la consultation au cours des prochains mois.

C’est maintenant officiel, nous sommes en marche vers la négociation du secteur public 2020.

Entente de principe pour les avocates et avocats de l’aide juridique

Hier, le comité de négociation des syndicats représentant l’ensemble des avocates et avocats de l’aide juridique a conclu une entente de principe pour renouveler les conventions collectives.

Cette entente de principe sera soumise au vote des avocates et avocats, lors d’assemblées générales qui se tiendront du 25 au 28 février. Les représentantes et représentants syndicaux ne feront pas de commentaires sur le contenu de cette entente d’ici la tenue de ces assemblées. Les conventions collectives étaient échues depuis le 31 mars 2015.

À propos
La FP-CSN et la FAAJQ représentent la totalité des avocates et avocats travaillant pour la Commission des services juridiques. La FP-CSN regroupe plus de 8000 techniciennes, techniciens et professionnel-les de différents secteurs. Elle est une des huit fédérations professionnelles composant la Confédération des syndicats nationaux (CSN) forte de 300 000 membres.

Pénurie de médecins en réadaptation

Le Syndicat des professionnèles, techniciennes et techniciens de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale (SPTSSS–CSN) s’inquiète de la pénurie de médecins à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ). Depuis le 20 janvier, faute de médecins pour faire les admissions, les services de réadaptation des personnes ayant subi notamment un AVC, un traumatisme crânio-cérébral ou une blessure à la moelle épinière ont été transférés à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. « Nous interpellons ce matin la ministre de la santé et des services sociaux, Danielle McCann, afin de trouver rapidement une solution » a déclaré le président du syndicat, François Proulx-Duperré.

Une situation préoccupante

À la suite de plusieurs départs à la retraite et à la réforme Barrette (loi 20), le nombre de médecins généralistes à l’IRDPQ est passé de douze, en 2015, à deux, aujourd’hui. Le manque de couverture médicale a progressivement empêché de faire les admissions des patientes et patients en provenance de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Une des solutions temporaires développées par la direction du CIUSSS de la Capitale-Nationale est de commencer la réadaptation à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.

« C’est une situation extrêmement préoccupante parce que c’est pendant les trois premiers mois que le processus de récupération est optimal », explique Véronique Thibeault, représentante du secteur de l’IRDPQ au SPTSSS–CSN. « La réadaptation à l’hôpital ne peut être équivalente si les gens ne bénéficient pas de la même intensité de traitement et si les plateaux de traitements ne sont pas adaptés ». L’accès aux services de réadaptation est essentiel pour permettre aux personnes de retrouver une participation sociale et une qualité de vie. L’IRDPQ est un centre spécialisé reconnu mondialement grâce à ses plateaux techniques et ses équipes spécialisées. « À l’IRDPQ, on a des équipes multidisciplinaires et les soins sont centrés sur la personne », souligne la représentante syndicale, « c’est très différent d’une culture hospitalière ».

Genèse d’une pénurie

Actuellement, l’IRDPQ a les autorisations et les crédits nécessaires pour accueillir cinq médecins généralistes. « Le problème, c’est qu’avec la loi 20, pour les médecins, ce n’est plus intéressant de venir à l’IRDPQ », explique Sébastien Collard, secrétaire général du SPTSSS–CSN et lui-même neuropsychologue à l’IRDPQ. Rappelons que la réforme Barrette impose aux médecins généralistes des quotas de patientes et patients et une présence en cabinet privé. « Les règles ministérielles, que d’aucuns qualifieraient de rigides, empêchent d’intégrer plus rapidement des médecins qui seraient intéressés mais qui n’ont pas encore atteint leurs quotas sur papier », indique Sébastien Collard, « ça pénalise en quelque sorte une institution comme l’IRDPQ ».

La ministre McCann doit intervenir

La ministre Danielle McCann, qui a répété plusieurs fois depuis sa nomination qu’elle aurait plus de flexibilité que son prédécesseur, peut intervenir, selon le syndicat. « Nous demandons à la ministre d’autoriser les dérogations nécessaires pour permettre de rétablir rapidement la situation », explique le président du syndicat, François Proulx-Duperré, « c’est important d’agir rapidement parce que sinon on risque d’échapper des gens et ça aurait des conséquences dramatiques ».

« Plus globalement, il y a lieu de revisiter l’ensemble de l’œuvre du docteur Barrette », croit Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN). « La ministre Danielle McCann a l’occasion de réparer les pots cassés par son prédécesseur. Nous avions averti que les réformes mises en œuvre depuis 2015 auraient des effets pervers, on est en plein dedans. Dans le cas qui nous occupe, il y a des règles à assouplir pour éviter que la même situation se reproduise ailleurs ». Pour la présidente du conseil central, il est plus que temps de redonner un peu de flexibilité au système de santé et de services sociaux et de recommencer à en écouter les différents acteurs qui assurent les services et soins au quotidien.

La CSN se réjouit que le CHU Sainte-Justine récupère la gestion de ses laboratoires

La CSN salue la décision du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de redonner la gestion de son service de laboratoire au CHU Sainte-Justine et d’ainsi protéger sa mission essentielle pour tous les enfants du Québec.

La réforme Barrette avait concentré tous les services de laboratoire du Québec sous un même chapeau, OPTILAB, ce qui faisait craindre une perte d’expertise des spécialistes de Sainte-Justine. Même si des employé-es de laboratoire étaient toujours présents à Sainte-Justine, la centralisation de sa direction au CHUM rendait incertaine la défense de la spécificité du laboratoire du seul établissement de santé dédié exclusivement aux enfants, aux adolescents et aux mères du Québec.

« Cette décision est l’achèvement de la lutte menée avec les médecins pour le retour à l’autonomie pour le CHU, notamment avec la campagne “Aimer.Défendre” en 2017-2018. Notre priorité est maintenant d’assurer une transition la plus humaine possible », a commenté Évelyne Crépeau, présidente du Syndicat des techniciens et professionnels de la santé et services sociaux du Québec (STEPSQ-FP–CSN).

« Il était normal de récupérer les laboratoires pour des services directs aux enfants. Avoir cette spécialité à l’interne avec la mentalité propre de Sainte-Justine est logique et bénéfique pour tous les usagers », a déclaré Simon Bouclin, président du Syndicat national des employé-es du CHU Sainte-Justine (SNE CHU Sainte-Justine–FSSS–CSN).

« C’est une grande victoire pour tous les enfants du Québec », a finalement lancé Sophie Leclair, présidente du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CHU Sainte-Justine (SPSIC CHU Sainte-Justine–FSSS–CSN).

 

Syndicat des professionnèles du centre Le Transit–CSN

Le Syndicat des professionnèles du centre Le Transit–CSN a été accrédité, le 26 novembre 2018, pour représenter :

« Toutes et tous les salarié-es au sens du Code du travail »

Les salarié-es de ce centre de crise, faisant face à des changements d’orientations et de direction, ont choisi majoritairement de joindre les rangs de la CSN afin d’accroître leur rapport de force dans ce contexte d’incertitudes.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des professionnèles, au Conseil central du Montréal métropolitain et bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Le gouvernement doit s’engager à plus long terme

La CSN salue l’annonce du ministre Roberge de verser en cours d’année 7,5 millions de dollars à cinq composantes régionales du réseau de l’Université du Québec. La CSN aurait cependant souhaité un engagement à plus long terme pour soutenir l’ensemble des dix établissements de ce réseau public et ainsi assurer l’atteinte des visées de développement social et économique qu’il incarne pour la société québécoise.

