Depuis le début de la crise, la CSN attend toujours de la part du gouvernement un véritable plan de relance économique. Un plan qui tiendra compte de l’ensemble des besoins des travailleuses et des travailleurs du Québec.
Le premier ministre avait pourtant promis de nombreux chantiers et plusieurs mesures pour que le Québec puisse traverser la crise. Il ne peut ignorer éternellement les appels au dialogue social qui se multiplient.
Le prochain budget du Québec constitue la meilleure des occasions pour façonner une relance qui se veut juste, équitable et verte pour l’ensemble de la population. Pour façonner notre relance, à nous toutes et tous.
Si la COVID-19 a bien démontré une chose, c’est à quel point de larges pans de nos services publics ne sont pas en mesure de répondre à une situation de crise. C’est le cas en santé, mais également dans nos services de garde, en éducation et dans les établissements d’enseignement supérieur.
Le manque de main-d’œuvre était déjà bien réel. Il est aujourd’hui catastrophique. Les piètres conditions salariales, jumelées à la charge de travail de plus en plus lourde, rendent essentiels au bon fonctionnement de nos services publics le recrutement et la rétention des salarié-es. La solution est simple : il faut améliorer leurs conditions et réduire leur charge de travail. Le gouvernement doit répondre à ces deux impératifs dès maintenant aux tables de négociation du secteur public.
Le prochain budget du Québec doit prendre acte de ces constats.
C’est par l’entremise d’histoires malheureuses que le Québec a pris conscience du quotidien des aîné-es en perte d’autonomie, particulièrement dans les résidences privées. Le gouvernement a promis de revoir l’ensemble de leurs conditions d’hébergement. Ces mesures doivent se retrouver dans le prochain budget.
Malgré tout le cafouillis entraîné par la façon très cavalière avec laquelle le gouvernement a agi, le programme de recrutement de préposé-es aux bénéficiaires a néanmoins permis l’embauche de plusieurs salarié-es dans nos services publics. Le gouvernement sait que la pénurie de main-d’œuvre touche l’ensemble de ces services, tous titres d’emplois confondus. Il doit valoriser le travail de ses travailleuses et de ses travailleurs et multiplier les initiatives de recrutement — dans le respect des conventions collectives et sans dénaturer les exigences de la formation requise.
Malgré la crise, les Québécoises et les Québécois disposent de finances publiques fort enviables. Encore faut-il nous donner tous les moyens financiers dont nous disposons. Pour assurer notre relance, à nous.
La stratégie budgétaire du Québec a été définie il y a 25 ans, d’abord par la Loi sur l’équilibre budgétaire, puis par la mise sur pied du Fonds des générations, dix ans plus tard. Une stratégie élaborée en fonction d’objectifs qui prévalaient à cette époque : réduire le ratio dette/PIB et diminuer le service de la dette.
Or, ces objectifs avaient été largement atteints en mars dernier, avant que la pandémie ne vienne nous frapper.
Jamais remise en question, cette stratégie :
Pour la CSN, cette stratégie budgétaire basée sur le remboursement de la dette et l’équilibre budgétaire à tout prix n’est ni plus ni moins qu’une politique d’austérité permanente qui affecte grandement nos finances publiques.
La CSN n’est pas la seule à s’inquiéter. En septembre dernier, plusieurs économistes pourtant à droite, associés à CIRANO et à la Chaire de fiscalité de Sherbrooke pilotée par Luc Godbout, affirmaient :
Le Québec jouit actuellement d’une situation fort enviable sur le plan de son service de la dette et de son niveau d’endettement.
Avec la crise actuelle, cette stratégie budgétaire doit être revue. Le Québec doit investir ces sommes pour renforcer les services publics, soutenir les secteurs affectés par la crise et ainsi assurer la relance économique du Québec.
Toutes et tous s’entendent : le gouvernement a un rôle primordial à jouer pour soutenir la relance économique. De multiples interventions doivent être faites pour appuyer les secteurs en crise et stimuler la reprise.
Le gouvernement fédéral a apporté sa contribution en activant la PCU et en améliorant l’accès à l’assurance-emploi. L’État québécois doit de son côté utiliser l’appareil gouvernemental et les fonds publics pour soutenir les secteurs durement affectés par la crise, élargir l’accès aux programmes de formation de la main-d’œuvre et imposer des mesures visant la décarbonisation de notre économie.
Pas de retour à la normale ou à l’anormale ? La crise économique entraînée par la pandémie nous force à faire des choix, autant prendre ceux qui sont garants d’un meilleur avenir.
Dans ses programmes d’aide aux entreprises, le gouvernement peut imposer des modalités pour les forcer à prendre le virage vert tant souhaité et pour s’assurer que les travailleuses et les travailleurs pourront faire face aux transitions devenues nécessaires.
Le gouvernement peut faire plus. Le Québec regorge de savoir-faire en matière de transports collectifs et d’énergie verte. Ce secteur constitue un véritable pôle structurant de développement économique. C’est tout le Québec qui doit sauter sur l’occasion. Au gouvernement de montrer l’exemple.
Les travailleuses et les travailleurs doivent avoir accès à des ressources de formation pour réorienter leur carrière ou pour pouvoir s’ajuster aux transformations de leur milieu d’emploi entraînées par la pandémie. Le gouvernement doit améliorer l’accès à ces ressources, tant en milieu d’emploi qu’en alternance travail-études.
Il est normal que les travailleuses et les travailleurs aient leur mot à dire sur le contenu des programmes de formation en entreprises — d’autant plus que des deniers publics sont en jeu.
Il revient au gouvernement de faciliter les mécanismes de reconnaissance des acquis et des compétences, car ceux-ci facilitent la mobilité des travailleuses et des travailleurs frappés par la crise.
Dans l’immédiat, nous savons que de nombreux secteurs sont pratiquement à l’arrêt. C’est le cas du tourisme, de la culture, de la restauration et de plusieurs autres milieux.
Le gouvernement doit leur venir en aide afin d’assurer le maintien des emplois et une reprise vigoureuse de ces secteurs.
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable.
Elle est composée de près de 1 600 syndicats et regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec, mais également sur l’ensemble du territoire canadien.