La CSN a récemment participé à la consultation en ligne du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec. La politique énergétique est un instrument essentiel pour la transition vers la carboneutralité, pour notre développement industriel et pour l’accès à une énergie à faible coût pour les ménages québécois. Hydro-Québec et le gouvernement estimaient jusqu’à récemment que le Québec avait des surplus d’électricité pour les 20 prochaines années. Or, la société d’État prévoit désormais que la demande sera si élevée que des approvisionnements additionnels seront nécessaires dès 2026-2027, et que 100 TWh (+50 %) d’énergie électrique devra être disponible d’ici 2050. Pour la CSN, les ratés de la planification de la demande entraînent des conséquences majeures pour les citoyennes et les citoyens ainsi que pour les industries du Québec. Cela mène à des décisions aujourd’hui questionnables, comme celle de signer des contrats d’exportation fermes avec les états de la Nouvelle-Angleterre et l’État de New York. On voit également Hydro-Québec procéder à toute vitesse dans les appels d’offres du secteur éolien, au détriment du temps de consultation populaire.
Étant donné les nouvelles perspectives énergétiques, le gouvernement doit se doter de critères précis permettant de décider de donner suite ou non à l’approvisionnement électrique de chaque projet de demandes industrielles d’énergie, dans le cadre d’une vision globale de la politique industrielle qui soit cohérente avec les objectifs gouvernementaux en matière de transition énergétique. Le gouvernement doit être prudent dans l’octroi de blocs énergétiques futurs, en s’assurant que les secteurs industriels déjà présents au Québec, notamment dans les régions éloignées, aient accès à l’énergie nécessaire pour maintenir et développer leurs activités. Il faut aussi que des critères soient établis pour l’octroi de blocs d’énergie, notamment la capacité à générer de bons emplois et de la valeur ajoutée, l’intérêt de ces secteurs du point de vue du développement régional, les effets de ces nouvelles filières industrielles sur les émissions de GES, les conséquences du développement minier des minéraux critiques et le potentiel réel de succès des projets sur la table.
Si nous sommes favorables au développement des énergies renouvelables, nous reprochons au gouvernement de mener des consultations rapides en période estivale qui manquent de vision. En effet, elles n’abordent pas les questions essentielles : la nécessité d’agir sur la demande par des efforts en matière d’efficacité énergétique et d’économie d’énergie ou encore de prendre en compte l’acceptabilité sociale des projets énergétiques.