« On remarque une hésitation du ministre Roberge à promettre une majoration du financement du réseau de l’Université du Québec dans le prochain budget. L’éducation est pourtant la priorité du gouvernement », s’inquiète Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Cette dernière souligne que le réseau de l’Université du Québec, qui célèbre ses 50 ans, est pourtant une pierre angulaire pour l’accès aux études supérieures dans toutes les régions du Québec.

Il n’est pas trop tard pour revoir le mode de financement de l’ensemble des universités. « Une de ses faiblesses repose sur le fait que le calcul, presque exclusivement basé sur le nombre d’étudiantes et d’étudiants à temps plein, ne tient pas compte des particularités d’un grand nombre d’entre eux, qui sont inscrits à temps partiel dans les universités du réseau. Il faut donner un coup de barre pour permettre à ces institutions de jouer pleinement leur rôle dans toutes les régions », déclare Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Par ailleurs, la CSN accueille favorablement la volonté du ministre de vouloir corriger les iniquités que subissent les universités du réseau lorsque comparées aux universités à charte. « Le ministre a annoncé son intention de réexaminer la déréglementation des frais de scolarité introduite par le précédent gouvernement ainsi que le financement particulier de certaines disciplines. Nous espérons que le ministre ajoutera à sa réflexion la question de la concentration des fonds de recherche pour une analyse globale du financement de la mission de l’ensemble des universités québécoises », a soutenu Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

Sortir du cadre traditionnel

« Nous sommes sur la ligne de départ. Ensemble, nous lançons les travaux de la prochaine négociation du secteur public. La lutte à venir s’annonce musclée et nous ne pourrons nous permettre d’être sur le pilote automatique. Cette négo, c’est la vôtre. Le secteur public, c’est vous. Maintenant, faites entendre votre voix. »

C’est sur ces mots de Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN, que s’est ouvert le forum de consultation du secteur public auquel ont participé plus de 500 militantes et militants des quatre fédérations du secteur public de la CSN, soit la Fédération des employées et employés de services publics–CSN (FEESP), la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec–CSN (FNEEQ), la Fédération des professionnèles–CSN (FP) et la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN (FSSS).

Rapprocher la négociation des membres, c’était l’objectif premier du forum qui s’est tenu à Québec les 16 et 17 octobre dernier. L’exercice de consultation qui a débuté avec le forum, et qui se poursuit toujours, s’inscrit dans une démarche nouvelle et ambitieuse mise de l’avant par les quatre fédérations regroupées au sein du Comité de coordination des secteurs public et parapublic de la CSN (CCSPP). Cette démarche, proposée en amont du renouvellement des conventions collectives des 540 000 employé-es de l’État québécois, vise à répondre aux interventions de nombreux membres qui, au cours des dernières années, ont signifié qu’ils se sentaient loin de leur négociation ; un sentiment d’éloignement qui en a mené plusieurs à se questionner sur la culture syndicale actuelle, tant sur ses structures que sur son fonctionnement.

Caroline Sennevile, vice-présidente de la CSN // Photo : Jean-François Coutu

C’est donc avec la volonté de renouveler les pratiques syndicales, de faire les choses autrement, que les fédérations ont réfléchi aux moyens à mettre de l’avant pour que les travailleuses et les travailleurs occupent le haut du pavé tout au long du processus de négociation. Inverser la pyramide, tel que proposé, est un défi colossal. Colossal parce que la négociation du secteur public à la CSN, c’est 150 000 travailleuses et travailleurs occupant plus de 350 titres d’emploi dans divers secteurs, de l’Outaouais à la Gaspésie, en passant par le Grand Nord. Colossal aussi parce qu’il demande une plus grande implication de toutes et de tous, tant des élu-es, des délégué-es, que des membres des syndicats.

La parole est à vous
Partir de la base, susciter l’adhésion en consultant très largement et de façon ouverte dès le départ, ce sont là les principes qui ont guidé le CCSPP dans l’organisation de ce rassemblement des membres des secteurs de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et des organismes gouvernementaux.

Inverser la pyramide, tel que proposé, est un défi colossal. Colossal parce que la négociation du secteur public à la CSN, c’est 150 000 travailleuses et travailleurs occupant plus de 350 titres d’emploi dans divers secteurs, de l’Outaouais à la Gaspésie. // Illustration : Benoit Tardif 

Afin de maximiser la participation des délégué-es à tout moment pendant le forum, ceux-ci ont été informés dès leur arrivée qu’ils seraient appelés à interagir en direct avec leur téléphone intelligent, leur tablette électronique ou leur ordinateur portable, par l’entremise d’une application mobile. Les documents produits pour l’événement étaient aussi disponibles en ligne, via l’application.

La première matinée fut consacrée à diverses présentations dynamiques et interactives sur l’histoire, la structure et le fonctionnement de la négociation du secteur public, ainsi que sur les particularités des quatre fédérations (FEESP, FNEEQ, FP et FSSS) et sur les processus décisionnels du CCSPP ; l’objectif étant d’outiller les militantes et les militants pour les discussions à venir. C’est également à ce moment que les délégué-es ont pu participer en direct à la construction du programme du forum en proposant, à l’aide de l’application, des thèmes pour les ateliers à venir. Précarité, surcharge, alliances, grève, salaire, sont les mots qui sont revenus le plus souvent dans les thèmes soumis. Plus de 1500 sujets ont été lancés en moins de 15 minutes !

Les périodes d’échanges qui ont suivi représentaient le cœur de l’exercice démocratique qu’était le forum. Au total, les militantes et les militants ont eu accès à près d’une soixantaine d’espaces de discussion. La formule était novatrice, mais aussi exigeante : chaque atelier pouvait recevoir un maximum de 50 participants, assis en cercle pour favoriser les échanges directs, et ceux-ci devaient nommer une personne animatrice et une autre pour prendre les notes. Les ateliers étaient donc entièrement autogérés.

Les points qui ont été abordés tournaient autour des trois grandes thématiques suggérées, soit la négociation, la mobilisation et l’information. Plusieurs sujets ont suscité un grand intérêt et ont été repris plus d’une fois, dont les deux suivants : « Quelles devraient être les priorités de la table centrale ? » et « Front commun : avantages, inconvénients et conditions requises ». À la sortie des ateliers, de nombreux délégué-es ont mentionné qu’en discutant avec des membres d’autres secteurs, ils avaient pu en apprendre davantage sur leur réalité, et qu’il devenait maintenant plus facile de comprendre la diversité des points de vue.

Avant de revenir en plénière, les participants se sont rassemblés sur la colline Parlementaire pour interpeller l’ensemble des nouveaux élu-es de l’Assemblée nationale sur l’état actuel des services publics à la suite des compressions budgétaires des dernières années. Les militantes et militants ont manifesté bruyamment malgré la pluie, le vent et la grêle, et ont réclamé que cesse enfin l’opération de démantèlement de l’État, entreprise par Jean Charest en 2003. Leur demande était on ne peut plus claire : que le changement promis par la CAQ se réalise par le biais d’un réinvestissent massif dans les services à la population.

Réfléchir ensemble et agir
Afin de faire un retour constructif sur les discussions et de donner de la perspective à l’exercice démocratique auquel se sont adonnés les militantes et les militants au cours de ces deux journées, le CCSPP avait invité Jean-Noël Grenier, professeur en relations industrielles à l’Université Laval. Celui-ci s’est dit emballé par le forum et par la teneur des débats. Ayant lui-même assisté à plusieurs ateliers, il a tenu à souligner l’importance d’un tel travail et la nécessité de faire ce genre d’exercice avec les membres, dans les syndicats. « Il faut conscientiser, organiser, mobiliser. Sortir du cadre. Faire autre chose que des rencontres syndicales formelles comme des assemblées générales. »

Jean-Noël Grenier, professeur en relations industrielles à l’Université Laval // Photo : Jean-François Coutu

M. Grenier a partagé différentes idées à déve­lopper, notamment quant à la construction du rapport de force. Avec la négociation du secteur public, qui n’a rien d’une négociation ordinaire puisqu’elle se fait avec l’État qui est à la fois employeur et législateur, M. Grenier affirme que la lutte doit se mener sur le terrain, au jour le jour, et doit être portée par toutes et tous. « Il faut faire en sorte que l’État ne puisse plus mener le jeu comme il a l’habitude de le faire. L’avantage stratégique doit passer du côté des travailleuses et des travailleurs. Et ça, c’est en rapprochant la négo des membres qu’on va y arriver. »

Il a terminé en invitant les militantes et les militants à prendre les devants, à se faire les ambassadeurs des services publics, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur milieu de travail. « Vous devez construire votre projet syndical : dire ce que vous désirez, trouver ce qui vous unit, établir ce que vous souhaitez mettre de l’avant, pour vous et pour la population. Il n’y a pas de mal à revendiquer de bonnes conditions de travail. »

Le forum d’octobre dernier est venu jeter les bases d’une consultation plus large de tous les membres CSN du secteur public ; une consultation qui se tient jusqu’en janvier 2019 et qui mènera à l’élaboration du projet de négociation dans les mois qui suivront. C’est l’engagement des membres des quatre fédérations qui permettra l’atteinte de leurs objectifs communs : un projet mobilisant, une négociation fructueuse et des gains tangibles pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs du secteur public.


Si vous êtes membre d’un syndicat du secteur public, participez à la consultation en répondant au sondage en ligne.

La parité, une question de justice

Depuis 30 ans, les avocates et les avocats de l’aide juridique ont su maintenir la parité salariale avec ceux de la Couronne. Mais dans la présente négociation, le gouvernement refuse jusqu’à maintenant d’accorder le même traitement salarial que celui octroyé aux procureur-es de la Couronne. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. À quatre reprises dans le passé, ils ont dû se mobiliser pour obtenir un traitement équitable. Ils entendent bien tout mettre en œuvre pour y parvenir encore cette fois-ci.

Ce débat ne concerne pas que les avocates et les avocats. L’aide juridique est un service indispensable, car c’est la seule ressource à la disposition des personnes les plus défavorisées économiquement. En dévalorisant leur travail, en ne les plaçant pas sur le même pied que leurs collègues de la Couronne, à qui ils font face régulièrement, c’est toute l’institution qu’on dévalorise. En fin de compte, ce sont les bénéficiaires de l’aide juridique qui seront les plus grands perdants. Si on n’y assure pas des conditions salariales concurrentielles, il sera de plus en plus difficile d’y attirer et d’y retenir les meilleurs avocats.

Le gouvernement ne conteste pas que le travail d’avocat à l’aide juridique demande autant de compétence, d’expertise et d’engagement que le travail à la Couronne. À la direction de l’aide juridique, on a toujours considéré que la parité était justifiée. Le seul obstacle, semble-t-il, est comptable : l’insuffisance des mandats dégagés par le Conseil du trésor.

Un service de grande valeur
Suzanne Dame travaille pour l’aide juridique depuis 1987. Elle fut d’abord avocate au Centre communautaire juridique de Montréal. Depuis 2006, elle travaille au service de la recherche, comme avocate-conseil.

« L’aide juridique aujourd’hui, clairement, ce sont des avocates et des avocats de grande qualité. C’est reconnu aussi dans tout le milieu. Il ne faudrait pas revenir à l’époque des années 70 où ils étaient vus comme des avocats de seconde zone, notamment parce que les salaires n’étaient pas concurrentiels. C’était pour beaucoup une question de perception, mais, au bout du compte, cela se reporte aussi sur nos clients qui, malheureusement, sont souvent victimes eux-mêmes de préjugés. Au fil des années, nous avons développé une grande expertise, nous avons fait notre place. Il faut conserver ça, absolument. »

Elle déplore qu’elle et ses collègues n’aient jamais senti l’appui de l’ancienne ministre de la Justice, Stéphanie Vallée.

Il n’y a pas eu de négociation depuis l’arrivée en poste du nouveau gouvernement de la CAQ. Une rencontre devrait se tenir prochainement entre les syndicats et la nouvelle ministre de la Justice, Sonia Lebel, pour tenter de trouver une issue. Celle-ci, ancienne avocate de la Couronne, fera-t-elle preuve de plus de sensibilité ?

Il faut espérer que ce sera le cas, car les avocates et les avocats de l’aide juridique sont déterminés à avoir gain de cause. « On veut tous la même chose. On y croit tous, dit Suzanne Dame. Se promener en toge durant une grève, ça ne nous rend pas joyeux du tout. Mais actuellement, nos vis-à-vis banalisent notre rôle, c’est un manque de respect flagrant. On n’a pas le droit d’abandonner la parité maintenant. »

Alliances
Notons que tous les syndicats représentant les avocates et les avocats de l’aide juridique travaillent en alliance pour ces négociations. La FP–CSN représente le personnel des régions de Montréal, des Laurentides, de Lanaudière, du Bas-Saint-Laurent ainsi que de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. La FAAJQ, une organisation indépendante, représente les avocats de l’aide juridique de toutes les autres régions.

Décès du juge à la retraite du Tribunal du travail René Beaudry

C’est avec une grande tristesse que la Confédération des syndicats nationaux apprend le décès de René Beaudry, juge à la retraite du Tribunal du travail, personnage marquant pour le Québec en matière de santé et de sécurité du travail.

M. Beaudry, qui est décédé à l’aube de ses 92 ans, a présidé plusieurs commissions d’enquête publiques qui ont fait avancer la cause des travailleurs et des travailleuses du Québec.

Photos : Archives CSN

En 1983, René Beaudry se voyait confier la Commission d’enquête sur les conditions de santé et de sécurité des établissements de la compagnie Les produits chimiques Expro de Salaberry-de-Valleyfield, dont les salarié-es étaient, et sont toujours, représentés par la CSN. Au cours des six années précédentes, les salarié-es de la compagnie avaient été impliqués dans plusieurs accidents, dont une explosion qui avait fait deux morts et deux blessés graves.

Le juge avait sévèrement blâmé la compagnie et la CSST donnant ainsi raison au syndicat sur 80 % de ses récriminations en matière de santé et sécurité au travail.

« C’était un homme de conviction qui n’hésitait pas à remettre à leur place les dirigeants d’entreprises qui privilégiaient les profits au détriment de la santé de leurs travailleuses et de leurs travailleurs, en ce sens il aura marqué l’histoire du Québec », soutient Jacques Létourneau, président de la CSN.

La grève de l’amiante de 1975 provoqua la création d’une commission d’enquête également présidée par René Beaudry. Les conclusions de l’enquête mèneront à l’adoption de la Loi 17, en 1979. Cette loi a consacré le principe de l’élimination du danger à la source et le droit de refus en cas de danger.

La CSN offre ses condoléances à la famille et aux proches de M. Beaudry.

Les avocats de l’aide juridique boycottent le souper du président et votent la grève

Les avocates et les avocats de l’aide juridique se réunissent aujourd’hui pour se prononcer sur un mandat de grève de 24 heures à exercer au moment jugé opportun. Une soirée spéciale avait été initialement prévue par l’employeur pour la tenue du traditionnel souper annuel du président de la Commission des services juridiques.

Les avocates et les avocats de l’aide juridique, représentés par la Fédération des professionnèles (FP–CSN) et la Fédération des avocates et avocats de l’aide juridique du Québec (FAAJQ), ont fait preuve d’une grande patience jusqu’à maintenant : ils n’ont exercé qu’une seule journée de grève en septembre dernier, bien que leur convention collective soit échue depuis le 31 mars 2015. Par ailleurs, un seul enjeu majeur demeure sur la table, soit le maintien de la parité salariale avec les procureurs de la Couronne. Cette parité était pourtant reconnue dans le précédent contrat de travail, de même que dans trois autres ententes précédentes au cours des 35 dernières années.

« Pour nous, la parité, c’est une question de justice, explique la présidente de la FP–CSN, Ginette Langlois. Il serait inconcevable que l’on refuse aux avocats de la défense les mêmes conditions salariales que celles octroyées aux avocats de la poursuite. Cela minerait la perception du public à l’égard d’une véritable justice ».

« Refuser de reconnaître le droit à la parité aux avocats de l’aide juridique, c’est dévaloriser le travail de centaines d’avocates et d’avocats salarié-es, dédiés à la représentation des plus démunis de notre société. Cela risquerait par ailleurs de nuire considérablement à la capacité de la Commission des services juridiques à garder à son emploi des avocates et des avocats d’expérience, enchaîne la présidente de la Fédération des avocates et avocats de l’aide juridique du Québec (FAAJQ), Anne Lessard. Ce sont les personnes les plus défavorisées économiquement de notre société qui en feraient les frais, alors que l’aide juridique vise précisément à s’assurer que toutes les citoyennes et les citoyens aient un accès équitable aux services d’ avocats spécialisés œuvrant dans tous les domaine du droit. »

Les avocates et les avocats de l’aide juridique ont traité pas moins de 100 000 causes au cours de la dernière année. Pour la CSN, le programme de l’aide juridique est un acquis social précieux qu’il importe de renforcer. « La CSN sera toujours là pour défendre l’aide juridique et la parité salariale des avocats avec leurs collègues de la Couronne », poursuit le président de la CSN, Jacques Létourneau. « Plus de trois ans après l’échéance de la convention collective, alors que des ententes sont intervenues sur tous les sujets à l’exception de la parité salariale, le gouvernement n’aura que lui-même à blâmer si un conflit de travail doit éclater. »

Nouveau ministre de l’Éducation – Il ne faut pas oublier l’enseignement supérieur!

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) salue la nomination de Jean-François Roberge comme ministre de l’Éducation, mais s’inquiète du même souffle du peu de temps qu’il risque de lui rester pour l’enseignement supérieur et la recherche.

« La recherche est un élément crucial pour l’avenir de la société, de l’environnement et de l’économie du Québec. Il ne faut pas la négliger », affirme Louise Briand, vice-présidente de la FP-CSN, secteur universitaire.

La FP-CSN s’inquiète également de l’apparence d’une volonté d’intégrer des notions de performance au ministère de l’Éducation comme s’il s’agissait d’un ministère à vocation économique : « La recherche ne peut pas être axée seulement sur les intérêts économiques à court terme des entreprises », insiste Louise Briand, qui plaide pour le maintien d’une recherche fondamentale et d’une formation qui ne soit pas seulement dédiée aux techniques qui ont cours en ce moment dans les différents secteurs de l’économie.

La FP-CSN se réjouit par ailleurs de l’intérêt déjà démontré par Jean-François Roberge pour la création d’un Conseil national des universités et espère que le conseil verra le jour rapidement pour assurer une meilleure coordination du réseau universitaire.

Il ne faut pas oublier l’enseignement supérieur!

La Fédération des professionnèles (FP–CSN) salue la nomination de Jean-François Roberge comme ministre de l’Éducation, mais s’inquiète du même souffle du peu de temps qu’il risque de lui rester pour l’enseignement supérieur et la recherche.

« La recherche est un élément crucial pour l’avenir de la société, de l’environnement et de l’économie du Québec. Il ne faut pas la négliger », affirme Louise Briand, vice-présidente de la FP–CSN, secteur universitaire.

La FP–CSN s’inquiète également de l’apparence d’une volonté d’intégrer des notions de performance au ministère de l’Éducation comme s’il s’agissait d’un ministère à vocation économique : « La recherche ne peut pas être axée seulement sur les intérêts économiques à court terme des entreprises », insiste Louise Briand, qui plaide pour le maintien d’une recherche fondamentale et d’une formation qui ne soit pas seulement dédiée aux techniques qui ont cours en ce moment dans les différents secteurs de l’économie.

La FP–CSN se réjouit par ailleurs de l’intérêt déjà démontré par Jean-François Roberge pour la création d’un Conseil national des universités et espère que le conseil verra le jour rapidement pour assurer une meilleure coordination du réseau universitaire.

Quel avenir pour les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Réunis à Québec pour un forum de consultation en préparation de la prochaine ronde de négociation, près de 500 travailleuses et travailleurs du secteur public, membres de la CSN, se sont rassemblés aujourd’hui sur la colline Parlementaire pour interpeller l’ensemble des élu-es de l’Assemblée nationale sur l’état de nos services publics à la suite des compressions budgétaires des dernières années.

Ces femmes et ces hommes, qui ont choisi de travailler dans les réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et dans les organismes gouvernementaux, sont venus témoigner de la détérioration importante de leurs conditions de travail et des graves impacts des politiques d’austérité sur les services à la population. « Nous sommes ici aujourd’hui pour dire au nouveau gouvernement que l’opération de démantèlement de l’État, entreprise par Jean Charest en 2003, doit cesser. L’élu qui sera nommé demain à la présidence du Conseil du trésor devra se rappeler que les mesures d’austérité sont en grande partie responsables de la défaite cuisante des libéraux. Tout au long de la campagne électorale, la CAQ a affirmé qu’elle incarnait le changement. Maintenant, qu’elle le prouve en réinvestissant massivement dans les services publics », a lancé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN, responsable de la négociation des secteurs public et parapublic.

Une restructuration catastrophique
Dans le réseau de la santé et des services sociaux, les conséquences désastreuses de la réforme Barrette ne sont plus à démontrer. « La création de mégas structures découlant des fusions d’établissements a entraîné une réelle et malheureuse déshumanisation des services. Le travail n’est plus le même, l’autonomie professionnelle s’est érodée. Nous demandons à l’éventuel ministre de la Santé de considérer l’expertise des professionnel-les et des techniciennes et techniciens, afin que leur travail reprenne tout son sens », a ajouté Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

Au cours de la dernière année, de nombreux cris du cœur ont été lancés par des travailleuses et des travailleurs du réseau. Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), a dit espérer que le nouveau gouvernement réalise rapidement l’ampleur de la crise. « La détresse du personnel est bien réelle. Elle résulte d’une accumulation de problèmes : pénurie de personnel, surcharge, dévalorisation du travail, etc. Nous avons des solutions concrètes à proposer au nouveau gouvernement. En espérant qu’il ait plus d’écoute que le précédent envers celles et ceux qui sont au cœur des services. »

Des idées qui inquiètent
Les coupes budgétaires de l’ère libérale ont aussi fait mal dans les organismes gouvernementaux et dans le réseau de l’éducation. Les effets se font toujours sentir, en particulier chez le personnel de soutien dans les écoles et les cégeps qui ont vu une dégradation importante de leurs conditions de travail. « Avec l’accroissement de la précarité et la multiplication des tâches, il devient de plus en plus difficile de recruter des personnes pour travailler dans les établissements d’enseignement. Une chose est sûre : le déséquilibre qui résulterait d’une éventuelle abolition des commissions scolaires ne ferait qu’aggraver la situation. Nous ne voulons surtout pas d’une réforme Barrette en éducation », a affirmé Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

Pour Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), la grande proximité de la CAQ avec l’entrepreneuriat et son penchant avoué pour le secteur privé engendrent aussi leur lot d’inquiétudes. « Dans le réseau de l’éducation, particulièrement dans les cégeps, la question de la précarité des enseignantes et des enseignants est criante et nous dénonçons, depuis quelques années, les pressions exercées pour subordonner la formation aux « besoins du marché ». Nous croyons, au contraire, que la force des cégeps réside dans le caractère national de ses programmes et de ses diplômes. Cette cohésion est soutenue par l’expertise et la compétence de nos enseignantes et de nos enseignants. »

Avant de quitter la colline Parlementaire, les manifestants ont tenu à rappeler au nouveau gouvernement que le secteur public a grandement contribué et contribue toujours au développement du Québec et que les travailleuses et les travailleurs des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et des organismes gouvernementaux seront là pour défendre les services à la population au cours des prochains mois et des prochaines années.

De thème à valeurs fondamentales

On consacre souvent beaucoup de temps à leur création, on y réfléchit longuement, on en discute en équipe, on pèse chacun des mots utilisés, on essaie de les rendre significatifs, mobilisateurs, encourageants et uniques : les thèmes.

Au printemps dernier, les fédérations de la CSN tenaient leur congrès. Et au cœur de ces instances, on retrouvait un thème central autour duquel tournaient les propositions et les recommandations. Parfois, même l’ambiance et les activités des congrès sont guidées par le thème choisi. Mais ces fameux thèmes, que veulent-ils dire exactement ? Qu’essaie-t-on de communiquer aux membres et aux délégué-es ? Sont-ils de simples « lignes » de communication ou ont-ils un rôle plus important ? Les fédérations se sont prêtées au jeu de lever le voile sur les questions entourant ces fameux thèmes.

David Bergeron-Cyr (FC–CSN), Ginette Langlois (FP–CSN), Caroline Quesnel (FNEEQ–CSN), Jeff Begley (FSSS–CSN), Pierre Brassard (CSN-Construction). Derrière : Nathalie Arguin (FEESP–CSN), Louis Bégin (FIM–CSN), Pascale St-Onge (FNC–CSN) | Photo : Michel Giroux

FEESP : Mon quotidien, j’y vois. Mon syndicat, j’y crois.
« Le choix de notre thème de congrès est le fruit de la consultation interne de plus d’une centaine de per­son­nes, du comité exé­cutif aux militantes et militants des secteurs et comités, en passant par le bureau fédéral et des salarié-es de l’équipe, explique Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Notre thème est bien ancré dans le présent et dans l’action. Il reflète notre approche collective et inclusive dans la dispensation de nos services, démontre le travail quotidien des militantes et militants auprès des membres. Finalement, il exprime la rigueur dans le travail et la confiance en l’action syndicale comme le meilleur moyen pour faire avancer les droits des travailleuses et travailleurs. Nous voulions un thème dynamique, qui fait ressortir le fait que nous sommes en mouvement et sur le terrain. »

FIM : Nos membres au cœur  de nos actions
« Notre thème ? Je crois qu’il dit tout, rigole André Miousse, vice-président à la vie syndicale de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN). Mais je vais quand même essayer de l’expliquer. La FIM existe grâce aux membres qu’elle représente. Et j’insiste sur le choix du mot “représente”. Pour moi, l’objectif premier de la fédération, ce doit être les services aux membres. Nous devons nous assurer de répondre à leurs attentes et non l’inverse, d’où l’importance de l’idée de “représentation”. Pour la partie “au cœur de nos actions”, nous avons constaté que trop souvent les structures deviennent lourdes. Il était donc important de retourner vers la base, notre base, parce que nous sommes toutes et tous des militants avant toute chose. Nous avons décidé d’arrêter le dédoublement des structures et de nous concentrer sur les services directs aux membres. En bref, ce qui est “au cœur de notre action”, c’est l’amélioration des conditions de vie des travailleuses et travailleurs. Il ne faut jamais oublier d’où on vient si on veut savoir où on s’en va. Pour la partie “nos membres”, nous avions le souhait que tous les membres s’approprient leur fédération. »

Visuels des congrès de la FIM, de la FNEEQ, de la FP, et de la FSSS

FC : Combattre à vos côtés
« Dans un contexte de morosité syndicale, et même de cynisme à l’égard du mouvement ouvrier, notre fédération a choisi de se recentrer sur ses racines, soit le syndicalisme de combat, explique David Bergeron-Cyr, président de la Fédération du commerce (FC–CSN). La combativité est une caractéristique qui distingue depuis longtemps la CSN d’autres organisations syndicales. Pour la FC–CSN, le syndicalisme de combat doit privilégier l’action collective par rapport au traitement individuel des dossiers. L’action collective qui nous caractérise est présente lors des négociations des conventions, mais une fois réglées, toute l’action syndicale est principalement dirigée vers la défense individuelle. Nous voudrions axer le militantisme syndical vers le développement du “savoir être” des camarades, afin qu’ils écoutent les problèmes de leurs membres et développent la solidarité dans leurs milieux de travail. Tous les problèmes vécus par nos membres ne se régleront pas par l’action collective, et tous les syndicats n’ont pas la capacité de régler leurs problèmes par l’action collective. C’est pourquoi la FC–CSN sera “à vos côtés” et accentuera sa présence sur le terrain. Car pour elle, le syndicalisme de combat est le moyen privilégié pour développer une conscience de classe et un sentiment d’appartenance des camarades envers leur syndicat. »

FNEEQ : Élargir l’horizon des possibles
« Lorsqu’est venu le moment de choisir le slogan du con­grès, nous voulions réunir dans une même formule deux dimensions, indique Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) : la portée du travail quotidien des enseignantes et des enseignants dans leur milieu, ainsi que le sens de leur engagement dans la vie syndicale. Le thème retenu témoigne de notre volonté de travailler ensemble afin de concevoir une alternative crédible et applicable aux propositions de la droite politique et économique. Nous voulons trouver d’autres “possibilités” pour contrer les idéologies dominantes qui imposent un système politique injuste et inéquitable et qui privilégient les finances au détriment de l’humain. Finalement, ce thème est surtout une invitation à se retrousser les manches et à trouver des solutions qui tiennent compte des préoccupations des femmes et des hommes, de leurs idées et de leur environnement. Les congrès sont des lieux privilégiés pour développer ces réflexions, pour ensuite les faire vivre au sein des syndicats qui les transmettront à leurs membres qui, à leur tour, les partageront avec leur famille et leurs proches. Ainsi, nous arriverons véritablement à “élargir l’horizon des possibles”. »

FNC : Des libertés à défendre
« Nous avons choisi ce thème, car les travailleuses et les travailleurs que nous représentons œuvrent dans des secteurs protégés par des droits et libertés inscrits dans nos chartes, soit la liberté de presse, le droit du public à l’information et la liberté d’expression, explique Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC–CSN). Or depuis plusieurs années, la culture et les médias vivent de graves difficultés économiques et structurelles. Les plateformes numériques étrangères dévalorisent nos productions journalistiques et artistiques, en les offrant gratuitement aux usagers, le plus souvent sans aucune forme de rétribution, en plus de capter les revenus, qui autrefois finançaient nos productions. Alors, au-delà des emplois à défendre, ce sont les fondements même de notre société qui sont en péril. Qui seront nos yeux et nos oreilles dans les lieux de pouvoir d’où nous sommes autrement exclus si le journalisme professionnel continue de dépérir faute de moyens ? Comment vivrons-nous notre culture, si nos institutions culturelles, nos artistes et nos artisans continuent d’être sous-financés ? Ainsi, la FNC–CSN doit mener ces importants combats pour défendre des libertés et des droits fondamentaux que notre société tient trop souvent pour acquis. »

Visuels des congrès de la CSNConstruction, de la FC, de la FEESP, et de la FIM

FP : Ma profession. Ma fédération. Notre force collective.
« Comme fédération multisectorielle, nous représentons une grande et belle diversité de professionnels œuvrant dans différents milieux de travail, présente Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN). Ce qui nous unit, c’est justement cette condition “professionnelle”, que l’on soit techniciens, bacheliers, maîtres ou docteurs. Tous ensemble nous cumulons une somme importante d’expertises différentes qu’il nous faut à tout prix mettre à profit lors de notre action syndicale. Cette diversité constitue une richesse pour notre action collective, de la même façon que notre identité professionnelle influence et teinte notre action collective. Nous avons aussi souhaité un congrès tourné vers les préoccupations qui touchent nos membres dans leur pratique professionnelle et qui leur permet, par l’action collective, de sortir de l’isolement afin qu’ensemble nous puissions faire avancer nos conditions. Une large majorité des professionnels ont tendance à s’isoler et à ne pas voir la pertinence de l’action syndicale, percevant leurs connaissances et leurs compétences comme les principaux outils de négociation de leurs conditions de travail. Ainsi, notre thème porte le message que la FP peut être un lieu de mise en commun et le vecteur de leur action collective porteuse de changement. »

FSSS :Déterminées
« Au courant des quatre dernières années, nous avons tous été témoins de la détermination des docteurs Couillard et Barrette et de l’équipe du gouvernement libéral à démanteler le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que celui des services de garde, souligne Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Du même coup, à la FSSS, nous avons constaté que le rempart face à leurs attaques reposait sur la résilience exceptionnelle du personnel qui continue jour après jour de faire un travail exceptionnel dans des conditions qui varient entre difficiles et exécrables. Dans ce contexte, les délégués-es du congrès ont amorcé des discussions pour que nos voix soient entendues et respectées. Nous sommes déterminés à remettre nos réseaux sur les rails. Pour y arriver, les dirigeants des réseaux et le gouvernement doivent faire preuve d’une réelle écoute. Nous avons des solutions pour la pénurie de main-d’œuvre, pour les problèmes criants de santé et sécurité au travail, pour le manque de prévention dans nos établissements, pour retrouver la satisfaction du travail bien accompli. Nos vis-à-vis doivent renouer avec le dialogue et avec la négociation. Ainsi, nous nous promettons d’être déterminés à nous mettre en mode transformation, pour nous et pour nos réseaux de travail. »

Viser juste avec la CSN–Construction
« Ça bouge dans l’industrie de la construction, annonce Pierre Brassard, président de la CSN–Construction. La nette augmentation des heures travaillées par l’ensemble des salarié-es de l’industrie en témoigne. Dans ce contexte en effervescence, les travailleuses et les travailleurs ont besoin d’une fédération à leur image. Une fédération proche de ses membres. Une fédération qui comprend leurs besoins et qui sait y répondre efficacement. Avec la nouvelle CSN–Construction, ils ne se trompent pas. C’est ça que traduit notre thème de congrès 2018. »

Lettre au premier ministre sur l’éducation et l’enseignement supérieur

Monsieur le Premier Ministre,

En tant que nouveau premier ministre, vous serez bientôt appelé à nommer un ou deux ministres de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce sera l’occasion de réaffirmer la mission de l’éducation de la société québécoise mise en place dans la foulée du rapport Parent : une éducation qui doit permettre à chacun de développer son plein potentiel et contribuer à son épanouissement. Il est fondamental de rappeler cette mission alors que notre système d’éducation est fragilisé par une logique marchande qui se traduit notamment par une concurrence entre les écoles et entre les établissements d’enseignement supérieur.

Dans son dernier rapport sur l’état et les besoins de l’éducation, le Conseil supérieur de l’éducation mentionne que la justice sociale à l’école et les valeurs que nous défendons collectivement sont en péril. Nous vous invitons à faire preuve de courage et à répondre à ce cri d’alarme du Conseil supérieur. Oui, cela prendra du courage pour éveiller la conscience des Québécoises et des Québécois sur le fait qu’au lieu d’atténuer les inégalités sociales, notre système scolaire à plusieurs vitesses contribue à leur reproduction.

Deux idées phares de votre programme en éducation nous font craindre pour la suite des choses. D’abord, l’implantation de la maternelle 4 ans dans toutes les écoles mettrait en péril le réseau des CPE et des responsables d’un service de garde en milieu familial reconnues, privant ainsi les jeunes enfants de services éducatifs de qualité. Cela irait à l’encontre de votre objectif d’une intervention précoce. Puis, l’abolition des commissions scolaires serait tout aussi dangereuse alors qu’elles ont pour fonction de répartir les ressources de façon équitable en tenant compte des besoins exprimés par les établissements sur leur territoire ainsi que des inégalités sociales et économiques auxquelles ils sont confrontés. La création de centres de service aux écoles nous apparaît comme un prélude à la sous-traitance, particulièrement pour le personnel de soutien. Lors de votre conférence de presse au lendemain des élections, vous avez démontré une certaine ouverture au dialogue auquel nous souhaitons ardemment participer.

Il y a quelques années, vous avez tenu des propos fort malheureux sur les cégeps, et nous nous réjouissons que votre opinion ait changé. Votre engagement à modifier le mode de financement des cégeps pour entre autres consolider les établissements en région est certainement positif. Nous croyons que la réforme de leur financement doit également prévoir un plancher minimum de services pour le personnel de soutien et pour le personnel professionnel. Une révision du financement de la formation continue et des études à temps partiel est aussi nécessaire afin d’en assurer la gratuité et d’offrir les mêmes services aux étudiantes et étudiants inscrits dans ces programmes. De plus, il faut octroyer les mêmes conditions de travail aux enseignantes et enseignants de la formation continue qu’à leurs collègues de l’enseignement régulier.

Par ailleurs, nous tenons à faire une mise en garde contre votre intention de donner plus de flexibilité aux collèges dans l’élaboration des programmes afin de maximiser l’adéquation entre les formations offertes et les besoins de main-d’œuvre de la région. La variabilité d’un programme technique d’un collège à l’autre risquerait d’affecter la reconnaissance du diplôme national et de réduire la mobilité des diplômés. De plus, la formation collégiale doit permettre d’acquérir des connaissances et des compétences techniques qui transcendent le temps et les besoins des entreprises, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les cours de la formation générale revêtent une si grande importance.

La récente politique de financement des universités prévoit la déréglementation des droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux. Une telle mesure augmenterait la concurrence entre les établissements, les inégalités de financement (au détriment des universités francophones) et les risques d’un désengagement de l’État. Nous vous demandons de retirer cette mesure. Nous pensons également que la nouvelle politique devrait être bonifiée de manière à mieux tenir compte des services à offrir aux étudiants à temps partiel et à ceux ayant des besoins spécifiques. Interpellé sur le financement des universités, vous avez exprimé votre intention de miser sur une collaboration plus étroite entre le secteur privé et les universités. Vous ne serez pas étonné que nous exprimions notre réticence, l’influence du secteur privé nous semblant déjà trop forte, particulièrement dans le financement et le choix des activités de recherche.

L’ascendant du secteur privé est manifeste également dans les pratiques de gestion et d’administration issues de la nouvelle gestion publique qui mettent à mal le principe de collégialité propre à l’enseignement supérieur. Les différents groupes des communautés collégiale et universitaire doivent être représentés et majoritaires au sein des instances décisionnelles ou consultatives. Pour ce qui concerne la représentation des milieux socioéconomiques au sein des conseils d’administration des établissements des réseaux collégial et universitaire, nous vous invitons à faire respecter la lettre et l’esprit des lois sur les cégeps et sur l’Université du Québec afin d’assurer l’ouverture sur le milieu et la démocratisation promises par ces réseaux. De plus, nous souhaitons la création d’un conseil national des universités pour mieux coordonner le développement du réseau universitaire, une orientation que vous avez déjà appuyée. Il va sans dire que ce conseil ne devrait pas conduire à l’implantation de mécanismes d’assurance qualité ni à une standardisation des contenus pédagogiques.

Enfin, nous partageons l’indignation que vous avez manifestée à l’endroit des coupes budgétaires réalisées par le précédent gouvernement et des effets négatifs qu’elles entraînent sur les services aux élèves et aux étudiants. Tous les partenaires en éducation ont réclamé un réinvestissement important en éducation et en enseignement supérieur. Nous serons à l’affût de vos plans budgétaires afin de nous assurer qu’ils reflètent vos promesses et qu’ils répondent pleinement aux besoins du milieu.

Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, , Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) et Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN)

La CSN représente près de 70 000 personnes œuvrant dans les réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur et regroupées dans ces trois fédérations.

Nouveau syndicat en centre de pédiatrie sociale  

La CSN annonce la création du premier syndicat en centre de pédiatrie sociale au Québec. Le Québec compte une vingtaine de centres de pédiatrie sociale, une initiative de la Fondation du Dr Julien.

Fondé le 15 mai dernier, le Syndicat des professionnelles en centre de pédiatrie sociale (SPCPS-CSN) regroupe moins d’une dizaine de spécialistes du Centre de pédiatrie sociale Centre-Sud telles que des travailleuses sociales, psychoéductrices, art-thérapeute, etc.

« Je suis heureuse de représenter ce nouveau syndicat dont l’accréditation va permettre d’améliorer la situation de ses membres », affirme Josiane Morel, présidente du SPCPS-CSN. Cette dernière sera appuyée par deux autres membres de l’exécutif syndical Valérie Naulet et Julie Archambault.

La syndicalisation à la CSN

Le service de syndicalisation de la CSN est actif dans toutes les régions et les secteurs de l’économie au Québec. Il vise notamment l’élimination des injustices, du favoritisme, de la discrimination, des mises à pied ou des congédiement injustifiés, de l’arbitraire de l’employeur, du choix des horaires ou des vacances. Les groupes de travailleuses et de travailleurs qui souhaite se syndiquer peuvent rejoindre la CSN en tout temps et en toute confidentialité au 1-800-947-6177.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, principalement sur le territoire du Québec.

Le CIUSSS de la Capitale-Nationale aggrave la pénurie de main-d’oeuvre

Le réseau de la santé et des services sociaux traverse actuellement une grave pénurie de main-d’œuvre. Face à un phénomène prévisible, et prévu, le manque de vision et une gestion bureaucratique à la petite semaine au Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale ne font qu’aggraver le problème, comme on a pu le constater récemment dans les résidences du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Québec (CRDI).

Dès l’été 2017, la direction du CIUSSS reconnaissait le manque d’employé-es et affirmait dans les médias que « la situation va de moyennement difficile à très difficile, selon les secteurs[1] », au point de devoir lancer une campagne de recrutement[2] à l’automne. « Nous constatons, un an plus tard, que le CIUSSS n’a pas été prévoyant, qu’il n’a pas mis en place les mesures d’attraction et de rétention nécessaires, bref qu’il n’a pas bien géré la pénurie », déplore François Proulx-Duperré, président par intérim du Syndicat des professionnèles, techniciennes et techniciens de la santé et des services sociaux (CSN), « pire, face au manque de personnel, la direction a mis en place une politique qui a démobilisé les gens et aggravé la situation. »

Le cas du CRDI

Cet été, la direction du CIUSSS s’est retrouvée face à un problème grave au CRDI et la réponse ne fut pas à la hauteur. « À cause de la pénurie de personnel, les gestionnaires se sont retrouvés avec de nombreux quarts de travail d’éducateur ou d’éducatrice à découvert, jusqu’à 50 par fin de semaine, dans les résidences, le milieu le plus difficile du CRDI », explique Emmanuelle Lachance, représentante du secteur du CRDI au syndicat, « mais au lieu de s’asseoir avec nous pour trouver une solution, ils sont arrivés avec un plan de contingence dangereux, développé en vase clos, imposé et absolument inacceptable pour le personnel ».

Au CRDI, il y a environ 500 éducateurs ou éducatrices. De ce nombre, 150 travaillent dans les résidences. La direction du CIUSSS voulait forcer le personnel de semaine des autres secteurs, sans égard à leur formation et à leur ancienneté, à effectuer deux remplacements de fin de semaine par quinzaine pour combler des quarts de travail à découvert. Grace aux interventions du personnel et de la CNESST, la direction a été forcée de faire marche arrière. En lieu et place du plan de contingence prévu, elle a dû appliquer des mesures alternatives.

Emmanuelle Lachance explique : « nos mesures alternatives étaient relativement simples : d’abord, utiliser au maximum la liste de rappel, ensuite demander s’il y a des volontaires pour les remplacements et les attribuer par ancienneté au lieu de forcer les gens, enfin, payer les gens en temps supplémentaire puisqu’il s’agit bien de ça. » Avec ces mesures souples, le nombre de quarts à découvert durant les quatre pires fins de semaine de l’été est passé de 43, 48, 48 et 50 respectivement à 1, 1, 4 et 7, selon nos informations.

« Pour nous, ça démontre qu’avec des mesures simples et souples, intéressantes pour nos gens, ça marche et on peut gérer efficacement les crises, il n’est pas nécessaire de faire violence aux gens et de les contraindre, » explique François Proulx-Duperré. Le syndicat milite actuellement pour trouver une solution permanente aux problèmes vécus au CRDI. « Il s’agit d’un secteur difficile et négligé avec un des taux d’absentéisme les plus élevés du CIUSSS, c’est très fragile. Mais c’est possible de renverser la vapeur, nous avons un bon contre-exemple sur le territoire même du CIUSSS, » explique le président par intérim, « il s’agit des résidences de Charlevoix. Là-bas, le syndicat et la direction sont parvenus à une entente locale souple pour offrir des horaires attrayants, fonctionner par compétences et intérêts plutôt que par ancienneté. Doit-on s’étonner qu’ils aient beaucoup moins de problèmes là-bas? » Pour le syndicat, la solution demeure la souplesse et le dialogue, « on arrivera à rien avec une gestion autoritaire basée sur le droit de gérance ».

Mettre les gens dans le coup

« Face à des phénomènes comme la pénurie de main-d’œuvre, on ne peut pas juste agir sur le coup, d’urgence en urgence », croit Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), « il faut prévenir et mettre en place des mesures d’attraction et de rétention du personnel. » La présidente du conseil central rappelle qu’il est toujours plus payant de mettre les gens dans le coup plutôt que de travailler contre eux et les contraindre, « ce sont des choses qu’il faut pouvoir négocier avec les syndicats ».

Pour le conseil central, l’enjeu ne se situe pas seulement au niveau des conditions de travail. « On parle de services à la population, il faut comprendre que quand on gère dans l’urgence, pour patcher des trous, la population y perd au change, il y a des services qui ne se donnent pas », rappelle Ann Gingras. « Ce qui se passe actuellement est questionnant, des fois on se demande quel est le mandat du CIUSSS : organiser et donner les soins de santé et les services sociaux auxquels la population a droit ou ouvrir la porte au privé ? », conclut la présidente.

La responsable des services de sage-femme entre en poste dans la Baie-des-Chaleurs

Le collectif Accès sages-femmes Baie-des-Chaleurs est ravi d’annoncer aux parents et futurs parents du territoire qu’après dix années de revendications, la responsable des services de sage-femme dans la Baie-des-Chaleurs a finalement fait son entrée en poste cette semaine.

Il y a en effet maintenant plus de 10 ans que les membres d’Accès sages-femmes Baie-des-Chaleurs consultent régulièrement les familles de la région pour saisir leurs besoins; font des représentations auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Gaspésie; échangent avec l’Ordre des sages-femmes du Québec et le Regroupement Les Sages-femmes du Québec sur une base régulière pour obtenir de l’appui et de l’information et organisent différentes activités d’information publiques. « Après toutes ces années de travail soutenu, il va sans dire que nous sommes emballées d’enfin voir naître des services de sage-femme dans la Baie-des-Chaleurs. En effet, l’arrivée d’une sage-femme bilingue d’expérience qui agira à titre de responsable laisse entrevoir la mise en place d’un service complet et bénéfique pour notre communauté », souligne la porte-parole du collectif, Marie-Josée Racine.

Embauchée par le CISSS de la Gaspésie, la responsable des services de sage-femme travaillera dans un premier temps à partir de l’Hôpital de Maria. Rappelons toutefois que les sages-femmes, par la nature même de leur profession, se déplacent sur le territoire qu’elles desservent. Dans les mois à venir, cette nouvelle ressource travaillera d’abord à l’établissement des conditions gagnantes pour la mise en œuvre des services dans la Baie-des-Chaleurs. Elle aura la responsabilité d’organiser le tout en étroite collaboration avec l’équipe de périnatalité du CISSS afin d’adapter les services de sage-femme aux réalités régionales, soit un large territoire avec un nombre restreint de naissances. À noter que le plan d’action en périnatalité relevant du Ministère engage le CISSS de la Gaspésie à offrir des services de sage-femme régionaux d’ici 2019.

Les membres d’Accès sages-femmes Baie-des-Chaleurs tiennent à remercier chaleureusement la population qui a exprimé, au cours des années, ses besoins et sa volonté pour la mise en place d’un tel service. C’est cette voix que le collectif a porté auprès des instances au fil du temps. « Nous sommes également reconnaissantes envers le CISSS de la Gaspésie d’avoir été à l’écoute des besoins de la population et pour la saine collaboration des dernières années », ajoute Marie-Josée Racine.

Pour le collectif, l’arrivée de la responsable des services de sage-femme est certes une excellente nouvelle, mais il reste beaucoup à accomplir et des défis se présenteront certainement en cours de route. Les membres d’Accès sages-femmes Baie-des-Chaleurs comptent bien demeurer actifs et continuer de représenter la population tout au long de la mise en place et du déploiement des services de sage-femme. Le Cadre de référence pour le déploiement des services de sage-femme au Québec (MSSS, 2015) est d’ailleurs clair sur ce point : « Prévoir la participation des clientes et des familles, souvent représentées par des groupes de citoyens mobilisés, à l’ensemble du processus afin de s’assurer que le projet répondra à leurs besoins. » (1)

Ainsi, les parents, futurs parents, ou toute autre personne ayant de l’intérêt pour la cause sont invités à s’impliquer avec le collectif. Pour obtenir de l’information ou pour s’impliquer, écrivez à asfbdc@gmail.com, ou consultez la page Facebook Accès Sagesfemmes Baie-des-chaleurs ou le site Web sagesfemmesbdc.com.

 

 

Cap sur l’emploi, les services publics et l’environnement

Alors que la campagne électorale bat son plein, les porte-parole de la FTQ, de la CSN et de la CSQ ont tenu à interpeller les différents partis politiques sur la base des priorités mises de l’avant par les travailleuses et les travailleurs du Québec. Les défis en matière d’environnement, de développement économique, de financement de nos services publics et des conditions de travail des Québécoises et des Québécois figurent au centre de leurs préoccupations.

« Le développement économique du Québec fait face à de nombreux défis qui doivent être conjugués de façon cohérente, indique Daniel Boyer, président de la FTQ. La situation de l’emploi se porte plutôt bien, mais les problèmes de pénuries de main-d’œuvre menacent notre économie. Une politique proactive en matière de francisation et d’intégration au marché du travail des populations immigrantes est primordiale pour le maintien des emplois actuels et pour l’essor du Québec. Le prochain gouvernement devra également adopter les mesures nécessaires afin de nous sortir de l’industrie des hydrocarbures. Nous avons, au Québec, l’expertise et le savoir-faire nécessaires à cette transition énergétique, laquelle est urgente et devra être planifiée et mise en œuvre afin d’être juste pour les communautés et les travailleuses et les travailleurs. Pour ce faire, le prochain gouvernement devra soutenir ces derniers, notamment en matière de formation professionnelle. Il devra aussi s’engager, selon nous, à mettre en place un véritable régime d’assurance médicaments public et universel. »

L’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleuses et des travailleurs québécois ne doit pas se résumer à un slogan électoral, estime le président de la CSN, Jacques Létourneau. « Tous les partis politiques semblent faire de la classe moyenne et des familles leur clientèle électorale privilégiée, souligne-t-il. Pourtant, au-delà de micromesures électoralistes ultra-ciblées, nous constatons un manque d’envergure flagrant de la part des partis. On parle très peu d’un salaire minimum qui permettrait à quelqu’un travaillant à temps plein de se sortir de la pauvreté. Pour nous, ça passe par le 15 $ l’heure. La conciliation famille-travail, ça ne peut se résumer qu’à un slogan : il nous faut des mesures concrètes afin de faciliter la vie des familles de la classe moyenne, particulièrement en termes d’horaires de travail et de prise de congé. Et que dire de la question environnementale? Il est désolant de constater, en 2018, à quel point l’environnement est le grand absent de la présente campagne. La lutte contre le réchauffement climatique passe entre autres par un plan de transport collectif cohérent pour l’ensemble de nos régions — et non pas en fonction des gains électoralistes de telle ou telle couronne de Montréal ou de Québec, laissant les autres régions du Québec sur l’accotement en matière de mobilité durable. »

D’autre part, les dirigeants des centrales syndicales réaffirment la nécessité d’un réinvestissement massif dans nos services publics. « Nous sortons d’une période d’austérité qui a mis à mal l’ensemble de la population québécoise, rappelle Sonia Éthier, présidente de la CSQ. Le prochain gouvernement du Québec devra assurer un financement stable de nos services publics. Afin de pallier le manque à gagner engendré par le sous-financement des dernières années, la croissance de ce financement devra être supérieure à celle des coûts de système. Les effets désastreux de la dynamique du financement en yo-yo, on les a constatés, particulièrement auprès de nos aînés et de nos jeunes ayant des difficultés d’apprentissage. Le personnel œuvrant dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des services sociaux et des services éducatifs à la petite enfance réclame depuis des années un allégement de leur charge de travail et les ressources nécessaires afin d’assurer de bons services publics. Ça ne peut passer autrement que par l’embauche de personnel supplémentaire afin d’alléger les tâches des salarié-es du secteur public. Non seulement la situation financière du Québec le permet, mais d’autres revenus doivent être récupérés par le gouvernement, notamment par une politique proactive face aux paradis fiscaux. »

En plus de réitérer leur volonté de voir le mode de scrutin révisé afin de renforcer notre système démocratique, notamment par l’adoption d’un système proportionnel mixte, les porte-parole des centrales syndicales invitent les partis à s’engager à instaurer des mesures tangibles visant le soutien à la presse écrite, dans un contexte où les médias d’information vivent des moments particulièrement difficiles.